Si la pochette, tout en sobriété, de ce quatrième opus de DEAD QUIET peut laisser penser à une musique sombre et violente, c’est presque le contraire que proposent les Canadiens avec « IV ». Les belles harmonies et les envolées métalliques nous replongent dans l’univers si créatif des années 70 et 80 et son esprit Rock indélébile et savoureusement rétro.
DEAD QUIET
« IV »
(Artoffact Records)
Faisant partie de la grande famille Stoner en raison de l’épaisseur des riffs essentiellement, c’est plutôt du côté des pionniers du Heavy Metal et du Hard Rock, à savoir Black Sabbath et Deep Purple pour faire court, qu’il faut regarder pour bien saisir l’essence-même et le feu qui animent DEAD QUIET. Depuis ses débuts en 2014, le groupe s’est forgé une solide réputation dans son Canada natal et tend à rugir partout ailleurs.
Dès son premier album éponyme l’année qui suivit sa formation, puis avec « Grand Rites » (2017) et surtout « Truth And Ruin » (2020), DEAD QUIET n’a laissé personne indifférent à Vancouver. La musique du quintet n’a pas tardé à se propager au-delà, fort d’un registre efficace, très travaillé et où les mélodies et la puissance jouent les équilibristes. Et malgré cet esprit très vintage, un vent de modernité souffle bel et bien ici.
Armé de deux très bons guitaristes, d’une rythmique massive, d’un claviériste parfois touché par la grâce et d’un frontman au charisme évident, DEAD QUIET possède de sérieux atouts. Les refrains sont implacables et l’énergie déployée rend ce quatrième album rapidement addictif (« The Hanging Man », « Dying To Live Again », « Existential Dread », « High Roads », « Murder City »). La marque des grands.
Fraîche et entraînante, cette nouvelle galette de JANET GARDNER et JUSTIN JAMES donne enfin tout ce que l’on attend d’eux depuis le début. Autour des deux guitares, de solides compositions font corps sur ce « No Strings » direct, sans fioritures et qui brille aussi par ce son si organique qui manquait jusqu’ici. La frontwoman offre la pleine mesure de ses capacités vocales et son alter-ego des solos spontanés, très relevés et le tout avec un naturel dont ils ont fait leur marque de fabrique.
JANET GARDNER & JUSTIN JAMES
« No Strings »
(Pavement Entertainment/Frontiers Music)
Depuis 2017 maintenant, l’ex-Vixen a entrepris, et de belle manière, une carrière solo en étroite collaboration avec son guitariste et producteur de mari JUSTIN JAMES. Après un premier album éponyme un peu poussif, puis « You Place In The Sun » en 2019, JANET GARDNER a enfin trouvé sa voie depuis le très bon « Synergy » sorti il y a trois ans et depuis lequel le duo affiche ses deux noms sur des réalisations qui s’affirment vraiment.
Pour rappel, JUSTIN JAMES a également travaillé avec Staind, Collective Soul et Tyketto entre autres, avec qui il a pu élaborer son travail d’ingénieur, ce que l’on perçoit sans mal sur la très bonne production de ce quatrième album, qui est véritablement celui de la maturité pour le couple. JANET GARDNER affiche une voix qui se polit avec le temps et qui a considérablement gagné en puissance, mais aussi en variation et en émotion.
Porté par ses racines musicales américaines, le groupe (car il s’agit aujourd’hui d’un quatuor) ne s’interdit rien et campe sur la base d’un Rock US ferme et délicat empruntant aussi au Classic Rock, au Hard Rock et au Blues. Avec « No Strings », GARDNER & JAMES évoluent avec une honnêteté et une authenticité sans faille (« I’m Livin’ Free », « Set Me Free », « Into The Night », « She Floats Away », « Don’t Turn Me Away », « 85 »). Une réussite !
Sur un Heavy Stoner Rock détonant, WOLFNAUT avance dans un registre musclé et saisissant et affiche une fraîcheur qui fait de cette quatrième réalisation l’une des meilleures du style de ces derniers mois. Produit par le groupe, « Return Of The Asteroid » brille aussi grâce au mix et au mastering du magicien Karl David Lidén (Greenleaf, Dozer, Lowrider), qui le rend irrésistiblement lumineux.
WOLFNAUT
« Return of the Asteroid »
(Ripple Music)
Formés à l’aube des années 2000 sous le nom de Wolfgang et auteurs d’un premier album, « Welcome To The Castus Mountains » plutôt bien reçu, les Norvégiens ont pourtant fait une longue pause avant de se reformer en 2013 sous le patronyme de WOLFNAUT. Depuis, ils ont sorti deux disques, sont de retour avec le quatrième sous la bannière de Ripple Music et sont loin de manquer d’arguments.
Au coeur d’un Heavy Stoner très varié, WOLFNAUT passe de sonorités Hard Rock à d’autres plus Metal avec quelques incartades vers le Desert Rock et le Doom, l’ensemble exécuté avec une grande fluidité. Très créatif, le trio offre une large palette musicale avec en fond, comme en surface, un fuzz gras et profond. Les Scandinaves ont de la suite dans les idées et « Return Of The Asteroid » montre une belle ouverture d’esprit.
Portés par des riffs tranchants et accrocheurs, une rythmique massive et étincelante et un chanteur captivant, les neuf titres s’avalent d’une traite et on se laisse irrémédiablement happer par l’énergie déployée par WOLFNAUT (« Brother Of The Badlands », « My Orbit Is Mine », « Crash Yer Asteroid » et la sublime ballade « Arrows »). Concluant avec les monstrueux « Crates Of Doom » et « Wolfnaut’s Lament », le combo signe un opus magistral.
Des lignes de basse d’un groove exceptionnel, une batterie virevoltante, un guitariste inspiré et frénétique et un chanteur d’une vigueur et d’une robustesse à toute épreuve, telle est la mouture de THE POOR. Même si les Australiens livrent seulement leur quatrième album en plus de trois décennies d’existence, leur détermination est intacte, et peut-être même décuplée. Ce « High Price Deed » est un très bon cru pour qui aime le Hard Rock brut, efficace et hyper-fédérateur, devenu si rare.
THE POOR
« High Price Deed »
(Reckless Records)
Malheureusement méconnu dans nos contrées européennes, THE POOR représente pourtant la digne relève de ses aînés Ac/Dc et Rose Tattoo. Et là-dessus, la presse australienne est unanime : le quatuor est l’un des rares à pouvoir encore faire se lever les foules. Fondé en 1986 à Darwin dans le Nord de sa gigantesque île, le groupe a sorti deux EP avant que son premier album, « Who Cares », l’installe définitivement dans le paysage Hard Rock, teinté du Pub Rock propre à son pays.
Fondateurs et piliers depuis les débuts, le guitariste Daniel Cox et Anthony ‘Skenie’ Skene à la rythmique et surtout au chant sont la marque de fabrique de THE POOR, qui ne serait rien sans son énergique rythmique menée par Matt Whitby à la basse et Gavin Hansen derrière les fûts. Et pour mettre le feu, ces quatre-là savent y faire ! Irrésistible, leur style et leur jeu rappellent inévitablement les années 90, époque où ils ont explosé. Après un break entre 2000 et 2008, ils sont définitivement de retour comme le confirme « High Price Deed ».
Sur un Rock’n’Roll brut et rugueux bardé de riffs implacables et des solos terriblement Heavy, THE POOR fait son grand retour discographique après 13 ans d’absence. Regonflé à bloc et porté par une prestation vocale d’une rare puissance, les Australiens conservent un séduisant esprit vintage, doublé d’une fougue résolument moderne (« Payback’s A Bitch », « Cry Out », « Hurricane », « This Is The Story », « Goin’ Crazy »). Electrisant et bourré d’humour, le combo ne laisse personne insensible, alors laissez-vous tenter !
Sur des mélodies jouées à la mandoline, des solos cristallins plein de feeling, des rythmiques souples et entraînantes et un chant très attachant, MUDDY WHAT ? diffuse un Blues joyeux et touchant. Avec ce troisième album studio, la formation germanique se livre dans des paysages musicaux surprenants et colorés. « Spider Legs » swingue autant qu’il apaise.
MUDDY WHAT ?
« Spider Legs »
(Howlin’ Who Records)
C’est à une belle balade à travers un Blues original que nous invitent les Allemands de MUDDY WHAT ?. Avec un nom qui déclenche à lui seul le sourire, le groupe relève facilement le challenge qu’il s’est donné à sa création en 2006. Même son line-up est atypique, puisqu’on retrouve Ina Spang (lead guitare et mandoline), son frère Fabian (chant et guitare rythmique) et Michi Lang qui alterne la basse et la batterie.
Originaire de Bavière, MUDDY WHAT ? ne s’impose aucune frontière, même si la formule présentée a des saveurs inspirées du Sud des Etats-Unis. Avec dorénavant quatre albums à son actif, dont un Live, le trio propose pour la première fois un opus entièrement de sa composition. Aucune reprise donc et c’est tant mieux, car le groupe a des arguments à faire valoir et des sonorités très personnelles à livrer.
Enregistré dans un haut lieu du Blues local, « Spider Legs » se déploie justement dans une chaleur très vivante et authentique. Et MUDDY WHAT ? ne manque pas de sincérité dans son jeu, loin de là. Entre Blues flamboyant et escapades Bluegrass et Folk, le combo se montre aussi éclatant que d’une grande finesse (« Dead Cigars », « Much Too Loud », « What Would I Do »). Une fraîcheur incroyable et positive !
Comptant parmi les bassistes les plus talentueux et discrets de sa génération, MARCO MENDOZA a fait les beaux jours de grandes formations internationales et livre aujourd’hui un quatrième album réjouissant et entraînant. Avec « New Direction », il montre aussi de très belles capacités vocales et un sens de l’écriture très affiné, l’ensemble étant interprété par des musiciens affûtés et plein de feeling.
MARCO MENDOZA
« New Direction »
(Mighty Music/Target Group)
Pour les fans de Thin Lizzy, Whitesnake, Journey, Ted Nugent, Black Star Riders et The Dead Daisies, MARCO MENDOZA est loin d’être un inconnu. Bassiste virtuose au groove incroyable et très identifiable, l’Américain a foulé la scène aux côtés des plus grands et participé à des albums mémorables. Et pour son quatrième opus en solo, le musicien s’est entouré d’un groupe de haut vol et la fraîcheur qui se dégage de « New Direction » est incroyable et particulièrement communicative.
C’est au Danemark, où siège son label, que MARCO MENDOZA a posé ses valises et s’est adjoint les services de pointures. Pour la batterie, on retrouve Morten Hellborn (Electric Guitars) et Allan Tschicaga (Pretty Maids). Viennent compléter ce beau tableau : Soren Andersen aux guitares, aux claviers et pour cette lumineuse production, ainsi que le brillant six-cordiste écossais Tommy Gentry de Gun. Un casting de choc pour dix titres très positifs et addictifs.
Concernant le mix et la production, Soren Andersen (Mike Tramp, Radiohead, Prince) a fait des étincelles comme il l’avait d’ailleurs déjà fait sur « Viva La Rock » (2018), le précédent album de MARCO MENDOZA. Ouvrant sur le dynamique « Take It To The Limit », le bassiste et chanteur se montre imparable dans un Hard US classique, bien ciselé, percutant et doté d’un songwriting irréprochable (« Light It Up », « Shoot For The Stars », « Free Ride », « New Direction »). Rayonnant !
Grâce à une qualité d’écriture somptueuse, GRACE SOLERO rend ses morceaux réellement addictifs. Porté par son envoûtante chanteuse, ce quatrième album incarne le Rock sous toutes ses formes. Et sur une production irréprochable, « Metamorphosis » se fait Grungy, presque Stoner, ainsi que revival 70’s avec un côté Psych irrésistible.
GRACE SOLERO
« Metamorphosis »
(Independant)
Depuis son premier album en 2009 (« New Moon »), la chanteuse et guitariste londonienne GRACE SOLERO continue son bonhomme de chemin, ce qui lui a permis avec son groupe de tourner dans toute l’Europe, aux Etats-Unis et au Canada aux côtés de grands noms. Et c’est avec un très bon quatrième opus que le quatuor fait son retour avec des morceaux qui montrent autant de variétés que de sonorités renversantes.
Très Rock, parfois Hard 70’s et souvent psychédélique, « Metamorphosis » est un disque qui invite à la rêverie tout en assénant des riffs musclés et une rythmique aérienne. Entourée du batteur et multi-instrumentiste gallois Dave Guy, du bassiste suédois Bjørn Zetterlund et du guitariste et compositeur américain Dan Beaulaurier, GRACE SOLERO affiche une solide expérience.
Si « Metamorphosis » est arrangé et produit par le groupe lui-même, on doit le mix à Chris Brown (Radiohead, Gary Moore, …) et le master à Andy Baldwin (The Who, …), ce qui lui donne une texture ronde et brute très authentique. GRACE SOLERO enchaîne les titres avec talent, même si vocalement, on pense irrémédiablement à Alanis Morissette (« Orange Sky », « Awake », « Lucid Dream »). Une belle réussite.
A la fois Metal et Rock, Psyché et Progressif, les Français de LIZZARD ont trouvé leur formule : un subtil mélange très personnel, très construit et organique. C’est en Allemagne que le groupe est allé enregistrer son quatrième album, sorti en février dernier, et il en ressort un « Eroded » solide, massif mais également aérien et atmosphérique. Retour avec William Knox, bassiste du combo, sur ce nouvel opus et sur la démarche artistique de ce trio atypique.
– « Eroded », votre quatrième album, est sorti en février dernier et il montre encore une belle évolution dans votre musique. Tout d’abord, j’aimerais qu’on revienne sur votre passage de Klonosphere à Pelagic Records. Qu’est-ce qui vous a motivé et comment cela s’est-il passé ?
En Europe, il n’y en a pas tant que ça de labels qui évoluent dans le style qu’on fait, alors on a vite fait le tour en termes de choix. A partir de là, c’est l’envie de toucher un public plus large, tout simplement, qui nous a fait signer chez Pelagic Records. Ils ont une bonne réputation et collent à ce qu’on fait que ce soit musicalement ou esthétiquement. On avait déjà été en contact avec eux sur une tournée fin 2019, et le courant est bien passé, alors c’était assez logique pour nous de vouloir faire un bout de chemin avec eux !
– A la sortie de l’album, vous avez déclaré que ce nouvel opus était un message d’espoir pour avancer vers des destinations plus lumineuses. Pourtant, vous vous êtes imposés un confinement d’un mois en studio à Berlin avant même la pandémie. En plus d’être paradoxal, c’est assez prémonitoire, non ?
Oui ! Après bien sûr, il y a une différence entre se confiner par choix pour des raisons de tranquillité, qui nous ont permis de se concentrer et de se mettre dans l’ambiance de l’album, et le vrai confinement qu’on a tous connu par la suite. Mais le thème de l’album était prémonitoire, c’est assez clair maintenant avec le recul. Le message qu’on a voulu faire passer que ce soit dans les textes, ou également par la musique et ses ambiances, sur « Eroded » on savait (comme beaucoup le savent) qu’on va droit dans le mur pour ce qui est de l’espèce humaine et du bien-être de la planète toute entière, ce n’est pas nouveau. Mais il s’avère que les conséquences arrivent de plus en plus vite, en boule de neige, alors à nous tous de réagir avant que ce ne soit trop tard. Mais on reste quand même sur l’idée qu’il n’est jamais vraiment trop tard, et de là né l’idée de lumière au bout du tunnel, c’est quand tout va très mal que les gens finissent par réagir seulement. On y est.
– Il y a toujours cette incroyable unité et complicité au sein de LIZZARD et cela s’entend vraiment. En 15 ans, le line-up n’a pas bougé, ce qui est d’ailleurs toujours étonnant pour un groupe. C’est de là que vous puisez cette force créatrice ?
On se connait forcément très bien maintenant, humainement puis de manière créative, on sait ce qui fonctionne, ce qui fonctionne moins, et ça nous permet d’aller droit au but. L’alchimie entre les membres est toujours beaucoup plus important qu’on le croit dans n’importe quel groupe, et quand on a la chance d’en arriver à faire quelque chose d’harmonieux et abouti il faut le saisir, ne pas le gâcher. Pour l’instant on a toujours tous les trois la même motivation qu’au départ du groupe, alors tant que c’est là : on ne lâche rien ! Certainement qu’un jour ça changera, ou ça évoluera, mais aujourd’hui on n’y pense même pas.
– Musicalement et même si vous restez toujours aussi pêchus et incisifs, « Eroded » montre un visage plus atmosphérique et protéiforme, tout en étant éthéré et chaleureux dans le son. Là encore, LIZZARD a évolué et reste assez insaisissable. Malgré tout, vous semblez ne faire aucun compromis. Comment se passe le processus d’écriture au sein du trio ?
Au tout début du groupe, à l’époque de notre démo « La Criée » et du premier EP « Vénus », on avait déjà ce côté atmosphérique, mais qui était plutôt mis en avant. On construisait autour de thèmes aérés avant d’arriver sur bosser des structures plus bétons et en faire des morceaux. Donc à partir de jams ambiants, on travaillait et on arrivait au final avec quelque chose de moins structuré qu’aujourd’hui. Sur « Out Of Reach » et « Majestic », c’était plutôt le contraire, béton d’abord sans trop de passages psyché. Au fur et à mesure des années, on a un peu inversé ou plutôt équilibré notre méthode sans trop y faire gaffe, et maintenant sur « Shift » et « Eroded » je dirais que les morceaux sont construits autour de riffs de guitare, avec des déclinaisons de passage ambiants, qui servent à la fois aux morceaux et à l’album dans son ensemble. Et ça donne ce que tu décris dans ta question. La plupart des riffs sont composés par Mat à la guitare acoustique, et on se rejoint tous les trois en répète à l’ancienne pour en faire des morceaux.
– « Eroded » se distingue aussi par cette séparation entre une première partie musclée et une seconde plus épurée et même délicate. Pourtant, l’unité entre les morceaux est évidente. Pourquoi avez-vous scindé l’album de cette manière et d’où est venue l’idée ?
Tout simplement parce qu’on pense à la fois au format vinyle qu’au format numérique, et qu’on a envie que l’auditeur puisse écouter la face A et la face B comme deux ‘minis albums’ qui sont autosuffisants. Deux visions du même thème. C’est important pour nous d’emmener l’auditeur quelque part, sans qu’il s’ennuie ou s’endorme sur la route, que ce soit en concert ou sur album. C’est donc toujours un challenge pour trouver l’ordre des morceaux qui va bien, qui marche à la fois pour une écoute intégrale, et en même temps si on écoute une seule face du vinyle. On peut aussi écouter la face B avant s’enchainer sur le face A, ça fonctionne aussi ! Mais c’est différent.
– Au-delà d’un jeu chirurgical et très organique, la production signée Peter Junge rend vos morceaux très généreux et très énergiques. Avez-vous étroitement collaboré ou au contraire lui avez-vous laissé carte blanche ?
Je pense qu’on est assez difficile en termes de peaufinage, mais en même temps un producteur trouve ça plus facile quand il bosse avec des artistes qui savent exactement ce qu’ils veulent et ce qu’ils cherchent. Après trois albums, je pense qu’on en est là, on sait ce qu’on veut, et surtout ce qu’on ne veut pas. Donc il n’a pas carte blanche, mais on est toujours ouvert à des idées de prod’ : on est surtout à la recherche d’énergie, et une ressentie de performance, plutôt qu’une répétition. Et ce n’est pas si facile à faire pour rendre un mix à la fois dynamique et vivant, mais moderne et léché en même temps. Je pense que c’est la force de Peter sur cet album, il a su garder le côté live sans faire de compromis sur la pertinence de la production. Mais après on n’est jamais satisfait à 100% de notre travail, et on sait déjà ce qu’on a envie de changer pour le prochain !
– Pour conclure, comment définissez-vous le style de LIZZARD qui, là encore, est très contrasté ? Power Rock, Metal Progressif, avant-gardiste, psychédélique ?
Pour définir un style on est plus ou moins obligé d’utiliser beaucoup de mots, et en même temps plus on définit, plus on s’éloigne quelque part de ce qu’est la musique, c’est-à-dire l’unicité d’un groupe de zique. On se considère comme un power trio, quelque part à mi-chemin entre le Rock et le Metal, avec un côté Prog et un côté Psyché. Voilà, j’espère que tout le monde sera d’accord ! Mais certainement que tout le monde aura un avis différent !
« Eroded », l’album de LIZZARD, est disponible depuis le 19 février chez Pelagic Records
Contourner l’évidence et les codes semble avoir été le leitmotiv de ce quatrième album de LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL. Si la touche et l’esprit Stoner Doom sont toujours présents, le quintet français s’est ouvert une nouvelle voie qui conduit « Polaris » dans un post-Rock convaincant et immersif.
LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL
« Polaris »
(Klonosphere/Ripple Music)
Après 15 ans d’activité et le très bon « Human Collapse » il y a cinq ans, LOS DISIDENTES DEL SUCIO MOTEL fait son retour avec « Polaris », qui marque encore le franchissement d’un cap pour le quintet. Toujours sur une base Stoner Doom, c’est plutôt dans un esprit post-Rock aérien que se déploie ce quatrième album. Consistant et intense, le registre des français prend encore de l’ampleur.
Fuzz, Progressif et très Psych, LDDSM n’a pas délaissé son identité sonore construite autour de gros riffs, de mid-tempos hypnotiques et de cet esprit très jam, qui fait sa signature. Et avec son irrésistible polyphonie menée par Nicolas Foucaud, Daniel Scherding et Katia Jacob, les Strasbourgeois sont aussi incisifs que planants et font une belle place aux parties instrumentales (« Earthrise »).
Assez Grungy sur « Blue Giant » et « Horizon », LDDSM joue la carte de la diversité pour nous guider dans un univers musical qu’il maîtrise parfaitement (« The Plague », « AlphaUrsae Minor »). Loin d’être plombant, « Polaris » propose des moments plus légers et très convaincants (« The Great Filter »). En se démarquant d’un Stoner et d’un Doom trop prononcés, le quintet s’ouvre une brèche post-Rock originale.