Si ALLY VENABLE fait sonner sa Gibson et entendre sa voix depuis seulement cinq ans, c’est en blueswoman aguerrie et au style très personnel qu’elle livre un quatrième album authentique, entre un Blues Rock imprégné de SRV et un Southern Rock très percutant. « Heart Of Fire » est une réalisation à la hauteur du grand talent de la jeune texane.
ALLY VENABLE
« Heart Of Fire »
(Ruf Records)
Le monde du Blues Rock se féminise peu à peu depuis quelques années et c’est une très bonne chose ! Si Ana Popovic, Jessie Lee ou Samantha Fish sont aujourd’hui reconnues, d’autres ont pris le train en marche pour s’affirmer non seulement comme de très bonnes chanteuses, mais aussi et surtout comme des musiciennes hors-pair. Et c’est le cas pour ALLY VENABLE, jeune texane de 22 ans, nourrie au Blues et au Southern que sa fougueuse jeunesse semble avoir parfaitement assimilé.
La précocité de la chanteuse et guitariste vient tout de même rappeler qu’elle publie rien moins que son quatrième album en cinq ans d’une carrière menée tambour-battant. Si son jeu n’est pas sans évoquer Buddy Miles, Robin Trower voire Lynyrd Skynyrd ou Bad Company, ALLY VENABLE présente un style très actuel, où ses capacités vocales semblent déjà prendre une place prépondérante. D’ailleurs, quelques grands noms ne s’y sont pas trompés et sont venus apporter une belle contribution à « Heart Of Fire ».
Sur « Road To Nowhere », c’est le grand Devon Allman himself qui vient juste poser des chœurs et quelques accords. Et ce n’est pas tout puisque le virtuose Kenny Wayne Shepherd offre un superbe solo en forme de duel sur le génial « Bring On The Pain », empreint d’une fièvre très Southern. Justement, « Hard Change » et « Do It In Hells » restent dans cette veine, tout comme « Sad Situation ». Très à l’aise sur sa Gibson à travers des riffs classieux, ALLY VENABLE s’avère également redoutable à la slide, la wah-wah ou au dobro.
Alors que le groupe effectuait sa tournée d’adieu, il a été stoppé en plein élan par le Covid. Qu’à cela ne tienne, KROKUS livre une prestation enregistrée en 2019 au Wacken Open Air, et elle sent la poudre. N’entendant pas en rester là, les Suisses reprendront la route pour remercier leurs fans dès que possible. En attendant, « Adios Amigos Live @ Wacken » vient réchauffer les cœurs entre puissance et émotion.
KROKUS
« Adios Amigos Live @ Wacken »
(Columbia/Sony Music)
« Adios Amigos Live @ Wacken » se présente comme le dernier témoignage discographique du groupe suisse. 45 ans de carrière, un peu moins d’une vingtaine d’albums, des tournées aux quatre coins de la planète, KROKUS avait décidé en 2019 de mettre un terme à l’aventure avec en point d’orgue ce concert au légendaire festival Wacken Open Air en Allemagne.
Et cette bouillonnante soirée sort en ce moment en CD et en DVD, et vient immortaliser une performance remarquable de bout en bout par un quintet dans une forme olympique. Et vu la prestation, on peut dire que KROKUS va sacrément manquer à la scène Hard Rock et Heavy mondiale. Conscients que ce concert était hors-norme, les Helvètes ont capté ce mémorable moment.
Le groupe communie totalement avec la foule du festival et y délivre ses classiques dans des versions explosives (« Hellraiser », « Heatstokes », « Eat The Rich », « Hoodoo Woman », « Bedside Radio », « Headhunter »). KROKUS s’enflamme aussi sur « Rockin’ In The Free World » de Neil Young et « Quinn The Eskimo » de Dylan. En pleine connexion avec leur public, les Suisses vont laisser un vide.
C’est sous le soleil et dans le chaud climat de leur Grèce natale que HOLY MONITOR a confectionné son Psych Rock emprunt de sonorités progressives et fuzz. Les mélodies captivantes et envoûtantes de « Southern Lights », le troisième album du groupe, appellent autant à la bienveillance qu’à la transe dans une atmosphère spatiale et moderne.
HOLY MONITOR
« Southern Lights »
(Blackspin Records / Primitive Music)
Fondé en 2015 à Athènes en Grèce, HOLY MONITOR ne perd pas de temps. Après deux albums et deux EP, revoici déjà le quintet avec un troisième opus, « Southern Lights », qui vient confirmer le beau chemin parcouru par le groupe en si peu de temps. Et le Rock Psychédélique des Hellènes prend une dimension très inspirée et vagabonde auparavant entr’aperçue sur « This Desert Land ».
Comme son nom l’indique, « Southern Light » est solaire et lumineux et l’enregistrement réalisé en condition live apporte une énergie et une profondeur incroyable aux huit morceaux. Très mélodiques et chaleureuses, ces nouvelles compostions évoluent entre ambiances plantes et progressives et des guitares fuzz également marquées par un Space Rock dans lequel HOLY MONITOR s’épanouit.
Sur un groove imparable (« The Sky Is Falling Down ») ou dans une frénésie presque chamanique (« Naked In The Rain »), le combo est aussi palpitant qu’hypnotique et la diversité affichée présente un album tout en variation (« River », « Blue Whale »). Très expérimental et progressif, le Psych Rock de HOLY MONITOR multiplie les rythmiques minimalistes et trépidantes pour un « Southern Light » savoureux.
La forte empreinte de ses racines rend le Metal Progressif de NAWATHER aussi expressif que racé. Ayant trouvé le juste équilibre avec ses traditions, le sextet tunisien présente un deuxième album aussi massif que délicat, où le duo vocal se fond dans des sonorités orientales malmenées par des riffs de guitares imposants et une rythmique déchaînée.
NAWATHER
« Kenz Illusion »
(M&O Music)
Depuis 2013, NAWATHER fusionne un Metal Progressif avec de fortes influences puisées dans la musique traditionnelle de son pays, la Tunisie, Après un très bon premier album, « Wasted Years », le quintet signe un deuxième opus encore plus incisif et porté sur ses origines autant que sur un registre puissant et explosif. « Kenz Illusion » allie sonorités orientales et growl massif avec brio.
Mené par la voix puissante et envoûtante de sa chanteuse et ponctuée par les soubresauts presque Death de son chanteur, le groupe doit l’enregistrement de ses nouveaux morceaux à son bassiste. NAWATHER a ensuite confié les pistes à un maître du genre : Fredrik Nordström dont le mix est encore une fois un travail d’orfèvre, et le Scandinave a même su s’orientaliser pour rendre « Kenz Illusion » aussi captivant que percutant.
Sur les bases d’un Metal Progressif assez technique et efficace, le sextet est parvenu à garder son jeu très accessible et l’utilisation du kanoun (instrument à cordes pincées de la famille des cithares sur table) sur l’essentiel de l’album offre un résultat étonnant. Combinant l’ensemble à merveille avec les riffs acérés de son guitariste, NAWATHER affiche une belle originalité (« Breath Of Jasmin », « Falleg », « Immortal Greed »).
Autoproduit et enregistré à l’ancienne en studio (normal, quoi !), ce premier EP/LP éponyme d’AUTOMATA navigue dans un océan Post-Rock, où les accalmies succèdent aux fulgurances décibéliques. Très organiques, ces cinq morceaux évoluent dans une intensité consciente où l’énergie côtoie la douceur dans une belle harmonie.
AUTOMATA
« Autómata »
(Independant)
Né sur les cendres de Lovely Girls Are Blind, AUTOMATA a vu le jour suite à un changement de personnel, qui a offert une nouvelle impulsion au quatuor parisien. Et contrairement à son patronyme, le groupe n’a rien de mécanique, bien au contraire. Son Post-Rock est aussi langoureux qu’insaisissable et laisse place à un imaginaire tout en contraste dans un univers instrumental où les sentiments s’entrechoquent. Mouvementé mais pas chaotique.
Tout en nuance, AUTOMATA invite à un voyage délectable, où quelques tempêtes viennent ponctuer une atmosphère globalement apaisante et bienfaisante. Dès « Tanger » et ses neuf minutes, on se laisse guider par ce flot de guitares que le côté très progressif mène à des sommets d’émotion. Et pour un premier enregistrement sous cette configuration, le groupe se montre aussi serein que solide.
De cette belle luminosité instrumentale, quelques voix s’échappent comme celles venues de Mongolie sur « Church » ou encore d’autres plus robotiques sur « 3×3+5 ». Ce sont d’ailleurs étonnamment sur ces deux morceaux plus courts qu’AUTOMATA se fait plus sombre avec des riffs plus épais et musclés. Enveloppé dans cette poésie musicale, le quatuor captive et envoûte sur « Verdik » et « Automate » à la fois puissants et planants.
Depuis 1998, EVERGREY trace son chemin avec brio. Trop souvent comparé à Symphony X et Dream Theater, le quintet suédois a facilement trouvé sa voie et parfaitement su imposer un style très personnel. « Escape Of The Phoenix », douzième album du groupe, est à classer parmi les meilleurs de sa discographie.
EVERGREY
« Escape Of The Phoenix »
(AFM Records)
Etonnamment, Tom Englund, le chanteur et guitariste d’EVERGREY, est l’un des rares à avoir apprécié 2020 ! Le leader du groupe a profité de cette période confinée pour se concentrer sur l’écriture et l’enregistrement de ce douzième album. Et les Suédois ont pris leur temps pour concocter ce « Escape Of The Phoenix », qui fait partie des grands millésimes du quintet.
Suite à la trilogie qui a assis sa notoriété, EVERGREY a décidé de revenir avec un opus plus classique dans la forme, laissant de côté les concept-albums. Et la puissance et l’énergie qui émanent de l’album confirment de la grande forme du combo, qui n’a pas pour autant délaisser le côté dark de son style et qui a fait sa réputation. Tout en percussion et sur près d’une heure, les Scandinaves régalent.
Comme toujours la performance vocale de Tom Englund et le jeu de Jonas Ekdahl à la batterie (les pères-fondateurs) illuminent l’album de même que les solos racés et mélodiques d’Henrik Danhage. Irrésistible sur « Forever Outsider », « In Absence Of Sun » et maître du crescendo suer le mid-tempo « Where August Mourn », EVERGREY accueille même James LaBrie de Dream Theater sur le très relevé « The Beholder ». Solide et inspiré.
Grosses guitares, rythmiques imposantes et chant aussi puissant que fédérateur, SMOKEHEADS possède tous les atouts pour s’imposer sur la scène Metal hexagonale. Il faut aussi ajouter que le pédigrée des quatre musiciens plaide pour eux et l’expérience et le savoir-faire se font entendre et résonnent fort dès les premières notes de ce très bon « Never Prick My Pickles ! ».
SMOKEHEADS
« Never Prick My Pickles ! »
(Independant)
C’est depuis une petite bande de terre coincée entre la Suisse et les montagnes du Jura, le Pays de Gex, que SMOKEHEADS a mis au point un Metal Alternatif savoureux et original. Loin d’être de nouveaux venus, les quatre musiciens du groupe ont fait leurs armes dans de nombreuses formations avant d’unifier leurs forces et leur créativité pour livrer un premier EP de quatre titres plus que prometteur.
Définir en quelques mots le style précis du quatuor serait peine perdue tant on y trouve des sonorités propres au Stoner dans la rythmique, des guitares aussi aériennes que tranchantes et un chant solide, justement assez proche d’un Metal Alternatif américanisé. Mélodique et percutant, SMOKEHEADS distille un registre aux multiples facettes, ce qui fait toute sa richesse et aussi un beau pied de nez aux poseurs d’étiquettes en tous genres.
Solide et racé, le combo a une forte capacité à livrer des mélodies accrocheuses et des refrains qui restent fortement ancrés (« In Between », « Hate And Love »). Tout en restant accessibles, les Français savent installer de belles atmosphères avant de bastonner à coup de gros riffs (« Nothing Is Random »). Entre fureur et accalmies, SMOKEHEADS peut ainsi se balader dans des climats où l’on aime se laisser perdre (« One Million Ways »).
Pionnier et mythe du Hard Rock, c’est avec un album-concept consacré à sa ville de Detroit que le légendaire frontman livre son 27ème album à 73 ans. Et en éternel jeune homme qu’il est (« I’m Eighteen »), ALICE COOPER reste théâtral, inspiré et vient apporter de l’électricité à sa cité industrielle en friche. « Detroit Stories » est un grand et bel album où le chanteur ne fait pas dans la demi-mesure : un monument qui vient s’ajouter à sa belle discographie.
ALICE COOPER
« Detroit Stories »
(EarMusic/Warner)
50 ans après leur collaboration sur « Love It To Death », le grand ALICE COOPER retrouve son ami et producteur Bob Ezrin pour un nouvel album hommage à sa ville natale, Detroit, Michigan. Avec dans l’idée de rassembler une majorité de musiciens de la ville, ce « Detroit Stories » sent le Rock et l’acier, et la guest-list est impressionnante tout comme son contenu est exaltant et explosif. Avec toujours autant d’humour, l’Américain déclare sa flamme à la cité qui l’a vu naître.
Particulièrement attendu, ce nouvel album est à coup sûr l’un des meilleurs livré par l’icône américaine depuis des années. Très électrique sur les 15 morceaux (dont quatre reprises) qui le composent, « Detroit Stories » voir défiler quelques 25 musiciens qui enflamment et donnent une sensation très festive aux côtés d’un ALICE COOPER en grande forme et intemporel. Etonnement, ce nouveau cru sonne assez 70’s et la verve toujours tranchante du frontman est intacte.
En s’appropriant « Rock’n’Roll » du Velvet Underground (!), mais surtout « Sister Anne » du MC5, « East Side Story » de Bob Seger (également présent sur l’album), « Our Love Will Change The World » d’Outrageous Cherry, ALICE COOPER fait plus qu’un clin d’œil à sa ville et la chaleur des interprétations témoigne d’une joie communicative. D’ailleurs, la présence de Ronnie Montrose, Steve Hunter ou Joe Bonamassa notamment y est pour beaucoup.
Musicalement, le style du chanteur ne veut toujours incisif : « Go Man Go », « Social Debris », « Hail Mary », « Detroit City 2021 », « Independence Dave » ou « Shut Up And Rock » et le réjouissant « I Hate you ». Très R’n B sur « $1000 High Heel Shoes » ou Heavy Blues sur « Drunk In Love », ALICE COOPER fait le show. Plus sombre sur « Wonderful World » et « Hanging On By A Thread (Don’t Give Up) » pourtant plein d’espoir, « Detroit Stories » est exactement ce qu’on attendait du maître.
Il y a cinq ans, « The Wizard Falls », premier effort du groupe, avait concentré beaucoup d’espoir dans ce jeune groupe danois. De là à créer un album aussi abouti et mature que « Access All Worlds », il n’y avait qu’un pas qu’IOTUNN a parfaitement franchi. Avec beaucoup d’ambitions, une technicité de chaque instant et un nouveau chanteur inspirant, le quintet scandinave a relevé le défi avec beaucoup de classe. Entretien avec Jesper Gräs, guitariste de la formation, qui revient sur la démarche du groupe.
– En 2016 avec « The Wizard Falls », vous aviez sorti un EP qui avait beaucoup surpris en raison des nombreuses voies empruntées. Avec « Access All Worlds », votre direction musicale est beaucoup plus nette. Vous aviez besoin de rassembler vos idées et préciser votre style ?
Je pense que nous étions dans une avancée très importante en 2015/16 en ce qui concerne notre son. Et nous avons travaillé intensément depuis pour améliorer encore tout ça. C’était une époque où nous avions élargi les sphères que nous explorions, et je pense que c’est à ce moment-là que le son nordique et atmosphérique nous a inspiré. Notre amour pour la musique classique a vraiment commencé à se faire aussi plus présent. Nous sentons que nous obtenons une image de plus en plus claire de nous-mêmes et de notre musique. Nous travaillons toujours dur, écrivons beaucoup et essayons vraiment de faire ce que nous n’avions pas fait auparavant pour pouvoir plus nous aventurer musicalement.
– Votre premier chanteur vous ayant fait faux bond, c’est finalement Jón Aldará (Hamferd, Barren Earth) qui vous a rejoint en apportant une grande contribution pour les textes et le concept de l’album. Avec la signature chez Metal Blade, ce sont finalement deux bonnes nouvelles, non ?
En fait, nous étions arrivés à un moment où nous devions nous séparer. Et oui, ce sont deux très bonnes choses ! Quand Bjørn (Bjørn Wind Andersen, batterie), Jens Nicolai (Gräs, son frère, guitare) et moi étions à la recherche d’un chanteur, Jón nous est venu tout de suite à l’esprit. C’était vraiment notre plus grand souhait.
Nous l’avions rencontré à quelques reprises aux concerts de Hamferd et d’IOTUNN. Mon premier concert de Hamferd (et tous ceux que j’ai vus plus tard !) a été une expérience très spéciale pour moi. J’ai vraiment été époustouflé ! Donc, quand nous sommes entrés en contact avec lui et qu’il a aimé les démos que nous lui avons envoyées, c’était un énorme soulagement. Et depuis, et notamment lors du processus d’écriture et d’enregistrement d’ « Access All Worlds », il nous a fait évoluer et il est devenu quelqu’un de vraiment inspirant et enrichissant.
Après la réponse positive de Metal Blade sur notre album et leur intérêt de nous signer, nous avons vraiment commencé à percevoir de nouveaux horizons. Nous étions et nous sommes toujours vraiment reconnaissants du partenariat avec eux, et nous avons vraiment hâte d’y aller !
– Même si on vous assimile à un groupe de Death Progressif, l’ensemble de « Access All Worlds » est très mélodique. Et cette particularité vient aussi du chant qui alterne le clair et le growl. Même musicalement, on ressent une grande liberté instrumentale. Comment avez-vous trouvé ce point d’équilibre ?
Je pense que c’est étroitement lié à cette curiosité qui nous anime. Mon frère et moi avons commencé comme guitaristes classiques dans notre enfance, et nous avons traversé tant de phases depuis. Je pense qu’elles ont laissé beaucoup d’impacts sur votre musicalité. D’une certaine manière, tout a évolué pour nous mener à cet album « Access All Worlds ». Et comme tu le mentionnes, il y a cet équilibre entre les contrastes que nous aimons vraiment explorer, et je pense que c’est une partie essentielle du son d’IOTUNN. Par exemple, les riffs Metal frappent toutes les couches de notre musique. Nous aimons vraiment trouver ces moments presque magiques, où tout se rencontre et interfère.
– J’aimerais que tu reviennes sur le concept de science-fiction de l’album. Quelle en est la trame et comment avez-vous composé les morceaux pour qu’ils forment une unité dans le récit ?
C’est Jón qui a proposé le concept de science-fiction d’ « Access All Worlds », et pendant les phases d’écriture, il a vraiment fait évoluer l’histoire. Il s’est envolé pour notre ancien studio à Copenhague, où il a écrit le chant et les paroles pendant environ dix week-ends. Et je pense que l’histoire a en quelque sorte évolué et a approfondi l’album au fur et à mesure que les parties vocales et les paroles ont pris forme. Nous parlions souvent des paroles et nos conversations étaient très animées, de sorte que l’album embrassait de plus en plus de perspectives pour devenir une histoire de science-fiction, qui reflète également l’existence et la créativité, je pense.
L’intrigue parle de voyageurs de l’espace qui partent à la découverte de vérités nouvelles et nécessaires, parce que les anciennes ont laissé le monde dans un état presque apocalyptique. Au cours de ce voyage, ils entrent dans différents mondes qui reflètent différentes manières d’être et de penser. Il s’agit donc d’oser aller là où vous n’êtes pas allés auparavant et d’embrasser tout ce que vous rencontrez sur le chemin en vous-même et autour de vous, car tout est profondément connecté. Au cours du voyage, les explorateurs rencontrent de tout : du chaos, de l’immensité, de l’anxiété, des merveilles, le vide complet, etc. Une question que nous nous posons sur deux derniers morceaux de l’album est de savoir si nous pouvons faire partie d’une réalité qui dure et si la nature humaine rend cela impossible. Mais surtout, je pense que c’est un album qui peut provoquer des sentiments divers et aussi inciter à la réflexion. Cela a été un processus très inspirant pour nous tous et nous espérons vraiment que les auditeurs pourront se connecter à la musique et aux paroles.
– « Access All Worlds » comporte une atmosphère très épique et space-rock dans l’esprit, qui correspond bien aux codes des concept-albums en général. Justement, vous êtes-vous fixer quelques règles au niveau de l’écriture, ou vous êtes-vous inspirés d’albums références ?
La règle la plus importante est qu’il n’y en a pas, je pense. C’est ce que nous aimons dans la musique. Pouvoir réellement voyager dans des endroits inconnus. C’est un type de liberté unique et c’est quelque chose qu’« Access All Worlds » représente très bien pour moi. Pendant le processus d’écriture de l’album, je ne pense pas que nous ayons eu des albums référents. Nous aimons parler de musique, mais en tant que référence dans le processus de création, cela a été beaucoup plus une question de sentiments et d’images.
– Pour un premier album complet, le vôtre est très mature, tant dans les compositions que dans son interprétation. La production signée Fredrik Nordström était-elle toute indiquée pour un disque de cette ambition ? C’était un de vos souhaits dès le départ ?
Merci ! Ce fut un processus assez long pour définir qui allait mixer et masteriser notre album. Nous avons écouté de nombreux disques et de nombreux producteurs différents, et nous nous sommes retrouvés avec Fredrik, parce que nous pensions que c’était lui qui pouvait exploiter au mieux tous ces contrastes, qui sont l’identité d’IOTUNN. Comme mentionné précédemment, l’un d’eux est dans le riffing où mon frère et moi adorons mélanger le son métallique avec le son atmosphérique. Nous voulions donc un disque où l’on ressente l’explosivité de la musique Metal et le son atmosphérique des merveilles cosmiques, et nous pensons tous que Fredrik a réussi à faire le parfaitement.
Coincé comme tout le monde par la pandémie et après avoir sorti trois singles, FELLOWCRAFT présente enfin son troisième album. Sans détour, le Rock Alternatif aux aspects Metal et progressifs du quatuor est une belle bouffée d’oxygène, pleine d’émotion et de force.
FELLOWCRAFT
« This is Where You’ll Find Me »
(Independant)
Fondé en 2014 et après avoir évolué dans un Indie Rock un peu conventionnel, FELLOWCRAFT a réellement pris un tournant musical en 2019 avec les arrivées de Pablo Anton-Diaz (lead guitare) et de Zach Martin (batterie). Dès lors, le quatuor de Washington a changé de cap pour prendre une envergure plus imposante, compacte et dense, sans oublier de belles envolées progressives.
Toujours guidés par leur fondateur Jon Ryan MacDonald (guitare, chant), les Américains sortent en autoproduction un troisième album riche et homogène. D’ailleurs, la production puissante et colorée, signée par Tonio Ruiz (sa seconde) à qui l’on doit de très bons et majeurs albums de Rock mexicain, n’est pas étrangère à ce nouvel élan pris par FELLOWCRAFT. Et ça ne manque ni d’ambition, ni de percussion.
Très brut, « This is Where You’ll Find Me » reflète à la fois un Rock Alternatif américain rappelant Pearl jam ou Audioslave, mais la dimension progressive de l’album le rend plus original encore. Du très bon « Coyote and the Desert Rose » ou « Last Great Scotsman II » (essayez donc de vous enlever le refrain de la tête !), FELLOWCRAFT livre aussi des prises studio live très prenantes et authentiques. Une gourmandise.