Deuxième album pour MOTOR SISTER qui abandonne les reprises pour se lancer dans un répertoire original. Avec « Get Off », le super-groupe se dévoile un peu, sans pour autant affirmer un style encore très identifiable. En passant d’un Hard’n Roll musclé à des titres Thrash presque Punk et d’autres plus Heavy ou Rock, le quintet peine un peu à se trouver.
MOTOR SISTER
« Get Off »
(Metal Blade Records)
Au départ, le chanteur Jim Wilson voulait juste se faire plaisir avec quelques amis sur des reprises de son groupe Mother Superior. Plutôt bien entouré, l’Américain a tapé dans l’œil du label Metal Blade Records et un premier album de covers, « Ride », est sorti en 2015. Explosifs, les morceaux ont repris vie et finalement MOTOR SISTER s’est soudé autour d’un line-up assez haut de gamme.
Composé de la chanteuse Pearl Aday (Pearl), du guitariste Scott Ian (Anthrax), du bassiste Joey Vera (Armored Saint) et du batteur John Tempesta (White Zombie, The Cult), le combo a fière allure et s’est lancé dans la composition d’un album original, à l’exception d’une reprise de Mother Superior, « Rolling Boy Blues ». Pour le reste, MOTOR SISTER a fait dans la nouveauté et la fraîcheur.
Seulement en écumant le back-catalogue de son groupe, Jim Wilson savait où il allait et il avançait en terrain connu. S’il est légitime de vouloir écrire de nouveaux morceaux, notamment avec de tels musiciens, encore faut-il qu’il y ait une ligne directrice et une idée précise. Or chez MOTOR SISTER, ça part dans tous les sens et on s’y perd un peu. Tous les styles convergent sans véritablement se retrouver. Dommage.
Entre un Heavy massif et un post-Rock tout en finesse, le post-Metal de NOORVIK se veut aussi singulier que créatif. Entièrement instrumental, « Hamartia » est le troisième album du quatuor allemand et il a pour concept la Grèce antique et sa mythologie à travers un environnement pourtant très moderne. Une immersion saisissante.
NOORVIK
« Hamartia »
(Tonzonen Records / Soulfood Music)
Originaire de Cologne en Allemagne, NOORVIK continue son périple post-Metal dans un registre instrumental très expressif. Après un premier album éponyme en 2018 et « Omission » l’année suivante, le quatuor livre un troisième opus très organique et particulièrement dense. Le groupe s’aventure à chaque fois dans une thématique différente, et celle-ci est moins glaciale que les précédentes.
C’est une plongée dans la mythologie grecque que présentent les Allemands avec ce très bon « Hamartia », qui s’étend sur pas moins de 70 minutes. Intense et progressif, le style de NOORVIK lui permet d’évoluer dans des ambiances presque opposées à chaque fois. Sans être trop atmosphérique, la formation joue à travers ses nouveaux morceaux sur une épaisseur musicale très maîtrisée.
Dès « Tantalos », dont le titre donne son concept à l’album, NOORVIK déploie un univers où les riffs sont appuyés et acérés, puis laissent place aux mélodies le temps de s’installer avec des passages plus tempérés, mais toujours captivants (« Hybris », « Ambrosia », « The Feast », « Tartaros »). L’antiquité grecque a donc nourri le quatuor germanique, qui avance dans une unité de sonorités musicales solides.
Tout en maîtrise et particulièrement créatif, LUX INCERTA a placé la barre tout en haut de la scène post-Metal et Doom française. Avec « Dark Odyssey », les Nantais effacent superbement la décennie passée à attendre ce deuxième album. Racée et magistralement orchestrée, cette nouvelle réalisation joue avec les ambiances et les atmosphères sans la moindre fausse note. Un modèle du genre.
LUX INCERTA
« Dark Odyssey »
(Klonosphere)
Il aura fallu attendre onze ans après « A Decade Of Dusk » avant d’avoir des nouvelles fraîches de LUX INCERTA. Il faut aussi préciser qu’entre-temps Benjamin Belot (chant) et Gilles Moinet (guitare) ont été occupés au sein de leurs formations respectives Penumbra et The Old Dead Tree. Mais cette longue décennie de patience en valait vraiment la peine, tant « Dark Odyssey » est un album saisissant et incroyable de diversité.
Sur la base d’un quintet pour l’enregistrement, car LUX INCERTA évolue aussi en concert, les Nantais nous plongent dans une aventure musicale où le Doom se fond dans un post-Metal parfois Black et même Sludge. Fort d’un univers très dark aux légers accents Gothic et New Wave, « Dark Odyssey » porte donc bien son nom et le travail d’écriture, d’arrangements et de production régale en tous points.
Sur les traces de leurs aînés et piliers du genre, les Français proposent un son très actuel à travers des morceaux très structurés et assez longs. Que ce soient les growls caverneux ou le chant clair (avec des passages en français sur « Decay And Agony »), LUX INCERTA brille de finesse et de puissance (« Far Beyond The Black Skies », « Dying Sun », « Farewell », « Fallen »). Enfin, les cordes apportent une touche profonde et délicate. Somptueux !
STONE BROKEN livre un troisième album étonnant où le piano et quelques éléments electro viennent s’immiscer, mais surtout où les guitares et les tempos se sont alourdis au profit d’un style qui se veut plus percutant. Avec « Revelation », le quatuor britannique se montre plus musclé tout en conservant des mélodies accrocheuses et enthousiasmantes.
STONE BROKEN
« Revelation »
(Spinefarm Records)
Après deux albums tout à fait honorables d’’un Rock relativement costaud, les Anglais de STONE BROKEN ont décidé de passer à la vitesse supérieure. La première étape a consisté en une étroite collaboration avec le guitariste de SikTh et producteur Dan Weller, dorénavant reconnu pour son travail avec Enter Shikari, Bury Tomorrow ou encore Young Guns. De solides bases donc, pour mieux aller de l’avant.
L’intention du quatuor des Midlands est par conséquent de durcir le ton et d’apporter plus de puissance à ses morceaux. Et c’est plutôt réussi sur ce « Revelation », dont les guitares ont pris beaucoup de volume et la rythmique basse-batterie une ampleur qui lui manquait. STONE BROKEN n’a pas froid aux yeux et même si le chant de Rich Moss reste mélodique, il y a aussi apporté plus de tranchant.
Si le quatuor britannique présente une certaine exaltation, elle se fait pourtant de manière plus sombre, mais tellement plus dynamique (« Black Sunrise », « Revelation », « Over The Line »). Avec cette nouvelle approche, que l’on peut largement apparenter à celle de groupes comme Nickelback et Seether, STONE BROKEN franchit un cap certain et s’engouffre dans un Alternative Metal Rock pêchu et fédérateur. Convaincant au final !
Parler des groupes ukrainiens est plus que jamais une question de soutien à un peuple et à ses artistes. C’est donc tout naturellement que Rock’n Force donne aujourd’hui la parole à IGNEA, groupe de Metal Symphonique et Progressif, basé à Kiev. Signé il y a quelques mois chez Napalm Records, les musiciens étaient en plein enregistrement de leur premier album sur une major, lorsque le conflit a éclaté. Entretien avec Helle Bohdanova, chanteuse du quintet, sur les récents événements qui ont bouleversé leur projet, mais surtout fait entrer la douleur dans leur vie au quotidien.
– Avant toute chose, comment allez-vous ? Et sans donner de précisions, êtes-vous toujours à Kiev et surtout est-ce que vous êtes tous sains et saufs ?
Tous les membres du groupe IGNEA vont bien, compte tenu des circonstances. Oui, nous restons tous à Kiev. Il est difficile de dire que nous sommes en sécurité, car il n’y a pas d’endroit sûrs en Ukraine, tant que la guerre continue.
– Avant de revenir sur ces tragiques événements qui secouent votre pays, j’aimerais aussi que l’on parle du groupe. Depuis ces cinq dernières années, vous avez sorti deux albums et un split EP plus récemment. Comment avez-vous démarré et de quelle manière avez-vous mené IGNEA jusqu’à présent ?
Le groupe a été fondé par notre claviériste et compositeur Yevhenii. L’histoire du groupe a commencé en 2013 avec notre premier EP « Sputnik ». Cependant, au cours de toutes ces années, nous avons été confrontés à de nombreux défis, qui nous ont empêchés d’être actifs tout le temps. Nous avons eu des partenaires commerciaux indignes, puis la pandémie et aujourd’hui la guerre. Cela fait beaucoup de bouleversements et d’aléas malheureux. Mais, pendant ce temps, nous avons agrandi notre base fans dans le monde entier, et nous les en remercions chaque jour.
– Justement, le fruit de tout ce travail a été récompensé avec la signature il y a quelques mois chez Napalm Records. Dans quelles circonstances cela s’est-il passé et j’imagine que c’est aussi une belle récompense pour vous ?
Je dis toujours qu’un contrat avec un label doit être bénéfique pour tout le monde. Je pense que nos progrès en tant que groupe ont attiré Napalm Records à nous, et notre désir de changer de label a favorisé les choses. Dans les faits, ils nous ont contactés, nous avons travaillé sur les conditions d’un contrat, nous avons trouvé un accord et nous voici donc chez eux. Cependant, notre collaboration démarrera véritablement au prochain album.
– Alors que vous étiez en plein enregistrement, la guerre vous a stoppé net dans votre élan. Où en étiez-vous sur l’album et comment cela se passait-il en studio jusqu’à présent ? Vous aviez bien avancé malgré tout ?
Nous avons réussi à enregistrer toutes les parties de guitare et de basse, quelques arrangements orchestraux et de synthé et la moitié des voix. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, et c’est assez compliqué avec les sirènes d’alerte de raids aériens, qui ont lieu chaque jour dans la ville. Mais nous essayons maintenant de faire tout notre possible pour au moins terminer l’enregistrement.
– D’ailleurs, peut-on avoir quelques informations sur l’album ? Quel sera son titre, par exemple ? Et qui le produit ?
Je ne peux encore divulguer aucun détail autre que le fait qu’il est produit par Max Morton, qui a façonné le son de toutes nos réalisations jusqu’à présent.
– J’imagine que l’enregistrement ne va pas pouvoir reprendre avant un moment. A ce sujet, le studio est-il intact et avez-vous pensé à poursuivre l’album ailleurs à l’étranger ?
Il faut savoir que cette guerre à grande échelle en Ukraine inclut une mobilisation générale. Tous les hommes de 18 à 60 ans ne sont pas autorisés à quitter le pays, tant que la guerre n’est pas terminée. Même si nous voulions partir à l’étranger en tant qu’artistes, ce n’est pas possible. Et, en dehors du travail du groupe, nous avons fait du bénévolat et aidé comme nous le pouvions pour combattre l’agresseur ici, à Kiev. Notre producteur reste également dans la ville. Donc, il n’y a aucune raison et aucun moyen pour nous de quitter le pays. Nous essaierons donc de terminer l’enregistrement à Kiev.
– Même si vos morceaux sont achevés au niveau de l’écriture, pensez-vous qu’à la reprise, la guerre puisse les faire évoluer en raison de probables sentiments endurcis et d’une colère légitime ?
Les chansons ont été achevées avant le début de la guerre, et c’est un concept-album qui n’a rien à voir avec la guerre. Par conséquent, nous ne changerons rien au niveau des compositions. Peut-être que ce sera plus facile pour moi d’enregistrer les growls, parce que je pourrais y mettre toute ma colère et ma douleur. Cependant, je dois avouer que ces événements nous ont changés en tant que personnes pour toujours. Notre musique dans le futur sera différente, c’est certain. Si nous survivons.
– Un petit mot sur « Bestia », qui est un split EP-concept que vous avez sorti avec le groupe Ersedu en octobre dernier. D’où est venue l’idée de ce concept et du choix de vos deux morceaux ? Et puis, il y a ce titre symphonique de 15 minutes également…
Cet EP est le résultat d’une amitié de dix ans avec ERSEDU (groupe de Metal ukrainien originaire d’Odessa) Nous étions chez eux au milieu de la pandémie et avons décidé de faire quelque chose ensemble. Ils avaient l’instrumental d’une chanson, j’ai écrit les paroles et c’est devenu « Mermaids ». Ensuite, le concept du disque est né et chacun a contribué à hauteur de deux chansons de son côté. Et enfin, parce que tous les titres ont une grande teneur symphonique, nous avons également décidé de faire un mix à partir des arrangements orchestraux utilisés dans ces morceaux.
– A l’heure actuelle, votre nouvel album aurait du être enregistré et vous deviez aussi être en tournée. Comment vivez-vous tout ça, et quand et comment imaginez-vous votre retour sur scène et plus globalement à la musique ?
C’est une question très difficile pour nous. Mis à part tous les événements horribles qui se produisent dans notre pays, il est très douloureux de voir d’autres groupes tourner et sortir de la musique pendant que notre carrière est suspendue et tout cela après deux ans de pandémie. Nous avons encore le temps de terminer l’enregistrement de l’album avant la date limite, mais vous devez comprendre que nous ne sommes pas en mesure de faire de photos promotionnelles, ni de filmer de vidéos ou de proposer autre chose. Beaucoup de gens ont quitté le pays et beaucoup ont perdu leur maison. Nos villes sont encore bombardées chaque jour. Et quand on va dormir, on ne sait pas si on se réveillera. Et tout cela malgré le fait qu’en ce moment, Kiev n’est pas encerclée par les troupes russes. Nous ne savons pas quand tout cela s’arrêtera et quand nous pourrons reprendre complètement les activités du groupe. Tout ce que nous pouvons faire, c’est croire en nos forces armées et les aider autant que nous le pouvons.
– Enfin, quand cette guerre sera terminée, et souhaitons-le le plus vite possible, comment voyez-vous le futur d’IGNEA ? Une reprise dans des conditions normales ne sera pas tout de suite possible…
Mentalement, nous pensons que nous ne nous en remettrons jamais. Parce que nous aurons toujours une trace de cette guerre dans notre âme et notre esprit. Mais nous voulons vraiment continuer et réaliser nos rêves de sortir de nouvelles musiques et de faire des tournées. L’une des choses que cette guerre nous a apprises est de ne rien remettre au lendemain, car il peut ne pas y en avoir. Une fois la guerre terminée, nous continuerons notre chemin musical, tout en restaurant nos villes après les destructions massives causées par les Russes.
Un grand merci à Helle, à qui je renouvelle bien sûr tout mon soutien, ainsi qu’à l’ensemble du groupe, et à Mike de Coene de Hard Life Promotion pour la mise en contact.
A force d’un travail acharné, les Lillois se présentent avec un album incroyable de créativité et osent à peu près tout à travers un registre où viennent s’entrechoquer des ambiances et des fulgurances étonnantes. STENGAH, en reprenant le titre d’un classique de Meshuggah comme nom, vise très haut et « Soma Sema » laisse entre voir le meilleur pour le quintet. Entretien avec Eliott Williame, batteur et compositeur du groupe.
– STENGAH est un nouveau venu sur la scène Metal française et dès votre premier album, vous mettez tout le monde d’accord en affichant une puissance phénoménale. Avant de parler de « Soma Sema », pouvez-vous revenir sur votre parcours, ainsi que sur votre signature chez Mascot Records pour vos débuts ?
Merci pour ce retour ! On a débuté le projet en 2013 en cherchant un line up stable et cohérent pour prendre le temps aussi de définir une identité précise et personnelle. C’est vraiment en 2016 que le groupe a commencé à exister avec les premiers concerts et la démo « Mechanic of the Sphere », sortie en avril la même année. En 2017, nous avons été sélectionnés et avons remporté le ‘Metal Battle France’, qui nous a envoyé jouer au ‘Wacken Open Air’, ce qui a été un gros tremplin pour nous faire repérer et gagner en visibilité. Ça nous a ouvert pas mal de portes, et de plus en plus de monde a commencé à s’intéresser à STENGAH. On a été très encouragé et très soutenu pendant la création de l’album jusqu’à tomber dans l’oreille d’un certain Richard Gamba, aujourd’hui notre manager et ami. Il nous a appris des milliers de choses et nous a accompagnés dans un premier temps pour sortir « Soma Sema » sur un label. Ce qui a fait la différence avec Mascot Records, c’est qu’ils se fichent un peu de savoir si le groupe est déjà connu, ou seulement émergent. Ce qui les intéresse avant tout, c’est la proposition artistique et le potentiel qui va avec. Ils y vont un peu au coup de cœur, et c’est pour ça qu’ils nous ont signé à l’époque. Honnêtement, c’est une des plus belles reconnaissances qu’on ait pu avoir sur ce disque.
– Entre Groove et post-Metal, votre style est aussi créatif que technique, ce qui rend votre album saisissant à tout point de vue. Vous jouez aussi sur les atmosphères avec un côté très progressif. STENGAH est un concentré de beaucoup de choses. Comment canalisez-vous toute cette énergie ?
Il y a un jeu de nuance que je retrouve principalement dans le Rock Progressif et le Jazz, où chaque moment va être impactant parce qu’il vient contrebalancer des couleurs musicales différentes. Ici, on joue sur le même plan, c’est-à-dire qu’un passage doux dans un morceau va renforcer énormément le suivant qui sera beaucoup plus agressif, ou inversement. Quelque chose de très sombre et très compacté va être mis en avant, parce qu’il va entrer en collision avec quelque chose de très lumineux et ouvert. Même si ça ne dure pas longtemps, ça suffit à ce que tout dans un morceau soit mis en valeur. Il y a des morceaux qui nous laissent, le public et nous-mêmes, totalement à bout de souffle. Et ça marche parce qu’il y a un temps de respiration avant ou après. Le défi évidemment est d’arriver à rendre tout ça très cohérent. Là, il faut y aller au feeling, tester, prendre des risques et se sentir satisfait quand ça fonctionne.
– « Soma Sema » fait vraiment penser à un voyage musical aussi chaotique que précis et très structuré. Quel est le point de départ de vos compositions ? Vous partez d’un thème mélodique, ou vous vous laissez guider par le texte ?
En général, il y a un thème qui me vient en tête, que je n’arrive pas forcément à identifier et qui me prend par surprise, puis en vient un autre, etc… Je dis souvent qu’il y a un côté accidentel. Je me laisse moi-même surprendre par la composition, ce qui demande beaucoup de concentration pour arriver mentalement à tout assembler comme un puzzle, en recherchant les bonnes transitions et le meilleur équilibre. Le texte peut arriver avant, pendant ou après. Il est un peu composé comme une guitare ou une batterie en attendant d’être restitué par le chant. Cette idée de voyage, de chaos et de structure, c’est tout à fait ça. Les trois cohabitent en permanence et forment un tout très personnel, et en même temps très ouvert et très contemplatif.
– Ce qui surprend aussi sur l’album, c’est l’approche presque animale des morceaux et leur aspect très moderne. C’est sur cette dualité que se basent le style et la démarche de STENGAH pour l’essentiel ?
Oui, je dirais que ça vient de la somme de nombreuses influences musicales et même d’autres formes d’arts, comme la peinture ou plus récemment la danse. Quand on ressent le mouvement de l’artiste dans sa production, je trouve ça saisissant. De même, il est très important pour moi de ressentir le musicien derrière son instrument dans la musique de STENGAH. C’est une manière de raconter quelque chose de sincère, qui prend aux tripes dès qu’on se laisse embarquer.
– Vous avez également un côté très avant-gardiste, malgré des riffs très Metal et tendus. A l’écoute de « Soma Sema », on a presque le sentiment que le Métal ne vous suffit pas et qu’il vous faut franchir d’autres caps. C’est le cas ?
A l’époque où le groupe s’est fondé, il était question de monter un ‘groupe de musique’, sans vraiment parler de Metal ou autre. J’aime préciser que le style Metal s’est imposé de lui-même à travers la composition et à mesure que le line-up s’est créé, notamment avec l’arrivée du chanteur qui est capable d’aller très loin en termes d’intensité musicale. Aujourd’hui, et je pense que c’est la grande force de STENGAH, on a un style musical très ouvert, qui va pouvoir se permettre d’emprunter à tous les genres musicaux. C’est une musique qui transpirera toujours notre amour pour le Metal sous toutes ses formes, mais qui a le potentiel d’évoluer constamment et de surprendre tout en restant cohérente.
– J’aimerais qu’on parle de la production et du mix qui présentent un parfait équilibre entre les deux guitares, la rythmique et le chant. Dans quelles conditions et avec qui avez-vous travaillé ? Et est-ce que le résultat est à l’image de ce que vous aviez en tête au départ ?
Je pense que ce qui donne cette sensation d’équilibre, c’est que nous nous sommes acharnés à donner un aspect ‘Live’ aux enregistrements studios. À la batterie, je ne cherche pas à coller absolument au clic. Le métronome est plus là en guise de repère. Je considère la basse comme une extension de la batterie, et vice versa. Donc même chose, dans quasiment tous les passages de l’album on joue seulement à deux, et non pas à trois avec le clic. On a bossé avec Thomas Jankowski au Sound Up Studio à Tourcoing, qui est aussi notre ingé-son live. L’avantage est que Thomas est lui-même batteur, ce qui lui permet de comprendre facilement cette approche rythmique un peu hors du temps et des mesures. Autre exemple, j’ai parfois fait refaire les parties de guitares, car elles étaient trop précises avec le tempo, ce qui donnait un aspect mécanique à certains riffs parmi les plus techniques.
– Vocalement, il y a aussi beaucoup de changements de tons et de tessitures. Comment adaptez-vous la voix à la ligne musicale ? Elle-t-elle le lead sur les morceaux ?
Pour le chant, on a enregistré au studio d’Alex Orta, qui est plus tard devenu guitariste au sein du groupe. À l’époque, nous avons enfermé Nicolas dans un tout petit espace, comme s’il se retrouvait lui-même piégé dans la thématique de l’album (qui parle d’un esprit piégé dans son propre corps). Je te rassure, on a pris soin de lui quand même ! Mais l’idée a été pour lui de s’immerger totalement dans les textes et la musique, et de mon côté, je lui racontais des paysages entiers, des rêves, avec des couleurs et des sensations. En quelque sorte, on a un peu joué avec le principe de synesthésie… Finalement, Nico s’est approprié tout ça et en a fait sa propre interprétation. C’est vraiment là que la voix s’est parfaitement intégrée dans la musique, à travers quelque chose à la fois d’écrit et de spontané. Ça nous a permis d’aller explorer tout un tas d’émotions qui sont parfaitement retranscrites dans son chant, et donc avec tout un tas de sonorités parfois même inattendues. On l’entend essoufflé dans « Swoon » ou à bout de souffle à la fin de « Blank Masses Inheritance », et ce n’est pas du bluff. C’est le fruit d’un engagement corporel et mental énorme de la part de tous à l’intérieur de cette musique.
– Enfin, un petit mot sur la scène, car avec la qualité des groupes français actuels, on peut imaginer de très beaux plateaux. Avec quelles formations seriez-vous ravis de partager l’affiche?
Il y a tellement de groupes… J’ai envie de dire à peu près tout le monde, même dans des styles un peu différents, on est toujours très ouverts quelque soit la nature du groupe. Si on reste en France, je dirais Igorrr, Hangman’s Chair, Gorod, Benighted ou même Gojira… des projets déjà bien connus, mais c’est vrai qu’il y a un paquet de belles découvertes à faire en France ou chez nos voisins en Europe. Et depuis qu’on a repris les concerts, c’est intéressant de découvrir comment tous ces groupes ont évolué durant les deux ans de stand-by général. J’ai envie de citer Oddism ou The Lumberjack Feedback qui sont de chez nous, ou Huntsmen (US) et Loathe (UK). Nous allons prochainement retrouver un groupe de Rock Prog semi-acoustique à Bordeaux, qui s’appelle Qlay, avec qui nous partageront une date là-bas le 14 Novembre 2022. On va mélanger les genres, et ça va être énorme. On serait encore ‘hors Metal’, mais mon plus grand rêve serait de partager un jour la scène avec le groupe français légendaire Magma, mené par Christian Vander.
« Soma Sema », l’album de STENGAH, est disponible depuis le 18 mars chez Mascot Records.
L’éventail musical proposé par les Finlandais de FACE THE LEGACY est d’une justesse suffisamment rare pour être soulignée. Plutôt que de s’enfermer dans un registre précis, le quatuor voit plus loin et passe d’un style à l’autre avec brio et impertinence. Hard Rock des 80’s/90’s, Heavy et la plupart des courants Metal des années 2000 : tout y passe et jamais on ne crie à l’imposture. « Ashes On The Ground » impose une détermination, une technique, une production et une inspiration surprenantes pour un premier album.
FACE THE LEGACY
« Ashes On The Ground »
(Out Of Line Music)
Les Finlandais de FACE THE LEGACY ne pouvaient trouver meilleur nom pour décrire leur musique et surtout leur démarche artistique. Se promenant entre les années 80 et 90 et avec de judicieuses incursions dans des courants bien plus récents et sur une puissante et limpide production, le quatuor réussit une synthèse complète et très intéressante d’un grand nombre de styles, dont les amateurs de musiques un peu fortes s’abreuvent depuis 40 ans. Avec un tel premier album, les portes lui sont grandes ouvertes.
Malgré le jeune âge de ses membres, c’est une étonnante maturité qu’affiche FACE THE LEGACY sur « Ashes On The Ground », sa première réalisation. La prouesse est d’autant plus respectable que les Finlandais n’ont pas connu la plupart des styles qu’ils s’approprient avec une facilité presque naturelle. Efficace avec sa formation guitare-basse-batterie-chant, le combo en rappelle forcément d’autres, mais il parvient tout de même à proposer une set-list très originale, percutante et franchement agréable.
Dès les premières notes de « Downfall », puis avec « United As One » et « I Still Burn », FACE THE LEGACY balance de gros riffs, une rythmique massive et surtout un chant capable de passer par de belles lignes mélodiques comme de s’engouffrer dans des screams bien sentis et tendus à souhait. Ces quatre jeunes hommes ont de l’énergie et de la ressource à revendre, et surtout, ils ne tombent jamais dans le panneau de la redite (« Bleed For Me », « I Am The Wind », « Hear us Out »). Bluffant et hyper-pêchu !
En bons sénateurs, les membres de WASTED livrent leur quatrième album en quatre décennies. Toujours aussi racé et affichant une énergie brute, le quintet danois œuvre dans un Heavy metal assez Old School, d’où émanent quelques parties très musclées bien Speed Metal et presque Thrash. Entre deux fantômes, « The Haunted House » ouvre ses portes…
WASTED
« The Haunted House »
(Denomination Records)
WASTED est sans nul doute un groupe d’intermittents du spectacle… au sens premier du terme. Fondé au début des années 80, les Danois comptent plusieurs périodes d’activités. De 1981 à 1985 tout d’abord, puis un retour ponctuel en 1987 et finalement, le quintet montre une certaine constance depuis 2013. Et après 41 ans de carrière tout de même, un quatrième voit le jour et la fougue est intacte !
Vétéran de la scène danoise, c’est donc assez naturellement que WASTED évolue dans un registre Heavy Metal Old School, mais sans l’être pourtant vraiment. Sur des bases 80’s et 90’s, le combo a réussi à rendre sa production et surtout ses compositions très actuelles. Robuste et massif, le combo fait preuve d’une vigueur inchangée et un goût du riff insatiable et ferme.
WASTED nous laisse donc les clefs de « The Haunted House » avec son atmosphère pour le moins sombre. Entraînant et fédérateur, le groupe ne se contente pas d’envoyer la sauce, il expérimente judicieusement quelques pistes audacieuses (« Mr Black », « Coffin Maker », « Resurrection »). De solos hyper Heavy en rythmiques racées, le quintet fait le job, de bien belle manière, et espérons que ce quatrième opus soit celui d’un retour définitif.
En quatre ans d’existence, NOTHING BUT REAL en aura fait du chemin. A force d’envie et de détermination, les Parisiens sont parvenus sur ce deuxième album, « Lost In The Word », à trouver l’équilibre et parfaire le son et l’univers musical qu’ils n’ont jamais perdu de vue depuis leurs débuts. Entretien avec Hanta (chant) et Tom (guitare) suite à la sortie de ce très bon opus fait de Rock, de Metal… et de tant d’autres choses.
– Je vous avais découvert il y a deux ans lors de la sortie de votre premier opus éponyme. Vous revoilà avec un nouvel album, « Lost In The World ». Les deux dernières années n’ayant pas été réjouissantes, comment les avez-vous passé, car il n’y a pas eu de concerts, ou très peu ?
Hanta : Effectivement, depuis le début de la pandémie avec deux ans sans concert, mais pas mal de choses se sont passées. On n’a jamais cessé d’interagir, que ce soit en visio, en chat, par email, pour continuer à faire vivre le projet. La promotion du premier opus s’est faite bon gré mal gré. Nous avons tourné les clips de « Therapy Toy » et « We are Nothing But Real » et renforcé notre visibilité sur Internet et les réseaux sociaux. Nous avons changé de bassiste et dès lors, le processus de composition s’est remis en marche. Heureusement, les studios de répétition où nous allions n’ont été fermés que ‘quelques’ mois et nous sommes également aussi allés chez les uns et les autres pour continuer à jouer et à créer.
Tom : Tu sais comment ça se passe pour un groupe, tu composes et tu sors un album, mais il y a toujours plus de matière cachée et il faut bien avouer qu’il y avait une bonne vingtaine de riffs et d’embryons, plus ou moins aboutis, de titres qui étaient déjà dans le pipe. Personnellement j’ai passé pas mal de temps à composer et affiner des titres qui sont sur « Lost In The World » et on se harcelait de messages. Après, j’avoue que pendant l’année 2020, Eghan (batterie – NDR) et moi avons pris du temps le soir pour dégrossir le travail sur quelques titres qui nous démangeaient.
– A l’époque, vos influences étaient facilement identifiables, alors qu’aujourd’hui elles semblent bien digérées et NOTHING BUT REAL affiche un style beaucoup plus personnel. Comme il y a eu peu de scène, comment avez-vous franchi ce cap dans votre jeu ?
Tom : Comme dans toute formation, on a commencé à se connaitre avec l’expérience des premiers singles, c’était le test en 2018. Puis, le premier album a confirmé cette envie. Ensuite, il y avait du travail à faire sur notre son, car il manquait quelque chose. Comme on ne pouvait pas défendre l’album sur scène, on a donc continué à répéter sur de nouveaux titres comme « Snake Eyes » et « Strike ». Ce sont ces deux morceaux qui ont clairement défini la couleur instrumentale actuelle. L’idée était de revenir à un son plus organique et d’ajouter ce qui a toujours été la visée à l’origine : une couleur plus électro et plus poppy, tout en gardant cette cohérence avec l’univers visuel que j’imaginais à la fois dark et flashy. On cultive cette dualité, qui est l’essence même du projet, car on aime vraiment différents styles d’où le côté hybride, qui est un challenge permanent. Avec l’arrivée de Victor à la basse à l’été 2020 ça a été l’occasion d’affirmer cette vision du son. C’était naturel, ça a matché très vite.
Hanta : Quand le groupe a été formé en 2018, hormis Tom et le premier bassiste, personne ne se connaissait et nous venions tous d’horizons différents. Au fur et à mesure de nos répétitions et de nos discussions, nous avons commencé à assumer nos propres goûts musicaux (même les plus inavouables !) et à les intégrer dans nos compos. L’arrivée de Victor et ses compétences en MAO ont également renforcé notre goût pour les samples, les nappes électroniques, les ambiances et les graphismes apportés au projet. Aujourd’hui, de par nos influences très variées et la confiance mutuelle qu’on s’apporte, notre jeu laisse apparaitre nos quatre personnalités assumées, sans artifice. Juste nous et nos envies, quitte à brouiller les pistes quant à notre ‘catégorie musicale’.
– Parlons de « Lost In The World », mais avant de d’évoquer son contenu, j’aimerais que vous nous disiez un mort sur votre signature chez M&O Music, car vous étiez autoproduits pour votre premier album…
Tom : J’avais été contacté par Alexandre pendant la sortie du premier album en 2020. Comme ça ne le faisait pas avec notre attaché-de-presse, nous en avons changé et cela a porté ses fruits. Il était donc naturel de rediscuter avec M&O pour ce nouvel opus. Au-delà du côté communication, Alexandre a écouté l’album et nous a dit avoir apprécié. Donc, on s’est entendu pour bosser ensemble via le label.
– J’imagine que c’est un sacré coup de boost. Cela a-t-il eu un impact sur votre motivation et surtout sur la direction musicale de ce nouvel album ?
Tom : Pour être franc, la motivation est toujours à son maximum indépendamment des gens avec qui tu bosses : label, PR agent, booker, coach, manager… A mon sens, quand on est artiste, amateur, semi-pro ou pro, ton moteur, c’est ta capacité à créer un son et un univers qui te ressemble. Il y a évidemment des hauts et des bas, nous sommes tous humains, mais il faut travailler dur pour arriver à un résultat et faire mieux encore par la suite. Ce qui était très cool, c’est de savoir que ça a plu à Alexandre, car il est exigeant et ce n’est jamais évident pour un label de défendre un groupe, qui oscille sur plusieurs influences parfois larges. Sur la direction musicale, cela n’a pas eu d’impact, car les morceaux étaient écrits et maquettés bien avant qu’on cherche à être accompagné, même si nous l’avions en tête. Il fallait faire du mieux possible avec nos moyens et c’est une chance d’avoir plu au label M&O Music.
– Composer un album en moins de deux ans durant une pandémie complique beaucoup de choses. Comment vous êtes-vous organisés et aviez-vous déjà des morceaux en chantier, voire déjà prêts, car l’ensemble est très mature ?
Hanta : Tom avait déjà quelques morceaux en chantier, qu’il nous a présentés en répétition. Nous avons donc pu en étoffer certains, qui avaient déjà de solides bases. Par la suite, il a suffi que l’un d’entre nous lance un riff, une ligne de basse, un rythme pour se chauffer, on bœuf dessus et comme ça groove pas mal, on enregistre le tout sur un téléphone. On réécoute tout ça chez soi, on l’affine de nouveau en répétition, et voilà. Maintenant qu’on se connait bien, on arrive à prendre rapidement une direction commune pour nos morceaux, et qui convienne à tous.
Tom : Si je te dis que « Here I Am » a été composée en 2008 et « Lost in the World » en 2013 tu me crois ? Il faut que ça mature ! (Rires) C’est vrai que les morceaux qui ont lancé la dynamique sont « Snake Eyes » et « Strike ». Il y avait bien « Behind the Door » et « Scars And Burdens », qui étaient abouties à 60% mais, comme dit Hanta, on a fait de la chirurgie esthétique par endroit, simplifié ou enrichi. Par exemple, sur « Lost in the World », la version originale était plutôt sur une rythmique Trip-Hop, et plusieurs fois Hanta m’a dit avoir du mal à trouver un flow accrocheur. Du coup, tu vois, c’est comme ça que ça se passe. Le côté ‘Poppy’ m’est revenu, car Hanta et moi écoutions beaucoup de Pop comme The Weekend, Billy Eilish ou Ed Sheeran à ce moment-là. Alors, j’ai reprogrammé une batterie plus groovy. Eghan se l’est approprié avec sa patte et ses enrichissements et c’est allé très vite. Pour le reste, ça s’est fait en répétition et en mode impro.
– Justement, le contenu de votre première réalisation était très identifiable comme je l’ai dit, alors que « Lost In The World » a un aspect très hybride comme vous le soulignez d’ailleurs. Vous faites la jonction entre le Rock Fusion parfois Metal et le Rock Alternatif. C’était l’objectif de départ ?
Tom : Oui car, même si on respecte beaucoup Evanescence, l’idée n’a jamais été d’aller dans cette voie. Vraiment le côté hybride avec un univers à la fois dark et lumineux, c’est ce qui nous correspond. Cela nous permet de jongler avec nos humeurs, même s’il y a une tendance à ce que ce soit des morceaux assez Rock pour nos familles ! (Rires) Nous sommes les deux faces d’une même pièce, donc l’enjeu était de forger un son suffisamment identifiable pour servir les morceaux avec la voix et le storytelling, et lier l’ensemble avec l’univers graphique. Tout est calculé chez NOTHING BUT REAL ! (Rires)
– La bonne production de l’album met aussi en évidence une complicité que l’on sent renforcée. On a l’impression que vous vous êtes beaucoup rapprochés, tant les nouvelles compos affichent une assurance et une force nouvelle. C’est le cas ?
Hanta : C’est exactement ça ! Il faut voir le fil de nos conversations, il est interminable. Il ne se passe pas un seul jour sans qu’on ne se parle ou ne partage des liens, des idées, des news, même en vacances. On a toujours trouvé un moyen de se voir, même quand l’un est au bout du monde sans réseau. Et comme tout groupe émergent, nous n’avons pas toute une équipe derrière, donc on se retrousse les manches et on se donne des tuyaux pour le faire. Accessoirement, passer plusieurs jours non-stop ensemble en studio d’enregistrement, ça resserre les liens. Quelques saucisses, quelques bières et les langues se délient facilement !
Tom : Oh yeaaaah !!!
– NOTHING BUT REAL présente des morceaux très accrocheurs et plutôt Rock dans l’ensemble, avec d’autres titres dotés de grosses rythmiques et de riffs appuyés. Vers où penchez-vous ? Rock ou Metal ? Ou les deux plus simplement ?
Tom : Les deux, mon capitaine. On ne te dit rien de la suite, mais il y aura encore des surprises. L’évolution n’est pas terminée, car notre niveau de créativité est au max. Si on avait voulu, eu du temps et un gros budget, nous aurions fait bien plus, car si tu voyais tout ce qu’on a sur le PC en morceaux ou en riffs pour la suite… Mais d’abord, place à ce nouvel album, car nous y avons mis beaucoup de cœur, d’énergie et c’est un vrai soulagement de voir quelque chose aboutir avec un résultat qui ressemble enfin à la vision de départ.
– Un mot aussi au sujet de la pochette de l’album qui s’inscrit un peu dans un esprit presque Stoner et Desert Rock. C’est une façon de brouiller les pistes ? L’ambiance du visuel est assez différente du contenu finalement…
Hanta : Bien que les paroles ne le laissent pas toujours transparaitre, l’album raconte une histoire : celle de Sakar, extraterrestre dont le vaisseau s’est crashé sur Terre de manière totalement inattendue, et qui se retrouve dans un monde sans repère. Le désert, c’est l’expression de la solitude et l’illustration sur la jaquette de ses déambulations solitaires à travers toutes les émotions et les rencontres hostiles qu’il va faire. Chaque chanson est en réalité une expérience qu’il vivra comme un pèlerinage, totalement seul, mais bien décidé à aller jusqu’au bout.
Tom : On ne renie pas ces influences Stoner, bien au contraire, même si elles ne se ressentent pas sur cet album. D’ailleurs, on remercie Flow du Chromatorium Music, avec qui nous travaillons quasiment depuis l’origine du projet. Maintenant qu’il a bien compris l’univers et la direction du groupe, je l’embête avec mes idées à la con. Pour la pochette et même toutes les pochettes, nous voulions amener un côté surréaliste. Pour cette cover en particulier, il fallait souligner le côté ‘perdu sur Terre’, et non « Perdu dans l’espace », qui est un bon film pourri ! Rires) autour de notre avatar Sakar, qui est le protagoniste. Brouiller les pistes, je ne sais pas. En tout cas, l’idée était de faire le lien avec le titre de l’album et tenter de surprendre un peu à l’écoute et en ouvrant la pochette…
– Enfin, on vous sent très aguerri et prêts à en découdre sur scène. Des concerts et/ou une tournée sont-ils d’ores et déjà prévus ?
Tom : Nous avons hâte d’y être, car lorsque ce sera possible : chaque titre aura droit à son ambiance visuelle en arrière-scène. Même si on adore créer et enregistrer en studio, rien ne vaut le contact avec un public qui réagit. C’est pour ça qu’on le fait avant tout. Alors, yes : WE ARE READY !
L’album de NOTHING BUT REAL, « Lost In The World », est disponible depuis le 25 mars chez M&O Music.
Autour de musiciens aguerris de la scène underground de Hambourg, OK WAIT est le fruit d’une association de talents, dont la vision musicale fait preuve de beaucoup d’originalité et d’ambition. Au cœur d’un post-Rock, souvent Metal et progressif, les Allemands traversent avec émotion et des sensations variées sur ce « Well », qui va crescendo au fil de morceaux instrumentaux puissants et délicats à la fois. Une expérience singulière et très réussie.
OK WAIT
« Well »
(Golden Antenna Records)
Pour son premier album, le quatuor de Hambourg frappe fort en proposant un voyage très immersif dans un post-Rock, d’où émergent des sonorités empruntant au post-Metal, au Noise et au Rock Progressif. Entièrement instrumental, « Well » joue autant sur des mélodies entêtantes que sur des fulgurances beaucoup plus musclées. Et si ce premier opus de OK WAIT sonne si bien, ce n’est pas vraiment surprenant. La finesse d’interprétation et la force des compositions ne peuvent laisser insensible.
Issu du milieu underground, ce post-Rock à la fois épique et hypnotique est le fruit d’une collaboration entre quatre musiciens partageant la même fibre pour des atmosphères aériennes, et pour l’essentielle très appuyées. A la barre d’OK WAIT, on retrouve les guitaristes Christoph Härtwig et Michel Jahn (Sonic Black Holes), le bassiste Florian Zeh (Ex-Rodha) et le batteur Lutz Möllmann (Barrels). Un casting de choix et une production signée Magnus Lindberg, qui ne laisse rien au hasard.
Dès les 15 minutes de « Wait », les Allemands nous propulsent dans un univers lumineux avant de laisser place à une ambiance plus sombre avec « Blow » ou « Cope ». OK WAIT se meut dans des titres très organiques et planants en s’appropriant des tessitures musicales très rythmées aux couleurs saisissantes (« Time »). Et « Well » monte en régime au fil de l’album, laissant place à quelques belles explosions très maîtrisées. Un beau périple dans lequel on aime se perdre avec insouciance (« Dust »).