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Americana Blues folk Soul

Eric Bibb : un écrin pour du nectar

La productivité d’ERIC BIBB n’a d’égal que son inspiration… et elle est grande ! Alors qu’en avril, il sortait « Live At The Scala Theatre » quelques mois tout juste après le génial « Ridin’ », il récidive déjà avec un « In The Real World », majestueux dans sa simplicité et dans ce flow Soul dont il a le secret. Très dynamique dans les arrangements, il a donné sa confiance à Glen Scott, le patron de Repute Records, qui a produit, arrangé et mixé les chansons. Magnifiquement équilibré et savamment travaillé, les harmonies vocales sont incroyablement riches et s’élèvent à un niveau auquel on est finalement habitué de sa part.

ERIC BIBB

« In The Real World »

(Stony Plain Records/Repute Records)

L’Américain a le Blues voyageur. Après s’être installé à Paris à 19 ans, puis en Suède pour finalement s’établir en Angleterre, ERIC BIBB n’est peut-être pas prophète en son pays, mais il l’est assurément sur le vieux continent. Ce qui, pour un pasteur, est une bonne première étape. On ne compte plus ses innombrables albums, autour de la quarantaine, mais on peut souligner que chacun d’entre eux est d’une beauté renversante. Le précédent, « Ridin’ » lui a valu d’être nominé aux fameux Grammy Awards et « In The Real World » a de grande chance, lui aussi, de prendre le même chemin, en espérant une récompense au bout.

Après cinquante ans de carrière, un record de récompenses et une intronisation au ‘Blues Hall Of Fame’ en 2015, ERIC BIBB s’offre une magnifique ode à l’introspection et à la quête de soi. Et c’est dans les studios d’un autre grand artiste, Peter Gabriel, qu’il est allé immortaliser les 15 chansons de « In The Real World ». Comme toujours avec lui, le son est limpide, cristallin et la qualité des réalisations effectuées dans au ‘Real World Studios’ donne une couleur pleine de douceur, et aussi de profondeur, à des mélodies passionnées et des textes apaisants, tout en restant engagé dans un humanisme de chaque instant.

Dès les premières notes de « Take The Stage », on se retrouve enveloppé de la voix chaude et rassurante d’ERIC BIBB. Toujours très sociétal dans son  propos, il plonge surtout dans ses souvenirs d’enfance dans des ambiances d’ailleurs très différentes passant du Delta au Gospel et à la Folk, et parfois légèrement Country. Il avoue même présenter avec « In The Real World » une sorte d’autoportrait de ses influences (« Everybody’s Got A Right », « This River (Chains & Free) », « Neshoba County », « Dear Mavis », et bien sûr la chanson-titre). Le bluesman a l’écriture forte et sensible et sa musique est aussi immaculée qu’électrique.

Retrouvez la chronique de « Ridin’ » :

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Americana International Soul Southern Blues

Abby Bryant : sweet southern sounds [Interview]

Dans un univers très personnel où se mêlent harmonieusement toutes les sonorités propres au Sud américain, ABBY BRYANT s’impose comme une artiste étonnante, autant par la maturité qu’elle dégage que cette force qu’elle va puiser dans une liberté affichée. Souvent autobiographiques, ses textes prennent vie dans une Soul très Rock, un brin vintage et aux saveurs Americana. Révélée sur « Not Your Little Girl », elle affirme son style sur « Glowing », un deuxième album chaleureux, attachant et enthousiaste. Alors que sa Caroline du Nord natale vient de subir les foudres de l’ouragan Hélène, c’était l’occasion de faire le point sur la situation dans la région et de parler, évidemment, de cette superbe et nouvelle réalisation.

– Avant de parler de ton nouvel album, j’aimerais que tu nous donnes des nouvelles suite à l’ouragan Hélène qui a frappé notamment la Caroline Du Nord où tu résides. Comment est la situation à Asheville ?

Merci de prendre de nos nouvelles ! Asheville fait face à une dévastation sans précédent depuis l’ouragan Hélène, et nous nous en sortons un jour après l’autre. Avec le groupe, nous allons bien, nos maisons et nos biens sont presqu’intacts, mais tant de gens ont tout perdu. Ces dernières semaines ont été difficiles, mais c’était aussi magnifique de voir les gens s’unir pour s’entraider avec autant d’amour. Notre communauté est incroyable et plus forte que jamais.

– Outre l’impact tragique sur la population, certaines structures comme les studios et les lieux musicaux ont-ils été beaucoup touchés et la vie artistique va-t-elle pouvoir reprendre normalement assez vite ?

C’est une période très incertaine pour tous les artistes de notre région en ce moment. L’un de nos principaux pôles artistiques, le ‘River Arts District’, a été presque complètement balayé, tout comme l’une de nos salles de concert préférées. Tout est différent maintenant et nous avons du mal à comprendre que certains lieux qui faisaient partie intégrante de nos vies et de notre communauté ont tout simplement disparu. Mais l’art survit en dehors de tout lieu et de nombreux artistes sont plus inspirés que jamais pour créer en ce moment.

– Pour conclure sur le sujet, on a vu Dolly Parton et Taylor Swift notamment faire des dons importants à des associations pour les deux Etats de Caroline. Il y a toujours une entraide incroyable aux Etats-Unis après ce genre de catastrophe, et c’est important que les artistes se mobilisent aussi. Va-t-il y avoir des concerts de soutien dans la mesure du possible prochainement ? Et est-ce que tu y penses de ton côté ?

Nous avons vu une générosité incroyable de la part de tous et nous apprécions énormément les importantes contributions apportées à la région par de grands artistes. Nous voyons également nos amis musiciens ici organiser de nombreux concerts de charité en ce moment. Nous avons notamment collecté des dons lors de nos concerts pour soutenir les personnes de l’Ouest de la Caroline du Nord, qui n’ont pas d’électricité et qui ont besoin de chaleur, d’abri et de fournitures à l’approche du froid. Les gens nous surprennent constamment par leur générosité.

– Revenons à toi. Tu es chanteuse, musicienne, auteure et compositrice et tu as sorti deux albums en trois ans. Est-ce tu avais aussi eu des expériences de groupes avant ces deux disques ?

J’ai d’une certaine manière fait de la musique en groupe depuis le tout début, depuis les ensembles à l’église quand j’étais enfant jusqu’aux chorales et aux groupes vocaux de mon université. Puis, j’ai continué à jouer dans les groupes d’amis pendant mes études avant de former le mien. Ainsi, même si ces albums sont mes premiers vraiment complets, jouer de la musique en groupe a toujours occupé une grande place dans ma vie.

– Ton style musical est dominé par une forte empreinte Soul, où l’on trouve aussi des sonorités Blues, Americana, Rock, Country aussi et avec une touche Funky. Au-delà de sa forte identité Southern, comment définirais-tu ta musique ? On a parfois l’impression que tu cherches à échapper aux cases…

Les nombreux styles qui ont influencé ma musique et mes racines sudistes sont profondément ancrés dans ma mémoire. J’ai tendance à puiser dans une grande variété de genres, il est donc difficile de décrire ma musique. J’évite souvent les limites de genre et je vais là où l’inspiration me mène. Mais je pense que beaucoup résumeraient ce style à quelque chose comme du Southern Rock Soul américain. Personnellement, il y a tellement de saveurs uniques dans ma musique qu’aucun terme de genre de base ne me satisfait. Je dis simplement aux gens qui me posent des questions de venir au concert et d’en faire l’expérience par eux-mêmes.

– Trois ans après « Not Your Little Girl », tu viens de sortir « Glowing ». Il y a une réelle continuité musicale entre les deux albums. Quelle était ta priorité en composant ce deuxième album ? Apporter une sorte de prolongement au premier ?

Le deuxième album me donne l’impression d’une exploration plus profonde, à la fois sonore et lyrique. Mon premier album abordait des thèmes de la jeunesse, comme quitter la maison, trouver ma propre identité en dehors de mon éducation traditionnelle, trouver et perdre l’amour, etc… Bien qu’il y ait certainement un certain chevauchement dans les expériences qui ont conduit à l’écriture de ce deuxième album, je pense que « Glowing » capture une sorte de croissance qui est née de beaucoup de difficultés et de la redécouverte d’une appréciation de l’expérience humaine. Après avoir survécu à des hauts et des bas majeurs et réalisé que je peux affronter n’importe quelle tempête, la vie devient plus facile. Je pense que nous sommes tous tellement chanceux d’être ici pour avoir le cœur brisé et ramasser les morceaux, de nous aimer profondément et de trouver la joie et l’espoir dans toutes les difficultés. J’apprends à accepter le voyage.

– Sur ton premier album, tu affichais déjà beaucoup de caractère, ne serait-ce que dans son titre déjà. C’est une manière aussi en tant que chanteuse, songwriter et de femme de s’imposer dans un milieu parfois difficile ou hostile ?

Mon premier album était clairement axé sur l’affirmation de mon indépendance et la recherche de ma propre voie, comme le suggère le titre. Le message est toujours aussi pertinent pour moi. Mais le deuxième album s’appuie sur une version encore plus douce et plus forte de moi-même, qui partage toujours les mêmes valeurs et la même volonté d’encourager les femmes à se lever et à s’exprimer. J’apprends au fur et à mesure à faire preuve d’amour dans tout ce que je fais et à m’entourer de personnes qui font de même, et le monde qui m’entoure me semble un peu moins dur.

– D’ailleurs, tu guides fermement « Glowing » et pas seulement vocalement. Il a aussi une saveur assez rétro et vintage, ce qui peut paraître surprenant de la part d’une jeune femme comme toi. C’est un son et une époque dans lesquels tu te retrouves plus que dans la scène actuelle et donc plus moderne ?

Je suis définitivement attiré par des sons plus rétro lorsque je crée, et je m’inspire souvent d’époques bien plus anciennes. J’aime faire partie de ceux qui font découvrir les trésors de notre passé aux nouvelles générations. J’ai remarqué que d’autres nouveaux artistes comme Sierra Ferrell et Billy Strings nous ramènent à nos racines. Et je pense que c’est une belle chose de remettre au premier plan des sons depuis longtemps oubliés par une grande partie de notre culture actuelle.

– J’aimerais qu’on revienne sur ta performance vocale. J’ai vraiment l’impression qu’il y a eu une sorte de déclic entre les deux albums. On te sent épanouie et tu dégages beaucoup de force et d’assurance. Cette liberté perceptible, la dois-tu aux retours positifs de « Not Your Little Girl » et/ou aux concerts donnés depuis trois ans ?

Je suis tellement reconnaissante de la façon dont « Not Your Little Girl » a voyagé si loin et s’est frayé un chemin jusqu’aux mains de tant d’auditeurs. Pour ce dernier album, je me suis sentie encore plus inspirée à me fier davantage à ma propre intuition, à la fois dans ma performance vocale et dans l’écriture des chansons elles-mêmes. Je pense que le tournant que tu as ressenti avec plus de force et de confiance est que je suis devenue autonome et que j’ai appris à me faire de plus en plus confiance. J’ai hâte de voir où cette évolution me mènera ensuite !

– Au niveau de la production, celle-ci a aussi gagné en dynamique et s’est considérablement éclaircie. C’est Dave Schools qui a réalisé celle de « Glowing ». De quelle manière avez-vous travaillé ensemble ? Tu avais certains impératifs ?

Travailler avec Dave Schools a été une expérience incroyable. Il a apporté un élément plus organique et brut à ce disque en l’enregistrant en live autant que possible et en laissant la synergie que nous avons ressentie en créant ensemble en studio nous guider. Tout s’est mis en place rapidement d’une manière qui ressemblait à de la magie, même si nous avions une équipe incroyable avec un talent fantastique dès le départ ! Dave nous a aidés à accepter la beauté de l’imperfection humaine et a permis au processus de se dérouler d’une manière qui semblait plus naturelle que n’importe quel enregistrement que j’avais fait auparavant.

– Par rapport à la composition elle-même, tu travailles toujours avec Bailey Faulkner. Comment fonctionnez-vous ? Tu apportes les idées et vous les mettez en musique ensemble, ou  y a-t-il un effort collectif de tous les musiciens, car tu as gardé la même équipe, je crois ?

Oui, je travaille toujours avec Bailey et mon groupe. Nous écrivons toujours des chansons ensemble, parfois aux côtés d’autres excellents co-auteurs quand nous le pouvons. Nous avons chacun des approches différentes de l’écriture des chansons, mais qui semblent très complémentaires. Bailey commence souvent par une progression d’accords ou un groove et se laisse guider par le feeling sur les paroles et la mélodie. Pour ma part, je commence souvent par un sujet ou un message comme élément de base pour la mélodie. Une fois que nous avons une idée plus développée que nous avons construite ensemble, nous apportons la chanson au reste du groupe. Et ils ont souvent de bonnes idées à ajouter pour l’instrumentation, la performance, les arrangements, etc… On forme vraiment tout un village.

– Tu as donc sorti deux albums en indépendant et en te produisant. Vu la qualité des deux disques, tu aurais pu être approchée par un label, non ? Est-ce un choix de ta part, ou est-ce difficile aux USA aussi de se faire signer sur un label ?

Nous avons autoproduit notre premier album et avons fait appel à Dave pour produire le deuxième, mais nous avons sorti les deux albums de manière indépendante. C’est difficile de trouver le bon label avec lequel s’associer et nous sommes tout à fait ouverts à l’idée d’explorer cette option. Pour l’instant, rester indépendant a été notre meilleure option, même si nous continuerons à chercher un partenaire idéal.

– Enfin, un petit mot sur tes projets à venir. Bien sûr, la situation actuelle a figé et stoppé beaucoup de choses. Penses-tu reprendre les concerts rapidement et peut-être même partir en tournée ?

Nous avons continué à donner autant de concerts que possible. Et bien que de nombreuses opportunités locales ne soient actuellement pas disponibles, nous jouons hors de la ville la plupart des week-ends et nous demandons à notre public de soutenir la Caroline du Nord occidentale en apportant des dons que nous pourrons ramener chez nous à Asheville. Nous espérons reprendre un rythme de tournée régulier d’ici le printemps et continuer à faire des tournées pour le nouvel album.

Les albums sont disponibles sur le site de l’artiste : www.abbybryantmusic.com

Retrouvez la chronique du dernier album d’ABBY BRYANT…

… Et une plus courte du premier :

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Americana Country Southern Southern Blues

Michelle Malone : classy neighborhood

Lorsqu’on dispose d’un tel voisinage, il serait dommage de ne pas lui proposer de venir poser quelques notes, et même un peu plus, sur son nouvel album. Et même si elle s’en sort toujours très bien toute seule, c’est ce qu’a fait MICHELLE MALONE en invitant quelques amis musiciens appartenant, par un heureux hasard, au gratin de son Sud natal. Entre Country-Soul, Americana Rock et Roots Rock, la chanteuse passe en revue des chansons dynamiques et positives comme des moments plus poignants avec une grande classe.

MICHELLE MALONE

« Southern Comfort »

(SBS Records)

Musicienne accomplie et indépendante, MICHELLE MALONE livre son seizième album en trois décennies de carrière au service d’une vision très personnelle de la musique américaine. Originaire d’Atlanta en Georgie, elle a forgé son style dans un Americana authentique, où se fondent naturellement le Blues, la Country et le Rock. Forte de caractère, elle a même créé à l’aube des années 2000 son propre label, SBS Records, qui lui offre une totale liberté artistique épanouissante et très perceptible.

MICHELLE MALONE ne manque pas de soutien et ses amis sont aussi nombreux que prestigieux. Assurant bien sûr le chant, les guitares (électriques et acoustiques), la mandoline et l’harmonica, elle a écrit, ou co-écrit, la moitié de « Southern Comfort ». Ce sont Dean Dillon, Eliot Bronson et Gary Stier qui apportent leur talent aux autres morceaux. Pour autant, l’ensemble est très homogène et identifiable entre des titres bien relevés et très Rock et de belles ballades avec une approche vocale Country irrésistible.

Entourée de la crème des musiciens du Sud américain, on retrouve Charly Starr et Paul Jackson de Blackberry Smoke, Rick Richards des Georgia Satellites, Will Kimbrough et Buddy Miller de Spy Boy d’Emmylou Harris et quelques autres encore. « Southern Comfort » est éclatant dans le songwriting et MICHELLE MALONE enchaîne les chansons avec la passion et la sensibilité qu’on lui connait (« Like Mother Like Daughter », « One Track Mind », « Wine And Regret » et le morceau-titre). Brillant… encore une fois !

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Americana Blues Soul

Abby Bryant & The Echoes : flamboyante

Un pied dans la Soul Rock et l’autre dans un Americana Bluesy, ABBY BRYANT a trouvé sa voie et donne surtout de la voix sur ce deuxième album aux sonorités agréablement rétro. Très bien écrites, les dix chansons de « Glowing » dévoilent une artiste accomplie très créative et qui a vraiment soigné sa deuxième réalisation. Egalement à la guitare, elle incarne une nouvelle génération qui n’a pas froid aux yeux et qui fait preuve d’audace dans ses choix artistiques.

ABBY BRYANT & THE ECHOES

« Glowing »

(Independent)

Trois ans après le très bon « Not Your Little Girl » sur lequel la chanteuse avait déjà présenté un univers très personnel, « Glowing » est la suite attendue d’un répertoire affirmé et de plus en plus convaincant. D’ailleurs, elle s’est entourée de la même et brillante équipe pour prolonger cette belle aventure. Produit par Adam Schools de Widespread Panic, également à la basse, ABBY BRYANT retrouve Adam MacDougall (Chris Robinson Brotherhood) aux claviers et John Kimock (Mick Gordon Band) à la batterie.

Basée à Asheville en Caroline du Nord, la musicienne évolue assez naturellement dans un  registre marqué par l’atmosphère Southern, où elle déploie un Americana teinté de Soul, de Blues et de Rock. Les saveurs vintage qui émanent des compositions d’ABBY BRYANT se montrent à la fois légères et feutrées, tout en affichant beaucoup de caractère, notamment dans les textes. Les mélodies à l’œuvre sur « Glowing » deviennent vite entêtantes et les références musicales très américaines apportent aussi un côté roots très authentique.

Vocalement irrésistible, ABBY BRYANT chante avec passion et ose nettement plus de choses que sur « Not You Little Girl ». Elle semble vraiment tenir fermement les rênes de ce nouvel opus, et même si quelques singles ont précédé sa sortie, il reste quelques belles surprises à découvrir (« One Year », « How Can I Trust You », « Say The Word », « Sing Me A Song », « No Good »). La frontwoman impose son style avec talent et commence véritablement à s’installer dans le paysage musical avec évidence.

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Americana Blues

Amanda Fish : lumineuse

A Kansas City, et notamment dans la famille FISH, on en connait un rayon sur le Blues et son univers. Et si le prénom de Samantha est le premier qui vient à l’esprit, la musique de son aînée AMANDA n’a rien à lui envier. Montrant plus de facilité à s’engouffrer dans les racines de la musique roots américaine, elle est aussi créative quand il s’agit d’Americana que d’autres variations plus Rock et Alternative Country. Et avec « Kingdom », elle nous régale de sa voix authentique et sincère sur des textes forts.

AMANDA FISH

« Kingdom »

(VizzTone Label Group)

Nettement moins exposée médiatiquement que sa jeune sœur Samantha, dont le Blues Rock fait des étincelles depuis des années maintenant, AMANDA FISH mène une carrière plus discrète et plus sobre musicalement. Dans un registre qui présente tout de même quelques similitudes, c’est cependant au cœur d’un Americana Roots teinté de Blues qu’évolue cette artiste aux multiples facettes. Et avec ce troisième album, son talent resplendit dans des ambiances très variées et des mélodies soutenues où elle mène le bal.

A la fois bassiste, guitariste, pianiste, chanteuse et bien sûr compositrice, AMANDA FISH joue aussi du ukulele et de la mandoline et cette richesse instrumentale n’a rien d’étonnant lorsqu’on écoute ce délicat et solide « Kingdom ». Cela dit, si elle évolue sous son nom, les musiciens qui l’accompagnent sont nombreux, notamment les guitaristes et dans des approches très différentes. Et puis, on notera aussi la belle participation à l’harmonica de Richard Rosenblatt, le patron de son label, sur « Work ».

Affirmer qu’AMANDA FISH est une grande chanteuse est un doux euphémisme, tant son spectre vocal est puissant et enveloppant, et s’adapte sans mal aux morceaux estampillés Blues, Americana, Country Honkytonk et très roots de ce « Kingdom » d’ailleurs parfaitement produit. A ses côtés, les six-cordistes Terry Midkiff, Billy Evanochoko, Jeremiah Johnson et Dylan Farrell offrent un relief considérable entre slide et riffs appuyés. Et on retiendra aussi le touchant piano-voix « Mother », l’un des moments forts de cet opus.

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Americana Blues International

Elles Bailey : un groove transatlantique [Interview]

Si l’univers d’ELLES BAILEY est constitué d’un Americana très roots aux sonorités et au groove bluesy et gospel, ne vous y trompez, la chanteuse, musicienne et compositrice nous vient de Bristol en Angleterre, d’où elle élabore depuis quatre albums maintenant une superbe discographie. Aussi émouvante que terriblement endiablée, elle joue de toutes les sensations, surfant sur toutes les émotions pour en extraire un registre authentique, touchant et positif. Avec « Beneath The Neon Glow », la Britannique nous régale une fois encore. Entretien avec une artiste vraiment attachante avant qu’elle n’entame une tournée automnale.

– Tu avais été contrainte par la pandémie d’enregistrer « Shining In The Half Light » dans les studios Middle Farm dans le Devon, plutôt que dans le Tennessee initialement prévu. Cette fois, c’est un choix délibéré, puisque tu as écrit des chansons de « Beneath The Neon Glow » à Nashville avant de rentrer en Angleterre. Est-ce que, finalement, ce n’est pas le bon compromis pour élaborer ton ‘Americana Britannica’ ?

Oui, j’ai écrit la majeure partie de cet album au Royaume-Uni, à l’exception de « 1972 » et de « Silhouette In A Sunset », qui ont été écrites à Nashville, après ma prestation à l’évènement ‘Americana Fest’ et juste avant de rentrer en studio chez moi en Angleterre. Je serai toujours inspiré par la musique américaine et j’aime à penser qu’il y a un son transatlantique dans ma musique.

– On te retrouve aussi avec la même équipe et notamment Dan Weller à la production. Est-ce que c’est cette complicité artistique qui te pousse à enregistrer tes albums en Angleterre et aussi conserver une certaine continuité musicale peut-être plus britannique ?

Je savais en faisant « Beneath The Neon Glow » que je voulais le faire avec la même équipe que pour « Shining In The Half Light » : le même producteur, le même ingénieur, le même groupe et le même studio. Mais je savais aussi que je ne voulais pas refaire le même disque. Et j’étais sûre que nous pouvions faire quelque chose de génial ensemble, c’est pour cette raison que j’ai choisi ces personnes en particulier. Chacun dans la pièce apporte ses propres influences et les fusionne pour m’aider à raconter mon histoire.

– Dans quel état d’esprit étais-tu au moment de l’écriture de ce nouvel album, car tu passes par toutes les émotions ? Et malgré tout, l’ensemble est très positif et montre aussi beaucoup de sérénité. C’est ça le fameux ‘Enjoy Your Ride’ ?

Je pense que j’ai traversé toutes les émotions en écrivant cet album : l’exaltation comme les sommets de ma carrière mêlés à une profonde dépression. J’ai beaucoup lutté contre le syndrome de l’imposteur. Mais même si ce disque joue les montagnes russes des émotions que j’ai ressenties, il laisse heureusement toujours un sentiment d’élévation… Parce qu’il faut profiter du voyage, non ?!

– Ce quatrième album contient aussi beaucoup d’énergie et, même si tu travailles dorénavant avec Cooking Vinyl Records, est-ce que ton indépendance te donne une volonté supplémentaire pour aller de l’avant, te surpasser à chaque fois et aussi contrôler toutes étapes du processus d’un album ?

Je pense que peu importe avec qui je travaille, que ce soit avec mon label ou un autre, cela restera toujours mon objectif. C’est vraiment génial d’avoir le soutien de Cooking Vinyl derrière moi, une équipe tellement dynamique, mais je reste toujours aux commandes et je prends les décisions, ce que j’apprécie aussi ! (Sourires)

– Justement, tu es une chanteuse, une musicienne et une compositrice accomplie et reconnue dans le monde du Blues et de l’Americana. Par ailleurs, tes prestations live sont aussi très réputées. J’imagine que percer aussi aux USA fait partie de tes projets et de tes ambitions. C’est un marché et un univers plus difficile à conquérir, selon toi, pour une Anglaise dans ce style ?

Je n’ai jamais fait de tournée aux États-Unis et j’adorerais le faire. Cependant, en tant qu’artiste indépendant, je suis pleinement consciente des coûts que cela impliquerait pour percer là-bas, même les visas ont un prix que je ne peux pas me permettre pour le moment. Donc si quelqu’un a envie de m’aider à réaliser ce rêve, je suis toute ouïe ! (Rires)

– Depuis un peu plus de quatre ans maintenant, tu multiplies les récompenses avec un dizaine d’Awards en Angleterre. Comment est-ce tu reçois tout ça ? Fais-tu une différence et une réelle distinction entre la reconnaissance du public et celle de la profession ? Et y en a-t-il une plus importante que l’autre ?

Oh, wow, c’est une question délicate. J’ai eu la chance de recevoir de nombreux prix et ils m’ont ouvert des portes ici au Royaume-Uni et à l’étranger. Et s’il est important d’avoir la reconnaissance de l’industrie, car cela permet de faire connaître votre musique à un public plus large, pour moi, la reconnaissance du public est la plus importante. C’est lui qui écoute, qui vient aux concerts, qui se connecte avec moi en ligne et qui me soutient. Ce sont les vrais, vraiment les vrais, tout le reste n’est que de la poudre aux yeux !

– Un petit mot aussi sur ton émission hebdomadaire sur ‘Planet Rock Radio’. C’est assez rare de voir une artiste en présenter d’autres, surtout dans le même style musical. Quel plaisir prends-tu à faire de la radio ? Il y a l’aspect ‘découverte’ bien sûr, et le vois-tu aussi comme un tremplin pour la musique Roots américaine et britannique en Angleterre ?

C’est l’une de mes activités préférées. J’adore le fait de pouvoir mettre en avant des artistes émergents de l’Americana et du Rock à la radio. C’est une industrie très difficile, donc pouvoir donner aux autres la chance de se faire entendre sur une radio nationale est une immense joie pour moi. J’aime aussi entendre les auditeurs me dire à quel point ils apprécient la nouvelle musique ! Je suis très reconnaissante d’être sur ‘Planet Rock’ ! (Sourires)

– Enfin, tu vas commencer une tournée cet automne. J’imagine qu’aller sur scène à la rencontre de ton public est la plus belle récompense après des mois de travail en studio et de promotion. Est-ce que c’est le véritable poumon de ta vie d’artiste, ce que tu attends avec impatience après chaque sortie d’album ? 

Oui, j’ai vraiment hâte de partir sur la route, de rencontrer les fans et de fêter cet album ! Et ça fait longtemps que j’attends ça ! (Sourires)

Le nouvel album d’ELLES BAILEY, « Beneath The Neon Glow », est disponible chez Cooking Vinyl Records.

Retrouvez la chronique de l’album « Shining In The Half Light » :

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Americana Blues Rock International

Jax Hollow : la force de l’instinct [Interview]

Jeune artiste complète basée à Nashville, JAX HOLLOW est une musicienne dont la musique délivre une folle énergie et, par-dessus tout, une réelle et palpable sincérité. Authentique et directe, la guitariste et chanteuse écume les scènes américaines comme européennes depuis un moment déjà. Pointilleuse et perfectionniste, elle se trouve actuellement en studio pour l’enregistrement de son troisième album à paraître dans quelques semaines. L’occasion de faire un point avec elle sur ses nouvelles compostions et plus largement sur sa vision artistique. Entretien.

– Tout d’abord, parlons de ce moment un peu particulier, puisque tu es actuellement en studio pour l’enregistrement de ton troisième album, qui sera terminé fin-septembre. Alors comment cela se passe-t-il pour le moment ?

Tout d’abord merci de m’avoir invité ! Nous en sommes à peu près à la moitié de l’enregistrement du nouvel album et ça se passe très bien jusqu’à présent. Il est en préparation depuis un peu plus d’un an maintenant. Beaucoup de chansons ont été écrites, mais seule une poignée d’entre-elles ont émergé. Et même certaines, qui sont encore en cours de préparation, ne sont pas garanties de parvenir jusqu’aux oreilles des gens.

– Pour « Only The Wild One », tu étais accompagnée de musiciens brillants et expérimentés. A priori, tu as changé d’équipe pour ce nouvel album. Est-ce que tu peux nous les présenter et nous expliquer un peu de quelle manière tu as choisis le groupe qui joue à tes côtés cette fois ?

Bien sûr, j’essaie une nouvelle approche pour le nouvel album et il met en vedette mon groupe de tournée cette fois. J’ai emmené ces gentilshommes autour du monde avec moi et je voulais capturer l’alchimie que nous avons sur scène, en studio. Il y a donc Michael Lupo, qui est diplômé du Berklee College Of Music de Rhode Island et qui, non seulement joue de la batterie, mais compose aussi de la musique. Puis, j’ai Taylor Tuke aux claviers et aux chœurs. C’est un artiste incroyable, ainsi qu’un instrumentiste accompli, jouant du piano, de la guitare et de la basse. Il est originaire du Colorado. Ensuite, j’ai aussi les meilleurs de Nashville pour d’autres parties, notamment Tim Marks à la basse, Smith Curry à la Steel et Ross Holmes au violon, et encore d’autres à venir !

– On l’a dit, tu vas bientôt terminer les sessions d’enregistrement de ce nouvel album. Comment est-ce que tu procèdes ? Y a-t-il encore une part de créativité, d’écriture et peut-être d’imprévu en studio, ou est-ce que tout est soigneusement calé à l’avance avec une idée bien précise de ce que tu souhaites obtenir ?   

J’avais soigneusement planifié chaque étape de ce disque et j’ai depuis tout jeté par la fenêtre. Il n’y a tout simplement pas de bonne façon d’aborder l’art. Vous pouvez tout guider, vous pouvez travailler sur une chanson pendant des mois, l’aimer inconditionnellement, puis l’abandonner totalement pour des raisons imprévues. J’ai laissé tomber le contrôle, je m’accroche maintenant aux rênes et je vois dans quelle direction elles bougent naturellement. Puis, j’essaie d’attraper cette étincelle. Je la suis, j’essaie de rester fidèle à l’intention originale de chaque chanson lors de la création. Ensuite, je mets les meilleurs créatifs que je connais au premier plan et nous comptons tous activement sur notre instinct et notre talent pour créer le bon espace pour que chacun puisse respirer.

– Tu viens de sortir un premier single, « Don’t Call Me Baby », qui est une belle ballade. Pour ton album précédent, c’était « Wolf In Sheepskin », une chanson également très calme. Tu aimes bien dévoiler les aspects peut-être les plus tendres, tranquilles et les plus sensibles de tes albums au public avant des titres plus nerveux et plus Rock ?

Ce ne sont peut-être que des coïncidences, mais je vois tout à fait ce que tu veux dire. Je me suis dit que le premier single de ce nouvel album devait être rythmé et entraînant. Puis j’ai réfléchi un peu plus et je suis arrivée à la conclusion : je ne suis pas sur un label. Rien de ce que je fais n’est jamais conforme aux habitudes de toute façon. Je n’ai donc pas à me conformer à l’idée qu’on ne publie jamais une ballade pour une premier single. Alors, j’ai encore suivi mon instinct. J’avais un fort sentiment à propos de « Don’t Call Me Baby ». C’est tellement brut, réel et intime. Je crois en cette chanson dans son ensemble.

–  D’ailleurs, je crois que tu n’as pas encore dévoilé le titre de ce troisième album. Est-ce que l’on peut savoir comment il s’appellera et surtout quand est-ce que sa sortie est prévue ?

Je pense que je l’appellerai « Come Up Kid ». C’est une biographie des deux dernières années de ma vie. De la standing-ovation en ouverture de Melissa Etheride au ‘Ryman Auditorium’ de Nashville jusqu’à la nuit à dormir dans ma voiture.

– J’aimerais qu’on fasse un petit flashback sur ton premier disque « Underdog Anthems », qui était très Rock. « Only the Wild One » avait une toute autre sensibilité et un aspect plus travaillé peut-être sur les arrangements et plus produit aussi. Est-ce que, justement, cela correspondait à des moments très différents en termes d’intensité dans ta vie personnelle et qu’on a retrouvé à travers tes chansons ?

J’avais une certaine colère sur « Underdog Anthems ». Depuis, j’ai été un peu humiliée par la vie, par l’industrie de la musique, par le monde… Chaque album est le reflet de l’endroit où se trouve un artiste à ce moment-là, mais celui-ci est différent. Cette fois, je n’ai pas peur de creuser certaines choses jusqu’ici désordonnées. Je ne suis pas opposée à prendre le long chemin du retour, je n’ai plus peur de ce qu’ils pensent. J’ai été sauvage trop longtemps. J’ai été sur la route à travers le monde, j’ai eu le cœur détruit et puis j’ai eu des aperçus de l’amour le plus incroyable que je n’ai jamais trouvé… il y a beaucoup de choses à creuser dans la vie de nos jours à travers la musique.

– « Only The Wild One » avait apporté un véritable vent de fraîcheur avec un style désormais identifiable fait de Classic Rock, de Blues et d’Americana sur un chant très personnel. Doit-on s’attendre à une certaine continuité avec ce nouvel album ?

La continuité est l’objectif, mais je me laisse davantage aller sur les chansons cette fois-ci. Je ne vais pas écrire un morceau Classic Rock juste pour en avoir un. Il faut que cela me plaise. J’ai déjà écrit des chansons de Heavy Rock pour cet album qui ne verront pas le jour, car elles ne m’ont pas donné cette confiance à 100 % pour que je croie réellement en elles.

– Tu es musicienne, chanteuse et compositrice. De quelle manière est-il plus naturel pour toi de faire passer des émotions à travers ta musique ? Plutôt par la voix, ou avec ta guitare ?

J’ai eu la chance d’étudier cette forme d’art dans des conditions intenses et de poursuivre ce voyage au-delà des murs du Berklee College Of Music et dans le monde réel. Celui-ci ne se soucie pas du fait que vous puissiez écrire à des moments inhabituels, ou jouer des gammes diminuées en ‘sweep picking’ sur le manche de votre guitare. Je pense que ce dont le monde a besoin aujourd’hui, c’est d’un sentiment d’unité, peut-être d’un certain soulagement  ​​dans le contexte d’une impression moins solitaire. Lorsque quelqu’un s’ouvre à une vulnérabilité totale, ou dit quelque chose sans s’excuser, je pense que cela inspire une réaction en chaîne. J’aimerais inviter les gens à aller à contre-courant et dans tous les aspects de la vie.

– Sur « Don’t Call me Baby », il y a le violon de Ross Holmes, qui apporte une touche légèrement Country. Etant originaire et résidente de Nashville, j’imagine que la tentation est grande tant la Country Music y est présente. Est-ce un domaine musical que tu as envie d’explorer, car il y a beaucoup d’effervescence dans le style depuis un moment déjà aux Etats-Unis et qui se propage ailleurs ?

La Country/Americana est un genre que j’explore, c’est vrai. Je suis à Nashville depuis un certain temps et je l’ai certainement intégré à mon style Et puis, cette fois-ci, je ne m’en tiens pas strictement au Rock. Je ne me suis jamais vraiment limité au Rock de toute façon, même sur « Underdog Anthems ». J’avais sorti une chanson Country toute simple sur l’album, « Drift Together », et je pense qu’il était facile de me mettre dans cette catégorie à ce moment-là. C’était Michael Wagener qui avait produit ce disque et il ressemble à ses disques de Hard Rock emblématiques. Cela dit, mes héros suivent de toute façon des chemins différents à travers les genres, donc tout ça peut être un peu flottant de toute façon.

–  On le sait, tu es vraiment dans ton élément lorsque tu es sur scène et on a vraiment l’impression que c’est le lieu de toutes les émotions pour toi et ta musique. Est-ce que pour ce nouvel album, tu te projettes déjà sur le rendu scénique au moment de la composition, ou c’est quelque chose qui arrive plus tard ?

J’adore être sur scène, c’est vrai ! J’ai eu la chance de jouer dans quelques grands festivals cet été et mes préférés ont été ceux de Blues en Belgique et aux Pays-Bas ! Faire une tournée avec les garçons a ouvert de nombreuses portes sur le plan créatif et nous voulons maintenant capturer un peu de cette magie en studio. Nous testons les nouvelles chansons depuis environ un an maintenant, elles sont donc presque prêtes à être enregistrées. Mais nous sommes aussi catégoriques sur le fait que chacune d’entre elles doit être parfaite. Donc, nous les réenregistrerons donc autant de fois que nécessaire.

– Tu enchaînes les concerts toute l’année, y compris en Europe où tu es venue à plusieurs reprises. D’ici, on imagine le terrain de jeu américain gigantesque et surtout peut-être plus réceptif à ta musique, qui n’est pas réellement notre culture. Y a-t-il des choses spéciales lors de tes tournées en Europe au niveau du public notamment ? Est-ce que ta musique est perçue de la même manière des deux côtés de l’Atlantique ?

Nous sommes mieux reçus à l’étranger. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Nous ADORONS le public européen : il est très attentif et il n’a pas peur de s’amuser ! Je ne connais pas les raisons pour lesquelles le marché européen est meilleur pour nous. Peut-être que le public apprécie davantage la vraie musique, les gens qui jouent de leurs instruments, sans pistes enregistrées… ?

– Pour conclure, j’aimerais que tu me dises pour quelles raisons tu restes une artiste indépendante. Est-ce que c’est un désir de pouvoir contrôler ton processus créatif dans son entier et parce qu’aujourd’hui un label a moins d’impact qu’auparavant, ou plus simplement parce qu’il est plus difficile d’être signé en raison d’une situation devenue peut-être saturée ?

C’est une bonne question. J’ai ma petite idée là-dessus… Je vais en poser juste une : je peux être difficile à cerner en termes de genre ou de style. Les labels n’aiment plus prendre de risques. C’est vraiment dommage. J’ai beaucoup d’amis à Nashville qui composent de la bonne musique et il y a 30 ans, je parie que tous auraient été signés. C’est franchement un acte solitaire d’essayer de tout faire soi-même, mais je ne suis plus seule maintenant. J’ai rassemblé des gens formidables autour de moi. Et nous avons trouvé la solution de manière très simple : saisir la vie par les couilles au lieu d’attendre que quelque chose se passe. J’ai eu un label qui m’observait pendant que les gens tapaient sur les bancs du ‘Ryman Auditorium’ pendant deux minutes d’affilée pour une standing-ovation. C’était en première partie de Melissa Etheridge. Et ils m’ont TOUJOURS laissé tomber. Donc s’ils attendent juste que je devienne ‘rentable’, alors je passerai mon tour…

Le single « Don’t Call Me Baby » du prochain album de JAX HOLLOW est déjà disponible sur les plateformes et retrouvez-la aussi sur son site :

www.jaxhollow.com

Photos : Jon Duncan Photography (2 – 3 – 5)

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Americana Country Soul Southern Blues Southern Rock

Kyle Daniel : Southern flavors

Tout ici respire le sud des Etats-Unis. L’Alternative Country enrobée d’Americana, de Blues et de Rock rayonne et se diffuse avec évidence sur « Kentucky Gold », premier opus d’un KYLE DANIEL qui se pose déjà comme le futur songwriter incontournable de cette nouvelle génération Southern Rock, décidemment en pleine ébullition. Il a écumé les bars et les clubs et a appris les moindres détails qui font flamboyer l’âme de baroudeur qu’il affiche déjà. Modernes et avec une approche Old School raffinée, ces douze morceaux se savourent encore et encore.  

KYLE DANIEL

« Kentucky Gold »

(Snakefarm Records)

Comme l’indique le titre de son album, c’est bel et bien du Kentucky et plus précisément de Bowling Green qu’est originaire le talentueux KYLE DANIEL. Basé à Nashville depuis la pandémie, celui qui a été élevé en écoutant de la Country et du Southern Rock n’est donc pas dépaysé, même si son style se démarque franchement de sa nouvelle ville d’adoption. Après deux EPs en indépendant, un éponyme en 2018 et « What’s There To Say » l’année suivante, « Kentucky Gold » marque le franchissement d’une étape importante, le tout avec une maîtrise totale et un sens de la chanson captivant.  

Cela dit, KYLE DANIEL n’est pas totalement inconnu sur le circuit Blues, Country et plus largement Southern américain. Redoutable guitariste, il remporte le ‘Kentucky Blues Challenge’ à 17 ans, puis le très renommé ‘International Blues Challenge’ dans la foulée. Autant dire que le musicien sait parfaitement où il va, et en confiant la production à Jaren Johnston (The Cadillac Three), Brian Elmquist (The Lone Bellow) et au faiseur de hits canadien Mike Krompass, il s’assure une entrée en matière somptueuse pour un résultat qui l’est tout autant.

Torride, l’entame de « Kentucky Gold » s’inscrit dans la lignée classique du Rock Sudiste, musclée et fédératrice (« Can’t Hold Me Back »). KYLE DANIEL a aussi pris le soin de se rendre à Muscle Shoals, ce qui libère un côté Soul très authentique (« Me And My Old Man »). Puis, les surprises s’égrainent au fil du disque avec des duos de haut vol. On se régale de « Fire Me Up » avec Maggie Rose, de « Southern Sounds » avec Kendrell Marvel, de « Summer Down South » avec The Cadillac Three et enfin de « Everybody’s Talkin’ » avec Sarah Zimmerman. Epoustouflant !

(Photo : Jason Stolzfus)

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Country International

Emily Nenni : Honky Tonk spirit [Interview]

Malgré son jeune âge, EMILY NENNI commence à se faire un nom dans la jungle musicale que représente Nashville en termes de Country Music. Indépendante, l’artiste est à l’image de sa musique et apporte beaucoup de fraîcheur à un style qui se tourne pourtant de plus en plus vers la Pop. Elle reste authentique et fidèle à un aspect assez classique comme le Honky Tonk notamment, auquel elle offre une version très personnelle, actuelle et sincère. Avec « Drive & Cry », son troisième album, elle se lance aussi à la conquête du public européen. Entretien avec une chanteuse, guitariste et compositrice pétillante et décidée, juste avant une prestation attendue au festival ’Americana Eldorado’ en septembre en France.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on évoque de ton parcours. Comment une Californienne comme toi en vient-elle à la Country Music et affiche aujourd’hui une telle maîtrise ? C’est un style de musique avec lequel tu as grandi ?

J’ai grandi en écoutant toutes sortes de musiques. Mon père travaille à la radio depuis l’université et mes deux parents ont toujours eu beaucoup d’amour et de respect pour la musique et les musiciens. J’ai souvent entendu Hank Sr, Patsy Cline, Willie Nelson et Johnny Cash, ainsi qu’Emmylou Harris et Lucinda Williams en grandissant. En tant que passionnée de musique, lorsque j’ai déménagé à Nashville, alors que j’avais tout juste 21 ans, je me suis complètement immergée dans la musique Country au ‘Robert’s Western World’ et au ‘Santa’s Pub’, ainsi qu’à travers toutes les vieilles vidéos que je pouvais trouver sur YouTube. Je voulais tout savoir, pas seulement de la musique, mais aussi des gens qui la composaient.

– Assez rapidement, tu as sorti ton premier album, « Hell OF A Woman » en 2017, puis l’EP « Long Game » trois ans plus tard. C’est assez étonnant comme trajectoire. D’habitude, les artistes testent la température avec un format court. Tu te sentais suffisamment sûre et prête pour te lancer tout de suite dans un album complet ?

Lorsque « Hell Of A Woman » est sorti, je gardais certaines de ces chansons depuis déjà quelques années. En fait, la chanson-titre était l’une des dernières que j’ai ajoutées à l’album, avec « Baby Found The Bottle ». Mon état d’esprit concernant la sortie de ma musique, surtout de manière indépendante, était que je continuerai certainement à écrire et j’espérais continuer à apprendre et à m’améliorer. Alors, pourquoi ne pas sortir de ma musique telle qu’elle était ? Je n’avais pas une grande fan-base et je ne pensais pas que le disque irait quelque part, j’avais juste des chansons à partager.

– Puis en 2022 est sorti « On The Ranch » que tu as écrit dans le Colorado durant la pandémie. Finalement, est-ce que le fait d’être bloquée dans un endroit comme celui-là typiquement lié à la Country Music a été une immersion créative pour toi ? Une sorte de source d’inspiration ?

Je vivais dans un ranch avec cinq autres cow-girls, donc c’était une inspiration suffisante ! Écrire dans un endroit comme celui-là était en grande partie pour me vider la tête et m’éloigner de ma routine et de mon environnement habituel. C’est comme ça que j’aime travailler d’habitude. Une fois que ma tête est claire de toutes les choses que je dois faire, je peux réellement exploiter toutes mes pensées, mes sentiments et les mélodies qui les animent.

– Comme tu le disais, tu es arrivée jeune, à l’âge de 21 ans, à Nashville, la capitale de la Country Music. Est-ce que, selon toi, c’est un passage obligé pour tous les artistes, afin d’y obtenir une certaine reconnaissance artistique ?

Je ne pense assurément pas qu’il soit nécessaire d’être à Nashville pour faire de la musique Country. J’ai eu beaucoup de chance d’avoir rencontré une véritable famille artistique ici, composée de musiciens talentueux et solidaires, et j’ai beaucoup appris d’eux. Désormais, les gens partagent leurs talents en ligne via Internet et ils sont embauchés de cette façon. Je trouve cela merveilleux, car Nashville devient de plus en plus cher pour y vivre, surtout pour les musiciens.

– On le sait, il y a énormément de concurrence entre les jeunes artistes, et pas seulement. Est-ce que Nashville, où tu vis aujourd’hui, provoque aussi une émancipation particulière et demande également peut-être plus d’efforts pour s’imposer et se distinguer ?

J’ai principalement appris en jouant avec des amis au ‘Santa’s Pub’. Au moins dans la communauté dans laquelle j’ai grandi au cours des dix dernières années, cela ne m’a pas semblé être une compétition. Nous voulions tous réussir, bien sûr, mais c’est tellement plus agréable de grandir avec ses amis. Bien sûr, il y a eu des gens qui ont pensé que seuls quelques-uns pourraient réussir, mais ce n’est pas le cas. Sans parler de la fatigue que représente de mener une carrière à bien.

– Justement, tu évolues dans un registre porté sur le Honky Tonk avec beaucoup de fraîcheur. C’est assez surprenant à l’heure où les chanteuses surtout ont tendance à produire de la Country Pop, non ?

J’adore le Honky Tonk. Et nous aimons jouer dans une salle devant deux personnes comme face à une foule tapageuse. Si nous avons une salle pleine de gens qui chantent et dansent, alors c’est une bonne soirée. Mes amis de ‘Teddy And The Rough Riders’, qui me soutiennent souvent, enflamment toujours la salle. Finalement, nous voulons juste passer un bon moment !

– Ce qui surprend aussi, même à travers ta courte discographie, c’est que tu sembles avoir immédiatement trouvé ton style. Alors que d’autres s’essaient à plusieurs courants, tu restes attachée à celui de tes débuts que tu ne cesses cependant de peaufiner. Tu as toujours eu une idée très précise de la musique que tu voulais jouer ?

Parfois, j’entends la musique de quelqu’un d’autre et je me suis dit : ‘Wow, j’aurais aimé écrire cette chanson !’. Mais surtout, j’écris simplement sur mes expériences, mes pensées et mes sentiments et je les associe à la mélodie qui en ressort. Quand cela est associé aux musiciens que je connais et que j’aime, cela me ressemble forcément. Il y a tellement de musique là-bas à Nashville que nous pourrions tous nous comparer les uns aux autres. Mais j’aime surtout entendre les gens faire une musique qui leur est personnelle.

– « Drive & Cry » a été pensé à la façon d’un vinyle avec ses deux faces. Est-ce que c’est aussi pour cette raison qu’on y trouve deux ambiances assez différentes ? Ta volonté était de pouvoir capter le plus de sonorités et d’approches musicales possibles ?

Je peux parfaitement me lancer dans l’écriture, ou l’enregistrement, avec une idée de la façon dont j’aimerais que cela sonne globalement, mais cela ne se réalise jamais vraiment. Cela fait partie de l’évolution des chansons. A mesure que vous enregistrez de plus en plus, vous obtiendrez, espérons-le, des sons que vous n’aviez pas auparavant. Travailler avec John James Tourville (qui a produit le disque) a été une expérience merveilleuse. Il a vraiment permis aux musiciens de jouer tout en restant fidèles à eux-mêmes. Ils jouaient pour les chansons et non pour eux, et ça s’entend vraiment.

– Malgré la qualité du songwriting et de la production de John James Tourville (The Deslonde), « Drive & Cry » conserve une savoureuse couleur ‘underground’. Est-ce que c’est quelque chose que tu cultives, ou vois-tu cela aussi comme une sorte de signature sonore ?

Nous nous amusions tous tellement à faire de la musique en studio. John James et moi étions sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la notion de ‘perfection’. Elle n’est pas forcément nécessaire. S’il y a une prise avec une imperfection, mais plus de sensations, on y va ! Ce disque a également été mixé par Matt Ross-Spang dans son studio ‘Southern Groove’ à Memphis, et il est un véritable maître en matière d’enregistrement faits de beaucoup de chaleur et de naturel.

– Enfin, tu seras à l’Eldorado Americana Festival en septembre à Vancé en France. J’imagine que tu dois être impatiente, même si la Country Music est assez confidentielle chez nous. Dans quel état d’esprit es-tu et y aura-t-il d’autres concerts ici en Europe ?

Nous allons commencer en Scandinavie, puis faire un show en Allemagne et une semaine ou deux au Royaume-Uni. Je ne suis allée en Europe qu’une seule fois, c’était l’année dernière. Et je me sens chanceuse de pouvoir jouer pour de nouveaux publics. J’ai même du mal à croire que nous ayons la chance de pouvoir jouer dans tous ces merveilleux endroits !

Le nouvel album d’EMILY NENNI, « Drive & Cry », est disponible chez New West Records et pour la première fois en Europe.

Photos : D.R., Sound Snap Photo (3) et Alysse Gafkjen (5)

La billetterie du festival ’Americana Eldorado’, qui aura lieu le 7 septembre à Vancé dans la Sarthe (72), est d’ores et déjà ouverte :

https://my.weezevent.com/eldorado-americana-festival

 

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Country International

Alyssa Bonagura : riding the emotions [Interview]

Multi-instrumentiste, auteure, compositrice, productrice et bien sûr chanteuse, ALYSSA BONAGURA est une artiste complète et exigeante. Native du Tennessee, c’est assez naturellement qu’elle s’est tournée vers la Country Music, ainsi que la Pop et le Rock et ce dès son plus jeune âge. Avec une discographie devenue conséquente, elle s’apprête dans quelques jours à sortir « Love Wins », un EP de cinq titres réalisé dans des conditions assez particulières et dont l’ensemble se veut toujours aussi sensible et plein d’émotion. Cinq chansons qui restent en tête, avant la sortie d’un album complet dans les mois à venir. Entretien avec une musicienne agréable et abordable, qui voue une véritable passion pour la musique.

– Tout d’abord, j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours. Tu es née à Franklin dans le Tennessee de parents musiciens et tu as donc baigné très jeune dans la Country et la Folk notamment. Finalement, as-tu toujours pensé que ton chemin serait déjà tracé par la musique et à travers celle-ci ? Comme une finalité ou un destin ?

Honnêtement, je ne connais rien d’autre que la musique. J’avais trois semaines dans le bus de tournée avec mes parents. Je les regardais chanter tous les soirs et je voulais être comme eux quand je serai grande. La musique était partout autour de moi. Je suis montée sur scène en courant et j’ai commencé à chanter quand j’avais 2 ans. Donc, je suppose qu’au fond de moi, j’ai toujours su que c’était mon destin.

– Tu es très vite devenue multi-instrumentiste, compositrice et aussi ingénieure du son un peu plus tard. Tu as rapidement senti la nécessité de pouvoir contrôler tout le processus de création ?

J’aime tous les instruments. Je pense que c’est parce que mes parents les laissaient traîner pour que je les récupère et que j’en joue quand j’étais enfant. Je suis enfant unique, donc une grande partie de mon temps libre a été consacrée à essayer d’apprendre à jouer de différents instruments. J’ai commencé le piano et j’ai appris à jouer à l’oreille, puis je suis passé à la guitare et j’ai appris toute seule à jouer avec de nombreux accordages différents. Je trouve beaucoup de liberté à ne pas savoir lire la musique, car cela me fait suivre mon instinct. J’ai tellement de mélodies et d’idées musicales en tête que c’est génial de pouvoir jouer de ces instruments lors de la composition d’une chanson et cela aide beaucoup pendant un enregistrement également.

Photo : Oliver Halfin

– Tu as aussi fait tes études en Angleterre pendant trois ans. Est-ce que cela a eu une influence ou des répercussions sur ta culture musicale initiale, peut-être déjà établie ?

J’ai adoré vivre en Angleterre et y étudier. Le temps que j’ai passé à Liverpool a vraiment façonné ce que je suis aujourd’hui en tant qu’artiste et comme personne. J’avais 18 ans et j’ai déménagé dans un autre pays. Avec le recul, je me rends compte que cela m’a demandé beaucoup de courage ! J’ai appris à sortir des sentiers battus musicalement pendant que j’étais là-bas et j’ai commencé à m’inspirer de tant de styles de musique différents. Être entouré de différentes cultures ma beaucoup inspiré et cela m’a vraiment aidé à grandir en tant que personne et qu’artiste aussi.

– Ensuite, en 2010, tu as signé chez Rondor Music, une division d’Universal Music, où tu as enchainé les succès comme auteure-compositrice et comme productrice aussi. Qu’est-ce qu’il y a de différent, selon toi, à travailler pour les autres ?

Je pense que ce qui est différent dans le fait de travailler avec d’autres artistes et auteurs-compositeurs, c’est que vous obtenez une nouvelle perspective sur la chanson que vous créez. Vous apprenez à les aider à raconter leur histoire en y apportant votre propre touche et c’est pourquoi la collaboration est si spéciale. Cela vous aide également à réaliser à quel point les chansons que vous écrivez vous-même sont précieuses, car elles représentent à 100% votre histoire.

Photo : Franklin Lifestyles

– D’ailleurs, presqu’au même moment, tu as sorti ton premier EP, « Before The Breaking » en 2008, puis « The English Diaries » (2021), l’album « Love Hard » en  2012, puis « Road Less Traveled » en 2016. Est-ce que ce sont les années où tu t’es le plus épanouie artistiquement ?

C’est dans ces années-là que j’ai commencé à produire ma propre musique, à la diffuser dans le monde entier et à essayer différentes sonorités. Chacun de ces disques est une capsule temporelle de ma vie à un moment donné et j’ai aussi expérimenté de nombreuses directions musicales différentes. « Before the Breaking », c’était le son des auteurs-compositeurs de Nashville et aussi mes premières chansons co-écrites. « The English Diaries » a été écrit et enregistré dans la chambre de mon appartement à Liverpool et il y a une ambiance un peu plus Indie assez britannique. « Love Hard » était le premier album que j’enregistrais avec de gros moyens et il a été inspiré par mon amour de la musique Pop/Rock, des guitares électriques et des artistes Pop féminines comme Katy Perry et Kelly Clarkson. Et enfin, l’album « Road Less Traveled » est vraiment beaucoup plus dépouillé, avec juste ma voix et ma guitare, le tout jouer et chanter en live.

– Tu as aussi sorti plusieurs singles pendant plus de dix ans et enfin le EP « Flying With Me » l’an dernier. Pourquoi revenir avec un format court, huit ans après ton dernier album ? Tu n’avais pas suffisamment de chansons, ou tu souhaitais quelque chose de plus resserré ?

« Fly With Me » est un EP très spontané et il n’était pas vraiment prévu. Je venais de tomber amoureuse et j’ai eu envie d’écrire cinq chansons en une semaine. Je venais juste de commencer à travailler avec cette incroyable société ‘Extreme Music’, qui fait beaucoup de synchronisation pour le cinéma et la télévision, et ils ont adoré le projet. Alors, nous avons décidé de le sortir sous forme d’EP et je suis très heureuse de l’avoir fait, car j’ai pu les jouer dans de nombreux spectacles l’année dernière comme à ‘Love Is Blind’, ‘Love Island’, etc… Et cela a aidé ma musique à être découverte par des gens du monde entier.

Photo : Ash Newell

– Est-ce que c’est aussi dû à notre époque, où tout le monde sort beaucoup d’EP et de singles, au détriment peut-être d’albums complets pour mieux occuper les réseaux sociaux ?

Je pense que lorsque les gens commencent à vous connaître en tant qu’artiste, aujourd’hui, il est préférable de sortir une chanson à la fois, ou un format court, pour ne pas en faire trop à la fois. Cependant, j’aime vraiment les albums complets et je travaillerai toujours dans ce sens. Je travaille actuellement sur le prochain que je viens de terminer d’enregistrer à Nashville et j’ai hâte que les gens l’entendent. C’est presque un double-album tellement il y a de chansons ! Mon son a vraiment évolué au fil des années et j’ai hâte de partager ce prochain chapitre de mon voyage musical.

– Avec « Flying With Me », tu reviens à une Country plus classique comme sur « Road Less Traveled ». Pourtant, « Love Hard » était un disque très Pop et très produit aussi. A l’époque, c’était pour être aussi en phase avec l’air du temps ?

A l’époque, j’étais obsédé par la chanson « Teenage Dream » de Katy Perry, par l’auteur-compositeur Max Martin et aussi par le premier album de Kelly Clarkson. Je voulais expérimenter ce genre de sonorités. Rondor était basée à Los Angeles, donc j’ai passé beaucoup de temps avec ce genre d’auteurs et j’ai vraiment adoré faire ce disque. Ces chansons sont optimistes et amusantes ! En fait, j’aimerais vraiment réenregistrer certaines d’entre-elles maintenant avec une nouvelle approche, car mon son a tellement évolué.

Photo : Oliver Halfin

– L’image de la Country Music souffre d’un petit côté western assez désuet pour le moment en France, et même en Europe. Tu étais chez nous récemment avant d’entamer une tournée anglaise bientôt. Que penses-tu de cette situation, qui devrait d’ailleurs vite évoluer, je pense ?

J’espère pouvoir montrer aux gens en Europe que la musique Country est bien plus qu’un style occidental. C’est avant tout une question de chansons et d’histoires avec une bonne production. Je pense que les chansons Country peuvent devenir populaires sur les radios Pop et auprès d’un public plus large. C’est ce que je rêve de faire.

– Toi qui a également travaillé avec Joe Bonamassa, Sarah Jarosz et beaucoup d’autres, que penses-tu des artistes comme Taylor Swift qui a laissé la Country pour la Pop et de Beyoncé qui fait le chemin inverse ? Est-ce que cela peut contribuer à la démocratisation du style dans le monde, ou ne va-t-elle pas perdre de son identité et de son ADN ?

Je pense que la musique est un voyage et que chaque artiste a son histoire à raconter. C’est à lui de décider de la façon dont il veut le faire. Cependant lorsqu’il s’agit de ce qu’est la Country Music, la définition concerne encore une fois son histoire et les paroles. Une chanson comme « The House That Built Me » de Miranda Lambert est l’une de mes chansons Country préférées, car le récit vous captive et c’est quelque chose à laquelle vous pouvez vous identifier immédiatement. Il y a des chansons Pop auxquelles je ne peux pas m’identifier de manière aussi profonde. Je pense que c’est ce qui rend la Country Music si spéciale.

Photo : Oliver Halfin

– Enfin, revenons à toi. Quand aurons-nous le plaisir de te retrouver avec un album complet ? Les chansons sont écrites. Où en est la production ?

J’espère sortir mon album complet d’ici la fin de l’année, ou début 2025 ! (Sourires) Mais avant de ça, je sors un autre EP de cinq chansons, qui est à nouveau en partenariat avec ‘Extreme Music’. Elles ont été écrites et enregistrées en une seule journée avec une incroyable équipe d’auteurs et de producteurs. Il s’appelle « Love Wins » et il y a beaucoup d’émotion dans chaque chanson. J’ai hâte que vous l’entendiez !

– Justement, dis-nous quelques mots au sujet de « Love Wins » qui arrive dans quelques jours. A-t-il été réalisé sur un coup de tête, car écrire et enregistrer cinq morceaux dans la même journée est un sacré challenge ?

« Love Wins » est né d’une journée organisée avec la société avec ‘Extreme Music’. C’était une journée de ‘camp’ d’écriture et d’enregistrement avec Hook Haus, un groupe incroyable d’auteurs et de producteurs de Nashville et de Los Angeles. Je n’avais jamais rencontré aucun d’entre eux jusqu’à ce matin-là à 10 heures ! Toute cette journée a été très créative et axée autour de mon travail et ma musique. Il y avait trois producteurs différents dans trois studios différents et je sautais de pièce en pièce. Je commençais et je terminais les chansons, puis nous collaborions tous ensemble. Ce fut une expérience TELLEMENT créative et merveilleuse pour moi. Normalement, c’est moi qui suis derrière la console du studio, donc c’était amusant d’avoir quelqu’un d’autre qui m’aidait à donner vie à mes idées dans ce climat très collaboratif

Photo : Oliver Halfin

– Comment t’es-tu organisée, car j’imagine que tu n’as pas pu travailler et répéter ces chansons-là avant d’entrer en studio ?

Il n’y a pas eu de répétition, car chaque chanson a été écrite sur place. Et tout le monde s’est impliqué dans chaque session pour nourrir et créer les morceaux. Avec Hook Haus, nous avons joué tous les instruments et géré toute la programmation.

– Un mot sur ta prestation vocale sur ce nouvel EP « Love Wins », qui est toujours aussi nuancée et, comme tu le soulignais, on sent beaucoup d’émotion. Tu as écrit toutes les paroles sur place ?

Oui, nous avons tout écrit ce jour-là en studio et nous avons enregistré toutes les parties vocales, ainsi que mes parties de guitare et de piano. Nous avons commencé à 10h le matin pour finir à 23h ! C’était sauvage !

– Enfin, comment tu es également productrice et multi-instrumentiste, quel regard as-tu pu poser sur cette journée un peu spéciale d’enregistrement ? Et as-tu donné la direction que tu souhaitais aux morceaux ?

Oui, j’ai apporté mes idées de production, mais Hook Haus a vraiment réussi à les élever à un autre niveau et assez différemment. C’était vraiment amusant de travailler avec différents producteurs et compositeurs aussi talentueux qu’eux. J’adore les chansons que nous avons écrites ensemble, tout comme le son de « Love Wins » que nous avons conçu ensemble.

Le nouvel EP d’ALYSSA BONAGURA, « Love Wins », sera disponible le 3 mai prochain sur toutes les plateformes et chez Extreme Music.