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Blues International

The Cinelli Brothers : l’ambiance du Blues [Interview]

Si les nationalités se côtoient aussi naturellement chez les CINELLI BROTHERS, c’est probablement dû à un amour commun pour le Blues, bien sûr, mais cela va bien au-delà. Avec l’indépendance chevillée au corps, le quatuor italo-anglo-français livre déjà son quatrième album, « Almost Exactly », dont le titre parle de lui-même avec cet état d’esprit si particulier. S’ils échangent leurs instruments à l’envie, c’est avec une authenticité palpable que le groupe a imposé sa patte au fil des disques. Entretien avec Marco Cinelli (chant, guitare, claviers), principal compositeur et producteur, et à l’humour so british…

Photo : Anna Polewiak

– Tout d’abord, j’aimerais vous demander si la nationalité du groupe importe encore pour vous lorsque celui-ci se compose de deux Italiens, d’un Anglais et d’un Français ? Sachant en plus que vous êtes basés à Londres…

A ce stade, nous pouvons tous nous fondre dans la nationalité écossaise. Personne n’est écossais, mais l’Ecosse est un concept dans lequel chacun a des points communs les uns avec les autres.

– Est-ce que, finalement, ce n’est pas ce mélange de cultures qui fait que vous vous soyez retrouvés tous les quatre autour de la musique américaine si naturellement ?

Tu l’as dit. J’ai toujours pensé que le mélange de personnalités différentes, liées également à la différence de nos origines, rendait la soupe plus originale en goût. Comme le Blues.

– Vous venez de sortir « Almost Exactly », votre quatrième album, et vous êtes partis l’enregistrer aux Etats-Unis, à Woodstock, avec le grand Rich Pagano qui le co-produit également. Qu’est-ce qui vous a poussé à traverser l’Atlantique ? C’était une façon de vous rapprocher de vos racines musicales ?

C’était et c’est le rêve de nombreux jeunes groupes européens comme nous. Aller en Amérique – aller à Woodstock ! – dans un grand studio d’enregistrement, pour produire et  sortir un album qui sent bon les étoiles et les sillons. Waouh ! C’était presque comme si même la réalité des faits ne pouvait saper la beauté de ce rêve innocent. Le fait est qu’en Amérique, il existe toujours un vif intérêt pour la production discographique. Je dirais en fait qu’en Europe, il existe un vif intérêt pour ce qui se passe en Amérique.

Photo : Anna Polewiak

– Malgré de multiples récompenses et de nombreuses tournées, vous n’êtes pas signés sur un label après quatre albums. Pourtant, j’imagine que les sollicitations ne doivent pas manquer. Vous souhaitez simplement garder votre indépendance et une certaine liberté, ou vous n’avez pas eu d’offres suffisamment intéressantes ?

Je dois malheureusement admettre que nous n’avons pas eu l’offre qui nous ferait arrêter de faire ce que nous faisons sans l’aide de qui que ce soit. Nous avons eu des histoires, nous avons fait des choix et le résultat est le groupe aujourd’hui. Nous ne regrettons rien et nous ne changerions rien au passé, non plus. Un jour, viendra l’offre que nous ne pouvons refuser. Nous nous préparons à ne pas l’accepter.

– Revenons à « Almost Exactly », vous avez co-écrit les chansons pour la première fois, et surtout on y décèle un côté plus Pop et peut-être plus roots aussi. Vous aviez des envies de changement, ou c’est une évolution assez naturelle de votre musique ?

Nous ne pensons jamais en termes de changement de musique. Quand nous composons, nous faisons simplement notre truc. Je dirais donc certainement que nous évoluons naturellement vers autre chose. Si c’est plus Pop, ou plus ‘vert’ plutôt que ‘bleu’, c’est à vous de décider. Je suis heureux quand les gens s’intéressent à notre musique et soulèvent toutes ces questions sur le changement de style, etc… Pour nous, cela n’a pas changé du tout depuis le début. PEUT-ÊTRE, juste un tout petit peu, OK !

Photo : Anna Polewiak

– Cela dit, cette authenticité très Blues est toujours autant alimentée de Soul et de R&B dans des couleurs fidèles aux 60’s et 70’s. Ca, c’est une chose qui ne changera jamais chez THE CINELLI BROTHERS ?

Ne jamais dire jamais. Quand les gens commenceront à exiger une musique type pour les CINELLI’S, j’essaierai sérieusement de comprendre pourquoi dans un premier temps, puis j’envisagerai la possibilité de changer le son dans ce sens. Nous avons un bluesman dans le groupe (Tom Julian Jones), un Rock Soul (Stephen Giry) et un jazzman (mon frère Alessandro). Les éléments peuvent être mélangés pour toujours et auront un son vintage pour certains et nouveau pour d’autres. L’harmonica est l’instrument du Blues, donc tant qu’il y en aura dans notre musique, le ‘facteur’ Blues sera toujours là, je pense. Moi, je ne suis qu’un clown, là au milieu…

– Par ailleurs, « Almost Exactly » contient des sonorités Southern et même Country Blues et Gospel. Est-ce à dire que vous considérez le Blues au sens large du terme comme un vaste terrain de jeu aux possibilités infinies ?

Le Blues n’est pas un genre, c’est une ambiance. C’est un style de vie, apparent ou réel. Une chose peut cependant paraître ‘bluesy’, si vous chantez la gamme pentatonique avec plus ou moins d’émotion. Je suppose que nous avons l’air bluesy, car il y a beaucoup de gammes pentatoniques dans ce que nous faisons. Nous nous inspirons de ces rythmes qui étaient populaires il y a un demi-siècle. Si une chose est plus Country, ou Gospel, cela dépend du contenu des paroles ou des sons. La délivrance est toujours la même. Mais le Blues porte l’ambiance, c’est sûr.

Photo : Anna Polewiak

– Prochainement, vous allez venir en France pour une belle série de concerts. En dehors de votre guitariste Stephen, est-ce que vous entretenez une relation particulière avec notre pays, qui est aussi une belle terre d’accueil pour le Blues ?

Bien sûr que nous le faisons. Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entretenir une relation avec chaque pays dans lequel nous nous produisons. La France est un beau pays plein de gens enthousiastes. La nourriture et la vigne sont excellentes et les musiciens sont parmi les meilleurs. Elle nous a toujours très bien traités, nous ne pouvons que lui rendre la pareille en vous traitant également bien.

– Pour conclure, il n’y a pas que votre musique qui soit très soignée, votre look vintage l’est tout autant. Cela fait partie intégrale de l’univers de THE CINELLI BROTHERS, ou plus simplement de votre quotidien ?

Nous jouons un rôle dans le groupe. Nous sommes des artistes et il n’y a rien de mal à le dire. Quand le style que vous mettez sur scène vous va parfois bien dans la vraie vie, c’est là qu’on se fait ‘cinellier’. Personnellement, j’ai tendance à m’habiller très mal, trop coloré, hors-concours, criard et tout le reste. Tu imagines donc bien que le défi d’apporter un tel style dans le groupe et de convaincre les trois autres n’était pas si grand !

Le nouvel album de THE CINELLI BROTHERS, « Almost Exactly » (Inouie Distribution), est disponible sur le site du groupe avec toutes infos et notamment leurs concerts à venir :

http://www.cinellibrothers.com/

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Bluesy Rock Funk Rock Glam Rock Heavy Rock International

Cody Jasper : free to rock [Interview]

Le Texan est typiquement le genre d’artiste à l’américaine, c’est-à-dire capable de s’approprier à peu près n’importe quel style sur une base Rock et Blues. CODY JASPER fait partie de ces musiciens débridés et inclassables, plein d’humour et surtout avec de redoutables qualités de songwriter. Après un album, deux EP et une flopée de singles, il s’apprête à réaliser sa première tournée européenne le mois prochain avec trois dates en France. Alors, avant d’aller le voir fouler les planches à Nantes, Paris et Beauvais, rencontre avec ce guitariste et chanteur à l’univers exalté.

– Tu as sorti ton premier album éponyme en 2014, mais tu n’étais pas vraiment novice, puisque tu avais déjà joué dans le groupe Moon Fever notamment. Comment avais-tu abordé cette première expérience solo à l’époque ?

Mon expérience passée dans le groupe m’a laissé un goût amer, alors que je voulais vraiment m’amuser et juste jouer de la musique par amour.

– Il a fallu ensuite attendre « Ministry Of Sadness » en 2022 avec sept morceaux très différents les uns des autres et avec des couleurs très différentes. On y retrouve même des sonorités très Pop anglaise, ce qui est assez étonnant. On a le sentiment que tu cherches toujours à surprendre en arrivant là où on ne t’attend pas. C’est le cas, et malgré une unité musicale toujours perceptible ?

(Rires) Oui, j’aime toutes les musiques et j’essaie vraiment de rester à l’écart des frontières. J’ai ce sentiment que l’art devrait toujours enfreindre les règles pour repousser les limites. Je ne peux pas imaginer devoir jouer un seul style de musique chaque soir. J’essaie de garder ça intéressant, et pas seulement pour les fans de musique, mais aussi pour moi-même.

– L’année suivante, tu sors « Geronimo », un EP de 6 titres. Avec le recul, ton passé et ta culture musicale, j’ai l’impression que c’est sans doute celui qui te ressemble le plus. C’est aussi ton opinion ?

C’était certainement le disque le plus proche de moi, en effet. Juste du Blues Rock…

– Ce qui est remarquable en parcourant ta discographie, c’est ce socle très fort ancré dans le Blues, la Country Outlaw et le Rock, bien sûr. Pourtant, tu y ajoutes aussi régulièrement des touches Pop, psychédéliques, Soul, Glam et même R&B. C’est le fruit d’un héritage musical varié que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans ton Texas natal ?

Pas nécessairement, en fait. Tu sais, là d’où je viens, c’est vraiment difficile de faire quoi que ce soit à moins d’être une copie conforme de ce qui est populaire ici. Comme je te le disais plus tôt, j’aime toutes les musiques et je ne me vois pas jouer la même chose tous les soirs. J’aime la Soul, le Blues, le Rock’n’Roll, la Country et la liste est encore longue. Et qui a dit que je ne pouvais pas tout jouer ? (Sourire)

– Il y a aussi une chose qui est assez fascisante en traversant tes chansons, c’est une fondation très ‘Old School’ finalement, et traditionnelle aussi, sur laquelle tu poses de puissantes guitares et des sonorités très actuelles qui vont même jusqu’à des choses très dansantes. C’est cette liberté-là que tu recherches en premier lieu lorsque tu composes ?

Merci et oui, je me suis lancé dans la musique grâce à la liberté qu’elle me donnait de créer. Je n’essaie pas d’être forcément ‘Old School’, mais je le suis tout de même. J’aime la vraie batterie, explorer les sons de guitare et les conserver de façon aussi analogique que possible.

– Il y a aussi ce sentiment d’éviter à tout prix de rentrer dans le rang et de rester inclassable en parcourant tous les genres que tu aimes au gré de tes envies. Comment est-ce que tu définirais le style CODY JASPER ? Et je pense notamment au public européen qui va bientôt te découvrir…

Eh bien… J’adore la musique, sous toutes ses formes. Et j’ai commencé à en faire quand j’étais enfant en raison du sentiment de liberté que cela me procurait à être qui je voulais. C’est plutôt incroyable. Tu peux prendre les quatre mêmes accords, mais la façon dont tu les joues peut changer toute la sensation d’une chanson. Et j’espère que cela a du sens. Et c’est vrai que j’aime trop la musique pour me limiter à un seul genre.

– En plus de « Ministry Of Madness » et de « Geronimo », tu as sorti de nombreux singles. Là encore, ils sont très différents dans le son, mais pas dans l’approche et ils ont souvent solaires comme « Run », « Jaded », « Benz », « Who You Are », « Disco Limonade » ou « Higher Power ». On a le sentiment que ce sont des instantanés de vie. C’est le cas ? C’est de cette manière que tu les as composés ?

Oui, la plupart de mes compositions sont thérapeutiques. Je reviens toujours à ma guitare en période de stress, de lutte ou même de bonheur. C’est le meilleur moyen que j’ai pour libérer ce que je ressens à l’intérieur de moi-même.

– J’aimerais qu’on dise un mot aussi sur ton attitude, qui est très libre comme on a l’a dit, mais aussi très irrévérencieuse finalement, et assez ‘Sleaze’ sur certains aspects, non ? Pourtant, tu sais aussi te montrer très touchant…

(Rires) J’essaie juste de m’amuser !

– L’an dernier, tu as signé avec le label Evil Teen Records, qui est celui du légendaire Warren Haynes. Un album est d’ailleurs prévu pour cette année. Qu’est-ce que représente cette signature pour toi ? C’est celle que tu attendais et souhaitais depuis longtemps ?

Absolument ! Jamais dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé me retrouver dans cette situation. Je suis reconnaissant chaque jour d’être entouré d’une si belle équipe.

– Justement, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur cet album à venir ? Est-il déjà composé et enregistré ? Et quelle en sera la couleur, le ton et l’état d’esprit général ?

A l’heure actuelle, l’album est en phase de mixage. Je l’ai enregistré avec Aleks von Korff. Il a travaillé sur de nombreux disques de légende. Tous ces gars sont des rockstars et je suis tellement heureux qu’il ait produit le disque. C’est définitivement un album Rock. C’est à peu près tout ce que je peux te dire sans trop en dire. C’est du putain de Rock !!!

– Le mois prochain, tu vas entamer une tournée européenne, qui passera par l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas. J’imagine qu’il y a beaucoup d’excitation bien sûr. Comment l’abordes-tu et est-ce que tu as réfléchis de manière différente pour tes set-lists, sachant que le côté roots de la musique américaine que tu joues est assez peu représenté ici ?

D’habitude, je n’aime pas trop les setlist, car ce sont juste toutes les chansons que nous connaissons finalement. Mais chaque soir, je joue devant un public différent et aussi comme je le sens. Je peux donc changer les trois premiers morceaux en fonction de l’ambiance. Avec mon groupe, on joue toutes sortes de trucs, alors si je remarque que la salle est un peu plus Blues, on aura certainement quelques titres Blues bien musclés dans notre poche.

– On sait aussi, via Internet pour nous, que tes prestations scéniques sont enflammées et dégagent beaucoup d’énergie. Doit-on s’attendre à quelques surprises, car on connaît aussi ton côté entertainer et show-man ?

Oh oui, j’essaie toujours d’offrir aux gens le meilleur spectacle. Je suis tellement heureux que le public soit venus me voir jouer que j’ai l’impression que le moins que je puisse faire est de leur donner tout ce que j’ai.

Toutes les infos et toutes les dates de concert sont disponibles sur le site de CODY JASPER : https://codyjasper.com/

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Blues

Louis Mezzasoma : bumpy Blues

On pourrait facilement énumérer les artistes qui ont forgé la culture musicale de LOUIS MEZZASOMA, c’est assez évident, mais ce serait sans compter sur l’originalité et la personnalité artistique à l’œuvre dans son répertoire. Toujours aussi variée et chaleureuse, cette quatrième réalisation du musicien du Forez l’élève un peu plus parmi les plus créatifs de l’hexagone. « Good Or Bad Time » s’écoute en boucle.

LOUIS MEZZASOMA

« Good Or Bad Time »

(Le Cri Du Charbon)

Le Stéphanois avait déjà attisé ma curiosité avec « Mercenary », son troisième album sorti en 2021. Très authentique et direct, LOUIS MEZZASOMA accueillait pour la première fois un batteur-percussionniste, alors qu’il évoluait jusqu’alors en one-man-band. Pour « Good Or Bad Time », c’est dans une formule en trio que le bluesman présente onze nouveaux titres. Alors, si son ‘Dirty Old Blues’ a pris du volume, l’intention est toujours la même,  tout comme sa démarche qui reste d’une sincérité absolue.

Et ce nouveau line-up a même de quoi surprendre. Bien sûr, LOUIS MEZZASOMA est au chant, aux guitares, au banjo et joue de son Diddley Bow personnel, qui lui fait remonter aux origines du style. A ses côtés, pas moins de deux batteurs qui assurent aussi les chœurs : Arthur Parmentier et Hugo Etay Mora. Sur les textes du multi-cordiste, le groupe a composé ensemble les chansons sur lesquelles intervient également Brice Rivey au violon et au banjo. Un beau travail d’équipe où le songwriter semble s’épanouir.

Musicalement toujours aussi épuré, LOUIS MEZZASOMA navigue dans des atmosphères Southern, où il continue sa recherche du Blues originel qu’il parcourt pourtant avec talent. Traversant la Folk, la Country et le Rock, son jeu poursuit une même direction entre ballades et morceaux plus enlevés et électrisants, porté par un esprit roots à la fois serein et exacerbé (« Funny Boy », « Decent Man », « Lucky Tim », « Cloudy Day », « Corruption »). Aussi moderne qu’intemporel, « Good Or Bad Time » s’inscrit dans une belle tradition.

Retrouvez l’interview de LOUIS MEZZASOMA accordée à la sortie de « Mercenary » :

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Doom Doom Rock France Stoner Doom

Witchorious : dans les pages du grimoire [Interview]

WITCHORIOUS, c’est un trio composé d’Antoine Auclair (guitare) et des frère et sœur Paul (batterie) et Lucie (basse) Gaget, qui s’est forgé un univers Doom autant Metal que Rock et débordant à l’envie dans des atmosphères Stoner. En quelques années, les Franciliens ont su façonner un son et une identité très personnelle, au point de taper dans l’œil du label italien Argonauta Records. Antoine se fait porte-parole du groupe pour revenir sur ce premier album plus que réussi. Entretien.  

Photo : Cred Faallaway

– Avant de parler de ce premier album éponyme, j’aimerais que l’on revienne sur la création du groupe, qui est aussi une histoire de famille… Quel a été le déclic ?

On avait déjà joué ensemble avec Lucie, au sein de différents groupes. Au moment de créer ce nouveau projet, on a naturellement pensé à Paul pour nous rejoindre. On savait qu’il aurait beaucoup à apporter à ce nouveau projet de part ses influences et son jeu de batterie. Et puis, quand tu montes un groupe avec des gens, tu vas passer énormément de temps avec eux et ce n’est pas toujours pour rigoler, donc autant le faire avec des gens que tu aimes.

– WITCHORIOUS a vu le jour il y a cinq ans et vous aviez commencé par sortir un single avec les titres « 3 AM » et « Evil Creature ». Malheureusement, la pandémie a brisé ce premier élan. Quelle a été votre réaction à ce moment-là. Car, comme pour beaucoup, de nombreux espoirs et investissements se sont envolés…

On avait prévu d’enregistrer un EP au moment où le premier confinement est tombé. On a naturellement été déçu de devoir le repousser. Mais avec le recul, c’est ce qui nous a permis d’affirmer notre projet en travaillant davantage nos morceaux et notre identité. On en a profité pour travailler sur d’autres riffs, d’autres thèmes. C’était un moment très propice à la réflexion, notamment sur la vie avec cette ambiance de fin du monde, et de ce point de vue là, ça tombait plutôt bien. On a aussi évolué pendant ce temps, et donc on a intégré d’autres influences. Au final, l’album qu’on a produit ressemble vraiment à la proposition artistique qu’on rêvait de sortir, et je pense qu’il est beaucoup plus riche et abouti que le potentiel EP qu’on aurait pu sortir à la base. De toute façon on n’a pas eu le choix, il a fallu laisser faire le karma !

Photo : Brian Downie

– Après votre single, vous aviez donc en tête de sortir un EP de 5 titres. Finalement, vous avez revu vos ambitions à la hausse et décidé de vous lancer dans un album complet. Souvent, les groupes sortent des formats courts par manque de moyens, ou pour jauger leur following essentiellement. Cette étape ne vous a finalement pas paru nécessaire ?

C’est vrai qu’on s’est d’abord posé la question de ce qui serait le mieux stratégiquement : EP ou album ? En discutant avec les gens, les points de vue étaient tellement divergeants qu’on n’a pas trouvé de réponse, et comme chaque parcours est particulier, on a choisi de plutôt faire comme on le sentait. Avec cette histoire de pandémie, qui nous a donné un répit sur les répétitions et les enregistrements et donné beaucoup de temps pour écrire, c’est devenu limpide. Alors c’est vrai que ça a été un plus gros investissement, autant en efforts que financièrement, mais on ne regrette pas du tout. On adore écouter des albums où le propos peut être complètement développé, et on avait trop envie de faire un LP. Les conditions étaient réunies, alors on n’allait pas se priver.

– Ensuite, vous avez cherché un label, ce qui n’est jamais une mince affaire. Vous faites votre entrée sur le très bon label italien Argonauta Records, dont le catalogue est de grande qualité. Comment cette signature a-t-elle eu lieu et les avez-vous facilement convaincus ?

On trouvait le roster d’Argonauta excellent, il travaillait déjà avec quelques groupes français qu’on apprécie comme Conviction, Goatfather et Oaks. Au moment de chercher un label pour préparer la sortie de l’album, on l’a contacté et le projet l’a tout de suite emballé. On est très heureux de travailler avec Argonauta pour ce premier album. Gero, qui gère le label, est un passionné et il sait parfaitement nous conseiller.

Photo : Cred Faallaway

– J’aimerais que l’on parle de l’univers de WITCHORIOUS qui, forcément, tourne autour du personnage de la sorcière qui endosse d’ailleurs de multiples rôles. Est-ce que vous pensez que cela deviendra récurrent, ou voyez-vous plutôt « Witchorious » comme un album-concept ?

On ne voit pas vraiment ce premier album comme un album-concept, mais plutôt comme un recueil de morceaux présentant notre identité. On aime bien utiliser des métaphores dans nos textes et on trouvait intéressant de développer celle de la sorcière car, pour nous, c’est une figure à la fois rebelle et oppressée, qui effraie et fascine. Ce personnage de la sorcière est présent jusque dans le nom du groupe et fait fortement partie de notre identité, je pense qu’on continuera à la faire vivre par la suite. Et puis, c’est aussi un cliché dans le genre du Stoner Doom, et ça nous amuse beaucoup d’en jouer.

– Musicalement, votre Heavy Doom oscille entre Metal et Rock et j’y vois même un certain parallèle avec Candlemass et Avatarium. Est-ce que leur parcours et leur histoire commune et respective ont pu avoir une influence dans votre processus de création et d’exploration de ce vaste registre ?

Ce sont des groupes qu’on adore, et je trouve que le Doom d’Avatarium a un côté particulièrement grandiloquent, qui m’a toujours fasciné. Les deux font clairement partie des groupes qui ont influencé certains de nos morceaux, parce qu’ils ont exactement cette démarche d’un Doom qui reste très traditionnel dans les riffs et l’approche, mais avec des structures et des esthétiques qui apportent vraiment du renouveau. Le travail vocal incroyable d’Avatarium, le ton en permanence hanté de Candlemass, ce sont des sons qu’on a directement en tête quand on écrit, quand on cherche des modèles d’ambiance… We are bewitched !

Photo : Brian Downie

– L’une des particularités de WITCHORIOUS réside aussi dans le fait que vous soyez deux au chant et surtout qu’il y ait une voix féminine et une autre masculine. C’est quelque chose qui s’est imposé dès le début ? Sans compter que cela ouvre de nombreuses possibilités…

On a toujours apprécié ajouter des chœurs. Les deux voix, et mêmes les alternances entre voix chantées et criées, nous permettent de jouer sur les nuances. C’était important pour nous de mettre les deux voix en avant sur ce projet. Cela nous permet d’avoir deux présences en travaillant sur nos différents personnages. Et c’est quelque chose qu’on aimerait travailler davantage à l’avenir.

– Un petit mot aussi sur la production de « Witchorious », qui est puissante et équilibrée, ce qui est toujours une belle performance pour un premier album. Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

On a enregistré l’album avec Francis Caste au studio Sainte-Marthe et on est vraiment très contents du résultat. Le travail en studio nous a permis d’affirmer notre son, notre identité, et Francis, qui avait très bien compris où nous voulions aller avec ce premier album, nous a parfaitement guidés. C’était un vrai plaisir de travailler avec lui, il nous a beaucoup apporté sur la définition des ambiances. Nos morceaux étaient déjà très matures, alors il nous a fait réfléchir à l’histoire globale qu’on voulait raconter, faire en sorte que les morceaux forment un tout cohérent. Il nous a fait gagner en efficacité en nous aiguillant pour renforcer certaines structures. Il y a aussi eu un gros travail sur l’identité sonore des instruments et des voix, sur lesquels on a vraiment pris le temps d’explorer. Le but était que ça sonne hanté.

Photo : Brian Downie

– Outre la qualité sonore, il se dégage beaucoup de maîtrise de vos morceaux. Vu le soin apporté aux arrangements et à la structure des titres, j’imagine que cela est dû à un travail minutieux et de longue haleine pour apporter aussi du renouveau à un style comme le Doom ?

Lorsqu’on a créé le groupe, l’idée était vraiment de faire un groupe de Doom. Si on ne peut pas nier leur influence, on ne voulait pas cloner Black Sabbath ou Monolord. Assez naturellement, d’autres influences sont venues se greffer à nos compositions. Un côté Stoner, mais aussi des influences plus modernes de post-Metal ou de Black Metal. On était aussi assez friand d’ajouter des voix et des guitares d’ambiance, des sons bizarres… On voulait vraiment garder le côté brut des morceaux joués sur scène en trio, en ajoutant un vernis de studio ensorcelé.

– Enfin, vous allez probablement partir sur la route défendre ce bel album. Avez-vous prévu une certaine scénographie, afin de restituer au mieux ses ambiances et ses atmosphères saisissantes ?

Oui bien sûr, on a déjà une quinzaine de dates de prévues et on travaille à rallonger la liste ! Pour l’instant, on a beaucoup travaillé sur la fluidité et l’efficacité du set, notre jeu de scène, comment on donne vie à nos personnages en étant le plus authentique possible. Et on essaie de rajouter des éléments au fur et à mesure. On a beaucoup d’idées qu’on voudrait tester sur les prochains mois.

Le premier album éponyme de WITCHORIOUS est disponible chez Argonauta Records.

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Hard Rock

The Gems : on the Rock again

Il y a des albums qui font vraiment plaisir et celui-ci l’est même doublement, puisque la qualité est au rendez-vous. THE GEMS, trio formé à l’issue de quelques malheureuses péripéties passées, livre « Phoenix » qui scelle la renaissance du combo sous des intentions ardentes. Toutes trois ayant auparavant œuvré dans Thundermother (cf. interview ci-dessous), elles arborent aujourd’hui un nouveau blason taillé dans un Hard Rock fougueux et convaincant. Enflammées et débordantes d’enthousiasme, les Suédoises sont prêtes à (re)mettre le feu.

THE GEMS

« Phoenix »

(Napalm Records)

En mai dernier, j’avais eu le plaisir d’échanger avec la chanteuse Guernica Mancini sur son éviction de Thundermother, et aussitôt rejointe par ses deux complices Mona ‘Demona’ Lindgren (basse, guitare) et Emlee Johanson (batterie), laissant ainsi Filippa Nässil seule aux commandes de leur ancien groupe… momentanément. D’ailleurs, cette interview intervenait le lendemain de la signature de THE GEMS chez Napalm Records. Autant dire que le flou artistique n’avait pas duré bien longtemps pour nos musiciennes survitaminées.

Le trio a ainsi trouvé un second souffle et « Phoenix » est un titre très approprié pour ce premier album vif, dynamique et aux inspirations variées. Si l’ancienne bassiste n’a pas pour autant lâché son instrument sur le disque, elle retrouve en revanche sa six-corde de prédilection. Et à l’évidence, à l’écoute de ce nouvel opus, on y gagne carrément au regard du jeu nettement moins fluide et créatif de son ancienne collègue. Derrière les fûts, ça bastonne comme il faut, tandis que la frontwoman de THE GEMS rayonne littéralement.

Certes, il y a un petit côté revanchard, mais après tout, c’est de bonne guerre et puis c’est réalisé avec tellement de spontanéité et de positivité qu’on leur pardonne aisément (« Queens », « Send Me To The Wolves », « Silver Tongue », « Undiscovered Paths », « PSYCHO », « Fruits Of My Labor »). Et si le Hard Rock de THE GEMS paraît assez conventionnel, l’interprétation est remarquable, tout comme l’idée de ces interludes et de la très bonne version acoustique de « Like A Phoenix ». Premier essai plus que transformé !

Photo : Gustaf Sandholm Andersson

Retrouvez la première interview française du groupe :

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Cinematic Metal France Metal Progressif

No Terror In The Bang : une confirmation tout en puissance [Interview]

Le changement de label et une orientation musicale nettement plus féroce semblent avoir donné à NO TERROR IN THE BANG une vision plus nette et sans limite de son Cinematic Metal. Toujours aussi progressif, des sonorités plus extrêmes sont cette fois à l’œuvre sur « Heal », notamment dans le chant. Les Normands paraissent avoir pris leur allure de croisière et s’impose vraiment sur la scène Metal hexagonale grâce à un registre original, créatif et totalement maîtrisé. Alexis Damien (batterie, arrangements), Romain Greffe (claviers, arrangements, piano) et Sofia Bortoluzzi, frontwoman du sextet, reviennent sur ce fougueux élan à l’œuvre sur ce nouvel album.

Photo : Aurelien Cardot

– Un peu moins de trois ans après « Eclosion », vous faites un retour fracassant avec « Heal ». Entre-temps, vous avez changé de label pour intégrer la belle maison Klonosphere. J’imagine que c’est une source de motivation supplémentaire ? Est-ce que cela a pesé d’une quelconque manière dans la réalisation de l’album ?

Alexis : Klonosphere est un label fondé par Guillaume Bernard de Klone, que je suis depuis longtemps. Son avis et ses encouragements étaient donc une très bonne surprise et un encouragement. Il a reçu l’album et nous a appelé assez rapidement. Le côté éclectique et progressif de notre musique collait à l’esthétique globale des groupes Klonosphere. On est donc ravis et cela nous donne un second souffle.

– Le cap du deuxième album est toujours important pour un groupe et dans votre cas, cela semble vous avoir donné des ailes et une détermination incroyable. C’est pour cette raison que « Heal » est nettement plus agressif que son prédécesseur ?

Romain : On avait à cœur de confirmer ce que nous avions entrepris dans le premier album, et nous étions portés par les retours positifs, autant dans la presse que dans les diverses rencontres au fil des scènes. On s’est dit qu’on voulait aller plus loin, qu’on voulait plus explorer, se lâcher et se faire plaisir aussi.

Alexis : Sofia a voulu aller plus loin dans le chant saturé, cela donne forcément une brutalité supplémentaire, et emmène la musique sur des territoires plus hostiles… Je pense qu’on a forcé le trait, on est effectivement allé plus loin dans le spectre sonore.

Photo : Aurelien Cardot

– Votre Metal Progressif a lui aussi beaucoup évolué et, s’il se veut toujours aussi cinématique, il est très ancré dans son époque avec notamment des sonorités MetalCore et Electro. C’était un changement nécessaire ou, plus simplement, c’est dû au fait que NO TERROR IN THE BANG n’avait pas encore exploré toute sa palette artistique ?

Romain : Cette fois-ci, tous les membres du groupe ont écrit des morceaux, et les idées ont fusé. Les expérimentations aussi. Donc, ces sonorités Electro sont un prolongement de ce que nous avions expérimenté sur « Eclosion », et font suite à cette volonté d’aller plus loin. C’est l’envie, toujours et plus, de faire cohabiter les styles. Inclure des parties Electro, ou aussi des vraies parties de piano proches d’une musique cinématographique et parfois même contemporaine, était à la fois amusant et évident !

Alexis : Je suis heureux si le disque t’a semblé actuel. C’est une priorité pour moi de se poser la question de la modernité, de mettre en perspective le passé – l’héritage – le présent et le futur. Je ne me verrais pas créer un groupe de Thrash, par exemple…Les références sont trop dures à surpasser. En revanche, défricher de nouveaux terrains, tenter des métissages, cela est excitant. Les musiques actuelles, c’est comme un arbre qui se développe à l’infini, et si nous pouvions incarner ne serait-ce qu’un petit bourgeon dans la grande maison ‘Metal’, cela nous irait parfaitement.

– L’autre fait marquant de « Heal » est la dimension prise par Sofia au chant. La puissance affichée est assez phénoménale avec, notamment, une facilité étonnante à passer du registre clair au growl. Se rapprocher ainsi du Metal extrême est même assez inattendu. Cela tient-il aussi de la thématique du combat développé sur l’album ?

Sofia : Oui tout à fait, rien dans l’interprétation n’a été composé au hasard. Le côté growl plus extrême se justifie par une volonté de démontrer cette maturité acquise au fil des années, mais c’est également dû à  l’envie d’illustrer la thématique du combat de manière plus poignante, plus cathartique. Allié au chant clair, il devient d’autant plus saisissant. 

Photo : Aurelien Cardot

– Malgré beaucoup de vélocité, « Heal » contient toujours autant de passages très cinématiques et immersifs, mais peut-être plus sombres que sur « Eclosion ». Cependant, on a le sentiment que vous avez cherché l’efficacité tout au long de l’album…

Alexis : Effectivement, si on fait du live, il est important de le penser et de l’anticiper. Certains morceaux marchent mieux que d’autres, chaque groupe connait ça. Désormais, nous avons plus de répertoire, et donc nous jouons les plus efficaces. Par conséquent, c’est un exercice d’équilibriste et d’autocritique permanent. Il faut savoir expérimenter en gardant raison gardée – une sorte de lucidité, pour se dire ‘oui’ ça marche ou ‘non’, ça ne marche pas, ce sera un morceau sur album, mais pas en concert…Cela dépend aussi de quels types de concert : jouer en première partie est très différent que de jouer un set de 1h15 en tête d’affiche.

Romain : C’est aussi dû à notre propre retour du premier album. On s’est rendu compte qu’il y avait des parties vraiment ardues à reproduire en live, et on voulait également que notre musique soit encore plus éclectique. C’est pour cela qu’on a souhaité introduire quelques parties plus efficaces, plus directes, mais sans pour autant renier ce qui fait notre sel. A chaque partie plus ‘in your face’ s’adjoint une autre plus subtile, avec des arrangements les plus travaillés possibles, pour que toutes les sensibilités de notre public s’y retrouvent.

Photo : Aurelien Cardot

– Même si l’une des particularités de NO TERROR IN THE BANG est de présenter une musique très fouillée et technique, « Heal » est encore plus sophistiqué dans le son, ainsi que dans la structure des morceaux, les détails de l’orchestration et le soin porté aux arrangements. Comment vous êtes-vous répartis le travail d’écriture et de production surtout ?

Romain : Tout le monde a contribué à l’écriture et l’arrangement de cet album, alors que sur « Eclosion », tous les morceaux partaient d’idées d’Alexis (et nous les avions arrangés à six). Chacun est venu avec deux ou trois morceaux, avec des sensibilités différentes, des discours et des ambiances variées. Parfois, avec des morceaux quasiment aboutis, parfois avec quelques idées à assembler. Nous avons ensuite repassé le tout à la moulinette ‘NO TERROR’, et chacun a pu apporter sa patte. Et le travail de Sebastien Langle a sublimé nos créations.

Alexis : Nous réalisons des pré-prod en home-studio, très avancées, et nous enregistrons ensuite au studio de Sebastien Langle, puis au mastering avec Pierrick Noel. Sebastien est un peu notre Rick Rubin, il nous pousse dans nos retranchements.

– A l’écoute de l’album, les images se bousculent et l’on pense évidemment au rendu scénique. Avez-vous imaginé une nouvelle scénographie ? Et puis, est-ce que le répertoire de deux albums-concepts peut se fondre facilement dans un même set ?

Romain : Evidemment ! Nous sommes en train de travailler sur une nouvelle scénographie, mais ça prend du temps. Ça n’est pas toujours simple de correspondre visuellement à notre ambition musicale, surtout que c’est un métier à part entière. Les morceaux peuvent cohabiter sans aucun souci, même si dans un premier temps, nous aurons à cœur de défendre « Heal » sur scène.

Alexis : Un objectif serait de pouvoir un jour proposer des projections à la façon d’un ciné-concert. Nous avons commencé à faire des tests, mais évidemment, tous les endroits ne sont pas adéquats pour cela. Certaines SMAC sont bien équipées, mais en festival, c’est déjà plus compliqué, et ne vous y trompez pas, cela est souvent réservé aux très grosses productions. Mais rien n’est impossible, il faut aussi être malins, nous y réfléchissons.

Photo : Aurelien Cardot

– Enfin et toujours à propos de la scène, comment allez-vous restituer la complexité de certains titres ? Vous comptez utiliser plus de machines, ou peut-être épurer certains passages ?

Romain : Pour le premier album, on jouait tout 100% live. Là, au vue de la production des morceaux, on va s’aider de séquences. Ça nous permettra de restituer au mieux nos arrangements, sans concession, peu importe la situation de concert, qu’on soit en première partie ou en tête d’affiche.

Alexis : Epuré, ça peut se faire sur certains tout petits bouts, comme le pré-refrain de « Warrior », qui contient 75 couches ! (Rires) Mais les titres ne sont pas aussi complexes que cela, on s’y fait très vite !

« Heal », le nouvel album de NO TERROR IN THE BANG est disponible chez Klonosphere

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion du premier album :

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Doom Extrême International Label/Webstore

M9Music : les sillons du Metal extrême [Interview]

Activiste de longue date dans le monde du Metal underground, avec une grosse préférence pour les styles extrêmes, Denis Halleux a décidé d’unir ses forces à celles de Serge Manzato et Jean-François Galler pour créer un webstore unique en son genre : M9Music. Le (power) trio belge s’est spécialisé dans le Doom Metal, mais d’autres courants comme le Black et le Death y sont aussi représentés. Egalement à l’œuvre chez Metallian, Meuse Music Records et dans l’organisation de divers festivals, ce propagateur de l’extrême nous en dit un peu plus sur cette nouvelle entreprise. Entretien.

– Tout d’abord, quand et comment est née l’idée de la création du webstore M9Music ? Il y avait un manque de ce côté-là concernant le Metal extrême ?

L’idée est venue autant d’un constat que d’une envie personnelle. Comme tu le sais, je suis aussi fan de Doom… Et bien qu’il existe une multitude de mailorders et de labels spécialisés en Metal extrême, ils sont très souvent orientés Black ou Death, et ils ne proposent conséquemment que quelques disques de Doom ‘accessoires’. Par ailleurs, la guerre a privé les labels Doom russes de leur clientèle européenne (dont je faisais partie), et l’augmentation des frais de douane a rendu très onéreuses les commandes auprès de labels hors-UE comme Aesthetic Death, Weird Truth… J’ai eu envie d’y remédier, tout en croisant les effluves avec Meuse Music Records.

– Dans un certain sens, M9Music est le prolongement de Meuse Music Records. Le label ne pouvait pas gérer cette partie au sein de sa propre structure ?

Cela aurait été possible, bien entendu, mais des structures distinctes ont aussi des avantages, ne fut-ce que dans la gestion quotidienne. M9Music est le webshop officiel de Meuse Music Records, mais pas que. Et ce ‘pas que’ est important à l’heure actuelle. Travailler en parallèle favorise l’autonomie et permet à chacun de se concentrer sur sa partie, en prenant des risques financiers différemment.

De gauche à droite : Serge Manzato, Jean-François Galler et Denis Halleux composent l’équipe de M9Music

– Le webstore met en avant la collaboration entre Meuse Music Records et Tragedy Productions. C’est une manière de peser un peu plus sur le secteur du Metal extrême, et/ou de proposer un catalogue plus conséquent également ?

En réalité, il n’y a pas d’ambition particulière derrière ces partenariats. On a beaucoup parlé de l’augmentation des coûts Bandcamp ou Discogs récemment, mais pour les petits labels, un problème assez similaire se pose avec la distribution. Pour avoir ses produits disponibles en disquaires (même si ceux-ci se raréfient également), cela signifie presser plus de copies, accepter les conditions tarifaires imposées par le distributeur, attendre parfois longtemps les relevés de vente et devoir investir dans des campagnes de promotion de plus en plus coûteuses. Tout cela réduit la marge évidemment, ampute les revenus des artistes et génère le risque de récupérer un stock important d’invendus, parfois abîmés… M9Music n’a pas la prétention de remplacer les distributeurs, mais plutôt de proposer une rémunération correcte pour les labels partenaires, avec un contrôle absolu des quantités, etc. Ce qui permet aussi aux artistes d’avoir une vision claire sur les ventes et une rémunération juste.

– Et il y a aussi ce partenariat avec le magazine Metallian, dont tu es aussi le rédacteur en chef. Au-delà de ce conflit d’intérêt flagrant, en quoi consiste cette belle collaboration ?

Il n’y a pas vraiment de conflit d’intérêt… (Sourire) Je travaille bénévolement pour Metallian depuis 2008. Je n’ai jamais perçu un centime du magazine pour des milliers d’heures de travail… A l’inverse, M9Music me permet de trouver des solutions de financement complémentaires pour le magazine, à une époque où il en a grand besoin, en proposant aux petites structures de trader leurs pubs, comme on le faisait dans les années 90 avec AblaZine. Et je te promets que je ne soudoie pas l’équipe quand je leur soumets des sorties Meuse Music Records à critiquer ou à travailler ! (Rires)

Meuse Music Records et Tragedy Productions font cause commune

– Concrètement, qu’est-ce que l’on trouve chez M9 Music qu’on ne trouve pas ailleurs, car vous n’êtes pas les seuls dans la place ?

Comme évoqué plus tôt, j’essaie de construire un catalogue principalement Doom, et de rassembler/importer les sorties Doom de labels hors-UE ou de labels pour qui le style n’est pas une réelle priorité. Bien sûr, il y a aussi du Black, du Death, de la Dungeon Synth… Mais l’axe principal reste Doom. Mon but n’est pas l’utopie de tout avoir en stock, mais au moins de proposer aux doomers du choix et des prix justes.

– D’ailleurs, M9Music ne distribue que du Metal extrême. Il existait un vrai manque, ou alors c’est peut-être aussi l’envie de pratiquer une politique tarifaire différente des autres sites ?

La politique tarifaire, c’est certain ! A quelques rares exceptions, les albums en digipacks sont à 13€ et à 12€ en jewel cases, au maximum ! Pour l’orientation musicale, c’est une question de goût, mais aussi de logique : quel serait l’intérêt de vendre du Sabaton ou du Powerwolf que tu trouves facilement chez Napalm, Nuclear Blast, Amazon ou même Carrefour ? Sérieusement, qui aurait envie de tenter de concurrencer ces géants sur leur propre terrain ? Cela n’aurait aucun sens. Et puis, je crois qu’on ne peut vendre que ce qu’on aime et ce en quoi on croit. La scène underground a toujours été ma motivation, et j’ai toujours fait de mon mieux pour la soutenir, que ce soit en écrivant (AblaZine, Metallian), en organisant (AZ Live ASBL) ou en produisant et distribuant.

Denis Halleux

– Le webstore propose un large choix de CD, vinyles, tapes, merchandising, ainsi que de l’occasion et pour mon plus grand plaisir, rien en numérique. Alors que c’est le support qui domine le marché, pourquoi vous en priver ? A moins que le public de Metal extrême ne préfère surtout le physique dans sa majorité ?

On pourrait disserter des pages sur l’importance de l’objet, de l’album physique, de l’appréhension complète de tout un travail artistique, jusqu’à sa compréhension et son appréciation. Je pense que les fans de Metal restent attachés à tout cela et ils ont envie de soutenir les artistes, de savoir que leur travail n’est pas vain. C’est dans cette logique-là que je vais en tout cas, on verra si j’ai raison.

– Un petit mot aussi que les nombreuses promos du site. De quel type d’albums s’agit-il ? Des pièces devenues rares ou en fin de stock, car l’idée est vraiment bonne et le choix important ?

Il y a de tout… il y a des fins de stock, des surplus de stocks, des doublons de ma propre collection… Essentiellement des disques qui ne rentreront plus en stock une fois écoulés, parce qu’épuisés définitivement, ou un peu hors scope.

– Enfin, comment envisagez-vous le développement du webstore ? Peut-être dans la production de groupes ou de concerts, voire peut-être même une ouverture vers d’autres styles ?

La production restera aux mains de Meuse Music Records, c’est sa raison d’être, et avec Jean-François et Serge, on essaie de le faire bien.  Pour les concerts et festivals, AZ Live ASBL reste pour l’instant le vecteur avec une cinquième édition du ‘Haunting The Castle’ (festival Doom) prévue le 17 février 2024, et une seconde édition du ‘Dark Dungeon Festival’ (festival de Dungeon Synth) prévue les 12 et 13 avril 2024. A chacun son métier dit l’adage… Le développement se fera naturellement, en étoffant le catalogue et en proposant toujours plus de choix aux amateurs de musique sombre…

Pour en découvrir d’avantage, une petite visite du site s’impose : www.m9music.eu

Helllight et Gévaudan, deux belles productions disponibles chez M9Music
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Heavy Rock International

Cassidy Paris : next generation [Interview]

Avec « New Sensation », la jeune Australienne se présente comme faisant partie de la nouvelle génération du Rock au féminin. Fraîchement signée sur le label italien Frontiers Music, CASSIDY PARIS a parfaitement su s’entourer pour passer le cap toujours délicat du premier effort. Avec un Heavy Rock personnel et solide, la chanteuse et guitariste laisse déjà une belle impression, grâce à une performance toute en maîtrise et des compos accrocheuses et dynamiques, et loin d’être mielleuses. Actuellement en Europe pour une tournée au Royaume-Uni, elle s’est livrée sur son album, les musiciens qui l’entourent et sa vision de la musique.

– Avant de parler de ton premier album, tu étais dernièrement en tournée au Royaume-Uni. Comment « New Sensation » a-t-il été accueilli, car tu as aussi de nombreux fans là-bas ?

J’ai vraiment été bouleversée et touchée par la réaction suscitée pour l’accueil de « New Sensation ». J’avais six cartons remplis de CD qui se sont tous vendus lors de la tournée. C’était une expérience tellement surréaliste. C’est vraiment un rêve devenu réalité d’avoir cette connexion avec les gens. Ce disque représente beaucoup de travail, toute ma sueur et mes larmes de ces six dernières années.

– Pour cette venue en Europe, tu étais entourée de ton groupe habituel, ou par les musiciens qui jouent sur ton album, comme Alessandro Del Vecchio que l’on connait bien chez Frontiers Music, ton label ?

De tous nouveaux membres ont rejoint le groupe. Deux frères, Alex et Tom Rogowski, qui sont des musiciens très talentueux et ils ont été incroyables en apprenant mes chansons. Ils sont maintenant permanents et ils sont impatients de continuer la tournée et de participer à l’écriture et à l’enregistrement de nouveaux morceaux avec moi. Nous avons une vision commune et je suis incroyablement reconnaissante d’avoir autour de moi des gens qui croient en moi comme mon père aussi, Steve Janevski, qui a toujours joué à mes côtés, et Dave Graham à la guitare. La chose la plus importante lorsque je travaille avec des musiciens, c’est qu’ils soient de bonnes personnes qu’ils me soutiennent dans mon parcours, même s’ils jouent aussi dans d’autres groupes. Et j’adorerais bien sûr jouer un jour avec un musicien aussi expérimenté et génial qu’Alessandro.

– D’ailleurs, comment as-tu choisi les musiciens qui t’accompagnent sur « New Sensation », car ce ne sont pas ceux avec lesquels tu joues habituellement. Pourquoi ces changements ? L’album n’a pas enregistré chez toi, en Australie ?

Comme je n’avais pas de membres permanents dans le groupe à l’époque, mon label a fait en sorte que des musiciens enregistrent la basse et la batterie. Alessandro, par exemple, fait partie de ces personnes. Il a produit et joué sur l’album et je suis vraiment contente du résultat final. J’ai été tellement honorée qu’il soit si impliqué. Mirko DeMaio joue également de la batterie sur l’album et il a fait un travail brillant. Pour être honnête, je n’aurais pas pu rêver d’un meilleur groupe avec qui travailler en studio et en live.

Alessandro Del Vecchio a été remarquable dans les différents rôles qu’il a assumé, c’est-à-dire comme producteur, bassiste, pour les chœurs et sur quelques parties de guitare. Ce fut un plaisir absolu de travailler avec lui. Je ne le remercierai jamais assez. Nous avons eu la même vision pour l’album. En fait, l’enregistrer a été un processus très simple, même si j’étais à l’autre bout du monde. J’ai suggéré à mon père et à Dave Graham d’enregistrer les guitares. Il était absolument ouvert à cela. Alessandro leur a fait confiance pour les jouer et je pense que le produit final témoigne véritablement de la musicalité exemplaire de l’album.

– A tout juste 21 ans et avec déjà deux EP à ton actif (« Broken Hearted » et « Flirt »), tu sors ton premier album, qui est d’ailleurs très réussi. Tu avais un peu plus de pression, ou c’était dans l’ordre naturel des choses ?

De la pression ? Pas vraiment, non. J’aime la musique et c’est dans mon ADN. Je joue du Rock’n’Roll, car c’est amusant et que c’est ma passion. Je me sens à l’aise dans ce que je fais et cela me permet de m’exprimer. J’ai évolué à mon rythme et je continue d’apprendre et de me développer dans toutes les facettes de la musique, que ce soit le chant, l’écriture, l’enregistrement et les tournées. J’ai un solide réseau de soutien autour de moi. Cela a été la clef pour devenir l’artiste que je suis aujourd’hui. C’est vrai que, parfois, cela peut être écrasant, surtout quand vous êtes en tournée. J’adore jouer en live, mais en tant que chanteuse, cela peut devenir très exigeant quand on est malade, par exemple. Du coup, la pression que l’on ressent en montant sur scène, si sa voix n’est pas à 100%, peut être forte. Mais c’est la même chose pour tous les artistes. Je suis une artiste Rock et j’adore ça ! Certains disent que je suis trop Pop, mais regardez des groupes comme Def Leppard, Bon Jovi, Poison, Warrant et Vixen. Tous avaient un côté Pop à l’époque. Alors, je fais ce que j’aime et si les gens aiment ça, tant mieux !

– Sur « New Sensation », on retrouve aussi ton mentor Paul Laine (ex-Danger Danger, The Defiants) qui est présent sur les chœurs et aussi comme compositeur. C’était important pour toi qu’il soit présent sur ton premier album ?

Oui et je lui suis très reconnaissante. Il a été une grande source d’inspiration pour moi en tant qu’artiste et aussi en tant que personne. J’ai toujours été fan de Danger Danger et maintenant de The Defiants. Paul fait partie de ces personnes qui sont phénoménales et si naturelles. Je me sens vraiment chanceuse de pouvoir l’avoir comme mentor et ami. Quand nous nous sommes rencontrés, j’avais 11 ou 12 ans. J’en ai maintenant 21 ans et il m’a vu grandir. Il m’a beaucoup appris au niveau du chant et de la composition, et il m’a aussi donné quelques leçons de vie. Paul a eu un impact énorme, non seulement sur ma croissance en tant qu’artiste, mais aussi sur ma vie en général.

– Tu t’es toujours présentée sous ton nom et en tant qu’artiste solo. Tu n’as jamais été tentée de faire partie d’un groupe et d’appartenir à un collectif sous une autre appellation ?

En fait, j’ai toujours eu l’impression que CASSIDY PARIS était un groupe. J’ai trouvé les bonnes personnes avec les frères Rogowski. Ils partagent ma vision et ma passion pour ce type de musique. Dans le même sens et à un moindre niveau, Ils font autant partie de mon groupe que Ritchie Sambora et Tico Torres faisaient partie de Bon Jovi. C’était le nom de Jon, mais ils faisaient tous partie intégrante du groupe. C’est ce que je cherchais aussi de mon côté. Je suis reconnaissante envers tous les musiciens qui ont fait partie de mon voyage. Parfois, il faut juste plus de temps pour les trouver.

– Par ailleurs, tu as déjà beaucoup voyagé et tu as constitué une solide fan-base aux quatre coins de la planète. Toi qui es née avec les réseaux sociaux, est-ce que tu penses que cette nouvelle donne aide beaucoup les artistes émergeants comme toi ?

Les réseaux sociaux ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je pense que cela permet aux artistes de promouvoir très largement leur musique. Cela m’a permis d’atteindre un public beaucoup plus large que chez moi en Australie. Cependant, cela présente également des désagréments, comme par exemple les ‘haters’ qui prennent plaisir à s’asseoir derrière leur clavier et être négatifs. J’ai été élevée pour être toujours positive. Si vous n’avez rien de gentil à dire, ne dites rien. C’est juste une question de décence. Pourquoi essayer de démoraliser les gens qui ont des rêves et des aspirations ? Donc, personnellement, je trouve assez alarmant que les gens pensent qu’ils ont le droit de tout critiquer en permanence.

– « New Sensation » est très Rock avec des sonorités tirant aussi sur le Hard Rock avec toujours un côté très mélodique. Y compris dans certaines attitudes, on te sent très proche du monde du Metal. C’est le cas ?

J’ai grandi avec la musique Rock et avec l’aide de mon label, je suis plus qu’heureuse de hisser le drapeau du Rock’n’Roll de la prochaine génération. Je suis une artiste Rock et j’adore ça. J’ai été élevée dans le Classic Rock et le Heavy Metal. On m’a toujours appris à reconnaître une bonne chanson quel que soit le genre. Heureusement, il n’y a que quelques personnes bornées qui ne comprennent pas que ma musique est liée au Hard Rock. Dans le monde du Rock, il existe de nombreux sous-genres. Par exemple, regardez la liste des groupes présents dans un festival majeur comme le ‘Hellfest’. Cela va de Metallica à Foo Fighters, The Offspring et Simple Plan. Tous sont très différents, mais partagent la même scène lors d’un festival. Il y a de la place pour tous styles de groupes.

– Tu es aussi guitariste, et même ambassadrice de la marque Fender, et pourtant sur « New Sensation », Steve Janevski et Dave Graham jouent les guitares. Tu souhaitais te concentrer sur le chant, où est-ce que tu as aussi participé aux rythmiques et aux solos, car trois guitaristes sur un album, ça commence à compter…

Oui, chanter est mon premier amour. Je joue de la guitare en live et j’adore ça. Je suis surtout guitariste rythmique. Mais j’aime les gens brillants et impliqués et je voulais leur donner l’opportunité de montrer leur sens musical sur l’album.

– Pour conclure, nous n’avons pas parlé de composition. Est-ce que tu écris les paroles et la musique de tous tes morceaux, ou est-ce que tu apprécies aussi de collaborer avec d’autres musiciens ?

C’est un mix des deux. J’ai l’impression d’être encore en apprentissage en tant qu’auteure-compositrice. J’ai beaucoup appris, mais j’ai encore tellement à apprendre. Ensuite, certaines chansons sont des collaborations, d’autres sont celles que j’ai écrites moi-même et il y en a quelques-unes écrites par d’autres. Des gens m’envoient aussi parfois des chansons, donc si je peux me connecter à eux, et que je pense que c’est une bonne chanson, je vais l’essayer.

L’album de CASSIDY PARIS, « New Sensation », est disponible chez Frontiers Music.

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AOR Hard FM Melodic Rock

Heart Line : roots spicy roots

Loin des fadasses Tribute bands, « Original Seeds » est le nouvel EP de HEART LINE et il ne se présente pas dans une optique nostalgique, mais avec plutôt dans l’idée de reprendre avec respect, tout en se les appropriant clairement, des morceaux très représentatifs des glorieuses années de l’AOR. Exaltés et techniquement monstrueux, les solos retrouvent une seconde jeunesse, les claviers brillent comme jamais et le frontman montre toute l’étendue de son talent. Quelques covers en guise de récréation, finalement bien trop courte…

HEART LINE

« Original Seeds »

(Pride & Joy Music)

Non seulement en l’espace de seulement deux albums, « Back In The Game » et « Rock’n’Roll Queen », HEART LINE s’est imposé comme le représentant français du Hard FM/AOR/Melodic Rock qu’on attendait tant, mais au-delà de ça, il vient confirmer avec « Original Seeds » qu’il n’a plus rien à prouver aux piliers du genre. Un peu plus de deux ans après sa formation, le quintet incarne littéralement le renouveau d’un style propre aux années 80, certes, mais dont l’univers n’a pas fini d’être exploré.

Derrière la légendaire DeLorean de ‘Retour Vers Le Futur’, qui trône sur la pochette toujours réalisée par l’excellent Stan W. Decker, se cache une petite surprise que nous réservent les Bretons. Regroupant cinq morceaux qui ne sont pas issus de son répertoire, HEART LINE nous gratifie de reprises aussi piquantes que les originales et nous replongent forcément au cœur des 80’s. Et plutôt que de se contenter des hits, le groupe s’est penché sur des titres moins connus, ce qui vient ajouter une petite dose d’inconnu à l’ouvrage.

Du Royaume-Uni avec Tobruk, Aviator et Virginia Wolf, à la Suède avec Alien et aux Etats-Unis avec Dakota, HEART LINE a véritablement repris ces chansons à son compte. Sorties entre 1984 et 1988, le premier lifting tient bien sûr dans la dynamique et la production, mais pas uniquement. Au chant, Emmanuel Creis montre une superbe polyvalence, tandis qu’Yvan Guillevic et Jorris Guilbaud forment l’essentiel et explosif duo guitare/claviers tellement incontournable dans l’AOR. Une vraie gourmandise ! 

Photo : Mat Nina Studio

Retrouvez les interviews accordées à Rock’n Force par HEART LINE et la chronique du dernier album :

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Brave Rival : une incroyable communion

Une rythmique infaillible et tout en souplesse, un guitariste inspiré et virtuose et deux chanteuses qui se complètent autant qu’elles se distinguent, voici les délicieux ingrédients à l’œuvre lors des prestations scéniques de BRAVE RIVAL. En l’espace de quelques années seulement, l’Angleterre a été prise d’assaut par son Blues Rock aussi fougueux que sensuel et si l’on en croit ce somptueux « Live At The Half Moon », ça ne va pas en rester là.    

BRAVE RIVAL

« Live At The Half Moon »

(Independant)

S’il y a des groupes qui excellent en studio, la scène a très souvent le pouvoir de les transcender et dans le domaine du Blues, c’est même régulièrement une évidence. Ce n’est  donc sans doute pas une coïncidence si BRAVE RIVAL a commencé avec « Live At The Echo Hotel Music Club », un premier album enregistré en 2019 et en live. Pour autant, l’an dernier, les Britanniques ont livré « Life’s Machine », un effort studio salué, qui a permis à leur Blues Rock de mettre en évidence le talent de ses membres.

Nominé entretemps aux UK Blues Awards, BRAVE RIVAL a repris la route et c’est lors d’un passage en juin dernier à Putney dans la banlieue sud de Londres qu’il a immortalisé ce « Live At The Half Moon », éclatant de bout en bout. Le son et la personnalité du quintet s’affirment et se peaufinent et ce concert montre toute la confiance acquise et engrangée depuis ses débuts. D’ailleurs, le public présent ne s’y trompe pas et est littéralement sous le charme de cette énergie très communicative.

D’entrée de jeu, le survolté « Run And Hide » montre que BRAVE RIVAL sait déployer un Rock vigoureux sur des riffs appuyés que l’on retrouve ensuite sur « Magnetic », « Thin Ice » ou le truculent « What’s Your Name », qui clôt le disque. Avec son irrésistible duo de chanteuses, Chloe Josephine et Lindsey Bonnick, les Anglais présentent aussi des instants Soul d’une grâce incroyable (« Come Down », « Fool Of You », « Insane »). Le Blues Rock du combo ne connait ni frontière, ni limite et on se régale.

L’album est disponible sur le site du groupe : https://braverival.com/

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force l’an dernier :