Entre ambiances aériennes et riffs dévastateurs, SLUNG joue sur les nuances et apporte beaucoup de soin à l’élaboration d’un Stoner Rock aussi Heavy que Psych. S’ils peuvent compter sur leur frontwoman, dont la prestation surclasse nombre de ses actuelles consœurs, les Anglais brillent aussi par leur impact instrumental, dont les inspirations sont d’une intensité qui les rend intemporels. « In Ways » se dévoile un peu plus à chaque écoute, même si son immédiateté séduit par une créativité très instinctive. A surveiller de très près !
SLUNG
« In Ways »
(Fat Dracula)
Assez éloigné de l’idée que l’on peut avoir de la scène musicale de Bristol, SLUNG est la vraie belle surprise en matière de Stoner britannique depuis bien longtemps. Elle se sera faite même fait sacrément attendre. Cela dit, les singles parus précédemment nous avaient déjà mis la puce à l’oreille sur ce à quoi nous pouvions nous attendre avec « In Ways », un premier album très abouti, tant au niveau de la composition comme de la production et de ses remarquables arrangements. Et avec la classe affichée, la boucle est bouclée.
Il est devenu très rare aujourd’hui de voir un groupe sortir un premier fort aussi raffiné et mature. C’est pourtant le cas avec SLUNG, dont on se doute sans mal que ses membres n’en sont pas à leur coup d’essai. Le travail d’écriture montre une belle osmose entre Katie Oldman (chant), Ali Johnson (guitare), Vlad Matveikov (basse) et Ravi Martin (batterie). Car si, bien sûr, la chanteuse interpelle d’entrée de jeu avec le fulgurant « Laughter », elle promet par la suite une performance hors-norme.
Au fils des morceaux, le quatuor impressionne et surtout parvient à surprendre tout au long de « In Ways ». Basé sur un Stoner Rock classique et groovy, SLUNG s’avance aussi dans des atmosphères psychédéliques et progressives, rappelant d’ailleurs certaines formations vintage. Très expressif, le chant offre un relief étonnant, tant la palette est riche, mais ce serait vite oublier les autres ressources du combo (« Class A Cherry », « Come Apart », « Collider », « Matador », « Limassol », « Heavy Duty », « In Ways »). A découvrir d’urgence !
Bruts et sans concession, les Suédois ne donnent pas dans le lisse et ne sont pas là non plus pour arrondir les angles. Très acéré et rugueux, le Hard Rock de BLISTER BRIGADE va piocher autant dans les origines du genre comme dans des sonorités très actuelles et Heavy. Sur des tessitures grasses et organiques, « A Rioting New Breed » a un aspect live et robuste sur lequel son frontman s’appuie pour propulser son quatuor avec une belle détermination et une fraîcheur qui enveloppent ce nouvel effort.
BLISTER BRIGADE
« A Rioting New Breed »
(Inverse Records)
15 ans de carrière, plusieurs changements de line-up et revoici BLISTER BRIGADE plus affûté que jamais avec un quatrième album, dont le titre en dit déjà long sur ses intentions. Toujours emmené par son fondateur, guitariste et chanteur Gustav Lund, le combo arbore un Hard Rock racé et bien rentre-dedans, mais la nouveauté sur « A Rioting New Breed » vient aussi de son aspect Heavy nettement plus présent que sur « Slugfest Supreme », sorti en 2020. L’ensemble est plus nerveux et délicieusement sordide. Ça tabasse !
Quelque part entre Skid Row (de la belle époque !), Motorjesus et Dokken, BLISTER BRIGADE se fraye un chemin à grands coups de riffs massifs et d’un explosif duo basse/batterie. Se revendiquant du ‘Street Metal’, les Scandinaves ont une approche percutante, même si « A Rioting New Bleed » déploie également de belles mélodies distillées sur un tempo rapide et qui ne s’encombre pas de fioritures. Frontal et puissant, ce nouvel opus avance sur une dynamique claire et un chant qui devient vite prenant et fédérateur.
S’ils sont très bien produits, l’arrivée du second guitariste apporte aussi beaucoup d’épaisseur et de lourdeur à ces nouveaux morceaux, qui ne perdent pourtant pas en vélocité. BLISTER BRIGADE est là pour en découdre et ne se fait pas prier (« Paradize Industrialized », « Stampede », « The Duke », « Small Town Tyrant »). Très convaincante sur les solos aussi, la doublette guitaristique se montre fulgurante et complice. Et puis, le groupe conclue ce bon album avec « Reborn A Better Man », une ballade très bien ciselée.
Malgré ses dix ans d’existence, HIMALAYAS donne le sentiment de s’épanouir enfin et de démarrer une deuxième ère musicale. Assez loin du Rock de ses débuts, la formation galloise sort « Bad Star », monte le son et affiche un style musclé, clairement plus frontal. Plus épuré dans l’approche, elle va à l’essentiel, sans négliger pour autant ses racines. La personnalité artistique du combo jaillit avec une évidence attendue et l’aventure paraît commencer entre une impression d’urgence et une fausse retenue qui lui va bien.
HIMALAYAS
« Bad Star »
(Nettwerk Music Group)
Je n’ai pas vraiment l’habitude de chroniquer ce genre de disque, d’autant que « From Hell To Here » sorti en 2023 et premier effort très orienté Indie Rock du groupe, m’avait totalement laissé de marbre. Mais cette transparence musicale s’était doucement dissipée l’an dernier avec le single « V.O.V », coécrit avec l’emblématique Brian Johnson d’Ac/Dc. De quoi vous mettre le pied à l’étrier de la meilleure manière. HIMALAYAS a dû se sentir pousser des ailes, car « Bad Star » est bien plus costaud.
Les jeunes Gallois semblent avoir changé de braquet et ont franchement renforcés leurs nouveaux morceaux. Plus brut et direct, ce deuxième opus dévoile une maturité acquise au fil des derniers mois et surtout l’envie de livrer un Rock solide et proche des fondamentaux du genre. Un brin Alternatif, légèrement Grunge et bien produit, « Bad Star » se pare aussi de mélodies efficaces et de refrains accrocheurs. Plus mainstream peut-être dans l’esprit, HIMALAYAS se montre cependant plus robuste et captivant.
Après avoir livré la moitié de l’album sous forme de singles (« Afterlife », « Surrender », « Nothing Higher », « Hung Up » et le très bon « Cave Paintings »), le quatuor présente donc l’ensemble de son travail et il reste quelques bonnes surprises. Globalement, il semble s’être concentré sur les riffs et l’énergie distillée est plutôt rafraîchissante. HIMALAYAS s’engouffre également dans des paysages plus atmosphériques bien maîtrisés (« Twisted Reflections »). En haussant le ton, les Britanniques se montrent convaincants.
Si à l’Est de l’Europe, la Serbe Ana Popovic brille de mille feux, il faudra dorénavant aussi compter aussi sur la Croate VANJA SKY, qui n’a rien à lui envier. Elle se dévoile comme une musicienne accomplie, une chanteuse polyvalente et une songwriter très inspirée. Avec « Access All Areas – Live », elle démontre sur la totalité d’un concert qu’elle est une incroyable et captivante frontwoman. Sans filet et avec audace, elle séduit sans mal un auditoire attentif et conquis.
VANJA SKY
« Access All Areas– Live »
(Flick The Flame)
Depuis la sortie de « Bad Penny » en 2018, VANJA SKY multiplie les concerts et semble même passer sa vie à en donner. Quittant parfois la route, elle a tout de même enregistré « Woman Named Trouble « (2020), puis « Reborn » (2023) et figure même aux côtés de Mike Zito et de Bernard Allison sur le « Blues Caravan Live 2018 », chapitre de la belle série en trio de Ruf Records. Autant dire que la chanteuse et guitariste ne manque pas d’expérience, bien au contraire, et que la scène, comme cela s’entend ici, est véritablement son jardin.
C’est finalement assez normal de retrouver un témoignage discographique en public aussi rapidement dans son parcours. Et l’enregistrement est même très récent, puisque « Access All Areas – Live » a été capté en une soirée au Theaterstübchen de Kassel en Allemagne le 28 janvier 2024. Le temps d’un double-album, VANJA SKY présente 16 chansons marquantes de son répertoire, dont quelques reprises comme « Shadow Play » de Rory Gallagher (l’une de ses références), ou les plus connues « Louie, Louie » et « Wild Thing ».
Ce qui est toujours étonnant dans le jeu de la Croate, c’est qu’elle a parfaitement assimilé de très nombreux courants du Blues pour atteindre une personnalité musicale forte. Si l’on perçoit du Chrissie Hynde dans la voix, c’est plutôt du côté du Texas et chez SRV que son jeu de guitare prend racine. Grâce à une setlist savamment étudiée, VANJA SKY nous embarque pour plus d’une heure et demi entre Blues Rock, moments Folk et Southern, ou d’autres plus Old School et Classic Rock. Attachante et virtuose, elle subjugue et on en redemande !
A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal, mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.
– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?
Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !
– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?
On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.
– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?
Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.
– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?
Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !
– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?
Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.
– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?
Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.
– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?
L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.
– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?
Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.
– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?
Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.
– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?
Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !
L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.
Aussi fantasque que surprenant, YNGWIE MALMSTEEN règne sans partage sur un Heavy Metal qu’il a façonné sur des bases classiques et dont il est un prodige inégalé. Le guitar-hero, tout en contrôle et en maîtrise, s’avère aussi un redoutable compositeur, même si ses adaptations restent le summum de son art. Sur plus d’une heure et demi et 30 morceaux, il retrace cette voie unique, dont il n’a jamais dévié, où la fureur et le sublime se fondent dans une entité véritablement hors-norme.
YNGWIE MALMSTEEN
« Tokyo Live »
(Music Theories Recordings)
Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, on ne reste pas insensible ou indifférent au jeu et au talent du Suédois. Et sur ce « Tokyo Live », cinquième album live et deuxième capté au Japon, le virtuose fait la preuve une fois encore qu’il reste ce maestro de la six-corde, fort d’une technique imparable et d’une vélocité phénoménale. En 40 ans de carrière, YNGWIE MALMSTEEN a réalisé 22 albums solos, en plus de deux autres avec, respectivement, Steeler et Alcatrazz en tout début de carrière. Enregistré au Zepp DiverCity de Tokyo le 11 mai 2024, il y célèbre cette fois ses quatre décennies au service d’un Metal néo-classique, dont il a fait sa griffe et dont il est l’étendard.
Avec un côté virtuose de chaque instant, le guitariste est pourtant un musicien sincère, qui vise toujours l’excellence et « Tokyo Live » témoigne de ce dévouement à une musique qu’il est l’un des rares à produire et qui demande autant de précision que de feeling. Grand amoureux de musique classique, YNGWIE MALMSTEEN a insufflé toute sa fougue dans les compositions de Paganini (« Paganini’s 4th »), de Jean-Sébastien Bach (« Badinerie ») et bien sûr d’Albinoni et son désormais légendaire « Adagio ». Jamais pompeux, il offre justement un aspect organique, tout en faisant reculer les limites de son instrument dans une explosion de technicité.
Cette nouvelle captation retrace l’ensemble du parcours incroyable du Scandinave, remontant même de ses débuts avec Alcatrazz (« Hiroshima Mon Amour ») jusqu’à « Parabellum » sorti il y a quatre ans. Le répertoire d’YNGWIE MALMSTEEN est vaste et les classiques se succèdent aussi généreusement que ses accords spectaculaires (« Rising Force », «Into Valhalla », « Evil Eye », « Far Beyond The Sun », « Seventh Sign », « Black Star », « You Don’t Remember I’ll Never Forget », « Toccata », …). L’homme à la Fender personnalisée montre à son public son amour pour les prestations live, celles où on ne triche pas et où il prend toute sa dimension.
Si de prime abord, les formations qui œuvrent dans les contrées très mélodiques du Hard Rock semblent se la jouer facile, c’est sans compter sur un sens du groove et une technicité omniprésents. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent depuis des décennies. H.E.A.T. fait partie de cette catégorie, qui n’a rien oublié de ses premières amours et qui cherche surtout à fédérer grâce à des titres entêtants et une musicalité chiadée. Avec « Welcome To The Future », les Scandinaves font ce qu’ils savent faire de mieux et nous embarquent dans un Hard FM haut de gamme.
H.E.A.T.
« Welcome To The Future »
(earMUSIC)
Après le fracassant retour de son chanteur originel en 2022, H.E.A.T. a retrouvé un bel élan avec « Force Majeure », premier opus sous la nouvelle ère Kenny Leckremo, suivi d’une compilation composée surtout de titres live et d’inédits (« Extra Force » en 2023). Depuis, les Suédois semblent avoir renoué avec leurs bonnes habitudes qui, si elles sont sans trop de surprises, ont le mérite d’être fidèles à une ligne défendue depuis leurs débuts. Toujours aussi mélodique, leur Hard Rock est conçu pour les stades, basé donc sur des refrains hyper-fédérateurs.
Mené par un frontman qui a totalement récupéré des problèmes cardiaques qui l’avaient éloigné de la scène pendant une bonne décennie, H.E.A.T. nous invite dans son futur avec un huitième album qui tient la route, entre des ‘Oh, oh, oh, oh’ à la pelle, mais surtout des riffs accrocheurs, des solos toujours aussi fins et une rythmique qui fait le job avec une redoutable efficacité. Plus étonnante est la production de « Welcome To The Future », qui se montre malgré tout très organique, loin des stéréotypes actuels du genre exagérément plus sophistiqués.
L’équilibre entre les membres est respecté et c’est toute la force du quintet : faire un Hard Rock à l’ancienne avec une touche moderne, en évitant la noyade sonore soporifique en vogue, surtout dans l’AOR, dont H.E.A.T. est finalement assez proche. Cela dit, ce nouvel opus contient quelques moments forts comme « Disaster », « Running To You », « In Disguise », « Rock Bottom », « Losing Game » ou « Tear It Down ». Et si certaines parties de claviers peuvent faire grincer des dents, le jeu du guitariste Dave Dalone fait bien passer la pilule. Très sympa !
Photo : Marcel Karlsson
Retrouvez les chroniques de « Force Majeure » et « Extra Force » :
Des twin-guitars au diapason, un rythme soutenu du début à la fin et une chanteuse à l’énergie communicative, il n’en fallait pas plus pour que THE RIVEN vienne confirmer avec force que sa présence dans le paysage Rock/Metal était tout sauf un hasard. Avec « Visions Of Tomorrow », la formation de Stockhölm passe le cap des trois albums avec une assurance qui fait d’elle l’une des meilleures représentantes de l’héritage laissé par la flamboyante NWOBHM. Et Totta Ekebergh assoit avec brio son statut de l’une des plus belles voix du style depuis longtemps.
THE RIVEN
« Visions Of Tomorrow »
(Dying Victims Productions)
Continuant son exploration dans un réjouissant revival 70’s et 80’s, les Suédois livrent leur troisième opus, « Visions Of Tomorrow », somptueux mélange de Power Rock, de Heavy Metal, de Hard Rock et d’un soupçon de Prog originel. En bientôt dix ans d’existence, THE RIVEN a très bien digéré ses influences pour atteindre une identité musicale désormais très personnelle et identifiable. Il s’appuie sur ses points forts, à savoir de belles combinaisons de guitares, une rythmique galopante et un chant féroce et aérien.
Après le très bon « Peace And Conflict » sorti en 2022, on attendait beaucoup du quintet et il y a de quoi de réjouir avec cet éblouissant « Visions OF Tomorrow ». Tout d’abord, l’excellente production signée Robert Pehrsson (The Hellacopters) met parfaitement en lumière le registre frais et direct du groupe. Sur un son très organique, THE RIVEN déploie son talent librement, loin des réalisations aseptisées d’aujourd’hui, avec une authenticité réelle et un sentiment d’urgence très perceptible. La performance est véloce et brute.
Avec une frontwoman en état de grâce et au sommet de son art, la confiance semble encore renforcée et les Scandinaves laissent pleinement « Visions Of Tomorrow » prendre son envol. Nerveux et massifs, ces nouveaux morceaux sont particulièrement affûtés et transmettent une sensation immédiate de familiarité, tout en restant originaux (« Far Away From Home », « Killing Machine », « Crystals », « Seen It All », « Follow You » et le morceau-titre). THE RIVEN frappe fort et marque les esprits grâce à un élan créatif décisif.
Retrouvez la chronique de « Peace And Conflict » :
Pour qui ne serait pas encore familiarisé avec CIRITH UNGOL (ça doit exister !), ce « Live At Roxy » est fait pour vous. Cultivant son côté underground, malgré une position de précurseur, le combo livre une prestation inoubliable et, à travers 20 morceaux triés sur le volet, parcourt sa carrière sans rien éluder et commençant même par son dernier opus en date… et en entier ! En attendant un septième joyau que le groupe annonce imminent, savourez donc celui-ci sans aucune modération.
CIRITH UNGOL
« Live At The Roxy »
(Metal Blade Records)
Plus de quarante ans après sa première prestation aux fameux ‘Roxy Theatre’ du Sunset Strip de Los Angeles, CIRITH UNGOL est retourné l’an dernier foulé à nouveau les planches de l’endroit qui les a presque vu naître. Car la carrière du combo de Ventura en Californie, est à l’image de son Heavy Metal : épique ! Enregistré à l’occasion de la sortie de son dernier album effort, le quintet avait offert à ses fans une soirée hollywoodienne digne de ses plus grandes heures. Et au menu de ce double-album, on retrouve l’intégralité de « Dark Parade » sur le premier disque et les classiques du groupe sur le second.
La première chose qui attire l’attention sur ce « Live At The Roxy », c’est ce son gras et robuste, tellement identifiable et véritable marque de fabrique des Américains. Sans artifice, CIRITH UNGOL se montre direct, d’une redoutable efficacité et on a surtout le sentiment d’être au cœur de ce concert, qui s’avère vite hors-norme. Très rapidement, on se prend dans ce Heavy, teinté de Doom et aux allures Power Metal (le vrai !) unique en son genre. Emporté par un Tom Baker en très grande forme, le public ne s’y trompe pas et semble savourer chaque riff et chaque embardée rythmique avec un plaisir qui s’entend clairement.
C’est devenu si rare aujourd’hui de voir un groupe interpréter l’intégralité de son nouvel album en concert qu’on se délecte de découvrir en version live le très bon « Dark Parade », sorti en 2023. Pour autant, CIRITH UNGOL n’oublie pas ses fans de la première heure et passe en revue sur le deuxième volet ses morceaux devenus de véritables hymnes pour beaucoup. De « Join The Legion » à « Atom Smasher », « I’m Alive », « Back Machine », « Chaos Descends ou « Frost And Fire », la setlist est époustouflante et vient nous rappeler à quel point les Américains sont incontournables sur la scène mondiale.
Retrouvez également la chronique de « Dark Parade » :
Si TONY HOLIDAY se présente avec des réalisations surpassant les précédentes sur un tel rythme, il devrait toucher la perfection d’ici peu. D’une écriture éclatante et entouré d’incroyables musiciens, il parvient à un somptueux mélange des genres, où les guitares rivalisent avec les cuivres, l’orgue et l’harmonica dans une rare harmonie. Avec « Keep You Head Up », le bluesman s’affirme comme une valeur sûre et incontournable de la scène Blues actuelle.
TONY HOLIDAY
« Keep Your Head Up »
(Forty Below Records)
TONY HOLIDAY a de la suite dans les idées et c’est peu de le dire. Septième album depuis « Porch Sessions », son premier opus sorti en 2019, et alors qu’on pourrait imaginer un certain essoufflement, c’est tout le contraire. Le chanteur se bonifie disque après disque et son style s’affine d’autant plus vite. Originaire de l’Utah et installé à Memphis depuis 2017, le songwriter distille un Soul Blues très expressif, basé sur un savant mix de Blues texan, de celui de Chicago aussi et de Blues Rock auquel il faut ajouter une touche de Hill Country. Et le pont entre les styles est solide.
Et le plus surprenant chez l’Américain est qu’il parvient à conserver une touche Old School tout en se présentant avec des chansons modernes dans leur écriture comme dans le son. Et pour « Keep Your Head Up », TONY HOLIDAY a fait appel à de très nombreux musiciens, dont quelques invités de renom. Enregistrés entre le Tennessee et la Californie par Eric Corne, les huit morceaux sont impressionnants de feeling et de finesse d’interprétation, et la profondeur, tout comme le relief et la chaleur, de la production sont exceptionnels. En somme, on cherche en vain les défauts.
Même si « Keep Your Head Up » ne s’étend que sur une demi-heure, les surprises sont nombreuses. Avec Eddie 9V sur le funky « She’s A Burglar », en duo avec le brillant Kevin Burt sur « Twist My Fate », accompagné par la guitare de Laura Chavez sur « Shoulda Known Better » ou aux côtés d’Albert Castiglia sur « Drive It Home », TONY HOLIDAY est à l’aise dans tous les registres. Y allant de son tonique harmonica sur trois titres, il porte littéralement ce nouvel album de sa voix enveloppante et tellement Soul. Une fois encore, il nous régale avec talent et on en redemande.