Délicat et précis, le Blues de COCO MONTOYA est aussi contemporain que classique et aussi léger que Rock. Avec « Writing On The Wall », le guitariste et chanteur californien s’offre et nous offre un moment suspendu, où sa capacité à captiver sur des ballades comme des morceaux plus rapides et relevés est brillante. Le bluesman est éblouissant tout au long des 13 plages. Un bonheur !
COCO MONTOYA
« Writing On The Wall »
(Alligator Records)
Le parcours de COCO MONTOYA a quelque chose de magique. Recruté comme batteur par Albert Collins dans les années 70, qui lui apprend le fameux ‘Icy Hot’ à la guitare, il est ensuite enrôlé au début des 80’s par John Mayall. Il lui restera fidèle pendant dix ans au sein des Bluesbreakers. En 1995, il se lance en solo et sort « Gotta Mind To travel » et nous voici avec « Writing On The Wall », son neuvième opus et le sixième sur le légendaire label Alligator Records.
Et s’il y a deux choses qui ne l’ont jamais quitté, c’est l’émotion et la sensibilité avec lesquelles il joue depuis toujours. COCO MONTOYA pourrait en faire des caisses, en mettre partout et s’afficher en ‘shred man’ aiguisé et pompeux, mais non, le Californien est à la recherche de la note qui va sonner juste, au bon moment pour émouvoir son auditoire. Et autant dire qu’avec « Writing On The Wall », l’objectif est magistralement atteint, tant ces morceaux résonnent de manière positive et détendue.
Accompagné de son groupe de tournée, c’est-à-dire Jeff Paris (claviers, guitare, chant), Nathan Brown (basse) et Rena Beavers (batterie), COCO MONTOYA a toujours ce toucher et ce son de guitare incroyable. Très organique, la production de Tony Braunagel (Bonnie Raitt, Taj Mahal) et de son camarade Jeff Paris (Keb’ Mo, Bill Withers) apporte beaucoup d’éclat au talent énorme de l’Américain, dont la fluidité d’interprétation est exceptionnelle. Un très grand moment de Blues !
Sur un rythme effréné, des riffs épais et groovy et un feeling imparable sur les solos, le songwriter, guitariste et chanteur LAURENCE JONES met un nouveau coup de pied dans la fourmilière Blues Rock en y insufflant des sonorités empruntées au Hard Rock et au Rock 70’s. Ce tout nouveau « Bad Luck & The Blues » apporte un souffle torride à sa discographie.
LAURENCE JONES
« Bad Luck & The Blues »
(Marshall Records)
Avec déjà quatre British Blues Awards sous le bras, LAURENCE JONES se présente avec un huitième album, « Bad Luck & The Blues », à tout juste 31 ans. Détenteur d’un Blues Rock explosif depuis ses débuts, ce nouvel opus semble marquer un nouveau départ pour le chanteur-guitariste. Nouvelle signature chez Marshall Records et aussi déclinaison d’un style qui s’est considérablement durci et même assombri avec une grosse dose de Classic Rock et même de Hard Rock. Le Britannique sort les griffes et donne à ses compos une force démultipliée.
Et l’on doit aussi peut-être ce nouvel élan à un retour dans une formule en power trio avec laquelle il a entamé sa carrière. Accompagné du bassiste Jack Alexander Timmis (Virgil & The Accelerators) et du batteur Ash Sheehan (Glenn Hughes, Tony Iommi), LAURENCE JONES paraît complètement épanoui au sein d’un groupe plus réduit, certes, mais dont la puissance de feu et la vélocité d’exécution rendent « Bad Luck & The Blues » saisissant et particulièrement instinctif dans le songwriting.
Autre atout, et il est de taille, cette nouvelle réalisation est mixée par Chris Sheldon (Jeff Beck, Foo Fighters), masterisé par Christian Wright (Robin Trower, Ten Years After) aux studios Abbey Road après un enregistrement dans les studios Marshall. Et cela révèle l’amplitude du jeu du virtuose anglais, qui prend une profondeur et un relief incroyable, tout en restant très Blues malgré la puissance déployée (« I’m Gone », « Woman », « Take Control », « Lost Broken » et le morceau-titre). LAURENCE JONES frappe fort et s’affirme comme un prodige du genre.
Imperturbable et passionné, BOBBY RUSH est fascinant. Au-delà de son incroyable longévité sur la scène Blues et un talent d’écriture d’une rare constance, il est l’un des seuls à s’être approprié le style de Chicago, tout en conservant une inimitable touche Southern. Cet énième album, « All My Love For You », regorge de petites merveilles d’une fraîcheur confondante et presqu’insolente… Un bonheur !
BOBBY RUSH
« All My Love For You »
(Deep Rush Records/Thirty Tigers)
Agée de 89 ans, la légende a encore frappé… et de quelle manière ! L’Américain semble inépuisable, tout comme sa source d’inspiration qui ne tarit jamais. L’incroyable bluesman de Louisiane possède toujours cette folle énergie qui le guide depuis ses lointains débuts. Et histoire de ne rien laisser au hasard, c’est BOBBY RUSH lui-même qui a entièrement composé et produit ce délicieux « All My Love For You », qui se révèle tellement captivant et séduisant.
Certes moins médiatisé que John Lee Hooker, Muddy Waters ou BB King, son parcours et surtout sa musique ont pourtant marqué de nombreuses générations. Pour rappel, le songwriter a bien sûr été intronisé au ‘Blues Hall Of Fame’ de Memphis, a reçu deux Grammy Awards et a été 16 fois lauréat des Blues Music Awards. Ca vous pose un homme et surtout un artiste, tout de même. Cependant, en dehors de ses récompenses, BOBBY RUSH porte le Blues avec classe et un sourire qui ne le quittent pas.
Et sur « All My Love For You », la malice et le feeling guident chacune des dix chansons avec tellement de naturel qu’on ne résiste pas à son humour si distinctif. L’harmonica étincelant, la guitare précise et le groove chevillé au corps, BOBBY RUSH demeure ce grand chanteur intemporel et si funky (« I’m Free », « TV Mama », « I’m The One », « One Monkey Can Stop A Show »). Emouvant, authentique et drôle, le mythe a encore beaucoup de ressources et on s’en délecte une fois encore.
Avec dorénavant quatre albums studio et un Live, le sextet de Pennsylvanie est déjà considéré comme l’une des formations majeures de la nouvelle génération Blues Rock américaine. « Fast Last Time » est plus Southern que ses prédécesseurs et là où GHOST HOUNDS brille, c’est par le songwriting et la grande expérience de ses musiciens, qui donnent un relief et une dimension incroyable à ce nouvel opus.
GHOST HOUNDS
« First Last Time »
(Gibson Records)
Un an après l’excellent « You Broke Me », le groupe de Pittsburg fait déjà reparler de lui et parvient même à hausser sérieusement son niveau, grâce à des compositions exceptionnelles. Toujours écrites par son maître à penser Thomas Tull, elles sont cette fois plus axées sur un Blues Rock traditionnel teinté d’une touche Southern très présente et des envolées Soul majestueuses. GHOST HOUNDS n’a rien laissé au hasard et ce quatrième album est tout simplement exceptionnel, tant il présente le Blues sous toutes ses formes.
Irrésistible au chant, Tre Nation s’affirme avec beaucoup d’émotion sur des morceaux où il alterne avec maestria puissance et douceur. Le frontman est l’un des meilleurs du genre et cette nouvelle performance atteste de son feeling et de sa grande polyvalence. Aux guitares, Thomas Tull et Johnny Baab font des merveilles, tout comme le claviériste Joe Munroe, Blaise Lanzetta (batterie) et Bennet Miller (basse). GHOST HOUNDS est redoutable de par ses talents et en fait l’éclatante démonstration.
Les Américains donnent la même importance aux riffs qu’aux textes et c’est probablement ce qui fait aussi leur force. Il n’y a plus qu’à se laisser aller au gré des mélodies savamment orchestrées (« Last train To Nowhere », « Make It Shake », « Here No More », « Hot Dog » et le morceau-titre). GHOST HOUNDS se montre aussi percutant que créatif dans un registre Blues Rock gras que sur un Southern Rock entraînant et il apporte aussi un regard neuf et actuel au titre « Country Roads » de John Denver. Immanquable !
Au meilleur de sa forme, LANCE LOPEZ est capable de livrer des morceaux d’une phénoménale intensité. C’est très précisément le cas avec ce dixième album solo, « Trouble Is Good », où le musicien se montre brillant et souvent même étourdissant. Son Blues Rock est flamboyant et distille une chaleur très sudiste. Massif et virtuose.
LANCE LOPEZ
« Trouble Is Good »
(Cleopatra Records)
Après avoir dû surmonter plusieurs problèmes personnels, LANCE LOPEZ semble requinqué à en en juger par ce très bon « Trouble Is Good », qui arrive cinq ans après « Tell The Truth ». Le Texan d’adoption (il est né en Louisiane) se présente avec un nouvel album dont la direction musicale est nettement plus précise et faite d’un Blues Rock hyper-musclé et tirant même vers le Hard Rock, tout en laissant parler ses émotions.
Guidé par une passion débordante, le guitariste, chanteur et songwriter fait toujours autant preuve de dextérité et de feeling. Les riffs et les solos semblent glisser sous ses doigts et les chevauchées de l’Américain sont aussi fougueuses qu’impressionnantes. « Trouble Is Good » donne presque l’impression d’un LANCE LOPEZ jusqu’ici bridé. Et s’il reste dans les pas de Stevie Ray Vaughan et de Billy Gibbons, c’est avec beaucoup de personnalité.
Le fondateur de Supersonic Blues Machine en a encore sous le pied et conserve avec une magie intacte toute la rugosité du Texas Blues imprégné d’un grain très 70’s et d’une puissance saisissante. L’énergie très live de LANCE LOPEZ est brûlante et même carrément grisante (« Jam With Me », « Take A Swing », « Wild Country », « Trying In The Tri State » et le mystique « Voyager : Sunrise, Voyager, I Am Ra ». Etincelant !
Costaud et rugueux, tout en affichant une légère désinvolture lancinante, OLE LONESOME sort son premier opus, « Tejas Motel », qui montre déjà une grande maturité. Loin d’être des novices de la scène texane, le combo joue sur des couleurs à la fois vintage et modernes pour obtenir un Blues Rock touchant et déterminé. Leur cœur est au sud et cela s’entend autant dans leur démarche que dans leur propos. Les Américains offrent une première réalisation généreuse et sensible.
OLE LONESOME
« Tejas Motel »
(Gulf Coast Records)
C’est dans le sud-est du Texas à Beaumont, du côté des marais pétrolifères, qu’ont grandi les membres d’OLE LONESOME. Zachary Feemster (guitare, chant), J. Wesley Hardin (basse), Gregory Mosley (claviers), Jimmy Devers (batterie) et Greg Achord (guitare) ont été nourris au Blues des pionniers, roots et épais, mais c’est pourtant guidés par une énergie et une inspiration très contemporaine qu’ils se présentent avec « Tejas Motel », un opus varié, entraînant, solide et doté d’une production directe et sincère.
Détecté par le guitariste, producteur et patron de Gulf Coast Recors, Mike Zito, dont le chanteur et six-cordiste a tournée au sein du groupe il y a un peu plus de dix ans, OLE LONESOME n’arrive donc pas en terre inconnue pour son premier album, enregistré en Louisiane. Le titre et le thème principal du disque sont nés dans la tête du frontman en passant devant le panneau d’un motel miteux, qui a inspiré « Tejas Motel ». Il s’agit donc d’une succession de petites histoires, qui donnent et redonnent vie à l’endroit.
Bien sûr, il se dégage des sonorités Southern dans le jeu et le son d’OLE LONESOME, mais sans pour autant être prédominantes. Le quintet puise son inspiration dans le Blues Rock américain au sens large du terme et déploie un style original. Les riffs sont gras, le chant déterminé avec une touche Old School et l’ensemble sonne terriblement organique. C’est cette authenticité qui rend les Texans si attachants dans leur approche (« Yvette », « Easy Street », « Ain’t No Good », « Natural Fact »). Ensorcelant !
Faisant partie des plus grandes formations Blues d’Europe du Nord aux côtés de Bjørn Berge et de la reine de la slide Erja Lyytinen avec qui il a d’ailleurs travaillé, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue du Blues en ne se contentant pas de quelques chapelles, il englobe l’ensemble du style avec un feeling et une dextérité sans faille. Avec « Colours Of Jealousy », le chanteur, guitariste et songwriter éblouit encore une fois de sa classe et de celle de ses partenaires.
MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP
« Colors Of Jealousy »
(Hokahey Music Productions)
Depuis plus de 30 ans, le multi-instrumentiste alterne avec ses formations, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP en électrique et Micke & Lefty feat. Chef dans un registre acoustique et en trio. Dix albums sont déjà sortis et c’est avec son quintet qu’il se présente cette fois avec ce « Colors Of Jealousy » de toute beauté. Le bluesman finlandais se montre toujours très inspiré et la qualité d’interprétation est encore irréprochable.
Primé à de nombreuses reprises, le Scandinave affiche une grande créativité, bien aidé dans son effort par un groupe exceptionnel. MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP parvient avec une facilité déconcertante à faire le pont entre un Blues contemporain, un Blues Rock enflammé avec quelques touches bien senties d’influences du Delta et un soupçon de Nouvelle-Orléans et de Country. Un rayonnement incroyable.
Si « Colors Of Jealousy » arrive huit ans après « Ain’t Bad Yet », c’est que le groupe a beaucoup tourné, mais notre patience est magnifiquement récompensée. Enveloppé par les chœurs de Lena Lindroos et la slide de Lefty Leppänen, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue sur la corde sensible, tout en parvenant à garder un rythme d’enfer (« Highway Highway », « Missing My Woman », « Are You Real », « Through You Were Mine », « Into The Fire », « It Takes Two »). Eblouissant !
Avec ce cinquième album, GRAINNE DUFFY entre définitivement dans la cour des grand(e)s avec une classe et une personnalité très affirmée, qui rayonnent littéralement sur « Dirt Woman Blues ». La songwriter, chanteuse et guitariste irlandaise livre un opus d’où émane beaucoup de force, de caractère sur des sonorités où ses racines celtes se fondent dans un groove très américain. La musicienne est partie sous le soleil de Californie enregistrer ces morceaux très roots et modernes à la fois dans lesquels sa voix s’impose avec puissance, dynamisme et délicatesse. Rencontre avec une artiste brillante.
Photo : The Bedford Blackham Images
– Trois ans après le très bon « Voodoo Blues », tu reviens avec « Dirt Woman Blues » qui est beaucoup plus roots et rugueux. Est-ce qu’après un peu plus de 15 ans de carrière, tu penses que c’est l’album qui te ressemble le plus ? C’est en tout cas l’impression qu’il donne…
Oui, je pense qu’il me ressemble beaucoup, parce qu’il combine mon amour pour le Blues et ses racines et la musique celtique. Les deux ensemble. C’est une réelle unité à travers le son et les éléments. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu représenter dans ma musique.
– Tu as co-écrit l’album avec ton mari Paul Sherry. Comment se traduit ce travail ? C’est plutôt une opposition de styles ou une complicité qui grandit au fil du temps ?
C’est clairement une complicité qui grandit au fur et à mesure. C’est une sorte de travail artisanal que l’on fait tous les deux. Nous sommes très ouverts et, même si nous avons chacun notre style, on s’ouvre à celui de l’autre pour en faire quelque chose qui nous ressemble aussi. Au fil du temps, mon état d’esprit a changé également et aujourd’hui, nous sommes très complices musicalement, c’est vrai.
Photo : The Bedford Blackham Images
– « Dirt Woman Blues » emprunte de nombreuses directions à travers le Rock, un Blues souvent Old School, des éléments d’Americana aussi et pourtant l’ensemble sonne très moderne. On a l’impression que ton côté ‘vintage’ est une sorte de façade pour aller encore plus loin dans l’expression de ta musique. C’est le cas ?
Oui, c’est vrai qu’il y a un côté beaucoup plus ‘vintage’ qui s’exprime sur cet album. Cela dit, je suis très ouverte à la scène Blues contemporaine et j’espère même en faire partie, car je suis une artiste de mon temps. Mais c’est vrai que j’écoute beaucoup de musiques plutôt anciennes et les vieux bluesmen, qui ont forgé ce style. Et je pense que ce côté un peu ‘Old School’ vient de là, c’est même certain.
– Tu es originaire de la ville de Monaghan dans le nord de l’Irlande et il se trouve que son nom signifie ‘Les petites collines’. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence, mais plutôt une explication à ton style si mouvant et plein de contrastes. Qu’en penses-tu ? Il y a une part d’inconscient ?
Monaghan est une petite ville, un petit coin qu’on appelle aussi ‘Les petites Collines’, c’est vrai. Je pense que l’endroit où tu vis se reflète forcément à travers ses paysages et son atmosphère dans ce que tu écris et composes. Ca rythme aussi ta vie de manière inconsciente avec ses hauts et ses bas. Vivre dans un endroit comme celui-ci a bien sûr une influence, qui va bien au-delà de la musique.
Photo : The Bedford Blackham Images
– Pour rester en Irlande, on retrouve plusieurs inspirations dans la narration de tes morceaux surtout, ainsi que cette fougue qui habitait aussi Rory Gallagher. Dans quelle mesure penses-tu que l’empreinte celtique se lise et influence ton jeu ?
Rory Gallagher fait partie de notre histoire nationale. Et il faut aussi y ajouter Van Morrison, les Cranberries, les Coors et beaucoup d’autres qui ont apporté leur influence à travers leur musique. Je pense que c’est ce que les gens appellent ’celtique’ et je le prends aussi pour moi-même. Je ne sais pas vraiment dans quelles mesures on peut entendre ces influences sur le dernier album notamment, mais j’en suis ravie. Ce mélange est notre héritage. Parfois, tu ne sais pas vraiment d’où ça vient, mais c’est là. C’est naturel et c’est une partie de ce qu’est être irlandais. Et pour revenir à Rory, sa musique m’a beaucoup influencé au même titre que toute cette période avec Gary Moore également, bien sûr.
– Parlons de ce nouvel album que tu es partie enregistrer en Californie. Pourquoi ce choix ? Est-ce parce que les musiciens qui t’accompagnent et ton producteur se trouvent aux Etats-Unis, ou juste pour y trouver certaines sensations et vibrations ?
Oui, c’est un choix de mon nouveau producteur, qui a cherché de nouvelles personnes pour l’album. C’était très important pour nous de trouver des musiciens qui partagent aussi notre vision du Blues, afin d’aller dans le même sens. Il a monté une équipe de très, très haut niveau. L’album a été enregistré à la fois à domicile dans mon studio et dans un studio à Encinitas, en Californie et ce sont Chris Goldsmith (Ben Harper) et Marc Ford (The Black Crowes) qui ont produit l’album. Nous sommes accompagnés du guitariste Marc Ford (The Black Crowes) et de la session rythmique de Gary Clark Jr. composée du batteur et percussionniste JJ Johnson et du bassiste et claviériste Elijah Ford (Le fils de Marc). Tout le monde a pu apporter sa touche et on s’est tous très, très bien entendus.
Photo : The Bedford Blackham Images
– Vous n’avez pas forcément la même culture, mais vos influences pourtant convergent. Comment as-tu présenté tes morceaux et, malgré leur talent, est-ce que leur adaptation à un Blues moins américain que leurs racines a été rapide ?
Les vibrations et le groove sont très américains, je pense. C’est vrai qu’il y a un mix entre les deux cultures. Les morceaux les plus rapides sonnent plus anglais, alors que lorsqu’ils sonnent américain, ils sont plus cools et plus relax. Cela vient aussi surtout du son et de l’ambiance californienne, je pense. L’album combine bien les deux avec des compositions plus britanniques et celtiques sur un son typiquement américain, en effet. Nous avons beaucoup aimé travailler sur ces deux aspects et c’était très agréable de se retrouver tous ensemble et pouvoir confronter nos influences et nos envies.
– D’ailleurs, le Blues américain et le British Blues sont très distinctifs l’un de l’autre et très reconnaissables. Or, sur « Dirt Woman Blues », c’est difficile à définir. C’est ce qui se passe quand une Irlandaise enregistre aux Etats-Unis avec des musiciens américains, ou juste une simple volonté de ta part de te démarquer ?
Oui, je pense que c’était une décision très réfléchie, en tant que femme, d’aller enregistrer aux Etats-Unis avec des musiciens américains. Ce n’est pas facile de se mettre à nu lorsque l’on est une femme irlandaise dans un tel contexte. Nous nous sommes vraiment concentrés sur le son et le côté organique des morceaux. Je voulais aussi mettre en valeur ma voix, bien sûr, mais aussi mes parties de guitare.
Photo : The Bedford Blackham Images
– Pour conclure, j’aimerais que l’on parle de la pochette de l’album. Je la trouve très sombre et emprunte d’une certaine tristesse, alors que l’ensemble de « Dirt Woman Blues » est très lumineux et souvent même enjoué. Quel message, s’il y en a un, as-tu voulu faire passer ?
Je voulais une pochette différente des précédentes avec un design bien précis. Il y a un côté ‘Old Woman Blues’, qui se démarque de ce que l’on peut voir habituellement sur les albums réalisés par des femmes. C’est vrai qu’il y a un côté assez sombre, qui représente aussi une partie de notre Histoire. Elle montre les aspects opposés qui fondent aussi la condition féminine, que ce soit comme mère de famille et également en termes d’émancipation et de liberté. C’est peut-être aussi une autre vision de ce qu’est une blueswoman aujourd’hui.
Le nouvel album de GRAINNE DUFFY, « Dirt Woman Blues », est disponible sur son Bandcamp :
Originaire de la région de São Paulo, MARIO ROSSI BAND s’articule autour du songwriter, chanteur et guitariste qui donne son nom au groupe. Entouré d’excellents musiciens, le Brésilien, qui transpire littéralement le Blues, a mis à profit sa créativité très productive pour peaufiner « Smoke Burst » à travers un Blues Rock assez roots et lumineux.
MARIO ROSSI BAND
« Smoke Burst »
(Independant)
Très peu exposée, la scène Blues brésilienne regorge pourtant de talents et MARIO ROSSI BAND fait partie des valeurs montantes. Avec quatre albums en quatre ans, le jeune artiste est un bourreau de travail et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça paie à en juger par la qualité de composition et d’interprétation de « Smoke Burst ». Et à écouter le musicien, c’est même son meilleur opus et aussi le plus mature.
S’il y a un style où l’on ne peut tricher, c’est bien le Blues. D’une authenticité et d’une sincérité exemplaire, MARIO ROSSI BAND est allé en studio pour y enregistrer cette nouvelle réalisation en live. Et cela s’entend et se ressent sur tous les morceaux. La complicité entre les musiciens est palpable et la production d’Othon Ribeiro est remarquable. « Smoke Burst » vit et respire, grâce à une alchimie qui crève les yeux.
Décontracté et appliqué, le quatuor ouvre l’album avec un instrumental, le morceau-titre. Une façon pour les Sud-Américains d’afficher la couleur. MARIO ROSSI BAND libère ensuite son Blues Rock avec panache et élégance (« Leavin’ For A Walk », « Jammin’ For Jimi », « Expansive Instinct »). A noter l’excellent « It Means Blues » majestueusement interprété par la chanteuse Lu Vitti et « There’s No Hope For Willie Brown », où la chaleur de l’harmoniciste de Chicago Steve Bell resplendit. A découvrir en urgence.
Mené de main de maître depuis quatre ans et autant d’albums, le vaisseau UNITED GUITARS vogue toujours au rythme des riffs, des solos et des chorus envoûtants de celles et ceux qui viennent se greffer à ce projet au départ un peu fou. Parfaitement produit, comme toujours, « #4 » nous fait parcourir l’univers de cette trentaine de guitaristes et le voyage est encore une fois enchanteur.
UNITED GUITARS
« #4 »
(Mistiroux Productions)
Chez UNITED GUITARS, on ne fait jamais les choses à moitié. Depuis le début de l’aventure en 2019, Ludovic Egraz et sa compagne et productrice Olivia Rivasseau ont livré quatre doubles-albums, dont voici le petit dernier. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pas moins de 33 guitaristes se relaient sur deux bonnes heures de musique, où un grand nombre de styles sont abordés avec classe et une dextérité de chaque instant.
Chaque volume réservant son lot de surprises, « #4 » ne déroge pas à la règle. Et lorsque l’on connait le principe de base d’UNITED GUITARS, celle-ci est de taille. En effet, presqu’érigé en règle immuable, les précédentes réalisations étaient entièrement instrumentales, l’objectif étant de se mettre au service de la six-codes avant tout. Avec « Stay Real », Jessie Lee Houllier s’invite au chant pour un Blues Rock au groove imparable… et à trois guitares !
Tout en finesse et virtuosité, « #4 » nous invite notamment à faire connaissance avec le bluesman Robben Ford, le jeune prodige russe Max Ostro ou encore le Canadien Nick Johnston. Et UNITED GUITARS garde toujours une petite place pour ses habitués dont Yvan Guillevic (Heart Line), Saturax, NeoGeoFanatic ou Youri de Groote, toujours aussi créatifs. Soutenu par une rythmique royale, ces musiciens-là ne manquent vraiment pas de maestria.
Jessie Lee Houllier, LA chanteuse de l’album – Photo : La Chaîne Guitare