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Classic Hard Rock Rock

Simon McBride : so british

Pas totalement personnel, « Recordings : 2020-2025 » offre un beau panel des goûts et surtout du talent de SIMON McBRIDE et permettra à qui ne le connaîtrait pas vraiment de mieux comprendre pourquoi il a été le choix de Deep Purple pour remplacer Steve Morse. Entre Rock, Classic Rock et Hard Rock, le guitariste a enregistré quelques inédits, en une seule prise et au studio Chameleon à Hambourg en Allemagne, en complément de reprises réinventées, qui ne laissent pas de doute sur ses influences et encore moins sur sa virtuosité.  

SIMON McBRIDE

« Recordings : 2020-2025 »

(earMUSIC)

En 2023, la carrière du musicien originaire de Belfast a pris un sacré tournant avec son intronisation au sein de Deep Purple et une implication conséquente sur « =1 », dernier et très bon opus en date de la légendaire formation. Cela dit, le parcours de SIMON McBRIDE est aussi assez éloquent. Compositeur, musicien et producteur, il signe ici son sixième album studio après avoir évolué au sein de Sweet Savage, Snakecharmer et aux côtés de Don Airey. Une carte de visite plus que conséquente et de haut vol.

Cette fois, l’Irlandais revient avec un disque un peu spécial, qui regroupe des enregistrements datant des cinq dernières années et même finalisés juste avant son arrivée chez Deep Purple. Composé de titres originaux et de reprises, « Recordings : 2020-2025 » résume plutôt bien la vision du Rock de SIMON McBRIDE et permet aussi de constater sa facilité à s’approprier à peu près tous les genres avec beaucoup de facilité. Pour autant, pas complètement caméléon, c’est essentiellement sa touche qu’on retrouve ici.

Après « The Fighter » en 2022, c’est donc un panorama plus Rock qu’il propose sur 15 titres, qui montrent une belle homogénéité. La production est assez sobre, mais le toucher est toujours aussi singulier. Nette et avec des accroches souvent Hard Rock, la fluidité de SIMON McBRIDE est un modèle du genre que ce soit sur les riffs ou les solos. Par ailleurs, c’est assez bluffant aussi de constater qu’il s’inscrive à ce point dans des sonorités ‘so british’, dans ses compositions comme dans le choix des reprises. Un bon moment !

Photo : Jim Rakete

Retrouvez la chronique de « The Fighter », celle du dernier album de Deep Purple et du coffret de Snakecharmer :

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folk Hard'n Heavy Melodic Metal Symphonic Metal

Marko Hietala : the Northern mage

Très respecté pour son style d’écriture, ainsi que pour un jeu de basse très identifiable, MARKO HIETALA, qui avait pourtant annoncé son retrait, semble avoir retrouvé de l’envie et surtout de l’inspiration. A la tête d’un quatuor uni et chevronné, il donne vie à « Roses From The Deep », un disque très bien réalisé où le songwriting se révèle toujours aussi authentique dans des registres qui, malgré leurs différences, se retrouvent dans un même élan pour éclairer le monde musical de ce musicien hors-norme, dont la performance est toujours aussi saisissante. Un deuxième effort solo remarquable et captivant.

MARKO HIETALA

« Roses From The Deep »

(Nuclear Blast Records)

La réputation de MARKO HIETALA n’est plus à faire, ni son talent à démontrer. L’ancien bassiste et co-chanteur de Nightwish fait son retour en solo pour donner suite à « Pyre Of The Black Heart » (2020). L’homme aux multiples projets (Tarot, Northern Kings et de très nombreuses collaborations comme avec Delain, Ayreon ou Avantasia) livre l’album qu’on attendait un peu de lui, à savoir une production où s’entremêlent les genres, passant d’un Metal mélodique souvent Hard et parfois Symphonique, à de la Folk ou du Prog. On sait l’étendue stylistique du musicien particulièrement vaste et il en use avec beaucoup d’habileté.

Et on ne met bien longtemps à retrouver l’univers artistique du Finlandais. Parfaitement accompagné de Tuomas Wäinolä (guitare), Anssi Nykänen (batterie) et Vili Ollila (claviers), le line-up a de l’allure, conjugue expérience et jeunesse et débouche sur un « Roses From The Deep » fluide et équilibré. MARKO HIETALA tient solidement les rênes et déploie des compositions créatives et efficaces. Entre orchestrations généreuses et arrangements subtils, ces nouveaux titres montrent une belle énergie, beaucoup de sincérité et un savoir-faire imparable.

Dès l’entraînant « Frankenstein’s Wife » qui ouvre les festivités, suivi de « Left On Mars » en compagnie de sa complice de toujours, l’ex-chanteuse de Nightwish Tarja Turunen, le Scandinave semble vouloir rassurer ses fans les plus ‘métalliques’ et « Proud Whore » va aussi dans ce sens. Histoire d’ajouter encore un peu de piquant, Juha-Pekka Leppäluoto de Northern Kings, se livre à un véritable exercice de style sur « Two Soldiers », marquant un certain basculement pour la suite. Puis, MARKO HIETALA régale avec le long « Dragon Must Die » ou le très accrocheur « Impatient Zero », et aussi « Tammikuu » chanté en Finnois. 

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Hard'n Heavy International

Joe Satriani : alien connection [Interview]

En 1987, en sortant l’album « Surfing With The Alien », JOE SATRIANI allait bouleverser le petit monde de la guitare et du Rock avec un disque entièrement instrumental et pourtant si fédérateur. Non pas qu’il fut le premier, ni même le plus technique, mais c’est ce feeling si particulier qu’il allait marquer plusieurs générations de musiciens et d’amoureux de musique, plus simplement. Depuis il n’a cessé d’expérimenter, d’innover et de se réinventer, tant en proposant des albums toujours accessibles malgré leur technicité. Aujourd’hui, c’est avec le G3, qu’il a fondé en 1996, qu’on le retrouve avec le line-up originel aux côtés de Steve Vai et Eric Johnson sur ce génial « Reunion Live ». Entretien avec le grand ‘Satch’, qui revient sur ce projet d’amoureux de la six-cordes.

– L’an dernier, c’était la première fois en 28 ans que G3 se produisait dans sa formation originelle avec Steve Vai et Eric Johnson. J’imagine qu’il devait y avoir beaucoup d’émotion et d’excitation pour vous trois. Est-ce que c’est cette magie retrouvée qui vous a poussé à enregistrer ce concert à l’Orpheum Theatre de Los Angeles ?

Oh, tu sais, l’histoire derrière tout ça est intéressante. Tout a commencé avec mon fils. Il avait l’idée de faire un film pour documenter sa première fois avec nous alors qu’il n’avait que quatre ans. C’était en octobre 1996, le tout premier ‘G3 Tour’. Et quelques jours plus tard, il s’est retrouvé avec nous dans le bus et ensuite il les a tous fait ! Il a donc voulu faire un film là-dessus et il a un peu utilisé G3 comme une sorte de véhicule pour expliquer son lien avec sa grande famille de guitaristes. Son père a un métier un peu bizarre et il connaissait aussi Steve Vai, Robert Fripp (le guitariste et fondateur du groupe Rock Progressif King Crimson – NDR) et tous ces grands musiciens depuis des années. Et même s’il est un bon guitariste lui-même, il n’a jamais voulu devenir professionnel. Son truc, ce sont les films. L’idée est donc venue sur la dernière tournée avec Steve et Eric et il ne voulait pas seulement filmer le concert. Le point culminant a été lorsqu’il m’a rejoint sur scène pour jouer « Summer Song ». Cela a vraiment été un moment magnifique pour nous nous deux, père et fils, de pouvoir la jouer tous les deux. Tout sera dans le film qu’il est actuellement en train de finaliser.

Et à la fin de cette tournée un peu particulière, earMusic, notre maison-de-disques, s’est montrée très intéressée pour sortir l’enregistrement d’un album. C’est donc à ce moment-là que les choses se sont faites et Steve, Eric et moi étions vraiment ravis. Tu sais, on ne reçoit plus beaucoup d’offres pour réaliser un album live. Mais on savait que le travail serait remarquable avec quatre vinyles et deux CD. C’est un projet magnifique, car le package est tellement beau et le set l’est tout aussi. Et puis, cela a été un peu comme une tornade, comme quelque chose de très excitant, car tout s’est réalisé très rapidement. Je pense que cela a ajouté encore plus d’énergie au projet, car tout a été très spécial pour nous.

– Depuis 1996, G3 a connu plusieurs lines-up et accueilli beaucoup de virtuoses de la guitare. J’aimerais savoir comment tu as choisi tous ces musiciens au fil des années ? D’abord parce que ce sont des amis, ou pour le simple plaisir de partager une fois la scène avec eux ?

C’est un processus vraiment intéressant. En fait, j’arrive avec des idées, uniquement basées sur la musique. Et ensuite, je me dis que ce sera génial d’avoir des gens vraiment différents les uns des autres, comme c’est le cas avec Steve et Eric. Je les ai d’abord contactés, parce que sont des gars qui font vraiment des choses uniques et qui sont en même temps tellement opposés dans leur jeu. Et je sais que la magie peut opérer. Ca ne sert à rien de mettre des gens qui font la même chose, comme on le voit tout le temps. C’est cette différence qui provoque et amène toute cette énergie.

Maintenant, voici le partie la plus compliquée : en tant que leader de G3, c’est aussi mon travail de vendre l’idée à des promoteurs. Et ils doivent aussi apprécier les deux autres personnes que j’ai invitées. Alors, parfois, il peut y avoir des problèmes liés à des points de vue artistiques différents, notamment concernant ensuite la vente des billets, car ils peuvent ne pas y croire. Et c’est quelque chose que je dois gérer moi-même. D’habitude, un projet de G3 se met en place au bout d’un an, en raison de ce que veulent les promoteurs ou les artistes qui veulent, ou pas, venir jouer. Tu vois ? Car certains ne veulent pas jouer ensemble ! (Rires) Et puis, je recherche toujours une sorte de défi musical. Mais peu de gens pensent comme moi. Je veux aussi être aux côtés de guitaristes qui jouent mieux que moi. Certains veulent aussi être perçus comme les meilleurs et être les plus brillants chaque soir. Alors, je me demande toujours quel serait le meilleur show et si le public appréciera. Mais c’est une tension positive entre trois guitaristes, car on s’amuse vraiment beaucoup ! C’est un sacré challenge pour moi. Et j’apprends énormément. Beaucoup de gens ne l’imaginent pas, mais lorsque l’on sort d’un concert, on discute beaucoup de ce que l’autre a joué et à quel point c’était cool ! On est vraiment des gosses excités par la guitare ! (Rires)

– Je ne vais pas te demander quel a été le meilleur G3, j’ai ma petite idée, mais est-ce que tu penses que chaque formation correspond parfaitement à une époque précise où tous ces musiciens étaient alors à leur sommet ?

Ah oui ? (Rires) En fait, je pense que chaque G3 que nous avons fait était exceptionnel. A l’exception d’un seul… Malheureusement, j’avais énormément d’espoir pour celui que nous avions fait en 1998, je crois, avec Uli Jon Roth que je trouve brillant. On n’en d’ailleurs pas fait d’autres. C’était pourtant incroyable, car c’est quelqu’un de formidable. Et il y avait Michael Schenker, qui est un guitariste génial dont j’ai beaucoup appris et que je faisais d’ailleurs apprendre aussi à mes élèves comme Steve Vai et Alex Klonick. Ils l’adoraient ! Seulement tourner avec lui a été très difficile, ce n’était pas son truc, en fait. Ce n’était pas le bon espace pour lui. Ce que je n’ai pas oublié c’est qu’il y avait énormément de tension, pour ne pas dire plus, entre lui et Uli Jon Roth. On était toujours sur la brèche. Je pensais que tout ça était terminé entre eux, par rapport à Scorpions, mais en fait, les problèmes sont revenus. La tournée a été très compliquée et je me sentais mal vis-à-vis des fans, qui n’ont pas pu voir les mêmes amitiés et les émulations des autres G3. Mais bon, on a joué tous les concerts. Par chance, Patrick Rondat, qui est un excellent guitariste français, que je connais bien, nous a sauvés sur la date française. Et là, ça été génial… sans Michael Schenker ! D’ailleurs, la dernière fois que nous sommes venus en France, Patrick, nous a rejoint sur scène et a joué avec nous. C’est un très bon ami et les connexions entre nous ont été fabuleuses.

– Revenons à ce « Reunion Live », qui est un peu particulier par rapport aux autres, car il contient trois sets complets de chacun de vous avant une jam finale. C’était important pour toi que vous ayez tous un espace de liberté conséquent ?

Oui, je pense la clef de la création de G3 est de donner à chaque musicien suffisamment de temps pour qu’ils puissent tous apporter leur lot de magie au public. Au départ, j’avais imaginé des plans avec huit/douze guitaristes. On s’est vite rendu compte qu’il fallait qu’ils aient vraiment le temps nécessaire pour s’exprimer. Quand on s’est retrouvé à trois, on s’est aperçu que tout le monde pouvait vraiment jouer pendant une heure ses propres morceaux, ce qui les a ravis, car ils avaient le temps de délivrer leur message. Et c’est ça qui est vraiment intéressant. Cela leur donnait vraiment la possibilité de faire leur truc pleinement.  Et on ne s’implique pas non plus dans les autres sets. La seule chose que nous faisons, c’est cette jam où nous reprenons des chansons que tout le monde connait et sur lesquelles nous pouvons aussi apporter chacun notre touche, car ce sont des titres qui s’y prêtent vraiment. Et on peut laisser parler notre folie ! Et puis, on peut aussi y inviter n’importe quel autre musicien. On décide de ça environ deux mois avant. Par exemple, quand on reprend Jimi Hendrix, tout le monde connait et c’est facile d’y inviter deux ou trois guitaristes et c’est d’ailleurs ce qu’on a fait sur les deux derniers concerts à l’Orpheum Theater à Los Angeles. On avait sept invités ! Il y avait notamment Brendan Small, Jason Richardson et Nina Strauss, et c’était super excitant ! Et Phil X est aussi venu, on s’est bien amusé. Ce sont les chansons qui permettent ça.  

– D’ailleurs, comment as-tu composé ton set ? Est-il tout de même différent des derniers concerts que tu as donnés en solo ?

En fait, c’est plus court et il faut créer une vague d’intensité et donner un certain rythme aussi. C’est d’ailleurs quelque chose d’assez amusant à faire et de voir si ça va prendre dans le public. Et puis, chaque personne se met sa propre pression. Steve doit ouvrir chaque concert et c’est quelque chose d’unique d’être le premier qu’on va voir sur scène. Ensuite, Eric doit le suivre et il peut y avoir quelque chose d’un peu effrayant. Il doit s’occuper de lui-même avec son jeu tellement unique et si différent. Et ensuite, c’est à moi de suivre ces deux excellents guitaristes (Rires). On se regarde tous jouer les uns les autres et on se demande à chaque fois comment on peut compléter les parties des autres, tout en apportant quelque chose de nouveau. En fin de compte, cela m’a aidé à trouver des éléments importants, comme la chanson « Sahara », qui possède une atmosphère très particulière et un peu étrange. J’ai aussi voulu faire « Big Dab Moon » où je chante, je joue de l’harmonica et de la slide guitare. C’est différent de d’habitude. Et puis, j’ai aussi désiré ce moment avec mon fils sur « Summer Song », qui est probablement l’une de mes chansons les plus connues. Il y a un peu de tout ça, y compris une belle ballade comme « Always With Me, Always With You » avec ensuite des trucs plus Rock très 80’s. C’est super intéressant. Enfin, on a aussi joué « Rasphberry Jam », sur laquelle on s’est vraiment amusé ! (Rires)

– Et puis, il y a les reprises d’Eric Clapton, de Jimi Hendrix et de Steppenwolf. Les avez-vous choisi ensemble et sur quels critères ? Et d’ailleurs, est-ce que trois guitaristes comme vous ont vraiment besoin de les répéter assidûment lors des préparations ?

Oui !!! (Rires) Je vais parler pour moi-même. J’aime répéter, car c’est toujours une exploration et j’aime ça. Quand tu es jeune et que tu commences, tu t’entraînes pour la mémorisation, pour développer la coordination et les bonnes techniques. Et cela dure même toute la vie. Mais après, peut-être quatre ou cinq ans plus tard, il faut espérer que tu maîtrises tout ça, les notes, les accords… Finalement, il faut que ça permette à tout ce travail de te donner ensuite toute la liberté d’explorer la musique en général. Mentalement, c’est la chose la plus difficile. Les limites que nous avons posées dans notre esprit vont répéter ce que nous pourrons, ou pas, jouer ensuite. Donc, répéter pour un musicien expérimenté permet d’aller de l’avant et de détruire tout ce qui est préconçu et qui pose des barrières. On choisit de jouer « Spanish Castle Magic » et « Crossroads », car ce sont des chansons que tout le monde connaît. Alors, comment les jouer différemment ? Doit-on faire ce que tout le monde attend, ou au contraire laisser nos sentiments personnels prendre le dessus ? Et c’est là que la pratique aide vraiment, parce qu’on détruit nos propres restrictions et on laisse parler notre feeling ! (Rires) Tu sais, à chaque concert, on joue tous les trois quelque chose de différent et c’est à moment-là qu’on voit les yeux des gens se tourner. Et que ce soit, Steve, Eric ou moi, c’est toujours un grand moment de plaisir, car nous nous lançons dans une exploration inédite pour nous. Et c’est vraiment ce qu’on adore faire !

– Ce qu’il y a aussi d’étonnant chez G3, c’est qu’au-delà de jouer ensemble, vous donnez l’impression aussi de le faire les uns pour les autres. C’est cette forte amitié qui vous lie qui efface si facilement les egos ? Ou c’est une question que vous ne vous posez même pas ?

Oh oui ! Ce n’est pas seulement une question d’amitié, c’est surtout l’immense respect que nous avons les uns pour les autres ! Cela comprend notre travail, notre créativité et l’originalité que nous avons chacun choisi de suivre. C’est aussi difficile de rester très vigilant et authentique vis-à-vis de notre rêve et de notre vision musicale. C’est compliqué, car nous vivons notre seule et unique vie sur cette seule planète et cette vie est difficile… C’est quelque chose d’assez fou ! Et si tu peux rester concentrer et continuer à créer ton propre monde, c’est assez remarquable. C’est pour ça que le respect que nous avons les uns pour les autres est extrêmement important. Jouer pour l’autre est aussi la raison pour laquelle nous sommes là. Etre présent pour tout le monde, peu importe la situation qui peut se produire sur scène. Même quand nous sommes moins bons ! On est là pour se rattraper aussi ! (Rires)

– Il y a une question que je me pose depuis des années. Tu n’as jamais envisagé de sortir un album studio de compositions originales de G3 ? C’est essentiellement une question d’emploi du temps, ou le groupe a-t-il une vocation uniquement live ?

C’est quelque chose d’assez inconcevable pour trois guitaristes comme nous de trouver du temps et de se retrouver en studio pour composer et enregistrer un album. Même si quelqu’un venait et nous dise qu’il nous donne assez d’argent pour faire le disque qu’on voudrait. L’une des principales raison est que Steve, Eric et moi avons des standards super élevés. Et puis, nous sommes vraiment entièrement dédiés à notre propre musique et ce que l’on peut faire en solo. Je sais que d’autres pourraient le faire, car ils sont à l’aise à ça, mais nous ne le ferons jamais. Nous prenons la musique de chacun très au sérieux. Il faudrait que nous faisions des enregistrements et des compositions dont nous soyons sûrs que c’est ce que nous voulons et il faudrait aussi que cela s’adapte à notre trajectoire et à nos carrières solos. Pas juste pour avoir quelque chose à vendre. Tu vois ce que je veux dire ? Cela dit, trouver le temps et abandonner le travail que nous faisons pour nous y consacrer ne s’est jamais présenté. Mais on ne le fera jamais, car nous prenons tout ça vraiment au sérieux.

Cela dit, c’est vrai que Steve et moi travaillons ensemble sur un album studio et c’est la première fois que nous le faisons. Et nous allons le faire du mieux possible ! (Rires) Nous avons terminé trois chansons et il y en a une vingtaine sur lesquelles nous travaillons. Nous allons essayer de tout terminer pour le mois de mars. Et puis, nous avons aussi quelques obstacles, car nous travaillons avec d’autres groupes et maintenant, il y a cette catastrophe à Los Angeles… Je n’ai d’ailleurs pas les mots, car cela va nous éloigner aussi du projet. Mais nous y travaillons ! Mais imaginer que nous arrêtions tous les trois ce que nous faisons pour nous consacrer à un album n’est pas envisageable pour le moment. Dans un monde idéal, j’adorerai, mais nous ne sommes pas dans un monde idéal ! (Rires)

– Lors d’un concert à Paris il y a des années, j’avais été très surpris de voir le public chanter les mélodies de tes morceaux, alors qu’ils sont instrumentaux. Est-ce aussi quelque chose qui t’étonne et te touche aussi ?

Oui et j’adore ça, c’est vraiment incroyable ! C’est une expérience fantastique et c’est le rêve de tout artiste. On m’a toujours demandé si je voulais faire partie d’un groupe de Rock et c’est amusant, car j’ai déjà vécu cette expérience. Mais il n’y a rien de similaire que de travailler dans le monde entier et de jouer devant des milliers de gens qui ont mémorisé la mélodie et qui la chantent ! Que ce soit à Paris, à New-York, à Numbai en Inde… Il se passe la même chose partout où nous jouons. Et c’est la plus belle chose pour moi de vivre de pareils moments.

– J’aimerais aussi qu’on parle de SATCH/VAI que tu as monté avec Steve. On a pu découvrir la première partie de « The Sea Of Emotion » l’an dernier. Quand est-ce que vous allez sortir la suite et y aura-t-il un album complet dans la foulée ?

Oui, l’album est en cours. Les trois parties de « The Sea Of Emotion » sont terminées et nous avons déjà présenté la première. Cet album va être fou ! Je ne sais pas encore quelle chanson sera le prochain single. Ce sera d’ailleurs peut-être avec un chanteur, mais je ne peux pas t’en dire plus pour le moment. C’est encore un peu tôt pour en parler, mais ça arrive ! (Sourires)

– Vous serez aussi en tournée cet été en Europe tous les deux pour le « Surfing With The Hydra Tour » avec un passage par la France. De quoi seront composés les concerts de ce ‘G2’ ? Avec de tels répertoires personnels, comment avez-vous bâti votre set-list ?

Oui, c’est une sorte de ‘G2’ ! (Rires) Nous n’avons pas encore défini la setlist, c’est un peu prématuré ! (Rires) Nous avons créé ce groupe et Steve et moi serons sur scène ensemble. Nous jouerons ses chansons, les miennes et les nouvelles de Satch/Vai. Nous travaillons vraiment dessus et la tournée est presque totalement bookée. Je sais aussi que quelques dates ont été ajoutées en Europe de l’Est. Et nous avons le groupe au complet, c’est fait. Il nous reste à trouver un bus de tournée, réserver les hôtels et les vols ! (Rires) Notre principale préoccupation aujourd’hui, et c’est ce sur quoi nous travaillons, est de finir l’album. Je pense que nous ferons les premiers concerts en mars.

– Pour conclure et justement à propos d’Hydra, que penses-tu de cette nouvelle, incroyable et presque folle guitare de Steve, et t’a-t-il laissé l’essayer ?

Tu sais quoi ? Je suis resté autour de cette ‘chose’, cette ‘Hydra’, pendant plusieurs semaines, même quelques mois ! (Rires) Et puis, j’ai vu Steve en jouer… Et je n’arrive toujours pas à croire ce qu’il fait avec ! C’est tellement étrange pour moi d’imaginer écrire une chanson avec cet instrument qui a trois manches, des cordes différentes, etc… mais c’est tellement Steve Vai ! Elle lui ressemble ! C’est assez marrant pour moi, car je me souviens d’un Steve, qui avait 12 ans et qui venait à la maison prendre des cours ! (Rires) J’ai toujours su que c’était un génie. Je le vois sur scène, je le vois jouer et c’est vraiment quelque chose. Mais pour te répondre, je n’ai jamais voulu toucher cette guitare si spéciale. Si je l’avais fait, je l’aurais peut-être gardé ! (Rires) C’est quelque chose de spécial pour Steve, quelque chose qui lui est propre et qui représente aussi beaucoup d’espoir pour son jeu. Alors, je le laisse faire ! (Rires)

– Et toi personnellement, tu n’as jamais été tenté de jouer sur une guitare à double-manche, voire plus ?

Non, en fait, j’adore les guitares classiques avec six cordes et les basses avec quatre ou cinq. Et je suis toujours à la recherche d’une nouvelle… mais avec un seul manche ! (Rires) D’ailleurs avec cette ‘Hydra’, Steve devra la mettre sur un stand pour jouer, car il n’arrivera pas à la porter sur un concert ! (Rires) J’ai fait de rares expériences avec des guitares un peu curieuses à double-manche et autres avec Chickenfoot et il faut souvent les poser pour en jouer car, quand tu commences, ça peut durer des heures ! (Rires)

Le nouvel et double-album de G3 sera disponible chez earMUSIC dans quelques jours.

JOE SATRIANI et STEVE VAI défendront leur nouveau projet, ‘Satch/Vai’, en France avec un concert au Hellfest à Clisson le 21 juin, le lendemain au Palais des Congrès de Paris, puis au Festival ‘Guitare en Scène’ à Saint-Julien-en-Genevois (Haute-Savoie) le 18 juillet.

Photos : Max Crace (2, 7) et Jen Rosenstein (3, 5).

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International Soul Southern Blues Rock

Warren Haynes : l’alchimiste [Interview]

Ancien membre du Dickey Betts Band, puis guitariste au sein du mythique Allman Brothers Band, WARREN HAYNES guide depuis une trentaine d’années maintenant Gov’t Mule. Réputé pour son jeu identifiable entre tous et une générosité musicale incroyable (la durée de ses concerts en témoigne !), le natif d’Asheville en Caroline du Nord mène en parallèle une carrière solo, qui lui offre la liberté de se détacher un temps de son groupe. Avec « Million Voices Whisper », le Southern Blues Rock de l’Américain prend des couleurs Soul, également jazzy et funky, et le line-up affiché a de quoi laissé rêveur… Entretien avec un musicien attachant, généreux et d’une rare authenticité.

– Dix ans après « Ashes And Dust », on te retrouve enfin avec un nouvel album solo. Cela dit, tu as aussi été très actif avec Gov’t Mule autant sur disque que sur scène. Lorsque tu t’es mis à la composition de « Million Voices Whisper », quel était l’intention de départ, car il est assez différent de ce que tu as déjà fait en solo et même en groupe ?

En fait, je ne ressens le besoin d’enregistrer un album solo que si j’ai écrit suffisamment de chansons différentes de Gov’t Mule, et qui me semblent fonctionner ensemble. La plupart de ces morceaux ont été écrits au cours des deux ou trois dernières années. Mais certaines remontent à la période du confinement dû au Covid, lorsque j’ai écrit la plupart des chansons de « Heavy Load Blues »et de« Peace…Like A River ». Bien que je reconnaisse que cet album est très différent de mon dernier album solo « Ashes And Dust », je pense qu’il est un peu dans la lignée de « Man In Motion », dans le sens où ils sont tous deux inspirés et influencés par la musique Soul.

– Le premier sentiment qui émane très clairement de l’album est une notion de partage qu’on retrouve justement dans cette approche plus Soul et une atmosphère générale peut-être plus douce aussi. C’est pour obtenir ce son et cette sensation que tu as souhaité produire toi-même « Million Voices Whisper » ?

L’album a commencé sur une sorte d’ambiance façon ‘Muscle Shoals’, basée sur les premières chansons que j’avais écrites pour le projet. Mais au fur et à mesure que j’écrivais de plus en plus de morceaux, il semblait évoluer dans plusieurs directions différentes, ce que j’adore. Il y a donc des influences Jazz et Funk et, évidemment, une partie de mon côté songwriter et chanteur de Southern Rock et de Blues est également représentée ici.

– Pour obtenir cette touche Southern Blues Rock très ‘soulful’, tu t’es aussi entouré d’amis à savoir John Medeski aux claviers, le batteur Terence Higgins et Kevin Scott à la basse. A vous entendre, on a l’impression qu’un autre line-up n’aurait pas pu atteindre une telle complicité et une harmonie aussi limpide. La clef était-elle aussi dans la proximité entre vous ? 

C’est le groupe que j’avais imaginé pour cette musique et il s’est avéré que tout le monde était disponible à ce moment-là. J’avais joué avec chacun d’entre eux individuellement, mais nous n’avions jamais joué ensemble avant de faire ce disque. Nous avons tout de suite senti que l’alchimie était excellente. Et puis, je préfère toujours enregistrer avec tout le monde dans la même pièce jouant en live. Pour ce genre de musique, c’est la meilleure solution et la meilleure façon de faire.

– L’album contient également plusieurs clins d’œil à quelques unes de tes références que les connaisseurs retrouveront sans mal. Il y en a une qui s’étend presque sur tout le disque, c’est celle de Dickey Betts, à qui « Million Voices Whisper » est d’ailleurs dédié. Que représente-t-il en quelques mots pour toi ? Un modèle de musicalité ? Un mentor ? Un son unique aussi peut-être ?

Dickey a eu une énorme influence sur moi avant même que je le rencontre. Nous nous connaissions depuis mes 20 ou 21 ans. Il m’a soutenu dès le début et m’a finalement donné la plus grande chance de ma carrière en m’intégrant dans le Allman Brothers Band. Dickey a créé son propre style de jeu de guitare, ce qui est probablement la plus grande réussite qu’un musicien puisse atteindre. Et, en effet, je rends hommage à son style sur plusieurs chansons de l’album.

– Et puis, il y a « Real Real Love », une chanson initialement coécrite avec Gregg Allman que tu as terminée en respectant l’esprit de départ. Comment as-tu abordé cette nouvelle écriture, et que tenais-tu absolument à restituer ?

Gregg avait commencé « Real Real Love » il y a longtemps et me l’avait montré à un moment donné, mais ce n’était qu’un brouillon. Après son décès, j’ai retrouvé une copie des paroles qui n’étaient pas achevées et j’ai été suffisamment inspiré pour les terminer et ajouter la musique. Cela s’est fait très rapidement finalement. Et j’ai pu honorer son esprit et son style d’écriture et de chant d’une manière que je n’avais jamais fait auparavant à ce point. Et la présence de Derek (Trucks – NDR) dans le studio pour l’enregistrement a contribué à donner vie à la chanson. C’était magnifique.

– Justement, celui qui occupe une place de choix, c’est bien sûr Derek Trucks avec qui tu as une complicité de longue date. Au-delà de l’aspect strictement musical, les chansons où il est à tes côté donnent l’impression qu’elles n’auraient pas eu la même saveur dans lui. En quoi son rôle est-il ici si important, au-delà des morceaux joués ensemble et de la co-production de ceux-ci ?

Nous avons tous les deux une alchimie musicale unique, qui existe depuis longtemps et qui ne fait que s’améliorer avec le temps. C’est presque comme si nous étions capables de finir les pensées de l’autre, musicalement parlant. La plupart de nos échanges sur scène et en studio sont tacites et c’est très spécial. Je suis vraiment très enthousiaste par la tournure prise par les chansons sur l’album.

– Il y a une autre émotion globale qui émane de l’album, c’est son aspect très positif avec une sérénité presqu’apaisante. « Million Voices Whisper » est à la fois posé, mais alerte, et aussi tonique que terriblement vivant. C’est ce que tu as voulu dire avec ce titre ? S’éloigner de toute résignation ?

Le titre vient de la chanson « Day of Reckoning ». La première ligne du refrain est « Des millions de voix murmurent, de plus en plus fort quand elles chantent. Des millions d’esprits attendent le jour du jugement ». Je pense que cela résume en quelque sorte le sentiment général de l’album. Il s’agit avant tout de parler de changement positif.

– Les plus chanceux peuvent aussi profiter de quatre morceaux supplémentaires sur l’Edition Deluxe où l’on retrouve aussi tes compagnons Lukas Nelson et Jamey Johnson sur le phénoménal « Find The Cost Of Freedom », où s’enchaine « Day Of Reckoning » très naturellement. C’est la même configuration que l’on retrouve sur l’un des moments forts de l’album « Lies, Lies, Lies > Monkey Dance > Lies, Lies, Lies ». Tu vois ces chansons comme une continuité l’une de l’autre, ou es-tu guidé à ce moment-là par cet esprit jam que tu adores ?

C’est vrai que j’aime toujours aborder les chansons avec une configuration et une approche live, ce qui signifie parfois passer d’une chanson à une autre, puis revenir à la chanson initiale. C’est quelque chose qui arrive plus souvent sur scène, mais je pense que c’est intéressant même dans un environnement de studio. Cela renforce le concept de liens entre les chansons.

Le nouvel album solo de WARREN HAYNES, « Million Voices Whisper », est disponible chez Fantasy Records.

Retrouvez aussi la chronique de ce nouvel l’album…

… et celles de ceux de Gov’t Mule :

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Hard Rock Hard'n Heavy

Storace : une flamme intacte

A la tête du plus grand combo de Hard Rock suisse de longues années, Marc STORACE s’active désormais en solo avec toujours beaucoup de classe. Sa vision actualisée du style qui a fait sa renommée libère un bel esprit de liberté sur ce « Crossfire », guidé de mains de maîtres par des musiciens chevronnés, qui ne manquent pas de créativité et qui gardent un Rock’n’Roll authentique et tonitruant chevillé au corps. Un modèle du genre et un exemple.

STORACE

« Crossfire »

(Frontiers Music)

Avec « Crossfire », STORACE livre l’album de Hard Rock le plus enthousiasmant de l’année… loin même devant le retour de certains cadors du genre. Avec à sa tête un frontman à qui ne triche pas et qui maîtrise depuis quelques décennies son sujet, le combo évolue avec une telle facilité que, dès la première écoute, les morceaux se révèlent vraiment familiers. Derrière le micro de Krokus durant quatre décennies, Marc Storace et son groupe ont fait leurs adieux en 2019, et depuis il mène donc sa barque en solo.

Après un premier effort, « Live And Let Live » (2021), plutôt bien accueilli, le frontman a monté un  nouveau line-up dans la foulée et a passé ces deux dernières années à composer ce « Crossfire » frais et décapant. Avec le guitariste Tommy Henriksen, membre du groupe d’Alice Cooper et qui produit aussi l’album, et son ami et batteur Pat Aeby (Krokus, Gotus), STORACE semble prendre une autre dimension. Pour le reste, le quintet fait parler sa longue expérience et dégage une sérénité à toute épreuve. 

Les Helvètes se font plaisir et appliquent un savoir-faire éprouvé depuis des lustres, tout en gardant une étincelle de modernité dans un registre intemporel et très fédérateur. Accrocheur et percutant, « « Crossfire » nous rappelle les belles heures du Hard Rock des 90’s au croisement d’autres légendes telles qu’Ac/Dc, Cinderella et Dokken pour le côté Heavy (« Screaming Demon », « Rock This City », « Love Thing Stealer », « Millionnaire Blues », « Sirens »). STORACE régale et incite à monter le volume.

Photo : Frank Kollby

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Phil Vermont : une ponctualité exemplaire

En bénéficiant de la distribution de Dixiefrog et du savoir-faire d’un co-producteur de renom, le bluesman originaire de Rouen s’offre une entrée en matière confortable et audacieuse. Sur un Blues Rock alerte et cuivré, il décline une vision artistique où la modernité fait corps avec la tradition en se faisant très Rock, Funky et plus intime aussi. « Time Has Come » vient confirmer le talent de PHIL VERMONT, qui réalise une première discographique très réussie, et très personnelle.

PHIL VERMONT

« Time Has Come »

(Rock & Hall Distribution)

Après avoir passé de longues années à arpenter la scène afin d’acquérir une solide expérience, le temps semble donc venu pour PHIL VERMONT de voler de ses propres ailes et de délivrer son propre répertoire. Cela dit, « Time Has Come » ne ressemble en aucun cas à une sorte de bilan de ce qu’il serait devenu en tant que musicien, mais présente plutôt un album abouti, très varié et homogène et qui nous fait traverser plusieurs courants et époques du Blues avec beaucoup de liberté et de fluidité dans le jeu.

Guitariste accompli et chanteur convaincant, PHIL VERMONT se dévoile sur onze compositions assez éclectiques, auxquelles il faut ajouter une reprise pleine de fougue de « Tribal Dance » de Peter Green. Et en changeant quelque peu de l’ambiance très British Blues de l’original, le Normand lui a réservé un traitement aussi intense que spontané. C’est justement ce qui fait sa force de pouvoir passer d’un claquement de doigt d’approches très classiques du siècle dernier à des sonorités contemporaines très vives.

Certes, si PHIL VERMONT reste le principal acteur et moteur de « Time Has Come », il a pu profiter de l’expérience du plus français des Américains, Neil Black, qui produit l’ensemble avec lui et intervient même sur deux titres (« Me And The Devil » et « The Waders »). Et les musiciens qui l’accompagnent forment aussi un groupe soudé et complice. Expérimenté et inspiré, il offre beaucoup de couleur et de relief. Et le fait que la rythmique soit enregistrée en live libère un groove authentique et savoureux. Un album de grande classe !

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Blues Rock Soul Southern Blues

Warren Haynes : soulman

Comme pour mieux mener à bien sa nouvelle réalisation en dehors de Gov’t Mule et peut-être aussi pour bien distinguer les choses, le songwriter de Caroline du Nord s’est occupé de la production de « Million Voices Whisper », où il explore plus en profondeur ses racines Soul, toujours dans un Southern Blues Rock d’une précision et d’un feeling de chaque instant. Et s’il donne cette impression intime de proximité, WARREN HAYNES n’est pas pour autant seul et il donne même tout son sens à la notion de partage qu’il a toujours entretenu.   

WARREN HAYNES

« Million Voices Whisper »

(Fantasy Records)

L’emblématique leader de Gov’t Mule s’offre une escapade en solo presque dix ans après « Ashes & Dust » (2015) et dans la foulée des deux récentes sorties de son  groupe (« Heavy Loud Blues » en 2021 et « Peace… Like A River » l’année dernière). Autant dire que le musicien d’Asheville est très inspiré. Assez éloigné de ce qu’il propose habituellement avec sa formation et même de ce qu’il a pu faire avant avec le Allman Brothers Band ou avec le Dickey Betts Band qu’il dédie à son fondateur, « Million Voices Whisper » est probablement l’album le plus personnel de WARREN HAYNES à bien des égards.

Toujours aussi bien entouré, les effluves sudistes sont ici distillés par John Medeski, impérial aux claviers, Terence Higgins, hyper-groovy à la batterie, et son compagnon de Gov’t Mule, Kevin Scott à la basse. Et comme le chanteur et guitariste est très accueillant, son ami Derek Trucks l’accompagne sur le titre d’ouverture « These Changes », ainsi que sur « Real, Real Love » et le génial « Hall Of Future Saint », qui clôt « Million Voices Whisper ». Le toucher de WARREN HAYNES et celui de son ancien compagnon de route font littéralement des merveilles sur ce titre, qui semble tellement hors du temps par sa beauté.

S’il reste Rock dans l’ensemble, ce quatrième effort est beaucoup axé sur la Soul, ce qui donne un Blues plus langoureux, plein d’émotion et où chacun prend le temps de poser la bonne note au bon moment (« This Life As We Know It », « Lies, Lies, Lies – Monkey Dance », « Till The Sun Comes Shining Through », « Terrified »). On retrouve également Lukas Nelson and Jamey Johnson, qui l’accompagnent en tournée, sur le somptueux « Day Of Reckoning ». En renouant avec ses premières amours musicales, WARREN HAYNES paraît s’offrir un petit bain de jouvence, en se rappelant à son influence majeure : la Soul. Un grand Monsieur !

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Rock Progressif

Frant1c : un souffle de liberté

Avec une incroyable justesse, Anne-Claire Rallo signe son premier effort solo d’une beauté souvent renversante et, même si elle est particulièrement bien entourée, c’est bien elle qui porte « A Brand New World », comme pour conjurer le sort et aussi repartir de l’avant. Un nouveau départ musical en forme d’escapade émotionnelle, dont la narration souvent intense est aussi bouleversante qu’enthousiasmante. FRANT1C est aussi une formation très familiale, où l’on perçoit même les instruments d’un grand musicien qui, tel un ange, est venu hanter avec bienveillance et douceur ce premier opus majestueux. 

FRANT1C

« A Brand New World »

(Independant/FTF-Music)

Suite à la disparition de son mari, Eric Bouillette, la reconstruction paraissait l’étape suivante, à la fois évidente et nécessaire pour Anne-Claire Rallo. Musicienne, compositrice et parolière de talent, c’est forcément dans la musique et l’écriture qu’elle s’est replongée pour trouver un nouveau souffle. Et quel souffle ! Avec FRANT1C, son nouveau projet, c’est entouré de sa famille musicale qu’elle s’est remise à l’œuvre pour ce premier album. Et « A Brand New World », dont le titre fait évidemment écho, annonce aussi une belle renaissance artistique dans un Rock Progressif, au sein duquel elle s’est toujours épanouie.

Pas question ici de retrouver les effluves, pourtant délicates, de Nine Skies ou de Solace Supplice. Anne-Claire ouvre un nouveau chapitre bâti sur celui d’un nouveau monde, où l’on va suivre sur plus d’une heure les aventures de Hope, incarnée par l’enchanteresse chanteuse de Sun Q, Helen Tiron, et de Charlie porté par Martin Wilson, le frontman de The Room. Côté textes, celles et ceux qui connaissent ses écrits à travers ses livres et son blog y retrouveront un univers familier. Et puis, l’équipe de FRANT1C est constituée de proches, humainement comme artistiquement, entièrement dévoués à la mise en lumière de l’album.

Comme une évidence, cette première réalisation est conceptuelle et narre une histoire dans laquelle on est vite immergé. Ils sont une dizaine de musiciens à évoluer sur « A Brand New World », se mettant avec application au service des morceaux de FRANT1C. Difficile dans ce type de production se faire ressortir une chanson plutôt qu’une autre, mais on retiendra « The Awakening », « People In Their Cage », « Where Have You Been », « Sweet Confusion », « On The Run », « Take A Little Time » et l’incontournable « The Ballad Of Peggy Pratt » qui, du haut de ses 13 minutes, domine l’ensemble avec beaucoup de force et de délicatesse.

(Photo : Philippe C. Photos)

Pour vous procurer l’album, cliquez juste sur la bannière en haut de la page d’accueil.

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Hard Rock International

Mike Tramp : le plaisir comme guide [Interview]

Groupe iconique des années 80 et 90, WHITE LION a marqué toute une génération de fans de Hard Rock. En marge de la très productive scène américaine de l’époque, les Danois ont apporté un son nouveau et surtout européen jusque-là inédit. Après une séparation qui a aussi vu éclater le formidable duo composé avec le guitariste Vito Bratta, MIKE TRAMP a entamé une carrière solo tout d’abord avec l’excellent combo Freak Of Nature, puis sous son nom. Mais depuis l’an dernier, c’est bel et bien le répertoire de sa première formation que le chanteur revisite avec le talent qu’on lui connait et surtout cette voix chaude et tellement identifiable. Alors que sort le volume 2 de « The Songs Of White Lion », le frontman revient sur ses envies, son plaisir et sans éluder quoique ce soit. Entretien.

– L’an dernier, tu as sorti le premier volume de « The Songs Of White Lion », qui a été suivi d’une tournée. D’où t’es venue l’idée de te replonger dans le répertoire de WHITE LION ? Ce sont des morceaux que tu jouais régulièrement en solo sur scène ?

Au départ, je n’aurais jamais imaginé retourner dans le monde de WHITE LION. Mais quand je l’ai fait, j’ai senti que je pouvais en faire beaucoup plus. Les nouvelles versions m’ont fait aimer à nouveau mes anciennes chansons et m’ont donné envie de les interpréter d’une manière que je n’avais jamais faite auparavant. Elles appartiennent à un groupe de Rock au complet, et non pas à mes nombreux albums solo. C’est un monde à part.

– Ces deux volumes ont aussi la particularité de présenter les chansons dans des versions réenregistrées. Pour quelles raisons as-tu souhaité entrer à nouveau en studio ? Tu aurais tout aussi pu sortir un Best Of remasterisé, par exemple ?

L’intérêt de réenregistrer et de réarranger quelque peu les chansons, c’était pour qu’elles s’adaptent à la fois au monde d’aujourd’hui et à la vision que j’en ai en 2024. La musique évolue, comme nous tous. Les anciennes versions représentent un groupe qui avait une vingtaine d’années. Aujourd’hui, j’ai 63 ans. Je ne monte pas sur scène comme Kiss, qui pense que les temps n’ont pas changé, ou qu’eux-mêmes n’ont pas changé. D’ailleurs, YouTube nous montre le contraire. Je voulais montrer ma propre évolution personnelle et mon interprétation aujourd’hui.

– J’imagine que si tu as réenregistré tous ces morceaux des années après leur sortie, c’est que certaines choses devaient te gêner un peu. D’où cela venait-il ? Plus de la production, ou de certaines structures, même s’ils sont très fidèles aux originaux ?

Je pense que c’est sans doute le cas pour la plupart des artistes qui se penchent sur leur travail 40 ans plus tard. Refaire ces chansons, c’était aussi m’adapter à qui je suis aujourd’hui. Je ne chante plus comme en 1984-90. Je ne veux pas même essayer de le faire, car je ne peux pas. Mais je connais tellement bien ces chansons. Alors quand je les chante, je raconte une longue histoire avec elles. Et c’est seulement possible parce que j’ai vécu avec elles pendant 40 ans.

– Un petit mot au sujet des musiciens qui t’accompagnent sur ces deux albums. Comment les as-tu choisis et est-ce que ce sont des amis pour l’essentiel, qui connaissaient déjà le répertoire de WHITE LION ?

Eh bien, la personne la plus importante est le guitariste Marcus Nand, que je connais depuis 1994 avec Freak Of Nature. Son travail d’apprendre toutes les parties de guitare de Vito Bratta, puis de les réapprendre dans une toute autre tonalité qui corresponde à ma voix, était une tâche presque impossible. Mais il l’a fait et même très bien fait. Je travaille depuis plus de 20 ans avec les autres gars et j’ai toujours choisi des amis et des personnes avec qui j’aime travailler.

– La question qu’on peut aussi légitimement se poser, c’est pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé WHITE LION, même avec quelques changements de line-up ? Y avait-il certaines contraintes juridiques, par exemple, car tu avais sorti l’album « Return Of The Pride » également en 2008 ?

Il n’a JAMAIS été question d’une véritable reformation de WHITE LION. Et cela n’arrivera jamais. Vito s’est retiré du monde de la musique il y a 30 ans, et personne ne l’a revu depuis. Un autre point est que cela ne se rapprochera jamais de ce qu’était le groupe en 1987-91, c’est un fait. « Return Of The Pride », n’aurait pas dû être publié sous le nom de WHITE LION, c’était une grosse erreur. La seule chose positive que je puisse dire à ce sujet, c’est que ce sont certaines des meilleures chansons Rock que j’ai pu écrire.

– D’ailleurs, pour qui ne connaitrait pas WHITE LION (il y en a peut-être !), que lui conseillerais-tu : écouter les versions originales ou plutôt ces deux volumes ?

Non, il faut écouter les volumes 1 et 2, car les chansons sont plus importantes que le groupe. C’est un triste fait, mais c’est la réalité.

– Pour tous les amoureux de Hard Rock de cette période bénie des années 80/début 90, WHITE LION est une référence incontournable. Plus de 40 ans après sa formation, quel regard portes-tu sur le groupe et surtout sur cette incroyable complicité artistique avec Vito Bratta ? Est-ce que tu penses qu’une telle aventure musicale serait encore possible aujourd’hui ?

Je pense que je vais commencer par ta dernière question. Nos compositions avec Vito étaient vraiment le cœur du groupe. Je sais aussi que nous étions musiciens dans les années 80, où tout le monde se ressemblait. Mais les chansons et le son de WHITE LION se suffisaient à eux-mêmes. Les « Vol. 1 & 2 » le prouvent aujourd’hui. Sans aucun manque de respect à qui que ce soit, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de groupes des années 80 qui pourraient réenregistrer leurs anciennes chansons et ressentir la même sensation qu’avec ces deux volumes. Par ailleurs, mes paroles ne sont pas celles de quelqu’un qui a grandi à Hollywood et qui chante sur les filles, l’alcool et les fêtes toute la nuit. Elles proviennent toutes d’un enfant des rues de Copenhague, au Danemark, qui savait qu’il y avait un monde gigantesque plein de problèmes.

– WHITE LION a sorti cinq albums de 1983 et 1991 et ces deux volumes contiennent à eux deux 22 chansons. Doit-on s’attendre à un troisième bientôt ?

Ce n’est pas prévu pour le moment, mais c’est évidemment une possibilité. J’aimerais bien le faire, car j’ai de bonnes et intéressantes idées pour terminer la trilogie.

– D’ailleurs, les deux « The Songs Of White Lion » ont-ils été réenregistrés en même temps, ou as-tu laissé un moment entre les deux, car tu as également une carrière solo ?  

En fait, quand nous avons enregistré le premier album, nous n’avions pas prévu d’en faire un deuxième. Je ne savais même pas que j’allais monter MIKE TRAMP’S WHITE LION et partir en tournée. Mais une fois que nous avons commencé à jouer en live, nous avons tout de suite su que nous voulions faire le « Vol. 2 ».

– Parlons de ta carrière solo. Après l’aventure Freak Of Nature, tu t’es lancé avec « Capricorn » en 1998 sous ton propre nom. On approche les dix albums et on te découvre aussi dans un univers plus acoustique souvent, détaché du Hard Rock pour l’essentiel et plus Rock. C’est une page que tu as tourné, en tout cas au niveau de l’écriture, même si ces deux albums de chansons de WHITE LION sont là aujourd’hui ?

Tout d’abord, merci de me donner un moment pour en parler. Quand tu as fait partie d’un groupe de Rock à succès, un groupe qui avait un son particulier et qui venait d’une époque spéciale pour ce style de musique, beaucoup de gens pensent que tu es né comme ça et que c’est ce que tu es. Dans mon cas, avec « Capricorn », comme sur tous mes albums solo, c’est le vrai et le seul Mike Tramp. C’est aussi ce que j’ai apporté à Vito avec son style unique quand on s’est rencontré. Et boum, il y a eu nos chansons. Dans Freak Of Nature, j’avais ajouté mes mélodies et mon univers vocal, en plus du son du groupe. Et une fois encore, il y a eu un mélange incroyable. Actuellement, je dispose d’un nouvel album solo déjà écrit et prêt à être enregistré. Ce sera peut-être ma prochaine sortie d’ailleurs.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de tes deux derniers albums solo, « For Første Gang » et « Mand Af En Tid », sortis tous les deux chez Target Group. Tu chantes pour la première fois en Danois, ta langue maternelle. C’est quelque chose que tu souhaitais faire depuis longtemps ? Et dans ce registre Rock acoustique, finalement très personnel et intime ?

Oui et je ne pense pas que quiconque puisse comprendre à quel point ces deux albums sont importants pour moi à bien des égards. Pour commencer, le simple fait de les réaliser m’a curieusement fait retomber amoureux du Hard Rock et de WHITE LION, car cela m’a permis de m’éloigner de ce monde ringard du Rock’n’Roll. Il n’y a pas un seul groupe qui propose quelque chose de nouveau en ce qui concerne le Hard Rock aujourd’hui. Quel est l’intérêt d’un nouvel album de Judas Priest ou d’Ac/Dc ? Quand les concerts se résument aux chansons que nous connaissons déjà, combien de riffs de guitare identiques peut-on continuer encore à enregistrer ? De plus, je n’enregistrerai pas de nouvel album de Rock sous le nom de WHITE LION, cela n’aurait aucun sens. J’ai donc fait ces deux albums en danois, qui sont très forts au niveau des textes et qui racontent l’histoire de mon enfance, de ma mère, de ma famille, etc… à Copenhague dans les années 60 et au début des années 70. Cela m’a offert une pause bien méritée après tout ce que j’avais fait. Et au bout du compte, si ces chansons sont en moi, c’est qu’elles devaient sortir, même si elles ne sont pas destinées aux magazines de Rock. Mais je suis très surpris du nombre de fans et de la presse internationale qui aiment ces albums. Ce sont des gens qui sont capables de regarder au-delà de mon image et de mon passé musical pour n’écouter que les chansons.

– Enfin, on pourrait te sentir nostalgique avec ces deux albums « Songs Of White Lion ». Or, on a plutôt une impression de fraîcheur et une belle envie. N’y a-t-il pas tout de même un désir de retrouver en musique cette belle époque d’une certaine façon ?

En fait, je n’ai jamais ressenti de nostalgie avec ces chansons, car nous les avons abordées avec un regard neuf et beaucoup de fraîcheur, comme tu le soulignes. Et en même temps, avec tout ce à quoi nous avons accès aujourd’hui avec Internet notamment, s’il y avait eu un moment pendant l’enregistrement où j’aurais eu les larmes aux yeux, ou si j’avais eu l’impression d’être au milieu de ‘Spinal Tap’, j’aurais arrêté. Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti. J’ai entendu de superbes chansons, qui sont devenues encore meilleures. C’est ce que je ressens et c’est pour cela que je l’ai fait. Je prends simplement plaisir à jouer mes chansons à nouveau et c’est l’essentiel.

Les deux volumes de MIKE TRAMP «  Songs Of White Lion » sont disponibles chez Frontiers Music.

(Photos : Jakob Muxoll)

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Metal Progressif Modern Metal Symphonic Metal

Simone Simons : red ride

Même si elle ne déboussolera pas ses fans de la première heure, SIMONE SIMONS sort quelque peu des sentiers balisés d’Epica. Très symphonique pour l’essentiel, « Vermillion » affiche des ambiances franchement Electro, assez Prog même et résolument Metal. Composé en collaboration avec le maître à penser d’Ayreon, ce premier envol sous son nom oscille entre des moments calmes et des impacts plus musclés, où la frontwoman distille une prestation à la fois épique et aérienne.

SIMONE SIMONS

« Vermillion »

(Nuclear Blast Records)

Emblématique chanteuse d’Epica depuis plus de deux décennies et figure incontournable de la scène Metal Symphonique, SIMONE SIMONS se présente cette fois en solo avec un premier album très complet et plutôt convaincant. A l’instar de ses consœurs Floor Jansen et Charlotte Wessels, on découvre un univers plus personnel et assez différent de ce à quoi elle nous a habitué jusqu’à présent, tout en restant fidèle à son style. Cela dit, on connait ses grandes qualités vocales et dans ce domaine, elle reste incroyable.  

« Vermillion » ne ressemble donc pas à une production de son groupe, car SIMONE SIMONS parait ici plus libre et se montre également plus sobre au niveau du chant. Les embardées lyriques sont par conséquent moins systématiques et elle évolue dans des contrées très électroniques, légèrement progressives, mais toujours aussi Metal. Cette diversité fait aussi ressortir toute l’étendue du panel de la voix de la Hollandaise. D’ailleurs, cet éclectisme soudain doit beaucoup à la présence d’Arjen Lucassen à ses côtés.

C’est avec son complice de longue date et leader d’Ayreon que SIMONE SIMONS a conçu ce premier effort et cela s’entend sur quelques morceaux aux reflets cinématographiques et même Indus (« Red », « Dystopia », « Fight Or Flight »). Par ailleurs, si « Vermillion » est assez synthétique dans la production, il offre une collection de riffs impressionnante (« Aeterna » et ses sonorités orientales, « Cradle To The Grave » en duo avec Alissa White-Gluz d’Arch Enemy, « The Weight Of My World »). Une émancipation réussie.