Catégories
Hard Rock Rock

Heavy Water : alchimie familiale

Enregistré à York en Angleterre durant le confinement de l’an dernier, ce premier album de HEAVY WATER, « Red Brick City », montre toute la complicité artistique entre le frontman de Saxon et son fils Seb qui s’avère être un redoutable chanteur et guitariste. Les Byford affichent une belle unité partageant leur amour du Rock de façon débridée et créative.

HEAVY WATER

« Red Brick City »

(Silver Lining Music)

Plutôt que de se morfondre devant des écrans ou de pleurer en écoutant l’album de Saxon, « Inspirations » sorti il y a quelques mois, Seb Byford a préféré entraîner son père dans l’écriture et la réalisation d’un album personnel et familial. HEAVY WATER a vu le jour l’an dernier durant le confinement et il faut bien avouer que le fils et le père ont été bien inspirés cette fois.

Composé à deux, « Red Brick City » est surprenant à plus d’un titre. Tout d’abord, il ressemble bien plus au fils qu’à Biff qui tient la basse et assure les chœurs avec sobriété et loin de son registre habituel. HEAVY WATER ne s’inscrit pas du tout dans la NWOBHM, mais dans un Rock Hard pur et dur aux multiples influences et aux passages musicaux très variés. Et Seb Byford ne manque pas de talent, loin de là.

A la guitare et au chant, il montre une belle palette enchainant les riffs costauds et les parties vocales pleines d’énergie et de mélodies avec une assurance et un savoir-faire bluffant (« Red Brick City », « Follow the Moment », « Solution »). HEAVY WATER se balade entre Rock 70’s, Doom allégé, Blues et un Hard Rock réjouissant et frais. Il règne une douce et Rock’n’Roll folie dans cette famille !

Catégories
Blues Psych Rock

Three Moons Ago : un lâcher prise envoûtant

Totalement imprégné par la musique des 70’s qu’elle soit Rock, Blues ou Psychédélique, THREE MOONS AGO offre une belle respiration à cette époque bénie en faisant un mix à la fois savoureux, aérien et pêchu. Ce premier album, sur lequel l’expérience du trio se devine dès les premières notes, est une ode au groove et aux belles harmonies.

THREE MOONS AGO

« Write Your Story »

(M&O Music)

Sans fioriture mais sur un groove imparable, THREE MOONS AGO livre son premier album certes, mais qui est loin d’être joué par de jeunes premiers. Le trio, qui a sorti « Write Your Story » il y a quelques temps déjà, propose un style vintage sans être dépassé et suffisamment actuel pour être indémodable. Le Rock Psych très bluesy des Français rend hommage de belle manière à une époque intemporelle.

Clairement inspirés par les 70’s, Pat Martin (guitare, basse, batterie), Jose Dos Santos (claviers, chant) et Math Boudou (chant), sous un étonnant line-up, distillent onze compos qui ne tapent pas dans la nostalgique, mais la rafraîchissent. De riffs accrocheurs et langoureux en rythmiques hypnotiques déployées sur tout l’album, THREE MOONS AGO apporte autant de couleurs que d’ambiances diverses à ses morceaux.

Très Rock et psychédélique sur « Drown My Brain » et « Feel Like Shit », funky/Soul sur « Sting Me » ou plus envoûtant sur « Write Your Story », « Deeper And Deeper » ou « How Do You Feel », le trio maîtrise son sujet en ne s’enfermant dans aucune case et tout en restant très fédérateur (« To Be Free », « Cut Me Some Slack »). THREE MOONS AGO captive avec ce « Write Your Story » que l’on espère savourer sur scène prochainement.

Catégories
Hard Rock Rock

The Black Vault : pied au plancher

Cette fois avec THE BLACK VAULT, Yves ‘Vivi’ Brusco enlève l’étiquette Trust qui lui colle à la peau, sans pour autant la renier. Entre Hard Rock musclé et Rock incendiaire, c’est à la guitare et en quintet que le musicien livre un album aussi personnel que fédérateur. « One Way » est un opus très abouti et convaincant, où ses influences manifestes ont été bien digérées. Un vrai bol d’air frais.

THE BLACK VAULT

« One Way »

(Independent)

Membre fondateur de Trust où il officiait à la basse, c’est cette fois à la guitare et aussi un peu au chant qu’Yves ‘Vivi’ Brusco revient avec un projet personnel sous le nom de THE BLACK VAULT. Evidemment ancré dans un Rock aux saveurs Hard Rock, ce premier album long de 16 morceaux, s’inscrit dans la tradition et la culture musicale de ce grand artisan et pionnier de la scène hexagonale.

A la tête d’un quintet où l’on retrouve son fils Bruno à la guitare, Elodie Jouault au chant, Manu Baron derrière les fûts et Charley Stone à la basse, le groupe livre un « One Way » enthousiasmant et parfaitement huilé. Chez THE BLACK VAULT, on fait corps et l’expérience de ce groupe déjà aguerri se fait sentir sur l’ensemble de l’album, par ailleurs très bien produit. L’absence de signature est même une énigme.

Ecrit pour l’essentiel en anglais, THE BLACK VAULT livre aussi quelques morceaux en français  (« Scene Sene », « Tu Peux Dream »). Témoin privilégié des belles années où le Rock ne manquait pas de créativité, l’ex-Trust rend deux beaux hommages à Rick Parfitt de Status Quo (« Ricaster ») et à Malcom Young d’AC/DC (« Malcom »). Vibrant sans être pompeux et toujours avec une grande classe.

Loin de jouer les guitar-hero, Vivi pose des riffs bien sentis et efficaces, de ceux qui restent gravés dans le crâne (« Looking For », « Coming Up »). D’ailleurs, il y va même de son morceau très caliente et tout en crescendo (« The World Needs You »). Incandescent et affichant une puissance toute en retenue, THE BLACK VAULT semble avoir trouvé ses marques et son style, celui d’un combo solide et dynamique.

Catégories
Blues Doom Stoner/Desert

Sun Crow : la face cachée du soleil

Avec « Quest For Oblivion », SUN CROW vient de créer une faille ou le chaînon manquant entre le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une créativité et une dextérité, qui créent un nouveau champ des possibles. Sur 70 minutes, le quatuor de Seattle montre un travail instrumental exceptionnel doublé d’une prestation vocale époustouflante.

SUN CROW

« Quest For Oblivion »

(Ripple Music)

Les groupes de Seattle font du Grunge (sauf peut-être Jimi Hendrix quand même !), tout le monde sait ça ! SUN CROW ne déroge, presque, pas à la règle. Sauf que le quatuor s’est approprié une partie de l’esprit du style pour mieux le malmener. Pour faire court, le groupe prend un malin plaisir à l’écrabouiller et le déchiqueter minutieusement à l’aide d’un Doom Metal massif, lourd et explosif teinté de Blues. Un début de plaisir.

SUN CROW ne se contente pas de grungiser son registre avec un Doom dévastateur, le combo est bien plus subtil que ça. Les énormes riffs de Ben Nechanickey laissent aussi échapper des effluves de Blues très aériennes, qui apportent un peu de lumière à ce « Quest For Oblivion » étonnant et très novateur. Et l’imposante rythmique de Brian Steel (basse) et de Keith Hastreiter (batterie) offre un volume considérable à l’album.

Qualifié ce premier opus des Américains de colossal n’est pas infondé, surtout si l’on prend en compte la prestation hors-norme de Charles Wilson, son chanteur, remplacé depuis par Todd Lucas. Surpuissant sur « Fear », « End Over End », « Collapse » ou « Titans », SUN CROW manie le Doom, le Stoner, le Blues et le Grunge avec une aisance déconcertante (« Black It Out », « Hypersonic »). L’un des albums de l’année ! Incontestablement !

Catégories
Metal Rock

(No) Hope In Sight : lumière noire

Entre Dark Metal et Rock atmosphérique, (NO) HOPE IN SIGHT dévoile un registre original, musclé et mélodique. Avec un tel premier album, aussi pertinent dans ses compos qu’irréprochable dans sa production, le quatuor français présente un « Embrace » de grande qualité et de haut vol.  

(NO) HOPE IN SIGHT

« Embrace »

(Independant)

La pochette de ce premier album de (NO) HOPE IN SIGHT est à l’image de la musique du groupe : élégante et sombre. Et ce n’est pas un hasard si le quatuor a choisi un morceau de Paradise Lost pour patronyme. On y retrouve cette même mélancolie mêlée à un jeu racé, mélodique et aux multiples facettes, le tout avec une touche très personnelle et également une production particulièrement soignée.

Grâce à ses musiciens aguerris, anciens membres ou toujours actifs de The Real Mac Coy, Godisdead, Clone Shop, Vicious Grace et Scarlean, (NO) HOPE IN SIGHT propose un album consistant et créatif. Jouant sur les ambiances, la musique du quatuor avignonnais passe du Metal au Rock avec même quelques touches New Wave et progressives très bien senties. « Embrace » est limpide et efficace.  

Résolument moderne, le combo est guidé par la qualité d’interprétation et la précision de son chanteur, le groove de sa rythmique basse/batterie et un guitariste maîtrisant autant les riffs appuyés du Metal que les chorus plus Rock avec la même élégance (« One Day », « Promises », « Path », « In The Next Room »). (NO) HOPE IN SIGHT a de solides cartes en main et très probablement un avenir (souriant) devant lui.

Catégories
Doom Metal Sludge

Seum : une marée de basse

Le Doom’n Bass de SEUM s’inscrit dans un Sludge Metal acéré et ravageur. Le trio français exilé au Québec sort enfin « Winterized », son premier album, après un EP et un split très convaincants. Ici, pas de guitare, mais une basse protéiforme qui guide une batterie infaillible et massive sur un chant rageur et incisif. Pleine face !

SEUM

« Winterized »

(Independant)

Si vous suiviez Rock’n Force sur Facebook avant la création du site, vous n’aurez aucun mal à retrouver l’interview et la chronique du premier très bon EP de SEUM. Expatrié au Québec, le trio français évolue dans une fulgurante formule basse/batterie/chant et a imaginé un Doom’n Bass décapant, qui vient donner un bon coup de frais au Sludge Metal. Le Canada semble leur avoir offert une nouvelle inspiration.

Après le très bon « Summer Of Seum », l’étonnante reprise de Prince et le split avec leurs amis parisiens de Fatima, SEUM livre enfin son premier album, très abouti et tout en puissance. Le trio a effectué un gros travail sur la production en apportant autant de corps que de finesse dans les ambiances. Toujours sans guitare, la basse se fait lourde, épaisse et le groove vrombissant fait le reste.

Gaspard (chant), Piotr (basse) et Fred (batterie) sont plus inventifs et inspirés que jamais comme en témoignent les sept plages de « Winterized ». A travers cinq nouveaux titres percutants, SEUM peaufine et affirme son style, tout en faisant un clin d’œil aux Ramones avec la reprise de « Pet Semetery », rebaptisée « Red Semetery ». Le trio va vous sauter à la gorge et vous allez en redemander !

Catégories
Hard Rock Rock

Mammoth WVH : sans l’ombre d’un doute

Ce premier album éponyme de MAMMOTH WVH est l’un des plus attendus de ces dernières semaines et se révèle même être une petite sensation. Wolfgang, jeune multi-instrumentiste américain, n’est autre que le fils du grand Eddie Van Halen. Et entre Hard Rock et Rock US, il livre un très bon premier album et affiche déjà un style très personnel et en jouant tous les instruments sur l’ensemble du disque. 

MAMMOTH WVH

« Mammoth WVH »

(EX1 Records/Explorer1 Music Group)

Vouloir marcher dans les pas de ses parents n’est jamais chose aisée et peu importe le domaine d’ailleurs. Les ‘Fils de’ sont très souvent décriés avant même d’avoir pu s’exprimer. Là où ça peut se compliquer un peu, c’est lorsqu’il s’agit d’honorer l’héritage d’une légende. Il faut beaucoup de talent et de travail et ce premier album de Wolfgang Van Halen, sous le nom de MAMMOTH WVH, relève le challenge de bien belle manière. L’hérédité est manifeste sans être démonstrative.

L’exercice est d’autant plus risqué que le fils du grand Eddie se présente sous une formule en one-man-band, et le multi-instrumentiste est franchement brillant et il impressionne même. Guitare, basse, batterie et chant, Wolfgang se présente comme un musicien plus qu’aguerri. Si on le connait déjà comme bassiste de Van Halen et surtout de Tremonti, ainsi que comme batteur de Clint Lowery, les parties de guitares et surtout le chant sur MAMMOTH WVH montrent une belle assurance et déjà une solidité à toute épreuve.   

Les morceaux qui composent ce premier album éponyme, l’Américain les travaille depuis des années déjà et cela s’entend. La production très organique et aérée de Michael ‘Elvis’ Baskette (Slash, Alter Bridge, …) met parfaitement en valeur les côtés massifs de MAMMOTH WVH, tout en apportant beaucoup de profondeur sur les titres plus sensibles (« Mr Ed », « You’re To Blame », « Don’t Back Down »). Après Eddie, il faudra dorénavant aussi compter sur Wolfgang. Que ceux, qui en doutent encore, écoutent bien le Hard Rock US du fiston !

Catégories
Blues Stoner/Desert

The Blind Pilots : un groove imparable et exalté

Avec un premier album pareil, THE BLIND PILOTS met un joli coup de pied dans la fourmilière Blues Rock classique. Le quatuor australien fait preuve d’une énergie considérable en injectant des riffs Stoner sur des Slides entraînantes, soutenues par un harmonica débridé. L’unité et la puissance affichées font franchement plaisir à entendre.   

THE BLIND PILOTS

« All Kinds Of Crazy »

(Independant)

Le Blues australien se détecte dès les premières notes et THE BLIND PILOTS ne faillit pas à la règle. Très brut, Rock et flirtant avec insistance avec le Stoner, le quatuor de Sydney propose un premier album costaud, éprouvé sur scène et qui se veut rassembleur. Avec « All Kinds Of Crazy », le combo affiche un feeling incroyable et une puissance très créative. La saveur très roots de cet opus est savoureuse.

Le premier EP sorti en 2019 avait déjà fait résonner le nom du groupe jusqu’à le faire figurer dans les charts australiens, et si tout va bien ce premier album devrait très rapidement prendre le même chemin. L’énergie déployée et l’intensité de « All Kinds Of Crazy » montrent que THE BLIND PILOTS dispose d’un style dont les variations font mouche, mais pas seulement.

A grands renforts de Slide et avec un harmonica rugueux très présent, les gros riffs d’Owen Mancell combinés à sa voix chaleureuse font du combo une vraie machine à secouer les foules (« I’d Be Lying », « Car Crash », « Probably Think Of You »). THE BLIND PILOTS se montre très accrocheur et moderne tout en montrant un grand respect pour les pères du Blues (« Take Me Home », « Mood Of The Dude »). Un modèle du genre !

Catégories
Extrême Metal Indus

FauxX : explosif et glacial

Costaud et très incisif, le Metal Indus de FAUXX est là pour remuer autant les esprits que les corps. Brut et brutal à la fois, « StatistiC EgO » se développe sur un concept à la fois sociétal et individuel. Le duo appuie là où ça fait mal avec une constance soutenue par la froideur des machines et le côté organique et percutant de son batteur.

FAUXX

« StatistiC EgO »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Nourri d’antagonismes, c’est bel et bien d’un seul et même élan qu’avance FAUXX dont le premier album (après un EP en 2018) est aussi puissant que rageur. Compact et massif, « StatistiC EgO » sonne comme un amer constat de notre société et notamment de ceux qui la composent et la subissent. Et malgré une noirceur persévérante, le duo manie les contrastes avec une grande clarté.  

Armé de claviers et de machines broyant tout sur leur passage, FAUXX évolue dans une unité musicale captivante. Très actuel dans les sonorités, le duo l’est tout autant dans ses textes portés par Joachim Blanchet (claviers, samples, chant). Par ailleurs, la batterie de Jean-Baptiste Tronel (Tagada Jones) apporte un côté très organique et de belles respirations à « StatistiC EgO ».

Dès « All Light Rebirth », FAUXX en impose et ça continue sur les sept morceaux suivants, dont certains s’étendent sur une belle longueur (« Duality », « Fury & Deception », « Kill The Monster »). Le Metal Indus des Français fait mouche avec un aspect expérimental et nihiliste savoureux. Furieux et futuriste, le duo fait preuve d’une très grande maîtrise que l’on a hâte de retrouver sur scène.

Catégories
Hard Rock International Southern Rock Stoner/Desert

Acid’s Trip : une charge émotionnelle brute [Interview]

Aussi brut dans l’attitude que dans sa musique, ACID’S TRIP débarque avec un premier album fortement imbibé de Rock’n’Roll aux effluves bluesy et Southern. Originaire de Göteborg en Suède, le quatuor vient de livrer un « Strings Of Soul » aussi ébouriffant qu’intemporel entre riffs Hard Rock et ambiance Psych. Anna, guitariste et chanteuse de la formation, revient sur la conception de ce premier album et aussi sur sa vision de la musique à travers le groupe.  

– Avant tout, j’aimerais qu’on revienne sur la formation d’ACID’S TRIP en 2018. Tu jouais avec Honeymoon Disease jusqu’à ce moment-là. Que s’est-il passé ? Tu as senti que c’était le moment de passer à autre chose ?

ACID’S TRIP est né dans mon esprit bien avant que nous ayons jamais parlé de nous séparer avec Honeymoon Disease. Je voulais jouer un Rock plus dur et plus technique, et je n’avais pas le sentiment que le groupe était le bon pour ce genre-là. Je voulais donc créer ACID’S TRIP en tant que groupe parallèle, tout en conservant Honeymoon Disease pour continuer d’exprimer ma créativité. Mais après la dernière tournée espagnole, les autres membres ont abandonné et je n’ai eu d’autre choix que de me concentrer à 100% sur ACID’S TRIP, qui est alors devenu mon groupe principal. C’est ce qui pouvait arriver de mieux d’ailleurs. J’adore le mélange de Soul et de Hard Rock que nous produisons, et nous ne pourrions pas être plus heureux de la sortie de notre nouvel album. J’ai même l’impression que nous venons juste de commencer à jouer même si ça fait déjà trois ans. Le temps passe si vite quand on s’amuse !

– Avec ACID’S TRIP, on a l’impression d’un retour aux sources du Rock’n’Roll avec un son brut, efficace et sans concession. C’est l’objectif ? Aucun artifice ?

Oui, notre principal objectif était ce retour aux sources avec un son plus brut et technique même s’il reste facile d’accès. Nous aimons les riffs intelligents, amusants mais qui sont bien pensés et qui donnent une note personnelle à la tonalité dans laquelle nous jouons. Ce genre de riffs est original, car il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui, qui consacrent autant de temps juste pour trouver « ce riff parfait ». De nos jours, tout semble axé sur une  voix entraînante et des accords Rock, ce qui n’est pas grave, mais les gens ne se souviendront plus de ces morceaux dans quelques années. Notre album fait partie de ceux qui dureront des décennies et plus, vous ne vous ennuierez jamais en l’écoutant. Laissez-vous aller !

– Et il y a cette superbe Flying V sur laquelle tu joues. On en voit beaucoup trop peu depuis un moment, et notamment dans la nouvelle génération. J’imagine qu’il y a une histoire personnelle autour de cette guitare aussi, non ?

Ouais, ma Vera est ma principale et la seule guitare sur laquelle que je joue en fait. J’ai aussi une excellente guitare JPN SG, mais elle est ma guitare de secours en tournée, car j’aime un peu trop la V. J’ai vu cette édition spéciale de 1998 en 2014-2015, lorsque je passais devant un magasin de guitares ici à Göteborg. Je l’ai vu à travers la vitrine et 10 minutes plus tard, j’ai acheté la guitare de mes rêves. Elle a un son génial et surtout, le manche me parle et je joue beaucoup mieux. Les guitares sont très personnelles et j’adore la forme en V. J’élargirai ma collection V, lorsque le groupe atteindra les grands charts ! (Rires !) Et si Gibson lit ceci, passez-moi un coup de fil !!!

– Avec une inspiration très 70’s, ACID’S TRIP est résolument ancré dans son temps entre Rock lourd et Stoner Psych. L’accent est aussi porté sur un groove imparable et une folie permanente dans l’attitude, comme une sorte de défouloir très orchestré finalement. C’est votre comportement qui guide votre musique, ou l’inverse ?

Oui, c’est l’amour de vieux groupes comme Captain Beyond, The Dead Boys, MC5 et le Kiss des 70’s à leur apogée. Nous écoutons beaucoup de musique Rock et Heavy, et depuis que je collectionne les vinyles, j’ai écouté des milliers de disques qui ont perfectionné mon style d’écriture et la façon dont j’entends les mélodies. Tout ce que j’écris fait référence à quelque chose que j’ai entendu auparavant, et cela sonne comme je l’entends. J’adore l’album, car il a une âme, peu de groupes de Rock aborde le Rock de cette façon.

– J’aimerais que tu me dises un  mot sur l’intro de l’album, « Prelude », elle aussi très originale. Quand on connait la suite de « Strings Of Soul », on imagine que vous avez voulu désorienter votre auditoire dès le début, non ?

Quand l’album était presque terminé, il nous restait quelques notes d’orgue à enregistrer. Mon père jouait sur tous les disques Honeymoon Disease, alors je lui ai demandé s’il voulait aussi le faire sur l’album d’ACID’S TRIP. Je connais sa façon de jouer, et lui celle dont je chante les mélodies. C’est comme ça aussi que j’entends les arrangements de chorale et ça sort naturellement pour moi. Je lui ai demandé de jouer un morceau mélancolique auquel j’ajouterai plus tard des voix. Je veux que les gens réfléchissent lorsqu’ils écoutent notre album, et « Prelude » était un moyen de mettre les gens de bonne humeur. Certaines personnes aiment ça et d’autres veulent juste des chansons Rock pour ensuite passer à l’album suivant. Je viens du milieu Psych Prog avec beaucoup de Blues, et on ne peut pas donner une âme à un album sans une bonne intro à mon avis.

– Avec ACID’S TRIP, on touche au Hard Rock un peu Old School, mais aussi à des ambiances Stoner, bluesy et même Southern. En, fait, vous êtes un groupe de cow-boys and girls scandinaves des temps modernes ! C’est ça ?

(Rires) Oui, je suppose que oui ! Quand je cherche une grande variété d’émotions, je mets du Lynyrd Skynyrd. Quand j’ai besoin de réfléchir à quelque chose, je me tourne plutôt vers des sons de Floride, et quand j’ai besoin d’inspiration pour des harmonies, je mets du Allman Brothers et du Big Mama Thorton. Et quand j’ai besoin de vitesse, les Hellacopters sont le meilleur choix. Et voilà, vous avez le mix d’ACID’S TRIP ! Le voyage que j’ai fait en 2018 à Nashville puis à Jacksonville, en Floride, m’a vraiment donné une perspective sur les choses et j’ai réalisé que le Rock peut être beaucoup plus que simplement maltraiter des guitares. Bien que ce soit amusant à faire, il faut être plus intelligent que ça.

– Vous avez entièrement enregistré « Strings Of Soul » vous-mêmes, qui a ensuite été mixé et masterisé par Ola Ersfjord. La première étape était importante pour vous, afin de délivrer ce son particulier qui forge vraiment l’identité d’ACID’S TRIP ?

Je pense que oui, surtout quand il s’agit du chant et de toute la production de l’album. Lorsque vous entrez en studio, le résultat est souvent ce que le producteur est capable de faire. Cela peut être une expérience vraiment géniale et qui peut également améliorer la qualité de l’album, car c’est un travail de professionnel. Mais cela peut aussi compromettre le son, le rendre trop commercial et « trop » clean, car il n’y a plus de place pour les erreurs et les joyeux petits accidents. J’ai pris le rôle de producteur pour cet album, ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’efforts. Sans mon intervention, l’album aurait probablement un son plus moderne, ce qui pourrait être une bonne chose. Mais nous voulions garder l’ambiance que nous avions sur ce projet : beaucoup de café et de longues heures passées à répéter. J’ai fait le chant dans une pièce sombre toute seule, ce qui a été une expérience formidable. J’ai fait confiance à mon instinct et ça s’est bien passé.

– Assez rapidement et notamment du à la qualité de vos concerts, vous vous êtes faits remarquer par le patron du très réputé label underground Heavy Psych Sounds Records. C’est une belle récompense, en plus d’être la maison de disques idéale pour vous aussi, non ? Elle vous ressemble beaucoup…

Elle nous ressemble beaucoup, c’est vrai. Oui, on adore Heavy Psych Sounds Records ! Le label nous a vraiment pris sous son aile et nous n’aurions pas pu avoir de meilleurs partenaires dans ce domaine. L’ambiance et le style sont parfaits pour nous. Et c’est très direct !

– Le printemps est là et la pandémie semble nous laisser un peu respirer. Avec un album encore tout chaud, vous devez bouillir d’impatience de remonter sur scène ?

Absolument, mais à l’heure où nous parlons, nous prévoyons des concerts pour 2022, car nous ne voulons pas le faire cet automne. Il y a de grandes choses à venir et nous visons les festivals pour l’année prochaine. L’album est pertinent et il le sera encore à l’avenir ! 

L’album « Strings of Soul » d’ACID’S TRIP est disponible chez Heavy Psych Sounds Records depuis le 7 mai !