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Rock

Jeff Beck, Johnny Depp : flibustiers du Rock

En d’autres temps, on aurait qualifié ce genre d’album de coup marketing. Mais force est de constater que la rencontre entre le grand JEFF BECK, guitariste incomparable et modèle pour tant d’autres, et la star du grand écran JOHNNY DEPP, dont la filmographie traverse les générations avec la même classe, relève de l’évidence. C’est pourtant avec un album de reprises avec deux inédits, « 18 », que le duo anglo-américain livre sa première copie… et elle est très belle.

JEFF BECK, JOHNNY DEPP

« 18 »

(Rhino Entertainment)

Depuis un moment déjà, JOHNNY DEPP se concentre plus sur les planches des salles de concert et des festivals au détriment des plateaux de cinéma. Après The Hollywood Vampires aux côtés de Joe Perry d’Aerosmith et du grand Alice Cooper, c’est avec une autre star, et non des moindres, qu’il associe pour un (premier) album de reprises… ou presque. JEFF BECK brise ainsi un silence discographique de six ans pour livrer un disque assez surprenant d’ailleurs, et sur lequel règne une ambiance personnelle et un son particulier.

En dehors de deux morceaux inédits signés par l’acteur américain (« Sad Mother Fuckin parade » et « This is A Song For Miss Hedy Lamarr »), « 18 » rassemble donc 13 titres assez éclectiques allant du fougueux « Death And Resurrection Show » de Killing Joke au « What’s Going On » de Marvin Gaye, en passant par « Venus In Furs » du Velvet Underground, « Isolation » de John Lennon ou encore « Time » du Beach Boy Dennis Wilson. Et bien entendu, JEFF BECK et JOHNNY DEPP y ont apposé leur patte.

A travers « 18 », on retrouve deux hommes de goût et deux musiciens d’une finesse toute délicate. Si JEFF BECK n’a plus rien à prouver et conserve ce toucher inimitable qui le rend si unique, on découvre un peu plus, et différemment, JOHNNY DEPP, guitare en bandoulière et rivé à un micro avec lequel il semble prendre un plaisir évident. Et sans être le chanteur du siècle, ni poser des mains d’argent sur sa six-cordes, il fait bien le job et le duo se trouve très naturellement. Un premier album qui en appelle d’autres…

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Hard 70's Psych

Grace Solero : l’essence du Rock

Grâce à une qualité d’écriture somptueuse, GRACE SOLERO rend ses morceaux réellement addictifs. Porté par son envoûtante chanteuse, ce quatrième album incarne le Rock sous toutes ses formes. Et sur une production irréprochable, « Metamorphosis » se fait Grungy, presque Stoner, ainsi que revival 70’s avec un côté Psych irrésistible.

GRACE SOLERO

« Metamorphosis »

(Independant)

Depuis son premier album en 2009 (« New Moon »), la chanteuse et guitariste londonienne GRACE SOLERO continue son bonhomme de chemin, ce qui lui a permis avec son groupe de tourner dans toute l’Europe, aux Etats-Unis et au Canada aux côtés de grands noms. Et c’est avec un très bon quatrième opus que le quatuor fait son retour avec des morceaux qui montrent autant de variétés que de sonorités renversantes.

Très Rock, parfois Hard 70’s et souvent psychédélique, « Metamorphosis » est un disque qui invite à la rêverie tout en assénant des riffs musclés et une rythmique aérienne. Entourée du batteur et multi-instrumentiste gallois Dave Guy, du bassiste suédois Bjørn Zetterlund et du guitariste et compositeur américain Dan Beaulaurier, GRACE SOLERO affiche une solide expérience.  

Si « Metamorphosis » est arrangé et produit par le groupe lui-même, on doit le mix à Chris Brown (Radiohead, Gary Moore, …) et le master à Andy Baldwin (The Who, …), ce qui lui donne une texture ronde et brute très authentique. GRACE SOLERO enchaîne les titres avec talent, même si vocalement, on pense irrémédiablement à Alanis Morissette (« Orange Sky », « Awake », « Lucid Dream »). Une belle réussite.

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Blues Rock Hard US Rock Hard

Orianthi : la vérité et le feeling de la scène

Devenue très populaire grâce à ses collaborations avec des artistes de légende, ORIANTHI a sorti six albums studio et même si elle reste très attachée à un Blues Rock parfois Metal, c’est surtout le côté Pop de ses compositions que l’on a retenu. Pourtant sur scène, l’Australienne se livre pleinement et sans fard, offrant à ses morceaux une toute autre dimension, plus authentique et sincère, dont « Live From Hollywood » est un beau témoignage.

ORIANTHI

« Live From Hollywood »

(Frontiers Music)

Cela fait déjà un bon moment que l’Australienne a pris son envol en solo, tout ayant partagé la scène avec de grands noms du Rock et du Hard Rock. Et après des albums studio peu convaincants, car trop produits et très lisses, il se pourrait bien que cette septième réalisation dévoile enfin le véritable visage et surtout le talent incontestable de la guitariste et chanteuse ORIANTHI, dont le répertoire ne manque pas de piquant.

Car c’est en concert que la musicienne s’est fait remarquer grâce à des performances de haut vol et une forte présence. Et ce « Live From Hollywood » reflète bien l’énergie et l’intensité de ses concerts. Capté au Bourdon Room à Hollywood le 8 janvier dernier, ce premier album live d’ORIANTHI met parfaitement en valeur son côté virtuose de la six-cordes à travers des titres pour l’essentiel extraits de « », sorti en il y a deux ans.

Nettement moins Pop qu’en studio, on retrouve un jeu plus musclé, toujours très bluesy et parfois même aux frontières du Hard Rock : un rôle qui lui va bien (« Contagious », « Sinners Hymn »). On la sent réellement dans son élément et, accompagnée d’un excellent groupe, on découvre ORIANTHI sous un nouveau jour (« Think Like A Man », « What’s It Gonna Be », « Impulsive », « According To You »). Un live qui fait du bien ! 

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Alternative Rock

The T.A.W.S. : entre force et émotion

Usant de l’impact et de la fougue du Hard Rock associé à la fermeté du Metal avec même quelques éléments progressifs, THE T.A.W.S. opère dans un registre qui le rend original et très personnel. Avec ce deuxième opus, « From Ashes », le quintet français distille un Alternative Metal Rock bien structuré et costaud, tout en surfant sur les émotions.

THE T.A.W.S.

« From Ashes »

(AuR Records/Season Of Mist)

Fondé il y a une décennie at après quelques aléas de line-up, THE T.A.W.S. fait son retour avec un deuxième album, cinq ans après « Beyond The Path ». S’il ne reste que Benjamin Pubert (guitare) et Elodie Jouault (chant) de la formation originelle, il faut saluer la qualité de « From Ashes », tant musicalement qu’au niveau d’une production sans accroc où l’équilibre des forces est parfaitement maintenu.

Dans un registre alternatif et entre Metal et Rock, THE T.A.W.S. livre dix nouveaux titres pêchus et accrocheurs. Tout en sondant les côtés sombres de l’âme humaine et les déviances de notre société, le quintet ne donne pourtant pas dans le misérabilisme et offre au contraire des compos véloces et déterminées, à grand renfort de riffs efficaces et de solos à l’attaque très Rock et dynamique.

La percutante rythmique et la belle combinaison entre les deux guitaristes confèrent une solide assise au groupe, laissant toute latitude à sa chanteuse. Présente également au sein de The Black Vault aux côtés de Vivi Brusco (ex-Trust), la frontwoman de THE T.A.W.S. est bien plus à son aise dans un registre anglophone où toute sa sensibilité peut opérer librement (« The Roller-Coaster », « Struggle », « Mindgame »).

Photo : Guillaume Guerin
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Metal Fusion Metal Indus Nu Metal Punk Rock

American Terror : un assaut dans les règles

Heavy Punk Metal ou Metal Fusion, je laisse à chacun la liberté de se faire son idée sur ce très bon deuxième album d’AMERICAN TERROR. Une chose est sûre, « Where We Are » ne manque ni de fraîcheur, ni d’aplomb. Corrosif et explosif, le gang de Georgie fait des étincelles dans un style bien à lui.

AMERICAN TERROR

« Where We Are »

(Independant)

Nouvel album pour le furieux combo d’Atlanta et avec « Where We Are », AMERICAN TERROR règle quelques comptes avec une mention spéciale pour la Cancel Culture. La critique est acerbe et le quatuor n’y va pas par quatre chemins. Brutal et mélodique à la fois, les Américains affichent une volonté musclée et traversent avec la même détermination plusieurs styles.

Se présentant sous une étiquette de groupe Heavy Punk Metal, l’écoute de « Where We Are » s’avère pourtant assez différente. Certes, le Punk américain n’a rien à voir avec l’européen musicalement, donc le parallèle est un peu hasardeux… sauf si l’on s’en tient aux textes, qui restent virulents et engagés. Pour ce qui est d’AMERICAN TERROR, on est plutôt face à un Metal Fusion dans la veine de RATM ou de Mordred.

Sur des rythmiques tonitruantes, des riffs massifs et piquants et un chant révolté, le quatuor flirte même avec le Nu Metal (« N.L.M. »), les 90’s (« The System »), le Funk (« Just A Victim ») et des titres carrément Indus (« Self Control », « Take Out A Bully »). AMERICAN TERROR fait une belle démonstration de force en alternant les atmosphères, tout en gardant une belle unité.

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AOR Classic Rock

Masque Of Art : à visage découvert

Riffs acérés, rythmique soutenue, claviers discrets et efficaces et surtout un frontman à la voix et à la technique irréprochable, MASQUE OF ART possède des arguments et de très beaux atouts, qui sont parfaitement restitués sur « Masquerade ». Le premier album des Suédois présente un AOR/ Classic Rock rafraîchissant très relevé où l’expérience du sextet fait toute la différence.

MASQUE OF ART

« Masquerade »

(Wormholedeath Records)

Depuis quelques temps déjà, on assiste un vrai renouveau de l’AOR et plus largement du Classic Rock, et ce n’est pas un mirage. Avec l’émergence de nombreux groupes, le public semble suivre, obligeant à une nécessaire créativité. Et de ce côté-là, la Suède n’a jamais été en reste et c’est avec plaisir que l’on découvre aujourd’hui MASQUE OF ART, un sextet expérimenté et inspiré.

Né de la réflexion du guitariste et songwriter Jörgen J. Andersson, c’est avec le batteur Peter Lundgren et le très bon chanteur Michael Storck que le projet a réellement pris corps. Rejoint par Nalle Påhlsson à la basse, Mathias Norberg aux claviers et Jorgen Svensson à la guitare et aux claviers, MASQUE OF ART présente un line-up très affûté et surtout un premier album équilibré et solide.

Si « Masquerade » ne manque pas de références, les Suédois tirent très bien leur épingle du jeu, avec des morceaux accrocheurs, pêchus et aux mélodies imparables (« Don’t Let It Rain », « We Live In America », « Sensation »). Grâce à l’expérience et à la technique de ses membres, MASQUE OF ART s’inscrit dans un registre fédérateur qui ne manquera pas de régaler les fans d’AOR et de Classic Rock.

NB : au moment de terminer la chronique de ce très bel album, j’apprends le décès soudain, survenu le 3 juillet, de Jörgen J. Andersson. Un coup dur et une grande tristesse pour MASQUE OF ART, et toutes mes pensées vont bien entendu à sa famille et aux membres du groupe. Le musicien a eu le temps de terminer l’enregistrement des guitares, et un deuxième album, en son honneur, sortira dans quelques temps.

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Blues Southern Rock

Tedeschi Trucks Band : acte II

Eclatant de talent et de virtuosité, le collectif américain présente le second volume de son somptueux projet, « I Am The Moon », qui en comptera quatre. Rassemblé autour de dix musiciens expérimentés et d’un feeling hors-norme, Susan et Derek guident le TEDESCHI TRUCKS BAND de main de maître et avec classe sur ce « Ascension », qui porte bien son nom.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon – II : Ascension »

(Fantasy/Universal)

C’est sur le rythme d’un EP par mois que le TEDESCHI TRUCKS BAND a décidé de livrer sa dernière œuvre en quatre actes : « I Am The Moon ». Basé sur un conte perse, le groupe a entrepris une bien belle aventure et, après « Crescent » sorti il y a quelques semaines, on découvre aujourd’hui « Ascension » dans un format identique et surtout une inspiration toujours aussi flamboyante.

Susan Tedeschi et Derek Trucks, magistralement accompagnés de leurs dix camarades de jeu, livrent un second volet très différent du précédent. Sans pour autant délaissé le Blues mâtiné de Southern Rock dans lequel ils excellent, les deux songwriters de Floride évoluent cette fois sur une partition plus posée, où le TEDESCHI TRUCKS BAND flirtent avec des ambiances jazzy.

Ici encore, la créativité atteint des sommets avec une finesse et une fluidité incroyables. Que ce soit au niveau des guitares bien sûr, mais aussi du groove de la rythmique ou de la beauté des arrangements vocaux et des cuivres, les Américains sortent le grand jeu sans pour autant tomber dans la démonstration. Avec le TEDESCHI TRUCKS BAND, tout semble naturel et tellement évident dans l’interprétation…

Retrouvez la chronique du premier EP :

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Hard Rock Rock US

Duckwalk Chuck : cadence infernale

Les Hard Rockeurs norvégiens de DUCKWALK CHUCK vont-ils enfin obtenir une mise en lumière tant méritée après deux décennies d’activité ? C’est en tout cas tout ce que l’on peut souhaiter à ce fougueux combo de Hard’n Roll efficace, mélodique et bien rentre-dedans, car la performance livrée sur « Fired Up » est puissante, entraînante et sans compromis.    

DUCKWALK CHUCK

« Fired Up »

(Wormholedeath Records)

Malheureusement quasi-inconnus hors de leurs frontières, les Norvégiens de DUCKWALK CHUCK devraient avec ce nouvel album, qui sort chez Wormholedeath, faire parler d’eux bien au-delà de la Scandinavie. Fondé il y a plus de 20 ans, le quatuor est aujourd’hui au meilleur de sa forme et affiche un style musclé entre Hard Rock et Rock’n’Roll sur ce très bon « Fired Up ».

Bénéficiant d’une production solide et très bien équilibrée, ce quatrième album de DUCKWALD CHUCK fait une belle synthèse entre un style à la Motörhead et des groupes plus largement marqué US avec quelques nuances Southern façon ZZ Top. Les deux guitaristes rivalisent de riffs acérés et de solos vivifiants, alors que le bassiste et chanteur du combo soutient un batteur survolté.

Non sans une grosse dose d’une bonne humeur très communicative, les Scandinaves se présentent avec un opus qui sonne très live et qui est aussi direct que robuste (« All Fired Up », « It’s Only Rock’n’Roll », « Motor Madness », « Shut Your Lights », « I’m The Devil », « World On Fire »). DUCKWALK CHUCK donne envie qu’on le suive sans attendre dans son Hard’n Roll bien ficelé aux guitares aiguisées et entraînantes.

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Hard Rock Metal Rock

The Warning : dans la cour des grand(e)s

Les trois bouillonnantes sœurs mexicaines sont très certainement en train de franchir un cap et elles passent brillamment à la vitesse supérieure avec toute la fougue de leur jeunesse. Sur ce troisième album, « Error », THE WARNING fait preuve de beaucoup d’assurance à travers un songwriting très efficace, des mélodies entêtantes et une belle force de frappe, l’ensemble étant également très bien produit.

THE WARNING

« Error »

(Republic Records)

Comme promis, après leur EP « Mayday » sorti à l’automne dernier, les sœurs Villareal sont de retour avec un album complet, leur troisième. Leur dernier effort étant une mise en bouche, on retrouve donc l’intégralité de celui-ci augmentée de six nouveaux morceaux. Et pour marquer sa signature chez Republic Records, THE WARNING livre avec « Error » un opus très mature et solide.

Enregistré dans le New-Jersey sous la houlette du producteur David Bendeth (Of Mice And Men, Sleeping With Sirens), « Error » s’inscrit bien sûr dans la continuité de « Mayday » et permet surtout de se rendre compte de la créativité du trio mexicain sur la longueur. Cette nouvelle production offre à THE WARNING ses galons de groupe inspiré et prêt à affronter la scène mondiale.

Daniela (guitare, chant), Paulina (batterie, chant) et Alejandra (basse, chant) montent en puissance au fil des albums et jouent sur une féminité assumée et une férocité entre Rock et Metal, qui leur vont plutôt bien (« Choke », « Aminosity », « Money », « Error », « Amour », « Kool Aid Kids »). THE WARNING a dorénavant les choses bien en main et un bel avenir qui lui tend les bras.

Retrouvez la chronique de « Mayday », leur précédent EP :

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Grunge

Grey Daze : still alive

Avec GREY DAZE, beaucoup ont découvert le tout premier groupe de Chester Bennington, devenu par la suite l’emblématique frontman de Linkin Park. Après un très bon « Amends », les Américains font revivre leur chanteur disparu avec ce tonique « The Phoenix », concentré de Rock Grunge efficace et toujours estampillé 90’s.

GREY DAZE

« The Phoenix »

(Loma Vista Recordings)

Avant d’œuvrer chez Linkin Park, Chester Bennington avait monté GREY DAZE qu’il a mené de 1993 à 1998, puis de nouveau en 2017 avant sa disparition. Deux ans après « Amends » qui contient des morceaux de la première période, « The Phoenix » revient avec des titres sur lesquels le défunt chanteur travaillait au moment de la reformation du groupe et qui, par la force des choses, n’ont pas pu être achevés à l’époque.

Les fondateurs Sean Dowdell (batterie), Mace Beyers (basse) et Cristin Davis (guitare), recruté en 2017, se sont donc remis au travail soutenus par leur entourage et la famille de Chester Bennington. Et « The Phoenix », en plus de bien porter son nom, est plus que convaincant. L’album sonne très actuel et le Rock Grunge de GREY DAZE n’a pas pris une ride, loin de là !

Moins dans l’émotion que sur « Amends », GREY DAZE donne dans le costaud avec des compos très homogènes, fraîches et percutantes (« Saturation (Strange Love) », « Anything Anything », « Starting To Fly », « Drag », « Hole »). Une chose est sûre, « The Phoenix » est loin d’être un album constitué de chutes de studio. Il est construit, très bien produit et surtout il évite bien des clichés.