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Hard Rock Metal Progressif

A-Z : abécédaire progressif

Virtuose et très technique, le groupe fondé par Ray Alder et Mark Zonder, qui ont navigué ensemble sous le pavillon de Fates Warning un temps, sort son premier album éponyme. Progressif et mélodique, le Metal du quintet flirte avec le Hard Rock 70’s sur des morceaux très calibrés interprétés par des musiciens triés sur le volet.

A-Z

« A-Z »

(Metal Blade Records)

A-Z, comprenez ‘A through Z’, est l’initiative mise en œuvre par le chanteur Ray Alder (Fates Warning) et le batteur Mark Zonder (ex-Fates Warning, Warlord). Désireux tous les deux de se lancer dans un nouveau projet et de relever un autre défi, les Américains renouent avec la musique qui les a toujours fait vibrer, à savoir un Hard Rock Progressif estampillé 70/80’s et remis au goût du jour.

Alors qu’ils n’avaient rien enregistré ensemble depuis 2004, la connexion n’est pas rompue et la complicité entre le frontman et le cogneur est intacte. Bien sûr, A-Z fait irrémédiablement penser à Fates Warning malgré une approche différente. En effet, le groupe propose un registre beaucoup plus accessible, sur des mélodies entêtantes et un style légèrement moins technique.

Pour les accompagner sur ce premier album éponyme, Alder et Zonder se sont adjoints les services de Philip Bynoe à la basse (Warlord, Steve Vai, Nuno Bettencourt), Joop Walters à la guitare (Steve Walsh, Simon Phillips) et le français Vivien Lalu aux claviers (Steve Walsh, Jordan Rudess). Avec ce casting trois étoiles, A-Z livre un opus agréable, très bien réalisé, mais qui manque peut-être d’un peu de folie.

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Blues Rock

Black Pearl : la fusion des talents

Si l’expérience ne fait pas tout, celle de Marcus Malone, Muddy Manninen et Pete Feenstra additionnée à un feeling d’exception et un songwriting élégant et efficace fait des étincelles sur ce premier opus éponyme, où l’on découvre un BLACK PEARL virtuose, dynamique et au groove constant. Puisant son inspiration des deux côtés de l’Atlantique, le Blues Rock du groupe a quelque chose d’intemporel.

BLACK PEARL

« Black Pearl »

(Redline Music/Cadix)

BLACK PEARL est le fruit d’une belle rencontre entre trois hommes amoureux de Blues Rock et au parcours professionnel déjà très conséquent. Ainsi, Marcus Malone, Muddy Manninen et Pete Feenstra ont uni leur talent pour réaliser les onze morceaux qui composent ce très bon premier album éponyme, qu’ils ont d’ailleurs écrit et produit ensemble. Si l’union fait la force, « Black Pearl » est un très bel exemple.

Pour ce qui est de la carrière personnelle des membres de BLACK PEARL, Marcus Malone est un guitariste et chanteur américain basé à Londres. Auteur de sept albums solos, il a joué avec de grands noms avant d’être enrôlé par la Motown. Muddy Manninen n’est autre que le fondateur, guitariste et arrangeur de Wishbone Ash avec qui il est resté 13 ans et quatre albums.

Et le dernier, et non des moindres, acteur principal de BLACK PEARL est le songwriter Pete Feenstra qui signe l’ensemble des textes de « Black Pearl ». Entre eux trois, la fusion est totale et il en ressort des titres plein de feeling, aux guitares étincelantes et au chant varié et captivant (« Angel Town », « Delivery Man », « Mexican Romance », « Handmade Pearl »). Le trio frappe très fort d’entrée.

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Ambient Doom Progressif

Cities Of Mars : le son de la planète rouge

Depuis sa création en 2015, le trio de Göteborg s’est lancé dans une aventure, dont le concept de base est axé sur la science-fiction. Et CITIES OF MARS explore l’espace à travers ses textes aussi intensément que dans une musique très narrative. Avec ce troisième éponyme, les Suédois nous font voyager sur les reliefs chaotiques de Mars et dans un Doom Progressif intense et captivant.

CITIES OF MARS

« Cities Of Mars »

(Ripple Music)

Depuis maintenant sept ans, CITIES OF MARS s’est lancé dans la narration, sur fond de Doom Progressif, de l’histoire d’un astronaute soviétique en mission spatiale secrète en 1971. Celui-ci découvre une ancienne cité martienne et réveille du même coup une conspiration endormie depuis l’aube de l’humanité. Et avec ce troisième album éponyme, le trio relate un nouvel épisode, tout en apesanteur.

Album concept, « Cities Of Mars » nous invite à la découverte de l’histoire des sept villes de la planète rouge et le voyage est plus que saisissant. Danne Palm (chant, basse, claviers), Christoffer Norén (guitare, chant) et Johan Aronstedt (chant, batterie) font de CITIES OF MARS un groupe assez unique en son genre. A la fois sophistiqué et doté d’arrangements très soignés, ce Doom Progressif est d’un niveau exceptionnel.

Sur des effets savamment dosés et parfaitement orchestrés, la musique des Suédois devient très vite immersive et presqu’obsédante. Dans une atmosphère globalement Ambient, les riffs se font précis et lourds, et parfois même acoustiques. Et si les morceaux sont éthérés, la richesse des mélodies et le travail incroyable effectué sur les voix montrent que CITIES OF MARS et son univers Sci-Fi regorgent de créativité.

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Blues Rythm'n' Blues Soul / Funk

Touch Of Groove : du bout des doigts

La Soul et le Rythm’n Blues ne semblent plus seulement être l’apanage de la scène américaine, loin de là, et les Français de TOUCH OF GROOVE viennent en apporter une preuve irréfutable avec ce premier album éponyme, digne des meilleures productions d’outre-Atlantique. Même si on reste au premier abord subjugué par la prestation de sa chanteuse, le quintet est d’une minutie et d’un feeling dignes des plus grands.   

TOUCH OF GROOVE

« TOG »

(Touch Of Groove Music/Absylone)

Si le son des productions de Stax Records et d’Atlantic Records des années 60 et même 70 continue de susciter chez vous l’émotion, ce premier album de TOUCH OF GROOVE va vous régaler et ne plus quitter votre platine pendant un long (et très agréable !) moment. Le quintet français est parvenu à concentrer la quintessence de la Soul Music, un brin bluesy, de cette époque bénie pour livrer une première réalisation éponyme de toute beauté, où chaque accord est d’une justesse imparable.

TOUCH OF GROOVE est composé de Letty M. incroyable au chant, de Sylvain Lansardière rayonnant aux claviers, de Pascal Guegan tellement subtil à la guitare et de la flamboyante rythmique menée par Olivier Marchevet à la batterie et de Pascal Diouf à la basse. Autant dire qu’à eux cinq, ils en connaissent un rayon sur le groove et ils apportent une modernité à la fois efficace et délicate à ce « TOG » de très haute volée et guidé par une performance vocale impressionnante.

Certes, le groupe rend un hommage appuyé et sans détour à la Soul et au Rythm’n’ Blues de ses héros, mais il n’est aucunement question ici de nostalgie, et plus certainement de l’expression d’un immense respect. A commencer par cette reprise, « (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone », de la reine Aretha Franklin, qui prend un relief étonnant. Et sur l’ensemble de l’album, TOUCH OF GROOVE déroule avec une facilité déconcertante des titres accrocheurs (« Breathe », « This Summer 21 », « Evolved World »). Réjouissant !

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Hard-Core Post-HardCore

Anna Sage : sans sommation

Le magma dans lequel nous propulse ANNA SAGE sonne la révolte et donne l’assaut dans un Metal HxC brutal et sombre, qui n’en oublie pas pour autant de poser des ambiances savamment dissonantes et franches. Dans une veine post-HardCore sauvage, le quatuor parisien joue sur différents tableaux avec une redoutable efficacité. Rageur et captivant à la fois.

ANNA SAGE

« Anna Sage »

(Klonosphere)

A quelques mois près, ANNA SAGE fêtait ses dix ans d’existence. Un dixième anniversaire qui aurait pu être célébré de main de maître par ce premier album éponyme franchement digne de ce nom. Mais bon… Blague à part, avec « Anna Sage », les Parisiens entrent avec fracas dans la cour des grands, toujours armés du post-HardCore aussi ténébreux qu’incendiaire. Et le quatuor n’a rien laissé au hasard en appuyant là où il faut.

Après deux EP (en 2014, puis en 2018), ANNA SAGE n’a pas réduit la voilure et encore moins l’intensité de son jeu. Quatre ans plus tard, il renouvelle sa confiance à Francis Caste, celui-là même à qui l’on doit la superbe production du dernier album de Hangman’s Chair. Et bien leur en a pris, car on est d’emblée saisi par l’atmosphère de « Anna Sage » et  par la finesse des arrangements et du mix.

Moderne, technique et percutant, ANNA SAGE se veut à l’image du célèbre hors-la-loi, John Dillinger, coincé par le FBI grâce à une prostituée qui a donc donné son nom au groupe. Sans concession, parfois chaotique et toujours très frontal (« The Holy Mice », « Hostile Cage », « Sinner Ablaze »), les titres sont très compacts et cette première réalisation ‘long format’ offre des sonorités impactantes phénoménales (« Wall Of Hate », « Loveless »). Pleine face ! 

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Metal Progressif post-Rock Rock Progressif

[Going Faster] : Xavier Boscher / Day Of Departure

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

XAVIER BOSCHER – « Cosmic Variations » – Orfeo’Lab

Loin d’être un inconnu sur la scène Rock et Metal française, XAVIER BOSCHER a travaillé pour et avec de nombreux groupes, dont Nebuleyes et Misanthrope, avant de se consacrer à sa propre musique au sein de sa structure, où il produit aussi d’autres artistes. Aujourd’hui, c’est avec un album instrumental, « Cosmic Variations », sur lequel il joue tous les instruments qu’il se présente pour un voyage lumineux. Entre Rock et Metal Progressif, XAVIER BOSCHER livre un opus conceptuel où les mélodies se fondent dans une technique exemplaire, sans être exubérante, à travers sept morceaux séparés par des « Echo », intermèdes Drone joués à la guitare et très immersifs. Avec « Cosmic Variations », le multi-instrumentiste se fait aussi subtil que puisant dans un registre très maîtrisé et captivant.

DAY OF DEPARTURE – « Day of Departure » – Bravemusic

Originaire de Washington DC, DAY OF DEPARTURE sort enfin son premier album éponyme, fruit de deux ans de travail à distance pour ses cinq membres. Dans un registre Progressif et Ambient, les Américains proposent un style entre Rock et Metal avec quelques embardées post-Rock qui confèrent à cet opus une originalité et une touche toutes particulières. Enveloppé par la voix de sa chanteuse Michelle Schrotz, DAY OF DEPARTURE nous invite à le suivre dans un périple basé sur le thème de la science fiction. Le pari est osé, l’album très bien réalisé et couronné d’une belle production assurée par le groupe lui-même, et qui traverse les atmosphères spatiales avec talent. Un bel opus pour un départ qui se présente sous les meilleurs auspices. 

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Black Metal Experimental Metal Indus Non classé

Zeal & Ardor : vers d’autres cieux

Avant-gardiste, c’est sûr et c’est aussi en soi très transcendant et assez perché. Cela dit, le projet présenté par le multi-instrumentiste helvétique Manuel Gagneux fait des étincelles ! De sa production à la structure-même des morceaux, parfois assez insaisissables, ZEAL & ARDOR séduit quand même, pour peu que l’on ait l’oreille un peu aiguisée.

ZEAL & ARDOR

« Zeal & Ardor »

(MKKA)

Il en a de la force chez Manuel Gagneux pour envoyer un tel album. De la force et beaucoup de créativité. Le multi-instrumentiste réalise une fois encore un mix étonnant entre Black Metal, Ambient avec des touches Gospel. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une partie de plaisir douce et conciliante… on est toujours loin du compte avec le musicien suisse, qui fait plus qu’expérimenter avec ZEAL & ARDOR.

Superbement produit (avec des respirations nécessaires) le Sieur envoie de grands coups de Blast et reste toujours très pointilleux (« Hole Your Head Low ». Alors à quoi faut-il s’attendre ? Les puristes de Black Metal, les fans d’Ambient et les amoureux de belles voix vont chercher (moi, le premier) une certaine cohérence, mais la trouveront-il ? Parce qu’avec  ZEAL & ARDOR, il y a un peu de tout.

Si certains y détecteront même quelques touches de Blues, c’est bel et bien dans un univers Indus et très Dark que nous embarque ZEAL & ARDOR. Le troisième album du Suisse s’étale sur une grosse demi-heure, où le Replay aura finalement du bon. En pleine immersion, ce nouvel opus éponyme du musicien s’écoute vraiment au casque. Fraîcheur et joie garanties dans cette réalisation une fois encore très atypique.

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AOR Melodic Rock

Out Of This World : une renaissance

Quand le chanteur de Fair Warning, Tommy Heart, croise le chemin de l’ex-guitariste des belles années de Europe, Kee Marcello,ça fait forcément des étincelles. Sous l’entité OUT OF THIS WORLD, le duo sort un premier album éponyme de Hard FM (AOR pour les autres), où la qualité des riffs n’a d’égal que la prestation du frontman allemand. Sur « Out Of This World », le Hard version classique se modernise et reprend vie.

OUT OF THIS WORLD

« Out Of This World »

(Atomic Fire Records/ADA)

Celles et ceux, les plus valeureux, qui ont eu la chance de ne pas découvrir la musique avec le Nu Metal ou le MetalCore se souviennent certainement de l’album « Out Of This World » de Europe sorti en 1988. A cette époque, le Hard FM, qualifié depuis de Rock mélodique ou d’AOR, battait son plein et même si les claviers se faisaient souvent envahissants, les riffs et les mélodies justement n’en étaient pas moins exceptionnelles. Alors plus de 30 ans après, OUT OF THIS WORLD remet le couvert avec une grande envie, un enthousiasme intact et surtout un feeling décuplé.

C’est donc très naturellement que l’ancien guitariste de Europe, Kee Marcello, a opté pour OUT OF THIS WORLD pour baptiser sa nouvelle aventure musicale aux côtés de Tommy Heart, frontman de Fair Warning. Et l’explosif duo a complété le groupe avec un line-up à la hauteur du niveau de ce premier album éponyme. Derrière les fûts, Darby Todd (Gary Moore, Robert Plant, …) fait la paire avec le bassiste Ken Sandlin (Alien), tandis que Don Airey de Deep Purple assure les claviers sur quatre morceaux.

Pour sublimer ce casting de choix, c’est le grand Ron Nevison (Kiss, Ozzy, Lynyrd Skynyrd, …) qui signe un mix de toute beauté. Très fédérateur sur « Twilight » et « Lightning Up My Dark », plus délicat sur « In A Million Years », percutant sur « Up To You » et le très Van Halennien « The Warrior », OUT OF THIS WORLD montre avec classe et talent toute l’étendue de son savoir-faire. En bonus, le groupe propose un deuxième opus Live regroupant des classiques de Kee Of Heart, Europe et Fair Warning. Réjouissant. 

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Heavy metal

Bastet : déesse de Metal

A base de riffs acérés, le Heavy Metal de BASTET s’inscrit dans la grande tradition du genre. Mélodique et massif, les Italiens ont bâti leur premier album éponyme sur des compos entêtantes, des refrains fédérateurs et un jeu de guitare millimétré et plein de feeling. Composé de musiciens plus qu’aguerris, le quatuor réalise un opus plein de classe.

BASTET

« Bastet »

(Steel Shark Records)

Si vous êtes amateurs de Heavy Metal racé et véloce, BASTET ne devrait pas vous décevoir. Les Italiens livrent leur premier album éponyme et s’il sonne si bien, ce n’est pas complètement un hasard. Ce qui n’était qu’un side-projet pour le guitariste Mike Petrone (Gengis Khan) a rapidement pris la forme d’un groupe où sont venus se greffer des musiciens de choix.

Derrière le micro, on retrouve la frontwoman Nico Gilli (ex-Nasty Tendency) dont la puissance vocale guide avec force ce premier opus dans un registre rappelant celui de Leather Leone et Doro dans l’agressivité. Et les deux membres permanents de BASTET ont bénéficié de l’apport considérable d’une rythmique infaillible, qui offre une énergie et un impact redoutables.

A la basse, Simone Mularoni (guitariste de DGM et qui a aussi réalisé l’album) donne le change à Fabio Alessandrini (batteur d’Annihilator) pour former un duo explosif. Sur des compos incisives, mélodiques et un brin Old School, BASTET entretient la flamme d’un Heavy Metal éternel (« Lights Out », « Anger In Your Eyes », « News From Hell », « Beyond The Fight », « Masquerade »). Imparable.

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France Heavy metal

Titan : par la grande porte [Interview]

Un petit tour et puis s’en va. C’est à peu près le résumé de la carrière de TITAN, groupe finalement assez éphémère du milieu des années 80. Plus de 30 ans après, le combo de Heavy Metal basque remet le couvert, revigoré par l’enthousiasme de ses fans, dont la patience semble sans limite. « Palingenesia », le nouvel album du quintet, marque un retour fracassant et vient démontrer que la scène hexagonale a vécu de belles heures et s’apprête plus que jamais à en vivre d’autres largement aussi intenses. Patrice le Calvez, chanteur de TITAN, revient sur la brève épopée du groupe et surtout sur une envie décuplée de revenir sur le devant de la scène.

– Commençons par un peu d’histoire pour la jeune génération. TITAN a sorti un album éponyme en 1986, puis le Live « Popeye Le Road » deux ans plus tard. Ensuite, c’est le split avant un retour sur scène en 2017. Comment expliquez-vous que vous ayez autant marqué les esprits en seulement deux albums ?

On ne se l’explique pas trop en fait. A l’époque, on ne s’était pas rendu compte de l’impact que ça avait pu avoir auprès du public Metal français. On a vraiment pas pris la mesure quand on est revenu, même si avant il y avait quand même pas mal de demandes. Il y a eu une réédition en 2015, qui nous a fait prendre conscience qu’on était toujours dans l’esprit des gens et qu’on avait marqué les fans. Ensuite, l’apothéose a été quand on a fait la date au ‘Pyrenean Warriors Festival’ où on a reçu une dose d’amour et d’émotion vraiment fabuleuse ! 30 ans et les gens ne t’ont pas oublié et n’ont qu’une envie, c’est de partager des trucs avec toi.  

– Après l’album live, c’est la séparation pendant de longues années. Que s’est-il vraiment passé et à quoi chacun a-t-il vaqué ensuite ?

On a tous continué dans la musique, mais dans des groupes différents. On continuait à se voir de temps en temps. En 2015, nous nous sommes retrouvés sur un projet commun, qui était un ‘Tribute’ à Accept. Il y a eu deux concerts et au premier, quelqu’un est venu nous voir en nous disant qu’il aimerait avoir TITAN à l’affiche du festival ‘Pyrenean Warriors‘. On ne pensait pas du tout remonter le groupe, mais on s’est pris au jeu. On leur a dit qu’on ferait un concert pour voir comment ça se passe et comment on se sent 30 ans plus tard. Et la réaction du public a eu son importance. Ca a été tellement énorme que ça nous a reboosté et nous sommes repartis comme en 40 ! (Rires)  

– Est-ce qu’ensuite, il vous a paru immédiatement évident de remettre TITAN sur les rails, compte tenu de l’accueil enthousiaste du public ? D’autant qu’à écouter ce nouvel album, vous avez encore des choses à dire…

Ah oui, tout à fait ! Tout ça s’est fait presque naturellement, sans calcul, ni prévision. On a toujours été guidé par le plaisir. Au fil des concerts, on s’est rendu compte qu’on avait toujours le même accueil, puis on s’est remis tout doucement à composer quelques morceaux. Ca tenait vraiment la route, alors on s’est dit que faire un album serait une bonne idée. C’est tout simplement ce qu’il s’est passé ! (Rires)

– Quand avez-vous commencé l’écriture de « Palingenesia », et comment vous y êtes-vous pris ? Chacun a retrouvé son rôle ? Les habitudes sont vite revenues ?

Oui, vraiment. On part toujours d’un riff de guitare ou d’une ligne de basse, puis on structure le morceau et on y pose une mélodie. On fonctionne toujours de la même façon. Nous avons commencé fin 2018/début 2019 avec un premier morceau, et tout s’est enchainé très naturellement. Tout est très vite revenu. C’est comme le vélo ! (Rires)

– Parlons justement de ce nouvel album. Il est très actuel, tant dans les textes que dans le son. Et votre Heavy Metal, s’il reste classique, sonne très moderne. La production est également massive. Dans quelles conditions et comment avez-vous travaillé ?

On a travaillé en local. La technologie actuelle nous permet aussi beaucoup de souplesse, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Toute la production artistique, que ce soit le son, le mix et le mastering, on voulait absolument le prendre en charge pour que ça sonne exactement comme on le voulait. C’est une co-production avec Crazy Grumpy, qui s’occupe de la fabrication des supports, de la distribution et de la communication. Et nous sommes très satisfaits du résultat et du son obtenu.    

– Vous restez toujours aussi engagés à travers vos textes, qui traitent de la société et de ses dérives comme la détresse des migrants ou les extrémistes en tout genre. La situation ne semble donc pas s’être améliorée depuis 1986 et vous restez fidèles à vous-mêmes en restant très revendicatifs. On ne vous imagine d’ailleurs pas chanter autre chose. En vous reformant et en composant l’album, vous n’avez pas été tentés d’aborder d’autres sujets, peut-être plus légers ?

Non, parce que c’est vraiment notre ADN. On a toujours fonctionné comme ça. C’est un reflet de la société qui nous entoure. Lorsqu’on écrivait les morceaux, on s’est rendu aussi compte qu’il y avait tellement de choses à dire. On aurait pu en traiter plein d’autres d’ailleurs. Ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur et dont on a envie de parler. Nous avons aussi une façon de dire les choses assez crue avec des messages clairs. C’est vraiment ça TITAN !

– Ceux qui ne vous connaitriez pas pourraient dire que vous êtes dans la lignée de Trust, ce qui n’est pas totalement faux (« Les Fous De Dieu »). Je dirai plutôt que vous avez une démarche commune et que vous êtes aussi de cette génération qui est très engagée, contrairement à celle d’aujourd’hui. Tu partages aussi ce point de vue ?

Oui, on est un peu dans la lignée du Trust de l’époque, des premiers albums. Aujourd’hui, je les trouve beaucoup moins engagés et un peu plus polissés. Nous sommes restés bruts de décrochage et on continue, parce que c’est comme ça que nous sommes bien ! On n’a pas envie de changer ! (Rires) Aujourd’hui, on est presqu’à contre-courant en dehors de quelques groupes. Je pense que c’est un état d’esprit. Il y a aussi une absence de conscience politique depuis deux générations. Ce n’est peut-être pas complètement de leur faute, car tout est tellement politiquement correct, on fait passer les infos qu’on veut bien. Alors qu’on a aujourd’hui tous les moyens pour chercher l’info, la vraie, mais les gens ne font plus l’effort. C’est dommage de ne pas être un peu plus curieux et de ne pas aller plus loin de ce qu’on leur donne en pâture.

– Sur « Palingenesia » figure aussi le morceau « Résurrection », qui est même assez émouvant. Vous vous adressez directement à vos fans en confirmant vos intentions et votre engagement. Comment est né ce titre et laisse-t-il présager que TITAN est de retour pour de bon ?

Oui, normalement, on est de retour pour de bon ! (Rires) On n’a pas l’intention de s’arrêter là. Pour nous, ce titre était assez évident. Il y a eu tellement d’émotion, ça a été très fort lorsqu’on a fait ce retour en concert en 2017 que cela nous a paru naturel que sur l’album figure un morceau comme celui-ci. « Résurrection » raconte la journée que nous avons vécu ce jour-là et aussi la raison de notre présence sur scène. S’il n’y a pas de groupe, il n’y a pas de fans. Et s’il n’y a pas de fans, il n’y a pas de groupe. Si nous sommes toujours là pour défendre nos morceaux et nos idées, c’est que nous sommes suivis et c’était évident de leur hommage. C’est un échange.

– Et qu’avec ce très bon nouvel album, vous n’avez pas le regret de ne pas avoir continué votre route à la fin des années 80 ?

Non, je ne crois pas. Personnellement, j’étais le premier à partir du groupe. A cause de mon activité professionnelle, les week-ends étaient toujours chargés, car on jouait partout en France. C’était devenu très compliqué. Et quand tu n’as plus la foi et la pêche pour aller partager ça avec le public, je pense qu’il faut savoir s’arrêter. Aujourd’hui, on est très content d’avoir retrouvé cette envie et on veut que ça continue le plus longtemps possible ! 

– Enfin, quel regard portes-tu sur l’actuelle génération du Metal français, et que penses-tu du retour, comme le vôtre, d’ADX, de Sortilège et de quelques autres ?

Je trouve génial que des groupes de cette époque, comme nous, puissent revenir, se produire à nouveau et avoir le soutien des fans. Et ce qui est encore plus intéressant, c’est qu’il y a des jeunes groupes qui arrivent, je pense à Tentation et Existance notamment, parce que nous ne sommes pas non plus éternels. C’est important que de nouveaux groupes portent aussi le flambeau et il faut que ça continue ! (Rires)

L’album de TITAN, « Palingenesia », est disponible depuis le 26 novembre 2021 via Grumpy Mood Records.

Album et merchandising : https://www.crazygrumpystore.com/