Spontané et vivifiant, « Four Wings » est un superbe condensé de Classic Rock et de Blues porté par la voix de son électrique frontwoman, EBBA BERGKVIST, qui guide THE FLAT TIRE BAND, lui aussi très inspiré et délicieusement vintage. Cette production aux sonorités analogiques et terriblement organiques libère un côté revival, qui résonne comme un appel aux grands espaces dans un élan de liberté très Rock et soutenu. Les Suédois jouent sur les émotions dans une dynamique à l’énergie débordante.
EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND
« Four Wings »
(The Sign Records)
Après le très bon « Split Milk » sorti il y a quatre ans et acclamé à juste titre, EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND présente sa deuxième réalisation qui vient confirmer tout le talent de la jeune formation. Toujours mené de main de maître par sa chanteuse et guitariste, le groupe reste dans cette veine et ce son très 70’s, tout en faisant soigneusement passer ses compositions au prisme d’un élan très contemporain. Entre Classic Rock et Blues Rock avec une touche Southern et Psych, « Four Wings » affiche une étonnante et très riche diversité.
Accompagnée par Björn Björnehult Korning (basse), Adam Randolph (batterie) et le Finlandais Jonas Skeppar (guitare) qui forment THE FLAT TIRE BAND, EBBA BERGKVIST signe ces nouveaux morceaux et a également enregistré et produit ce nouvel opus. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit également les visuels du disque. Artiste complète donc, sa prestation vocale est aussi incroyable de puissance comme de délicatesse. Une force que l’on perçoit sur l’ensemble des chansons et qui transcende notamment les parties les plus Blues de « Four Wings ».
Dès le morceau-titre qui ouvre l’album comme sur « The Pack » et « Vice Versa », c’est surtout le côté Heavy Rock qui domine, tout en délivrant des mélodies et des refrains accrocheurs. EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND fait preuve d’une grande maturité et de beaucoup de fraîcheur (« Backside », le génial « Black Horse », « Treachery », « Eastern Prairies »). Se faisant hypnotique et torride, le quatuor montre sa passion et n’a pas son pareil pour varier les ambiances, tout en maintenant habillement un cap très personnel et bouillonnant.
Entrer dans l’univers de SUN Q est à la fois une aventure et un voyage musical assez unique, faits de rêveries qu’on lit dans les détails souvent vertigineux de ses morceaux. Entre Psych Rock et Stoner, la marque vintage domine, tandis que l’approche est résolument moderne. Sur « Myth », son dernier album en date, le duo russe, composé d’Elena Tiron et Ivan Shalimov, brise les codes et les frontières artistiques pour créer un style très personnel. La voix de la chanteuse flirte avec des couleurs chamaniques très aériennes, pour l’instant suivant déferler dans des fulgurances puissantes et captivantes. Rencontre avec une frontwoman inspirée, déterminée et d’une saisissante créativité.
– Sept ans se sont écoulés depuis votre premier album « Charms ». D’ailleurs à l’époque, vous vous présentiez comme un quatuor, contrairement à aujourd’hui, où vous vous affichez en tant que duo. Qu’est-ce qui a changé entre temps ? Vos chemins se sont séparés et vous avez préféré vous recentrer tous les deux ?
Notre groupe est jusqu’à présent un projet non-commercial, ce qui signifie qu’il nécessite une énergie et des ressources importantes qui ne sont pas récompensées financièrement. Certains membres, à un moment donné, ont réévalué leurs priorités. Même si nous nous positionnions auparavant comme un quatuor, tout au long de cette période, le noyau et la force motrice derrière les idées ont toujours été nous deux. Cependant, nous sommes toujours heureux de partager le processus créatif avec des musiciens talentueux.
– Cela dit, lorsque l’on voit le line-up à l’œuvre sur « Myth », on constate que vous êtes encore très nombreux sur l’enregistrement de l’album. C’est dû au fait que vous composiez tout tous les deux, et qu’ensuite vous construisez le groupe au gré des compositions ?
Au départ, quand les idées et les éléments ont émergé, nous avons recherché des personnes qui s’aligneraient là-dessus. Nous sommes restés ouverts aux suggestions, surtout lorsque nous avons trouvé des musiciens, qui pensaient être en phase avec nous et qui partageaient notre sens du beau et du goût. L’album comprend plusieurs moments qui ont été apportés pour certains lors de l’enregistrement ou de la composition, et ils constituent une partie essentielle de notre création artistique. Néanmoins, le résultat final et les décisions que nous prenons constamment en cours de route restent entièrement de notre responsabilité.
– D’ailleurs, si l’on revient sur votre discographie, il y a eu cinq singles avant « Charms » et autant avant « Myth », même si l’on y retrouve que trois morceaux. Pourquoi n’y avez-vous pas intégrer « Severe » et « Searching The Skull » ? Ils n’entraient pas dans l’atmosphère générale de l’album ?
En fait, nous avons bien inclus « Searching for the Skulls » dans le nouvel album, mais dans une interprétation différente. Il s’intitule « Still Searching for the Skulls » et il vient souligner que nous les recherchons toujours ! (Sourires) Pour l’album « Myth », nous avons décidé d’utiliser des synthétiseurs analogiques vintage, uniquement parce qu’ils correspondent mieux à notre concept sonore. La version album de cette chanson penche davantage vers le genre Synthwave et est plus calme. Nous avons aussi eu l’idée de créer une ‘pause’ entre les deux parties de l’album. La version single est sortie, parce qu’un de nos amis avait entendu la démo et avait hâte de tourner une vidéo. C’était quelque peu impulsif.
Quant à « Severe », nous adorons cette chanson, mais nous ne la percevons pas dans le cadre d’un album. Elle est très indépendante à nos yeux et a été créé à l’origine pour être ainsi. D’ailleurs, le chœur gospel, qui apparaît sur « Severe », a également été enregistré en partie pour la chanson « Tree ».
– Justement, la force de SUN Q réside précisément dans les ambiances. Tout en empruntant un nombre assez conséquents de styles différents, il y a une réelle unité musicale qui forme un son original, varié, parfois même opposé, mais où l’on se retrouve toujours. Finalement, votre identité sonore est constituée de nombreux éléments avec le Rock comme moteur. Pour qui ne vous connaîtriez pas, comment définissez-vous l’univers de SUN Q ?
Merci pour cette question, car nous accordons en effet une grande attention à la création des ambiances. Elles ont parfois magiques, parfois rêveuses, passionnées, désespérées, voire étranges, mais toujours captivantes. A travers nos chansons, nous visons à plonger l’auditeur dans une atmosphère qu’il aura envie d’explorer. Nous voulons que notre musique soit vibrante et émotionnelle. Lorsque nous écrivons une chanson, nous ne nous concentrons pas sur le style ou le genre, dans lequel elle s’intégrera. Ce qui compte le plus, c’est que l’auditeur trouve cela intriguant et se demande ce qui va suivre.
– Vous avez enregistré « Myth », chez vous en Russie, puis le mix a été réalisé en Angleterre. C’était compliqué pour vous de tout faire en un même endroit, ou est-ce que vous avez senti le besoin d’avoir un regard extérieur, peut-être pour mieux canaliser votre musique, qui ne manque pas de sonorités en tous genres ?
Nous croyons fermement que les personnes qui partagent notre direction créative peuvent améliorer et enrichir notre musique. Une nouvelle perspective dans la musique est toujours importante, surtout lorsque vous êtes dans le processus de production depuis très longtemps. Nous avons cherché pendant des mois un tel spécialiste dans le monde entier ! Nous sommes reconnaissants envers notre ingénieur qui a réalisé le mixage, Sean Genockey, car son œil extérieur a revitalisé notre musique et l’a rendue plus belle.
– Si l’on prend en compte les variations Stoner, Psych, Blues, Prog et Heavy Rock, ce qui ressort de SUN Q est une sorte de côté théâtral, une mise en scène musicale où le texte semble guider les chansons. C’est cet aspect narratif qui a le dessus sur le reste ?
En fait, la musique russe met l’accent sur les paroles. Cela la distingue considérablement de la musique occidentale où, à notre avis, la musique joue souvent un rôle plus important. Même si nous penchons vers un concept occidental, il est intéressant de noter que notre musique donne toujours l’impression que les paroles prennent le dessus. En fait, nous apportons beaucoup d’efforts dans nos paroles, avec beaucoup d’attention pour chaque mot.
– Si l’on revient sur l’ensemble des musiciens qui vous accompagnent sur « Myth », on est assez surpris de voir à quel point tous se fondent dans un même élan, une même voie et ce grâce à un travail assez phénoménal sur les arrangements. Vous ne vous êtes trop arrachés les cheveux au moment du mix justement, au moment de faire une place à tout le monde ?
Nous étions terriblement inquiets de la façon dont l’ingénieur gérerait cette tâche, car nous avions parfois vraiment l’impression d’en faire trop. Néanmoins, il était important pour nous de transmettre notre musique telle que nous la souhaitions et avec tous les instruments, chacun apportant sa propre couleur.
– On l’a dit, le son de SUN Q est résolument Rock, avec de multiples variantes. Et pourtant, on y retrouve du saxophone, de la trompette, du violon, du violoncelle, du trombone et même (plus étonnant !) de la nickelharpa, un instrument traditionnel suédois. Toutes ces idées sont venues au fur et à mesure de la composition, ou plutôt au moment de l’enregistrement ?
Toutes ces idées sont apparues au cours du processus de composition, mais assez spontanément. Comme « Jane Doe » a un côté très Soul, nous avons pensé que ce serait une bonne idée d’enregistrer une section de cuivres. Dans « Crystal Doors », le saxophone a véritablement ajouté une ambiance noire sur la fin. Les autres cuivres ont rendu le tout plus épique. Ces idées sont venues indépendamment les unes des autres. Cependant, conceptuellement, cela a parfaitement fonctionné : l’album commence et se termine par des cuivres. Les cordes ajoutent une touche Folk sombre et même une touche plus underground.
Et lorsque nous avons découvert l’existence du nyckelharpa, il n’était pas nécessaire de discuter de l’endroit, ou de la manière dont il sonnerait. Nous avons vite réalisé que, sans son caractère médiéval, la chanson « Animals » ne serait pas complète. Nous sommes également très satisfaits de « I Am The Sun », où nous avons réussi à mélanger des percussions africaines, des parties de synthétiseur très 80’s, du Disco, des chœurs et des couplets très sombres. L’objectif n’était surtout pas de rassembler des éléments disparates, bien au contraire, tout s’est produit de manière très organique et naturelle.
– Et puis, il y a aussi cet esprit très 70’s qui domine et qui, par son atmosphère, libère une production très organique justement sur l’album. C’est aussi quelque chose qu’il était important pour vous de conserver ?
Oui, nous considérons le son vintage et le style Rock de cette époque comme le fondement de notre musique, que nous complétons ensuite avec d’autres éléments. Le son vintage possède une crudité, une authenticité et une imperfection que nous apprécions profondément et qui nous manquent dans le Rock moderne.
– Un mot tout de même sur ta voix, Elena, qui l’un des atouts majeurs de SUN Q. On te sent très à l’aise dans de nombreux registres, qui vont d’une douceur incroyable à des éclats plus bruts. C’est toujours très instinctif dans la perception qu’on en a, et aussi très captivant. Est-ce que cela vient de cet esprit psychédélique, parfois chamanique, qui parcourt ce nouvel album ?
Merci beaucoup ! Je m’efforce d’utiliser ma voix pour transmettre ce que nous considérons comme l’une des techniques les plus puissantes de la musique : le contraste. Je suis ravie que tu aies ressenti cet esprit chamanique, cela signifie que tout n’a pas été vain. Dans les régions du Nord de la Russie, plusieurs groupes ethniques entretiennent encore des traditions chamaniques et communiquent avec les forces de la nature. Cette ambiance correspond à notre désir de créer des images de cet héritage à travers nos chansons. Nous donnons beaucoup d’importance à toutes ces anciennes traditions, où il y a toujours quelque chose de magique. Il y a en elles un grand pouvoir qui nous inspire.
– Enfin, sans entrer dans des considérations politiques, car ce n’est pas le lieu, est-ce que la guerre en l’Ukraine et la pression internationale ont mis un frein à l’activité artistique en Russie ? Et surtout, est-ce que cela vous a impacté directement ?
Oui, cela a un impact. La scène musicale a considérablement diminué en Russie. Les musiciens se retrouvent dans une situation délicate, soumis à une forte censure. Ils doivent surveiller attentivement chaque mot qu’ils prononcent, mais il y a toujours un risque de se retrouver sur les listes de ‘groupes interdits’, qui circulent dans les clubs du pays, interdisant les représentations. Nous sommes véritablement préoccupés par l’orientation de la culture musicale russe. Simultanément, des services comme Spotify ont quitté le pays et les labels internationaux retirent aussi leur musique des catalogues, ce qui rend difficile l’accès aux nouveautés étrangères. Nous pensons que les échanges culturels sont cruciaux et, malheureusement, ils ont considérablement diminué. Après le début de la guerre, il s’est avéré que la seule chose qui nous a aidés à faire face à l’état de choc et d’horreur a été de commencer à composer de nouvelles chansons. Elles seront sur notre prochain album, que nous espérons sortir malgré tout.
Le dernier album de SUN Q, « Myth », et les autres sont disponibles sur le Bandcamp du groupe, ainsi que les singles :
Tout en cultivant un univers occulte, la formation germano-suédoise va un peu à contre-sens d’une certaine tradition qui exigerait de la dureté et un peu de brutalité même, dans le propos comme dans la forme. Or, LUCIFER semble plutôt destiné à s’extraire de cette niche musicale souvent peu accessible pour qui se tiendrait en dehors du monde du Metal. Définitivement Rock et flirtant aussi avec la Pop, la chanteuse guide main de maître(sse) un combo de plus en plus lumineux.
LUCIFER
« Lucifer V »
(Nuclear Blast)
Depuis quelques années maintenant, c’est en Suède que LUCIFER conçoit ses albums et, comme son nom l’indique, voici le cinquième d’une discographie qui commence à avoir fière allure. Puisant désormais son inspiration dans les flammes de l’enfer scandinave, ses racines sont toujours très présentes. Très revival, le Rock à l’œuvre ici fleure bon l’occultisme, le Heavy et le Doom, façon seventies et sur fond de Pop assez décomplexée. Un mix accrocheur et explosif finalement.
La production de « Lucifer V » est toujours aussi soignée et brute. Quant à la faculté d’envoûtement de Johanna Sadonis Anderson, elle est à son sommet. Concoctés avec Nick Anderson, guitariste et batteur, ces nouveaux morceaux ont aussi la particularité de montrer autant d’authenticité que d’aspects très mainstream dans leur composition. LUCIFER semble avoir trouvé le juste milieu, nous rappelant au bon souvenir de Black Sabbath, Blue Öyster Cult et même Heart dans les harmonies.
C’est forcément avec beaucoup d’humour noir que le groupe se livre dans un Heavy Rock enflammé. Grosses guitares, lourde rythmique et des chœurs omniprésents, « Lucifer V » se montre très aussi mélodique que rugueux, faisant un bel amalgame entre des titres massifs et des refrains entêtants (« Fallen Angel », « At The Mortuary », « Riding Reaper », « A Coffin Has No Silver Lining », « Strange Sister », « Nothing Left To Lose But My Life »). Et avec ce petit côté Kim Wilde dans la voix, la frontwoman de LUCIFER est irrésistible.
C’est toujours avec la même intensité que les îliens de THE VINTAGE CARAVAN livrent chacune de leurs réalisations. Depuis leur premier album éponyme en 2011, le chemin est déjà long, car les trois jeunes musiciens n’ont eu de cesse de se produire sans relâche. Cela valait donc bien un témoignage discographique de ces prestations endiablées, et c’est dorénavant chose faire avec « The Monuments Tour », dont la très belle production offre une immersion totale au cœur du Hard Blues 70’s du combo.
THE VINTAGE CARAVAN
« The Monuments Tour »
(Napalm Records)
Depuis plus d’une décennie maintenant, le jeune trio enflamme toutes les scènes où il se produit et qu’il arpente avec une énergie, une fougue et une assurance déconcertantes. Enraciné dans des années 70 qu’ils n’ont pourtant pas connu, les Islandais ont parfaitement assimilé les codes, les sonorités et surtout l’état d’esprit très jam de cette époque. Et avec une petite touche progressive supplémentaire, le Hard Blues de THE VINTAGE CARAVAN fait plus que respecter un genre, il lui apporte une bonne dose de modernité.
Affichant aujourd’hui cinq albums studio à son compteur, le groupe montre une évolution constante et pourtant son répertoire reste très homogène. D’ailleurs, « The Monuments Tour » parcourt toute sa discographie à travers 13 morceaux parfois réarrangés, mais pour l’essentiel très fidèles aux versions originales. Grâce à des performances explosives dans les plus grands festivals européens, THE VINTAGE CARAVAN maîtrise complètement son sujet et se fait même plaisir sur des improvisations étincelantes tout en feeling.
Capté lors de leur récente tournée l’an dernier, « The Monuments Tour » est une sorte de voyage musical sur fond de psychédélisme, où le Classic Rock et le Blues Rock font cause commune. Puissant et plein d’audace, le set proposé n’élude aucun disque et même si les morceaux sont issus de différents concerts, THE VINTAGE CARAVAN s’affirme avec détermination et fluidité (« Whispers », « Cristallized », « Can’t get You Off My Mind », « Psychedelic Mushroom Man », « Expand Your Mind », « Clarity »). Vivifiant !
Retrouvez l’interview du groupe à la sortie de l’album « Monuments » :
Si vous avez déjà vu KOMODRAG & THE MOUNODOR sur scène, vous pouvez aisément imaginer combien interviewer les sept musiciens en même temps aurait vite tourné au casse-tête. C’est donc un entretien croisé, et séparé, de la dynamique formation bretonne estampillée ‘super-band’ que je vous propose pour parler de ce premier et très bon album « Green Fields Of Armorica ». Il y est question pour les deux groupes de communier leur amour pour le Rock 70’s dans un esprit forcément psychédélique… et joyeux ! Et sans aucune concertation, le septet montre une osmose totale jusque dans ses réponses. Entretien paimpolo-douarneniste avec une formation, qui va très vite devenir incontournable bien au-delà des frontières bretonnes.
– Votre rencontre et votre coup de foudre réciproque ont eu lieu en 2019 et quelques jams ont eu lieu dans la foulée. Quel a été le véritable déclic pour fonder KOMODRAG & THE MOUNODOR, car une aventure pareille ne se fait pas sur un coup de tête, si ?
Komodor : Et si, ça s’est exactement passé sur un coup de tête. Quand nous avons rencontré pour la première fois Camille et Colin, ça a tout de suite été un coup de foudre amical et musical. Le feeling a pris directement pendant qu’on faisait notre première jam ensemble et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait moyen de bien rigoler et de faire du bon gros Rock ensemble.
Moundrag : On avait l’habitude de jammer après nos concerts avec Komodor et l’élément déclencheur a été quand on nous avait proposé d’enregistrer et de filmer une live session. Comme nous venions de sortir une vidéo sur KEXP, nous avons plutôt proposé notre nouveau projet : KOMODRAG & THE MOUNODOR. Le truc marrant, c’est qu’on avait composé les trois morceaux de la live session le week-end précédent !
– Votre premier ‘gros’ concert a eu lieu aux Trans Musicales de Rennes en 2021. Quels souvenirs en gardez-vous, notamment par rapport à vos rôles respectifs sur scène, vos positionnements aussi et le relais et l’échange entre vous et le public ?
Moundrag : Ce premier concert restera gravé dans nos mémoires ! Le public était chaud bouillant et nous étions possédés par les démons du Rock’n’Roll : sept mercenaires au service de vos soirées d’ivresse !
Komodor : C’était un gros challenge et on en garde des souvenirs gravés à jamais : une ambiance de fou, notre première grosse scène devant autant de monde et, surtout, le tout premier concert du groupe. Nous avions eu la chance de travailler en résidence et d’être accompagné par une superbe team afin que tout se passe au mieux.
Le positionnement sur scène s’est fait assez naturellement. Nous sommes sept, donc pour occuper le plateau, ce n’est pas un problème. On était remontés comme jamais avant de jouer. C’était un vrai moment de partage avec le public qui était chaud bouillant et qui avait soif de faire la fête avec nous.
– Vous sortez aujourd’hui « Green Fields Of Armorica », qui dispose d’une production très organique que l’on retrouve d’ailleurs aussi sur vos albums respectifs. Avez-vous eu envie de travailler un son particulier ? Et comment le travail d’enregistrement s’est-il effectué, car gérer sept musiciens peut vite devenir compliqué ?
Komodor : Ce n’était pas une mince affaire, surtout pour trouver de l’espace pour tout le monde. Nous avons pris parti de retranscrire au mieux le son que nous avons en live, mais avec tous les avantages du studio en termes de production et d’effets.
Les deux batteries, l’orgue et la basse ont été enregistrés live dans une pièce de 15m². On a joué le plus fort possible pour ressentir cet effet organique. Les guitares et les voix ont été enregistrées séparément après toute la base rythmique. Ce qui a permis de travailler au mieux la spatialisation dans la stéréo et d’avoir un son punchy et aérien au mixage.
Moundrag : Nous avons voulu avoir un son qui se rapproche le plus de notre performance scénique. Nous avons enregistré les deux batteries, la basse et l’orgue Hammond en live, tous les quatre dans une petite pièce. Puis, nous avons rajouté les guitares/overdubs et enfin les voix. Le plus dur a été de trouver une place pour chacun dans le mix. Bravo Goudzou !
– Est-ce qu’au moment de composer justement, n’avez-vous pas été tentés les uns et les autres d’imposer votre patte en utilisant peut-être des morceaux ou des mélodies que vous aviez déjà chacun de votre côté ?
Moundrag : Tout a été composé pour le groupe. Pour notre part, on est vraiment sorti du Heavy Psych Prog pour proposer des riffs et des chansons plus ‘Pop’. Nous avons vraiment à coeur de différencier les répertoires pour éviter que les auditeurs ne mélangent tout… Même si c’est déjà les cas avec le nom du groupe ! (Rires)
Komodor : On a justement mis les riffs, qui ne correspondaient pas à nos projets respectifs, mais qui nous plaisaient ! (Rires) On s’est quand même donné une ligne directrice en termes d’esthétique musicale, ce qui a permis d’élaborer le set autour de cet univers. L’ensemble des membres a apporté ses influences dans cet album, ce qui a créé une identité indépendante de Komodor et de Moundrag.
– A l’écoute de ce premier album, ce qui est assez étonnant, c’est que l’on ne perçoit pas forcément l’empreinte directe de Komodor, ni de Moundrag de manière significative. Il s’agit véritablement d’un autre groupe. Est-ce que ça a été difficile de vous imposer ça ? Fusionner deux groupes ne débouche pas forcément sur un style aussi personnel…
Komodor : Au contraire, c’est hyper excitant, nous avons tout de suite voulu créer un projet à part entière et qui soit dans une esthétique différente ! Ce n’est pas dans la même veine que nos projets respectifs. Etant à sept dans cette formation, cela nous a permis d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et composition !
Notre volonté était clairement de recréer un show énergique au plus proche de ce qui pouvait exister à l’époque avec un univers bien ciblé et identifié ! Cela nous permet d’aller creuser encore plus loin dans notre recherche et de comprendre au mieux comment cette époque a marqué toute une génération et un mouvement artistique qui perdure encore.
Moundrag : C’était un choix nécessaire. Nous sommes sorties de nos zones de confort pour proposer un répertoire qui n’empiète pas sur nos projets respectifs. KOMODRAG & MOUNODOR a un répertoire Southern Rock, qui s’est imposé de lui-même. Cela nous permet de faire vivre à côté Moundrag et Komodor sans redite.
– Est-ce que vous voyez KOMODRAG & THE MOUNODOR comme une sorte de récréation, un side-project qui vous permet de franchir et d’explorer des frontières qui vont au-delà de vos groupes respectifs ? Et lui voyez-vous d’ailleurs un avenir après « Green Fields Of Armorica », en dehors des concerts, bien sûr ?
Moundrag : Au début, on voyait ça comme un side-project, une jam entre copains à la fin des concerts. Mais plus ça va et plus ce groupe prend de l’importance ! On a beaucoup de chance de pouvoir jouer en live ce projet qui demande beaucoup d’investissement avec sept musiciens sur scène. On va déjà défendre en live cet album et on verra ensuite pour un deuxième…
Komodor : C’est une vraie récréation, qui a maintenant pris une tournure ‘plus sérieuse’. Nous vivons tellement de moments incroyables que nous voulons vraiment que cette histoire perdure ! On veut s’exporter, jouer et s’amuser autant que possible ! Dès que nous aurons fini la tournée de cet album, nous avons pour projet de nous pencher sur l’écriture du second opus.
– D’ailleurs, ce projet est assez étonnant dans la mesure où vous avez tous les deux un premier album à votre actif, donc un parcours jusqu’ici assez court. Et cela ne vous a pas empêché, bien au contraire, de vous lancer dans cette nouvelle aventure. Alors aujourd’hui, et respectivement, où est votre priorité ? Komodor, Moundrag ou KOMODRAG & THE MOUNODOR ?
Moundrag : Tous les projets ont autant d’importance à nos yeux. Nous aimons de tout notre coeur le Hard Prog Heavy Psych, donc nous continuerons à défendre ce style, même si KOMODRAG & THE MOUNODOR prend de plus en plus de temps sur l’agenda.
Komodor : Les trois, mon capitaine ! On ne va pas abandonner un seul des trois projets. Chaque groupe se construit avec un public différent. Ça nous tient à cœur de les développer, car nous ne sommes qu’au début de l’aventure pour chacun d’entre eux et la route est encore longue.
– J’imagine qu’une tournée va aussi arriver et elle va mettre en stand-by vos formations respectives. Est-ce qu’en parallèle, vous travaillez déjà les uns et les autres sur vos futures réalisations ? Et quand pensez-vous avoir le temps de souffler un peu ?
Komodor : La tournée de cet album ne va pas nous empêcher de tourner avec Komodor, bien au contraire. S’il y a un trou dans l’agenda, on le remplira. D’ailleurs, il y a déjà des dates de programmées pour la saison prochaine ! On veut bouffer du bitume et nous avons encore beaucoup d’endroits à découvrir ! En ce qui concerne Komodor, nous avons déjà entamé le travail de pré-production du prochain album ! Nous voulons battre le fer tant qu’il est encore chaud, et nous avons de belles surprises à annoncer dans les temps à venir.
Moundrag : Effectivement nous travaillons sur le deuxième opus de Moundrag. Pas l’temps d’souffler, quand la tempête arrive ! On se reposera quand on sera mort. D’ailleurs, il nous reste des dates à booker pour cet été.
– Enfin, car on peut tout se dire maintenant : qui tient la culotte dans KOMODRAG & THE MOUNODOR ? Moundrag ou Komodor ?
Moundrag : Ah Désolé, ce sont les Komodor qui portent des culottes, nous on est plutôt caleçons !
Komodor : On sait que les Moundrag vont dire que ce sont eux. On va donc humblement leur donner les codes de la boîte mail, et on va se la couler douce dans le Morbihan !
L’album de KOMODRAG & THE MOUNODOR, « Green Fields Of Armorica », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.
Retrouvez les interviews accordées par les deux groupes lors de la sortie de leur premier album respectif :
Même s’il est le fils d’une légende du Heavy Metal, Seb Byford n’entend pourtant pas marcher dans les pas de son père musicalement. Cela dit, il est parvenu à l’embraquer dans l’aventure HEAVY WATER loin de l’institution Saxon. Avec « Dreams Of Yesterday », l’ambiance est plutôt Rock, même si quelques sonorités assez Old School et un brin Hard Rock émanent de ce deuxième effort rondement mené par le mythique frontman et sa progéniture.
HEAVY WATER
« Dreams Of Yesterday »
(Silver Lining Music)
Si le rapprochement artistique père/fils qui a donné lieu à « Red Brick City » il y a deux ans en pleine période de Covid, il semblerait que la Byford Family ait décidé de récidiver et d’inscrire HEAVY WATER dans le temps. Même si Biff a depuis sorti « Carpe Diem » et le navrant « More Inspirations » avec Saxon, le duo créé avec le fiston n’a pas été un one-shot, puisque les revoilà avec « Dreams Of Yesterday », un deuxième album varié et solide, dans la lignée du premier.
A la guitare et au chant, Seb paraît toujours tenir la boutique avec force et talent, Biff assurant la basse et les chœurs avec son inimitable timbre de voix. Loin de son Heavy Metal habituel et même s’il avait laissé entrevoir d’autres registres sur les deux non-essentiels opus de covers de Saxon, c’est assez surprenant de le retrouver dans certains styles abordés sur « Dreams Of Yesterday ». Mais il ne fait que tenir la basse sur HEAVY WATER… et d’ailleurs cela s’entend !
Le groupe a trouvé ses marques et même s’il se cherche encore un peu, une empreinte et une identité commencent à se dessiner. Très ancré dans les années 80 et 90, HEAVY WATER rappelle autant Led Zeppelin que Soundgarden ou Alice In Chains et penche sur des titres assez nerveux dans un Rock Hard classique, bluesy parfois, alternatif et légèrement Stoner (« Another Day », « Be My Savior », « Don’t Take It Granted », « Castaway »). Un peu éparse, mais très soudé !
Entraînant, efficace et mené sur un train d’enfer, le duo possède ce petit quelque chose qui le rend rapidement addictif. Une batterie, une basse et quelques effets suffisent ici à réunir une volonté incandescente à livrer un Power Rock aux couleurs vintage. END2END puise autant dans les origines du Hard Rock que dans un Blues Rock gras et percutant. Réjouissant et positif, c’est un esprit live et véloce qui anime ce « Take My Train » réjouissant et positif.
END2END
« Take My Train »
(Independant)
Une fois n’est pas coutume, j’ai le plaisir de vous présenter l’EP de END2END. Petite entorse puisque la déferlante de ces formats courts est telle qu’il est presqu’impossible de s’en faire un écho exhaustif et surtout ils ne sont pas souvent très représentatifs d’un groupe, de sa démarche artistique et de ses qualités. Mais là, le fait que le duo ait un pied entre Vannes et Nantes, soit presqu’en Bretagne, et que son registre soit très rafraîchissant m’ont convaincu.
Après quelques années d’existence marquées surtout par des concerts énergiques et torrides, le duo composé de Loran Kruho (basse, multiples sons et voix) et du batteur Sylvain Boullais s’est donc attelé à la création d’un cinq-titres très convaincant bardé d’un groove accrocheur très présent et même leitmotiv de la musique de END2END. Et justement, c’est un Rock musclé très accrocheur que distille le tonique binôme avec une envie débordante.
Si aujourd’hui, la technique permet de faire à peu près tout, y compris en live, faut-il encore en faire bon usage. Et c’est le cas, puisque dès les premières notes de « Fall In Love » suivi de « See A Way Out », on tombe sur le charme de ce Rock très 70’s où la fougue se mêle à des refrains entêtants et des rythmiques appuyées et groovy. END2END met toute son énergie au service d’un registre puissant et mélodique avec un aspect revival, loin d’être désuet.
MOUNDRAG, c’est l’histoire de deux frangins, Camille et Colin Gœllaën-Duvivier, biberonnés au Rock Progressif et psychédélique depuis leur plus tendre enfance. Originaire de Paimpol en Bretagne, le duo détonne et étonne grâce à un line-up surprenant, puisqu’ici point de guitare, ni de basse : juste (beaucoup !) des claviers et une frénétique batterie. A eux d’eux, ils viennent de sortir leur premier album, « Hic Sunt Moundrages », savante concoction de Hard Prog/Heavy Psych dans un univers de science-fiction 70’s ancré dans une réalité très actuelle. Camille (claviers) nous en dit un peu plus sur ce groupe hors du commun et du temps…
– MOUNDRAG a commencé à faire parler de lui il y a trois ans avec un premier EP éponyme. Depuis, les choses se sont accélérées. C’était déjà ce que vous imaginez en 2018 en créant le groupe ?
Eh bien non, pas vraiment ! En créant MOUNDRAG, nous avions comme objectif premier de faire les premières parties des groupes en tournée en Bretagne, afin de démontrer aux groupes et au public qu’il n’y a pas besoin de guitare pour faire du Rock’n’Roll ! Mais les choses se sont bousculées après qu’on est joué au Trans Musicales de Rennes en 2019. Depuis, on joue partout en France et en Europe… et on ne joue plus en premier !
– Comme de plus en plus de groupes, vous évoluez en duo, qui est d’ailleurs aussi une fratrie. Justement, est-ce que cela vous a aidé dans le sens où vous avez sûrement été bercés par la même musique ? Finalement, les repères étaient déjà là…
Exactement, on a commencé à jouer ensemble très tôt (Playmobil, Lego…) et vers mes 13 ans, notre oncle irlandais nous a offert le CD de Deep Purple « Made in Japan », et ça a été un choc ! On est passé des Playmobil du grenier au studio de répétition dans la cave. De plus, nos parents sont musiciens, on a depuis tout petit été bercé par la musique et le rythme des tournées et des enregistrements, car on les accompagnait beaucoup.
– MOUNDRAG évolue dans un registre très marqué par les 70’s avec, forcément, de l’orgue en cascade et des morceaux progressifs. Cette évasion sonore et musicale que vous proposez, vous ne la retrouviez pas dans la musique d’aujourd’hui ? Ou plus simplement, c’est son intemporalité qui la rend toujours très actuelle, qui vous a séduit ?
Il est vrai que le Rock 70’s n’est pas du tout diffusé par les médias mainstream… Mais pour nous, ce style de musique et les messages des chansons sont toujours d’actualité ! Les problèmes sociaux, religieux ou encore environnementaux sont toujours présents. Le Rock Progressif et psychédélique est notre moyen de dénoncer et de parler des sujets qui nous angoissent… Et franchement, le Rock des années 70, c’est pas le kiff absolu ?
– « Hic Sunt Moundrages », votre premier album, vient tout juste de sortir et il est d’une incroyable fraîcheur et surtout il bénéficie d’une production très live et spontanée. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, car il est le reflet parfait de vos concerts ?
Merci beaucoup ! Il a été enregistré en février 2021 dans les studios ZF Prod à côté de Rennes. Nous étions en osmose, perdus dans la campagne et sous la neige pendant dix jours ! Nous avons enregistré les parties rythmiques (basse, batterie, orgue) en live. Nous avons ensuite fait les overdubs des voix et des autres instruments (piano, percussions, mellotron, Moog…). Nous avons fait le choix de ‘surproduire’ ce premier album, car nous aimons différencier le live du studio. Maintenant le challenge, c’est de réarranger les morceaux studio pour le live.
– En vous écoutant, on pense à beaucoup de groupes, mais il dégage de MOUNDRAG beaucoup d’originalité et un souffle que l’on ne retrouve pas souvent dans la musique des 70’s. Votre intention est-elle de ‘dépoussiérer’ un peu un registre, qui peut paraître lointain pour certains ?
Nous aimerions que plus de personnes, et notamment des jeunes, écoutent ce style de musique, c’est pour cela qu’on essaye de rendre le Rock 70’s plus ‘actuel’ avec les codes de la musique d’aujourd’hui. Cela se traduit par une structure musicale, des refrains, des sonorités (parfois) plus actuelles, tout en gardant une énergie et une esthétique 70’s. Nous adorons jouer aux archéologues de la musique. D’ailleurs, « Hic Sunt Moundrages » est rempli de références et d’hommages aux groupes qu’on adore, tout en gardant notre patte de jeunes de 2022.
– Une autre de vos particularités est que vous chantez tous les deux. Comment cela se passe-t-il ? Chacun chante ce qu’il écrit, ou est-ce que vous adaptez vos voix et vos textes aux morceaux ?
Nous avons commencé à chanter sérieusement avec la création de MOUNDRAG, et donc chanter ensemble était la meilleure chose à faire. En unissant nos deux voix, on a réussi à trouver des harmonies comme celles des groupes Folk et Prog des seventies que nous aimons tant. En général, il n’y a pas de règles sur qui chante le lead et qui écrit les textes. On partage nos voix aussi en fonction de ce qui nous rend à l’aise à chanter et surtout pour ne pas laisser l’autre dans la difficulté.
– MOUNDRAG est empreint d’une forte communion entre votre musique et un aspect visuel très présent. Et au-delà des histoires de dragons (que j’adore !), vous abordez aussi des problèmes actuels très forts où se croisent religion et diverses cultures. Iriez-vous jusqu’à dire que vous avez un message à livrer à travers votre musique ?
L’univers musical étant bien particulier, il faut que l’univers visuel le soit aussi. Donc, c’est à travers des paysages de science-fiction que nous trouvons l’inspiration des thèmes de nos chansons. Les thèmes de sciences fictions sont en général plutôt pessimistes vis-à-vis de l’évolution des sociétés, et c’est en imaginant le futur sur notre terre à partir de ce que nous vivons actuellement que nous ne voyons que des problèmes pour les années à venir. Nous sommes très inquiets du chemin que nos politiciens, nos cultures et les religions nous font prendre… Et la musique progressive est parfaite pour mettre en abîme ces sujets pas faciles à exploiter dans le Rock’n’Roll.
– Parlons de l’album, qui est finalement assez court, puisqu’il contient cinq titres. Parmi eux, il y a « La Poule » et ses 20 minutes. Le morceau est incroyable en rebondissements et passe par de nombreuses émotions. Même s’il laisse apparaître un esprit très jam, il est très écrit avec des chapitres bien distincts. Comment ce morceau emblématique de votre répertoire a-t-il vu le jour, et est-ce que l’envie de composer un titre aussi long était présente dès le début, comme une sorte de challenge ?
Avant même de commencer MOUNDRAG, nous avions déjà la première partie de « La Poule » et il était déjà question d’en faire un morceau de 20 minutes, c’était notre rêve ! C’est comme ça que nous l’avons créé, parties par parties, comme pour bâtir un édifice pierre par pierre. Et cela prend du temps, en tout cas, ça nous a mis du temps à composer. Souvent les choses venaient très facilement et parfois c’était totalement l’inverse… Il nous est arrivé de buter sur un passage, ne plus savoir quoi faire après, ou comment faire la transition d’une partie à une autre. Il y a eu même des moments de questionnement sur le concept-même de composer ce titre, d’aller au bout. Finalement, on s’est retrouvé en studio avec tout en tête et tous les arrangements prévus. On l’a enregistré sans se poser toutes ces questions et c’est comme ça qu’est né « La Poule ».
– J’aimerais enfin qu’on dise aussi un mot sur Komodrag & the Mounodor, qui est la fusion entre MOUNDRAG et le groupe finistérien Komodor. Sur scène, il y a une réelle osmose entre vous à tel point qu’on a l’impression que vous vous connaissez depuis toujours. Est-ce qu’on pourrait imaginer la sortie d’un album ? D’ailleurs, est-ce que vous en avez déjà parlé entre vous ?
Les premières dix minutes de notre rencontre avec les Komodor en 2019 nous ont paru comme si c’était dix ans. Les relations humaines sont la base de toutes créations musicales et quand il y a l’étincelle entre différentes personnes, il faut foncer car on ne sait pas quel brasier va naître de cette étincelle. Les Komodor et nous, c’est puissant et sur scène c’est l’extase ! Et en studio, il ne vaut mieux pas imaginer… Bien sûr, il va y avoir un album qui sortira ! On attend juste tous ensemble que « Hic Sunt Moundrages »fasse un peu de route, mais on sent qu’on n’aura même pas le temps de souffler un peu entre les deux albums !
L’album de MOUNDRAG, « Hic Sunt Moundrages », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.
Enregistré à York en Angleterre durant le confinement de l’an dernier, ce premier album de HEAVY WATER, « Red Brick City », montre toute la complicité artistique entre le frontman de Saxon et son fils Seb qui s’avère être un redoutable chanteur et guitariste. Les Byford affichent une belle unité partageant leur amour du Rock de façon débridée et créative.
HEAVY WATER
« Red Brick City »
(Silver Lining Music)
Plutôt que de se morfondre devant des écrans ou de pleurer en écoutant l’album de Saxon, « Inspirations » sorti il y a quelques mois, Seb Byford a préféré entraîner son père dans l’écriture et la réalisation d’un album personnel et familial. HEAVY WATER a vu le jour l’an dernier durant le confinement et il faut bien avouer que le fils et le père ont été bien inspirés cette fois.
Composé à deux, « Red Brick City » est surprenant à plus d’un titre. Tout d’abord, il ressemble bien plus au fils qu’à Biff qui tient la basse et assure les chœurs avec sobriété et loin de son registre habituel. HEAVY WATER ne s’inscrit pas du tout dans la NWOBHM, mais dans un Rock Hard pur et dur aux multiples influences et aux passages musicaux très variés. Et Seb Byford ne manque pas de talent, loin de là.
A la guitare et au chant, il montre une belle palette enchainant les riffs costauds et les parties vocales pleines d’énergie et de mélodies avec une assurance et un savoir-faire bluffant (« Red Brick City », « Follow the Moment », « Solution »). HEAVY WATER se balade entre Rock 70’s, Doom allégé, Blues et un Hard Rock réjouissant et frais. Il règne une douce et Rock’n’Roll folie dans cette famille !
Avec « Genesis », les Finlandais de SIMULACRUM sont parvenus à une combinaison idéale entre le Metal Progressif actuelle proche du Power et l’héritage plus Rock des années 70. Techniquement et dans la structure de l’album, le septet montre de très belles choses et des variations étonnantes. Très mélodiques dans leur approche, les Scandinaves se veulent fédérateurs sans être trop solennels.
SIMULACRUM
« Genesis »
(Frontiers Music)
L’histoire de SIMULACRUM est assez singulière, puisque le groupe finlandais sort son troisième album, « Genesis », en 20 ans d’existence ! Fondé autour du claviériste, compositeur et arrangeur Christian ‘Chrism’ Pulkkinen, le groupe a donc sorti en 2012 « The Master And The Simulacrum » puis « Sky Divided » trois ans plus tard. C’est suite à ce deuxième opus que les Scandinaves vont opérer de gros changements et affichent ici un line-up très complet et techniquement irréprochable.
Aujourd’hui, ce sont sept musiciens qui œuvrent au bon fonctionnement de SIMULACRUM. La particularité du combo réside notamment sur la présence de deux chanteurs, Niklas Broman et Erik Kraemer, dont les timbres de voix sont aussi différents qu’ils se complètent parfaitement. Musicalement, le septet évolue dans un registre Metal Progressif, où il côtoie aussi et avec respect le Rock Progressif des pères fondateurs des années 70, montrant une maîtrise aussi puissante que délicate sur des arrangements très soignés.
Très virulent et proche du Power Metal qui fait la réputation du pays, SIMULACRUM livre des titres très incisifs et tranchants, voire Thrash, sur la première partie de l’album (« Traumatized », « Arrhythmic Distortions », « Scorched Earth »). Place ensuite à la pièce maîtresse avec le morceau-titre « Genesis », s’étalant sur quatre parties pour un total de 30 minutes. Percutantes, planantes et très mélodiques, les ambiances y sont étonnamment variées et même jazzy par moment. Un album brillant et très accompli.