Ils sont rares les artistes qui parviennent à faire la quasi-unanimité chez les fans de Rock, de Hard et même de Metal. Pourtant, depuis quelques années, RIVAL SONS est sur le point de réussir ce tour de force. Au début de l’été, « Darkfighter » a provoqué un séisme avec cette approche nuancée et vibratoire si particulière. « Lightbringer » est exactement dans la même veine et prolonge le plaisir avec beaucoup d’intensité et d’émotion.
RIVAL SONS
« Lightbringer »
(Low Country Sound/Atlantic Records)
Présenter deux albums d’un même groupe à quelques mois d’intervalle est plutôt inhabituel. Et lorsque les trois sont bons, le groupe et les albums, c’est un vrai plaisir… devenu tellement rare. En juin dernier, en sortant « Darkfighter », RIVAL SONS avait déjà annoncé qu’un second opus arriverait en complément du premier. Si la surprise n’en est donc pas une, le résultat, en revanche, va bien au-delà des espérances. « Lightbringer » fait plus que tenir ses promesses, il vient couronner une inspiration hors-norme.
Pour rappel, l’écriture des morceaux avait commencé avant la pandémie et en reprenant là où ils en étaient, les Américains se sont aperçus que deux types d’atmosphères se détachaient. Avec suffisamment de matériel pour en livrer deux parties, RIVAL SONS vous a régalé avec « Darkfighter » et voici la belle cerise sur le gâteau : « Lightbringer ». Si « Feral Root » (2019) avait déjà secoué le monde du Rock et fait prendre une nouvelle dimension au quatuor, ce coup double les place au firmament.
La splendide production de Dave Cobb, grand artisan du son des gars de Long Beach, est toujours d’une authenticité brute et lumineuse. En ouvrant judicieusement avec le dantesque « Darkfighter » et ses neuf minutes, RIVAL SONS présente la parfaite transition entre les deux disques. Porté par un Jay Buchanan magnétique au chant, un Scott Holiday étincelant à la guitare et guidé par une rythmique lourde, « Lightbringer » est envoûtant de bout en bout, notamment sur l’incroyable « Before The Fire » et « Mosaic ». Abyssal !
Décidemment, le Hard FM (AOR, Melodic Hard Rock, etc…) est en pleine effervescence et surtout se découvre une seconde vie, nettement plus dynamique, audacieuse et technique qu’il a pu l’être durant son âge d’or dans les années 80/90. Et si VEGA profite de cet engouement, il est loin d’être un nouveau venu sur la scène Hard Rock. Créé en Angleterre il y a plus de dix ans, la formation présente un « Battlelines » généreux et solide.
VEGA
« Battlelines »
(Frontiers Music)
Fondé en 2009 par son chanteur Nick Workman, VEGA sort aujourd’hui son huitième album. Si les Britanniques ne bénéficient pas encore d’une grande notoriété dans le reste de l’Europe, ils peuvent compter sur une solde fan-base sur leur île, où ils enchainent les concerts. Et avec « Battlelines », le quintet pourrait se voir ouvrir des portes, d’autant que son Hard Rock mélodique à de quoi séduire de nouveaux adeptes au-delà de ses frontières.
Côté line-up, on note l’arrivée sur ce nouvel opus de Mark Trail à la basse, tandis que le groupe est stabilisé depuis 2020 et « Get Your Teeth » et « Anarchy And Unity ». Cet équilibre se ressent vraiment sur les morceaux de « Battlelines », composé par le leader du combo et Pete Newdeck, le batteur qui est aussi producteur. VEGA semble avoir trouvé un nouveau souffle, grâce à une remise en question étonnante.
Les deux guitaristes, Marcus Thurston et Billy Taylor, s’en donnent à cœur-joie et le travail sur les riffs, les chorus et les solos est remarquable. Entraînant et accrocheur, VEGA se montre costaud et les 12 titres devraient faire un carton sur scène (« Heros And Zeros », « Battlelines », « Don’t Let them See Your Bleed », « Run With Me », « Not Enough »). Très convaincant avec des mélodies aussi fédératrices, les Anglais viennent de frapper un grand coup.
Le Bluesman du Sud-ouest fait partie de ce cercle très restreint de ceux qui chantent le Blues en français, preuve s’il en est, qu’il sonne aussi bien que ses homologues américains et qu’il présente aussi l’avantage d’être compris par tous. Et CADIJO, c’est aussi un, et même plusieurs, harmonica qui donne de la lumière, des couleurs et la tonalité d’un style qu’il est allé puiser du côté du Swamp et du Shuffle. « C’est Ainsi » est touchant, souvent drôle et toujours attachant.
CADIJO
« C’est Ainsi »
(Independant/Inouie Distribution)
Cela fait déjà un bon moment que la scène Blues hexagonale se porte comme un charme avec une nouvelle génération également, qui vient confirmer sa bonne santé. Pourtant en dehors de quelques uns, Benoit Blue Bloy, Paul Personne et Bill Deraime pour ne citer qu’eux, très peu de musiciens osent franchir le pas pour s’exprimer dans la langue de Molière dans ce style aux saveurs tellement américaines. Mais CADIJO le fait, et il fait très bien.
Avec huit albums à son actif, le Gascon n’a plus grand-chose à prouver et, mieux, il s’est créé une identité musicale riche et originale, où son harmonica fait des merveilles et mène divinement la danse. Avec « C’est Ainsi », le chanteur et compositeur invite le Delta chez nous et nous fait voyager grâce à des textes plein d’humour, qui sont autant d’instants de vie authentiques. CADIJO raconte de belles histoires, le sourire aux lèvres, et où chacun peut se reconnaître.
Sur une base de Chicago Shuffle et de Swamp Blues, il délivre des paroles d’une douce poésie, d’une belle tendresse et de traits d’esprit bien sentis (« Quelle Sale Journée », « Tondre Le Gazon », « Faut Pas Rêver », « J’T’Attendrai », « Elle N’a Jamais le Temps »). Très bien entouré, CADIJO et son harmonica jouent à la fois la décontraction tout en se montrant parfois mordant. « C’est Ainsi » est un délicieux moment de Blues à travers un quotidien joyeux et enthousiaste.
On peut toujours dire qu’il est difficile d’être étonné par un groupe après 25 ans de carrière, mais pourtant certains y parviennent, ou du moins, ils maintiennent leur identité première, ce qui ne signifie pas pour autant qu’ils n’évoluent pas. Comme beaucoup de formations à l’origine d’un style bien particulier, on en attend souvent un peu plus. Sans donner dans la facilité, QOTSA ne propose rien de neuf, tombe dans des travers faciles et évidents, qui laissent donc une saveur très fade à l’écoute de ce « In Times New Roman… ».
QUEENS OF THE STONE AGE
« In Times New Roman… »
(Matador Records)
Sept ans après « Villains », dont la production de Mark Ronson avait donné une sorte de virage assez étrange tant l’âme du groupe semblait avoir disparu, on attendait forcément avec une impatience non-dissimulée le retour (en forme) de QUEENS OF THE STONE AGE. Toujours mené par Josh Homme, qui produit l’album enregistré et mixé par Mark Rankin aux Pink Duck Studios du chanteur à Malibu en Californie, « In Times New Roman… » renoue-t-il avec le style brut, parfois cru, et surtout Stoner/Desert du quintet ? Rien n’est moins sûr.
Qu’en est-il donc de ce huitième album ? Sans rentrer dans les épreuves traversées par son leader ces dernières années (d’autres publications s’en délecteront à ma place), le frontman n’élude pas son vécu, qui est d’ailleurs fondateur de nombreux morceaux de « In Times New Roman… ». Vocalement, on le retrouve assez fidèle à lui-même avec toutes les variations dont il est coutumier. Les guitares, elles aussi, sont omniprésentes et relativement affûtées, mais on ne goûte plus du tout à la sensation du QOTSA des débuts.
25 ans de carrière change un groupe, évidemment, surtout lorsque celui-ci voit son line-up changer si régulièrement. Malheureusement, les pionniers du Stoner/Desert Rock semblent avoir levé le pied, et même parfois les deux, pour se complaire dans une sorte de Pop/Rock peu enlevé et même les soubresauts entrevus sur « Obscenery », « Paper Machete », « Made To Parade » ou « Straight Jacket Sitting » » sont bien trop rares pour être convaincants. Les fans de la première heure de QOTSA vont rester sur leur faim…
Ayant émergé au début des années 2000 dans une espèce de no man’s land artistique qui a contribué à inonder la planète d’une multitude de trucs Nu Metal et MetalCore, AVENGED SEVENFOLD fait partie de ceux qui ont survécu et qui sont, par conséquent, l’un des plus surcotés de sa génération. Sans saveur, ni folie ou imagination, les Américains sortent un huitième opus non-essentiel et insipide.
AVENGED SEVENFOLD
« Life Is but A Dream… »
(Warner Records)
Et dire que cela faisait sept ans qu’on était peinard. Après « The Stage » et avec ce vaste temps de réflexion, on aurait pu imaginer qu’AVENGED SEVENFOLD fasse enfin sa mue, d’autant qu’après plus de 20 ans d’existence, il n’y a aucun mal à devenir mature et surtout à trouver son style, sa patte et un élan créatif digne de ce nom. Car le quintet possède bien des atouts malgré tout… sauf qu’on les cherche encore !
C’est vrai que le combo a toujours tourné autour du pot sans véritablement trouver sa voie. Empêtré dans un MetalCore confus et fadasse avec cependant quelques éclairs occasionnels, AVENGED SEVENFOLD s’est pourtant forgé un solide background et a vendu quelques millions de disques. De là à dire que les Américains jouent encore ici la déstabilisation, il ne faut pas exagérer non plus, la stabilité n’étant déjà pas acquise.
Alors que renferme cette huitième réalisation de la formation californienne ? En dehors de quelques trop rares passages dans de trop rares morceaux corrects (« Mattel », « We Love You »), l’ensemble passe pour une sorte de fourre-tout de choses qui n’ont rien à faire ensemble. Le peu de riffs intéressants peinent très sincèrement à se faire une place dans ce déluge brouillon, où chacun semble faire son petit truc dans son coin.
Ce que l’on retient surtout de « Life Is But A Dream… », et c’est sûrement ce qui met le plus mal à l’aise, c’est la posture de M. Shadows, le frontman, qui essaie tant bien que mal (et carrément mal) d’endosser le costume d’un Mike Patton. C’en est même gênant (« Easier »). Pour le reste, AVENGED SEVENFOLD donne dans le dissonant à grand renfort de R’n B à la con, d’auto-tune et de sons de batterie en plastique. Navrant et finalement pénible.
De par son style et ses sonorités, le Blues irlandais a toujours tenu une place particulière grâce, notamment, à ses deux piliers que sont Rory Gallagher et le nordiste Gary Moore. Tout en perpétuant la tradition, le guitariste et chanteur EAMONN McCORMACK impose une touche très personnelle à son Blues Rock. Le natif de Dublin livre un huitième album éponyme puissant et profond. Entretien avec un songwriter et un bluesman de son temps.
– On t’avait quitté il y a trois ans avec « Storyteller », un album lumineux emprunt d’une belle touche irlandaise. Avec ce nouvel album, ton jeu et surtout les morceaux sont beaucoup plus sombres et bruts. La différence d’ambiance et d’atmosphère est grande et manifeste. Que s’est-il passé ? On te sent un peu moins enjoué…
En effet, l’album laisse peut-être paraître ça, mais c’est juste ma façon d’être honnête et c’est aussi ce que je ressens. Avec les années Covid, puis la guerre en Ukraine, la société via Internet est aussi devenue très sombre. Il me fallait écrire avec mon cœur et je savais que certaines chansons ne seraient pas pour les timides. Je n’ai jamais été formaté. Donc, si je ressens le besoin d’écrire sur des sujets qui dérangent, j’ai du mal à me retenir et personnellement, j’ai toujours cru que c’était ce qui caractérise l’art également. Mais si on regarde le bon côté des choses, je suis en fait une personne positive, même si beaucoup de choses sont difficiles et dingues dans le monde d’aujourd’hui. Mais avec le temps, je crois que des changements apparaîtront et que nous, ou la prochaine génération, vivrons dans un monde meilleur et plus sûr.
– Tu ouvres l’album avec « Living Hell », long de huit minutes, au tempo assez lent et à la noirceur dominante. C’est assez inédit que démarrer un disque avec un titre d’une aussi grande émotion. C’est un choix très fort. Qu’est-ce qui t’a décidé à placer cette chanson en début plutôt qu’un titre plus entraînant et joyeux, et quel est son thème principal ?
Je me souviens qu’une fois que les dix chansons étaient prêtes, j’ai tout de suite pensé que « Living Hell » ouvrirait l’album. J’avais l’idée dans un coin de la tête dès le départ. En plus, c’était une des premières chansons, sinon la première, composée pour l’album. Je me suis donc habitué à ce qu’elle le soit avant même que nous ayons commencé l’enregistrement. Pendant un moment, j’ai également pensé qu’elle serait sans doute trop sombre pour démarrer. Mais je me suis immédiatement repris ! Bon sang, c’est un sujet profond sur lequel je me sens très légitime. Toute l’activité et cette industrie corrompue des armes à feu profitent directement, ou indirectement, aux gangs de rue et se propagent aussi dans des fusillades dans les écoles, dans les guerres de la drogue, dans les armées d’enfants et finalement attisent la guerre elle-même dans sa globalité.
– Au fil de l’album, on retrouve toujours ce Blues Rock très brut et délicat aussi, notamment dans les solos de guitare. S’il est toujours aussi survolté, c’est l’un de tes disques le plus pesant et le plus lourd dans le propos également. Il reflète peut-être plus notre société et notre monde d’aujourd’hui. C’est ce que tu as voulu dépeindre ?
Oui, je voulais relayer mes sentiments et projeter mes émotions dans les chansons, surtout qu’il s’agit de l’actualité du monde qui nous entoure aujourd’hui. Je joue toujours de la guitare en pensant d’abord à la chanson. C’est très important. Par conséquent, une chanson sur la guerre contre la drogue, ou la guerre nucléaire, ne sonnerait pas avec une ambiance douce. Donc ça devient sacrément lourd par endroit, mais c’est quelque chose de très naturel pour moi. Je n’y pense pas vraiment en tant que tel, c’est une sorte d’approche en pilote automatique. Je comprends tout de suite quelle guitare et le son qui fonctionneront pour chaque chanson. J’ai tendance à jouer très lourd, mais sans franchir cette frontière avec le Metal. Ma façon de jouer me permet de le faire tout en conservant cette sensation de Blues. C’est juste mon jeu qui est ainsi.
– Il règne cet esprit irlandais avec une morale finalement assez présente sur beaucoup de morceaux comme « Letter To My Son » ou « Angel Of Love ». Sans donner de leçon, il y a un côté protecteur et prévoyant. C’est assez rare de voir cet aspect assez engagé dans ta discographie. C’était important pour toi de livrer certains messages cette fois-ci ?
Bien sûr, je pense que la paternité change beaucoup votre point de vue sur la façon dont vous voyez les choses. Et oui, il y a toujours un élément de conseil irlandais, qui vient de notre culture. Il y a un prédicateur craignant Dieu et qui est ancré dans le cœur, l’âme et le corps, lorsque vous venez d’Irlande. C’est difficile à changer. Mais pour moi, « Letter To My Son » et « Angel Of Love » sont des chansons d’espoir. Avouons-le, il y a assez de cupidité, de haine et de racisme dans le monde et c’est donc aux parents d’éduquer leurs enfants à l’amour. Nous pouvons le changer pour le mieux, mais beaucoup de travail reste à faire. Dans « Angel Of Love », je demande qu’un ange d’amour soit envoyé, mais en fait, ce n’est qu’un portrait, une vision romane. Ce dont nous avons vraiment besoin, c’est d’un véritable Sauveur qui serait capable un jour, dans un avenir pas trop lointain, de rassembler toutes les grandes et petites puissances nucléaires et les amener à s’asseoir à une même table pour discutez de l’avenir, parce que nous savons que la guerre nucléaire sera dévastatrice pour tous.
– Et en marge, on retrouve ton style en power trio avec des morceaux beaucoup plus festifs comme « Rock’n’Roll Bogie Shoes » et « Social Media Blues », qui sont très dansants et beaucoup plus fun. Ce sont d’ailleurs des respirations très bienvenues sur l’album. C’est aussi comme ça que tu as souhaité qu’on les perçoive ?
C’est assez inconscient finalement. Ces deux chansons se prêtent à des sujets amusants et plus légers. Je me souviens les avoir joué sur ma guitare acoustique, assis dans une chambre d’hôtel et avoir pensé : « Génial ! Quelques chansons plus fun pour équilibrer un peu l’album » et cela pourra aussi empêcher l’auditeur de prendre du Prozac ! (Rires)
– Souvent, lorsqu’on sort un album éponyme, c’est pour affirmer son identité. La tienne est multiple avec des influences du Delta, Southern, parfois funky, Metal et celtique, bien sûr. Et ensuite, très moderne dans son graphisme, la pochette en dit long aussi. Comment l’as-tu imaginé ?
Tout a commencé autour de mon propre logo celtique, qui était l’idée de mon management. Mes initiales, ‘E-Mc-C’, sont y cachées ! Une fois les chansons écrites, et aussi diverses soient-elles, il y avait cet entremêlement qui me représente tellement. Donc, à peu près au même moment avec mon management, nous nous sommes dit que l’album était fidèle à ce que je suis, à mon style et à mon écriture. Alors, pourquoi ne pas en faire un album éponyme et avec mon nouveau logo ? Et nous nous y sommes tenus…
– Après une écoute attentive de l’album, on y décèle beaucoup de nuances avec un gros travail effectué sur les arrangements notamment. Où et dans quelles conditions a-t-il été enregistré ? Je trouve qu’il sonne légèrement différemment des précédents…
Il a été enregistré dans le même studio que « Storyteller » en Allemagne et de manière similaire, c’est-à-dire en live autant que possible. Les morceaux ont été répétés pour la plupart sur la magnifique île de Texel aux Pays-Bas. La grande différence sur cet album est que j’ai finalement pu développer le son de ma guitare exactement là où je le voulais. Et je l’ai fait sous la direction et avec l’aide de Hoovi, qui est un arrangeur et designer sonore autrichien. De plus, Arne Wiegand est un producteur fantastique et il a également ajouté sa magie au mix final.
– J’aimerais que tu nous dises un mot de ces deux chansons que tu as dédié à Lemmy de Motörhead et à l’aviatrice Amelia Mary Earhart, appelée également Lady Lindy (« Hats off to Lemmy » et « Lady Lindy »). Si je vois bien le lien avec Lemmy, le second est plus étonnant. On sent une grande marque de respect et presque de remerciement, c’est le cas ?
Oui, « Hats Off To Lemmy » est exactement ça. C’est un hommage au Hell Raiser sans compromis qu’était Lemmy. Je crois qu’il était le rockeur le plus authentique de tous les temps. Il était vraiment entier et il a vécu sa vie à fond.
Et c’est vrai que les pionniers de l’aviation m’ont toujours fasciné : des frère Wright, Alcock et Brown à Charles Lindburgh et Amelia Earhart. Quand j’étais jeune, mon père m’a montré sur la plage de Galway, où Alcock et Brown ont débarqué. Mais l’histoire d’Amelia a toujours été la plus intéressante pour moi. C’était une vraie pionnière. Elle vivait à une époque où les femmes ne mettaient pas de pantalon, sans parler de piloter son propre avion. Elle était en avance sur son temps. J’ai également écrit une chanson sur l’album au sujet du grand chef apache Geronimo et le sort des tribus indigènes. Son histoire est à la fois incroyable et tragique.
– Enfin, depuis huit albums maintenant, on t’a vu et considéré à juste titre comme la relève du Blues Rock irlandais, qui vit toujours dans le souvenir de Rory Gallagher et aussi du nordiste Gary Moore. Quel regard portes-tu sur la scène de ton pays, dont on entend finalement assez peu parler ?
C’est vrai que je suis très heureux de jouer, d’enregistrer, de faire des tournées et de perpétuer à ma manière une tradition unique de Blues Rock celtique. J’ai eu le plaisir de jouer et d’enregistrer avec Rory et Gary, et j’étais conscient de cette chance. Il y a pas mal de groupes ‘Tribute’ à Rory et Gary et c’est cool. Mais j’aimerais voir plus de jeunes Irlandais écrire et interpréter leur propre Blues Rock. Il y en a quelques-uns, mais très peu et c’est dommage, car les artistes de Blues Rock irlandais apportent quelque chose de très différent et de spécial dans leur jeu. Il y a une grande scène Rock chez nous et nous avons aussi le ‘Rory Gallagher International Tribute Festival’ à Ballyshannon dans le Donegal. Les médias nationaux et grand public ne soutiennent pas le Blues et le Rock autant qu’ils le devraient en Irlande. Ils l’ignorent presque et c’est dommage.
Le nouvel album d’EAMONN McCORMACK est disponible sur le site du musicien :
Résolument moderne, addictive et puissante, cette huitième réalisation de DISTURBED vient assoir un peu plus sa place prédominante sur la scène Metal d’outre-Atlantique. Agressif et pourtant expert en morceaux entêtants, le quatuor est toujours aussi affûté et rentre-dedans. Très resserré, pour ne pas dire formaté, « Divisive » est un modèle du genre, de ceux qui restent en tête un long moment.
DISTURBED
« Divisive »
(Reprise Records/Warner Music)
Souvent traité de vendu par ses détracteurs, DISTURBED est au Metal ce qu’est Nickelback au Rock : le groupe que l’on adore ou que l’on adore détester… surtout depuis que les réseaux sociaux ont élevé la pratique au rang de sport international de masse. Bref, le quatuor de l’Illinois livre son huitième album, quatre ans après « Evolution », et s’il est sans surprise, il n’en demeure moins vivifiant et fédérateur.
Toujours aussi polarisant, l’Alternative Metal de DISTURBED ne manque ni de percussion, ni de refrains accrocheurs. Derrière cette impression de déjà-vu, le groupe de David Draiman reste d’une efficacité redoutable et rien n’est laissé au hasard. Comme d’habitude, « Divisive » est très, très produit et le maître à l’œuvre, Drew Fulk, en a fait un album au packaging sonore très marketé (« Hey You », « Unstoppable »).
La rythmique est implacable, le chant féroce et les riffs acérés : la recette gagnante du gang de Chicago depuis ses débuts reste la même (« Bad Man », « Love To Hate », « Won’t Back Down »). Et sur la power ballade « Don’t Tell Me », Ann Wilson de Heart vient poser un peu de douceur et DISTURBED se prête au jeu pour un peu de diversité. Ne nous y trompons pas, les Américains proposent, sans prendre le moindre risque, un bon album, lourd et mélodique.
A l’image de sa pochette, il fait très sombre sur le huitième album de RUSSIAN CIRCLES. Dans la pénombre de « Gnosis », le trio évolue avec une radicalité qui tranche un peu avec le reste de discographie. Toujours instrumentale, le post-Metal des Américains saisit et hypnotise de la plus belle des manières.
RUSSIAN CIRCLES
« Gnosis »
(Sargent House)
Grâce à un style unique, RUSSIAN CIRCLES s’est imposé en l’espace de huit albums et des prestations live hors du commun sur la scène post-Metal et post-Rock mondiale. Musicalement assez proche de God Is An Astronaut, les Américains œuvrent dans un registre plus froid fait de tumultes souvent agressifs et minimalistes. Et « Gnosis » en est le parfait exemple.
Comme beaucoup d’autres, Mike Sullivan (guitare), Dave Turncrantz (batterie) et Brian Cook (basse) ont composé ce nouvel opus à distance. Une situation qu’ils ont donc subi et dont il est ressorti une férocité parfois étourdissante (« Tupilak », « Conduit », « Vlastimil »). Et pour mieux matérialiser sa rage et sa colère, RUSSIAN CIRCLES a eu la riche idée d’enregistrer « Gnosis » en conditions live.
Evoluer de manière instrumentale permet aussi au trio de concevoir plusieurs dimensions et ainsi s’évader sur chaque textures créées (« Gnosis », « Betrayal »). Et dans le domaine, RUSSIAN CIRCLES n’est pas à court d’idées, loin de là. Dans toute cette noirceur, le combo clôt pourtant cette nouvelle réalisation avec « Bloom », qui laisse entrevoir un peu de lumière. Exceptionnel !
Fondamentalement Rock et sauvage, le style très affirmé et très appuyé de THE HELLACOPTERS a traversé les décennies pour renaître sur ce flambant neuf « Eyes Of Oblivion ». Le quintet suédois est toujours porté par un enthousiasme intact et une énorme envie. Du très bon Rock version Hard… et inversement !
THE HELLACOPTERS
« Eyes Of Oblivion »
(Nuclear Blast Records)
Fondé en 1994, l’histoire de THE HELLACOPTERS est assez étonnante. A la base de la formation, on retrouve Micke Andersson, qui fut batteur d’Entombed et qui est le guitariste et chanteur du quintet. Par la suite, les Suédois avaient mis un terme à leurs activités en 2008, pour se reformer en 2016 à l’occasion des 20 ans de leur premier album, « Superhitty To The Max ».
Depuis l’histoire continue et à la faveur d’une nouvelle signature chez Nuclear Blast Records, THE HELLACOPTERS livre son huitième album studio et « Eyes Of Oblivion » est une vraie pépite de Rock’n’Roll aux accents Hard et Sleaze. Un remède à la morosité, en somme ! Et l’énergie positive déployée sur les dix morceaux témoignent de la forme retrouvée du combo.
Comme le souligne son frontman, ce nouvel album reflète bien la carrière de THE HELLACOPTERS à travers le nombre de registres empruntés. Très Rock toujours, Metal à l’occasion ou Blues par moment, les Scandinaves n’éludent rien et n’en font qu’à leur tête. Ecrites récemment ou datant d’une dizaine d’années, les compos de « Eyes Of Oblivion » ont toutes un point commun : elles mettent le feu !
Réellement investi et impliqué dans sa musique, POVERTY’S NO CRIME est de ces groupes qui prend son temps pour livrer de bons et beaux albums. Et « A Secret To Hide » ne faillit pas à la règle que suit assidûment le quintet allemand. Une fois encore, le groupe s’amuse avec le Progressif, qu’il soit Rock ou Metal, avec une brillante fluidité.
POVERTY’S NO CRIME
« A Secret To Hide »
(Metalville Records)
En 30 ans de carrière, POVERTY’S NO CRIME s’est forgé une solide réputation et ce huitième album vient confirmer l’assise du groupe dans un registre parfaitement maîtrisé. Si seulement cinq ans séparent « A Secret To Hide » de « Spiral Of Fear » (ce qui est assez court pour le groupe), les Allemands livrent un très bon opus où se mêlent Rock et Metal Progressif. Suite à une tournée couronnée de succès avec Psychotic Waltz, le quintet est toujours aussi explosif.
Depuis ses débuts, POVERTY’S NO CRIME passe du Rock au Metal Progressif avec un savoir-faire et une créativité qui ont forgé son style si personnel et identifiable. D’une liberté sans faille, les Allemands font la jonction entre les époques avec des passages instrumentaux accrocheurs et aussi rentre-dedans qu’aériens. Avec Volker Walsemann (guitare, chant) en pleine forme, « A Secret To Hide » recèle de détails et d’arrangements tout en finesse et très soignés.
La particularité de ce nouvel album réside aussi dans le fait qu’aucun membre du groupe ne s’est rencontré durant la phase d’écriture. POVERTY’S NO CRIME s’en amuse aujourd’hui expliquant que cela les a même poussé dans ses retranchements. Résultat, un mur du son infranchissable, une rythmique impressionnante et un frontman qui régale de facilité (« Hollow Phrases », « In The Shade », « Schizophrenic », « Grey To Green », « Within The Veil »). Un grand album !