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Blues

Louis Mezzasoma : bumpy Blues

On pourrait facilement énumérer les artistes qui ont forgé la culture musicale de LOUIS MEZZASOMA, c’est assez évident, mais ce serait sans compter sur l’originalité et la personnalité artistique à l’œuvre dans son répertoire. Toujours aussi variée et chaleureuse, cette quatrième réalisation du musicien du Forez l’élève un peu plus parmi les plus créatifs de l’hexagone. « Good Or Bad Time » s’écoute en boucle.

LOUIS MEZZASOMA

« Good Or Bad Time »

(Le Cri Du Charbon)

Le Stéphanois avait déjà attisé ma curiosité avec « Mercenary », son troisième album sorti en 2021. Très authentique et direct, LOUIS MEZZASOMA accueillait pour la première fois un batteur-percussionniste, alors qu’il évoluait jusqu’alors en one-man-band. Pour « Good Or Bad Time », c’est dans une formule en trio que le bluesman présente onze nouveaux titres. Alors, si son ‘Dirty Old Blues’ a pris du volume, l’intention est toujours la même,  tout comme sa démarche qui reste d’une sincérité absolue.

Et ce nouveau line-up a même de quoi surprendre. Bien sûr, LOUIS MEZZASOMA est au chant, aux guitares, au banjo et joue de son Diddley Bow personnel, qui lui fait remonter aux origines du style. A ses côtés, pas moins de deux batteurs qui assurent aussi les chœurs : Arthur Parmentier et Hugo Etay Mora. Sur les textes du multi-cordiste, le groupe a composé ensemble les chansons sur lesquelles intervient également Brice Rivey au violon et au banjo. Un beau travail d’équipe où le songwriter semble s’épanouir.

Musicalement toujours aussi épuré, LOUIS MEZZASOMA navigue dans des atmosphères Southern, où il continue sa recherche du Blues originel qu’il parcourt pourtant avec talent. Traversant la Folk, la Country et le Rock, son jeu poursuit une même direction entre ballades et morceaux plus enlevés et électrisants, porté par un esprit roots à la fois serein et exacerbé (« Funny Boy », « Decent Man », « Lucky Tim », « Cloudy Day », « Corruption »). Aussi moderne qu’intemporel, « Good Or Bad Time » s’inscrit dans une belle tradition.

Retrouvez l’interview de LOUIS MEZZASOMA accordée à la sortie de « Mercenary » :

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Southern Rock

Blackberry Smoke : une tradition intacte

Pionnier de cette nouvelle génération de formations Southern à s’être émancipée d’un certain public pour en conquérir d’autres, BLACKBERRY SMOKE prouve, s’il était encore nécessaire, qu’il est ce grand représentant d’une musique typiquement sudiste qui vit, bouillonne et rayonne dorénavant comme au temps des Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band, 38 Special et autres Molly Hatchet. « Be Right Here » est entraînant, joyeux, électrique, brut et d’une ferveur aussi palpable que confiante. Une réussite totale !

BLACKBERRY SMOKE

« Be Right Here »

(3 Legged Records/Thirty Tigers)

Avec « Your Hear Georgia » en 2021, BLACKBERRY SMOKE avait laissé beaucoup de fans sur leur faim, tant la déception fut grande. Cela n’a pas remis en question la grande qualité de ses prestation scéniques et encore moins celle de sa discographie, mais cela avait dévoilé certaines limites créatives. Cela dit, on peut aussi se dire qu’il ne s’agissait que d’un simple coup de mou, comme cela arrive chez la majorité des groupes. Car « Be Right Here » vient remettre quelques pendules à l’heure, et avec la manière. Techniquement imparable, le groove et les mélodies sont au rendez-vous, au même titre que l’inspiration et le feeling.

BLACKBERRY SMOKE retrouve ici son Southern Rock, le vrai, celui qui est gorgé de Country, de Blues et d’Americana. Et ce retour à une authenticité dissoute sur le précédent album donne cette belle sensation de liberté retrouvée, cette légitimité qui fait la force des Américains et qui les a très justement désignés comme le renouveau du Rock Yankee, après des années 70 désormais lointaines. Etonnamment, même le producteur Dave Cobb (Chris Stapleton, Jason Isbell), grand habitué et faiseur de disques très mainstream, est parvenu à rendre au groupe, avec « Be Right Here », ce son live et spontané, qui le rend si identifiable.

Enregistré entre Nashville et Savannah en Georgie, ce huitième opus dégage une sincérité que cette apparente simplicité rend immédiatement positive. Au chant, Charlie Starr surfe sur un groove roots et enthousiaste et donne brillamment le change à Paul Jackson avec qui il forme un somptueux duo de guitaristes. De « Dig A Hole » à « Barefoot Angel”, en passant par « Don’t Mind If I Do », « Little Bit Crazy », « Like I Was Yesterday » ou les plus délicats « Other Side Of The Light », et « Whatchu Know Good », BLACKBERRY SMOKE n’a pas à se forcer pour exceller dans un registre qu’il incarne autant qu’il le respire… à pleins poumons !

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Doom Heavy metal Old School

The Obsessed : le cinquième monument

Depuis sa création il y a près de cinq décennies, THE OBSESSED n’a jamais trahi la cause : elle sera Heavy et Doom, ou ne sera pas ! Et l’inflexible Wino, père fondateur de l’institution, veille au grain. « Gilded Sorrow » s’inscrit donc dans cette tradition, cette patte qui a fait des Américains l’un des précurseurs du genre, mais aussi l’un de ses plus fidèles représentants. Sur une production ténébreuse, on se laisse porter par ce chant si particulier, ses guitares imposantes et cette rythmique lourde et massive…. avec la même délectation.

THE OBSESSED

« Gilded Sorrow »

(Ripple Music)

C’est en 1976 à Potomac, Maryland, que Scott ‘Wino’ Weinrich a posé les fondations de THE OBSESSED, encore baptisé Warhorse. Quatre ans plus tard, le groupe fait sa mue et s’apprête à marquer les esprits, malgré un parcours pour le moins atypique. Un EP en 1983, « Sodden Jackal », puis un premier album éponyme, qui ne sortira finalement qu’en 1990, suffiront à façonner le mythe. Deux autres disques suivront en 1991 et en 1994 avant la séparation. Mais le trio était déjà entré dans la légende et il se pose alors dans l’inconscient Metal collectif.

Après avoir rejoint la Californie pour Saint Vitus, Wino fonde Spirit Caravan, puis Shine. C’est en 2017 que THE OBSESSED renaît de ses cendres et dans une formule en quatuor. « Sacred » remet le groupe sur de solides rails plus de 20 ans après « The Church Within » et s’impose sur la scène Metal underground américaine. Basé sur un Heavy Metal radical et des ambiances Doom écrasantes, ces réalisations sont devenues des classiques et c’est dans cette même veine que se déploie « Gilded Sorrow », le cinquième monument. Le morceau-titre est d’ailleurs un modèle du genre et presqu’une signature.

La recette est restée identique. Old School et hargneux, le Heavy Metal de THE OBSESSED évite le superflu pour aller à l’essentiel sur des riffs acérés et bruts dont l’objectif est une efficacité de chaque instant. Epais, groovy et sombre, « Gilded Sorrow » garde toujours cet esprit vintage, mais avec beaucoup de fraîcheur dans le jeu. Rugueux et massifs, les neuf titres nous propulsent sans ménage dans des atmosphères saisissantes et obscures (« Daughter Of An Echo », « The Obsessed », « Stone Back To The Bomb Age », «  Wellspring-Dark Sunshine », « Jailine »). Déjà essentiel !

Photo : Jessy Lotti
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Doom Doom Rock France Stoner Doom

Witchorious : dans les pages du grimoire [Interview]

WITCHORIOUS, c’est un trio composé d’Antoine Auclair (guitare) et des frère et sœur Paul (batterie) et Lucie (basse) Gaget, qui s’est forgé un univers Doom autant Metal que Rock et débordant à l’envie dans des atmosphères Stoner. En quelques années, les Franciliens ont su façonner un son et une identité très personnelle, au point de taper dans l’œil du label italien Argonauta Records. Antoine se fait porte-parole du groupe pour revenir sur ce premier album plus que réussi. Entretien.  

Photo : Cred Faallaway

– Avant de parler de ce premier album éponyme, j’aimerais que l’on revienne sur la création du groupe, qui est aussi une histoire de famille… Quel a été le déclic ?

On avait déjà joué ensemble avec Lucie, au sein de différents groupes. Au moment de créer ce nouveau projet, on a naturellement pensé à Paul pour nous rejoindre. On savait qu’il aurait beaucoup à apporter à ce nouveau projet de part ses influences et son jeu de batterie. Et puis, quand tu montes un groupe avec des gens, tu vas passer énormément de temps avec eux et ce n’est pas toujours pour rigoler, donc autant le faire avec des gens que tu aimes.

– WITCHORIOUS a vu le jour il y a cinq ans et vous aviez commencé par sortir un single avec les titres « 3 AM » et « Evil Creature ». Malheureusement, la pandémie a brisé ce premier élan. Quelle a été votre réaction à ce moment-là. Car, comme pour beaucoup, de nombreux espoirs et investissements se sont envolés…

On avait prévu d’enregistrer un EP au moment où le premier confinement est tombé. On a naturellement été déçu de devoir le repousser. Mais avec le recul, c’est ce qui nous a permis d’affirmer notre projet en travaillant davantage nos morceaux et notre identité. On en a profité pour travailler sur d’autres riffs, d’autres thèmes. C’était un moment très propice à la réflexion, notamment sur la vie avec cette ambiance de fin du monde, et de ce point de vue là, ça tombait plutôt bien. On a aussi évolué pendant ce temps, et donc on a intégré d’autres influences. Au final, l’album qu’on a produit ressemble vraiment à la proposition artistique qu’on rêvait de sortir, et je pense qu’il est beaucoup plus riche et abouti que le potentiel EP qu’on aurait pu sortir à la base. De toute façon on n’a pas eu le choix, il a fallu laisser faire le karma !

Photo : Brian Downie

– Après votre single, vous aviez donc en tête de sortir un EP de 5 titres. Finalement, vous avez revu vos ambitions à la hausse et décidé de vous lancer dans un album complet. Souvent, les groupes sortent des formats courts par manque de moyens, ou pour jauger leur following essentiellement. Cette étape ne vous a finalement pas paru nécessaire ?

C’est vrai qu’on s’est d’abord posé la question de ce qui serait le mieux stratégiquement : EP ou album ? En discutant avec les gens, les points de vue étaient tellement divergeants qu’on n’a pas trouvé de réponse, et comme chaque parcours est particulier, on a choisi de plutôt faire comme on le sentait. Avec cette histoire de pandémie, qui nous a donné un répit sur les répétitions et les enregistrements et donné beaucoup de temps pour écrire, c’est devenu limpide. Alors c’est vrai que ça a été un plus gros investissement, autant en efforts que financièrement, mais on ne regrette pas du tout. On adore écouter des albums où le propos peut être complètement développé, et on avait trop envie de faire un LP. Les conditions étaient réunies, alors on n’allait pas se priver.

– Ensuite, vous avez cherché un label, ce qui n’est jamais une mince affaire. Vous faites votre entrée sur le très bon label italien Argonauta Records, dont le catalogue est de grande qualité. Comment cette signature a-t-elle eu lieu et les avez-vous facilement convaincus ?

On trouvait le roster d’Argonauta excellent, il travaillait déjà avec quelques groupes français qu’on apprécie comme Conviction, Goatfather et Oaks. Au moment de chercher un label pour préparer la sortie de l’album, on l’a contacté et le projet l’a tout de suite emballé. On est très heureux de travailler avec Argonauta pour ce premier album. Gero, qui gère le label, est un passionné et il sait parfaitement nous conseiller.

Photo : Cred Faallaway

– J’aimerais que l’on parle de l’univers de WITCHORIOUS qui, forcément, tourne autour du personnage de la sorcière qui endosse d’ailleurs de multiples rôles. Est-ce que vous pensez que cela deviendra récurrent, ou voyez-vous plutôt « Witchorious » comme un album-concept ?

On ne voit pas vraiment ce premier album comme un album-concept, mais plutôt comme un recueil de morceaux présentant notre identité. On aime bien utiliser des métaphores dans nos textes et on trouvait intéressant de développer celle de la sorcière car, pour nous, c’est une figure à la fois rebelle et oppressée, qui effraie et fascine. Ce personnage de la sorcière est présent jusque dans le nom du groupe et fait fortement partie de notre identité, je pense qu’on continuera à la faire vivre par la suite. Et puis, c’est aussi un cliché dans le genre du Stoner Doom, et ça nous amuse beaucoup d’en jouer.

– Musicalement, votre Heavy Doom oscille entre Metal et Rock et j’y vois même un certain parallèle avec Candlemass et Avatarium. Est-ce que leur parcours et leur histoire commune et respective ont pu avoir une influence dans votre processus de création et d’exploration de ce vaste registre ?

Ce sont des groupes qu’on adore, et je trouve que le Doom d’Avatarium a un côté particulièrement grandiloquent, qui m’a toujours fasciné. Les deux font clairement partie des groupes qui ont influencé certains de nos morceaux, parce qu’ils ont exactement cette démarche d’un Doom qui reste très traditionnel dans les riffs et l’approche, mais avec des structures et des esthétiques qui apportent vraiment du renouveau. Le travail vocal incroyable d’Avatarium, le ton en permanence hanté de Candlemass, ce sont des sons qu’on a directement en tête quand on écrit, quand on cherche des modèles d’ambiance… We are bewitched !

Photo : Brian Downie

– L’une des particularités de WITCHORIOUS réside aussi dans le fait que vous soyez deux au chant et surtout qu’il y ait une voix féminine et une autre masculine. C’est quelque chose qui s’est imposé dès le début ? Sans compter que cela ouvre de nombreuses possibilités…

On a toujours apprécié ajouter des chœurs. Les deux voix, et mêmes les alternances entre voix chantées et criées, nous permettent de jouer sur les nuances. C’était important pour nous de mettre les deux voix en avant sur ce projet. Cela nous permet d’avoir deux présences en travaillant sur nos différents personnages. Et c’est quelque chose qu’on aimerait travailler davantage à l’avenir.

– Un petit mot aussi sur la production de « Witchorious », qui est puissante et équilibrée, ce qui est toujours une belle performance pour un premier album. Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

On a enregistré l’album avec Francis Caste au studio Sainte-Marthe et on est vraiment très contents du résultat. Le travail en studio nous a permis d’affirmer notre son, notre identité, et Francis, qui avait très bien compris où nous voulions aller avec ce premier album, nous a parfaitement guidés. C’était un vrai plaisir de travailler avec lui, il nous a beaucoup apporté sur la définition des ambiances. Nos morceaux étaient déjà très matures, alors il nous a fait réfléchir à l’histoire globale qu’on voulait raconter, faire en sorte que les morceaux forment un tout cohérent. Il nous a fait gagner en efficacité en nous aiguillant pour renforcer certaines structures. Il y a aussi eu un gros travail sur l’identité sonore des instruments et des voix, sur lesquels on a vraiment pris le temps d’explorer. Le but était que ça sonne hanté.

Photo : Brian Downie

– Outre la qualité sonore, il se dégage beaucoup de maîtrise de vos morceaux. Vu le soin apporté aux arrangements et à la structure des titres, j’imagine que cela est dû à un travail minutieux et de longue haleine pour apporter aussi du renouveau à un style comme le Doom ?

Lorsqu’on a créé le groupe, l’idée était vraiment de faire un groupe de Doom. Si on ne peut pas nier leur influence, on ne voulait pas cloner Black Sabbath ou Monolord. Assez naturellement, d’autres influences sont venues se greffer à nos compositions. Un côté Stoner, mais aussi des influences plus modernes de post-Metal ou de Black Metal. On était aussi assez friand d’ajouter des voix et des guitares d’ambiance, des sons bizarres… On voulait vraiment garder le côté brut des morceaux joués sur scène en trio, en ajoutant un vernis de studio ensorcelé.

– Enfin, vous allez probablement partir sur la route défendre ce bel album. Avez-vous prévu une certaine scénographie, afin de restituer au mieux ses ambiances et ses atmosphères saisissantes ?

Oui bien sûr, on a déjà une quinzaine de dates de prévues et on travaille à rallonger la liste ! Pour l’instant, on a beaucoup travaillé sur la fluidité et l’efficacité du set, notre jeu de scène, comment on donne vie à nos personnages en étant le plus authentique possible. Et on essaie de rajouter des éléments au fur et à mesure. On a beaucoup d’idées qu’on voudrait tester sur les prochains mois.

Le premier album éponyme de WITCHORIOUS est disponible chez Argonauta Records.

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Stoner Metal Stoner Punk

Bokassa : une joyeuse apocalypse

Déjà remis de « Molotov Rocktail » (2021), BOKASSA revient à la charge avec son cocktail de Metal HxC, de Stoner et de Punk. Entièrement confectionné par Tue Madsen, dont on connait le travail pour Meshuggah, The Haunted ou Halford, « All Out Of Dreams » dresse avec véhémence et pas mal de légèreté malgré tout, une sorte de possibilité très réelle du paysage sociopolitique actuel. Eprouvante et lourde, mais aussi dynamique et percutante, cette nouvelle réalisation montre un engagement poing levé très déterminé.

BOKASSA

« All Out Of Dreams »

(Indie Recordings)

Quatrième album en huit ans pour le power trio norvégien, qui avait tapé dans l’œil de Metallica il y a quelques années avant les suivre en tournée à l’invitation des Four Horsemen. Nous étions alors en 2019 et BOKASSA en avait bien sûr profité pour accroitre sa notoriété et faire connaître son Heavy Stoner Metal aux multiples facettes au monde entier et avait même signé chez Napalm dans la foulée. 2024 : retour aux fondamentaux et sur un label qui semble mieux respecter la nature et la démarche de nos furieux Scandinaves, difficiles à faire entrer dans le moule d’un système qu’ils ne cautionnent pas forcément.

Car il y a un côté Punk qui prend de la place chez BOKASSA et peut-être même encore un peu plus sur « All Out Of Dreams », qui est assez pessimiste dans le fond, malgré un humour noir constant. S’il se veut dystopique (c’est très en vogue actuellement), ce nouvel opus semble pourtant dépeindre une société dans laquelle nous vivons déjà. Fataliste mais vigoureux et la tête haute, le combo sort la sulfateuse à grand coup de riffs épais, avec un batteur au jeu musclé et un bassiste aux lignes véloces (« The Ending Starts Today », « Everyone Fails in The End », « Let’s Storm The Capitol »).

Jouant sur des ambiances très Metal ou carrément Hard-Core, des passages clairement Stoner et des aspects Punk californien estampillé 90’s, et un brin pénible, au niveau du chant et des chœurs, « All Out Of Dreams » a de quoi perturber par ses grands écarts. Mais peu importe finalement, car BOKASSA est avant tout une débauche d’énergie brute, une sorte de défouloir, mais bien joué ! A noter le chant de Lou Koller des légendaires Sick Of It All sur « Garden Of Heathen » et le soutien d’Aaron Beam de Red Fang sur « Bradford Death Squad ». Un disque qui va en faire transpirer plus d’un(e), à n’en pas douter !

Photo : Troll Toftenes
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Rock Progressif

Kristoffer Gildenlöw : full of salvation

Artiste complet et plus que confirmé, KRISTOFFER GILDENLÖW se livre dans une nouvelle production, où il embrasse de nombreuses contrées musicales, celles qui l’inspirent depuis toujours. Et le spectre est vaste, tant « Empty » parcourt des thématiques sonores variées, toujours maîtrisées, et avec une virtuosité de chaque instant. Avec un véritable travail d’orfèvre sur les arrangements, on se laisse envelopper dans une dynamique de sons et de tempos assez unique.

KRISTOFFER GILDENLÖW

« Empty »

(New Joke Music)

Connu pour ses faits d’armes en tant que bassiste de Pain Of Salvation pendant une douzaine d’années, puis des collaborations avec Neil Morse, Damian Wilson, Kayak, Lana Lane et quelques autres, KRISTOFFER GILDENLÖW a aussi entamé une carrière solo en 2021 avec « Lust ». Cette première production a été le commencement d’une ère musicale plus personnelle pour le Suédois qui, depuis, s’épanouit brillamment. Multi-instrumentiste, il est également auteur-compositeur et producteur. « Empty » est déjà son cinquième effort et il s’étale avec fluidité sur une belle heure.

En s’occupant aussi de tout l’aspect visuel, KRISTOFFER GILDENLÖW gère l’ensemble de son projet, puisqu’il joue lui-même la majorité des instruments… et de très belle manière. Pour autant une bonne dizaine de musiciens est venue lui prêter main forte avec de belles parties de violon, de violoncelle et d’orgue. Cela dit, le disque reste globalement très Rock, toujours dans une teinte progressive bien sûr avec des paysages plus intimistes et épurés, offrant ainsi une belle profondeur aux textes.

Dès l’entame d’« Empty », on prend la mesure de la dimension que l’artiste souhaite donner avec « Time To Turn The Page », un titre où son talent de guitariste vient percuter l’auditeur avec un solo exceptionnel. Ce nouvel opus joue sur les reliefs avec une précision et une orchestration millimétrées. A la fois explosif ou plus contemplatif, KRISTOFFER GILDENLÖW nous guide dans un univers plein d’émotion et de sensibilité. Difficile donc pointer du doigt un morceau plus qu’un autre, « Empty » s’écoute dans son entier et dans le détail.

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Alternative Rock Pop Rock

tAKiDA : radio frequency

Derrière son aspect très accessible et fédérateur au possible, tAKIDA compte parmi les formations incontournables dans son pays, la Suède. A mi-chemin entre un Rock parfois débridé et une Pop musclée, ce nouvel opus regorge de refrains entêtants et la recette a visiblement encore de beaux jours devant elle. Très formaté pour les radios et peut-être aussi trop produit, « The Agony Flame » n’est peut-être pas aussi facile et mielleux qu’il n’y paraît, puisqu’il a réussi à émouvoir son nouveau label, Napalm Records.

tAKiDA

« The Agony Flame »

(Napalm Records)

Peu connu, voire carrément inconnu dans l’hexagone, tAKIDA affiche pourtant 25 ans de carrière et un neuvième album studio à son actif. C’est vrai aussi qu’en dehors de quelques grosses locomotives américaines (auxquelles on ne peut d’ailleurs s’empêcher de penser ici !), l’Alternative Rock n’est pas forcément très répandu dans nos contrées, et a fortiori lorsqu’il est autant teinté de Pop. Cela dit, les Suédois ne connaîtraient pas un tel succès, certes surtout en Scandinavie et en Allemagne, s’il n’y avait un petit quelque chose.  

Alors, bien sûr, tAKiDA s’adresse essentiellement à un jeune public, mais si cela pouvait lui permettre de s’éloigner un temps de toute la soupe qui vient dévorer ses derniers neurones avec si peu de créativité et de talent, le pari serait en partie gagné. Car derrière des mélodies souvent sirupeuses, et tellement accrocheuses, le quintet est capable de hausser le ton, façon Nickelback, avec de grosses guitares qui viennent ainsi renforcer ce petit côté ‘hit’ omniprésent (« Third Strike », « The Other Side », « On The Line »).

Très mainstream dans l’esprit et le son, le quintet peut également compter sur son chanteur, Robert Petterson, dont la voix, le plus souvent délicate, dégage beaucoup d’émotion dans une mélancolie savamment dosée. Très mid-tempo dans l’ensemble, « The Agony Flame » fait aussi une belle place à un piano plein de douceur (« Your Blood Awaits You », « Second Fiddle »). On aurait pu s’attendre, avec cette arrivée chez Napalm Records, à une montée en puissance du groupe, mais tAKIDA reste fidèle à lui-même… et à ses fans.

Photo : Jonathan Perlmann
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Blues Rock Heavy Blues International

Thomas Frank Hopper : génération crossover [Interview]

THOMAS FRANK HOPPER fait partie de cette génération d’artistes qui s’est nourrie d’un vaste spectre musical, et qui a su en garder le meilleur. Résolument Rock dans ce qu’il a de plus ‘Classic’, à savoir les bases posées dans les 70’s et qu’il a fortement modernisé, le Belge évolue pourtant dans un Blues nerveux et actuel. Avec « Paradize City », son dernier album en date, le guitariste et chanteur revitalise un genre, qui fait d’ailleurs son retour sur le devant de la scène. Entretien avec un passionné de musique, bien sûr, et aussi d’instruments et à l’univers très personnel.     

Photo : Nathalie Paesmans

– Avant de parler de « Paradize City », j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours, qui n’est pas vraiment linéaire. Avant de te lancer en solo, tu as joué notamment dans Cheeky Jack que tu avais fondé et dans un registre plus Pop. Avec le recul, tu penses que c’était une sorte de tremplin ?

Tout d’abord, merci de m’accorder cette interview. Il est important que les artistes ‘locaux’ aient accès à différents médias pour s’exprimer. Merci donc à toi !

Donc, oui, absolument. Cheeky Jack a été mon premier groupe avec lequel je me suis fait les dents. Nous étions six musiciens et ce fut une grande expérience pour moi. Nous étions jeunes à l’époque, avec des désirs différents les uns des autres. A la fin, les tensions étaient trop palpables et, personnellement, je ne me retrouvais plus trop dans le style que nous jouions sur scène (une espèce de Pop-Rock plutôt groovy). Mais j’en garde un bon souvenir.

– Ensuite, il y a eu l’EP « No Man’s Land » et l’album « Searching Lights ». La direction musicale était encore différente. Cela t’a paru complexe de trouver ton style ? Tu as ressenti le besoin d’expérimenter encore un peu plus et dans divers courants musicaux ?

Pour moi, ce sont des essais. Sortes d’ébauches pour trouver ma voie. J’en parle rarement, car elles ne correspondent pas vraiment à ce que je propose à mon public aujourd’hui. A l’époque, je n’avais pas vraiment trouvé mon style, ni même les musiciens dont j’avais besoin. J’ai travaillé avec plusieurs artistes d’horizons très différents. Par conséquent, ces deux compilations musicales sont un ‘mach-up’ de plusieurs compositions très variées. Cela m’a permis de trouver ma véritable identité musicale.

Photo : Loreta Mander

– J’ai pu lire que c’est un voyage au Pays de Galles qui a en quelque sorte révélé, ou réveillé, ton identité musicale. En dehors de la découverte de la guitare Weissenborn, dont on reparlera, en quoi le pays a-t-il déclenché en toi le besoin de composer une musique plus roots et surtout plus authentique ?

Je ne pense pas que ce soit le Pays de Galles en tant que tel qui ait éveillé mon identité musicale. Je pense que c’est le voyage en lui-même. Dans ma famille, nous avons tous la bougeotte. Mes sœurs et moi aimons voyager. Et nous avons beaucoup bourlingué. C’est un héritage que mes parents nous ont légué depuis que je suis né. Ils nous ont toujours emmenés dans leurs périples, en Afrique notamment. Ma mère y travaillait alors comme institutrice et mon père en tant qu’ingénieur-architecte.

Et dans ma vingtaine, j’avais l’habitude de partir seul avec mon sac à dos pendant des semaines, en auto-stop, pour me perdre dans des contrées inconnues. Je pense sincèrement que nos voyages dans cette vie ne sont pas aléatoires ou désordonnés. Au contraire, ils sont tissés de manière complexe, nous menant aux endroits et aux gens que nous sommes destinés à rencontrer. Chaque personne que nous rencontrons, chaque expérience que nous vivons avec d’autres, ou seul dans la nature, nous façonnent et donne un sens à notre vie.

Photo : Yves Maquinay

– Est-ce que c’est ce ‘déclic’ qui t’a plongé plus profondément dans le Blues, le Classic Rock et le Blues Rock, ou est-ce que c’est une culture musicale que tu possédais déjà ?

Quand j’étais enfant, dans la voiture de mon père, j’écoutais déjà le Blues de Lightnin’ Hopkins ou de Ray Charles, mais également le Rock de Supertramp, The Rolling Stones, Janis Joplin, The Doors, Pink Floyd ou Genesis. Alors bien sûr, aujourd’hui encore, je suis inspiré par ces formidables musiciens. Cela dit, je dois bien avouer que le Rock n’a jamais cessé de battre dans mon cœur depuis le jour où j’ai découvert « Nevermind » de Nirvana, seul dans ma chambre d’adolescent sale et désordonnée. Je fais partie de cette génération ‘crossover’, où les styles musicaux se sont fortement mélangés, parfois avec des résultats surprenants. Adolescent, j’ai donc beaucoup écouté des groupes légendaires comme Led Zeppelin, Aerosmith, Guns N’Roses et des artistes comme John Butler, Ben Harper, Alanis Morissette, Sheryl Crow ou Lenny Kravitz. Mais également des groupes comme RHCP, Foo Fighters, Limp Bizkit, Blink 182, NOFX, System Of A Down, RATM ou même Deftones. Ainsi que quelques groupes de Rock français comme Noir Désir, Louise Attaque ou Mathieu Chedid. Quel que soit le style, tous ces musiciens ont contribué à nourrir ma passion, et certains d’entre eux m’inspirent encore énormément aujourd’hui. C’est pour cela que je définis ma musique comme un véritable ‘Crossover’ entre du Blues et du Rock.

– Parlons de cette fameuse et galloise Weissenborn, qui s’apparente à une lapsteel. Est-ce que c’est un type d’instrument que tu avais déjà pratiqué, toi qui est guitariste ?

Comme je le disais, j’ai beaucoup voyagé. Et une année, je me suis donc retrouvé au Pays de Galles. Par hasard, je suis tombé sur une famille de luthiers, qui fabriquait des Weissenborn. Cela m’a rappelé que certains des artistes que j’ai toujours admirés utilisaient, et utilisent encore, cet instrument incroyable, dont le son m’est si cher. Je suis revenu en Belgique avec une Weissenborn sur le dos. Et depuis, elle ne me quitte plus. Je ne cesse d’apprivoiser cet animal mystérieux.

– Par rapport à une guitare classique, en quoi l’approche est-elle différente pour toi ? Elle te permet d’explorer des sonorités particulières qui manquaient jusqu’alors à ton registre ?

En réalité, la Weissenborn est une marque hawaïenne de guitares en bois de koa, un bois originaire d’Hawaï justement. Personnellement, j’utilise peu la Weissenborn sur scène. J’utilise plus la lapsteel électrique. Mais que ce soit la lapsteel ou la Weissenborn, j’adore le son que cela produit et la façon dont la Steelbar glisse sur les cordes. On ne pince pas les cordes ici, on fait glisser la steelbar dessus, ce qui donne le côté slide. Et effectivement, les couleurs que cela produit sont différentes d’une guitare classique. Et j’adore !

– Pour l’anecdote, je t’ai vu jouer sur une lapsteel conçue sur une planche de skateboard. Quelles sont les sensations que cela procure, car c’est plutôt insolite ? Et est-ce que, dans un autre registre, tu fais un parallèle avec la cigarbox ?

L’instrument a été fabriqué par un ami luthier dans son atelier de Bruxelles, Rafael Van Mulders (Jug Instruments). C’est un instrument inhabituel, en effet. Avant de devenir un instrument de musique, cette planche a été utilisée comme skateboard. Véridique ! C’est en quelque sorte une seconde vie qu’on lui donne ici. Les gens sont toujours intrigués lorsque je l’utilise sur scène. J’ai décidé de l’appeler la ‘lapboard’, car c’est un mélange entre la lapsteel et le skateboard. Par ailleurs, j’aime beaucoup la cigarbox que j’utilise d’ailleurs dans un des titres du nouvel album, « April Fool ». Et en effet, le son de ma lapboard est très proche de celui d’une cigarbox, même si je trouve qu’il est plus complet.

Photo : Loreta Mander

– « Paradize City » est sorti il y a quelques semaines et il donne l’impression que tu as réalisé l’album qui te ressemble sans doute le plus. Il marie un Classic Rock nerveux et moderne avec des touches de Blues appuyées, authentiques et savamment dosées. La production est également très organique et brute. C’est le disque que tu en avais en tête dès le début ?

Merci beaucoup. On est très content du résultat final. Pourtant, ça n’a pas été simple de sortir cet album. On a pas mal hésité sur les voix et le mix. Notre ingénieur du son, Alexandre Leroy, a fait un boulot formidable. Encore une fois, c’est un beau travail d’équipe. Nous nous sommes pas mal inspirés de groupes mythiques actuels que nous écoutons régulièrement comme Rival Sons, Queens of the Stone Age, Larkin Poe, Dewolff… Et le résultat est très satisfaisant.

– S’il y a un gros travail sur les guitares, il y a également un grand soin apporté aux parties vocales. Tu as donné autant d’attention à l’une et à l’autre, ou as-tu privilégié l’un des deux aspects ? Car tu évolues aussi en quintet avec un second guitariste…

En réalité, nous avons enregistré tous les instruments au studio Six, à Bruxelles. On fait du Blues Rock moderne, donc il nous faut une belle ‘room’ pour les grattes et la batterie. Pas de click, pas d’auto-tune (beurk !) et, excepté pour les solos guitares et quelques rajouts post-prod’, on a enregistré les instruments simultanément, c’est-à-dire qu’on joue tous ensemble.

Pour les voix, j’ai tout fait chez moi. J’ai besoin de ma bulle, mon espace et ma machine à café à porter de main. Quand je m’attaque à l’enregistrement des voix, je n’aime pas être dérangé. J’ai besoin de me couper du monde. Cela m’aide à sentir les couleurs des morceaux. Je peux alors donner le meilleur de ce que j’ai.

Photo : Marc Gilson

– Cette formule électrique sur l’album te va très bien et tu joues aussi régulièrement en formule acoustique en concert. Dans quel registre es-tu le plus à ton aise ? Et ce dernier t’ouvre-t-il d’autres possibilités artistiques ?

La scène nourrit l’esprit et le corps de tout musicien. Donc peu importe la formule, on est toujours heureux d’être sur scène. Alors, il est vrai que de temps en temps, nous proposons le duo, lorsque la situation s’y prête. C’est très agréable, car le jeu en acoustique crée une atmosphère chaleureuse et intime. Cela donne beaucoup d’espace à ma voix et je peux varier davantage les couleurs. Mais pour découvrir un album en concert, il n’y a rien de mieux qu’un groupe au complet. C’est lorsque nous sommes cinq sur scène que toute l’énergie vitale et l’âme du projet se révèlent.

 – Enfin, alors que « Paradize City » a une dominance plus Rock que Blues, as-tu dans un coin de la tête l’idée de faire un album entièrement Blues à l’avenir ?

Mmmmm… Pas sûr. Je vais décevoir les puristes de Blues ! (Rires) Mais je ne suis pas un musicien de Blues, du moins je n’ai pas la prétention de l’être. Je fais ce que je sais faire de mieux, c’est-à-dire un mélange de Blues et de Rock : un ‘crossover’. Finalement, ma musique n’est que le reflet de mon âme. Une âme nourrie par tous mes voyages et qui trouve de l’inspiration à travers les œuvres de ces artistes de Blues, de Rock et de ceux qui ont judicieusement mélangé les styles, ajoutant ainsi des couleurs à une palette déjà existante.

Encore plus d’infos sur le site THOMAS FRANK HOPPER :

www.thomasfrankhopper.com

Retrouvez la chronique de l’album :

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Hard Rock Heavy Rock Stoner Rock

Emergency Rule : en acier trempé

Tout vient à point à qui sait attendre. Tel pourrait être le mantra d’EMERGENCY RULE, qui a patienté plus d’une décennie avant de sortir « The King Of Ithaca ». Et cette première réalisation est une bombe qui nous plonge dans la fureur et l’efficacité primale et palpitante du Rock véritable. Apre et mélodique, véloce et écrasant, fédérateur et musclé, le combo est à découvrir de toute urgence… et à écouter très fort !

EMERGENCY RULE

« The King of Ithaca »

(Wormholedeath Records)

Si les Australiens sortent aujourd’hui leur premier album, ce n’est pas pour autant des nouveaux venus sur la scène Metal et Rock. Depuis 2012, EMERCENCY RULE distille des singles au compte-goutte (« Snakes Eyes », « Blind », « Flag And A Medal », « The Zealot »). Composé de musiciens plus qu’aguerris ayant œuvré aux côtés d’Universum, Bruce Kulick et Mike Tramp, le quatuor balance un énorme pavé de Hard Rock avec « The King Of Ithaca », dont le contenu est d’une rare explosivité.

Si la puissance paraît être l’un des principaux arguments du groupe, c’est sans compter sur la richesse des genres présents sur ce très vigoureux opus. Le groove épais et gras des deux guitaristes, Chris George et Cal Wegener, mène la danse sur des riffs massifs et incendiaires, qui deviennent inévitablement contagieux au fil du disque. Il y a du Zakk Wylde dans l’air. Et EMERGENCY RULE s’appuie sur les martèlements de son cogneur de batteur, tout autant que sur les lignes de basse de Doug Clark, également chanteur.

Rugueux et brut, le style de la formation océanique puise dans les origines du Heavy, du Hard Rock, ainsi que du Southern et du Stoner. Difficile de résister à cet ouragan de décibels et à la voix rauque et enveloppante de son frontman. L’approche résolument live d’EMERGENCY RULE le rend irrésistible et très vite addictif (« Garden », « Bartender », « Abuse », « Ulysses », « Corporation », « From The Grave »). Et comme chez beaucoup de ses compatriotes, on retrouve cette touche si identifiable de son île-continent.

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Smoking Snakes : alive & kickin’

La suède a toujours été une terre très fertile en termes de Metal et ce nouveau venu vient confirmer une belle tradition. Heavy à souhait, irrévérencieux au possible et détenteur d’un grain de folie surdimensionné, SMOKING SNAKES déboule pleine balle avec un premier opus qui va faire beaucoup de bruit. « Danger Zone » est l’incarnation du renouveau du Sleaze Metal et il permet avec fougue et panache à ce registre de rajeunir de 40 ans. Une petite bombe à écouter sans modération.

SMOKING SNAKES

« Danger Zone »

(Frontiers Music)

Il semble souffler un vent nouveau chez Frontiers Music. Le label italien paraît renouer avec une fraîcheur évaporée dans des productions convenues depuis quelques temps, et surtout son rôle de découvreur de talent est à nouveau à l’ordre du jour. Place donc à SMOKING SNAKES, sulfureux quatuor qui donne un sacré de jeune au Sleaze Metal. S’il ne renie pas ses modèles et ses inspirations fondatrices, car ce serait de toutes façons peine perdue, ce premier album renverse la table avec une passion très palpable, et qui fait très plaisir.

Il y a tout juste deux ans, le groupe a fait une entrée fracassante sur la scène de Göteborg avec une démo explosive et une série de concerts percutante. SMOKING SNAKES n’a ensuite pas tardé à entrer en studio pour l’enregistrement de « Danger Zone » et s’est mis tous les atouts de son côté. C’est aux Top Floor Studios qu’il est allé confectionner sa première réalisation et avec son emblématique patron aux mannettes. C’est donc Jakob Herrmann (Amaranthe, Raised Fist, Evergrey) qui produit l’ensemble et ça sonne sévère.

Très brutes et mêmes assez âpres, les compositions affichent une puissance décomplexée, des refrains entêtants, une cascade de riffs racés et tranchants, des solos incendiaires et une rythmique massive. SMOKING SNAKES revigore le style si fédérateur de ses aînés avec une fausse négligence, qui tente de dissimuler une minutieuse application. Et les Scandinaves enchaînement brillamment et enfoncent le clou avec méthode (« There Is No Tomorrow », « No Future », « Angels Calling », « Lady Luck », « Excited », « We Are Alive »). Titanesque !