GYPSY PISTOLEROS n’est pas prêt à entrer dans le rang et ce n’est pas ce bon « Church Of The Pistoleros », pourtant moins sauvage de prime abord, mais toujours très fougueux, qui viendra apporter la contradiction. Les Anglais y ont une fois encore mis toute leur âme et leur savoir-faire dans ce renversant cri de ralliement. Le combo en appelle à tous les laissés pour compte de la société dans une unité artistique à la fois courageuse et marginale. Accrocheur et revendicatif, l’attitude et l’audace affichées sont d’une fraîcheur réjouissante.
GYPSY PISTOLEROS
« Church Of The Pistoleros »
(Earache Records)
Après quatre singles convaincants (« Church Of The Pistoleros », « Shadow Walker », « Whatever Happened To The Old Town » et le punkisant « Last train To Nowhere »), GYPSY PISTOLEROS avait laissé entrevoir du changement et une orientation musicale légèrement différente. L’arrivée de l’ancien batteur de South Of Salem, Pip Sampson, a donné un bon coup de fouet au groupe, mais ce qui étonne surtout, c’est la production massive et presque trop ‘propre’ de ce nouvel effort, qui semble pourtant ouvrir une nouvelle ère à nos desperados.
Le Glam Metal/Rock du quatuor n’a rien perdu de sa verve, de sa vélocité et de son impact, c’est juste l’équilibre qui est plus évident. GYPSY PISTOLEROS mûrit et plutôt bien ! Enregistré aux renommés studios Old Cider Press de Pershore et surtout produit par Dave Draper connu pour son travail avec Nickelback, Terrovision ou Ginger Wildheart, « Church Of The Pistoleros » se présente comme un quatrième album très bien ciselé. Une manière aussi, finalement, de rendre les compositions aussi accessibles que percutantes. Car, ça claque !
Si GYPSY PISTOLEROS n’est pas constitué de membres d’un gang latino, mais de citoyens britanniques, il a aussi la particularité de proposer un son typiquement américain, sorte de triptyque Rock’n Roll effervescent et très cohérent. Toujours Glam dans l’esprit, le frontman n’est pas sans rappeler les invectives chères à Vince Neil ou Billy Idol, mais le combo s’en sort grâce à une originalité très particulière où se côtoient Metal, Rock, et Flamenco dans un bel élan fédérateur et souvent irrésistible (« Revolution », « Last Of The Comancheros »).
Parvenir à réaliser un disque aussi prégnant et impressionnant de justesse et de feeling est quelque chose d’assez unique. Déchirante, entraînante ou d’une douceur envoûtante, INA FORSMAN déploie un artifice de sensualité et de pulsations émotionnelles. C’est cette sincérité qui émane avec évidence sur tout au long de « After Dark Hour », dans une effervescence Gospel, funky et Soul. Libres et intimes, les morceaux s’enchaînent avec une même puissance immersive et une tendresse, qui réinventent le style dans un élan positif et très personnel.
INA FORSMAN
« After Dark Hour »
(Jazzhaus Records)
Pour son quatrième album, INA FORSMAN, chanteuse finlandaise installée à Berlin, remet au niveau une Soul contemporaine, actuellement portée par une tripotée d’artistes aussi transparents que leur culture musicale frôle le néant. A la fois très roots dans son approche et d’une douceur enveloppante, c’est pourtant dans un studio souterrain qu’elle s’est enfermée avec son groupe pour élaborer ce « After Dark Hour », né d’une période de doute artistique liée au Covid. D’ailleurs, la chanteuse parle même d’un ‘Blues post-pandémique’. Pourtant, si sa Soul joue sur les émotions, bien sûr, aucune mélancolie ne s’en échappe.
Sous la houlette de son producteur et ami de longue date Michael Bleu, qui réalise ici un véritable travail d’orfèvre, INA FORSMAN continue son introspection à travers une Soul très 50’s/60’s aux saveurs R&B et aux sonorités qui rappellent avec délectation les belles heures de la Motown. Délicieusement rétro dans l’écriture, elle s’inscrit pourtant dans son temps grâce à un univers musical contemporain aux évocations vintage. Un écrin de douceur pour cette voix si intense, dont l’énergie se propage à travers les douze chansons de ce vibrant et passionné « After Dark Hour », qui vous saisit pour ne plus vous lâcher.
Entouré par des musiciens et des choristes chez qui le groove est une seconde nature, INA FORSMAN s’envole dans des sphères où la légèreté côtoie la résilience. Sa puissance vocale est électrisante et les arrangements très subtils, l’équilibre entre cuivres feutrés, tempos sobres et envoûtants, cordes et une guitare discrète, tout comme l’indispensable orgue, rendent ce nouvel opus d’une incroyable authenticité. Sensible, habitée et jouant avec beaucoup de finesse de son timbre rauque, la Scandinave semble suspendue dans un espace-temps chaleureux et délicat. Un disque qui s’écoute en boucle !
Bruts et sans concession, les Suédois ne donnent pas dans le lisse et ne sont pas là non plus pour arrondir les angles. Très acéré et rugueux, le Hard Rock de BLISTER BRIGADE va piocher autant dans les origines du genre comme dans des sonorités très actuelles et Heavy. Sur des tessitures grasses et organiques, « A Rioting New Breed » a un aspect live et robuste sur lequel son frontman s’appuie pour propulser son quatuor avec une belle détermination et une fraîcheur qui enveloppent ce nouvel effort.
BLISTER BRIGADE
« A Rioting New Breed »
(Inverse Records)
15 ans de carrière, plusieurs changements de line-up et revoici BLISTER BRIGADE plus affûté que jamais avec un quatrième album, dont le titre en dit déjà long sur ses intentions. Toujours emmené par son fondateur, guitariste et chanteur Gustav Lund, le combo arbore un Hard Rock racé et bien rentre-dedans, mais la nouveauté sur « A Rioting New Breed » vient aussi de son aspect Heavy nettement plus présent que sur « Slugfest Supreme », sorti en 2020. L’ensemble est plus nerveux et délicieusement sordide. Ça tabasse !
Quelque part entre Skid Row (de la belle époque !), Motorjesus et Dokken, BLISTER BRIGADE se fraye un chemin à grands coups de riffs massifs et d’un explosif duo basse/batterie. Se revendiquant du ‘Street Metal’, les Scandinaves ont une approche percutante, même si « A Rioting New Bleed » déploie également de belles mélodies distillées sur un tempo rapide et qui ne s’encombre pas de fioritures. Frontal et puissant, ce nouvel opus avance sur une dynamique claire et un chant qui devient vite prenant et fédérateur.
S’ils sont très bien produits, l’arrivée du second guitariste apporte aussi beaucoup d’épaisseur et de lourdeur à ces nouveaux morceaux, qui ne perdent pourtant pas en vélocité. BLISTER BRIGADE est là pour en découdre et ne se fait pas prier (« Paradize Industrialized », « Stampede », « The Duke », « Small Town Tyrant »). Très convaincante sur les solos aussi, la doublette guitaristique se montre fulgurante et complice. Et puis, le groupe conclue ce bon album avec « Reborn A Better Man », une ballade très bien ciselée.
A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal, mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.
– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?
Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !
– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?
On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.
– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?
Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.
– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?
Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !
– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?
Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.
– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?
Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.
– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?
L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.
– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?
Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.
– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?
Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.
– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?
Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !
L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.
A entendre CIRKUS PRÜTZ, on se croirait dans le Sud des Etats-Unis, tant la sincérité dégagée et surtout le savoir-faire et le son de « Manifesto » ont des résonances américaines. Pourtant, direction le grand Nord et la Suède d’où est originaire le groupe. Ici aussi, on sait faire du Southern Blues Rock, d’un calibre très largement comparable. Dynamique et intense, on doit aussi cette superbe production à Peter Tägtgren (Pain, Hypocrisy) et il faut admettre que l’ensemble prend une dimension explosive. Ca chauffe, ça claque et ça fait un bien fou !
CIRKUS PRÜTZ
« Manifesto »
(Metalville)
Il a œuvré chez les Hard Rockers de W.E.T le temps de quelques albums dans les 90’s, puis avec Jeff Scott Soto où il a tenu la basse dans les années 2000 dans un registre similaire. Mais ce qui a toujours titillé le bassiste Jerry Prütz, c’est le Blues Rock, sous toutes ses coutures. Pourtant, c’est assez tardivement, en 2017, qu’il sort « All For the Boogie And The Blues » et qu’il annonce la couleur. Si certains le voient comme le pendant suédois de ZZ Top, CIRKUS PRÜTZ se présente dans un registre un peu plus musclé et les raisons sont aussi multiples qu’évidentes. Et ces quatre-là se sont franchement bien trouvés.
Tout d’abord, avec Cristian Carisson à la guitare, et dont le chant rauque n’est pas sans rappeler le regretté Danny Joe Brown de Molly Hatchet, et qui œuvre dans le groupe Stoner Rock The Quill, le quatuor s’assure une certaine rugosité. Ensuite, on y retrouve, l’ex-Electric Boys Franco Santunione à la seconde six-corde et enfin (et non des moindres !) Per Kholus à derrière les fûts, lequel a cogné chez W.E.T. également, mais aussi Spectrum, Skin And Bone et Lipstick. Ca vous pose un line-up et il ne faut pas attendre bien longtemps pour comprendre les (très bonnes) intentions de CIRKUS PRÜTZ, car l’ensemble est savoureux.
« Manifesto » est donc le quatrième album de nos ardents bluesmen, et il y a de l’électricité dans l’air. Sur un Blues Rock véloce, aux saveurs Southern, Hard Boogie et Classic Rock, la potion magique prend dès les premiers accords de « White Knuckle Blues ». Il y a une belle âme chez CIRKUS PRÜTZ, de bonnes ondes et du cœur. Intense et sans faux pas, on se délecte des twin-guitares, des solos endiablés et torrides et de ces compos au songwriting millimétré (« Handyman Boogie », « Walking In The Rain », « Pack Your Bags » et l’hypnotique « Water Into Wine », entre autres). Tellement authentique !
En donnant (presque) autant d’importance à sa musique qu’à son image, SICK N’BEAUTIFUL est parvenu à imposer un concept très personnel, grâce aussi à une frontwoman polymorphe à la présente magnétique. Avec « Horror Vacui », les Transalpins s’essaient à une formule plus synthétique dans le son, tout en conservant une dynamique pêchue et Metal, groovy et tout en puissance. Solidement ancré dans son temps, le quintet reste toujours aussi féroce.
SICK N’BEAUTIFUL
« Horror Vacui »
(BLKIIBLK)
En un peu plus de dix ans, SICK N’BEAUTIFUL s’est fait une jolie place sur la scène Metal Alternative européenne. En mixant un Shock Rock mélodique avec un Modern Metal explosif, les Italiens se distinguent des productions actuelles et leur univers Sci-Fi livre aussi un visuel intéressant. Emmené par la captivante Herma Sick, le combo se présente avec « Horror Vacui », un quatrième album très actuel, percutant et pour le moins varié. Futuriste dans son approche, celui-ci conserve également son aspect théâtral.
Toujours aussi Heavy et ne lésinant pas sur les riffs lourds et les solos concis et efficaces, SICK N’BEAUTIFUL fait monter la pression sur ce nouvel opus en affichant un visage rageur et un rythme très soutenu. Avec une identité de plus en plus évidente, la formation romaine avance sur des titres massifs et accrocheurs, mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la production de « Horror Vacui ». Si l’utilisation des machine est aujourd’hui omniprésente, les sonorités très ‘fête foraine’ frôlent franchement le sabordage.
Mais au-delà d’un son parfois brouillon, de bonnes compositions surnagent même si certaines références comme celles d’Alice Cooper ou de Rob Zombie se font toujours sentir (« (Human Is) Overrated », « Death Police », « My Wounds », « Hate Manifesto », « Raise The Dragon », « Haunted »). Avec une énergie brute et un groove dense, SICK N’BEAUTIFUL s’en sort bien avec quelques touches Hip-Hop et tribales plutôt bienvenues. « Horror Vacui » bouscule les genres avec beaucoup d’intensité et fait souffler un vent de fraîcheur.
Après avoir marqué les esprits grâce à un Doom d’une grande richesse musicale en l’espace de seulement de trois albums (et un Live), les Transalpins sont forcément attendus au tournant. Et il faut admettre qu’avec « The Spin », celui-ci est parfaitement négocié. MESSA étend encore son champ d’action. Le groupe est toujours aussi insaisissable et en sortant de sa zone de confort, il asseoit sa réputation avec élégance, tout en restant percutant et sauvage. Plein de rebondissements, cette nouvelle réalisation résonne avec un instinct hors-norme et un feeling débridé.
MESSA
« The Spin »
(Metal Blade Records)
S’imposer aussi fermement et faire l’unanimité à ce point est assez rare dans le monde du Metal, y compris dans un registre comme le Doom. Pourtant, c’est avec beaucoup de classe et surtout un art du renouvellement impressionnant que MESSA est devenu incontournable. Grâce à des certitudes fortes et un line-up soudé et créatif, les Italiens parviennent avec « The Spin » à se surpasser et à surprendre avec énormément d’habileté et une imagination guidée par une audace que rien ne semble pouvoir freiner.
Toujours aussi atypique, le quatuor a jeté son dévolu sur les années 80 à travers des sonorités et une production signée Maurizio Biaggio (The Soft Spoon, Boy Harsher), qui nous renvoie quelques décennies en arrière. Cela dit, pas question pour MESSA de faire dans le réchauffé. « The Spin » ne manque pas d’originalité et les atmosphères dans lesquelles il se déploie sont toujours aussi envoûtantes. Et si la voix toute en nuances de Sara Bianchin y est pour beaucoup, c’est qu’elle est aussi magnifiquement accompagnée.
Avec une douce saveur vintage, « The Spin » n’en demeure pas moins actuel, ou hors du temps, c’est selon. Mélangeant synthés et grosses guitares dans un spectre allant du Metal au Jazz avec une touche Rock, MESSA s’ouvre de nouveaux horizons. L’univers de ce nouvel opus brille par sa diversité et même s’il semble plus compact, il captive dès la première écoute (« Void Meridian », « At Races », « Fire On The Roof », « The Dress », « Thicker Blood »). Déjà incontournable, le groupe signe un disque marquant et authentique.
Retrouvez la chronique de l’album Live du groupe sorti il y a deux ans :
Chacun de ses disques est une montée en puissance phénoménale et « The Way » ne déroge pas à la règle. DOROTHY est devenue incontournable sur la scène Rock et Metal mondiale et elle ne doit ce constat qu’à une persévérance et une obstination qui ne la quittent jamais. La force qui guide l’artiste originaire de Budapest prend ici une ampleur incroyable, balayant sur son passage tous les doutes que l’on pourrait avoir sur son talent et ses capacités vocales. Elle joue en permanence sur la force des émotions avec beaucoup d’authenticité et surprend à chaque chanson.
DOROTHY
« The Way »
(Roc Nation)
Incontestablement la meilleure dans son registre, DOROTHY n’a pourtant pas eu le plus facile des parcours, loin de là. Arrivée à Los Angeles de sa Hongrie natale, elle a patiemment gravi les échelons depuis son premier et impressionnant album en 2016, « Rockisdead ». Depuis, la frontwoman tisse sa toile, multiplie les featurings, enflamme les salles et les festivals et nous livre aujourd’hui un quatrième opus détonnant. Avec « The Way », elle impose sa voix, d’une puissance et d’une clarté bien trop rare sur la scène actuelle féminine.
Résolument Hard Rock, DOROTHY se montre toujours aussi moderne dans l’approche comme dans la production. Une mise à jour effectuée à chaque nouvelle sortie. Aux côtés de Mme Martin, Sam Bam Koltun assène des riffs massifs et des solos racés, tandis qu’Eliot Lorango (basse) et Jake Hayden (batterie) font ronronner la machine de bien belle manière. Il n’y a rien de trop, et rien en manque, dans ce style en perpétuel mouvement. Le quatuor est d’une efficacité implacable et l’énergie déployée est à la mesure des ambitions affichées.
Déterminée et positive, la chanteuse percute et en impose quelque soit l’ambiance de ses morceaux. Très Heavy, DOROTHY est fidèle à un registre propre à la Cité des Anges (« I Come Alive », « The Devil I Know », « Unholy Water », « Puttin’ Out The Fire »). A noter aussi la présence explosive de Slash sur un « Tombstone Town » aux effluves Southern que l’on retrouve d’ailleurs parsemé au fil de « The Way ». Solide et mélodique, ce nouvel effort du combo laisse une belle impression de vérité (« Superhuman », « The Way »). Magistral !
Retrouvez la chronique de « Gifts From The Holy Ghost » :
Artiste accomplie au parcourt assez étonnant, ZZ WARD sort un quatrième opus plein de surprises en suivant ses choix et ses envies. Sur « Liberation », chaque titre est concis et direct et traverse les courants du Blues avec passion et beaucoup de facilité. A la fois Roots, Blues Rock, Southern, aux sonorités du Delta comme sur un groove Honky-Tonk, la frontwoman se fait brûlante, poignante, délicate et forte. Vibrante et intense, l’Américaine est exaltante et conquérante. Une belle démonstration de feeling et de maîtrise.
ZZ WARD
« Liberation »
(Dirty Shine/Sun Records)
Chaque nouvelle sortie de ZZ WARD est dorénavant scrutée de très près et quelques mois après son arrivée sur le mythique label Sun Records qui avait été marqué par l’EP « Mother », elle nous livre « Liberation ». Et la songwriter de Roseburg, Oregon, se présente avec un quatrième opus étonnant à bien des égards. En effet, le successeur de « Dirty Shine », sorti il y a deux ans, est composé de quatre des six morceaux de son récent format court paru en octobre dernier, ainsi que de quelques classiques revisités et, bien sûr, de chansons originales.
Celles et ceux qui auraient manqué « Mother » ont donc le droit à une petite séance de rattrapage. La multi-instrumentiste a renouvelé sa confiance au producteur Ryan Spraker, ayant lui-même plusieurs cordes à son arc, et « Liberation » est un album qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Au fil des morceaux, on découvre ZZ WARD déclamant son amour du Blues, sans filtre et sans fard, que ce soit sur ses propres titres ou sur les reprises qu’elle a savamment choisi et qu’elle s’est approprié avec brio…. Une expression de la liberté plus flamboyante que jamais.
Libre et libérée, la chanteuse fait ce qu’elle veut et elle sait tout faire. A travers les 14 chansons de « Liberation », elle démontre sa polyvalence tout comme sa connaissance d’un répertoire Blues très large. Parmi les covers de Big John Hamilton, Son House, Robert Johnson ou Fats Domino, ZZ WARD fait plus qu’explorer l’Histoire du genre, elle la réinvente et lui offre une toute nouvelle couleur. Et en marge, on se délecte de ses compositions très personnelles et intimes (« Love Alive », « Liberation », « Lioness », « Clairvoyant », « Next To You »). Brillante !
Enrobée de belles guitares et d’une slide scintillante, la musique de CHRIS BERARDO est d’abord accueillante. Profondément ancré dans une culture musicale du Sud des Etats-Unis, son Americana se télescope très naturellement avec un Rock véloce, laissant parfois quelques teintes Pop et Country s’y déposer. Et c’est cette singularité qui fait de cette réalisation tant attendue un modèle du genre. Un style qui touche tout le monde, brille par son accessibilité et ne renie rien d’une technicité implacable dans le songwriting et dans l’interprétation des musiciens hors-pair, qui l’accompagnent.
CHRIS BERARDO
« Wilder All The Time »
(Blue Élan Records)
Le retour de CHRIS BERARDO se sera fait longuement attendre, précisément depuis « All the Warning Signs » sorti en 2017 et qui avait été couronné de succès. Empêché par des problèmes de santé, le songwriter effectue un come-back magistral avec « Wilder All The Time » et semble même plus inspiré que jamais. Originaire du Connecticut, il signe là son quatrième album sur lequel on retrouve les membres de son groupe, à savoir Douglas Berardo (guitare), Billy Kelly (Guiatre), Lloyd Maines (steel guitare) et Bukka Allen (orgue).
Toujours produit par David Abeyta, ancien du groupe Country Reckless Kelly d’Austin, « Wilder All The Time » contient dix chansons d’un optimisme contagieux et d’une grande fraîcheur. Le genre de disque qui vous grave un grand sourire pour un bon moment. Très personnels, les textes de CHRIS BERARDO sont d’une bienveillance assumée et ils sont subliment portés par sa voix légèrement éraillée. Sincère et authentique, son univers est riche, léger et captivant à la fois… et les autres musiciens présents y sont aussi pour beaucoup.
Avec un optimisme forcené, l’Américain évoque pourtant les coups durs de la vie pour n’en garder que l’espoir et la volonté de les surmonter. Très Southern l’ambiance qui enveloppe son Americana Rock offre une vague de chaleur et de proximité à l’ensemble de « Wilder All The Time ». Pour autant, il ne faut pas s’attendre à une réalisation contemplative, CHRIS BERARDO présente un Roots Rock plutôt relevé (« Last Great Chance », « Wanda Leigh », « Somebody Like Me », « Underchiever », « The King Of Fun »). Une vraie bouffée d’oxygène !