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Blues International

The Cinelli Brothers : l’ambiance du Blues [Interview]

Si les nationalités se côtoient aussi naturellement chez les CINELLI BROTHERS, c’est probablement dû à un amour commun pour le Blues, bien sûr, mais cela va bien au-delà. Avec l’indépendance chevillée au corps, le quatuor italo-anglo-français livre déjà son quatrième album, « Almost Exactly », dont le titre parle de lui-même avec cet état d’esprit si particulier. S’ils échangent leurs instruments à l’envie, c’est avec une authenticité palpable que le groupe a imposé sa patte au fil des disques. Entretien avec Marco Cinelli (chant, guitare, claviers), principal compositeur et producteur, et à l’humour so british…

Photo : Anna Polewiak

– Tout d’abord, j’aimerais vous demander si la nationalité du groupe importe encore pour vous lorsque celui-ci se compose de deux Italiens, d’un Anglais et d’un Français ? Sachant en plus que vous êtes basés à Londres…

A ce stade, nous pouvons tous nous fondre dans la nationalité écossaise. Personne n’est écossais, mais l’Ecosse est un concept dans lequel chacun a des points communs les uns avec les autres.

– Est-ce que, finalement, ce n’est pas ce mélange de cultures qui fait que vous vous soyez retrouvés tous les quatre autour de la musique américaine si naturellement ?

Tu l’as dit. J’ai toujours pensé que le mélange de personnalités différentes, liées également à la différence de nos origines, rendait la soupe plus originale en goût. Comme le Blues.

– Vous venez de sortir « Almost Exactly », votre quatrième album, et vous êtes partis l’enregistrer aux Etats-Unis, à Woodstock, avec le grand Rich Pagano qui le co-produit également. Qu’est-ce qui vous a poussé à traverser l’Atlantique ? C’était une façon de vous rapprocher de vos racines musicales ?

C’était et c’est le rêve de nombreux jeunes groupes européens comme nous. Aller en Amérique – aller à Woodstock ! – dans un grand studio d’enregistrement, pour produire et  sortir un album qui sent bon les étoiles et les sillons. Waouh ! C’était presque comme si même la réalité des faits ne pouvait saper la beauté de ce rêve innocent. Le fait est qu’en Amérique, il existe toujours un vif intérêt pour la production discographique. Je dirais en fait qu’en Europe, il existe un vif intérêt pour ce qui se passe en Amérique.

Photo : Anna Polewiak

– Malgré de multiples récompenses et de nombreuses tournées, vous n’êtes pas signés sur un label après quatre albums. Pourtant, j’imagine que les sollicitations ne doivent pas manquer. Vous souhaitez simplement garder votre indépendance et une certaine liberté, ou vous n’avez pas eu d’offres suffisamment intéressantes ?

Je dois malheureusement admettre que nous n’avons pas eu l’offre qui nous ferait arrêter de faire ce que nous faisons sans l’aide de qui que ce soit. Nous avons eu des histoires, nous avons fait des choix et le résultat est le groupe aujourd’hui. Nous ne regrettons rien et nous ne changerions rien au passé, non plus. Un jour, viendra l’offre que nous ne pouvons refuser. Nous nous préparons à ne pas l’accepter.

– Revenons à « Almost Exactly », vous avez co-écrit les chansons pour la première fois, et surtout on y décèle un côté plus Pop et peut-être plus roots aussi. Vous aviez des envies de changement, ou c’est une évolution assez naturelle de votre musique ?

Nous ne pensons jamais en termes de changement de musique. Quand nous composons, nous faisons simplement notre truc. Je dirais donc certainement que nous évoluons naturellement vers autre chose. Si c’est plus Pop, ou plus ‘vert’ plutôt que ‘bleu’, c’est à vous de décider. Je suis heureux quand les gens s’intéressent à notre musique et soulèvent toutes ces questions sur le changement de style, etc… Pour nous, cela n’a pas changé du tout depuis le début. PEUT-ÊTRE, juste un tout petit peu, OK !

Photo : Anna Polewiak

– Cela dit, cette authenticité très Blues est toujours autant alimentée de Soul et de R&B dans des couleurs fidèles aux 60’s et 70’s. Ca, c’est une chose qui ne changera jamais chez THE CINELLI BROTHERS ?

Ne jamais dire jamais. Quand les gens commenceront à exiger une musique type pour les CINELLI’S, j’essaierai sérieusement de comprendre pourquoi dans un premier temps, puis j’envisagerai la possibilité de changer le son dans ce sens. Nous avons un bluesman dans le groupe (Tom Julian Jones), un Rock Soul (Stephen Giry) et un jazzman (mon frère Alessandro). Les éléments peuvent être mélangés pour toujours et auront un son vintage pour certains et nouveau pour d’autres. L’harmonica est l’instrument du Blues, donc tant qu’il y en aura dans notre musique, le ‘facteur’ Blues sera toujours là, je pense. Moi, je ne suis qu’un clown, là au milieu…

– Par ailleurs, « Almost Exactly » contient des sonorités Southern et même Country Blues et Gospel. Est-ce à dire que vous considérez le Blues au sens large du terme comme un vaste terrain de jeu aux possibilités infinies ?

Le Blues n’est pas un genre, c’est une ambiance. C’est un style de vie, apparent ou réel. Une chose peut cependant paraître ‘bluesy’, si vous chantez la gamme pentatonique avec plus ou moins d’émotion. Je suppose que nous avons l’air bluesy, car il y a beaucoup de gammes pentatoniques dans ce que nous faisons. Nous nous inspirons de ces rythmes qui étaient populaires il y a un demi-siècle. Si une chose est plus Country, ou Gospel, cela dépend du contenu des paroles ou des sons. La délivrance est toujours la même. Mais le Blues porte l’ambiance, c’est sûr.

Photo : Anna Polewiak

– Prochainement, vous allez venir en France pour une belle série de concerts. En dehors de votre guitariste Stephen, est-ce que vous entretenez une relation particulière avec notre pays, qui est aussi une belle terre d’accueil pour le Blues ?

Bien sûr que nous le faisons. Il n’y a rien de plus gratifiant que d’entretenir une relation avec chaque pays dans lequel nous nous produisons. La France est un beau pays plein de gens enthousiastes. La nourriture et la vigne sont excellentes et les musiciens sont parmi les meilleurs. Elle nous a toujours très bien traités, nous ne pouvons que lui rendre la pareille en vous traitant également bien.

– Pour conclure, il n’y a pas que votre musique qui soit très soignée, votre look vintage l’est tout autant. Cela fait partie intégrale de l’univers de THE CINELLI BROTHERS, ou plus simplement de votre quotidien ?

Nous jouons un rôle dans le groupe. Nous sommes des artistes et il n’y a rien de mal à le dire. Quand le style que vous mettez sur scène vous va parfois bien dans la vraie vie, c’est là qu’on se fait ‘cinellier’. Personnellement, j’ai tendance à m’habiller très mal, trop coloré, hors-concours, criard et tout le reste. Tu imagines donc bien que le défi d’apporter un tel style dans le groupe et de convaincre les trois autres n’était pas si grand !

Le nouvel album de THE CINELLI BROTHERS, « Almost Exactly » (Inouie Distribution), est disponible sur le site du groupe avec toutes infos et notamment leurs concerts à venir :

http://www.cinellibrothers.com/

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AOR Hard FM Hard Rock

Lionheart : pacification

Si l’esprit est ouvertement 80’s/90’s, les compos et l’interprétation ne dévoilent pas la moindre ride. Chevronnés et très inspirés, les musiciens de LIONHEART surfent toujours sur une belle vague de Hard Rock mélodique, entre Hard FM et AOR (oui, il y a une différence !). Solide et fédératrice, leur dernière production navigue entre des émotions dues au thème à l’œuvre ici et des envolées dignes des plus belles heures du genre. « The Grace Of A Dragonfly » allie puissance et intemporalité.  

LIONHEART

« The Grace Of A Dragonfly »

(Metalville)

Malgré une histoire qui a commence à la fin des années 80 et un line-up qui a tout du ‘All-Stars Band’, LIONHEART ne compte que quatre opus à son actif, en incluant « The Grace Of A Dragonfly ». Mais depuis « Second Nature » en 2017, les Anglais sont sur une belle dynamique et cette nouvelle réalisation vient confirmer les belles choses entrevues sur « The Reality Of Miracles » (2020). Avec une base Hard Rock, la cuvée 2024 nous embarque sur des refrains accrocheurs dans un Hard FM très soigné.

Forts une réputation qui les précède, Dennis Stratton (guitare, ex-Maiden), Steven Mann (guitare, MSG), Rocky Newton (basse, Wildfire, Schenker), Clive Edwards (batterie, Uli Jon Roth)v et Lee Small (chant, Shy) livrent leur premier concept-album. Centré sur la Seconde Guerre Mondiale, celui-ci se veut un hommage anti-guerre basé sur un travail mélodique exceptionnel. LIONHEART s’est focalisé sur les voix et tout le monde fait d’ailleurs les chœurs, mais c’est guitaristiquement que les Britanniques se montrent brillants.

Réaliser un disque aussi positif sur un thème guerrier n’était pas la chose la plus évidente et pourtant le quintet y est parvenu, grâce à des morceaux harmonieux et finement composés. Les chorus, les twin-guitares, les solos et les riffs du duo Stratton/Mann rayonnent enveloppé de claviers à la fois discrets et efficaces (« Declaration », « V Is For Victory », « The Longuest Night », « Just A Man », « UXB » et le morceau-titre). Tout en maîtrise, LIONHEART se montre sous son meilleur jour et fait parler l’expérience.

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Rock Progressif

The Pineapple Thief : un œil sur le monde

THE PINEAPPLE THIEF fait dans le beau et c’est même sa marque de fabrique. Captivante et délicate, puissante et explosive, la formation d’outre-Manche aime jouer sur les contrastes et les opposer avec toute l’élégance et la technicité qu’on lui connait. Sur « It Leads To This », son Rock Progressif endosse encore le costume d’Art Rock avec une évidence de plus en plus fragrante. Lumineux !

THE PINEAPPLE THIEF

« It Leads To This »

(Kscope)

Avec 15 albums en l’espace de 25 ans d’existence, le rythme mené par les Britanniques est plutôt soutenu. Cependant, cette fois, Bruce Soord et ses compagnons de route ont mis un peu plus de temps pour concevoir « It Leads To This ». Cela dit, étant donné le pédigrée des membres de THE PINEAPPLE THIEF, ça ne semble pas être une question de créativité ou d’inspiration, mais plutôt de recherche de perfection, allant jusque dans le moindre détail pour atteindre ce degré d’exigence inhérent au groupe.

Pour « It Leads To This », Gavin Harrison, également batteur de Porcupine Tree, le bassiste Jon Sykes, le claviériste Steve Kitch et bien sûr Bruce Soord, à la guitare et au chant, semblent s’être focalisés sur l’efficacité des morceaux, ce qui explique qu’aucun d’entre-eux ne s’étalent en longueur. Pour autant, THE PINEAPPLE THIEF reste fidèle à ce qu’il sait faire de mieux : un Rock Progressif léché, subtil et aérien tout en montrant les muscles au moment opportun. En ce sens, les Anglais n’ont rien changé à leurs habitudes.   

Plus concis que ses prédécesseurs, l’album joue pourtant toujours aussi habillement sur les atmosphères, ce qui peut d’ailleurs le rendre plus accessible pour qui découvrirait le quatuor. Car en termes de pépites, THE PINEAPPLE THIEF en livre encore quelques unes, qui devraient faire le plus bel effet en concert (« Rubicon », « The Frost », « All That’s Left », « Now It’s Yours », « Every Trace Of Us »). Sans jouer la carte de la surprise, le combo joue celle de la finesse et de la précision avec une classe de chaque instant.

Photo : Tina Korhonen
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Classic Rock Livre

Led Zeppelin : la vibration ultime [Livre]

LED ZEPPELIN a toujours été entouré de mystères, et c’est même le propre de tous les groupes de cette dimension, aussi peu nombreux soient-ils. Jouant sur les symboles occultes et une force musicale créative assez inédite pour leur époque, les Britanniques ont alimenté bien des fantasmes. Avec « Led Zeppelin en Bandes Dessinées », une vingtaine de dessinatrices et dessinateurs se sont partagés sous forme de chapitres l’épopée de cette formation qui a révolutionné le Rock et qui demeure toujours aussi intrigante et insaisissable, malgré une discographie assez courte, très dense et toujours inégalée.

LED ZEPPELIN EN BANDES DESSINEES

Par Thierry Lamy et Tony Lourenco

(Editions Petit à Petit)

On a déjà tant écrit, et peut-être même déjà tout, sur LED ZEPPELIN qu’on peut se demander en quoi un nouvel ouvrage sur ce groupe mythique se voudrait opportun. L’histoire du dirigeable, qui a réalisé neuf albums studio entre 1969 et 1982, a bouleversé le monde du Rock au sens très large du terme et influencé de multiples courants pourtant souvent lointains. Son ombre est encore très présente sur les nouvelles générations, qui ne l’ont pourtant pas connu au sommet de son art. Malgré tout, « Led Zeppelin en Bandes Dessinées » offre un regard nouveau, notamment grâce à son contenu graphique.

Dans la collection ‘Docu BD’ initiée par les Editions Petit à Petit, le livre scénarisé par Thierry Lamy et Tony Lourenco vient s’ajouter à une belle série, dans laquelle on retrouve de grands noms comme Jimi Hendrix, Pink Floyd, Prince, The Doors, Ac/Dc ou celui dédié au Metal, dont j’ai récemment parlé. LED ZEPPELIN y a bien sûr sa place, tant il pèse sur la planète Rock plus de 30 ans après la séparation du quatuor. Robert Plant, Jimmy Page, John Paul Jones et John Bonham ont fait rêver des générations entières et on situe les ventes totales de sa discographie autour de 300 millions d’albums vendus.

Et comme toutes les légendes, le quatuor a alimenté toutes sortes de mythes. On lui a prêté des proximités très fortes avec l’ésotérisme et l’occultisme notamment, concernant surtout son guitariste, ainsi que toutes sortes de dérapages liés à la drogue. Même si tout n’est pas qu’affabulation, et si l’époque s’y prêtait très franchement, LED ZEPPELIN n’est pas si extravagant qu’il n’en a l’air. Sa musique, en revanche, traverse le temps et pénètre les âmes avec douceur et sauvagerie : une constante. Alors, l’idée de (re)découvrir les Anglais en BD est aussi ludique que cela permet des mises en situation souvent pertinentes.

160 pages / 21,90€

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Alternative Metal Dark Metal Metal Progressif Post-Metal

Final Coil : l’obscurité du monde

C’est du côté de Leicester en Angleterre que FINAL COIL élabore une trilogie depuis sept ans maintenant. Et c’est de main de maître qu’il a mené son projet à bien. Entre Metal, Prog et des climats très subtils, captivants et assez Cold, le spectre musical du trio touche à son apogée sur « The World We Inherited », dont la réalisation et le travail sur les arrangements sont remarquables. Avec sa vision très panoramique, l’ensemble est très technique et superbement structuré.

FINAL COIL

« The World We Inherited »

(Sliptrick Records)

Entamée avec « Persistence Of Memory » en 2017, suivi lʼannée suivante par « The World We Left Behind », FINAL COIL clot sa trilogie magistralement avec « The World We Inherited ». Toujours aussi immersif, le style des Anglais s’affine encore un peu plus, devient aussi plus personnel, tout en restant dans ce post-Metal Progressif et souvent alternatif, qui le caractérise. Très bien réalisé, ce nouvel opus joue autant sur les atmosphères que sur des mélodies accrocheuses extraites d’un univers très Dark.

Si les Britanniques donnent une vision du monde pour le moins sombre et pessimiste, « The World We Inherited » propose des compositions très abouties, parfois complexes et qui viennent se nicher dans un registre où Tool, Alice In Chains, Katatonia et Killing Joke se seraient rencontrés. Autant dire que le challenge est osé, mais FINAL COIL est très loin de manquer d’originalité. Au contraire, son univers est assez unique et reste très organique, malgré la présence d’éléments électroniques.

Composé de Phil Stiles (chant, guitare, claviers et programmation), Richard Awdry (guitare, programmation), Jola Stiles et ses lumineuses lignes de basse, accompagné sur le disque par Barry French derrière les fûts, le groupe brille aussi par une créativité intense. Soigneusement mis en valeur par la production de Russ Russell (Amorphis, Napalm Death), les morceaux concoctés par FINAL COIL vont ravir les curieux, grâce à un voyage musical saisissant (« Wires », « By Starlight », « Purify », « Humanity »). Déjà incontournable.

Photo : Ester Segarra
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Hard Rock Heavy metal

Saxon : le feu sacré

Avec un immense mur de guitare, une paire basse/batterie imparable et un chanteur qui fait preuve d’une énergie incroyable, SAXON déroule avec une facilité bluffante sur ce « Hell, Fire And Damnation », pourtant réalisé en quelques semaines seulement. Jouant les équilibristes entre Hard Rock et Heavy Metal, le groupe reste un modèle de longévité et de créativité. Près de 50 ans après ses débuts, le quintet est plus convaincant et aiguisé que jamais et s’apprête prochainement à enflammer les foules.

SAXON

« Hell, Fire And Damnation »

(Silver Lining Music)

Mais jusqu’où iront-ils ? Alors que la tournée avec Judas Priest ce printemps se profile, il semblerait que son annonce, il y a quelques mois, ait mis un petit coup de pression aux Anglais, qui ne pouvaient se présenter sur scène sans quelques nouveautés. Et a priori, SAXON supporte très bien, mieux, apprécie beaucoup de se retrouver au pied du mur. Avec « Hell, Fire And Damnation », il livre l’un de ses meilleurs albums depuis longtemps et c’est déjà, et pourtant, le 24ème… C’est dire si l’inspiration est toujours aussi vive.

Le moins évident lorsque l’on fait partie de cette légendaire NWOBHM, et que l’on en est autant un pionnier que l’un de ses principaux architectes, est de se renouveler et d’apporter encore quelque chose à l’édifice. Et le sentiment qui domine, à l’écoute de « Hell, Fire And Damnation », est que SAXON n’a franchement pas eu besoin de forcer son talent, tant les dix titres sont d’une fluidité absolue et surtout gorgés de ce naturel qui en fait l’une des formations les plus authentiques de son registre et de son époque.

Et justement, les Britanniques réussissent parfaitement à faire le lien entre leurs meilleures réalisations, désormais mythiques, et un son très actuel. C’est d’ailleurs avec son ami de longue date, Andy Sneap, que Biff Byford a co-produit « Hell, Fire And Damnation ». Et outre l’époustouflante prestation du frontman, le résultat est magistral. Solide et groovy, la rythmique ne faiblit jamais, tandis que le tandem guitaristique Doug Scarrat/Brian Tatler régale par ses mélodies épiques et racées, et ses solos virtuoses. Du SAXON, taille patron !

Photo : Ned Wakeman
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Classic Hard Rock Classic Rock Rock Progressif

Magnum : ultime chapitre

C’est avec un espoir un peu vain que je fais cette chronique de la nouvelle production, et peut-être la dernière, de MAGNUM. Avec le décès de son co-fondateur, songwriter et guitariste Tony Clarkin, c’est forcément une page qui se tourne. Lorsque l’on sait qu’il est le principal artisan du son et de l’identité musicale des Anglais, lui succéder paraît presqu’impossible. De fait, « Here Comes The Rain » dégage, un peu malgré lui, beaucoup d’émotion, mais on retiendra surtout et essentiellement une grande qualité artistique, toujours au rendez-vous.

MAGNUM

« Here Comes The Rain »

(Steamhammer/SPV)

C’est toujours un vrai plaisir de chroniquer un nouveau disque de MAGNUM, l’un des rares groupes qui, après 50 ans de carrière et 23 albums studio à son actif, parvient encore à séduire et convaincre sans mal. Sauf cette fois. Comme vous le savez déjà, Tony Clarkin, guitariste et principal compositeur du quintet nous a quitté le 7 janvier dernier des suites d’une maladie rare de la colonne vertébrale, dont il souffrait depuis des années. Avec lui, c’est un mythe du Rock et du Hard Rock qui s’en est allé et sa grande classe va manquer, tant il s’est montré rassembleur des décennies durant.

Alors, même si j’ai eu la chance d’avoir l’album bien avant sa sortie, « Here Comes The Rain » a quelque peu perdu de sa saveur depuis. Cela dit, posthume ou testamentaire, ce nouvel opus des Britanniques est toujours brillant et leur ‘Pomp Rock’, comme certains aiment l’appeler, rayonne avec autant de force. MAGNUM est une formation unique en son genre, qui possède un caractère aussi rassurant qu’imprévisible. Et son univers très personnel et l’élégance de l’interprétation, tout comme la finesse de la production, sont assez exceptionnels cette fois encore.

Entre Progressif et Classic Rock, les Anglais conservent cette touche 70’s, qui défie le temps, les courants et les modes pour parfaitement se fixer dans son époque, grâce à des orchestrations majestueuses (« Run Into The Shadows », « Here Comes The Rain »). Intacte et d’une justesse impressionnante, la voix de Bob Catley est toujours aussi précise, soutenue et enthousiaste, comme si le temps n’avait aucune emprise (« Blue Tango », « The Seventh Darkness », « Broken City »). MAGNUM resplendit encore avec ferveur et émotion. En attendant de voir de quoi le futur sera fait : merci !

Photo : Rob Barrow
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Hard Blues Hard Rock

Bad Touch : great feelings

Avec cinq réalisations sur dix ans, les Britanniques tiennent leur rythme de croisière, et à en juger par la qualité proposée encore, le chemin ne paraît pas dissimuler la moindre embûche majeure. Partagé cette fois entre un Southern Hard Rock puissant et rugueux et des refrains peut-être plus accessibles, BAD TOUCH n’entre pas encore tout à fait dans le rang, grâce à une fougue alimentée par des Anglais qui veulent en découdre, tout en séduisant leur auditoire. Et en cela, « Bittersweet Satisfaction » est une belle réussite.

BAD TOUCH

« Bittersweet Satisfaction »

(Marshall Records)

Avec son quatrième album, « Kiss The Sky », enregistré aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles il y a trois ans et qui marquait aussi son engagement avec Marshall Records, BAD TOUCH avait sérieusement commencé à faire parler de lui. Sur « Bittersweet Satisfaction », il enfonce le clou et confirme après une décennie d’exercice qu’il va bien falloir compter sur et avec lui. Entre Classic Hard Rock et Southern Blues Rock, le quintet a trouvé sa voie et même si ses influences sont manifestes, son style et sa musique font tellement de bien.  

Ce qui rend les morceaux de ce nouvel album si fluides et évidents vient peut-être aussi du fait que le line-up est le même depuis le début. Cela expliquerait toute cette cohérence. Un brin vintage et old school, BAD TOUCH avance pourtant dans un revival très actuel et des compos intemporelles. Rob Glenndinning et Daniel Seekings forment une véritable machine à riffs capable aussi de produire des solos directs et tout en feeling. Et si les titres de « Bittersweet Satisfaction » sont assez courts et formatés, on le doit surtout à la recherche d’efficacité.

Impérial au chant, Steve Westwood apporte une incroyable chaleur aux dix titres et la rythmique hyper-groovy est implacable et propulse cette nouvelle production dans un Rock à la fois british et très sudiste. BAD TOUCH se nourrit du meilleur et même si le combo du Norfolk se fait plus mainstream qu’auparavant, l’ensemble est toujours aussi réconfortant et addictif (« Slip Away », « This Life », « Bittersweet satisfaction », « Taste This », « Come back Again », « Dizzy For You »). Inutile de dire les ravages que ce nouvel opus devrait procurer sur scène !

Photo : Rob Blackham
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Blues Blues Rock Soul / Funk

Brave Rival : une incroyable communion

Une rythmique infaillible et tout en souplesse, un guitariste inspiré et virtuose et deux chanteuses qui se complètent autant qu’elles se distinguent, voici les délicieux ingrédients à l’œuvre lors des prestations scéniques de BRAVE RIVAL. En l’espace de quelques années seulement, l’Angleterre a été prise d’assaut par son Blues Rock aussi fougueux que sensuel et si l’on en croit ce somptueux « Live At The Half Moon », ça ne va pas en rester là.    

BRAVE RIVAL

« Live At The Half Moon »

(Independant)

S’il y a des groupes qui excellent en studio, la scène a très souvent le pouvoir de les transcender et dans le domaine du Blues, c’est même régulièrement une évidence. Ce n’est  donc sans doute pas une coïncidence si BRAVE RIVAL a commencé avec « Live At The Echo Hotel Music Club », un premier album enregistré en 2019 et en live. Pour autant, l’an dernier, les Britanniques ont livré « Life’s Machine », un effort studio salué, qui a permis à leur Blues Rock de mettre en évidence le talent de ses membres.

Nominé entretemps aux UK Blues Awards, BRAVE RIVAL a repris la route et c’est lors d’un passage en juin dernier à Putney dans la banlieue sud de Londres qu’il a immortalisé ce « Live At The Half Moon », éclatant de bout en bout. Le son et la personnalité du quintet s’affirment et se peaufinent et ce concert montre toute la confiance acquise et engrangée depuis ses débuts. D’ailleurs, le public présent ne s’y trompe pas et est littéralement sous le charme de cette énergie très communicative.

D’entrée de jeu, le survolté « Run And Hide » montre que BRAVE RIVAL sait déployer un Rock vigoureux sur des riffs appuyés que l’on retrouve ensuite sur « Magnetic », « Thin Ice » ou le truculent « What’s Your Name », qui clôt le disque. Avec son irrésistible duo de chanteuses, Chloe Josephine et Lindsey Bonnick, les Anglais présentent aussi des instants Soul d’une grâce incroyable (« Come Down », « Fool Of You », « Insane »). Le Blues Rock du combo ne connait ni frontière, ni limite et on se régale.

L’album est disponible sur le site du groupe : https://braverival.com/

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force l’an dernier :

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Livre Rock Progressif

Yes : à l’assaut d’une icône [Livre]

Auteur très prolifique et grand connaisseur du monde du Rock dans ses grandes largeurs, Dominique Dupuis récidive avec un livre consacré au mythique quintet YES. Dans la foulée d’« Emerson Lake & Palmer », c’est à un autre monstre sacré du Rock Progressif, un style qu’il connait parfaitement, et aussi à une époque pionnière en la matière, qu’il s’attèle avec la même passion et la même ferveur. Ce beau pavé se dévore autant qu’il semble avoir inspiré son rédacteur.

YES

Dominique Dupuis

(Editions du Layeur)

Si vous pensiez tout connaître au sujet de YES, ce groupe phare qui a écrit parmi les plus belles pages du Rock Progressif depuis les années 70 jusqu’à « Mirror To The Sky » sorti en mai dernier chez InsideOut Music, c’était sans compter sur Dominique Dupuis et son érudition. Ayant vécu ‘en temps réel’, les débuts, l’ascension et l’apogée des Anglais et ayant déjà publié des ouvrages sur Frank Zappa, Pink Floyd, Deep Purple et plus récemment sur Emerson Lake & Palmer, « Yes » est une suite finalement très logique de son immersion dans cette époque si riche musicalement et dans l’univers progressif.

Sur 365 pages, l’auteur retrace avec minutie l’œuvre gigantesque de YES, à travers ses classiques, ses albums studios, ses live bien sûr et de nombreuses archives bien mises en valeur par un travail iconographique remarquable. Avec des hauts et des bas, des séparations et des reformations, on retient tout de même un line-up de légende marqué par l’empreinte artistique de Jon Anderson (chant), Chris Squire (basse, décédé en 2015), Steve Howe (guitare), Bill Bruford et Alan White (batterie), ainsi que Rick Wakeman (claviers). Et malgré les nombreux changements, l’identité est toujours aussi bien préservée.

Ainsi, l’héritage des Britanniques est bel et bien vivant et c’est aussi ce que vient rappeler le beau livre de Dominique Dupuis. Fourmillant de détails sur les multiples rencontres, collaborations, albums solos de ses membres et avec une précision absolue sur chaque disque, « Yes » revient également sur l’incroyable illustrateur Roger Dean qui a littéralement façonné l’image du groupe. Ses illustrations parlent à l’imaginaire collectif et c’est, là aussi, toute la force et le talent de YES depuis plus de cinq décennies. Pas seulement réservé aux fans, cette somme d’informations s’adresse à tous les amoureux de Rock, progressif ou non.

Editions du Layeur / 365 pages / 45€

Retrouvez la présentation du livre « Emerson Lake And Palmer » :