Catégories
Psych Space Rock Stoner Rock

Apex Ten : l’accomplissement par la performance

Irrésistible et aventureux, « Aashray » est un album aussi séduisant qu’audacieux. Derrière un Stoner Rock solide et entêtant, le combo s’engouffre dans des profondeurs Psych et Space, qui lui laissent un champ d’investigation presque sans limite. APEX TEN joue très subtilement sur les reliefs d’un Fuzz contagieux.

APEX TEN

« Aashray »

(Independant)

Originaire de Liège, APEX TEN est un jeune groupe fondé en 2021 et qui pourtant sort déjà sa quatrième production. Il faut aussi préciser que le trio a basé son concept autour de l’improvisation et des jams. Mais si l’exercice peut paraître aisé, encore faut-il taper juste ! Et pour y parvenir, Alexis Radelet (batterie), Brad Masaya (basse) et Benoît Velez (guitare) savent comment s’y prendre pour hypnotiser l’auditeur.

Le power trio libère sa créativité dans un Stoner Rock instrumental où le côté Space Rock côtoie et se mêle à un univers psychédélique aussi vaste que cosmique. APEX TEN promet de l’évasion et il s’y tient. Les paysages sonores se suivent et se distinguent à travers ce « Aashray » à la fois profond et léger. Très aboutis, les sept morceaux bénéficient également d’une production claire et puissante.

Ce qui surprend aussi avec ce deuxième opus studio, c’est que l’on y découvre une multitude de détails d’une grande finesse au fil des écoutes. Si les Belges annoncent que les compositions proviennent essentiellement de l’improvisation, celles-ci sont très travaillées et les arrangements savamment étudiés (« Awakening », « Dazed », « Nagā », « Brahma »). Et enfin, APEX TEN ajoute à son Fuzz des sonorités hindoues parfaitement distillées.

Catégories
Dark Folk post-Rock Progressif Rock

The Ascending : le temps de l’élévation

Cela fait maintenant quelques décennies que la Cité des Ducs, c’est-à-dire Nantes, fleurit de belles histoires musicales et montre une grande diversité à travers les groupes qui la représentent. C’est d’ailleurs presque devenu un gage d’authenticité. THE ASCENDING en est le parfait exemple et son premier opus éponyme offre des sensations très pertinentes sur notre époque, où l’ancrage humain et naturel prédomine. Une réussite totale.

THE ASCENDING

« The Ascending »

(Frozen Records/Klonosphere)

Tous issus de la scène Rock et Metal nantaise, les six musiciens qui composent THE ASCENDING n’en sont pas à leur coup d’essai. Et pour preuve, on y retrouve des membres de Stinky, Alan Stivell, Les Hommes Crabes, Tsar, 20 Seconds Falling Man ou Kaiser. Autrement dit, du beau monde qui s’est réuni au sein d’un projet en forme de collectif, et surtout guidé par une liberté artistique qui prend ici une dimension saisissante.

Forcément avec de tels parcours et venant d’horizons aussi différents et même parfois opposés, il est assez difficile de définir avec précision le style de THE ASCENDING. Mais au fond, est-ce bien nécessaire ? Pour mieux appréhender ce bel éclectisme, il suffit d’être curieux et de se laisser aller, voire se perdre, dans ce savoureux mix de Dark Rock, de Folk atmosphérique teinté de Garage, de Post-Rock, de violon et d’une touche progressive.

Même s’il ne compte que six titres, « The Ascending » offre une belle idée des contours musicaux à l’œuvre. Mené par une chanteuse, Jessica Delot, et deux chanteurs, Clair et Eddy Kaiser, on croise dans ce premier opus des moments de poésie (« Circles In The Same Sky ») comme des passages plus engagés (« Waiting A Storm »). THE ASCENDING libère une force organique dans laquelle on se laisse prendre (« The Ascending », « Herons »). Très généreux !

Catégories
Hard Rock Heavy metal

Tygers Of Pan Tang : still alive

Ca rugit toujours du côté de l’Angleterre et malgré plus de quatre décennies de bons et loyaux services rendus à la légendaire NWOBHM, TYGERS OF PAN TANG a toujours les crocs et n’a rien perdu de son mordant. Pour preuve, ce « Bloodlines » créatif et racé, livré par Robb Weir et les siens. Un Heavy accrocheur qui se réinvente.

TYGERS OF PAN TANG

« Bloodlines »

(Mighty Music)

S’il y a un groupe qui est passé à côté d’une très belle carrière, c’est bien TYGERS OF TAN PANG. Grand espoir et même un temps fleuron de la NWOBHM au début des années 80, les Britanniques ont surtout joué de malchance et après six albums réussis, ils se sont mis en veille pendant 12 ans avant un retour en 1999 avec un line-up dont il ne reste que l’inoxydable Robb Weir, détenteur de l’âme des tigres.

Depuis, la formation s’est stabilisé et l’on retrouve les très bons Jack Meille au chant, Craig Ellis à la batterie, Francesco Marras à la guitare et Huw Holding à la basse. Et dire que TYGERS OF PAN TANG est désormais sur de bons rails est un doux euphémisme ! Entre Hard Rock et Heavy Metal, les Anglais ont trouvé un nouveau souffle et la belle production de ce nouvel opus par Tue Madsen est au coeur de cette réussite.

Et puis, « Bloodlines », quatorzième album du quintet, réserve de très bonnes surprises. Heavy et mélodique, il s’inscrit parfaitement dans la deuxième vague de la discographie de TYGERS OF PAN TANG, qui vient rappeler qu’il en a encore pas mal sous le pied (« Edge Of The World », « Kiss The Sky », « Believe »). Le combo fait parler l’expérience et parvient également à se renouveler sans perdre de son identité. Bien joué !

Photo : Steve Christie
Catégories
Experimental Metal post-Rock Trip-Hop

Novembre : élégamment noir

Tout en faisant un peu froid dans le dos, il y a un aspect extrêmement jubilatoire et captivant dans ce premier album de NOVEMBRE. Les deux artistes, l’un tenant la plume et l’autre développant une bande originale malsaine et feutrée, ont créé un monde (presque) parallèle où les meurtres s’enchaînent avec frénésie à travers des mélodies mystérieuses, parfois menaçantes, et souvent addictives. « Inox » est un modèle du genre !

NOVEMBRE

« Inox »

(Source Atone Records)

Chez NOVEMBRE, ‘L’Amiral’ (Olivier Lacroix, chant) et ‘Le Pendu’ (Jérémie Noël, instruments) ne sont pas là pour vous faire connaître le grand frisson, mais plutôt pour vous terrifier et vous glacer le sang. Et le noble et son majordome n’ont pas leur pareil pour vous embarquer dans leurs histoires cauchemardesques, où le meurtre côtoie l’effroyable avec une violence caractérisée, confinant à l’horreur.

En 2018, deux ans après sa formation, le duo s’est lancé avec « Nacre », suivi d’un single quelques mois plus tard (« REC. »). Et depuis 2021, NOVEMBRE a repris sa marche funèbre avec « Marchands de Fables », « Motel 6 » et « Inox » que l’on retrouve sur ce premier album. Et comme son nom l’indique, la froideur est au rendez-vous et l’atmosphère souvent sinistre et angoissante, mais très prenante, nous tient en haleine.

Musicalement, l’effrayant tandem évolue dans un contexte très cinématographique aux allures de thriller et de lugubre polar. Et NOVEMBRE sait y faire, car les morceaux brillent par leur grande qualité d’écriture et leurs ambiances obsédantes. Pour ce qui est des textes, le Spoken Word est saisissant, tandis que les sonorités Trip-Hop et Electro nous baladent dans un univers Rock sombre, qui flirte avec le Metal et le Post-Rock. Intense !

Catégories
Heavy metal Old School

Enforcer : old school is timeless

Très accrocheur et tout en puissance, cette sixième réalisation d’ENFORCER va agir sur beaucoup comme une Madelaine de Proust que l’on souhaiterait interminable. Les Suédois ont décidé délibérément de jeter un œil dans le rétro et de donner leur version d’une époque qu’ils ont d’ailleurs à peine connu, mais pour laquelle ils semblent vouer un véritable culte. « Nostalgia », quand tu nous tiens !

ENFORCER

« Nostalgia »

(Nuclear Blast Records)

15 ans après « Into The Night » qui vit les premiers pas d’ENFORCER sur la scène Heavy Metal, Olof Wikstrand, fondateur et multi-instrumentiste, fait son retour avec ses hommes. Car il faut rappeler qu’il s’agit au départ d’un projet personnel et solo du Suédois. Depuis cinq albums, six dorénavant, il entretient la mémoire de son registre de prédilection de belle manière et c’est encore le cas avec « Nostalgia ».

C’est donc un retour aux sources qu’effectue ENFORCER et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Scandinaves sont en grande forme et plus affûtés que jamais. Cap sur les années 80 avec des sonorités préservées et un respect total pour le style et l’esprit des pionniers. Et la première chose qui vient confirmer la démarche du groupe, c’est cette avalanche de riffs racés et tendus et de solos gigantesques.

Pied au plancher, ENFORCER multiple les assauts avec des accents Heavy Speed très Old School, qui ne sont pas sans rappeler les belles heures de la NWOBHM (« Kiss Of Death », « When The Thunder Roars », Metal Supremacia », « Demon »). Bien sûr, le combo n’est pas là pour renouveler le genre, mais plutôt pour se faire plaisir et faire remonter de beaux souvenirs (« White Lights In The USA », « The Lonely Man »).

Catégories
Experimental Rock

Erei Cross : un envoûtement délicat et fort

Très actuelle sans être trop avant-gardiste, la formation française se dévoile enfin sur la longueur d’un album. « The Widow And The Others » dresse onze tableaux musicaux distincts et très complémentaires, où le Rock domine sans se refuser quelques élans Metal, Pop, Funk et tout en libérant quelques légères saveurs 80’s. Et au-delà de cette effervescence musicale, EREI CROSS est aussi une voix… l’une des plus belles de l’hexagone.

EREI CROSS

« The Widow And The Others »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Fondé il y a quatre ans par la bassiste et chanteuse Laetitia Finidori et le guitariste Adrien Grousset également à l’œuvre sur l’enregistrement et le mixage, et soutenu sur scène par le batteur Matthieu Guérineau, EREI CROSS poursuit sa route et présente son deuxième effort. Après « The Widow » paru en 2021, le duo nous offre donc la suite, ou plutôt vient compléter son premier EP.

C’est donc l’occasion de vous familiariser avec le Rock d’EREI CROSS, qui est aussi moderne qu’il est branché en courant alternatif. L’univers des Poitevins est riche et lumineux à la fois. S’appuyant sur le Metal et le Stoner grâce à des guitares massives et imposantes, le groupe se montre également très pointu lorsqu’il s’agit de poser des ambiances plus Electro ou Funk, preuve d’un bel éclectisme.

Si EREI CROSS multiplie les expérimentations sonores en ne se privant d’aucune incartade, il est un domaine où il reste constant au point d’en faire l’épicentre de son concept. Le féminisme et l’émancipation de la femme sont au coeur du projet et la façon d’en parler se pose sur un ésotérisme et une symbolique forte. « The Widow And The Others » joue avec classe sur tous ces tableaux.

Catégories
Classic Hard Rock International

The Gems : brand new start [Interview]

Il y a quelques mois, le groupe féminin Thundermother vivait un véritable séisme avec le départ de pas moins de trois de ses quatre membres. Evincée par la guitariste Filippa Nässil, la chanteuse Guernica Mancini a vite été rejointe par Emlee Johansson (batterie) et Mona Lindgren (basse), qui ont quitté la formation à leur tour. Dans la foulée, le trio a monté THE GEMS et aujourd’hui le ciel s’éclaircit grandement. En effet, les musiciennes ont annoncé hier midi leur signature chez Napalm Records et l’avenir semble donc radieux. Quelques jours avant, j’ai eu l’occasion de poser quelques questions à la frontwoman de THE GEMS, Guernica Mancini, pour avoir quelques explications sur les évènements passés et aussi le futur des Suédoises. Première interview française, donc, pour nos revenantes !

Photo : Magic Dragon Productions

– Tout d’abord, je suis très content de prendre de tes nouvelles depuis votre départ de Thundermother. Dans un premier temps, j’aimerais savoir comment vous allez toutes les trois et ce qu’il s’est réellement passé alors que tout semblait vous sourire ?

Ce qu’il s’est passé, c’est que j’ai été renvoyée de Thundermother et cette décision a été prise uniquement par Filippa. Ensuite, Emlee et Mona ont décidé de quitter le groupe à leur tour. Nous avons toutes été choquées par cette décision vraiment irrationnelle prise par notre ancienne collègue, mais malheureusement c’était ce qu’elle voulait et nous n’y pouvions rien. Aujourd’hui, nous sommes heureuses de nous retrouver et de pouvoir continuer avec un nouveau groupe. Oui vraiment, nous sommes très excitées et très heureuses !

– La décision première a-t-elle été de rester toutes les trois et de monter un projet commun, ou avez-vous hésité à prendre chacune des directions différentes ?

Pour nous trois, cela a été une évidence. Nous aimons travailler ensemble et nous avons un tel respect et un tel amour les unes pour les autres que continuer en tant que groupe était la seule option pour nous. Et en ce qui concerne le style musical, nous continuerons avec le même son que nous avons apporté à Thundermother, dans une ambiance Classic Rock mélangée avec une touche plus moderne. Nous faisons une pause avec AC/DC ! (Rires)

Photo : Magic Dragon Productions

– Guernica, en novembre dernier, tu avais sorti un single en solo, « Inception », chez Golden Robot Records. Tu avais déjà des envies d’ailleurs, ou c’est un simple concours de circonstances ?

Je n’ai jamais eu envie d’aller voir ailleurs et quitter le groupe n’a même jamais été une option pour moi. Donc pour répondre à ta question, non, je n’avais pas cette idée en tête. Mais la jalousie est une garce et je ne suis pas sûr que certaines personnes réussissent à gérer le succès des autres… Ca n’a pas été le cas de Mona et Emlee. Elles sont toujours heureuses et solidaires. Nous nous soutenons toutes vraiment et c’est un beau cadeau.

– Une dernière question au sujet de Thundermother. Vous êtes trois à avoir quitté le groupe, soit l’essentiel du line-up. Pourquoi n’avez-vous pas décidé de le conserver, puisque vous étiez les plus nombreuses ? C’est une question juridique ou un désir de tourner définitivement la page ?

Nous n’avons pas pu garder le nom du groupe, car Filippa l’avait personnellement déposé dans notre dos. Cela aurait été une voie beaucoup plus facile et plus naturelle, c’est vrai. Mais maintenant que la situation est telle qu’elle est, nous avons l’impression que commencer quelque chose de frais et de nouveau. C’est un rêve et c’est tellement excitant. C’est un nouveau départ dont nous avions toutes vraiment besoin pour retrouver notre passion et notre amour de la musique, qui avaient été dilués en raison de cette situation toxique. Laissons Filippa avoir son groupe solo Thundermother. Nous sommes toutes tellement plus heureuses, car nous partageons toutes les trois les mêmes idées. Même si ça fait mal, nous croyons et nous sentons maintenant que c’est le mieux pour le long terme.

Photo : Magic Dragon Productions

– Avec THE GEMS, Mona retrouve aussi sa guitare, son instrument d’origine, ce qui doit être aussi très excitant. Comment cette nouvelle transition s’est-elle passée ? J’imagine que la décision n’a pas du être longue à prendre…

Ca a été très facile et travailler ensemble est si simple et tellement naturel. Nous nous amusons vraiment toutes les trois. C’est un vrai rêve. Honnêtement, je n’ai jamais pensé que ce serait même envisageable, puisque les années précédentes ont été une bataille difficile au sein du groupe. Et en effet, Mona jouera de la guitare et de la basse sur tous les enregistrements et c’est juste incroyable.

– Vous allez sortir votre premier single très bientôt et il porte un titre très évocateur, « Like A Phoenix ». On y perçoit déjà beaucoup de positif dans l’intention. C’est dans cette optique que vous l’avez composé ?

Oui, nous voulions une chanson avec un message positif. Pour faire comprendre aux gens que, quel que soit le drame qui s’est produit, nous n’abandonnons jamais et nous gardons toujours le positif dans tous les aspects de la vie. Tout cela n’est qu’une situation douloureuse supplémentaire, et aussi très formatrice pour le caractère. Nous reviendrons encore plus fortes qu’avant. Le titre de la chanson est donc « Like a Phoenix » et il sortira très bientôt, en juin espérons-le.

– Justement, est-ce que vous avez déjà commencé l’écriture d’un album complet, ou est-ce encore un peu tôt et la priorité reste ce premier single ?

Oui, nous écrivons actuellement notre premier album. Le premier single est déjà terminé et il est déjà prêt à sortir… (Sourires)

Photo : Magic Dragon Productions

– Vous allez aussi faire votre première grosse scène avec H.E.A.T, Clawfinger et Lucifer notamment en mai au festival ‘Downtown Riot’ chez vous. C’est génial pour vous de démarrer sur une telle affiche. Et c’est aussi l’occasion de présenter le groupe et de retrouver vos fans. Comment abordez-vous ce rendez-vous ?

Comme nous l’avons toujours fait auparavant. Nous voulons nous assurer que nous offrirons au public un spectacle divertissant et que la musique sera racée et groovy. Oui, nous sommes vraiment très heureuses de retrouver la scène.

– Enfin, de quoi sera composée votre setlist ? J’imagine qu’on y retrouvera des morceaux que vous avez composés pour Thundermother ? Et d’ailleurs, qui tiendra la basse ? Vous avez trouvé le dernier membre de THE GEMS ? A moins que vous ayez décidé d’évoluer à trois…

Pour notre prochain concert, Sara Pettersson (également une ancienne de Thundermother – NDR) nous rejoindra. C’était tellement amusant de se réunir et de jouer à nouveau ensemble. Nous sommes un trio et nous aurons différentes bassistes en live et serons donc quatre sur scène. La setlist comprendra bien sûr des chansons que nous avons écrites pour Thundermother, donc essentiellement des morceaux des albums « Heat Wave » et « Black And Gold », ainsi que des nouvelles chansons.

Avec cette signature encore toute chaude sur le label Napalm Records, THE GEMS prend donc son vol dans les meilleures conditions. Bien sûr, Rock’n Force ne manquera pas de nous informer de la sortie prochaine du premier album des Suédoises. D’ici là, vous pouvez les suivre sur Facebook :  www.facebook.com/thegemsbandswe

Catégories
Atmospheric Doom

Messa : une performance inouïe et unique

Doté d’une qualité sonore exemplaire, ce premier témoignage live de MESSA va en scotcher plus d’un ! En l’espace de seulement quatre (longs !) morceaux, tous extraits de sa dernière réalisation « Close », la formation italienne, qui a convié d’éminents invités, présente l’exceptionnelle prestation offerte lors du festival Roadburn aux Pays-Bas l’année dernière. La dimension palpitante du concert est d’une rare beauté et d’une alchimie totale.

MESSA

« Live at Roadburn »

(Svart Records)

Malgré une discographie composée uniquement de trois albums, deux splits et trois singles, MESSA est parvenu à s’imposer sur la scène Doom grâce à un style et une approche originale et pour le moins singulière. Fondé en 2014, le quatuor repousse sans cesse les frontières du genre en jouant sur son côté massif, mais surtout sur les atmosphères en parvenant à véritablement sublimer des compositions étonnantes.

L’an dernier au festival Roadburn en Hollande, MESSA a livré un set de quatre titres éblouissant, qui a hypnotisé les spectateurs tant la prestation a été intense et envoûtante. D’ailleurs, il suffit d’écouter ce live pour saisir la discrétion habitée de respect du public présent. Et pour l’occasion, les Transalpins se sont présentés avec un line-up élargi pour interpréter au plus près quatre extraits du récent opus « Close ».

Et la magie du dernier album de MESSA est parfaitement restituée grâce à l’apport des guests, mais aussi et surtout sous l’impulsion de sa chanteuse Sara. Sa force et son aura portent littéralement les morceaux, qui se fondent dans des ambiances orientales captivantes. « Suspended », « Orphalese », « 0=2 » et « Pilgrim » nous font voyager dans d’incroyables paysages sonores. Incontournable !  

Catégories
Metal Progressif

OSM : l’art du crescendo

En jouant sur les multiples facettes du Metal Progressif, à savoir l’aspect orchestral d’un côté et une sauvagerie très canalisée de l’autre, OSM présente un style très personnel et expressif. Mariant un chant clair très accrocheur et un growl loin d’être indispensable selon moi, le combo utilise de nombreux chemins et diffuse un concentré de Metal à la fois brutal et très mélodique sur ce très bon « Plagued By Doubts ».

OSM

« Plagued By Doubts »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Partagé entre La Rochelle et Poitiers, OSM a seulement cinq ans d’existence et pourtant on reste bluffé par la maîtrise et la créativité du quatuor. Après une première entrée en matière remarquée avec « Which Way », le groupe revient avec un second format court, « Plagued By Doubt », où il a mis de côté le Stoner Metal de ses débuts au profit d’un Metal Progressif ravageur, balayant un large spectre musical.

Avec six morceaux s’étendant sur 36 minutes, on se dit tout de même qu’on était à deux doigts de se délecter d’un album complet, même si ce deuxième EP est déjà réjouissant à plus d’un titre. Et justement, ses titres, OSM les a particulièrement soignés et le mix de Chris Edrich offre un relief incroyable et un équilibre parfait à l’ensemble. Et si certaines compos brillent par leur complexité, on ne s’y perd jamais.

Sombre et massif, « Plagued By Doubts » pousse le côté progressif du groupe dans ses retranchements en plongeant dans des atmosphères extrêmes, qui font contraste avec d’autres plus aériennes (« Stuck In A Wrong » et le génial « Drown By Myself »). La lourdeur mêlée à la mélancolie est omniprésente, ce qui laisse à OSM un vaste terrain d’expérimentation (« Abyssal… », « … Loudness »). Un EP complet !

Photo : Julien Kors
Catégories
Blues Rock Classic Rock Hard Blues International

Vargas Blues Band : Latin Blues [Interview]

Né à Madrid de parents argentins, Javier Vargas a monté le VARGAS BLUES BAND en 1991 et a multiplié les distinctions et les disques de platine. Homme de scène, ses albums sont d’une authenticité qui rend un hommage constant aux racines du Blues, tout y incluant des sonorités très Rock, Classic Rock et parfois même Hard Rock. Egalement très prolifique, l’Espagnol vient de sortir « Stoner Night » dans une version classique, en même temps qu’une ‘Edition Deluxe’. Entretien avec un guitariste inspiré.

– Si j’ai bien compté, « Stoner Night » et son Edition Deluxe, sont tes 26 et 27ème albums depuis « Del Sur », sorti il y a trois ans. Depuis plus de trois décennies, tu tiens un rythme très soutenu et pourtant, on sent toujours cette même décontraction dans ton jeu. Comment l’expliques-tu ? C’est juste le plaisir de jouer ?

Avec ma guitare, j’aime me laisser emporter par le ressenti et aussi respirer chaque note que je joue. J’ai toujours fui les artifices. Je cherche avant tout à servir le morceau et je créé les ambiances grâce aux riffs et aux accords. C’est vrai que j’aime jouer détendu, mais en restant concentré et sans oublier la mélodie. Pour transmettre une émotion, il suffit parfois d’une seule note.

– Sur tes précédents albums, tu faisais beaucoup de morceaux instrumentaux et il y en a d’ailleurs toujours sur ceux-ci. Cette fois, tu as ressenti le besoin que l’on pose plus de textes sur ta musique ?

J’aime toujours la musique instrumentale et beaucoup de mes plus grands succès ont été des morceaux instrumentaux. Mais pour ce nouveau projet, j’ai eu besoin de jouer avec du texte et dans une formule en power trio avec un chanteur très old school et Merrick (Wells, chanteur – NDR) m’a aussi aidé sur les paroles. Cela a vraiment été comme un processus de guérison dans lequel nous avons exprimé ce que nous ressentons après ces années sombres, qui sont aujourd’hui derrière nous.  

– L’album sort donc dans une version simple et classique, mais aussi en Edition Deluxe. Comment est née l’idée de sortir deux disques distincts et non pas directement l’édition augmentée ?

Vingt chansons avaient été enregistrées et j’ai pensé alors offrir aux fans autre chose qu’un simple album à écouter en conduisant, ou en se relaxant chez soi. Il y a un bon mélange de Blues, de Rock, d’instrumentaux et certains morceaux, qui sortiront dans un futur ‘Volume 2’ en streaming, sont vraiment expérimentaux. J’y ai joué tous les instruments, y compris la basse et les claviers.

– Par ailleurs, « Stoner Night » se présente aussi avec deux pochettes différentes avec une identité que l’on retrouve sur les deux disques. Qui a travaillé sur le graphisme et avais-tu déjà une idée précise de ce que tu voulais ?

Le logo a été créé par le légendaire Bob Masse, qui a créé les affiches de ‘Fillmore West’ (légendaire salle de concert de San Francisco – NDR). Je l’avais rencontré à Calgary. Il m’avait donné une affiche avec ce logo lors d’un concert et je l’utilise depuis. Récemment quand nous avons commencé à concevoir les pochettes et les illustrations de « Stoner Night », j’ai rencontré une illustratrice et dessinatrice de bande dessinée, qui s’appelle Sonja Brocal. Elle a fait un travail extraordinaire sur les deux albums avec des illustrations inspirées des 70’s pour chaque chanson.

– Il y a aussi des tracklists différentes sur les deux albums. Et puis, tu reprends aussi Muddy Waters, Chester Burnett et Chuck Berry. Comment s’est porté ton choix sur ces morceaux ? Tu les joues peut-être déjà régulièrement sur scène ?

J’ai toujours aimé jouer les classiques du Blues et mes préférés sont sur cet album. Mais je n’exclue pas un jour de rendre hommage à tous ces merveilleux bluesmen et d’en faire une compilation. En décembre prochain, j’enregistrerai d’ailleurs un album live, où je jouerai plus de classiques, avec ma signature bien sûr, et également avec un invité spécial de Chicago.

– L’énergie et l’intensité sont toujours très présentes sur tes albums. Tu produis d’ailleurs « Stoner Night » qui sonne très live. Dans quelles conditions as-tu procédé pour ses nouveaux enregistrements ? J’imagine que tu as suivi chaque étape de la production…

Hormis les morceaux plus expérimentaux du ‘Volume 2’, nous avons enregistré tous ensemble en studio dans une grande salle en nous laissant porter par la musicalité du lieu. J’aime ne pas perdre de temps en studio, car les premières prises sont souvent les meilleures.

– On le sait, les bluesmen en particulier sont très attachés à leur instrument et notamment les guitaristes. Tu jours sur une emblématique Stratocaster. Est-ce que tu as toujours préféré les Fender, ou est-ce que tu t’es déjà essayé à d’autres marques et types de guitares auparavant ?

J’ai toujours joué sur des Stratocaster et des Telecaster. Mais dans le passé, j’ai aussi utilisé des Les Paul et des Les Paul Junior. Et l’une de mes préférées est la Yamaha Mike Stern, qui a un son incroyable.

– Enfin, on sait que tu tournes beaucoup. Quels sont les prochains grands rendez-vous que tu attends avec le plus d’impatience et est-ce que tu feras un passage par la France aussi ?

Ces deux prochaines années, nous allons jouer en Europe et en Amérique. Nous serions ravis de revenir en France où nous savons que nous avons beaucoup de fans. D’ailleurs, je garde de très bons souvenirs des concerts que nous avons donnés dans votre pays. Alors, à bientôt sur la route !

Retrouvez tout l’univers du VARGAS BLUES BAND sur le site de l’artiste : https://www.vargasbluesband.com/