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Rock Progressif

The Pineapple Thief : un œil sur le monde

THE PINEAPPLE THIEF fait dans le beau et c’est même sa marque de fabrique. Captivante et délicate, puissante et explosive, la formation d’outre-Manche aime jouer sur les contrastes et les opposer avec toute l’élégance et la technicité qu’on lui connait. Sur « It Leads To This », son Rock Progressif endosse encore le costume d’Art Rock avec une évidence de plus en plus fragrante. Lumineux !

THE PINEAPPLE THIEF

« It Leads To This »

(Kscope)

Avec 15 albums en l’espace de 25 ans d’existence, le rythme mené par les Britanniques est plutôt soutenu. Cependant, cette fois, Bruce Soord et ses compagnons de route ont mis un peu plus de temps pour concevoir « It Leads To This ». Cela dit, étant donné le pédigrée des membres de THE PINEAPPLE THIEF, ça ne semble pas être une question de créativité ou d’inspiration, mais plutôt de recherche de perfection, allant jusque dans le moindre détail pour atteindre ce degré d’exigence inhérent au groupe.

Pour « It Leads To This », Gavin Harrison, également batteur de Porcupine Tree, le bassiste Jon Sykes, le claviériste Steve Kitch et bien sûr Bruce Soord, à la guitare et au chant, semblent s’être focalisés sur l’efficacité des morceaux, ce qui explique qu’aucun d’entre-eux ne s’étalent en longueur. Pour autant, THE PINEAPPLE THIEF reste fidèle à ce qu’il sait faire de mieux : un Rock Progressif léché, subtil et aérien tout en montrant les muscles au moment opportun. En ce sens, les Anglais n’ont rien changé à leurs habitudes.   

Plus concis que ses prédécesseurs, l’album joue pourtant toujours aussi habillement sur les atmosphères, ce qui peut d’ailleurs le rendre plus accessible pour qui découvrirait le quatuor. Car en termes de pépites, THE PINEAPPLE THIEF en livre encore quelques unes, qui devraient faire le plus bel effet en concert (« Rubicon », « The Frost », « All That’s Left », « Now It’s Yours », « Every Trace Of Us »). Sans jouer la carte de la surprise, le combo joue celle de la finesse et de la précision avec une classe de chaque instant.

Photo : Tina Korhonen
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Classic Rock Livre

Led Zeppelin : la vibration ultime [Livre]

LED ZEPPELIN a toujours été entouré de mystères, et c’est même le propre de tous les groupes de cette dimension, aussi peu nombreux soient-ils. Jouant sur les symboles occultes et une force musicale créative assez inédite pour leur époque, les Britanniques ont alimenté bien des fantasmes. Avec « Led Zeppelin en Bandes Dessinées », une vingtaine de dessinatrices et dessinateurs se sont partagés sous forme de chapitres l’épopée de cette formation qui a révolutionné le Rock et qui demeure toujours aussi intrigante et insaisissable, malgré une discographie assez courte, très dense et toujours inégalée.

LED ZEPPELIN EN BANDES DESSINEES

Par Thierry Lamy et Tony Lourenco

(Editions Petit à Petit)

On a déjà tant écrit, et peut-être même déjà tout, sur LED ZEPPELIN qu’on peut se demander en quoi un nouvel ouvrage sur ce groupe mythique se voudrait opportun. L’histoire du dirigeable, qui a réalisé neuf albums studio entre 1969 et 1982, a bouleversé le monde du Rock au sens très large du terme et influencé de multiples courants pourtant souvent lointains. Son ombre est encore très présente sur les nouvelles générations, qui ne l’ont pourtant pas connu au sommet de son art. Malgré tout, « Led Zeppelin en Bandes Dessinées » offre un regard nouveau, notamment grâce à son contenu graphique.

Dans la collection ‘Docu BD’ initiée par les Editions Petit à Petit, le livre scénarisé par Thierry Lamy et Tony Lourenco vient s’ajouter à une belle série, dans laquelle on retrouve de grands noms comme Jimi Hendrix, Pink Floyd, Prince, The Doors, Ac/Dc ou celui dédié au Metal, dont j’ai récemment parlé. LED ZEPPELIN y a bien sûr sa place, tant il pèse sur la planète Rock plus de 30 ans après la séparation du quatuor. Robert Plant, Jimmy Page, John Paul Jones et John Bonham ont fait rêver des générations entières et on situe les ventes totales de sa discographie autour de 300 millions d’albums vendus.

Et comme toutes les légendes, le quatuor a alimenté toutes sortes de mythes. On lui a prêté des proximités très fortes avec l’ésotérisme et l’occultisme notamment, concernant surtout son guitariste, ainsi que toutes sortes de dérapages liés à la drogue. Même si tout n’est pas qu’affabulation, et si l’époque s’y prêtait très franchement, LED ZEPPELIN n’est pas si extravagant qu’il n’en a l’air. Sa musique, en revanche, traverse le temps et pénètre les âmes avec douceur et sauvagerie : une constante. Alors, l’idée de (re)découvrir les Anglais en BD est aussi ludique que cela permet des mises en situation souvent pertinentes.

160 pages / 21,90€

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Alternative Metal Dark Metal Metal Progressif Post-Metal

Final Coil : l’obscurité du monde

C’est du côté de Leicester en Angleterre que FINAL COIL élabore une trilogie depuis sept ans maintenant. Et c’est de main de maître qu’il a mené son projet à bien. Entre Metal, Prog et des climats très subtils, captivants et assez Cold, le spectre musical du trio touche à son apogée sur « The World We Inherited », dont la réalisation et le travail sur les arrangements sont remarquables. Avec sa vision très panoramique, l’ensemble est très technique et superbement structuré.

FINAL COIL

« The World We Inherited »

(Sliptrick Records)

Entamée avec « Persistence Of Memory » en 2017, suivi lʼannée suivante par « The World We Left Behind », FINAL COIL clot sa trilogie magistralement avec « The World We Inherited ». Toujours aussi immersif, le style des Anglais s’affine encore un peu plus, devient aussi plus personnel, tout en restant dans ce post-Metal Progressif et souvent alternatif, qui le caractérise. Très bien réalisé, ce nouvel opus joue autant sur les atmosphères que sur des mélodies accrocheuses extraites d’un univers très Dark.

Si les Britanniques donnent une vision du monde pour le moins sombre et pessimiste, « The World We Inherited » propose des compositions très abouties, parfois complexes et qui viennent se nicher dans un registre où Tool, Alice In Chains, Katatonia et Killing Joke se seraient rencontrés. Autant dire que le challenge est osé, mais FINAL COIL est très loin de manquer d’originalité. Au contraire, son univers est assez unique et reste très organique, malgré la présence d’éléments électroniques.

Composé de Phil Stiles (chant, guitare, claviers et programmation), Richard Awdry (guitare, programmation), Jola Stiles et ses lumineuses lignes de basse, accompagné sur le disque par Barry French derrière les fûts, le groupe brille aussi par une créativité intense. Soigneusement mis en valeur par la production de Russ Russell (Amorphis, Napalm Death), les morceaux concoctés par FINAL COIL vont ravir les curieux, grâce à un voyage musical saisissant (« Wires », « By Starlight », « Purify », « Humanity »). Déjà incontournable.

Photo : Ester Segarra
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Hard Rock Heavy metal

Saxon : le feu sacré

Avec un immense mur de guitare, une paire basse/batterie imparable et un chanteur qui fait preuve d’une énergie incroyable, SAXON déroule avec une facilité bluffante sur ce « Hell, Fire And Damnation », pourtant réalisé en quelques semaines seulement. Jouant les équilibristes entre Hard Rock et Heavy Metal, le groupe reste un modèle de longévité et de créativité. Près de 50 ans après ses débuts, le quintet est plus convaincant et aiguisé que jamais et s’apprête prochainement à enflammer les foules.

SAXON

« Hell, Fire And Damnation »

(Silver Lining Music)

Mais jusqu’où iront-ils ? Alors que la tournée avec Judas Priest ce printemps se profile, il semblerait que son annonce, il y a quelques mois, ait mis un petit coup de pression aux Anglais, qui ne pouvaient se présenter sur scène sans quelques nouveautés. Et a priori, SAXON supporte très bien, mieux, apprécie beaucoup de se retrouver au pied du mur. Avec « Hell, Fire And Damnation », il livre l’un de ses meilleurs albums depuis longtemps et c’est déjà, et pourtant, le 24ème… C’est dire si l’inspiration est toujours aussi vive.

Le moins évident lorsque l’on fait partie de cette légendaire NWOBHM, et que l’on en est autant un pionnier que l’un de ses principaux architectes, est de se renouveler et d’apporter encore quelque chose à l’édifice. Et le sentiment qui domine, à l’écoute de « Hell, Fire And Damnation », est que SAXON n’a franchement pas eu besoin de forcer son talent, tant les dix titres sont d’une fluidité absolue et surtout gorgés de ce naturel qui en fait l’une des formations les plus authentiques de son registre et de son époque.

Et justement, les Britanniques réussissent parfaitement à faire le lien entre leurs meilleures réalisations, désormais mythiques, et un son très actuel. C’est d’ailleurs avec son ami de longue date, Andy Sneap, que Biff Byford a co-produit « Hell, Fire And Damnation ». Et outre l’époustouflante prestation du frontman, le résultat est magistral. Solide et groovy, la rythmique ne faiblit jamais, tandis que le tandem guitaristique Doug Scarrat/Brian Tatler régale par ses mélodies épiques et racées, et ses solos virtuoses. Du SAXON, taille patron !

Photo : Ned Wakeman
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Classic Hard Rock Classic Rock Rock Progressif

Magnum : ultime chapitre

C’est avec un espoir un peu vain que je fais cette chronique de la nouvelle production, et peut-être la dernière, de MAGNUM. Avec le décès de son co-fondateur, songwriter et guitariste Tony Clarkin, c’est forcément une page qui se tourne. Lorsque l’on sait qu’il est le principal artisan du son et de l’identité musicale des Anglais, lui succéder paraît presqu’impossible. De fait, « Here Comes The Rain » dégage, un peu malgré lui, beaucoup d’émotion, mais on retiendra surtout et essentiellement une grande qualité artistique, toujours au rendez-vous.

MAGNUM

« Here Comes The Rain »

(Steamhammer/SPV)

C’est toujours un vrai plaisir de chroniquer un nouveau disque de MAGNUM, l’un des rares groupes qui, après 50 ans de carrière et 23 albums studio à son actif, parvient encore à séduire et convaincre sans mal. Sauf cette fois. Comme vous le savez déjà, Tony Clarkin, guitariste et principal compositeur du quintet nous a quitté le 7 janvier dernier des suites d’une maladie rare de la colonne vertébrale, dont il souffrait depuis des années. Avec lui, c’est un mythe du Rock et du Hard Rock qui s’en est allé et sa grande classe va manquer, tant il s’est montré rassembleur des décennies durant.

Alors, même si j’ai eu la chance d’avoir l’album bien avant sa sortie, « Here Comes The Rain » a quelque peu perdu de sa saveur depuis. Cela dit, posthume ou testamentaire, ce nouvel opus des Britanniques est toujours brillant et leur ‘Pomp Rock’, comme certains aiment l’appeler, rayonne avec autant de force. MAGNUM est une formation unique en son genre, qui possède un caractère aussi rassurant qu’imprévisible. Et son univers très personnel et l’élégance de l’interprétation, tout comme la finesse de la production, sont assez exceptionnels cette fois encore.

Entre Progressif et Classic Rock, les Anglais conservent cette touche 70’s, qui défie le temps, les courants et les modes pour parfaitement se fixer dans son époque, grâce à des orchestrations majestueuses (« Run Into The Shadows », « Here Comes The Rain »). Intacte et d’une justesse impressionnante, la voix de Bob Catley est toujours aussi précise, soutenue et enthousiaste, comme si le temps n’avait aucune emprise (« Blue Tango », « The Seventh Darkness », « Broken City »). MAGNUM resplendit encore avec ferveur et émotion. En attendant de voir de quoi le futur sera fait : merci !

Photo : Rob Barrow
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Rock Progressif

Porcupine Tree : gardien du temple

En plus de 30 ans de carrière et malgré une pause d’une grosse décennie, PORCUPINE TREE a marqué le Rock Progressif, tant il a su l’enrichir en le faisant évoluer, justement, comme aucune autre formation. Aussi impressionnant sur disque que sur scène, le trio emmené par le génial Steve Wilson a cette fois envoûté le Ziggo Dome d’Amsterdam lors d’une soirée magique que l’on retrouve en intégralité sur « Closure/Continuation.Live ».

PORCUPINE TREE

« Closure/Continuation.Live »

(Music For Nations/Megaforce Records)

Alors qu’il a sorti il y a quelques semaines seulement le très bon « The Harmony Codex », Steven Wilson réapparait déjà, mais cette fois avec son groupe PORCUPINE TREE et sur scène. Une habitude pour les Anglais qui ont sorti onze albums studio et aujourd’hui avec « Closure/Continuation.Live » autant de live. Et lorsque l’on connait la grande qualité de leurs prestations, on en peut que se réjouir de retrouver leur incroyable sphère musicale avec un son irréprochable. Et ces deux heures et demi de concert sont également disponibles en DVD… Le plaisir est donc total.

C’est lors de leur grand retour en 2022 que « Closure/Continuation.Live » a été capté en Hollande, le 7 novembre précisément, devant 17.000 fans qui en ont pris plein les yeux et les oreilles, tant la qualité du show est impressionnante. PORCUPINE TREE n’a pas fait les choses à moitié et Steven Wilson (chant, guitare, claviers), Richard Barbieri (claviers, synthés) et Gavin Harrison (batterie), accompagnés de Randy McStine (guitare) et Nate Navarro (basse), ont offert une prestation phénoménale et parfaitement rôdée.

Fidèles à eux-mêmes, les Britanniques nous embarquent dans leur univers progressif, où les paysages sonores s’enchainent au fil des 22 morceaux. Rock, Pop, Ambient ou Metal, PORCUPINE TREE semble d’une créativité sans fond et parcourent ses albums comme si le temps n’avait aucune emprise sur leurs compositions. Bien sûr, le dernier opus est joué presque entièrement et l’on retrouve aussi les classiques, dont on ne se lasse pas et que le public accueille avec enthousiasme. Et grâce à une réalisation exceptionnelle, le DVD rend l’ensemble très immersif. Fabuleux !

Photo : Alex Lake
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Blues Blues Rock Soul / Funk

Brave Rival : une incroyable communion

Une rythmique infaillible et tout en souplesse, un guitariste inspiré et virtuose et deux chanteuses qui se complètent autant qu’elles se distinguent, voici les délicieux ingrédients à l’œuvre lors des prestations scéniques de BRAVE RIVAL. En l’espace de quelques années seulement, l’Angleterre a été prise d’assaut par son Blues Rock aussi fougueux que sensuel et si l’on en croit ce somptueux « Live At The Half Moon », ça ne va pas en rester là.    

BRAVE RIVAL

« Live At The Half Moon »

(Independant)

S’il y a des groupes qui excellent en studio, la scène a très souvent le pouvoir de les transcender et dans le domaine du Blues, c’est même régulièrement une évidence. Ce n’est  donc sans doute pas une coïncidence si BRAVE RIVAL a commencé avec « Live At The Echo Hotel Music Club », un premier album enregistré en 2019 et en live. Pour autant, l’an dernier, les Britanniques ont livré « Life’s Machine », un effort studio salué, qui a permis à leur Blues Rock de mettre en évidence le talent de ses membres.

Nominé entretemps aux UK Blues Awards, BRAVE RIVAL a repris la route et c’est lors d’un passage en juin dernier à Putney dans la banlieue sud de Londres qu’il a immortalisé ce « Live At The Half Moon », éclatant de bout en bout. Le son et la personnalité du quintet s’affirment et se peaufinent et ce concert montre toute la confiance acquise et engrangée depuis ses débuts. D’ailleurs, le public présent ne s’y trompe pas et est littéralement sous le charme de cette énergie très communicative.

D’entrée de jeu, le survolté « Run And Hide » montre que BRAVE RIVAL sait déployer un Rock vigoureux sur des riffs appuyés que l’on retrouve ensuite sur « Magnetic », « Thin Ice » ou le truculent « What’s Your Name », qui clôt le disque. Avec son irrésistible duo de chanteuses, Chloe Josephine et Lindsey Bonnick, les Anglais présentent aussi des instants Soul d’une grâce incroyable (« Come Down », « Fool Of You », « Insane »). Le Blues Rock du combo ne connait ni frontière, ni limite et on se régale.

L’album est disponible sur le site du groupe : https://braverival.com/

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force l’an dernier :

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Livre Rock Progressif

Yes : à l’assaut d’une icône [Livre]

Auteur très prolifique et grand connaisseur du monde du Rock dans ses grandes largeurs, Dominique Dupuis récidive avec un livre consacré au mythique quintet YES. Dans la foulée d’« Emerson Lake & Palmer », c’est à un autre monstre sacré du Rock Progressif, un style qu’il connait parfaitement, et aussi à une époque pionnière en la matière, qu’il s’attèle avec la même passion et la même ferveur. Ce beau pavé se dévore autant qu’il semble avoir inspiré son rédacteur.

YES

Dominique Dupuis

(Editions du Layeur)

Si vous pensiez tout connaître au sujet de YES, ce groupe phare qui a écrit parmi les plus belles pages du Rock Progressif depuis les années 70 jusqu’à « Mirror To The Sky » sorti en mai dernier chez InsideOut Music, c’était sans compter sur Dominique Dupuis et son érudition. Ayant vécu ‘en temps réel’, les débuts, l’ascension et l’apogée des Anglais et ayant déjà publié des ouvrages sur Frank Zappa, Pink Floyd, Deep Purple et plus récemment sur Emerson Lake & Palmer, « Yes » est une suite finalement très logique de son immersion dans cette époque si riche musicalement et dans l’univers progressif.

Sur 365 pages, l’auteur retrace avec minutie l’œuvre gigantesque de YES, à travers ses classiques, ses albums studios, ses live bien sûr et de nombreuses archives bien mises en valeur par un travail iconographique remarquable. Avec des hauts et des bas, des séparations et des reformations, on retient tout de même un line-up de légende marqué par l’empreinte artistique de Jon Anderson (chant), Chris Squire (basse, décédé en 2015), Steve Howe (guitare), Bill Bruford et Alan White (batterie), ainsi que Rick Wakeman (claviers). Et malgré les nombreux changements, l’identité est toujours aussi bien préservée.

Ainsi, l’héritage des Britanniques est bel et bien vivant et c’est aussi ce que vient rappeler le beau livre de Dominique Dupuis. Fourmillant de détails sur les multiples rencontres, collaborations, albums solos de ses membres et avec une précision absolue sur chaque disque, « Yes » revient également sur l’incroyable illustrateur Roger Dean qui a littéralement façonné l’image du groupe. Ses illustrations parlent à l’imaginaire collectif et c’est, là aussi, toute la force et le talent de YES depuis plus de cinq décennies. Pas seulement réservé aux fans, cette somme d’informations s’adresse à tous les amoureux de Rock, progressif ou non.

Editions du Layeur / 365 pages / 45€

Retrouvez la présentation du livre « Emerson Lake And Palmer » :

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Grunge Metal Electro Metal Indus Nu Metal

Saint Agnes : un magnétisme subversif

Transgressive, addictive et terriblement intense, la musique de SAINT AGNES est un alliage magnétique, supersonique et ténébreux qui pioche autant dans l’Electro, le Metal que le Rock brut et l’Indus. Sur des textes crus d’une rare authenticité et d’une force chaotique, « Bloodsuckers » se joue des styles, se moque des courants musicaux et se livre avec minutie à un consciencieux travail de démolition, d’où surgit une identité très personnelle et vivante.

SAINT AGNES

« Bloodsuckers »

(Spinefarm Records)

Sorti en plein cœur de la fraîcheur estivale bretonne, le deuxième album des Anglais était passé sous mes radars, entre les mailles de mes filets. La sortie de l’édition Deluxe de « Bloodsuckers » est donc une agréable piqûre de rappel et l’occasion de se plonger dans une réalisation hors-norme portée par un trio qui l’est tout autant. Kitty Arabella Austen (chant, basse, guitare, claviers), Andy Head (batterie) et Jon Tufnell (guitare, basse) ont fait de SAINT AGNES un monstre de créativité.

Très loin du Blues Punk Rock débridé de « Welcome To Silvertown » (2019), les Britanniques ont fait leur mue et opté pour une esthétique musicale très Electro, mais aussi très Metal. Imaginez un instant la rencontre entre Prodigy au meilleur de sa forme, Junkie XL à ses débuts avec un Zack de la Rocha au féminin ou une Pink sous acide, et vous obtenez SAINT AGNES, un furieux et décomplexé combo, qui serait même très largement adoubé par Trent Reznor. Mais « Bloodsuckers » ne se limite pas à ça, loin de là.

Si ce nouvel opus des Londoniens bouscule, c’est en partie dû à la performance d’une frontwoman écorchée vive qui transmet ses émotions et sa colère avec une sincérité totale. Très organique malgré les machines, « Bloodsuckers » transgresse les codes, intègre des notes de Grunge, de Nu Metal sur des phrasés et avec un flow parfois parlés  entre rage et férocité (« Animal », « At War With Myself », « Follow You », « Outsider » et bien sûr « Bloodsuckers »). Percutant, puissant et massif, SAINT AGNES lance tout juste les hostilités. 

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Hard Rock Heavy metal Metal

Sophie Lloyd : almost alone

Les temps changent et c’est via internet et les réseaux sociaux que SOPHIE LLOYD s’est faite un nom avant de commencer à se produire sur des scènes gigantesques avec d’autres. La Londonienne a eu l’occasion de se créer un joli carnet d’adresse dans le monde du Metal et, au risque de passer au second plan par rapport aux artistes présents, elle démontre qu’elle est bien plus qu’une guitariste de session, même si elle va devoir s’imposer à son tour sur scène avec ce premier « Imposter Syndrome ».

SOPHIE LLOYD

« Imposter Syndrome »

(Autumn Records)

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer en solo et c’est une très bonne chose. A l’instar d’Orianthi et Nita Strauss notamment, SOPHIE LLOYD est décidée à se produire sous son nom et son entrée en piste avec ce très bon « Imposter Syndrome » témoigne déjà d’une grande assurance doublée d’un énorme talent qu’on avait déjà très largement perçu. Comme d’autres, elle est apparue sur YouTube où elle a construit sa notoriété, puis en live avec Machine Gun Kelly et on lui pardonne ce faux pas.

Pourtant rompue à l’exercice des reprises qu’elles s’approprient d’une manière souvent très shred, SOPHIE LLOYD présente un son bien à elle et un toucher très personnel. C’est d’autant plus remarquable que la guitariste livre un premier album sur lequel elle a convié onze invités, et non des moindres. Le panel artistique est très large, même s’il reste dans une veine Hard’n Heavy, et la faculté d’adaptation de la Britannique est étonnante et assez rare. Elle se met véritablement au service des morceaux avec beaucoup d’instinct.

Sa polyvalence dévoile une artiste complète, qui se fond dans l’univers de ses guests venus donner de la voix, excepté le guitariste YouTuber Cole Rolland sur un instrumental. Solide sur les rythmiques et rayonnante sur les solos, SOPHIE LLOYD n’en fait pas trop, mais suffisamment pour briller. Si les titres avec les frontmen de Steel Panther, Black Stoner Cherry, Trivium et Atreyu sont explosifs, ceux avec les chanteuses de Halestorm, Marisa And The Moths et la Canadienne Lauren Babic sont vraiment un cran au-dessus. Convaincante.