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Hard Rock Heavy metal

Tokyo Blade : le feeling intact d’un groupe culte

Jamais rassasié, TOKYO BLADE effectue depuis quelques années un retour remarquable, malgré une certaine discrétion. Parfaitement ancré dans son temps, le groupe livre « Fury », un nouvel album rondement mené par des musiciens d’expérience et toujours très créatifs. Des guitares impériales et un chanteur hors-norme maintiennent les Anglais à leur meilleur.

TOKYO BLADE

« Fury »

(Cherry Red Records)

Comme une petite partie des groupes de la NWOBHM, TOKYO BLADE est une entité immuable, une sorte de denrée rare de celles sur lesquelles le temps ne semble pas avoir de prise. En l’espace de douze albums depuis 1982, les Britanniques ont connu de fastes années, ainsi que des traversées du désert, dont d’autres ne se sont pas toujours relevées. Mais le combo entretient le mythe avec classe et vigueur.

Deux ans après l’excellent « Dark Revolution », « Fury » vient confirmer la grande forme et l’inspiration du quintet anglais. Toujours guidé par son guitariste et fondateur Andy Boulton, TOKYO BLADE a réuni son line-up originel et le pari est gagnant. Loin de s’assoir sur une gloire passée, c’est un Alan Marsh véritablement ressuscité qui mène ce nouvel album, grâce à un chant imparable.

Constitué de 15 morceaux purement Hard Rock et Heavy Metal et 80 minutes à la fois classiques et modernes, TOKYO BLADE se montre toujours aussi percutant et incisif (« Man In A Box », « Blood Red Night », « Eyes Wired Shut »). Enchainant les riffs accrocheurs, les twin-guitares et les solos de hauts vols, les Britanniques régalent encore et toujours (« Nailbomb », « Life Leaves A Scar », « Static »). Solides comme toujours.

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Death Metal

Prophetic Scourge : la force du mythe

Les légendes et les écrits épiques ont toujours influencé un grand nombre de groupes Metal. PROPHETIC SCOURGE est de ceux qui se sont attelés à livrer leur interprétation de l’œuvre attribuée à Homère, ‘L’Odyssée’. Avec ce deuxième album, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey », c’est une vision et une version Death Metal très technique et massive que propose le quintet basque sur plus d’une heure intense et saisissante.

PROPHETIC SCOURGE

« Gnosis – A Sorrower’s Odyssey»

(Klonosphere/Season Of Mist)

Sorti en fin de l’année chez Klonosphere, ce deuxième album des Basques de PROPHETIC SCOURGE n’a malheureusement, comme tant d’autres, pas eu la mise en lumière qu’il méritait. Pourtant depuis 2013, le quintet ne cesse d’affiner son Death Metal, qui se fait de plus en plus technique. Le bon moment donc pour le groupe pour se lancer dans un album dont la complexité, si elle reste musicale, tient aussi au thème abordé : ‘L’Odyssée’ d’Homère. 

Avec « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey», le combo s’attaque donc à un mythe, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et qui a aussi donné lieu à nombre d’interprétations dans de multiples domaines artistiques. Cette fois, il est question d’une vision violente et brutale des travaux du poète grec. Fort d’une technicité évidente, PROPHETIC SCOURGE donne sa version de cette épopée dans ses aspects les plus sombres.

Décliné en sept chapitres, marquant les principales étapes de l’aventure, le groupe porte un regard musclé et sauvage en faisant un focus sur les sentiments du deuil et de la culpabilité de survivre du protagoniste. Sur un rythme effréné, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey » s’étend sur plus d’une heure, où les riffs se font tranchants, les rythmiques lourdes et rapides tout en laissant quelques respirations au Death Metal très inspiré de PROPHETIC SCOURGE.   

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Doom Metal Sludge

Daemonelix : éclats de Metal

Malgré son format court, ce premier EP des Américains de DAEMONELIX se veut pourtant imposant et remarquablement réalisé. Le Metal teinté de Doom, de Psych et de Death du quintet présente un univers aussi néolithique qu’apocalyptique. « Devil’s Corkscrew » ravive la légende et entretient le mythe.  

DAEMONELIX

« Devil’s Corkscrew »

(Metal Assault Records)

Bouillonnant et assommant, DAEMONELIX sort son premier EP de quatre titres sur le label Metal Assault Records. Basé du côté de Los Angeles, le quintet nous plonge dans un univers douloureux dans lequel les styles les plus obscurs, violents et même psychédéliques se côtoient et s’entrechoquent avec fracas et détermination. Les Américains ont craqué l’allumette…

Façon rouleau-compresseur, DAEMONELIX combine Doom, Sludge et Death Metal pour créer un registre assez singulier et ce premier effort dévoile déjà de belles choses. Démoniaque, le combo n’en oublie pas d’être mélodique et groove pour autant. Les riffs costauds et appuyés de Derek Philipps (Albatross Overdrive) se font entêtants grâce à une solide base Heavy Metal (« Raise Crows »).

Percutante et massive, la lourde rythmique entraine sans complexe des growls puissants sur lesquels s’envole la voix envoûtante d’Ana Garcia Lopez, la touche féminine de DAEMONELIX, qui n’en demeure pas moins féroce (« Sing For The Moon »). Décidemment, les Californiens sont plein de surprises et alternent les passages agressifs avec des ambiances pesantes parfaitement dosées.  

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Blues Southern Rock

Harlem Lake : Southern beauty

Rarement un groupe fait un tel effet et montre autant de maîtrise et de qualité dès son premier album. C’est pourtant le cas avec HARLEM LAKE qui livre, en indépendant, « A Fool’s Paradise Vol.1 », une superbe réalisation aux saveurs Southern. A travers le Rock, le Blues et la Soul, les Hollandais font preuve d’une profondeur incroyable et d’un feeling d’une fluidité parfaite, le tout guidé par la voix intense et puissante de leur chanteuse. Monumental.

HARLEM LAKE

« A Fool’s Paradise Vol.1 »

(Independant)

Tirant son nom du polder de Haarlemmermeer près d’Amsterdam, HARLEM LAKE est un nouveau venu sur la scène Southern hollandaise et européenne et, comme bien souvent, le talent n’a pas attendu le nombre des années. Dans un registre très américain, « A Fool’s Paradise Vol.1 » traverse le Southern Rock, le Blues et la Soul avec grâce et élégance. A l’instar des formations d’outre-Atlantique, les musiciens sont parfaitement imprégnés de cette culture pleine de feeling et de magie.

Fondé par l’excellent pianiste Dave Warmerdam (remarqué lors de l’International Blues Challenge à Memphis), le pointilleux Sonny Ray à la guitare et l’incroyable Janne Timmer au chant qui illumine littéralement ce premier opus, HARLEM LAKE a osé s’aventurer avec une assurance et un savoir-faire inouï sur les plates-bandes des meilleurs groupes du style. Les Hollandais apportent une belle fraîcheur et une approche originale au Southern Rock dans toutes ses composantes.

Par ailleurs, le trio de départ est rapidement devenu un quintet avec les renforts de Benjamin Torbijn à la batterie et Kjelt Ostendorf à la basse. Mais c’est en version augmentée qu’HARLEM LAKE prend toute son ampleur. Et à douze musiciens (chœurs et cuivres en soutien), la magie est totale et les frissons garantis. Ce premier album est un trésor constitué de magnifiques joyaux (« Deaf Blind », « A Fool’s Paradise », « The River », « Guide Me Home », « My Turn To Learn », « I Wish I Could Go Running », , …) Epoustouflant de beauté !

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International Symphonic Metal

Catalyst Crime : symphonie internationale [Interview]

Fondé aux Etats-Unis par Zoe Marie Federoff (chant), c’est pourtant en Allemagne que le groupe au line-up international est venu enregistrer son premier album éponyme. Dans un Metal Symphonique que le sextet qualifie de Cinematic, CATALYST CRIME livre un opus varié, percutant et très narratif. Avant de partir en tournée avec Leaves’ Eye l’an prochain, sa frontwoman revient sur la création du combo et sur ce premier effort discographique.    

Photo : Julie Hunter & Stefan Heilemann

– Vous vous présentez avec un line-up international, puisqu’on y retrouve des musiciens venus des Etats-Unis, du Canada et d’Allemagne. Comment se sont faites ces rencontres ? Vous vous connaissiez depuis longtemps, et qui est à la base du projet ?

Kaelen (Sarakinis, guitariste – NDR) et moi étions à l’origine dans un groupe appelé Insatia, qui a fait la première partie de certains concerts de Xandria en 2014. C’est ainsi que j’ai rencontré Gerit (Laam, batteur – NDR) et qu’a démarré une grande amitié. Quand Insatia a splité et que Xandria a fait une pause en 2017, nous avons décidé de faire de la musique ensemble. Nous avons fait appel aux musiciens que nous voulions au fur et à mesure, c’est-à-dire le compositeur Jonah Weingarten (Pyramaze) et la guitariste Chëna Roxx. Mon propre père est intervenu pour jouer après que notre ancien bassiste, Rhodes, se soit retiré pour se concentrer sur des questions de santé personnelle.

– L’autre initiative étonnante de ce premier album éponyme vient aussi du fait qu’il ait été enregistré à Stuttgart en Allemagne avec Alexander Krull (Leaves’ Eye, Atrocity). Vous vous sentez proches du Metal européen ?

Tout à fait. L’Europe est bien sûr l’endroit où le Metal prospère à un niveau qu’il n’a tout simplement pas aux Etats-Unis. Alexander Krull était la personne parfaite pour produire cet album et nous sommes immensément heureux pour tout ce qu’il nous a apporté.

– Chaque membre de CATALYST CRIME possède une solide expérience que l’on sent sur l’album. Cela fait longtemps que vous travaillez à l’élaboration de ces morceaux ?

Ils étaient en préparation depuis des années. La plupart d’entre eux ont été écrits en 2017, lorsque le groupe a commencé. J’étais en voyage pour plusieurs mois à travers l’Europe et je venais juste de commencer à écrire. De nouvelles chansons et des idées me sont venues presque tous les jours pendant des semaines. Nous n’avons même pas pu toutes les mettre sur l’album, donc on peut déjà dire qu’un autre album est en préparation.

Zoe Marie Federoff (Photo : Heidi Mixon)

– Entre un Metal Symphonique dominant et un Heavy Metal massif, on retrouve aussi des aspects progressifs et, plus surprenant, des touches de Death Metal dans les voix. C’est une sacrée combinaison de styles…

Je n’aime pas être confinée à des règles ou à un genre. J’écoute presque tous les types de Metal régulièrement et je veux avoir la liberté de tous les explorer dans ma musique. Qui sait, vous entendrez peut-être aussi des influences Black Metal la prochaine fois ?

– Il y a aussi beaucoup d’invités sur l’album et ils viennent d’horizons très différents. Comment avez-vous réuni un tel casting, surtout sur un premier album ?

Quelques-uns d’entre nous travaillent dans divers secteurs du monde du Metal depuis un certain temps, et nous nous sommes fait de très bons amis en cours de route. La scène n’est pas seulement pleine de gens talentueux, elle est aussi pleine de bonnes personnes. Et ces gens ont apporté leurs talents à notre album. Nous sommes très touchés de les avoir tous réunis.

– CATALYST CRIME montre aussi un visage épique et puissant. Pouvez-vous nous parler du contenu des textes notamment ?

Je préfère laisser l’interprétation des paroles aux auditeurs. Appliquez-les à votre propre histoire, vos propres sentiments et faites-vous votre propre idée de l’album. Votre ressenti est beaucoup plus important que notre volonté à travers l’écriture.

– Maintenant que tout est presque revenu à la normale, envisagez-vous une tournée conséquente ?

On a une très grosse tournée, qui avait été reportée, avec Leaves’ Eyes l’année prochaine et nous avons vraiment hâte. Cela fait longtemps qu’aucun d’entre nous n’est monté sur scène, et bien sûr, jamais en tant que groupe auparavant. So let’s go !

L’album éponyme de CATALYST CRIME est disponible depuis le 22 octobre chez Massacre Records.

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Post-HardCore Post-Metal

20 Seconds Falling Man : en chute libre

Hypnotique et massif, le savant mélange de post-Metal et de post-HardCore de 20 SECONDS FALLING MAN se dessine enfin sur « Void », premier album des Nantais, qui tient toutes ses promesses après deux précédents EP. Profond et puissant, le quintet présente un bel album, qui devrait l’installer durablement dans le paysage Metal hexagonal.

20 SECONDS FALLING MAN

20 Second Falling Man

(Independant)

A Nantes en 2008, 20 SECONDS FALLING MAN posait les bases de son post-Metal et post-HardCore le temps d’un EP avant de se mettre en sommeil trios ans après sa formation. Revenu dans la course en 2017, le combo a sorti « #2 », son deuxième format court avant de se concentrer sur la composition de son premier album, « Void », sorti il y  a quelques jours.

En août dernier, 20 SECONDS FALLING MAN avait aussi enregistré une session live pour ‘La Télé du Ferrailleur’ dans le cadre du ‘Hellfest From Home’. Composé de quatre morceaux anciens et plus récents, ce nouvel EP avait permis d’entrevoir les intentions nouvelles du quintet et son imposante force de frappe. Fin prêt, il débarque aujourd’hui avec « Void ».

Après nous avoir fait découvrir « I See Land » et « A Way Out », le combo dévoile les quatre derniers morceaux de ce premier album et ceux-ci nous plongent en immersion dans un post-Metal et HardCore puissant et progressif, où 20 SECONDS FALLING MAN fait preuve d’autant d’énergie que de créativité. Les titres se fondent dans une belle unité, qui lui permet de voir l’avenir sereinement.

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Hard Rock Heavy metal

Estriver : en eaux troubles

Repartant sur de nouvelles bases après une expérience sous un autre nom, ESTRIVER sort son premier album, « Outcry », loin d’être l’œuvre d’amateurs. Bien au contraire, les Italiens montrent une très belle technique et un songwriting affûté. Le quintet présente un style entre Hard Rock et Heavy Metal très accrocheur et robuste.  

ESTRIVER

« Outcry »

(Wormholedeath)

Puissant et véloce, ESTRIVER a retenu des années 90 ce sens de la mélodie imparable et ce riffing tranchant, vif et un peu shred, façon Dokken. Cependant, le quintet italien évolue dans un registre résolument moderne, ce qui donne à « Outcry » un attrait singulier. Efficace et costaud, ce premier album sous ce nom est une réelle bonne surprise. Rentre-dedans dès le premier morceau, le groupe se montre féroce.

Evoluant auparavant sous le patronyme de Bluerose qui compte deux albums à son actif, les Transalpins sont déterminés à en découdre et l’énergie déployée tout au long des 12 morceaux devrait saisir et convaincre sans peine les amateurs de Hard Rock et de Heavy Metal. Très percutant, ESTRIVER se déploie avec force et volonté (« Nails », « Slavery », « Hiraeth »).

Grâce à son frontman Piero Patty qui offre une prestation hors-norme, à ses deux guitaristes inspirés et sa rythmique musclée, le combo italien apporte une vision pertinente de son style de prédilection. Sur des riffs tranchants et acérés, ESTRIVER s’aventure avec habileté dans des sphères entre Hard et Heavy avec une belle dextérité (« Human Destiny », « March Of The Black Flag »).

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AOR France Melodic Rock

Heart Line : catalyseur d’émotions [Interview]

Il fut un temps où on appelait encore ce style de musique du Hard FM ou du Rock californien, au choix. Pour des raisons certainement liées à un quelconque brainstorming d’experts en marketing qui a mal tourné, ce Hard Rock où les mélodies (et aussi un peu les claviers) ont la part belle se nomme dorénavant AOR car, dit-on, les chansons y sont plus formatées pour les radios entre autre. Très ancré dans son époque, le registre est loin d’avoir disparu et HEART LINE vient le démontrer de très belle manière avec « Back In The Game », un premier album bluffant de fraîcheur, d’enthousiasme et d’énergie. Yvan Guillevic, guitariste, compositeur et instigateur du projet, nous en dit un peu plus sur le groupe et sa démarche.

Photo : Cédric Andreolli

– Tout d’abord, j’aimerais que tu nous parles de la création de HEART LINE et de l’idée de ce premier album. Le groupe est arrivé un peu de nulle part. A moins que le secret ait été volontairement bien gardé…

En fait, c’est vraiment un projet qui est né très spontanément, presque par hasard. Nous étions en période de pré-confinement, le second, et j’avais de toute façon décidé de ne pas me faire avoir une deuxième fois et de bosser sur un projet. J’ai commencé à composer un titre (« In The City ») et ça sonnait dans cet esprit 80’s, entre Foreigner et Journey.

J‘ai tout de suite senti qu’il y avait un truc à faire avec, mais pour ce type de morceau il te faut un super chanteur, sinon ça ne marche pas. J’ai proposé à Emmanuel de poser une ligne de chant dessus et ça a matché. On a tout de suite décidé de partir sur un projet commun qui garderait cette ligne directrice musicale. On a composé l’album en trois semaines (Manu s’occupant de toutes ses lignes de chant et moi du reste). Il a ensuite fallu trouver l’équipe complète, ça a été fait très vite là encore, et voilà HEART LINE était né. Donc non, pas de secret, juste un groupe qui s’est monté incroyablement vite.

– Est-ce que tu pourrais nous faire une petite présentation des musiciens qui t’accompagnent et que l’on sent d’ailleurs très à l’aise dans ce registre ?

On retrouve donc Emmanuel Creis au chant. On s’est rencontré au Vauban à Brest en 2012. Il y avait une soirée PYG (mon groupe)/Shadyon (le sien). On a tout de suite sympathisé. On s’en ensuite retrouvé quelques temps plus tard au Hellfest, et encore plus tard à un concert de Toto sur Nantes en 2016. Et à ce concert, je lui ai dit que je l’appellerai un jour pour faire un truc. J’ai tenu parole ! C’est un chanteur incroyable, tout est facile pour lui.

Jorris Guilbaud aux claviers, même rencontre au Vauban puisqu’il est le claviériste de Shadyon. On a aussi sympathisé tout de suite, je l’ai d’ailleurs rappelé pas longtemps après pour faire un guest sur le deuxième album de PYG. En 2014, on a même monté un groupe ensemble, orienté Soul/Blues (arrêté depuis). Bref, je tenais absolument à l’avoir avec nous, car c’est un musicien particulièrement talentueux.

Dominique Braud, le bassiste, était un choix évident pour moi. On joue ensemble dans YGAS  et c’est juste un tueur ! Il a dit oui avant même d’entendre une note de HEART LINE. Ça met en confiance pour la suite.

Walter Français à la batterie, super batteur, je ne le connaissais pas. C’est Manu qui me l’a proposé, et il est le nouveau batteur de Shadyon. Il m’a envoyé un extrait vidéo de leur live au Motocultor. Walter y est impérial. Pour moi, c’était bon et pour lui aussi. Et c’est un gros fan d’AOR en plus.

– Vous venez juste de sortir « Back In The Game », un très bon album dans un style AOR et Melodic Rock assez peu représenté en France d’ailleurs. Comment avez-vous procédé pour l’enregistrement et la production, car on sort d’une période compliquée et il sonne franchement bien ?

Entre les confinement et les couvre-feux, il a fallu faire comme on pouvait. Par chance, j’ai un studio chez moi et chaque membre du groupe avait la possibilité de s’enregistrer correctement et était capable de proposer des arrangements pour améliorer ses parties. Ils sont hyper talentueux, ça aide. J’ai donc tout centralisé chez moi. Pour le chant, on a réussi à aller en studio Manu et moi, pas très loin de chez lui. Ensuite ça a été le mixage, et voilà l’album était prêt au printemps.

Photo : Cédric Andreolli

– Comme je le disais, on compte peu de groupes de ce style en France, alors qu’ailleurs on note un beau revival. Qu’est-ce qui t’a motivé à composer cet album, car on ne sent pas une once de nostalgie sur « Back In The Game » ?

C’est tout simplement la musique que j’écoutais et que je jouais quand j’étais ado. J’ai vraiment commencé à me passionner pour la musique en 1980, avec AC/DC, Trust, Iron Maiden, etc… Pendant toute la décennie et même après j’ai écouté ça et appris la guitare sur tous ces groupes. De Dokken, Winger, Whitesnake, Malmsteen en passant par Bad English, Giant, Ratt, Dio… Et j’avais envie de retrouver cette énergie presque primaire. C’est ma musique de cœur en fait, celle qui a fait que je suis devenu musicien. Après j’ai vagabondé dans plein de styles différents, mais je suis content de revenir à mes premiers émois.

– Dès le premier album, vous signez chez Pride & Joy Music, un label très reconnu dans le domaine. Comment s’est réalisée cette signature, car elle vient confirmer un départ idéal ?

Très simplement. J’ai envoyé l’album à une douzaine de labels à travers le monde, je savais qu’il fallait tenter l’étranger et ne pas attendre grand chose de la France, car ce style est peu répandu par ici. J’ai reçu trois réponses intéressées, dont celle de Pride & Joy Music qui avait craqué sur l’album et nous proposait directement un contrat. Tout ça au bout de six jours, c’était dingue en fait. On n’a pas hésité longtemps, car on avait ce label dans le viseur dès le début. Et je crois qu’on a bien fait quand on voit le travail effectué à travers le monde. L’accueil de la presse est génial, que ce soit en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Suède et dans tellement de pays et maintenant en France, c’est fou l’impact qu’a ce label.

– Sans parler des influences qui sont toujours un peu les mêmes dans un registre aussi particulier, quelle a été ta démarche ? Perpétuer une certaine tradition musicale et sonore, ou au contraire apporter de la fraîcheur et un peu de nouveauté à ce style très ancré dans les années 80 et 90 ?

Je me suis dit : « Imagine que tu composes la BO d’un film des 80’s », et après je n’ai pas vraiment beaucoup réfléchi à tout ça. J’ai fait la musique que j’aimais, en toute sincérité. Si tu commences à te poser trop de questions, tu vas vraisemblablement te vautrer. Il fallait juste que le projet soit correctement orienté, ne pas non plus tomber dans un excès d’influences, rester focus sur ce type de musique sans chercher non plus à révolutionner le genre, mais évidemment aussi à ne pas tomber dans le plagiat. Au final, les titres sortaient facilement. Ça nous plaisait, c’était suffisant pour nous. Après que les gens accrochent où pas, ce n’est plus de notre ressort.

– Ce qui est frappant sur « Back In The Game », c’est la précision et la qualité de jeu de chacun d’entre vous. Et malgré la grande technicité du groupe, personne ne tombe dans la démonstration. Au contraire, on sent une belle unité au sein de HEART LINE. Au départ, c’est ton projet et pourtant il y a une réelle osmose…

Merci ! Mon projet, c’est de faire des chansons, le reste m’importe assez peu. Pas besoin d’étaler sa technique toutes les 10 secondes, ce n’est pas important, il faut juste s’en servir pour faire de bons titres. C’est un style demandeur d’une certaine technique de jeu, il faut des solos, des voix qui envoient, des descentes de claviers rapides, mais pas non plus des tartines indigestes d’égo. Donc, on reste focus sur les mélodies et les arrangements. L’osmose s’est créée naturellement, ça c’est du bol en fait, et en même temps sans cette complicité, ça ne pourrait pas fonctionner.

Photo : Cédric Andreolli

– L’une des composantes de HEART LINE est aussi ce groove constant. C’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé ?

Merci Dominique et Walter ! Ils sont essentiels dans ce groove, et oui c’est très travaillé, il faut que ça matche totalement. On joue un peu devant sur certains titres, un peu derrière sur d’autres, très droit sur quelques uns. On fait ce que demande le titre.

– Au niveau des guitares aussi, les riffs sont racés et les solos millimétrés. L’accent est vraiment mis sur les mélodies. C’est la base de HEART LINE ?

Oui, les mélodies sont essentielles, c’est du Hard Rock mélodique. C’est le moteur de ce groupe, il faut de la richesse sur les arrangements et des mélodies fortes, et Manu est un super mélodiste. Si tu ne fredonnes pas le titre, on a loupé un truc ! Pareil pour mes solos : pas trop, juste ce qu’il faut pour rajouter une couche, mais pas de démo, ce qui n’empêche pas quelques cascades quand même.

– Le groupe s’inspire aussi du rêve américain que l’on retrouve dès le visuel de l’album. « Back In The Game » est une sorte d’hommage à une époque où la société et la musique aussi étaient plus inspirantes ?

Complètement, c’était tellement plus simple. On écoutait, on aimait, on achetait et on se bouffait les albums pendant des semaines. On n’aimait pas, on passait à autre chose. On n’allait pas mettre des dislikes ou des commentaires… Et les concerts, c’était le Graal, on était tellement heureux d’y aller. Aucune lassitude, que du plaisir. Pas de vidéos prisent par un téléphone, pas de photos floues, on profitait de l’instant présent. Je suis effectivement un peu nostalgique de cette époque. Et puis, on était jeune, c’est normal de ressentir ça, les premiers émois musicaux (avec d’autres..), c’est important. Après il y a plein de choses géniales de nos jours. Sans Internet, on ne faisait pas l’album et on n’aurait pas été signé, par exemple. Mais ce frisson dans le dos qui te paralyse, cette chair de poule en entendant le riff de « Touch Too Much », le solo de « The Sun Goes down », cette énergie qui t’envahie en entendant l’intro de « Youth Gone Wild » et tant d’autres ! Je crois bien que plus jamais, je ne ressentirai d’émotions musicales aussi fortes !

Sinon, un grand merci à Stan W Decker pour ce fantastique artwork. On était trop content quand on a reçu ses premières esquisses. En plein dans le mille ! Il fallait que notre musique soit identifiable en un clin d’œil. Rappelle-toi des pochettes d’Iron Maiden, de Motörhead, de Scorpions, de Ratt, etc… On n’écoutait même pas avant d’acheter et 99% du temps, ça nous plaisait, car l’essence de la musique du groupe était dans la cover.

L’album de HEART LINE, « Back In The Game », est disponible chez Pride & Joy Music.

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Non classé

Sweet Needles : adrénaline pure

Tourbillonnant et imprévisible, ce premier album des Parisiens de SWEET NEEDLES montre un groupe déjà pointu, pertinent et plein d’audace. Dans un Alternative Metal particulièrement Heavy, le quintet trouve sa voie en s’engouffrant dans de multiples registres avec une facilité et une homogénéité pleine d’imprévus. « Tormenta » est un aller simple pour la cour des grands et il devrait agiter les foules. 

SWEET NEEDLES

« Tormenta »

(Independant)

Pour un premier album, c’est un coup de maître. Formé en 2012, SWEET NEEDLES a surtout fait ses armes sur scène tout en prenant le temps de sortir deux EP assez différents… histoire sans doute de se forger un style et de peaufiner son identité sonore et musicale. Une chose est sûre, avec « Tormenta », le quintet sait où il va et son Metal Alternatif très Heavy vient le confirmer.

Naviguant entre Metal et Hard US, les Parisiens apportent beaucoup de fraîcheur et surtout un impact à la fois musclé et groove. Dès la furieuse intro portant le titre de l’album, SWEET NEEDLES affiche une couleur mélodique et sauvage. Sur de gros riffs aussi entrainants que tranchants et une solide rythmique, les morceaux s’enchainent avec une véloce férocité.

Si on pense bien sûr à RATM, Disturbed, RHCP et No One Is Innocent pour la voix, le combo se veut pourtant très original avec des titres percutants, tout en nuances et en contrepieds (« Not The Only One », « Egotrip », « Headache »). Avec des clins d’œil assumés au Jazz, à l’Electro et parfois au Punk dans l’énergie, SWEET NEEDLES séduit par son effervescente diversité avec des morceaux taillés pour la scène (« From Hisingen To Paris »).

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Hard Rock International Metal Progressif Thrash Metal

Lordi : encyclopedia of monsters [Interview]

Mr LORDI n’est pas du genre à procrastiner, loin de là ! Alors que « Killection » venait de sortir et que les Finlandais étaient sur les routes, la pandémie a ramené tout le monde au bercail. Mais pas question pour le multi-instrumentiste de sortir un nouvel album standard ou même un volume 2 du précédent. Et pourquoi ne pas composer et enregistrer sept albums dans sept styles différents et qui auraient pu être édités entre 1975 et 1995 ? C’est le pari (remporté !) fou du Scandinave qui nous balade entre Hard Rock, Heavy Metal, AOR, Rock Progressif, Indus et Speed/Thrash. Une « Lordiversity » peu banale et hors-norme. Entretien avec le monstre en chef de LORDI.

– « Killection » est sorti il y a moins de deux ans et après une tournée écourtée, LORDI est déjà de retour et avec un coffret de sept albums inédits. Tu as tout composé durant ce laps de temps, ou est-ce que certains morceaux existaient déjà ?

En fait, j’avais déjà quelques morceaux prévus pour « Killection ». L’idée de « Lordiversity » vient directement de cet album, je voulais créer le back-catalogue de ce groupe imaginaire. En fait, j’ai tout composé durant l’été 2020 et au départ, je voulais sortir dix albums. Ma maison de disques m’a dit de n’en faire que sept. Pourtant, ce n’était pas un problème, j’avais les dix albums en tête. Ils ont tous été composés dans l’ordre chronologique et chacun a nécessité un mois complet pour l’enregistrement et le mixage. Donc, on aurait très bien pu en sortir dix, j’en suis sûr ! (Rires)   

– Avec le recul, crois-tu possible qu’un seul et unique groupe puisse aborder autant de styles différents… à part toi, bien sûr ?

Je n’en sais rien, mais j’ai envie de dire : « si tu peux le faire, get in the ring, motherfucker ! » (Rires) Blague à part, ce n’est pas si simple de passer du Thrash au Progressif, etc… Je savais que je pouvais le faire, traverser toutes ces ambiances différentes et faire les arrangements. Je sais faire tout ça et je n’ai pas besoin d’aide de qui que ce soit. Et ça me fait sourire intérieurement d’être conscient de ça. Et tous ceux qui se foutent de nous, de LORDI le monstre, j’aimerais beaucoup qu’ils essaient de faire la même chose. J’adorerais voir ça, vraiment ! 

– Durant la composition des albums, est-ce que tu t’es immergé en écoutant d’autres disques du même style et de la même époque pour mieux saisir l’état d’esprit et le son, ou pas du tout ?

Pas du tout ! Ca aurait tout bousillé ! (Rires) Avant de commencer les enregistrements, j’ai juste réécouté un ou deux disques marquants de chaque époque comme le premier Kiss, les Doors, Black Sabbath et c’est tout ! Rien d’autre ! Ensuite, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à composer. Je n’avais pas besoin d’autre chose. Et j’ai ensuite enchaîné les albums de la même manière avec quelques repères, bien sûr, mais rien qui puisse m’influencer. C’était juste pour choper l’ambiance de chaque époque.

– Enfin, vous allez repartir en tournée très bientôt. Définir une set-list risque d’être un vrai casse-tête ! A moins que vous en changiez à chaque concert ? Comment avez-vous prévu de vous organiser ?  

Tout le monde me demande ça ! C’est vrai que c’est assez rigolo ! Sur la prochaine tournée par exemple, on va ouvrir pour Sabaton avec un set de 45/50 minutes environ. Ce n’est pas une configuration pour jouer ces albums. Donc, je pense qu’on jouera les singles et peut-être un ou deux titres de « Lordiversity». En revanche, pour les festivals, ce sera très différent. Tu es là pour jouer une sorte de bande annonce pour des gens qui sont là pour boire des bières et s’amuser. Ce n’est donc ni le lieu, ni le moment pour les jouer, non plus. Et quand nous serons sur notre propre tournée, ce sera encore autre chose. Là, on pourra choisir des morceaux de chacun album. Cela dit, je ne peux pas encore dire quand est-ce que nous aurons l’occasion de repartir en tournée pour le moment. C’est finalement assez drôle, ça aussi ! (Rires)

– Au fait, un dernier petit mot au sujet du dernier Concours de l’Eurovision que vous avez gagné en 2006. Ca t’a fait plaisir de voir des groupes comme Måneskin et Blind Channel ?

C’était cool de les voir ! J’ai bien sûr été très content de voir ça. Les choses sont en train de changer. Ca fait 16 ans… Ah ouais, 16 ans quand même… (Rires) On voit arriver de nouveaux groupes et ils font du Rock, même assez Metal. En dehors de Måneskin et Blind Channel, on constate que d’autres pays présentent des groupes de Rock. C’est une vraie évolution pour l’Eurovision, car la majorité des spectateurs de ce concours n’écoutent pas de Rock ou de Metal. Tous les 15 ans, les gens ouvrent à nouveau les yeux et retrouvent le droit chemin ! (Rires) 

Le coffret de LORDI, « Lordiversity » est disponible chez AFM Records.