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Hard Rock Hard US Hard'n Heavy Sleaze

Crazy Lixx : folie furieuse

Plus de 40 ans après son émergence, CRAZY LIXX continue d’entretenir avec brio l’héritage d’un Hard Rock un brin FM, très Sleaze et savamment Heavy. A grand renfort de riffs rageurs, de solos percutants et de refrains entêtants, la formation nordique défriche le genre en le réoxygénant grâce à des compositions hyper-fédératrices bardées de choeurs très travaillés posés sur un songwriting pointilleux et fougueux. « Thrill Of The Bite » fait franchement beaucoup de bien !

CRAZY LIXX

« Thrill Of The Bite »

(Frontiers Music)

Depuis « Street Lethal » (2021), puis deux titres inédits sur une compilation l’an dernier (« Call Of The Wild » et « Little Miss Dangerous » que l’on retrouve d’ailleurs ici), le nouvel album studio des Suédois commençait à se faire attendre. Rangés derrière leur excellent frontman, compositeur et producteur Danny Rexon, les membres de CRAZY LIXX répondent présents et livrent un « Thrill Of The Bite » de haut vol. Au menu, pas de bouleversements majeurs, mais toujours une bonne touche de Heavy et une énergie brute assumée, carrément réjouissante et très entraînante.  

On n’en demande d’ailleurs pas plus aux Scandinaves qui appliquent une recette qui a fait ses preuves il y a quelques décennies et qu’ils maîtrisent aujourd’hui à la perfection. Car, 23 ans après sa formation à Malmö, CRAZY LIXX en a fait du chemin et ce neuvième opus est bien différent de ce qu’il proposait sur « Loud Minority » en 2007. Dorénavant, et après quelques changements de line-up, le quintet est plus affûté que jamais et sa créativité ajoutée à une solide expérience débouche sur un Hard Rock très Heavy musclé, explosif et à toute épreuve.

« Thrill Of The Bite » ne connait pas de temps calme, mais fonce avec une assurance débridée, qui transpire autant le plaisir que le Rock’n’Roll. Là-dessus, l’état d’esprit qui anime CRAZY LIXX n’a pas changé et c’est une très bonne chose. A des milliers de kilomètres, il nous téléporte sur le Sunset Strip de Los Angeles sur des morceaux très actuels, qui ne laissent pas la moindre once de nostalgie se propager (« Highway Hurricane », « Who Said The Rock N’Roll Is Dead », « Run Run Wild », « Hunt For Danger », « Final Warning », « Stick It Out »). Flamboyant !  

Photo : Nils Sjöholm

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folk Symphonic Metal

Serpentyne : black dreams

Toujours aussi narrative, la musique de SERPENTYNE est plus imaginative que jamais. Entre contes de fée horrifiques et sombres fables obsédantes, « Tales From The Dark » se meut dans une noirceur captivante, d’où jaillit la voix envoûtante de sa frontwoman qui semble parfois passer d’un cauchemar à l’autre avec une ténébreuse fluidité. Les Britanniques n’ont jamais été aussi sûrs de leur force et cela s’entend. L’ensemble est vif et palpitant.

SERPENTYNE

« Tales From The Dark »

(Rockshots Records)

Depuis son premier effort en 2010, SERPENTYNE est l’un des rares groupes de Metal Symphonique de son pays à s’être hissé au rang des meilleures formations européennes. En effet, les Londoniens ont de quoi de sentir seuls sur leur île à évoluer dans un tel registre. Pour autant, album après album, leur jeu s’affine et se renforce dans un univers original où la mythologie côtoie le médiéval avec une touche Folk et dans un esprit fantastique. Et avec « Tales From The Dark », le niveau montre encore d’un cran.

Six ans après « Angels Of The Night » et un changement de batteur, SERPENTYNE se montre toujours aussi solide. Assez loin des stéréotypes du genre, il évite soigneusement les écueils souvent pompeux pour livrer un Metal, certes symphonique, mais très Heavy, bardé de grosses guitares, d’une rythmique massive, de claviers assez discrets et surtout de la voix toujours aussi cristalline de Maggiebeth Sand. La chanteuse possède une large palette vocale et guide littéralement « Tales From the Dark ».

Ce sixième opus est aussi remarquablement produit et le son très organique à l’œuvre met en évidence les instruments dans un équilibre parfait. Et c’est cette atmosphère très brute qui apporte une belle respiration à « Tales From The Dark ». SERPENTYNE joue également sur la variété des ambiances, passant de moments très puissants et très Metal à d’autres presque gothiques et plus légers et cinématiques (« Phophetess Of Dreams », « Ghost Of Time Past », « Dreamer », « March Of Death »). Une belle inspiration.

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Groove Metal

Savage Lands : Make The Planet Great Again

La cause environnementale gagne aussi le monde du Metal, pourtant peu avare de gigantesques rassemblements et c’est une très bonne chose. Si sauver la planète est un projet plus qu’ambitieux, y apporter sa contribution pour fédérer le plus possible afin de mener à bien des actions très concrètes est largement de l’ordre du possible. Et c’est l’engagement pris par SAVAGE LANDS, regroupement international d’artistes issus du Metal au sens large du terme. Avec « Army Of Trees », c’est une nouvelle pierre qui vient renforcer l’édifice et qui devrait caresser les oreilles les amateurs de décibels engagées… et enragées !

SAVAGE LANDS

« Army of Trees »

(Season Of Mist)

Né il y a déjà trois ans sous l’impulsion de Sylvain Demercastel et Dirk Verbeuren, qui ont œuvré ensemble au sein du groupe de Thrash français Artsonic, et rapidement rejoints par Poun et Etienne Treton de Black Bomb A, ainsi que Florian Pons pour former le noyau dur du projet, SAVAGE LANDS se veut avant tout un collectif Metal en forme d’association à but non-lucratif, sorte d’ONG musicale. L’objectif, après avoir constaté les dégâts de la déforestation sur la forêt tropicale du Costa Rica, est simple : préserver les zones à hauts risques et leur écosystème. Une entreprise qui n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à rassembler de nombreux artistes internationaux du monde du Metal.

Leur action se développe dorénavant dans d’autres pays et SAVAGE LANDS est aujourd’hui associé à des scientifiques et des ingénieurs forestiers, et d’autres acteurs venus d’horizons très différents. Et cette ‘Alianza Verde’ est déjà parvenue à planter de plus de 11.000 arbres au Costa Rica, avec l’aide de nombreux bénévoles. Touché par cet élan écologiste, le Hellfest s’est même engagé à faire don d’un million d’euros aux organisations au cours des cinq prochaines années… Imaginez un peu le même type d’aide à la presse spécialisée française qui travaille à mettre en lumière au quotidien les groupes dont le festival fait son affiche ! Bref, je m’égare sûrement un peu, quoique…

Musicalement, « Army Of Trees » évolue pour l’essentiel dans un Groove Metal assez l’éclectique, mais qui donne tout de même une ligne directrice très identifiable à ce premier album. Vous laissant le soin de vous y plonger, car tous les bénéfices vont à l’association, vous y croiserez le chemin de musiciens militants et talentueux comme Kai Uwe Faust, Chloe Trujillo, Alissa White-Gluz, Kenneth Andrews, Andreas Kisser, John Tardy, Maria Franz ou encore Lord Of The Lost et quelques autres venus se joindre au projet. A noter que « Army Of Trees » a été enregistré, mixé et masterisé par Adair Daufembach à Los Angeles. Donc, si la cause est belle, le son l’est tout autant !

Photo 2 : Kevin Merriaux

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Doom Rock Hard Rock International

Avatarium : dark poetry [Interview]

La liberté artistique affichée par AVATARIUM depuis quelques albums maintenant semble sans limite, tant le groupe nous plonge dans des ambiances toujours différentes, cherchant presque le contre-pied. Modelable à l’envie, le Doom Rock, très Hard Rock, des Suédois surprend une fois encore sur leur sixième album, « Between You, God, The Devil And The Dead ». Porté par son très créatif duo Marcus Jidell et Jennie-Ann Smith, les Scandinaves affiche une incroyable confiance, qui se ressent à travers des compositions aussi surprenantes qu’envoûtantes. La chanteuse et compositrice revient sur l’état d’esprit qui règne sur cette nouvelle réalisation.

– La première chose que l’on remarque sur « Between You, God, The Devil And The Dead » est qu’AVATARIUM évolue dorénavant en quatuor. Et à l’écoute de ce nouvel album, n’est-ce finalement pas la meilleure formule pour le groupe ?

Je suis reconnaissante de ce que j’ai appris au cours de ces dix années avec AVATARIUM. Nous sommes désormais un quatuor comme nous l’étions déjà sur notre premier album. Ce n’est probablement pas tant une question de nombre de personnes impliquées que du sentiment de sécurité et de confiance que l’on a dans ces relations. Je respecte Marcus, Andreas (Habo Johansson, batterie – NDR) et Mats (Rydström, basse – NDR). J’ai également du respect pour leurs grandes capacités musicales et je leur fais confiance pour être stables pour moi quand j’en ai besoin. Avoir cette sécurité me procure vraiment un sentiment de liberté et me permet de donner le meilleur de moi-même, en tant qu’auteure-compositrice et interprète.

– Sans bien sûr renier vos précédents albums, le sentiment qui domine ici est celui d’une grande liberté de composition. On retrouve les fondamentaux du groupe, à savoir le Doom, le Hard Rock et aussi cette touche nordique qui est aussi très perceptible. AVATARIUM n’a jamais donné l’impression d’autant de confiance en son jeu et dans l’écriture de ses morceaux. Est-ce aussi ton constat ?

J’espère et je sens que j’ai aussi gagné en confiance en tant qu’auteure et compositrice au cours de ces trois derniers albums que nous avons produits avec AVATARIUM. L’écriture de chansons est exigeante et parvenir à quelque chose qui se rapproche de ses propres préférences ou standards est toujours un grand défi.

– On a bien sûr longtemps associé Leif Edling à AVATARIUM dont il est l’un des fondateurs. Sans vraiment vous détacher de vos premières réalisations, ce sixième album montre une évolution notable du groupe. Est-ce qu’au fil du temps, tu as aussi cette impression que Marcus et toi avez donné une identité peut-être nouvelle aux compositions, mais aussi à votre son ?

Je pense que ce qui a fait d’AVATARIUM un groupe unique depuis ses débuts, c’est son éclectisme dans le son. Un son issu de nos origines musicales très diverses. Le fait que les talents de Marcus Jidell, Leif Edling et moi-même aient été réunis dès le début a rendu ce projet unique. Il n’y a pas eu de recherche délibérée d’équilibre, mais plutôt un bonheur accidentel que nous avons nourri au fil du temps. Tous les acteurs impliqués laisseront leur empreinte sur les arrangements et le son, et en tant qu’auteure-compositrice, je laisserai inévitablement des traces de mon moi intérieur entre les lignes.

– Pour rester sur le son et la production de « Between You, God, The Devil And Me », il est plus organique que jamais avec une intention d’immédiateté très présente également. L’objectif était-il de réaliser un album aux sonorités plus live et directes ?

Je pense que cette fois-ci, nous nous sommes concentrés sur ce que nous aimons jouer sur scène. Savoir quel genre de riffs est agréable à jouer en live, quel genre de mélodies donne la chair de poule, il s’agit toujours de viser cette énergie.

– Pour autant, il y a un énorme travail sur les arrangements et une attention toute particulière portée aux nombreux détails. En ces temps où les albums sonnent presque tous de la même manière, on sent ici beaucoup d’humanité dans la production comme si votre musique était votre guide… C’est le cas ?

En ce qui concerne la performance et le son, tout est enregistré et traité de manière très organique. Par exemple, il n’y a pas d’autotune et toutes les machines utilisées dans le processus ont été choisies pour améliorer le son organique, c’est-à-dire des mains jouant des instruments, afin qu’il soit dynamique et réel. Les détails sont importants aussi. Je suppose que je fais partie de ceux qui aiment vraiment prendre du temps et me concentrer dessus. C’est une partie tellement géniale du processus, lorsque vous avez presque terminé un morceau, ce sentiment de savoir que vous avez quelque chose de vraiment bien, et puis ces touches finales qui lient le tout. Ajouter un détail de guitare, une note de basse au piano ou un son de voix… J’adore être dans ces moments-là.

– Même si ce nouvel album est toujours axé sur les riffs, la présence du piano au niveau de la composition et aussi dans les morceaux est beaucoup plus prégnante. Il vous a fallu changer un peu vos habitudes pour peut-être trouver un nouveau souffle et un nouvel élan pour ce nouvel album ? 

Le piano est un orchestre à part entière. En fait, nous avons utilisé mon vieux piano pour écrire et enregistrer. Cela a stimulé la créativité et Marcus a initialement écrit certains des riffs de guitare de l’album sur ce piano. Cela élargit votre esprit et vos options musicales pendant l’écriture. Je pense que j’avais 19 ans quand je l’ai acheté, c’est un piano allemand des années 50, et nous l’avons rénové avant l’enregistrement et il sonne tout simplement bien.

– Il y a aussi beaucoup de fluidité et de confiance qui émanent de l’album. Est-ce qu’AVATARIUM a atteint un sommet de complicité artistique depuis vos débuts ? C’est en tout cas l’impression que donne « Between You, God, The Devil And Me »…

Merci ! Espérons que ce ne soit pas le cas et qu’il y ait encore plus à donner. Nous voulons simplement écrire et jouer du mieux que nous pouvons, c’est une bénédiction de ressentir de la curiosité pour la musique à ce stade de la vie.

– Même si l’album est peut-être plus sombre encore et aussi plus lourd que son prédécesseur, il est également et paradoxalement très vivant et personnel dans son approche. Comment êtes-vous parvenus à combiner ces deux visions, qui peuvent paraître en opposition ? 

Sombre, lourd et poétique sont les maîtres mots depuis le début d’AVATARIUM il y a 12 ans. La dynamique entre le lourd et le fragile, la lumière et l’ombre a toujours été présente dans notre travail et elle l’est toujours. Je pense aussi qu’il est extrêmement important que notre musique porte un espoir et fournisse une énergie qui aide même à traverser les passages difficiles.

– Enfin, la musique d’AVATARIUM paraît infinie et laisse encore le champ à une multitude de possibilités. Est-ce qu’écrire et composer sont des choses que tu considères comme naturelles finalement, ou cela te demande-t-il au contraire beaucoup d’efforts ?

Je pense que ce qui vous apporte de la joie et un sentiment d’accomplissement au final demande probablement beaucoup d’efforts. Apprendre à jouer d’un instrument, élever des enfants… Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction entre ce qui vient naturellement et travailler dur, et en pensant à ce processus, c’est vraiment les deux. Ce qui est gratifiant lorsque vous travaillez dur à pratiquer votre instrument ou à améliorer votre savoir-faire en tant que compositeur, c’est que cela vous procure irrémédiablement du flow, de l’adrénaline et probablement de l’ocytocine. C’est addictif !

Le nouvel album d’AVATARIUM, « Between You, God, The Devil And The Dead », est disponible chez AFM Records.

Photos : Niklas Palmklint (1, 2 et 4)

Retrouvez la chronique du précédent album « Death Where Is Your Sting » :

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Classic Rock Heavy Rock Rock Rock US

Ginger Evil : solid as a Rock

Avec un telle entrée en matière, le combo nordique ne risque pas de passer inaperçu. Composé de musiciens chevronnés, GINGER EVIL s’aventure dans un Rock qui se fait de plus en plus rare et qui reprend les codes d’un registre efficace et mélodique. Avec « The Way It Burns », c’est une sorte de retour aux fondamentaux qu’il propose et la belle surprise vient aussi de sa chanteuse, Ella Tepponen, qui s’impose grâce à une technique irréprochable et une grande capacité à varier les intonations vocales. Très mature, ce premier album va réconcilier les fans de Rock au sens large.

GINGER EVIL

« The Way It Burns »

(Frontiers Music)

Voici la nouvelle sensation Rock finlandaise et c’est peu de le dire ! Les membres de GINGER EVIL n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’on retrouve ici le guitariste Tomi Julkunen et Veli Palevaara qui faisaient tous deux partie de The Milestones. Rejoints par le batteur Toni Mustonen, le combo a enfin affiché complet avec l’arrivée d’Ella Tepponen au chant, laquelle offre au groupe sa véritable identité musicale et, entre Power et Heavy, son Rock est musclé, accrocheur et surtout parfaitement interprété.

En confiant la production de « The Way It Burns » à Teemu Aalto (Insomnium) et le mastering à Svante Forsbäck (Rammstein, Volbeat, Apocalyptica), GINGER EVIL a mis tous les atouts de son côté et ce premier opus est de ceux qui font franchement du bien. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une grande révolution, mais le Rock des Scandinaves a cet aspect très frais et fédérateur, qui peut faire d’eux une valeur sûre. Et puis, ce savoureux mix de Rock US, d’Alternative Rock et de Classic Rock séduit sans mal.

Très moderne dans son approche comme dans le son, GINGER EVIL ne met pas bien longtemps à tout emporter. Dès « Rainmaker », la vivacité des riffs et la puissance vocale de la frontwoman prennent le dessus et la suite s’annonce solide. Très américain dans le style, le quatuor multiplie les ambiances avec des clins aux 70’s comme à la scène californienne des 90’s (« Dead On Arrival », « Shame On », « Hands Move To Midnight », « Better Get In Line », « Not Your Fool »). Actuel et intemporel : une réussite.

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Atmospheric Black Metal Dark Folk

Saor : Highlands mysteries

Depuis les terres de Calédonie, l’ancien nom des territoires britanniques au nord du mur d’Adrien, Andy Marshall fait revivre une Ecosse reculée, perdue dans les brumes d’un héritage culturel conséquent et éternel. Entre le sacré et l’Histoire surgit le Black Metal atmosphérique de SAOR se parant d’attributs folks, celtes et pagan pour relater des fables épiques et transcendantales. « Amidst The Ruins » lance un appel au réveil au cœur des collines des Highlands. Un voyage hypnotique pour certains, initiatique pour d’autres…

SAOR

« Amidst The Ruins »

(Season Of Mist)

C’est au sein d’une Ecosse ancestrale que SAOR a bâti son Black Metal atmosphérique aux sonorités Folk et Pagan et ce sixième effort s’inscrit plus profondément encore dans un univers rugueux, d’où se détachent des mélodies envoûtantes. Andy Marshall, vocaliste et multi-instrumentiste, s’est donné cette fois des moyens plus conséquents pour faire ressortir l’âme celtique et gaélique d’« Amidst The Ruins ». Ici, la production est solide et le mastering signé Tony Lindgren apporte cette touche d’authenticité, qui manque trop souvent au registre. 

Car pour s’enfoncer de manière aussi immersive dans la culture et la tradition écossaise, il faut pouvoir la ressentir bien au-delà du maelstrom métallique dissonant habituel. L’ensemble doit être palpable et organique, ce que SAOR est parvenu à réaliser. Car, ici, c’est audible ! Pour autant, le successeur d’« Origins » n’est pas l’œuvre d’une one-man-band et le premier indice vient du son de la batterie de l’Espagnol Carlos Vivas, qui fait bien plus que marteler mécaniquement, en offrant souvent la direction à suivre avec des variations parfois étonnantes.

Déployé sur une heure, « Amidst The Ruins » ne compte que cinq morceaux, une belle affirmation des intentions du musicien à guider l’auditeur au cœur de ces paysages musicaux, qui deviennent de plus en plus vivants au fil des minutes. Dans cette nébulosité, ce sont les guest qui portent le flambeau d’une certaine luminosité comme la voix, le violon et l’uilleann pipe d’Ella Zlotos, le scintillant violoncelle de Jo Quail et les cordes d’Angela Moya Serrat, Miguel Izquierdo et Samuel C. Ledesma. SAOR pose de la modernité sur des thèmes lointains avec percussion.

Photo : David Ruff

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AOR Hard FM Hard Rock

Ray Of Light : lumineux

Ancien chanteur de Frontline, Evidence One, State Of Rock, Sanction X et quelques autres, Robby Boebel avait entrepris l’écriture de titres originaux pour un nouveau projet avant qu’un cancer des poumons ne l’emporte en juillet 2022 à l’âge de 60 ans. Après un temps de réflexion, ses partenaires et amis ont relancé l’aventure et RAY OF LIGHT brille aujourd’hui sur un premier effort, « Salute », qui porte aussi un peu de son empreinte. Nerveux et solaire, le style de la formation germanique déploie un Hard Rock accrocheur et enthousiaste.

RAY OF LIGHT

« Salute »

(Baysis Media)

Après huit albums sous la bannière de Frontline, le bassiste Thomas Bauer, le batteur Stephan Bayerlein et le guitariste Robby Boebel ont fondé RAY OF LIGHT et avaient même commencé à travailler sur un premier opus. Seulement, le décès soudain du six-cordiste et compositeur en 2022 a naturellement mis un coup d’arrêt au projet. C’est l’année suivante que Jörg ‘Warthy’ Wartmann a pris la relève tout d’abord comme producteur, avant de remplacer son ami disparu et d’intégrer définitivement le quatuor.

Avec l’arrivée du talentueux Gregg Cromack au chant, RAY OF LIGHT s’est retrouvé au complet et plus motivé que jamais à l’idée de terminer des morceaux, qui sont autant d’hommages au regretté Robby Boebel. « Salute » représente à la fois un ultime adieu, mais aussi la promesse d’un bel avenir, car les Allemands et leur frontman anglais se présentent avec le line-up parfait, mêlant expérience et créativité, bien soutenu par une technique exemplaire dédiée à un Hard Rock intemporel.

Très mélodiques, oscillant entre Hard FM et AOR, les compositions de RAY OF LIGHT sont d’une incroyable fraîcheur, d’un mordant implacable et surtout animées d’un incroyable esprit positif. Le Britannique se montre impérial au chant, les riffs comme les solos sont percutants et racés, tandis que le duo basse/batterie propulse l’ensemble avec vigueur (« Falling In Pieces », « Ray Of Light », « Alive », « Best Of Me », « Frontline »). Lumineux et entraînant, « Salute » célèbre la mémoire de Boebel avec classe.

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Blues Rock Classic Rock France Soul / Funk

Red Beans & Pepper Sauce : magic souls [Interview]

Rarement un groupe aura laissé échapper autant de liberté et de joie sur un même album. Pour RED BEANS & PEPPER SAUCE, c’est un huitième opus haut en couleur qui vient marquer une nouvelle étape dans la carrière des Montpelliérains. Si l’esprit de corps dominait déjà dans le son et faisait la force du groupe, avec « Supernova », il prend une incroyable dimension. Autour de sa charismatique chanteuse, le quintet a fait un peu de place pour accueillir pas moins de neuf invités, français comme étrangers. Une très belle célébration de son Classic Rock teinté de Soul et de Blues, dont Laurent Galichon, le guitariste et principal compositeur, nous parle avec autant de fierté que d’émotion.

– Avant de parler de « Supernova », j’aimerais qu’on revienne un instant sur votre parcours. Huit albums studio et un live en 14 ans, le tout ponctué de tournées bien fournies, est un rythme vraiment effréné. Ca vous arrive quand même de prendre quelques pauses ?

Je trouve que c’est dur de se remettre au travail après une pause, j’ai pu le constater quand il a fallu s’y remettre après la pandémie de Covid. Alors je préfère éviter les pauses et battre le fer tant qu’il est chaud.

– Justement avec un tel rythme, toi qui signes l’ensemble des morceaux hormis « I Want To Take You Higher » de Sly & The Family Stone datant de 1969, quand prends-tu le temps de te poser pour composer ? Tu le fais aussi en tournée, ou tu t’imposes des moments dédiés ?

Dès que j’ai une idée, je l’enregistre sur mon smartphone, parfois même en voiture où je chante simplement la mélodie ou le riff pour archiver. Et quand vient le moment de travailler des morceaux, alors je pioche dans le tiroir à idée. Mais c’est vrai que quand on se retrouve à moins de six mois de la deadline pour envoyer le master au pressage, le travail s’intensifie et à chaque fois les derniers mois de production sont très intenses.

– « Supernova » est l’un de vos disques le plus direct et le plus clairement axé sur le Classic Rock, parfois Hard, avec toujours un côté Bluesy et Soul. Est-ce qu’il y a une envie cette fois-ci de prendre les morceaux plus à bras-le-corps et d’aller vers quelque chose de plus essentiel et de dense ?

Oui, tout à fait. Bien avant de commencer le travail, quand on parlait de ce nouvel album avec Niko Sarran (également batteur du groupe – NDR) qui les réalise, on avait en tête d’aller vers plus d’efficacité avec des titres plus courts et plus directs. Quand on attaque un nouvel album, on a souvent des discussions en amont, souvent dans le van en tournée, où on cherche des axes de travail, de nouvelles directions pour continuer d’évoluer et rester créatif.

– D’ailleurs, est-ce qu’au moment de commencer l’écriture d’un tel album, tu avais une sorte de ligne directrice ou une intention en tout cas de faire émerger une atmosphère et une énergie différente, plus massive ?

L’album précédent, « 7 », était très axé sur le Classic Rock et cette fois-ci, il y avait une envie de revenir à un équilibre entre Rock et Soul, mais toujours avec des riffs qui viennent du Blues. En fait, on essaie de faire des albums qui auraient pu sortir dans les 70’s et cette fois-ci, on a essayé de mettre du groove dans le Rock et inversement. Et puis, Niko a fourni un véritable travail d’orfèvre sur le son de l’album. Il y a passé quasiment deux fois plus de temps que sur les précédents.

– L’une des caractéristiques de « Supernova » est bien sûr le nombre d’invités, qui sont tout de même au nombre de neuf, ce qui fait beaucoup sur un même disque. Comment cela se décide-t-il, car c’est assez rare ? Tu as composé certaines chansons en fonction d’eux, ou les choses se sont faites plus naturellement en laissant une petite place à l’improvisation ? 

Inviter des musiciens faisait partie de ces axes qu’on se donne avant de commencer la production. On a donc laissé sur certains titres des plages pour permettre à nos invités de s’exprimer, mais sans savoir à l’avance de qui il s’agirait. Et c’est quand on se rapprochait de l’arrangement définitif qu’on prenait le temps de réfléchir à qui le proposer. Parfois, on est resté dans le style de l’invité comme avec Rabie Houti qui à l’habitude de jouer son violon arabo-andalou sur des rythmiques Rock, ou avec Johnny Gallagher sur une ballade Blues Rock. D’autres fois, on s’en est un peu éloigné comme avec Fred Chapellier qui nous rejoint sur un titre très Classic Rock avec un riff de guitare très ‘fat’, ou avec Sax Gordon qui vient jouer sur un titre vraiment très funky et plus éloigné de son Rocking Blues.

– Il est beaucoup question de ‘fusion’ sur cet album, et dans tous les sens du terme. En y prêtant bien l’oreille, on note le soin apporté aux arrangements notamment, tout comme à la production plus largement. « Supernova » a nécessité six mois de travail en studio. Vous êtes-vous laissés quelques respirations, histoire peut-être de prendre parfois un peu de recul, ou au contraire, les choses étaient déjà clairement définies dans ce que vous souhaitiez obtenir ?

C’est un travail de longue haleine, plus un marathon qu’un 100 mètres. Certains titres fonctionnent immédiatement, mais d’autres doivent passer par plusieurs étapes avant que nous soyons satisfaits du résultat. Et le travail continue même après la sortie de l’album, car certains morceaux doivent être repensés pour la scène. C’est un peu comme bâtir une maison : on passe des fondations à un bâtiment couvert très rapidement, mais les finitions, elles, prennent beaucoup plus de temps, car on entre dans les détails.

– Un mot sur les guests en commençant par les artistes français où l’on retrouve Manu Lanvin, Fred Chapellier, Yarol Poupaud ou encore le violoniste Rabie Houti. Ce sont tous des musiciens avec lesquels vous avez déjà joué sur scène. Ces rencontres se sont-elles transformées en collaborations que vous teniez vraiment à réaliser depuis un moment déjà ?

Ce sont surtout des rencontres marquantes qui ont lieu parfois en tournée avec tout le groupe, ou alors par un seul d’entre nous en dehors. Mais dans tous les cas, elles sont si importantes qu’elles donnent l’envie de faire de la musique ensemble. Et on a été ravi que tout le monde nous réponde ‘Oui’ ! Certains enregistrements ont dû être faits à distance à cause de l’éloignement et des emplois du temps, et d’autres ont donné lieu à des séances en studios qui nous ont marqué. J’ai kiffé de passer du temps avec Boney Fields dans le studio de Niko à Montpellier, ou avec Manu Lanvin dans son studio à Paris. Des belles sessions, où tu sens qu’il se passe quelque chose.

– Et puis, il y a l’aspect ‘international’ de l’album avec les présences du Camerounais Emmanuel Pi Djob, des Américains Boney Fields, Fred Wesley et Sax Gordon, sans oublier l’Irlandais Johnny Gallagher. Là encore, le casting est époustouflant. Est-ce que chacun d’entre-eux avait une partition à respecter, ou est-ce qu’on laisse plus facilement des talents comme les leurs s’exprimer librement avec une sorte de carte blanche ? 

Pour chacun d’entre eux, c’était carte blanche. Mais forcément, il y avait des échanges. Parfois, notre invité avait une idée très précise, parfois, il hésitait entre plusieurs. Alors, on discute, on échange, on essaye des choses. Par exemple, c’était vraiment génial de passer du temps avec Manu et de le voir proposer tellement de choses avec la générosité qu’on lui connaît. Mais surtout, ils nous ont tous offert ce qu’on attendait, c’est-à-dire le meilleur d’eux-mêmes. On peut entendre la voix incroyable et le groove d’Emmanuel Pi Djob, l’explosivité et le ‘fonk’ de Yarol, le toucher tout en finesse de Fred Chapellier, la générosité et la puissance de Manu Lanvin, le groove qui claque de Boney Fields, l’énergie de dingue de Sax Gordon, la maîtrise et le son envoûtant de Rabie Houti et le feeling de Johnny Gallagher. Et puis, il y a eu la session avec Fred Wesley. J’étais là quand il a commencé à jouer dans le studio : c’était un voyage dans le temps. J’entendais le « Doing It To Death » de James Brown que j’écoutais en boucle plus jeune. C’est un moment précieux que je garderai en moi toute ma vie. Il fait partie des gens qui ont inventé cette musique. En deux notes, tu sais qui est dans la pièce. Tous ces musiciens exceptionnels ont été d’une grande générosité avec nous. Ils ont élevé chacun des titres auxquels ils ont participé à un niveau supérieur, et nous leur en sommes éternellement reconnaissants.

– J’aimerais qu’on dise un mot sur cette reprise de Sly & The Family Stone sur laquelle il y a du beau monde et où le line-up de RED BEANS & PEPPER SAUCE est le plus élargi de l’album. Comment est-ce qu’on tient tout le monde dans ce cas-là, car il règne un esprit jam manifeste ? Et par ailleurs, pourquoi avoir choisi ce morceau-là en particulier ?

J’ai plutôt l’impression que c’est ce morceau qui m’a choisi, car j’ai une histoire particulière avec lui. Je l’ai découvert au début des années 90 à la télévision, en voyant des musiciens que je ne connaissais pas le jouer sur une énorme scène, devant des milliers de spectateurs aux États-Unis. Il s’agissait en fait de George Clinton et de Funkadelic/Parliament, avec Larry Graham et d’autres invités. Ce titre m’a transpercé et j’ai adoré le fait qu’il soit interprété par autant de musiciens sur scène : tout le monde dansait, tout le monde chantait, c’était la grosse teuf. J’ai ensuite découvert qu’il s’agissait d’un morceau de Sly & the Family Stone, et l’album « Stand » fut une nouvelle claque. A la même époque, d’autres artistes que je ne connaissais pas se sont produits à Béziers : FFF, puis les JB’s avec Maceo Parker, Fred Wesley et Pee Wee Ellis. Ces trois découvertes, en quelques mois, ont été ma porte d’entrée vers la Soul Music : James Brown, la Stax (avec les disques d’Otis Redding de mon père), la Motown, etc… Alors qu’à l’époque, j’écoutais plutôt du Rock des années 60/70 comme Led Zeppelin, Jimi Hendrix, Deep Purple… Cette période a complètement bouleversé mon orientation musicale. Alors aujourd’hui, enregistrer ce morceau avec Yarol de FFF et Fred Wesley des JB’s qui ont également participé à ce changement, dans une version avec un groupe élargi en mode ‘jam’ comme dans la version de George Clinton, c’est une histoire complètement folle.

– Enfin, « Supernova » est probablement aussi votre album le plus varié avec des aspects Southern, Heavy Rock, Blues, Funky et plus largement très Rock’n’Roll. RED BEANS & PEPPER SAUCE devient de plus en plus inclassable et c’est une très bonne chose. Est-ce une façon aussi de vous débarrasser peut-être de certaines cases dans lesquelles on a pu vous mettre auparavant, ou plus simplement un signe de maturité qui se traduit par beaucoup plus de liberté affichée ?

Ce n’est pas vraiment calculé. Tout le monde dans le groupe a des influences diverses et variées et c’est l’association de nos personnalités musicales qui fait ce qu’est RED BEANS & PEPPER SAUCE. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse y changer quoi que ce soit. On peut seulement l’encadrer en se donnant quelques directions, mais au final on sonne comme on sonne et il me semble qu’on reste cohérent d’un album à un autre.

Le nouvel album de RED BEANS & PEPPER SAUCE, « Supernova », est disponible chez Crossroads/Socadisc.

Photos : Cristina Gomes Morgadinho (1), Thierry Wakx (2, 3, 5) et Monsieur Mind (4).

Retrouvez aussi l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de l’album « 7 » :

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Alternative Metal

Days Of Jupiter : l’alignement des planètes

C’est en montrant beaucoup de caractère que les Scandinaves font un retour fracassant six ans après « Panoptical », qui leur avait valu une  belle reconnaissance. Un changement de label et une direction musicale qui sonne plus européenne plus tard, et revoici DAYS OF JUPITER renforcé dans ses certitudes et affichant avec « The World Was Nerver Enough » une belle force de frappe. Sans négliger une identité artistique basée sur les émotions, le combo nordique se montre vif et solide sur un disque dense et très soigné.

DAYS OF JUPITER

« The World Was Never Enough »

(Reigning Phoenix Music)

En 15 ans d’existence, DAYS OF JUPITER peut se targuer de mener un parcours sans faute et qui mériterait même une reconnaissance à l’international plus conséquente. Depuis « Secrets Brought To Life », son premier opus sorti en 2012, le groupe a fait évoluer son Hard Rock moderne vers un Alternative Metal très actuel et pêchu. Pour son cinquième album, il a confié la production à Peo Hedin, lequel a réalisé un travail précis pour mettre en valeur des compositions abouties qui naviguent dans des ambiances variées.

Comme souvent, les Suédois soufflent le chaud et le froid entre titres puissants et massifs et ballades plus mélancoliques. DAYS OF JUPITER parvient à maintenir l’équilibre et donne surtout une forte impression de vélocité. Très en verve, les deux guitaristes donnent le ton sur des riffs racés et tranchants et apportent beaucoup d’explosivité aux morceaux (« Original Sin », « Machine »). L’énergie brute qui se dégage de « The World Was Never Enough » doit énormément à leur complicité et leur talent.  

Egalement irréprochable, la rythmique prend littéralement d’assaut des nouveaux morceaux et donne encore un peu plus d’envergure à l’ensemble. De son côté, Jan Hilli offre une prestation vocale implacable. Accrocheur et fédérateur, DAYS OF JUPITER ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui devrait se sentir prochainement sur scène. Intense, ce cinquième effort est aussi technique qu’entêtant et aussi Metal que Rock (« The Fix », « Parazite », « My Heaven My Hell », « Ignite » et le morceau-titre). Enthousiasmant !

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folk Hard'n Heavy Melodic Metal Symphonic Metal

Marko Hietala : the Northern mage

Très respecté pour son style d’écriture, ainsi que pour un jeu de basse très identifiable, MARKO HIETALA, qui avait pourtant annoncé son retrait, semble avoir retrouvé de l’envie et surtout de l’inspiration. A la tête d’un quatuor uni et chevronné, il donne vie à « Roses From The Deep », un disque très bien réalisé où le songwriting se révèle toujours aussi authentique dans des registres qui, malgré leurs différences, se retrouvent dans un même élan pour éclairer le monde musical de ce musicien hors-norme, dont la performance est toujours aussi saisissante. Un deuxième effort solo remarquable et captivant.

MARKO HIETALA

« Roses From The Deep »

(Nuclear Blast Records)

La réputation de MARKO HIETALA n’est plus à faire, ni son talent à démontrer. L’ancien bassiste et co-chanteur de Nightwish fait son retour en solo pour donner suite à « Pyre Of The Black Heart » (2020). L’homme aux multiples projets (Tarot, Northern Kings et de très nombreuses collaborations comme avec Delain, Ayreon ou Avantasia) livre l’album qu’on attendait un peu de lui, à savoir une production où s’entremêlent les genres, passant d’un Metal mélodique souvent Hard et parfois Symphonique, à de la Folk ou du Prog. On sait l’étendue stylistique du musicien particulièrement vaste et il en use avec beaucoup d’habileté.

Et on ne met bien longtemps à retrouver l’univers artistique du Finlandais. Parfaitement accompagné de Tuomas Wäinolä (guitare), Anssi Nykänen (batterie) et Vili Ollila (claviers), le line-up a de l’allure, conjugue expérience et jeunesse et débouche sur un « Roses From The Deep » fluide et équilibré. MARKO HIETALA tient solidement les rênes et déploie des compositions créatives et efficaces. Entre orchestrations généreuses et arrangements subtils, ces nouveaux titres montrent une belle énergie, beaucoup de sincérité et un savoir-faire imparable.

Dès l’entraînant « Frankenstein’s Wife » qui ouvre les festivités, suivi de « Left On Mars » en compagnie de sa complice de toujours, l’ex-chanteuse de Nightwish Tarja Turunen, le Scandinave semble vouloir rassurer ses fans les plus ‘métalliques’ et « Proud Whore » va aussi dans ce sens. Histoire d’ajouter encore un peu de piquant, Juha-Pekka Leppäluoto de Northern Kings, se livre à un véritable exercice de style sur « Two Soldiers », marquant un certain basculement pour la suite. Puis, MARKO HIETALA régale avec le long « Dragon Must Die » ou le très accrocheur « Impatient Zero », et aussi « Tammikuu » chanté en Finnois.