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Blues Rock Classic Rock France

Red Beans & Pepper Sauce : spicy groove [Interview]

Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.

– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?

Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.

– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?

En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.

– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?

C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.

– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?

C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.

– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?

Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.

– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?

En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.

– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?

On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.

– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?

Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.

– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?

Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !

L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.

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Hard Rock Southern Rock Stoner Rock

Monster Truck : sur le pied de guerre

Ne prendre aucun risque peut garantir de la stabilité, un certain confort voire même prolonger une certaine dynamique, mais peut aussi mener à un cruel manque de créativité. Avec « Warriors », les Canadiens utilisent leur dernier joker. Leur hard Rock teinté de Stoner et de Southern est toujours aussi réjouissant et bastionne à tour de bras sur une production très actuelle, mais ne franchit pas le cap espéré. Un goût d’inachevé.

MONSTER TRUCK

« Warriors »

(BMG)

Si on ne change pas une équipe qui gagne, on peut tout de même s’essayer à quelques changements tactiques. Chez MONSTER TRUCK, le jeu reste identique, seul le line-up a évolué. Jon Harvey (basse, chant), Jeremy Widerman (guitare) et Brandon Bliss (claviers) sont désormais seuls à bord, suite au départ du batteur Steve Kiely. Pourtant « Warriors », à l’inverse du groupe, reste fédérateur et avance comme un seul home.

Entraînant et musclé, ce quatrième album s’écoute tout seul et les titres s’enchaînent pied au plancher. Aucun relâchement sur les dix morceaux et une efficacité qui force même le respect. Certes, MONSTER TRUCK va à l’essentiel, mais quelques variations dans son explosif et massif Hard Rock auraient été plus que bienvenues. Avec une setlist aussi resserrée, on a un peu le sentiment que le combo s’est contenté du service minimum.

La recette est bonne et reste très digeste, c’est vrai. Avec des refrains entêtants, les Canadiens dynamitent leurs titres sur des mélodies hyper-groovy et des riffs surpuissants (« Warriors », « Life Free », « Get My Things & Go »). MONSTER TRUCK fait même quelques clins d’œil à ses voisins de Nickelback (« Golden Woman ») avant de se montrer plus Southern (« Country Livin’ »). Le taff est bien fait … Seul manque juste un petit grain de folie.

Photo : James Heaslip
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Power Rock Rock/Hard

Trust : mélodies assassines

Dans la même veine que les derniers albums, « Propaganda » vient confirmer l’envie du groupe de jouer une musique qui respire et envoûte, mais dont la rage qui l’anime depuis ses débuts reste intacte. Non, TRUST ne vieillit pas mal et n’a pas retourné sa veste. Le groupe rugit encore et toujours, sort les griffes et refuse les concessions pour demeurer créatif et inspiré.

TRUST

« Propaganda »

(Verycords)

Chroniquer un album de TRUST dans notre beau pays, et surtout pour en dire du bien, relève presque de la bravoure. Mais quand on aime : on distribue ! Depuis son ’retour’ avec « Dans Le Même Sang » en 2018, le groupe phare de la scène Rock française divise ses fans de la première heure, restés dans la nostalgie du premier album, de « Répression » ou de « Marche Ou Crève ». Et ça peut même se comprendre. Cependant, Bernie et Nono, eux, ne sont pas restés la tête dans le formol et c’est une chance.

C’est vrai que « Dans le Même Sang », suivi de « Fils de Lutte » l’année suivante, avait montré un autre visage de TRUST, essentiellement musicalement d’ailleurs puisque les textes ont conservé cette verve, cette attaque et ce mordant uniques. Ensuite, « Re-Ci-Div » est venu enfoncer le clou. Mais comment ont-ils pu ? Comment ont-ils osé ? Réinterpréter de tels classiques dans des versions Rock aux ambiances presque bluesy a relevé du sacrilège pour beaucoup. La belle affaire, puisqu’ils sont bons… et surtout à eux !

Ce qu’il faut retenir des dernières productions du groupe, c’est sans doute le fait que tout soit enregistré en condition live et en très peu de temps. Capter ainsi l’instant où la magie opère pour libérer cette énergie et cette spontanéité qui font toute la force de TRUST sur scène. Et c’est très précisément ce que l’on ressent à l’écoute de « Propaganda », douze morceaux instinctifs, solides, calmes aussi et fluides. On ne chasse pas le naturel. Et cette fois encore, c’est le grand Mike Fraser qui a mixé l’ensemble avec le talent qu’on lui connait.

Alors, et si chacun se fera son idée, que faut-il retenir de ce douzième album studio ? Bernie, Nono, Izo Diop, David Jacob et Christian Dupuy ont à nouveau investi les studios ICP près de Bruxelles et on retrouve donc le son des récentes réalisations, entre une chaleur un brin feutrée et des déflagrations brutes. Toujours aussi acérées et tranchantes, les paroles tapent dans le mille, taillent dans le gras et personne n’est épargné. TRUST ne fait pas de prisonniers et c’est même pour ça qu’on l’aime.

Sur une rythmique sans faille, le duo de guitaristes fait des merveilles entre riffs costauds et accrocheurs et des solos aériens, fins et étincelants signés Nono (« Le Jour Se Lèvera », « La Première Pierre », « Petite Elle »). TRUST a beau faire des infidélités à son Hard Rock d’antan, on retrouve sa patte, sa rage et son intensité («  Tout Ce Qui Nous Sépare », « Guerre Lasse », « Rassure tes chiens », « L’Europe des 27 »). Au chant, Bernie se fait moins hurleur ou crieur, mais il reste très vindicatif. Et ses mots résonnent même plus forts, de manière plus incisive encore, car la mélodie domine.

Enfin, avec un titre comme « Propaganda » et de pareilles pochettes (elles sont bien deux !), on pouvait s’attendre à un album très politique, d’autant que l’époque s’y prête encore et toujours. Pourtant, ce nouvel opus revêt un aspect beaucoup plus sociétal dans son contenu. Le constat est même accablant, mais tellement vrai, et Bernie se montre cinglant comme à son habitude (« Salaud d’Pauvre », « Les vagins Impatients », « Dimanche Au Bord Du Gouffre », « Ma Vie »). Peut-être trop contenu musicalement pour certains, TRUST régale encore et se réinvente brillamment. Allez, lâchez les chiens…

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Doom Psych

Lord Of Confusion : une ferveur énigmatique

Saisissant d’effroi, ce premier album du jeune groupe LORD OF CONFUSION lui prédit déjà un bel avenir tant il présente de belles dispositions. Mélodique, épais et torturé, le Psych Doom Metal des portugais est d’une noirceur presque mystique. La voix de sa chanteuse conjuguée aux riffs sabbathiens, à l’implacable rythmique et aux sonorités glaçantes de l’orgue offre à « Evil Mystery » un cachet aussi étrange qu’ensorcelant.  

LORD OF CONFUSION

« Evil Mystery »

(Gruesome Records)

C’est dans un univers plein de mystères que nous plonge LORD OF CONFUSION pour son premier album. Faisant suite au EP « Burnin’ Valley » sorti en 2019, le quatuor affiche une grande maturité musicale au point qu’il en est presque méconnaissable. Plus solides et massifs encore, les Portugais se montrent ambitieux et créatifs et sont parvenus à rendre leur Doom Metal très personnel, tout en restant ancré dans une symbolique propre au style.  

Porté par des références évidemment occultes, LORD OF CONFUSION s’inspire de films d’horreur et de contes surnaturels pour échafauder un son qui renvoie autant au psychédélisme qu’à un Metal rugueux et parfois Fuzz, où les ombres de Saint Vitus , Electric Wizard et du grand Black Sabbath flottent à l’envie. Sans tomber dans les stéréotypes, le groupe fait s’entremêler des riffs massifs avec des orgues obsédants et démoniaques.

Au chant, la jeune Carlota Sousa se livre à un envoûtement incroyable grâce à sa voix éthérée et hypnotique. En se déployant sur des morceaux assez longs, LORD OF CONFUSION prend le temps de poser les atmosphères, qui s’articulent en un rituel ténébreux (« Land Of Mystery », « Howling Void », « Witchfinder »). Le groove de l’album et son ambiance lugubre captivent et fascine jusqu’au 13 minutes de « Hell », dernier volet d’une grande intensité.

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Classic Rock Hard 70's Hard Rock

Purpendicular : la mécanique du groove

En dehors de Deep Purple, Ian Paice sait comment passer du bon temps. Aux côtés de l’excellent Robbie Thomas Walsh, irrésistible au chant, le batteur a rejoint PURPENDICULAR, qui sort aujourd’hui un très bon « Human Mechanic », troisième album du quintet britannique constitué de musiciens d’expérience et surtout au feeling explosif.

PURPENDICULAR

« Human Mechanic »

(Metalville)

Ca n’aura échappé à personne, PURPENDICULAR tire son nom du quinzième album de Deep Purple, qui est aussi le premier de l’ère Steve Morse en remplacement de l’inégalable Richie Blackmore. Mais même s’il s’en inspire librement, et son line-up le rend assez légitime, le groupe suit sa propre voie à travers un Classic Rock qui tire aussi sur le Hard Rock… forcément. Et « Human Mechanic » est une belle respiration, doublée d’une petite parenthèse nostalgique plutôt agréable.

Fondé en 2007 par le chanteur irlandais Robby Thomas Walsh, PURPENDICULAR avait dû renoncer à sortir son troisième album en raison de la pandémie. Avec Ian Paice derrière les fûts et dernier membre originel de Deep Purple, le frontman dublinois ne s’est pas laissé abattre et le groupe, composé de musiciens au feeling débordant, à savoir Nick Fyffe (basse), Christoph Kogler (claviers et orgue) et Herbert Bucher (guitare), est reparti de l’avant. Et entre gros riffs, solos aériens et refrains imparables, ça ronronne.

Très impliqué sur ce nouvel opus, Ian Paice fait parler son groove en totale harmonie avec des lignes de basse rondes et enveloppantes. Il semble réellement s’amuser et le plaisir qu’il prend est vraiment palpable (« The Nothing Box », « Ghost », « Something Magical »). Enfin, une grande partie de la magie de PURPENDICULAR agit aussi grâce à un incroyable orfèvre de l’orgue Hammond et un chanteur impressionnant (« Human Mechanic », « Four Stone Walls », « Soul To Soul »). Magistral !

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Heavy Rock Proto-Metal

Freedom Hawk : de cimes en cieux

Chaleureux et hypnotique, ce sixième album du quatuor de Virginie est suffisamment bluffant pour captiver sans peine tous les amoureux de gros son des années 70. Entre proto-Metal et Heavy Rock bluesy appuyé et galopant, « Take All You Can » montre un quatuor sincère et l’atmosphère très organique distillée par FREEDOM HAWK font de lui le représentant d’un style devenu bien trop rare.

FREEDOM HAWK

« Take All You Can »

(Ripple Music)

Malgré ce que sa musique pourrait laisser penser, c’est bien de la côte Est, et non de Californie, que débarque FREEDOM HAWK. Son style nous amène à imaginer de grandes fêtes sur des plages ensoleillées où les décibels font trembler une foule joyeuse. Passé d’évidents clichés, il faut bien reconnaître que « Take All You Can », sixième album du groupe, rassemble tout ça, et pour un peu, on entendrait même le bruit des vagues.

Si les oreilles de notre bon Ozzy ont dû siffler pour la première fois en 2008 à la sortie de « Sunlight », un large sourire s’est certainement figé depuis. En effet, le rapprochement entre le Prince des Ténèbres et le chanteur et guitariste TR Morton est facile et surtout crève les oreilles ! Au-delà de la filialité vocale entre les deux frontmen, FREEDOM HAWK a le bon goût de faire le lien entre plusieurs registres avec une grande et étonnante fluidité.

En enregistrant eux-mêmes « Take All You Can », les Américains réussissent à nous plonger dans une ambiance très 70’s et 80’s entre Hard Rock, Heavy Metal et des envolées guitaristiques bluesy envoûtantes. Le proto-Metal bluesy de FREEDOM HAWK est savoureux et intemporel à la fois et semble sortir tout droit d’un univers parallèle (« Age Of The Idiot », « We All Need Rock’n’Roll », « Skies So Blue », « Desert Song » et le morceau-titre). Vibratoire et positif.  

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Classic Rock Hard US Rock Hard

Marco Mendoza : solaire

Comptant parmi les bassistes les plus talentueux et discrets de sa génération, MARCO MENDOZA a fait les beaux jours de grandes formations internationales et livre aujourd’hui un quatrième album réjouissant et entraînant. Avec « New Direction », il montre aussi de très belles capacités vocales et un sens de l’écriture très affiné, l’ensemble étant interprété par des musiciens affûtés et plein de feeling.

MARCO MENDOZA

« New Direction »

(Mighty Music/Target Group)

Pour les fans de Thin Lizzy, Whitesnake, Journey, Ted Nugent, Black Star Riders et The Dead Daisies, MARCO MENDOZA est loin d’être un inconnu. Bassiste virtuose au groove incroyable et très identifiable, l’Américain a foulé la scène aux côtés des plus grands et participé à des albums mémorables. Et pour son quatrième opus en solo, le musicien s’est entouré d’un groupe de haut vol et la fraîcheur qui se dégage de « New Direction » est incroyable et particulièrement communicative.

C’est au Danemark, où siège son label, que MARCO MENDOZA a posé ses valises et s’est adjoint les services de pointures. Pour la batterie, on retrouve Morten Hellborn (Electric Guitars) et Allan Tschicaga (Pretty Maids). Viennent compléter ce beau tableau : Soren Andersen aux guitares, aux claviers et pour cette lumineuse production, ainsi que le brillant six-cordiste écossais Tommy Gentry de Gun. Un casting de choc pour dix titres très positifs et addictifs.

Concernant le mix et la production, Soren Andersen (Mike Tramp, Radiohead, Prince) a fait des étincelles comme il l’avait d’ailleurs déjà fait sur « Viva La Rock » (2018), le précédent album de MARCO MENDOZA. Ouvrant sur le dynamique « Take It To The Limit », le bassiste et chanteur se montre imparable dans un Hard US classique, bien ciselé, percutant et doté d’un songwriting irréprochable (« Light It Up », « Shoot For The Stars », « Free Ride », « New Direction »). Rayonnant !

Photo : Bleu Cotton Photography
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Classic Rock Hard Blues Hard US

Smith/Kotzen : du studio à la scène

Dorénavant disponible en physique, le dernier EP du duo SMITH/KOTZEN sort en édition augmentée avec un gros bonus de cinq morceaux enregistrés lors de leur seule, unique et trop courte tournée en début d’année. « Better Days… And Nights » montre ainsi la magie qui opère sur scène entre les deux musiciens à travers des prestations chaleureuses et brillantes.

SMITH/KOTZEN

« Better Days…and Nights »

(BMG)

Au printemps 2021, les virtuoses Adrian SMITH (Iron Maiden) et Richie KOTZEN (Poison, Mr Big, …) s’étaient réunis pour un album éponyme qui laissait apparaître une évidente complicité, tant dans le jeu que dans les compositions. Tellement opposés artistiquement, les deux guitaristes se retrouvent pourtant dans un Classic Rock nerveux, teinté de Blues et aux effluves forcément Hard Rock.

Forts de ce bel accueil, l’Anglais et l’Américain étaient revenus avec un EP de quatre titres, « Better Days », en fin d’année dernière. Là encore, c’était une vraie réussite pour ce duo qui se complète si bien. SMITH et KOTZEN forment un tandem assez atypique lorsqu’on connait leur parcours respectif et c’est très certainement ce qui fait leur force en sortant ainsi de leur zone de confort.  

Cette fois, le dernier EP sort en CD avec en bonus cinq titres live, qui ont été enregistrés il y a quelques mois en Angleterre et aux Etats-Unis avec la bassiste Julia Lage et le batteur Bruno Valverde. On y retrouve en concert deux morceaux du dernier enregistrement et trois autres issus de l’album. SMITH/KOTZEN nous fait agréablement patienter avant leur prochain album que l’on espère proche.

Photo : Robert Sutton
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Rock Soft Rock

Mike Tramp : native songs

MIKE TRAMP est un personnage à part. Devenu star dans les années 80 avec le groupe White Lion, il a continué l’aventure avec Freak Of Nature avant de se lancer en solo en 1997 dans un registre plus Rock et souvent acoustique, dans lequel il excelle. Contre toutes attentes, il revient aujourd’hui avec un album, « For Første Gang », constitué de chansons douces et lumineuses, chantées en danois. Une première très réussie pour le frontman du nord…

MIKE TRAMP

« For Første Gang »

(Target Group)

Malgré une imposante discographie, « For Første Gang » (‘Pour La Première Fois’ en danois) est le tout premier album de l’ancien chanteur de White Lion et de Freak Of Nature dans sa langue maternelle. Un peu poussé par des amis qui lui ont écrit des textes et qui le connaissent parfaitement, MIKE TRAMP s’est laissé prendre au jeu en écrivant les musiques de ces morceaux dont les paroles, souvent intimes, sont l’exact reflet de sa personnalité.

Le songwriter l’assure lui-même : si on est loin de l’univers Rock et Hard Rock qu’il parcourt depuis plus des décennies, c’est bel et bien un disque très personnel dévoilant une autre facette musicale de l’artiste dont il est question. Au-delà des genres, MIKE TRAMP est avant tout reconnaissable par sa voix unique, son timbre aussi sauvage que rassurant et un art de la mélodie incontestable. Et le Danois a mis tout cela en œuvre sur cet étonnant « For Første Gang ».

Entièrement composées au piano, les chansons présentent en premier lieu un aspect surprenant, mais passé l’écueil de la langue, le talent et la présence vocale de MIKE TRAMP nous transportent dans un monde envoûtant aux harmonies sublimes (« Vejkort », « Porte Jeg Rapide », « Drømme », « Flamme Og Benzine »). Sensible et délicat, « For Første Gang » laisse apparaître un chanteur à fleur de peau et cela lui va à merveille.

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Blues Metal Progressif Rock

United Guitars : à cordes déployées

Trois ans et trois albums déjà pour UNITED GUITARS, un projet guitaristique qui prend du volume au fur et à mesure que ceux-ci s’empilent dans les discothèques des amoureux de la guitare. Et voici le troisième ! Loin d’être un album de spécialistes pour les spécialistes, le concept se veut plutôt une découverte de l’instrument sous toutes ses facettes et à travers des registres aussi vastes que la très belle pléiade de musiciens présents sur ce « Volume 3 », qui s’étend sur un beau double-album.

UNITED GUITARS

« Volume 3 »

(Mistiroux Productions)

Et de trois ! C’est déjà le troisième volet de l’aventure UNITED GUITARS débutée fin 2019 à l’initiative de la productrice Olivia Rivasseau (productrice) et Ludovic Egraz (guitariste et réalisateur) et qui a vu défiler le gratin des guitaristes français, mais pas seulement, et uniquement en instrumental et dans des styles très différents, voire opposés, qui vont du Rock au Metal en passant par le Progressif, le Jazz et le Blues notamment. Un large panel entièrement dédié à la six-cordes sous toutes ses sonorités.  

Pour ce « Volume 3 », c’est toujours au cœur du Studio 180 dans le nord-est parisien que les musiciens se sont succédés pour donner corps et vie à ce nouveau double-album, entièrement dédié à la guitare dans toute sa diversité. Et comme d’habitude, la production est remarquable, car elle respecte avant tout les musiciens, leur jeu, leur toucher et leur son propre. Et c’est là l’une des forces d’UNITED GUITARS : regrouper au sein d’une même entité des artistes aussi distinctifs que talentueux.

On retrouve aussi quelques habitués présents sur les deux premiers volets comme Judge Fredd, NeoGeofanatic ou Yvan Guillevic, qui croise ici le fer avec le grand George Lynch sur « Surrounded By Darkness », tout comme Saturax qui accueille sur sa composition, « How Strong Is Your Shield ? », Popa Chubby pour un Blues endiablé. Mais que l’on ne s’y trompe pas, UNITED GUITARS n’a pas vraiment besoin de ‘stars’ pour briller. Les 34 guitaristes ne sont pas là par hasard, et au-delà d’une technique de haut vol, c’est le feeling qui l’emporte.

Toujours basé sur un modèle participatif, ce « Volume 3 » a remporté une nouvelle fois son pari et c’est donc avec plaisir que toute l’équipe, menée par un Ludovic Egraz très présent aussi musicalement, repartira pour un nouveau challenge à l’abordage d’un « Volume 4 », qui devrait encore réussir à surprendre et séduire. Et bien sûr, UNITED GUITARS et sa flopée de guitaristes ne serait pas grand-chose sans ses rythmiques basse/batterie toutes aussi virtuoses et qui mettent elles aussi en avant un groove incroyable.

Résolument tourné vers l’hexagone, le concept se dote une fois encore de quelques participations internationales et d’une belle touche féminine avec les présences de Chloé Rebeiro et de Tora Dahle Aagård. Sur le rythme d’une réalisation par an, UNITED GUITARS a déjà ouvert son Kiss Kiss Bank Bank pour le « Volume 4 » avec en jeu une immense tombola dotée de 46.000 euros de matos à gagner offert par les 50 marques partenaires (lien ci-dessous). Eclectique et créatif, ce « Volume 3 » prête donc à nouveau à l’évasion avec brio.

Yvan Guillevic, guitariste de HEART LINE et présent pour troisième fois sur UNITED GUITARS, sera encore de la partie sur le prochain et quatrième volet. Son interview accordée à Rock’n Force est à retrouver ci-dessous.

Et pour participer à l’aventure, un seul lien pour cette nouvelle campagne :

https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/united-guitars-vol-4?fbclid=IwAR2XdCQLr95PMzQ2jjBIhDc25YPMr9tR8FW3LREb91IISY0X8q4m21G2c5I