Hypnotique et massif, le savant mélange de post-Metal et de post-HardCore de 20 SECONDS FALLING MAN se dessine enfin sur « Void », premier album des Nantais, qui tient toutes ses promesses après deux précédents EP. Profond et puissant, le quintet présente un bel album, qui devrait l’installer durablement dans le paysage Metal hexagonal.
20 SECONDS FALLING MAN
“20 Second Falling Man”
(Independant)
A Nantes en 2008, 20 SECONDS FALLING MAN posait les bases de son post-Metal et post-HardCore le temps d’un EP avant de se mettre en sommeil trios ans après sa formation. Revenu dans la course en 2017, le combo a sorti « #2 », son deuxième format court avant de se concentrer sur la composition de son premier album, « Void », sorti il y a quelques jours.
En août dernier, 20 SECONDS FALLING MAN avait aussi enregistré une session live pour ‘La Télé du Ferrailleur’ dans le cadre du ‘Hellfest From Home’. Composé de quatre morceaux anciens et plus récents, ce nouvel EP avait permis d’entrevoir les intentions nouvelles du quintet et son imposante force de frappe. Fin prêt, il débarque aujourd’hui avec « Void ».
Après nous avoir fait découvrir « I See Land » et « A Way Out », le combo dévoile les quatre derniers morceaux de ce premier album et ceux-ci nous plongent en immersion dans un post-Metal et HardCore puissant et progressif, où 20 SECONDS FALLING MAN fait preuve d’autant d’énergie que de créativité. Les titres se fondent dans une belle unité, qui lui permet de voir l’avenir sereinement.
Repartant sur de nouvelles bases après une expérience sous un autre nom, ESTRIVER sort son premier album, « Outcry », loin d’être l’œuvre d’amateurs. Bien au contraire, les Italiens montrent une très belle technique et un songwriting affûté. Le quintet présente un style entre Hard Rock et Heavy Metal très accrocheur et robuste.
ESTRIVER
« Outcry »
(Wormholedeath)
Puissant et véloce, ESTRIVER a retenu des années 90 ce sens de la mélodie imparable et ce riffing tranchant, vif et un peu shred, façon Dokken. Cependant, le quintet italien évolue dans un registre résolument moderne, ce qui donne à « Outcry » un attrait singulier. Efficace et costaud, ce premier album sous ce nom est une réelle bonne surprise. Rentre-dedans dès le premier morceau, le groupe se montre féroce.
Evoluant auparavant sous le patronyme de Bluerose qui compte deux albums à son actif, les Transalpins sont déterminés à en découdre et l’énergie déployée tout au long des 12 morceaux devrait saisir et convaincre sans peine les amateurs de Hard Rock et de Heavy Metal. Très percutant, ESTRIVER se déploie avec force et volonté (« Nails », « Slavery », « Hiraeth »).
Grâce à son frontman Piero Patty qui offre une prestation hors-norme, à ses deux guitaristes inspirés et sa rythmique musclée, le combo italien apporte une vision pertinente de son style de prédilection. Sur des riffs tranchants et acérés, ESTRIVER s’aventure avec habileté dans des sphères entre Hard et Heavy avec une belle dextérité (« Human Destiny », « March Of The Black Flag »).
Il fut un temps où on appelait encore ce style de musique du Hard FM ou du Rock californien, au choix. Pour des raisons certainement liées à un quelconque brainstorming d’experts en marketing qui a mal tourné, ce Hard Rock où les mélodies (et aussi un peu les claviers) ont la part belle se nomme dorénavant AOR car, dit-on, les chansons y sont plus formatées pour les radios entre autre. Très ancré dans son époque, le registre est loin d’avoir disparu et HEART LINE vient le démontrer de très belle manière avec « Back In The Game », un premier album bluffant de fraîcheur, d’enthousiasme et d’énergie. Yvan Guillevic, guitariste, compositeur et instigateur du projet, nous en dit un peu plus sur le groupe et sa démarche.
Photo : Cédric Andreolli
– Tout d’abord, j’aimerais que tu nous parles de la création de HEART LINE et de l’idée de ce premier album. Le groupe est arrivé un peu de nulle part. A moins que le secret ait été volontairement bien gardé…
En fait, c’est vraiment un projet qui est né très spontanément, presque par hasard. Nous étions en période de pré-confinement, le second, et j’avais de toute façon décidé de ne pas me faire avoir une deuxième fois et de bosser sur un projet. J’ai commencé à composer un titre (« In The City ») et ça sonnait dans cet esprit 80’s, entre Foreigner et Journey.
J‘ai tout de suite senti qu’il y avait un truc à faire avec, mais pour ce type de morceau il te faut un super chanteur, sinon ça ne marche pas. J’ai proposé à Emmanuel de poser une ligne de chant dessus et ça a matché. On a tout de suite décidé de partir sur un projet commun qui garderait cette ligne directrice musicale. On a composé l’album en trois semaines (Manu s’occupant de toutes ses lignes de chant et moi du reste). Il a ensuite fallu trouver l’équipe complète, ça a été fait très vite là encore, et voilà HEART LINE était né. Donc non, pas de secret, juste un groupe qui s’est monté incroyablement vite.
– Est-ce que tu pourrais nous faire une petite présentation des musiciens qui t’accompagnent et que l’on sent d’ailleurs très à l’aise dans ce registre ?
On retrouve donc Emmanuel Creis au chant. On s’est rencontré au Vauban à Brest en 2012. Il y avait une soirée PYG (mon groupe)/Shadyon (le sien). On a tout de suite sympathisé. On s’en ensuite retrouvé quelques temps plus tard au Hellfest, et encore plus tard à un concert de Toto sur Nantes en 2016. Et à ce concert, je lui ai dit que je l’appellerai un jour pour faire un truc. J’ai tenu parole ! C’est un chanteur incroyable, tout est facile pour lui.
Jorris Guilbaud aux claviers, même rencontre au Vauban puisqu’il est le claviériste de Shadyon. On a aussi sympathisé tout de suite, je l’ai d’ailleurs rappelé pas longtemps après pour faire un guest sur le deuxième album de PYG. En 2014, on a même monté un groupe ensemble, orienté Soul/Blues (arrêté depuis). Bref, je tenais absolument à l’avoir avec nous, car c’est un musicien particulièrement talentueux.
Dominique Braud, le bassiste, était un choix évident pour moi. On joue ensemble dans YGAS et c’est juste un tueur ! Il a dit oui avant même d’entendre une note de HEART LINE. Ça met en confiance pour la suite.
Walter Français à la batterie, super batteur, je ne le connaissais pas. C’est Manu qui me l’a proposé, et il est le nouveau batteur de Shadyon. Il m’a envoyé un extrait vidéo de leur live au Motocultor. Walter y est impérial. Pour moi, c’était bon et pour lui aussi. Et c’est un gros fan d’AOR en plus.
– Vous venez juste de sortir « Back In The Game », un très bon album dans un style AOR et Melodic Rock assez peu représenté en France d’ailleurs. Comment avez-vous procédé pour l’enregistrement et la production, car on sort d’une période compliquée et il sonne franchement bien ?
Entre les confinement et les couvre-feux, il a fallu faire comme on pouvait. Par chance, j’ai un studio chez moi et chaque membre du groupe avait la possibilité de s’enregistrer correctement et était capable de proposer des arrangements pour améliorer ses parties. Ils sont hyper talentueux, ça aide. J’ai donc tout centralisé chez moi. Pour le chant, on a réussi à aller en studio Manu et moi, pas très loin de chez lui. Ensuite ça a été le mixage, et voilà l’album était prêt au printemps.
Photo : Cédric Andreolli
– Comme je le disais, on compte peu de groupes de ce style en France, alors qu’ailleurs on note un beau revival. Qu’est-ce qui t’a motivé à composer cet album, car on ne sent pas une once de nostalgie sur « Back In The Game » ?
C’est tout simplement la musique que j’écoutais et que je jouais quand j’étais ado. J’ai vraiment commencé à me passionner pour la musique en 1980, avec AC/DC, Trust, Iron Maiden, etc… Pendant toute la décennie et même après j’ai écouté ça et appris la guitare sur tous ces groupes. De Dokken, Winger, Whitesnake, Malmsteen en passant par Bad English, Giant, Ratt, Dio… Et j’avais envie de retrouver cette énergie presque primaire. C’est ma musique de cœur en fait, celle qui a fait que je suis devenu musicien. Après j’ai vagabondé dans plein de styles différents, mais je suis content de revenir à mes premiers émois.
– Dès le premier album, vous signez chez Pride & Joy Music, un label très reconnu dans le domaine. Comment s’est réalisée cette signature, car elle vient confirmer un départ idéal ?
Très simplement. J’ai envoyé l’album à une douzaine de labels à travers le monde, je savais qu’il fallait tenter l’étranger et ne pas attendre grand chose de la France, car ce style est peu répandu par ici. J’ai reçu trois réponses intéressées, dont celle de Pride & Joy Music qui avait craqué sur l’album et nous proposait directement un contrat. Tout ça au bout de six jours, c’était dingue en fait. On n’a pas hésité longtemps, car on avait ce label dans le viseur dès le début. Et je crois qu’on a bien fait quand on voit le travail effectué à travers le monde. L’accueil de la presse est génial, que ce soit en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Suède et dans tellement de pays et maintenant en France, c’est fou l’impact qu’a ce label.
– Sans parler des influences qui sont toujours un peu les mêmes dans un registre aussi particulier, quelle a été ta démarche ? Perpétuer une certaine tradition musicale et sonore, ou au contraire apporter de la fraîcheur et un peu de nouveauté à ce style très ancré dans les années 80 et 90 ?
Je me suis dit : « Imagine que tu composes la BO d’un film des 80’s », et après je n’ai pas vraiment beaucoup réfléchi à tout ça. J’ai fait la musique que j’aimais, en toute sincérité. Si tu commences à te poser trop de questions, tu vas vraisemblablement te vautrer. Il fallait juste que le projet soit correctement orienté, ne pas non plus tomber dans un excès d’influences, rester focus sur ce type de musique sans chercher non plus à révolutionner le genre, mais évidemment aussi à ne pas tomber dans le plagiat. Au final, les titres sortaient facilement. Ça nous plaisait, c’était suffisant pour nous. Après que les gens accrochent où pas, ce n’est plus de notre ressort.
– Ce qui est frappant sur « Back In The Game », c’est la précision et la qualité de jeu de chacun d’entre vous. Et malgré la grande technicité du groupe, personne ne tombe dans la démonstration. Au contraire, on sent une belle unité au sein de HEART LINE. Au départ, c’est ton projet et pourtant il y a une réelle osmose…
Merci ! Mon projet, c’est de faire des chansons, le reste m’importe assez peu. Pas besoin d’étaler sa technique toutes les 10 secondes, ce n’est pas important, il faut juste s’en servir pour faire de bons titres. C’est un style demandeur d’une certaine technique de jeu, il faut des solos, des voix qui envoient, des descentes de claviers rapides, mais pas non plus des tartines indigestes d’égo. Donc, on reste focus sur les mélodies et les arrangements. L’osmose s’est créée naturellement, ça c’est du bol en fait, et en même temps sans cette complicité, ça ne pourrait pas fonctionner.
Photo : Cédric Andreolli
– L’une des composantes de HEART LINE est aussi ce groove constant. C’est quelque chose que vous avez particulièrement travaillé ?
Merci Dominique et Walter ! Ils sont essentiels dans ce groove, et oui c’est très travaillé, il faut que ça matche totalement. On joue un peu devant sur certains titres, un peu derrière sur d’autres, très droit sur quelques uns. On fait ce que demande le titre.
– Au niveau des guitares aussi, les riffs sont racés et les solos millimétrés. L’accent est vraiment mis sur les mélodies. C’est la base de HEART LINE ?
Oui, les mélodies sont essentielles, c’est du Hard Rock mélodique. C’est le moteur de ce groupe, il faut de la richesse sur les arrangements et des mélodies fortes, et Manu est un super mélodiste. Si tu ne fredonnes pas le titre, on a loupé un truc ! Pareil pour mes solos : pas trop, juste ce qu’il faut pour rajouter une couche, mais pas de démo, ce qui n’empêche pas quelques cascades quand même.
– Le groupe s’inspire aussi du rêve américain que l’on retrouve dès le visuel de l’album. « Back In The Game » est une sorte d’hommage à une époque où la société et la musique aussi étaient plus inspirantes ?
Complètement, c’était tellement plus simple. On écoutait, on aimait, on achetait et on se bouffait les albums pendant des semaines. On n’aimait pas, on passait à autre chose. On n’allait pas mettre des dislikes ou des commentaires… Et les concerts, c’était le Graal, on était tellement heureux d’y aller. Aucune lassitude, que du plaisir. Pas de vidéos prisent par un téléphone, pas de photos floues, on profitait de l’instant présent. Je suis effectivement un peu nostalgique de cette époque. Et puis, on était jeune, c’est normal de ressentir ça, les premiers émois musicaux (avec d’autres..), c’est important. Après il y a plein de choses géniales de nos jours. Sans Internet, on ne faisait pas l’album et on n’aurait pas été signé, par exemple. Mais ce frisson dans le dos qui te paralyse, cette chair de poule en entendant le riff de « Touch Too Much », le solo de « The Sun Goes down », cette énergie qui t’envahie en entendant l’intro de « Youth Gone Wild » et tant d’autres ! Je crois bien que plus jamais, je ne ressentirai d’émotions musicales aussi fortes !
Sinon, un grand merci à Stan W Decker pour ce fantastique artwork. On était trop content quand on a reçu ses premières esquisses. En plein dans le mille ! Il fallait que notre musique soit identifiable en un clin d’œil. Rappelle-toi des pochettes d’Iron Maiden, de Motörhead, de Scorpions, de Ratt, etc… On n’écoutait même pas avant d’acheter et 99% du temps, ça nous plaisait, car l’essence de la musique du groupe était dans la cover.
L’album de HEART LINE, « Back In The Game », est disponible chez Pride & Joy Music.
Tourbillonnant et imprévisible, ce premier album des Parisiens de SWEET NEEDLES montre un groupe déjà pointu, pertinent et plein d’audace. Dans un Alternative Metal particulièrement Heavy, le quintet trouve sa voie en s’engouffrant dans de multiples registres avec une facilité et une homogénéité pleine d’imprévus. « Tormenta » est un aller simple pour la cour des grands et il devrait agiter les foules.
SWEET NEEDLES
« Tormenta »
(Independant)
Pour un premier album, c’est un coup de maître. Formé en 2012, SWEET NEEDLES a surtout fait ses armes sur scène tout en prenant le temps de sortir deux EP assez différents… histoire sans doute de se forger un style et de peaufiner son identité sonore et musicale. Une chose est sûre, avec « Tormenta », le quintet sait où il va et son Metal Alternatif très Heavy vient le confirmer.
Naviguant entre Metal et Hard US, les Parisiens apportent beaucoup de fraîcheur et surtout un impact à la fois musclé et groove. Dès la furieuse intro portant le titre de l’album, SWEET NEEDLES affiche une couleur mélodique et sauvage. Sur de gros riffs aussi entrainants que tranchants et une solide rythmique, les morceaux s’enchainent avec une véloce férocité.
Si on pense bien sûr à RATM, Disturbed, RHCP et No One Is Innocent pour la voix, le combo se veut pourtant très original avec des titres percutants, tout en nuances et en contrepieds (« Not The Only One », « Egotrip », « Headache »). Avec des clins d’œil assumés au Jazz, à l’Electro et parfois au Punk dans l’énergie, SWEET NEEDLES séduit par son effervescente diversité avec des morceaux taillés pour la scène (« From Hisingen To Paris »).
Mr LORDI n’est pas du genre à procrastiner, loin de là ! Alors que « Killection » venait de sortir et que les Finlandais étaient sur les routes, la pandémie a ramené tout le monde au bercail. Mais pas question pour le multi-instrumentiste de sortir un nouvel album standard ou même un volume 2 du précédent. Et pourquoi ne pas composer et enregistrer sept albums dans sept styles différents et qui auraient pu être édités entre 1975 et 1995 ? C’est le pari (remporté !) fou du Scandinave qui nous balade entre Hard Rock, Heavy Metal, AOR, Rock Progressif, Indus et Speed/Thrash. Une « Lordiversity » peu banale et hors-norme. Entretien avec le monstre en chef de LORDI.
– « Killection » est sorti il y a moins de deux ans et après une tournée écourtée, LORDI est déjà de retour et avec un coffret de sept albums inédits. Tu as tout composé durant ce laps de temps, ou est-ce que certains morceaux existaient déjà ?
En fait, j’avais déjà quelques morceaux prévus pour « Killection ». L’idée de « Lordiversity » vient directement de cet album, je voulais créer le back-catalogue de ce groupe imaginaire. En fait, j’ai tout composé durant l’été 2020 et au départ, je voulais sortir dix albums. Ma maison de disques m’a dit de n’en faire que sept. Pourtant, ce n’était pas un problème, j’avais les dix albums en tête. Ils ont tous été composés dans l’ordre chronologique et chacun a nécessité un mois complet pour l’enregistrement et le mixage. Donc, on aurait très bien pu en sortir dix, j’en suis sûr ! (Rires)
– Avec le recul, crois-tu possible qu’un seul et unique groupe puisse aborder autant de styles différents… à part toi, bien sûr ?
Je n’en sais rien, mais j’ai envie de dire : « si tu peux le faire, get in the ring, motherfucker ! » (Rires) Blague à part, ce n’est pas si simple de passer du Thrash au Progressif, etc… Je savais que je pouvais le faire, traverser toutes ces ambiances différentes et faire les arrangements. Je sais faire tout ça et je n’ai pas besoin d’aide de qui que ce soit. Et ça me fait sourire intérieurement d’être conscient de ça. Et tous ceux qui se foutent de nous, de LORDI le monstre, j’aimerais beaucoup qu’ils essaient de faire la même chose. J’adorerais voir ça, vraiment !
– Durant la composition des albums, est-ce que tu t’es immergé en écoutant d’autres disques du même style et de la même époque pour mieux saisir l’état d’esprit et le son, ou pas du tout ?
Pas du tout ! Ca aurait tout bousillé ! (Rires) Avant de commencer les enregistrements, j’ai juste réécouté un ou deux disques marquants de chaque époque comme le premier Kiss, les Doors, Black Sabbath et c’est tout ! Rien d’autre ! Ensuite, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à composer. Je n’avais pas besoin d’autre chose. Et j’ai ensuite enchaîné les albums de la même manière avec quelques repères, bien sûr, mais rien qui puisse m’influencer. C’était juste pour choper l’ambiance de chaque époque.
– Enfin, vous allez repartir en tournée très bientôt. Définir une set-list risque d’être un vrai casse-tête ! A moins que vous en changiez à chaque concert ? Comment avez-vous prévu de vous organiser ?
Tout le monde me demande ça ! C’est vrai que c’est assez rigolo ! Sur la prochaine tournée par exemple, on va ouvrir pour Sabaton avec un set de 45/50 minutes environ. Ce n’est pas une configuration pour jouer ces albums. Donc, je pense qu’on jouera les singles et peut-être un ou deux titres de « Lordiversity». En revanche, pour les festivals, ce sera très différent. Tu es là pour jouer une sorte de bande annonce pour des gens qui sont là pour boire des bières et s’amuser. Ce n’est donc ni le lieu, ni le moment pour les jouer, non plus. Et quand nous serons sur notre propre tournée, ce sera encore autre chose. Là, on pourra choisir des morceaux de chacun album. Cela dit, je ne peux pas encore dire quand est-ce que nous aurons l’occasion de repartir en tournée pour le moment. C’est finalement assez drôle, ça aussi ! (Rires)
– Au fait, un dernier petit mot au sujet du dernier Concours de l’Eurovision que vous avez gagné en 2006. Ca t’a fait plaisir de voir des groupes comme Måneskin et Blind Channel ?
C’était cool de les voir ! J’ai bien sûr été très content de voir ça. Les choses sont en train de changer. Ca fait 16 ans… Ah ouais, 16 ans quand même… (Rires) On voit arriver de nouveaux groupes et ils font du Rock, même assez Metal. En dehors de Måneskin et Blind Channel, on constate que d’autres pays présentent des groupes de Rock. C’est une vraie évolution pour l’Eurovision, car la majorité des spectateurs de ce concours n’écoutent pas de Rock ou de Metal. Tous les 15 ans, les gens ouvrent à nouveau les yeux et retrouvent le droit chemin ! (Rires)
Le coffret de LORDI, « Lordiversity » est disponible chez AFM Records.
Plutôt que de s’engouffrer dans un seul et unique registre, le quintet français a préféré s’en approprier plusieurs, tout en restant dans un Metal sans limite et sans frontière. Avec ce nouvel album, DOWNRIGHT MALICE met un gros coup de latte dans la fourmilière métallique et « Mechanica Temporis » s’avère véloce et rugueux.
DOWNRIGHT MALICE
« Mechanica Temporis »
(Independant)
Les Alsaciens ont commencé à frapper le fer en 1987 et ne l’ont pas laissé refroidir. Depuis, DOWNRIGHT MALICE a écumé les scènes aux côtés de grands noms et se présente aujourd’hui avec un sixième album très actuel, qui marie de multiples courants issus du Metal, allant du Heavy au Thrash en passant par le Groove et le Death. Un vaste horizon que le groupe traverse avec aisance.
Fort d’un duo vocal solide et complémentaire, où se conjuguent à la fois puissance et agressivité, DOWNRIGHT MALICE dispose de solides atouts, d’autant que sa rythmique et son guitariste se montrent nerveux et massifs tout au long des dix morceaux de « Mechanica Temporis ». On notera au passage une autoproduction de haut vol et très équilibrée, qui sert très bien l’ensemble.
Débordant d’énergie tout en mettant l’accent sur des mélodies accrocheuses, DOWNRIGHT MALICE joue sur de multiples influences, essentiellement scandinaves pour le chant, et très teutonnes surtout en ce qui concerne les riffs. Entre passages épiques et galopants, breaks bien sentis et changements de tempos efficaces, les dix titres de ce nouvel album ne manquent pas de vigueur et invitent au headbanging. Bien joué !
C’est demain que le quintet français DUST IN MIND sort son nouvel album, « CTRL ». Moderne, mélodique et Indus, le groupe se présente avec un quatrième effort plein de confiance et très inspiré. Ressorti renforcé de cette période obscure, le groupe se livre à travers des émotions fortes dans des atmosphères très urbaines, des refrains addictifs et soutenu par une production massive doublée d’une belle force de frappe. La frontwoman du combo, Jen, nous parle de ce nouvel opus, ainsi que du travail collectif des musiciens du combo.
– Votre quatrième album, « CTRL », vient de sortir et il présente une direction artistique aboutie et une très belle production. DUST IN MIND s’affirme avec beaucoup d’assurance. C’est aussi votre sentiment ?
Merci beaucoup ! Oui, c’est également notre ressenti. On ne va pas faire dans le cliché et dire que c’est l’album de la maturité, (Rires) mais on sent que l’on est dans la bonne direction. On se sent en phase à 2000% avec tout ce que l’on fait, et on travaille sur tous les aspects de la production que ce soit la vidéo, les photos et le son. Cela demande énormément de travail et nous constatons que le public le ressent aussi, donc nous en sommes très heureux.
– Vous avez dit que la période de confinement vous avait aidé à travailler sur vos objectifs et votre son également. En quoi cette démarche a-t-elle modifié ou renforcé le groupe ?
On peut dire que l’on a beaucoup cohabité pendant ce confinement. Plutôt qu’uniquement le subir, on a pensé que c’était le bon moment pour travailler notre son et aussi faire des soirées brainstorming à rallonge, où l’on a beaucoup discuté. On l’a fait dans nos vies personnelles, et aussi dans celle du groupe. Nous avons une très bonne cohésion et je pense que c’est ce qui fait notre force. Nous voulons aller dans la même direction et nous faisons tous les mêmes sacrifices. Entre deux confinements, nous nous sommes isolés plusieurs jours dans une salle de concert, où nous avons travaillé le côté scénique et le jeu de lumière. Et nous avons également fait appel à un coach pour la première fois. Nous avons peaufiné notre jeu de scène, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à faire des exercices de cohésion de groupe, de lâcher prise, etc… C’était très précieux pour nous et cela a encore plus resserré nos liens.
– DUST IN MIND évolue dans un Modern Metal avec des dominantes Indus et même un peu symphoniques. Ce sont pourtant des registres assez opposés. C’est un mix qui vous est venu facilement et naturellement ?
Je ne pense pas qu’il y ait 1% de symphonique dans DUST IN MIND ! (Rires) – (Pourtant vocalement, on y est très souvent ! –NDR) Mais oui, nous évoluons dans un registre Indus depuis les débuts du groupe. Nous avons aussi un coté très groovy, très Korn comme le disent certain. Et c’est vrai que nos influences étant Korn et Pain, nous nous présentons simplement comme un groupe de Modern Metal/Indus. Cette tendance est tout à fait naturelle et colle parfaitement au groupe et à nos personnalités.
– « CTRL » est un album très lumineux et paradoxalement certains passages, ainsi que vos textes sont très sombres. Quelle est la thématique générale, car on pense parfois à un album-concept ?
Cela pourrait être apparenté à un album-concept, pourtant il n’a pas été réalisé dans cette optique. En écrivant les textes, je laisse juste parler mon cœur de manière primitive. Et au final, c’est vers la fin de l’album que j’ai réalisé qu’il y avait bien un thème général qui ressortait clairement. Cette notion de contrôle des émotions, de lâcher prise qui peut faire parfois peur ou l’addiction aux émotions intenses, etc…
– DUST IN MIND se distingue aussi par sa double dualité vocale, grâce à un chant féminin et masculin d’un côté, ainsi que clair et growl de l’autre. C’est un aspect de votre musique que vous travaillez plus particulièrement et dont vous soignez un peu plus les arrangements ?
En effet, c’est quelque chose sur laquelle nous essayons de travailler et surtout d’évoluer. Sur ce nouvel album, nous avons beaucoup travaillé sur les voix et nous avons aussi expérimenté et osé. On voulait également casser certains codes comme le fait que la chanteuse ne doit pas nécessairement chanter tous les refrains. Damien (Dausch, guitare et chant saturé – NDR) chante plus que d’habitude et présente également un panel vocal beaucoup plus riche. C’est très plaisant et cela donne plus de diversité à l’album.
– Sur le morceau « Synapses », il y a un passage chanté en français, qui se distingue aussi du ton du titre par son style. Comment vous est venue l’idée, et est-ce que c’était important pour vous que votre langue maternelle ait aussi sa place sur l’album ?
C’est vrai, car cela fait quelques temps que nous souhaitions faire un clin d’œil à notre langue maternelle. Et lorsque « Synapses » a été composé, c’est tout naturellement que j’ai posé des paroles en français. Nous réalisons que beaucoup de nos fans à l’étranger ne savent pas que nous sommes français. Il y a quelques années, j’essayais tant bien que mal de camoufler mon accent et aujourd’hui, je le regrette presque. Nous sommes français et la French Touch a une bonne image à l’étranger, alors pourquoi s’en cacher ? Je préfère l’assumer.
– Vous déclarez avoir plus de 10 millions de streams. Concrètement, quel est l’impact réel ? Cela se sent dans les ventes d’albums ou, peut-être et surtout, sur la fréquentation des concerts ?
Oui, cela se sent dans les ventes d’albums, et heureusement. Mais honnêtement, le nombre de streams (de Spotify par exemple) est une valeur objective. Si on tombe dans des playlists éditoriales, cela aura de suite un très gros impact. Et c’est une grande chance de nos jours, c’est vrai.
– Enfin, la pochette de « CTRL » est une photo de Freaky Hoody, connu notamment pour ses tatouages. Quel est le message ? Vous vous sentez proches de sa démarche ? Et vous êtes-vous rencontrés ?
Oui, nous nous sommes rencontrés, car c’est nous qui avons réalisé le clip de « Take Me Away » dans lequel il joue. Nous l’avons découvert dans une vidéo sur les réseaux sociaux et nous avons accroché à son histoire. Nous véhiculons des messages de tolérance que ce soit en termes de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle, sur les tatouages, etc… Faire appel à lui pour notre clip était plutôt naturel. Et à la fin du tournage, nous lui avons proposé de poser pour notre pochette et nous avons improvisé un shooting. C’était extra !
L’album « CTRL » de DUST IN MIND sera disponible demain (le 19 novembre) chez DarkTunes Music Group
Fondé par des musiciens ayant fait leurs preuves sur la scène européenne et reconnus bien au-delà, BONDED sort son deuxième album, « Into Blackness », et affiche un Thrash Metal marqué au fer rouge. Le quintet joue sur l’aspect classique façon rouleau-compresseur du style avec un côté très actuel entraînant et dévastateur.
BONDED
« Into Blackness »
(Century Media Records)
BONDED est depuis quelques années une attraction et une bouffée d’air frais dans le petit monde du Thrash Metal. Composé de Bernd Kost (guitare) et Markus Freiwald (batterie), tous deux anciens de Sodom, de Chris Tsitsis (guitare), ex-Suicidal Angels, de l’excellent Marc Hanschild à la basse et du furieux frontman d’Assassin, Ingo Bajonczak, le quintet dispose d’arguments de poids.
A peine deux ans après le très bon « Rest In Violence », les Allemands (et le Grec !) remettent le couvert avec une hargne et une brutalité qui forcent le respect. Le combo a entretenu de belle manière sa colère et « Into Blackness » propose un Thrash Metal agressif et sans retenue. BONDED tabasse et se montre implacable sur un deuxième album mêlant tradition et modernité.
Fulgurants et tranchants, les riffs des deux six-cordistes mettent une énergie et une vélocité incroyables à des morceaux racés (« Watch (While The World Burns) », « Division Of The Damned », « Way Of The Knife », « Final Stand ») qu’on se prend en pleine face. BONDED est aussi rageur que sur son premier album et « Into Blackness » devrait satisfaire les thrashers les plus exigeants.
Grâce à un frontman percutant, des riffs acérés et un duo basse/batterie survitaminé, le quintet NOVA SPEI se montre solide et affiche une belle puissance de feu. Sur des textes en français, les Québécois se présentent avec « Sequentis », un deuxième album Groove Metal efficace et convaincant.
NOVA SPEI
« Sequentis »
(Bam & Co-Heavy)
En dehors de quelques cas isolés dans notre beau pays, c’est plutôt du côté du Québec et de Montréal qu’il faut aller chercher pour dénicher un groupe de Metal francophone. Et pourtant, la langue de Molière peut amener à de bonnes surprises, comme c’est le cas avec NOVA SPEI, dont le Metal très groove, Thrash et Heavy est aussi pertinent que n’importe quel combo anglophone.
« Sequentis », deuxième album du quintet, traverse de nombreux courants musicaux, passant donc du Thrash au Power avec quelques touches de Death au niveau du chant. Car NOVA SPEI a la bonne idée de combiner un chant presque clair et très puissant avec un growl profond, qui apporte un relief intéressant à ses compos (« Animal », « La Proie », « Digitalisé », « Damné »).
Vigoureux et débordants d’énergie, les Québécois se montrent très soudés et l’impact de leur Metal se déploie avec beaucoup de force sur les douze titres. Entre noirceur et optimisme, les textes de NOVA SPEI se fondent dans leur époque en invitant l’auditeur à la réflexion (« Génération Perdue », « Nouvel Espoir », « Qui Sème Le Vent », « Démocratie Bafouée »). Costaud et massif !
Fer de lance de la scène Heavy Metal espagnole depuis une dizaine d’années, GUADAÑA nous revient avec un quatrième album (le groupe compte aussi deux EP) bien rentre-dedans et épicé à souhait. Chanté dans sa langue maternelle, le registre du quintet prend de l’ampleur et de l’énergie sans négliger des mélodies toujours plus accrocheuses. Avec « Erytheia », les Hispaniques s’affirment de belle manière.
GUADAÑA
« Erytheia »
(Maldito Records)
Quatrième opus pour le quintet espagnol GUADAÑA et on peut aisément considérer « Erytheia » comme l’album de la maturité, tant le groupe semble exprimer vraiment son jeu avec des compos très abouties, une production conséquente et un parti-pris qu’il faut aussi saluer. En effet, le combo de Cadix a la particularité de présenter un Heavy Metal entièrement interprété dans la langue de Cervantès, ce qui est toujours une force… lorsque c’est bien fait, ce qui est le cas.
Certes assez classique, le registre de GUADAÑA comporte aussi quelques touches symphoniques, qui n’assouplissent pas ce très bon « Erytheia », mais a contrario lui donne beaucoup de volume. Puissant et très bien arrangé, ce nouvel album présente un bel équilibre entre des riffs percutants et racés façon NWOBHM et des solos pleins de fougue signés du guitariste Juanna Patrón, très son aise et affichant une liberté de jeu efficace et solide.
L’autre particularité, et aussi tout le charme de GUADAÑA, est d’évoluer avec un duo vocal constitué de Gloria Romero et de Salvador Sanchez. Si la touche féminine apporte beaucoup au niveau des mélodies, le chant rugueux de son acolyte n’est pas en reste et vient très habillement compléter l’impact des morceaux. A noter que les Hispaniques ont fait appel à quelques compatriotes, qui viennent offrir une belle diversité à ce « Erytheia » qui ne manque pas de saveurs.