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Blues Rock Southern Blues

Ole Lonesome : Texas rules

Costaud et rugueux, tout en affichant une légère désinvolture lancinante, OLE LONESOME sort son premier opus, « Tejas Motel », qui montre déjà une grande maturité. Loin d’être des novices de la scène texane, le combo joue sur des couleurs à la fois vintage et modernes pour obtenir un Blues Rock touchant et déterminé. Leur cœur est au sud et cela s’entend autant dans leur démarche que dans leur propos. Les Américains offrent une première réalisation généreuse et sensible.

OLE LONESOME

« Tejas Motel »

(Gulf Coast Records)

C’est dans le sud-est du Texas à Beaumont, du côté des marais pétrolifères, qu’ont grandi les membres d’OLE LONESOME. Zachary Feemster (guitare, chant), J. Wesley Hardin (basse), Gregory Mosley (claviers), Jimmy Devers (batterie) et Greg Achord (guitare) ont été nourris au Blues des pionniers, roots et épais, mais c’est pourtant guidés par une énergie et une inspiration très contemporaine qu’ils se présentent avec « Tejas Motel », un opus varié, entraînant, solide et doté d’une production directe et sincère.

Détecté par le guitariste, producteur et patron de Gulf Coast Recors, Mike Zito, dont le chanteur et six-cordiste a tournée au sein du groupe il y a un peu plus de dix ans, OLE LONESOME n’arrive donc pas en terre inconnue pour son premier album, enregistré en Louisiane. Le titre et le thème principal du disque sont nés dans la tête du frontman en passant devant le panneau d’un motel miteux, qui a inspiré « Tejas Motel ». Il s’agit donc d’une succession de petites histoires, qui donnent et redonnent vie à l’endroit.

Bien sûr, il se dégage des sonorités Southern dans le jeu et le son d’OLE LONESOME, mais sans pour autant être prédominantes. Le quintet puise son inspiration dans le Blues Rock américain au sens large du terme et déploie un style original. Les riffs sont gras, le chant déterminé avec une touche Old School et l’ensemble sonne terriblement organique. C’est cette authenticité qui rend les Texans si attachants dans leur approche (« Yvette », « Easy Street », « Ain’t No Good », « Natural Fact »). Ensorcelant !

Photo : Emily Martindale
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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Micke Bjorklof & Blue Strip : colors of soul

Faisant partie des plus grandes formations Blues d’Europe du Nord aux côtés de Bjørn Berge et de la reine de la slide Erja Lyytinen avec qui il a d’ailleurs travaillé, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue du Blues en ne se contentant pas de quelques chapelles, il englobe l’ensemble du style avec un feeling et une dextérité sans faille. Avec « Colours Of Jealousy », le chanteur, guitariste et songwriter éblouit encore une fois de sa classe et de celle de ses partenaires.

MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP

« Colors Of Jealousy »

(Hokahey Music Productions)

Depuis plus de 30 ans, le multi-instrumentiste alterne avec ses formations, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP en électrique et Micke & Lefty feat. Chef dans un registre acoustique et en trio. Dix albums sont déjà sortis et c’est avec son quintet qu’il se présente cette fois avec ce « Colors Of Jealousy » de toute beauté. Le bluesman finlandais se montre toujours très inspiré et la qualité d’interprétation est encore irréprochable.

Primé à de nombreuses reprises, le Scandinave affiche une grande créativité, bien aidé dans son effort par un groupe exceptionnel. MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP parvient avec une facilité déconcertante à faire le pont entre un Blues contemporain, un Blues Rock enflammé avec quelques touches bien senties d’influences du Delta et un soupçon de Nouvelle-Orléans et de Country. Un rayonnement incroyable.

Si « Colors Of Jealousy » arrive huit ans après « Ain’t Bad Yet », c’est que le groupe a beaucoup tourné, mais notre patience est magnifiquement récompensée. Enveloppé par les chœurs de Lena Lindroos et la slide de Lefty Leppänen, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue sur la corde sensible, tout en parvenant à garder un rythme d’enfer (« Highway Highway », « Missing My Woman », « Are You Real », « Through You Were Mine », « Into The Fire », « It Takes Two »). Eblouissant !

Photo : Mikko Parkkonen
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Modern Metal

Edge Of Paradise : Metal Eden

Il y a des groupes dont on sent la progression et la maîtrise au fil des albums, tout en prenant soin de ne pas camper sur leurs acquis. C’est très précisément l’impression que donne EDGE OF PARADISE avec « Hologram ». Le combo de Los Angeles conforte un style original toujours aussi Metal, mélodique, mais où l’aspect orchestral passe dorénavant au second plan, avec des claviers qui servent surtout de nappes qui viennent poser des ambiances très variées.

EDGE OF PARADISE

« Hologram »

(Frontiers Music)

En un peu plus de dix ans de carrière, les Californiens d’EDGE OF PARADISE se sont essayés à plusieurs styles et il semblerait que ce cinquième album soit enfin celui qu’on attendait d’eux, et celui sans doute qu’ils avaient aussi envie de proposer. Moins pompeux musicalement, même si quelques touches symphoniques persistent, le groupe paraît concentrer sur un Modern Metal plus incisif, massif et toujours aussi mélodique, accrocheur et pêchu.

Si, a priori, « Hologram » ne s’inscrit pas dans une trilogie, il s’impose tout de même dans la suite logique de ses deux prédécesseurs : « Univers » (2019) et « The Unknow » (2021). Très bien produit par Howard Benson, ce nouvel opus déploie une incroyable énergie que l’on doit en partie aux deux guitaristes, Dave Bates à la lead et David Ruiz à la rythmique. Mais EDGE OF PARADISE reste un quintet uni et la démonstration est éclatante.

Mené par leur époustouflante frontwoman, Margarita Monet, qui est aussi aux claviers, le groupe est d’une détermination contagieuse, passant de passages puissants à des atmosphères plus calmes. Au chant, l’Américaine use d’un éventail impressionnant, capable soudainement de se faire féroce autant que sensuelle sur des morceaux véritablement taillés pour la scène (« Hologram », « This Is Personal », « The Faceless », « Don’t Give Up On Me », « Basilisk »). EDGE OF PARADISE est au sommet de son art et c’est incontestable.

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Stoner/Desert

Queens Of The Stone Age : une frilosité manifeste

On peut toujours dire qu’il est difficile d’être étonné par un groupe après 25 ans de carrière, mais pourtant certains y parviennent, ou du moins, ils maintiennent leur identité première, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils n’évoluent pas. Comme beaucoup de formations à l’origine d’un style bien particulier, on en attend souvent un peu plus. Sans donner dans la facilité, QOTSA ne propose rien de neuf, tombe dans des travers faciles et évidents, qui laissent donc une saveur très fade à l’écoute de ce « In Times New Roman… ».

QUEENS OF THE STONE AGE

« In Times New Roman… »

(Matador Records)

Sept ans après « Villains », dont la production de Mark Ronson avait donné une sorte de virage assez étrange tant l’âme du groupe semblait avoir disparu, on attendait forcément avec une impatience non-dissimulée le retour (en forme) de QUEENS OF THE STONE AGE. Toujours mené par Josh Homme, qui produit l’album enregistré et mixé par Mark Rankin aux Pink Duck Studios du chanteur à Malibu en Californie, « In Times New Roman… » renoue-t-il avec le style brut, parfois cru, et surtout Stoner/Desert du quintet ? Rien n’est moins sûr.

Qu’en est-il donc de ce huitième album ? Sans rentrer dans les épreuves traversées par son leader ces dernières années (d’autres publications s’en délecteront à ma place), le frontman n’élude pas son vécu, qui est d’ailleurs fondateur de nombreux morceaux de « In Times New Roman… ». Vocalement, on le retrouve assez fidèle à lui-même avec toutes les variations dont il est coutumier. Les guitares, elles aussi, sont omniprésentes et relativement affûtées, mais on ne goûte plus du tout à la sensation du QOTSA des débuts.

25 ans de carrière change un groupe, évidemment, surtout lorsque celui-ci voit son line-up changer si régulièrement. Malheureusement, les pionniers du Stoner/Desert Rock semblent avoir levé le pied, et même parfois les deux, pour se complaire dans une sorte de Pop/Rock peu enlevé et même les soubresauts entrevus sur « Obscenery », « Paper Machete », « Made To Parade » ou « Straight Jacket Sitting » » sont bien trop rares pour être convaincants. Les fans de la première heure de QOTSA vont rester sur leur faim…

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Hard 70's Proto-Metal Stoner Metal

Dead Quiet : une tempête de riffs

Si la pochette, tout en sobriété, de ce quatrième opus de DEAD QUIET peut laisser penser à une musique sombre et violente, c’est presque le contraire que proposent les Canadiens avec « IV ». Les belles harmonies et les envolées métalliques nous replongent dans l’univers si créatif des années 70 et 80 et son esprit Rock indélébile et savoureusement rétro.

DEAD QUIET

« IV »

(Artoffact Records)

Faisant partie de la grande famille Stoner en raison de l’épaisseur des riffs essentiellement, c’est plutôt du côté des pionniers du Heavy Metal et du Hard Rock, à savoir Black Sabbath et Deep Purple pour faire court, qu’il faut regarder pour bien saisir l’essence-même et le feu qui animent DEAD QUIET. Depuis ses débuts en 2014, le groupe s’est forgé une solide réputation dans son Canada natal et tend à rugir partout ailleurs.

Dès son premier album éponyme l’année qui suivit sa formation, puis avec « Grand Rites » (2017) et surtout « Truth And Ruin » (2020), DEAD QUIET n’a laissé personne indifférent à Vancouver. La musique du quintet n’a pas tardé à se propager au-delà, fort d’un registre efficace, très travaillé et où les mélodies et la puissance jouent les équilibristes. Et malgré cet esprit très vintage, un vent de modernité souffle bel et bien ici.

Armé de deux très bons guitaristes, d’une rythmique massive, d’un claviériste parfois touché par la grâce et d’un frontman au charisme évident, DEAD QUIET possède de sérieux atouts. Les refrains sont implacables et l’énergie déployée rend ce quatrième album rapidement addictif (« The Hanging Man », « Dying To Live Again », « Existential Dread », « High Roads », « Murder City »). La marque des grands.

Photo : Milton Stille
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Cinematic France Rock Progressif

Orpheum Black : une émulsion tribale [Interview]

Toujours autoproduit, ORPHEUM BLACK continue de faire grandir son univers, tant musicalement que visuellement. Après le très bon « Sequel(s) » où l’on a pu découvrir un groupe très créatif et assez singulier, « Outer Space » prend des chemins de traverse sans pour autant renier cet esprit très progressif à l’œuvre depuis le début. Aujourd’hui, le quintet a renouvelé sa rythmique et un souffle nouveau apparaît à travers des morceaux toujours aussi soignés. Entretien avec Romain Clément, guitariste du quintet orléanais.  

Photo : Chloé Dauma

– Lors de notre dernière interview pour la sortie de « Sequel(s) », vous affirmiez vraiment votre style, ainsi que votre démarche, après un premier EP très réussi. On se retrouve donc pour « Outer Space », qui est très différent. S’il en reste quelques bribes, j’ai l’impression qu’il est moins progressif. C’était votre intention de faire encore évoluer la musique d’ORPHEUM BLACK ?

J’ai surtout le sentiment que le terme de musique progressive est un peu à la mode et utilisé un peu rapidement. Justement, je crois que le fait que ce nouveau disque soit différent du précédent rentre bien dans l’idée d’une esthétique ‘progressive’.

Au départ, le groupe s’est forgé sur l’idée de mixer les disciplines artistiques et de proposer à chaque sortie quelque chose de différent, mais de cohérent dans notre univers. A chaque fois, nous cherchons à renouveler la formule afin de proposer une expérience nouvelle. Nous n’avons pas envie de proposer le même disque. C’est quelque chose de très important, car cela permet de garder une vraie émulsion et stimulation lors de la conception d’un album.

Je pense que la différence notable vient vraiment que nous avons axé la composition autour du duo vocal. L’idée était de rapidement capter l’attention de l’auditeur sans pour autant rogner sur la partie instrumentale. Parce que, si on regarde le disque dans son ensemble, il n’y a pas beaucoup de morceaux avec une structure conventionnelle type couplet/refrain.

En résumé, on peut dire qu’on offre une musique qui est accessible, mais qui reste très travaillée sur les arrangements.

– Même s’il y a toujours ce gros travail sur les arrangements et qu’on découvre un peu plus vos morceaux au fil des écoutes, je trouve que les mélodies notamment sont plus efficaces et que votre jeu est aussi plus direct. Il y avait un désir de proposer quelque chose de plus accessible ?

Nous avons cherché à mieux capter l’attention lorsqu’on écoute notre musique. Nous avons davantage travaillé nos top-lines et je pense que c’est ce qui rend nos morceaux plus efficaces. L’arrivée de Nathan à la basse dans le groupe a aussi apporté ce côté plus direct. Il vient d’une musique plus extrême et plus directe. En peu de temps, il a su influer cet esprit plus tribal et c’est une facette vraiment complémentaire de ce que nous proposions jusque-là.

Photo : Chloé Dauma

– L’autre spécificité également sur « Outer Space », c’est ce changement de rythmique avec l’arrivée d’un nouveau bassiste et d’un nouveau batteur. Est-ce que ça a aussi modifié la dynamique du groupe et peut-être l’exploration de nouveaux tempos ?

En fait Alexis, le nouveau batteur, nous a rejoint après l’enregistrement du disque, lorsque nous avons terminé la tournée dédiée à « Sequel(s) ». Sur « Outer Space », c’est la présence de Nathan qui est à remarquer. Je pense sincèrement que l’on a trouvé le line-up qui pourra écrire l’histoire d’ORPHEUM BLACK. On a beaucoup de retours très enthousiastes depuis la reprise des concerts sur ce nouveau duo basse/batterie. Ils ont dépoussiéré les morceaux et y ont apporté beaucoup de dynamisme et de contraste. C’est un vrai plaisir de jouer avec eux et j’ai hâte d’écrire de la nouvelle musique ensemble.

– Sur « Sequel(s) », je trouvais que vos voix jouaient beaucoup sur le contraste, tandis que cette fois, on a le sentiment que vous avez plutôt cherché l’harmonie et la complémentarité. L’idée était qu’elles se fondent et qu’elles prennent le relais entre elles, tout en faisant corps aussi ?

Exactement, sur « Sequel(s) », nous avions cherché à démarquer le plus possible les deux voix. Finalement, on s’est rendu compte que parfois ça perdait un peu les gens en rendant les mélodies moins instinctives. Sur « Outer Space », nous avons totalement revu la façon de les travailler. Nous avons voulu leur donner plus de liant et de cohésion tout en leur donnant plus de place dans l’espace sonore. Un peu comme avec deux guitares qui se complètent, mais qui forment un tout.

– Sur ce nouvel album, et même s’il reste quelque solos très Heavy, il y a nettement moins de sonorités Metal. L’ensemble contient aussi plus de moments presque contemplatifs. Vous avez effectué un travail plus important sur les atmosphères pour « Outer Space » ?

Clairement, on a composé cet album comme la bande originale d’un film. Les auditeurs en sont les protagonistes. On a aussi envie de se démarquer de la proposition musicale Metal que l’on écoute tous au sein du groupe. Les phases très ambiantes de certains morceaux permettent à chacun de se projeter et d’imager sa propre histoire. La production du disque y joue aussi un grand rôle. Par exemple, « Inner World » est joué sur une guitare sept cordes et est construit sur un vrai riff Metal. Pour autant, on lui a donné une esthétique plus Rock et électronique. On a envie de surprendre !

Photo : Chloé Dauma

– Le premier album était basé sur un concept global avec même certaines reprises mélodiques sur certains titres. Qu’en est-il de « Outer Space » ? Vous l’avez composé et conçu sur le même schéma ?

« Outer Space » est la suite et la conclusion du travail entamé sur « Sequel(s) ». Les clips sont d’ailleurs liés et vont nous permettre de clore ce chapitre de l’histoire d’ORPHEUM BLACK avant d’aborder de nouveaux thèmes et histoires. Au contraire du précédent opus, les morceaux sont toujours liés par leur thème, mais ils peuvent être écoutés indépendamment les uns des autres. La tracklist, même si elle est réfléchie d’un point de vue musical, n’a plus de lien chronologique en termes de storytelling.

– J’aimerais que tu me dises un mot au sujet de « My Tribe », un morceau que vous avez dédié à votre public. C’est une démarche assez particulière. C’est une idée qui est venue spontanément ?

L’idée de ce morceau est née durant notre précédente tournée, qui nous a permis de jouer partout en France. Nous en avons profité pour tester nos nouveaux morceaux et nous avions envie de faire participer le public. « My Tribe », par son refrain hyper fédérateur, est vraiment devenu un moment très important et efficace de nos concerts. Lorsque tu pars loin de chez toi toutes les semaines, tu perds certains liens avec tes amis, tes proches, ta famille. Du coup, c’est le public qui remplit ce rôle de lien social et qui devient en quelque sorte une nouvelle famille. Pour la petite histoire, « My Tribe » s’intitulait au départ « Outer Space ». C’est la tournée qui nous a permis de lui trouver son titre définitif.

– Enfin, comme pour « Sequel(s) », les univers du théâtre et du cinéma sont encore étroitement liés sur « Outer Space », d’où est aussi né un court-métrage en deux épisodes. Concevez-vous les deux exercices en même temps et comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture du scénario, du tournage et de la réalisation ?

On ne pense pas directement aux vidéos lorsque l’on compose nos morceaux. Une fois qu’on a tout le contenu sous la main, on prend le temps de la réflexion pour voir lesquels seraient les plus impactants. La mise en production de nos vidéos est un vrai travail en collaboration avec le réalisateur. On choisit avec qui on travaille en fonction de ce que l’on souhaite, mais aussi selon leurs sensibilités. On échange beaucoup sur le scénario et l’ambiance globale, mais on laisse une grande liberté aux équipes. On sort un vrai court-métrage pour accompagner la promotion de l’album. C’est très stimulant et excitant. Pour un projet comme le nôtre, c’est plus de dix jours de tournage dans cinq lieux différents. C’est énormément de boulot, mais nous sommes très fiers du résultat !

Retrouvez la première interview du groupe réalisée à l’occasion de la sortie de « Sequel(s) » :

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Hard Rock

Shakra : irrésistible

Taillé pour la scène, « Invincible » figure parmi les meilleures réalisations du combo de Berne, tant il regroupe l’ensemble de ses qualités intrinsèques. A fois abordable dans son approche et aussi sachant faire preuve de plus d’agressivité dans son jeu, SHAKRA maîtrise plus que jamais son sujet et le Hard Rock proposé s’inscrit dans le temps et s’appuie sur des fondamentaux acquis de longue date, ce qui fait de lui l’un des acteurs actuels majeurs.

SHAKRA

« Invincible »

(AFM Records)

Avec Gotthard et Krokus, SHAKRA est l’un des plus fidèles représentants du Hard Rock suisse qu’ils portent tous les trois à bout de bras. Le quintet s’inscrit donc dans la durée et vient démontrer avec « Invincible » toute la force et surtout la qualité d’écriture qui les animent depuis leurs débuts. Classique et très américain dans le son, le groupe reste toujours pétillant et rafraîchissant.

Depuis le retour en grâce de son chanteur Mark Fox, SHAKRA enchaîne les bons albums (« Snakes & Ladders », « Mad World ») et semble même avoir trouvé une seconde jeunesse. Il faut dire que si la formation brille grâce à son songwriting, à des riffs imparables et des mélodies très accrocheuses, les Helvètes comptent l’un des meilleurs frontmen européens du registre et deux guitaristes très précieux.

Très complet, l’album de SHAKRA passe en revue un bel éventail de son savoir-faire et « Invisible » joue la diversité avec des titres qui sont véritablement son ADN (« On The Wild Side », « Devil Left All »), d’autres plus Metal (« The Matrix Unfolds », « Old Irish Song ») et sait toujours se montrer robuste et solide (« Invincible », « House Of Rock »). Ce treizième opus combine avec brio des refrains entêtants, des solos plein de feeling et une énorme envie.

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Melodic Metal Metal Progressif Modern Metal

Disillusive Play : à la croisée des chemins

Techniquement imparable, l’effort de DISILLUSIVE PLAY se porte pourtant sur les mélodies et le côté très fédérateur d’un style qui navigue entre Rock et Metal, Heavy et Hard Rock avec des touches progressives aériennes. Beaucoup de registres et de couleurs musicales se croisent donc et se fondent sur « Songs Of The Non-Existent », un opus très bien réalisé et doté d’un équilibre et d’une structure très travaillée. Les grecs n’ont rien laissé au hasard.

DISILLUSIVE PLAY

« Songs For The Non-Existent »

(Wormholedeath Records)

Fondé en 2014 à Athènes, DISILLUSIVE PLAY possède toutes les marques d’un groupe moderne et particulièrement bien ancré dans son temps, pour peu d’avoir l’esprit ouvert et d’apprécier différents courants du Metal et du Rock. Cinq ans après « Open Arms », son premier album, le quintet livre « Songs For The Non-Existent », un disque à dominante mélodique et progressive guidé par une chanteuse au timbre puissant.

Si sa frontwoman, Antigoni Kalamara, imprime un ton résolument Rock, DISILLUSIVE PLAY évolue dans des sphères Melodic Metal qui viennent justement apporter ce contraste original et dynamique. Grâce à des claviers bien distillés et des riffs acérés et accrocheurs, les Grecs dégagent une belle énergie et les nuances progressives de « Songs For The Non-Existent » donnent du relief et une profondeur musicale efficiente.

Très variée, cette deuxième réalisation offre une production soignée, qui met en valeur les solos rapides et virtuoses de Jim Kuikos (« Sisyphus », « Make Them All Feel Good ») et les refrains entêtants à l’œuvre ici (« Queen Of The Night », « Demons Glove »). DISILLUSIVE PLAY a également convié quelques guests et on retrouve donc Bob Katsionis (ex-Firewind) aux claviers, Iliana (Enemy Of Reality) aux chœurs et le bassiste Panagiotis Bourazanis. Un bel album.

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Blues Rock Contemporary Blues

Ivy Gold : la ruée vers l’or

C’est probablement le fait d’être formé de musiciens américains, allemands et anglais qui offre au Blues Rock d’IVY GOLD cette touche universelle et fédératrice assez unique. En effet, difficile de définir les influences à l’œuvre sur « Broken Silence », dont la production est aussi scintillante que lumineuse. Une très belle connexion portée par une voix fantastique pleine de relief.

IVY GOLD

« Broken Silence »

(Golden Ivy Records)

Ce que réalise IVY GOLD depuis trois petites années est tout simplement phénoménal. Le groupe au line-up un international a sorti un premier album, « Six Dusty Winds » en 2021, suivi du DVD « Live At The Jovel » l’an dernier et il nous revient aujourd’hui avec l’excellent « Broken Silence ». Et ce qui rend la formation un peu plus incroyable, c’est de voir la montée en puissance et surtout en qualité d’écriture entre les deux LP studio.

Composé des Américains Manou (chant), Kevin Moore (basse), Tal Bergman (batterie), de l’Allemand Sebastian Eder (guitare) et du Britannique Anders Olinder (claviers, orgue), IVY GOLD a également la particularité d’être totalement indépendant, depuis son management jusqu’à la production de ses disques. Et c’est peut-être cela aussi qui forge l’authenticité du Blues Rock distillé par le quintet.

Très organique, le style d’IVY GOLD s’inscrit dans la mouvance actuelle du Blues avec quelques touches funky et Gospel notamment sur le monumental « Sacred Heart ». Guidé par la puissante voix un brin éraillée de leur frontwoman, les musiciens s’imposent avec force et délicatesse sur des morceaux au groove instinctif et avec un feeling de chaque instant (« Got What I Need », « No Ordinary Woman », « Drifting » et le morceau-titre. Fabuleux !

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

The BluesBones : so soulful

Maniant les émotions avec toujours autant de délicatesse et de force, THE BLUESBONES se livre sur un nouvel opus aussi varié que complet dans une voie traditionnelle et des sonorités très actuelles. « Unchained » est taillé pour la scène, tant l’intensité de chaque morceau et l’interprétation des cinq musiciens rayonnent sur l’ensemble des titres. La signature est bel et bien là et plus assumée que jamais.

THE BLUESBONES

« Unchained »

(Naked/Donor Company)

Devenue incontournable sur la scène Blues européenne, le groupe vient assoir encore un peu plus sa position et surtout son style avec ce septième album. Comme ses prédécesseurs, « Unchained » possède ce son si organique qui vient du fait que THE BLUESBONES a toujours tenu à enregistrer en prise directe et en analogique, une marque de fabrique qu’il doit à son amour de la scène. Un acte de vérité et d’authenticité.

Car chez les Belges, la musique est bien vivante et vibre grâce à un groove imparable et inimitable. Si on peut clairement qualifier le registre du groupe de ce que l’on appelle communément le ‘Contemporary Blues’, THE BLUESBONES s’approprie de nombreux courants, passant du Blues Rock à des ambiances plus feutrées et aussi plus roots. Et « Unchained » présente tout cela à la fois avec élégance.

La production est remarquable et le soin apporté aux arrangements met encore plus en lumière la qualité d’écriture des bluesmen. Galvanisé par le chant de Nico de Cock, le quintet propose une approche sensible, ainsi que directe et relevée (« Chain  Gang », « Time To Learn », « Talking To The Lord », « The Road Ahead »). Mention spéciale à « I Cry », véritable machine à frissons que THE BLUESBONES décline en deux versions. Etincelant !