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The Cinelli Brothers : l’ambiance du Blues [Interview]

Si les nationalités se côtoient aussi naturellement chez les CINELLI BROTHERS, c’est probablement dû à un amour commun pour le Blues, bien sûr, mais cela va bien au-delà. Avec l’indépendance chevillée au corps, le quatuor italo-anglo-français livre déjà son quatrième album, « Almost Exactly », dont le titre parle de lui-même avec cet état d’esprit si particulier. S’ils échangent leurs instruments à l’envie, c’est avec une authenticité palpable que le groupe a imposé sa patte au fil des disques. Entretien avec Marco Cinelli (chant, guitare, claviers), principal compositeur et producteur, et à l’humour so british…

Photo : Anna Polewiak

– Tout d’abord, j’aimerais vous demander si la nationalité du groupe importe encore pour vous lorsque celui-ci se compose de deux Italiens, d’un Anglais et d’un Français ? Sachant en plus que vous êtes basés à Londres…

A ce stade, nous pouvons tous nous fondre dans la nationalité écossaise. Personne n’est écossais, mais l’Ecosse est un concept dans lequel chacun a des points communs les uns avec les autres.

– Est-ce que, finalement, ce n’est pas ce mélange de cultures qui fait que vous vous soyez retrouvés tous les quatre autour de la musique américaine si naturellement ?

Tu l’as dit. J’ai toujours pensé que le mélange de personnalités différentes, liées également à la différence de nos origines, rendait la soupe plus originale en goût. Comme le Blues.

– Vous venez de sortir « Almost Exactly », votre quatrième album, et vous êtes partis l’enregistrer aux Etats-Unis, à Woodstock, avec le grand Rich Pagano qui le co-produit également. Qu’est-ce qui vous a poussé à traverser l’Atlantique ? C’était une façon de vous rapprocher de vos racines musicales ?

C’était et c’est le rêve de nombreux jeunes groupes européens comme nous. Aller en Amérique – aller à Woodstock ! – dans un grand studio d’enregistrement, pour produire et  sortir un album qui sent bon les étoiles et les sillons. Waouh ! C’était presque comme si même la réalité des faits ne pouvait saper la beauté de ce rêve innocent. Le fait est qu’en Amérique, il existe toujours un vif intérêt pour la production discographique. Je dirais en fait qu’en Europe, il existe un vif intérêt pour ce qui se passe en Amérique.

Photo : Anna Polewiak

– Malgré de multiples récompenses et de nombreuses tournées, vous n’êtes pas signés sur un label après quatre albums. Pourtant, j’imagine que les sollicitations ne doivent pas manquer. Vous souhaitez simplement garder votre indépendance et une certaine liberté, ou vous n’avez pas eu d’offres suffisamment intéressantes ?

Je dois malheureusement admettre que nous n’avons pas eu l’offre qui nous ferait arrêter de faire ce que nous faisons sans l’aide de qui que ce soit. Nous avons eu des histoires, nous avons fait des choix et le résultat est le groupe aujourd’hui. Nous ne regrettons rien et nous ne changerions rien au passé, non plus. Un jour, viendra l’offre que nous ne pouvons refuser. Nous nous préparons à ne pas l’accepter.

– Revenons à « Almost Exactly », vous avez co-écrit les chansons pour la première fois, et surtout on y décèle un côté plus Pop et peut-être plus roots aussi. Vous aviez des envies de changement, ou c’est une évolution assez naturelle de votre musique ?

Nous ne pensons jamais en termes de changement de musique. Quand nous composons, nous faisons simplement notre truc. Je dirais donc certainement que nous évoluons naturellement vers autre chose. Si c’est plus Pop, ou plus ‘vert’ plutôt que ‘bleu’, c’est à vous de décider. Je suis heureux quand les gens s’intéressent à notre musique et soulèvent toutes ces questions sur le changement de style, etc… Pour nous, cela n’a pas changé du tout depuis le début. PEUT-ÊTRE, juste un tout petit peu, OK !

Photo : Anna Polewiak

– Cela dit, cette authenticité très Blues est toujours autant alimentée de Soul et de R&B dans des couleurs fidèles aux 60’s et 70’s. Ca, c’est une chose qui ne changera jamais chez THE CINELLI BROTHERS ?

Ne jamais dire jamais. Quand les gens commenceront à exiger une musique type pour les CINELLI’S, j’essaierai sérieusement de comprendre pourquoi dans un premier temps, puis j’envisagerai la possibilité de changer le son dans ce sens. Nous avons un bluesman dans le groupe (Tom Julian Jones), un Rock Soul (Stephen Giry) et un jazzman (mon frère Alessandro). Les éléments peuvent être mélangés pour toujours et auront un son vintage pour certains et nouveau pour d’autres. L’harmonica est l’instrument du Blues, donc tant qu’il y en aura dans notre musique, le ‘facteur’ Blues sera toujours là, je pense. Moi, je ne suis qu’un clown, là au milieu…

– Par ailleurs, « Almost Exactly » contient des sonorités Southern et même Country Blues et Gospel. Est-ce à dire que vous considérez le Blues au sens large du terme comme un vaste terrain de jeu aux possibilités infinies ?

Le Blues n’est pas un genre, c’est une ambiance. C’est un style de vie, apparent ou réel. Une chose peut cependant paraître ‘bluesy’, si vous chantez la gamme pentatonique avec plus ou moins d’émotion. Je suppose que nous avons l’air bluesy, car il y a beaucoup de gammes pentatoniques dans ce que nous faisons. Nous nous inspirons de ces rythmes qui étaient populaires il y a un demi-siècle. Si une chose est plus Country, ou Gospel, cela dépend du contenu des paroles ou des sons. La délivrance est toujours la même. Mais le Blues porte l’ambiance, c’est sûr.

Photo : Anna Polewiak

– Prochainement, vous allez venir en France pour une belle série de concerts. En dehors de votre guitariste Stephen, est-ce que vous entretenez une relation particulière avec notre pays, qui est aussi une belle terre d’accueil pour le Blues ?

Bien sûr que nous le faisons. Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entretenir une relation avec chaque pays dans lequel nous nous produisons. La France est un beau pays plein de gens enthousiastes. La nourriture et la vigne sont excellentes et les musiciens sont parmi les meilleurs. Elle nous a toujours très bien traités, nous ne pouvons que lui rendre la pareille en vous traitant également bien.

– Pour conclure, il n’y a pas que votre musique qui soit très soignée, votre look vintage l’est tout autant. Cela fait partie intégrale de l’univers de THE CINELLI BROTHERS, ou plus simplement de votre quotidien ?

Nous jouons un rôle dans le groupe. Nous sommes des artistes et il n’y a rien de mal à le dire. Quand le style que vous mettez sur scène vous va parfois bien dans la vraie vie, c’est là qu’on se fait ‘cinellier’. Personnellement, j’ai tendance à m’habiller très mal, trop coloré, hors-concours, criard et tout le reste. Tu imagines donc bien que le défi d’apporter un tel style dans le groupe et de convaincre les trois autres n’était pas si grand !

Le nouvel album de THE CINELLI BROTHERS, « Almost Exactly » (Inouie Distribution), est disponible sur le site du groupe avec toutes infos et notamment leurs concerts à venir :

http://www.cinellibrothers.com/

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LeanWolf : du Blues dans la bergerie [Interview]

Pour son deuxième EP, LEANWOLF a insufflé une touche Southern à son Blues Rock, quoi de plus normal finalement lorsque l’on vit en Languedoc-Roussillon. « Limbo » sent bon le sud, certes, mais plutôt celui des Etats-Unis. Quentin Aubignac, à l’état civil, a marié des saveurs sudistes à un jeu très groovy et percutant, mais également au parfum Soul. Avec une formule en quatuor, le songwriter, guitariste et chanteur s’exprime avec talent et beaucoup de liberté sur ce nouveau six-titres accrocheur. Entretien avec un musicien inspiré.

Photo : Arbre E. Saldana

– Tu avais sorti un EP en 2021 et tu récidives aujourd’hui avec « Limbo ». Le format court te convient mieux, ou ce sont les plus simplement les circonstances qui se sont présentées comme ça et t’y ont mené ?

J’ai préféré sortir un deuxième EP, car je ne me sentais pas prêt pour un album. Je suis perpétuellement en train de me chercher dans la composition, ça me sert de croquis en quelque sorte, même si cette fois, on est arrivé à quelque chose de beaucoup plus abouti. Il y a bien sûr aussi l’aspect financier qui entre en jeu, c’est beaucoup plus pratique de sortir un EP sur plein d’aspects.

– Pour conclure sur ce chapitre, le cap du premier album est toujours important pour un artiste. J’imagine que cela doit aussi te titiller, à moins que la scène soit véritablement ta priorité et non la production de disque ?

Oui complètement, c’est une forme d’aboutissement dans la recherche de son identité, je pense. Et aujourd’hui personnellement, je me sens prêt à sortir un album. D’ailleurs, j’ai commencé à y travailler. Bien sûr, il faudra trouver les fonds ! Mais pour l’instant, je dirais que la scène est ma priorité en effet. C’est devenu un peu le nerf de la guerre et il nous faut d’abord défendre ce nouvel EP avant de passer à autre chose.

– Avant de préparer cette interview, je me suis bien sûr replonger dans ton premier EP éponyme. Ce qui m’a tout de suite surpris, ce sont ces sonorités Blues assez ‘classiques’, tandis que « Limbo » sonne clairement plus Southern. Tu te cherchais encore à l’époque, ou c’était une volonté claire de creuser dans un registre au spectre peut-être plus large et moins caractérisé ?

Tu as complètement raison, c’est un peu des deux. Lorsque j’ai écrit mon premier EP, j’étais clairement à fond dans la musique Blues ‘classique’. Je cherchais vraiment à rentrer dans cette ‘niche’, car je pensais ne pouvoir faire que ça comme style. Donc bien sûr, je me cherchais, il s’agissait de mes premières compos, de mes premiers textes… Mais avec « Limbo », j’ai voulu sortir de ce carcan. J’ai été énormément inspiré par Marcus King, qui est très Blues dans son jeu de guitare et dans la voix, alors que ses morceaux pas du tout. D’autre part, ça m’est venu naturellement. Ce nouvel EP représente qui je suis aujourd’hui, et, au final, le voyage musical est une perpétuelle recherche de soi à mon sens.

Photo : Arbre E. Saldana

– LEANWOLF est un groupe assez jeune finalement, et pourtant vous affichez tous les quatre une assurance de vieux briscards et aussi et surtout une culture musicale conséquente, vu le registre. A quel âge êtes-vous tous tombés dans le Blues et le Southern Rock qu’on entend plus cette fois ?

Pour ma part, je suis tombé assez jeune dans le Blues. Dès mes premiers cours, mon prof m’a initié à Gary Moore, qui a été mon modèle pendant longtemps. Puis, de fil en aiguille, j’ai découvert Stevie Ray Vaughan, Jeff Beck et BB King. Ce n’est que plus tard que je suis tombé amoureux du Southern Rock, c’est même tout frais à vrai dire !

– Les six titres de « Limbo » sont remarquablement bien produits et bénéficient d’un volume important et d’un équilibre parfait. Il en émane aussi une énergie très live sur un son tout aussi organique. Dans quelles conditions a-t-il été enregistré, et est-ce le disque vous aviez en tête dès le début ?

Merci pour David Darmon (Mirador Sound Studio) qui a mixé notre EP et Joe Carra (Crystal Mastering) qui l’a masterisé. Pour commencer je dirais que oui : c’est le disque que nous avions en tête depuis le début. On voulait, à l’inverse du premier, un côté plus organique et live dans le son, et pour ça il n’y a pas 36 solutions : on devait l’enregistrer en live. Alors bien sûr, la voix a été enregistrée après coup, mais le reste était vraiment en live. Il y a donc des petites imperfections, qui rendent aussi le tout vivant.

– Faire du Southern Blues Rock est suffisamment rare en France pour être souligné. Si les influences sont assez évidentes et on pense à Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band et Gov’t Mule. Cela dit, je vous trouve aussi beaucoup de points communs avec la nouvelle génération et des groupes comme Blackberry Smoke, Robert Jon & The Wreck et Whisky Myers. Est-ce que tu as aussi le sentiment d’appartenir à cette lignée d’artistes ?

Oui complètement, en tout cas pour ce nouvel EP, on est vraiment dans cette lignée et je suis très fier de défendre cette musique trop peu présente à mon goût en France. Maintenant, je ne sais pas si la suite sera toujours dans cette lignée, car on ne sait pas de quoi demain sera fait et quelles seront mes inspirations. En tout cas, on n’en sera jamais très loin !

Photo : Arbre E. Saldana

– Il y a autre chose qui est assez surprenant. Les sonorités Southern sont très marquées et elles se mêlent habillement au British Blues Rock et notamment à celui de Gary Moore. Ca peut paraître étonnant d’avoir ainsi un pied dans les deux continents, et c’est également ce qui forge en partie ton identité musicale. C’est quelque chose d’inconscient ou au contraire de très travaillé ?

Je pense que c’est inconscient, mais maintenant que tu le dis, oui ça fait sens, merci ! En tout cas, c’est vrai que Gary Moore a eu beaucoup d’influence sur moi.

– Outre des parties de guitares exceptionnelles, « Limbo » fait aussi la part belle à l’orgue bien sûr, mais aussi à ta prestation vocale. Est-ce que tu les as travaillé avec la même implication, ou as-tu une préférence claire pour l’une ou l’autre ?

Et bien, j’ai toujours plus travaillé ma guitare que ma voix, sachant que je suis complètement autodidacte au chant. Mais j’avoue qu’après avoir sorti « Limbo », j’ai senti qu’il fallait que j’améliore ma technique vocale. Donc, je la travaille beaucoup plus depuis, j’essaie de rattraper le coup pour être à 50/50, aussi bon avec les deux ! (Rires)

– Même si « Limbo » est assez Heavy dans l’ensemble, il y a aussi beaucoup d’aspects Soul. C’est important pour toi de placer les moments d’émotion au même niveau que les aspects plus musclés de ton Blues Rock ?

Oui, j’adore jongler entre deux extrêmes. C’est important pour moi d’exprimer ces deux types d’émotions qui sont, en gros, la colère et la mélancolie. C’est bien sûr plus compliqué que ça, c’est histoire de donner un exemple. Il y a un côté cathartique : les jouer en live et les enregistrer me permet de me sentir mieux, c’est une part de moi.

– Enfin, on t’imagine aisément écumer les scènes américaines. Est-ce quelque chose que tu as dans un coin de la tête, ou la France reste d’abord ta priorité ?

Alors oui, le rêve Américain sera toujours présent. J’y travaille tous les jours pour y arriver et peut-être qu’un jour… qui sait ! En tout cas, oui clairement, on va essayer de ‘conquérir’ la France pour l’instant ! (Rires)

Le nouvel EP de LEANWOLF, « Limbo », est disponible sur toutes les plateformes.

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Cody Jasper : free to rock [Interview]

Le Texan est typiquement le genre d’artiste à l’américaine, c’est-à-dire capable de s’approprier à peu près n’importe quel style sur une base Rock et Blues. CODY JASPER fait partie de ces musiciens débridés et inclassables, plein d’humour et surtout avec de redoutables qualités de songwriter. Après un album, deux EP et une flopée de singles, il s’apprête à réaliser sa première tournée européenne le mois prochain avec trois dates en France. Alors, avant d’aller le voir fouler les planches à Nantes, Paris et Beauvais, rencontre avec ce guitariste et chanteur à l’univers exalté.

– Tu as sorti ton premier album éponyme en 2014, mais tu n’étais pas vraiment novice, puisque tu avais déjà joué dans le groupe Moon Fever notamment. Comment avais-tu abordé cette première expérience solo à l’époque ?

Mon expérience passée dans le groupe m’a laissé un goût amer, alors que je voulais vraiment m’amuser et juste jouer de la musique par amour.

– Il a fallu ensuite attendre « Ministry Of Sadness » en 2022 avec sept morceaux très différents les uns des autres et avec des couleurs très différentes. On y retrouve même des sonorités très Pop anglaise, ce qui est assez étonnant. On a le sentiment que tu cherches toujours à surprendre en arrivant là où on ne t’attend pas. C’est le cas, et malgré une unité musicale toujours perceptible ?

(Rires) Oui, j’aime toutes les musiques et j’essaie vraiment de rester à l’écart des frontières. J’ai ce sentiment que l’art devrait toujours enfreindre les règles pour repousser les limites. Je ne peux pas imaginer devoir jouer un seul style de musique chaque soir. J’essaie de garder ça intéressant, et pas seulement pour les fans de musique, mais aussi pour moi-même.

– L’année suivante, tu sors « Geronimo », un EP de 6 titres. Avec le recul, ton passé et ta culture musicale, j’ai l’impression que c’est sans doute celui qui te ressemble le plus. C’est aussi ton opinion ?

C’était certainement le disque le plus proche de moi, en effet. Juste du Blues Rock…

– Ce qui est remarquable en parcourant ta discographie, c’est ce socle très fort ancré dans le Blues, la Country Outlaw et le Rock, bien sûr. Pourtant, tu y ajoutes aussi régulièrement des touches Pop, psychédéliques, Soul, Glam et même R&B. C’est le fruit d’un héritage musical varié que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans ton Texas natal ?

Pas nécessairement, en fait. Tu sais, là d’où je viens, c’est vraiment difficile de faire quoi que ce soit à moins d’être une copie conforme de ce qui est populaire ici. Comme je te le disais plus tôt, j’aime toutes les musiques et je ne me vois pas jouer la même chose tous les soirs. J’aime la Soul, le Blues, le Rock’n’Roll, la Country et la liste est encore longue. Et qui a dit que je ne pouvais pas tout jouer ? (Sourire)

– Il y a aussi une chose qui est assez fascisante en traversant tes chansons, c’est une fondation très ‘Old School’ finalement, et traditionnelle aussi, sur laquelle tu poses de puissantes guitares et des sonorités très actuelles qui vont même jusqu’à des choses très dansantes. C’est cette liberté-là que tu recherches en premier lieu lorsque tu composes ?

Merci et oui, je me suis lancé dans la musique grâce à la liberté qu’elle me donnait de créer. Je n’essaie pas d’être forcément ‘Old School’, mais je le suis tout de même. J’aime la vraie batterie, explorer les sons de guitare et les conserver de façon aussi analogique que possible.

– Il y a aussi ce sentiment d’éviter à tout prix de rentrer dans le rang et de rester inclassable en parcourant tous les genres que tu aimes au gré de tes envies. Comment est-ce que tu définirais le style CODY JASPER ? Et je pense notamment au public européen qui va bientôt te découvrir…

Eh bien… J’adore la musique, sous toutes ses formes. Et j’ai commencé à en faire quand j’étais enfant en raison du sentiment de liberté que cela me procurait à être qui je voulais. C’est plutôt incroyable. Tu peux prendre les quatre mêmes accords, mais la façon dont tu les joues peut changer toute la sensation d’une chanson. Et j’espère que cela a du sens. Et c’est vrai que j’aime trop la musique pour me limiter à un seul genre.

– En plus de « Ministry Of Madness » et de « Geronimo », tu as sorti de nombreux singles. Là encore, ils sont très différents dans le son, mais pas dans l’approche et ils ont souvent solaires comme « Run », « Jaded », « Benz », « Who You Are », « Disco Limonade » ou « Higher Power ». On a le sentiment que ce sont des instantanés de vie. C’est le cas ? C’est de cette manière que tu les as composés ?

Oui, la plupart de mes compositions sont thérapeutiques. Je reviens toujours à ma guitare en période de stress, de lutte ou même de bonheur. C’est le meilleur moyen que j’ai pour libérer ce que je ressens à l’intérieur de moi-même.

– J’aimerais qu’on dise un mot aussi sur ton attitude, qui est très libre comme on a l’a dit, mais aussi très irrévérencieuse finalement, et assez ‘Sleaze’ sur certains aspects, non ? Pourtant, tu sais aussi te montrer très touchant…

(Rires) J’essaie juste de m’amuser !

– L’an dernier, tu as signé avec le label Evil Teen Records, qui est celui du légendaire Warren Haynes. Un album est d’ailleurs prévu pour cette année. Qu’est-ce que représente cette signature pour toi ? C’est celle que tu attendais et souhaitais depuis longtemps ?

Absolument ! Jamais dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pensé me retrouver dans cette situation. Je suis reconnaissant chaque jour d’être entouré d’une si belle équipe.

– Justement, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur cet album à venir ? Est-il déjà composé et enregistré ? Et quelle en sera la couleur, le ton et l’état d’esprit général ?

A l’heure actuelle, l’album est en phase de mixage. Je l’ai enregistré avec Aleks von Korff. Il a travaillé sur de nombreux disques de légende. Tous ces gars sont des rockstars et je suis tellement heureux qu’il ait produit le disque. C’est définitivement un album Rock. C’est à peu près tout ce que je peux te dire sans trop en dire. C’est du putain de Rock !!!

– Le mois prochain, tu vas entamer une tournée européenne, qui passera par l’Allemagne, la France, la Belgique et les Pays-Bas. J’imagine qu’il y a beaucoup d’excitation bien sûr. Comment l’abordes-tu et est-ce que tu as réfléchis de manière différente pour tes set-lists, sachant que le côté roots de la musique américaine que tu joues est assez peu représenté ici ?

D’habitude, je n’aime pas trop les setlist, car ce sont juste toutes les chansons que nous connaissons finalement. Mais chaque soir, je joue devant un public différent et aussi comme je le sens. Je peux donc changer les trois premiers morceaux en fonction de l’ambiance. Avec mon groupe, on joue toutes sortes de trucs, alors si je remarque que la salle est un peu plus Blues, on aura certainement quelques titres Blues bien musclés dans notre poche.

– On sait aussi, via Internet pour nous, que tes prestations scéniques sont enflammées et dégagent beaucoup d’énergie. Doit-on s’attendre à quelques surprises, car on connaît aussi ton côté entertainer et show-man ?

Oh oui, j’essaie toujours d’offrir aux gens le meilleur spectacle. Je suis tellement heureux que le public soit venus me voir jouer que j’ai l’impression que le moins que je puisse faire est de leur donner tout ce que j’ai.

Toutes les infos et toutes les dates de concert sont disponibles sur le site de CODY JASPER : https://codyjasper.com/

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Blues Rock

Kid Colling Cartel : association de bienfaiteurs

Tout en assumant d’évidentes affinités avec certaines figures emblématiques du genre, le bluesman s’est bâti un style bien à lui, mariant le Blues et le Rock avec beaucoup de fougue, tout en se présentant avec des titres d’une grande délicatesse, qui dégagent une sorte de force tranquille. « Living On The Wild Side » confirme toute la créativité, le potentiel et le savoir-faire de KID COLLING CARTEL, parfaitement soutenu par une production limpide et soignée.

KID COLLING CARTEL

« Living On The Wild Side »

(Rock & Hall/Dixiefrog)

Cela fait maintenant un moment que KID COLLING collectionne les récompenses et on le connait aussi pour le très bon « In The Devil’s Court », son premier album qui faisait suite à un EP, « Tomorrow’s Far Away », sorti il y a déjà dix ans. Après plusieurs collaborations dont l’une avec l’excellente Ilene Barnes, le Colombien, désormais Luxembourgeois, revient avec son CARTEL pour ce « Living On The Wild Side », qui arbore un Blues Rock contemporain et classique d’où émane beaucoup de chaleur et de sérénité.

Brillamment accompagné par Markus Lauer à l’orgue Hammond, David Franco à la basse et Florian Pons à la batterie, KID COLLING montre une personnalité artistique très variée et intègre des influences Soul, Funky et Rock bien sûr à un Blues qu’il s’est forgé à l’écoute de grands noms comme Stevie Ray Vaughan ou BB King, au même titre que des artistes tels que Kenny Wayne Shepherd, Larkin Poe et Gary Clark JR pour ce qui est de l’explosivité. Et le musicien et son CARTEL n’en manquent d’ailleurs pas. Loin de là !

Vocalement irréprochable et habille dans de multiples registres, KID COLLING est également redoutable à la guitare, grâce à une belle technique au service d’un feeling que l’on retrouve tout au long de « Living On The Wild Side ». Et la grande qualité des morceaux doit aussi beaucoup à son CARTEL, dont l’interprétation est magistrale (« Ain’t Nobody », « Step Out Of Live », « All Night Long », « Long Way To Go »). A noter le très bon duo en espagnol avec Daniel Restrepo et le superbe « I’ll Carry You » avec Johanna Red. De toute beauté !

Photo : Caroline Martin
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Otilia Donaire : keepin’ the Blues alive [Interview]

Feutré et sensuel, tout en dégageant une énergie brute, le Blues teinté de Soul et de R&B d’OTILIA DONAIRE est autant un appel à la danse qu’à une écoute très attentive. En effet, riche d’une section cuivre dynamique, il combine divers univers pour n’en faire qu’un. Soutenue par de belles guitares et des claviers chaleureux, l’Américaine vient de livrer « Bluesin’ It Up », un album qui se veut très personnel et fédérateur. De quoi enthousiasmer un large panel d’amoureux des notes bleues. Rencontre avec une chanteuse à la voix suave et puissante.

– Ton album « Bluesin’ It Up » vient de sortir, mais à t’écouter chanter, on se doute que tu n’en es pas à ton premier coup d’essai. Peux-tu revenir sur ton parcours et les étapes qui ont forgé ton style et ta voix ?

J’ai toujours eu une certaine prédisposition pour le chant, mais je n’ai commencé à faire de la musique professionnellement qu’en 2009, après avoir terminé mon atelier de performance en groupe à la ‘Blues Bear School of Music’ de San Francisco. C’est mon instructeur, feu le bluesman de San Francisco, Johnny Nitro, qui m’a fortement encouragé à chanter le Blues. Mon premier CD avec, disons, un guitariste anonyme, était horrible et lorsque j’ai quitté ce groupe en 2014, j’ai enfin pu naviguer de manière plus créative avec l’aide de mon bassiste, Chris Matheos et du guitariste Joe Lococo. J’ai enfin eu un contrôle créatif total et je suis restée fidèle à mon propre style vocal, embrassant le timbre naturel de ma voix. Koko Taylor, la regrettée icône du Blues de Chicago et qui a également un grain assez brut, est l’une de mes principales influences musicales.

– Tu es chanteuse, leader de ton groupe et également compositrice. Est-ce que tu écris paroles et musique et as-tu un instrument de prédilection, car cet album est musicalement très riche et dense ?

J’écris les paroles et je compose avec mon bassiste, Chris Matheos et mon guitariste Joe Lococo. Je ne sais ni lire, ni écrire la musique, mais je peux l’entendre dans ma tête et j’ai la capacité de la traduire en sachant quel style et quel tempo jouer, y compris au niveau des mélodies, des riffs et des solos. Je n’ai pas vraiment d’instrument de prédilection, mais j’apprécie la guitare slide électrique et les claviers up-tempo. J’adore le Chicago Blues et j’ajouterai aussi de l’harmonica sur mon prochain album, ainsi que de la flûte.

– Justement, pour l’essentiel, tes morceaux sont guidés par les claviers, que ce soit le piano ou l’orgue. Le Blues est pourtant très souvent porté par la guitare. Tu as toujours procédé ainsi ?

En fait, je n’avais pas le budget pour ajouter des claviers et des cuivres sur mon dernier EP, « Queen Bee ». Alors, j’ai pris certaines de ces chansons et je les ai réarrangé, soit en les réenregistrant, soit en ajoutant des claviers et/ou des cuivres. Je joue désormais davantage de concerts live de cette manière, avec des claviers, car le son est beaucoup plus riche. Ils ont été enregistrés séparément dans les home-studios des deux claviéristes, qui jouent sur l’album : Greg Rahn et Pamela Charles-Arthur, qui est ma claviériste actuelle de la SF Bay Area. Pamela est dynamique et talentueuse, et c’est merveilleux de partager et de diffuser une énergie féminine si féroce sur scène avec elle.

– Il y a un autre élément qui domine sur « Bluesin’ It Up », ce sont les cuivres qui sont omniprésents, un peu à la façon d’un Big Band. Ce sont des orchestrations qui t’inspirent beaucoup, car on y perçoit également quelques touches jazzy ?

Je n’ai généralement pas le budget nécessaire pour ajouter des cuivres à la plupart de mes concerts, mais mon objectif est faire plus de spectacles avec un groupe complet, incluant claviers, saxophone et trompette. Je chante avec mon cœur et j’aime aussi le Blues jazzy, donc il y a une influence de Billie Holiday sur quelques-unes de mes chansons. Daniel Casares, saxophoniste de SF Bay Area, a écrit la plupart des sessions cuivre et je suis très satisfaite du son Soul et jazzy qu’il a ajouté aux arrangements.

– Par ailleurs, il y a un grand nombre de musiciens qui t’accompagnent sur « Bluesin’ It Up ». Est-ce que tu considères cet album comme l’œuvre d’un collectif ou, plus simplement, tu souhaitais avoir leur présence à tous sur ces 12 morceaux ?

C’est un album collectif et collaboratif, c’est vrai. Je savais ce que j’attendais de chaque musicien et je leur ai donné toute la liberté d’apporter des idées, de créer des arrangements et des solos. C’était génial d’avoir des cuivres à fond sur certaines chansons et sur mon prochain album, ce sera le cas pour chaque morceau.

– Parallèlement, est-ce que tu as un groupe fixe pour les concerts ? Quelques musiciens attitrés qui te suivent depuis longtemps ?

J’aime jouer avec un line-up régulier composé de musiciens talentueux : Joe Lococo à la guitare, Edgar San Gabriel à la basse, Robi Bean à la batterie et Pamela Charlles-Arthur (Pamma Jamma) aux claviers. Chris Matheos, qui est le directeur musical de cet album et de mon précédent EP, joue de la basse sur toutes les chansons à l’exception de « Hoochie Coochie Woman » et « Voodoo Woman ». Malheureusement, il a déménagé dans le sud de la Californie, donc il ne joue plus régulièrement avec moi. Mais quand je partirai en tournée, il le fera certainement s’il est disponible.

– Il y a également quelques reprises sur l’album. Peux-tu nous en dire plus sur ces choix et pour quelle raisons tu n’as pas réalisé un album entièrement original ?

Ce sont des chansons que j’aime chanter en concert et qui sont généralement une manière d’amener tout le monde sur la piste de danse. Je ne me lasse jamais de les chanter, donc c’était une évidence de les ajouter, en particulier « Hoochie Coochie Woman » (un morceau de Muddy Waters – NDR), qui a été ma première chanson de Blues que j’ai commencé et qui est devenue l’une de mes chansons signatures. J’ajouterai très probablement toujours quelques reprises, des classiques, que j’aime chanter pour garder le Blues vivant.

– Tu as beaucoup de sensualité dans la voix, ce qui donne beaucoup de charme à tes morceaux. Est-ce que tu penses que le Blues est le style qui véhicule le mieux cette approche si attractive et sexy auprès du public ? Et donc, qui est un énorme atout…

Merci ! Je chante avec mon cœur et la musique Blues pénètre au plus profond de mon âme. Je sens que je peux me connecter avec les gens, parce qu’ils peuvent ressentir la passion authentique que j’éprouve lorsque je chante.

– Pour conclure, quel est ton objectif principal pour le futur ? Faire le plus de concerts possible à travers les Etats-Unis et même au-delà, ou peut-être trouver un label pour un prochain album ?

Tout cela en même temps ! Entrer sur le circuit des festivals Blues avec des tournées nationales et internationales, signer avec un label de Blues et enregistrer au début de l’année prochaine. C’est difficile d’être une artiste indépendante, et je dirais que c’est vraiment un travail d’amour. J’ai enregistré mon album, « Bluesin’ It Up », chez Afterdark Recording à San Francisco, le studio d’enregistrement d’Armando Rosales, mon cousin. C’était une joie absolue et maintenant, j’ai vraiment la fièvre de l’enregistrement ! Donc, j’y retournerai au début de l’année prochaine. Peut-être aussi participer à un festival en France dans un futur proche ? Ce sont tous les rêves sur lesquels je travaille.

Le dernier album d’OTILIA DONAIRE, « Bluesin’ It Up », est disponible sur le site de l’artiste :

www.otiliadonaire.com

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Blues

Chris O’Leary : d’une incandescente ferveur

Il est presqu’impossible de ne pas succomber à la beauté du Blues de CHRIS O’LEARY. Originaire de l’état de New-York, sa récente signature chez Alligator le fait (enfin !) entrer dans le cercle très fermé des artistes incontournables. « The Hard Line » est un modèle du genre où il vient télescoper les émotions avec un talent et une virtuosité vocale et musicale incroyable. L’Américain délivre avec amour et ferveur un opus tout simplement phénoménal et jubilatoire.

CHRIS O’LEARY

« The Hard Line »

(Alligator Records)

Le Blues est un vaste terrain de jeu et certains se refusent à en choisir une voie plutôt qu’une autre. Et le Blues est aussi le terroir propice à toutes sortes d’histoires, qui viennent justement l’alimenter et en nourrir la substance-même. C’est un peu le récit de la vie de CHRIS O’LEARY qui, avant d’être bluesman à temps complet, a été membre des Marines, puis officier de Police. Mais c’est vers la musique qu’est revenu le brillant songwriter, chanteur et harmoniciste… et pas seulement.

Après quelques albums, c’est pour le sixième que Bruce Iglamer, patron du célèbre label Alligator, lui ouvre les portes et lui offre toute sa confiance, comme en témoigne notamment le line-up présent. Et puis, c’est CHRIS O’LEARY lui-même qui assure (et de belle manière !) la production de « The Hard Line », entouré d’une équipe de 16 musiciens chevronnés, dont le guitariste Monster Mick Walch et le grand pianiste Jesse O’Brien. Une dream-team sur le papier et aussi sur les chansons.

S’il signe tous les morceaux, CHRIS O’LEARY prend également la basse et la guitare sur « No Rest » et « You Break It », même si c’est son harmonica qui apporte une chaleur unique tout au long du disque. Globalement Southern dans l’esprit comme dans le son, il se meut avec passion dans des ambiances Rock’n’Roll (« Need For Speed »), Swing (« Lost My Mind »), Chicago Blues (« My Fault »), Soul (« Things Ain’t Always What They Seem ») et fait parler l’émotion magnifiquement sur « I Cry At Night ». Somptueux !

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Blues Soul

Kevin Burt & Big Medicine : âmes sœurs

Marcher dans les pas de l’une de ses plus grandes références n’est pas forcément le plus facile des exercices. Pourtant, c’est avec beaucoup d’enthousiasme et une élégance incroyable que KEVIN BURT & BIG MEDICINE interprète une douzaine de chansons extraites du monumental répertoire de la légende Bill Withers. Si certaines font partie du patrimoine R&B, Soul, Funky et Soul mondial, on en découvre d’autres avec plaisir et dans une douceur relaxante. « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » est de ce genre d’album réjouissant et indispensable.  

KEVIN BURT & BIG MEDICINE

« Thank You, Brother Bill, A Tribute To Bill Withers »

(Gulf Coast Records)

Un peu moins de quatre ans après « Stone Crazy », son premier album sur le label de Mike Zito, le virtuose revient avec un disque hommage à Bill Withers. Il fallait bien un artiste de la trempe de KEVIN BURT avec cette fibre Soul unique pour livrer des interprétations aussi majestueuses des douze morceaux extraits de la discographie de l’un des plus populaires représentants R&B américains. Et le natif de l’Iowa déploie une classe, une subtilité et une chaleur incroyable en reprenant quelques standards et d’autres titres moins connus, mais avec une ferveur omniprésente et une flamme rayonnante.

Enregistré chez lui, puis mixé et masterisé à la Nouvelle-Orléans, « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » bénéficie d’une production exemplaire et le feeling du chanteur, guitariste et harmoniciste font le reste. Cette communion est presqu’étonnante entre le musicien et l’héritage laissé par le grand Bill Withers. Accompagné de BIG MEDICINE, son groupe, composé de Scot Sutherland (basse), Ken Valdez (guitare) et Eric Douglas (batterie), KEVIN BURT et son quatuor donnent un bon coup de Blues à la Soul très Rythm’n Blues de leur aîné, tout en montrant un immense respect.

Evidemment assez funky, l’album est un Tribute plutôt joyeux, qui pourrait même faire penser à une sorte de transmission, tant KEVIN BURT interprète ces compositions avec un naturel et une facilité hors du commun. Les grands classiques comme « Just The Two Of us », « Ain’t No Sunshine » et « Lean On Me » sonnent magistralement, tandis que les émotions se télescopent grâce à des parties de guitare aussi relevées que celles de son tourbillonnant harmonica. Et ne se contentant pas de livrer ses propres versions, on a aussi le droit à un « Thank You Brother Bill » inédit, exaltant et composé pour l’occasion. Incontournable !

Photo : Delaney Burt
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Blues Blues Rock Soul / Funk

Brave Rival : une incroyable communion

Une rythmique infaillible et tout en souplesse, un guitariste inspiré et virtuose et deux chanteuses qui se complètent autant qu’elles se distinguent, voici les délicieux ingrédients à l’œuvre lors des prestations scéniques de BRAVE RIVAL. En l’espace de quelques années seulement, l’Angleterre a été prise d’assaut par son Blues Rock aussi fougueux que sensuel et si l’on en croit ce somptueux « Live At The Half Moon », ça ne va pas en rester là.    

BRAVE RIVAL

« Live At The Half Moon »

(Independant)

S’il y a des groupes qui excellent en studio, la scène a très souvent le pouvoir de les transcender et dans le domaine du Blues, c’est même régulièrement une évidence. Ce n’est  donc sans doute pas une coïncidence si BRAVE RIVAL a commencé avec « Live At The Echo Hotel Music Club », un premier album enregistré en 2019 et en live. Pour autant, l’an dernier, les Britanniques ont livré « Life’s Machine », un effort studio salué, qui a permis à leur Blues Rock de mettre en évidence le talent de ses membres.

Nominé entretemps aux UK Blues Awards, BRAVE RIVAL a repris la route et c’est lors d’un passage en juin dernier à Putney dans la banlieue sud de Londres qu’il a immortalisé ce « Live At The Half Moon », éclatant de bout en bout. Le son et la personnalité du quintet s’affirment et se peaufinent et ce concert montre toute la confiance acquise et engrangée depuis ses débuts. D’ailleurs, le public présent ne s’y trompe pas et est littéralement sous le charme de cette énergie très communicative.

D’entrée de jeu, le survolté « Run And Hide » montre que BRAVE RIVAL sait déployer un Rock vigoureux sur des riffs appuyés que l’on retrouve ensuite sur « Magnetic », « Thin Ice » ou le truculent « What’s Your Name », qui clôt le disque. Avec son irrésistible duo de chanteuses, Chloe Josephine et Lindsey Bonnick, les Anglais présentent aussi des instants Soul d’une grâce incroyable (« Come Down », « Fool Of You », « Insane »). Le Blues Rock du combo ne connait ni frontière, ni limite et on se régale.

L’album est disponible sur le site du groupe : https://braverival.com/

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force l’an dernier :

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Blues Southern Blues

Robert Finley : une reconnaissance bien trop tardive

Reconnu pour ses productions brutes, roots et chaleureuses, Dan Auerbach applique depuis trois albums maintenant ses recettes d’enregistrement avec ROBERT FINLEY, ce qui a pour effet de faire ressortir ce qu’il y a de plus beau, de fluide et d’expressif chez le sexagénaire. Profonde, sensible et d’une verve narrative saisissante, le chanteur et guitariste nous embarque dans son « Black Bayou », duquel il est difficile de s’extraire… et alors ? Quand le plaisir est là !  

ROBERT FINLEY

« Black Bayou »

(Easy Eye Sound)

Non seulement le parcours de ROBERT FINLEY impose le respect, mais il a aussi quelque chose de réjouissant et d’inspirant. Patient, tenace et a priori faisant confiance à son destin, c’est à l’âge de 62 ans qu’il sort « Age Don’t Mean A Thing » le bien nommé, son premier album. Et depuis 2016, il jouit enfin de cette reconnaissance tardive, puisqu’il a ensuite tapé dans l’œil de Dan Auerbach, l’hyperactif producteur, co-leader des Black Keys et patron du label Easy Eye Sound, qui n’a pas hésité une seule seconde à le signer.

Après « Goin’ Platinum » (2017) et « Sharecropper’s Son » (2021), « Black Bayou » est le troisième opus que les deux hommes réalisent ensemble et ROBERT FINLEY semble s’épanouir un peu plus à chaque disque. Gorgé de feeling et souriant, il distille de bons mots plein d’humour à travers des chansons authentiques et touchantes. Entre Soul, R&B, Gospel et Blues, le musicien originaire de Bernice en Louisiane n’a pas choisi et c’est dans cette ambiance très Southern qu’il se livre en toute simplicité.

Auerbach a parfaitement saisi l’univers plein de tendresse de ROBERT FINLEY. Dès les premières notes de « Livin’ Out A Suitcase », on plonge dans le bayou à travers un savoureux mélange d’harmonica et de suaves guitares, porté par une voix exceptionnelle et profonde. Intense, l’Américain multiplie les atmosphères passant du Hill Country Blues au Swamp et au funk avec une souplesse inouïe (« Sneakin’ Around », « Waste Of Time », « Nobody Wants To Be Lonely », « You Got It (And I Need It) », « Alligator Bait »). Délicieusement addictif ! 

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Blues Rythm'n' Blues Soul

Robin Trower featuring Sari Schorr : éblouissant

C’est de l’autre côté de l’Atlantique que le bluesman ROBIN TROWER est allé chercher sa nouvelle muse artistique en la présence de SARI SCHORR, rayonnante chanteuse de la ‘Big Apple’. Et cette rencontre fait des étincelles sur ce « Joyful Sky », dont on espère qu’il ne soit pas un simple one-shot. Très Soul et R&B dans l’ensemble, le Blues resplendit à travers la guitare du maître, tandis que sa partenaire multiplie les variations en jetant le trouble sur des titres taillés sur mesure. Du grand art ! 

ROBIN TROWER featuring SARI SCHORR

« Joyful Sky »

(Provogue/Mascot Label Group)

A travers sa belle et longue carrière, ROBIN TROWER n’a eu de cesse de faire preuve de créativité que ce soit en solo ou au cours de ses très nombreuses collaborations. Avec la New-Yorkaise SARI SCHORR, le guitariste a visé juste tant le duo fonctionne à merveille. Partageant aussi le même manageur, les deux artistes se trouvent très naturellement sur des chansons que le Britannique a composé spécialement et d’autres plus anciennes qu’il a réarrangé en fonction de la voix de l’américaine. La combinaison de ces deux talents est tout simplement exceptionnelle, le tout dans une chaleur d’un groove irrésistible.

Si SARI SCHORR n’a pas bénéficié des mêmes lumières que certaines de ses consœurs, elle compte deux albums studio et un live à son actif, est membre du ‘New-York Blues Hall Of Fame’ et fut longtemps la choriste de Joe Louis Walker et de Popa Chubby avant de former un groupe avec Innes Sibun, le guitariste de Robert Plant. Autant dire que la blueswoman n’est pas la première venue comme on peut l’entendre sur « Joyful Sky », où sa voix puissante, délicatement éraillée et sensuelle fait des merveilles. Sa présence aux côtés de ROBIN TROWER ne doit donc rien au hasard.

Interprète des compositions de l’Anglais, elle se meut subtilement entre ses notes pleines d’émotion enveloppées de la wah-wah de sa célèbre Stratocaster rendues inimitables par ce toucher unique. Avec un registre vocal dont on peut retrouver des similitudes chez Beth Hart notamment, SARI SCHORR illumine littéralement « Joyful Sky », qui porte si bien son nom (« Burn », « The Distance », « The Circle Is Complete » avec ses sept minutes très 70’s, « Joyful Sky », « Flatter To Deceive », « I’ll Be Moving On »). Tandis que l’Américaine séduit par une intonation sublime et flottante, ROBIN TROWER éblouit par sa justesse et un feeling brûlant.

Photo : Blackham Images