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Blues Rock Hard US Rock Hard

Orianthi : la vérité et le feeling de la scène

Devenue très populaire grâce à ses collaborations avec des artistes de légende, ORIANTHI a sorti six albums studio et même si elle reste très attachée à un Blues Rock parfois Metal, c’est surtout le côté Pop de ses compositions que l’on a retenu. Pourtant sur scène, l’Australienne se livre pleinement et sans fard, offrant à ses morceaux une toute autre dimension, plus authentique et sincère, dont « Live From Hollywood » est un beau témoignage.

ORIANTHI

« Live From Hollywood »

(Frontiers Music)

Cela fait déjà un bon moment que l’Australienne a pris son envol en solo, tout ayant partagé la scène avec de grands noms du Rock et du Hard Rock. Et après des albums studio peu convaincants, car trop produits et très lisses, il se pourrait bien que cette septième réalisation dévoile enfin le véritable visage et surtout le talent incontestable de la guitariste et chanteuse ORIANTHI, dont le répertoire ne manque pas de piquant.

Car c’est en concert que la musicienne s’est fait remarquer grâce à des performances de haut vol et une forte présence. Et ce « Live From Hollywood » reflète bien l’énergie et l’intensité de ses concerts. Capté au Bourdon Room à Hollywood le 8 janvier dernier, ce premier album live d’ORIANTHI met parfaitement en valeur son côté virtuose de la six-cordes à travers des titres pour l’essentiel extraits de « », sorti en il y a deux ans.

Nettement moins Pop qu’en studio, on retrouve un jeu plus musclé, toujours très bluesy et parfois même aux frontières du Hard Rock : un rôle qui lui va bien (« Contagious », « Sinners Hymn »). On la sent réellement dans son élément et, accompagnée d’un excellent groupe, on découvre ORIANTHI sous un nouveau jour (« Think Like A Man », « What’s It Gonna Be », « Impulsive », « According To You »). Un live qui fait du bien ! 

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Desert Rock Heavy Psych Rock Stoner Rock

Stöner : ascensionnel

Avec « Totally… », le power trio passe à la vitesse supérieure avec un deuxième album, qui reflète parfaitement les influences de ses fondateurs Brant Bjork et Nick Oliveri. Le côté épais et Punk de son bassiste entremêlé avec le jeu solaire et Desert de son guitariste font de STÖNER la quintessence-même d’un Stoner/Desert Rock incandescent, riche et ardent.

STÖNER

« Totally… »

(Heavy Psych Sounds Records)

La réunion entre Brant Bjork (Kyuss, Fu Manchu) et Nick Oliveri (Kyuss, QOTSA, Mondo Generator) bien accompagnés par Ryan Güt derrière les fûts s’était révélée plus qu’enthousiasmante sur l’excellent Volume 4 des « Live In The Mojave ». Quelques semaines plus tard, STÖNER confirmait cette belle créativité avec « Stoners Rule », un premier album en forme de gigantesque et addictive jam.

Le trio américain transpire le Rock’n’Roll et « Totally… » vient confirmer les espoirs placés dans ces monstres sacrés d’un style qu’ils ont eux-mêmes fortement contribué à créer. Se partageant le micro, le duo Bjork/Oliveri emporte STÖNER dans un tourbillon où le Hard Rock Old School, le Heavy Blues, le Desert et le Punk Rock font la fête sans relâche. Et cette solide communion emporte tout sur son passage.

Soufflant le chaud et le froid, le combo déploie un groove imparable où un chaos sourd côtoie des riffs solaires et où le jeu des Californiens se fait aussi galopant que lancinant. Très coloré, le style de STÖNER se précise et s’ouvre à d’autres dimensions dans une complicité à trois très décontractée (« A Millions Beers », « Space Dude & The Burn », « Turn It Around Now », « Great American Sage »). Brillant.

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Bonnie Raitt : en toute simplicité

Le Blues de BONNIE RAITT est éternel et sa voix garde cette intensité rare qui fait d’elle l’une des plus grandes blueswomen de tous les temps. Compter les très bons albums de la songwriter américaine serait déplacé, mais « Just Like That… » en fait bel et bien partie, malgré les épreuves endurées ces derniers mois par la musicienne. A travers un style toujours très Soul, elle resplendit de toute sa classe.

BONNIE RAITT

« Just Like That… »

(Redwing Records)

Les décennies passent et l’étincelle brille toujours chez BONNIE RAITT, qui livre une fois encore un grand et bel album. Six ans après l’excellent « Dig In Deep », la chanteuse américaine a réuni ses partenaires de prédilection pour un « Just Like That… » des grands jours. Enregistré l’été dernier à Sausalito en Californie, ce nouvel opus sort sur son propre label, preuve d’une liberté tenace.

Brillamment accompagnée par les fidèles James Hutchinson (basse), Ricky Fataar (batterie), Glenn Patscha (claviers) et Kenny Greenberg (guitare), BONNIE RAITT passe du Blues à la Soul avec une touche toujours Rock et même Reggae avec la reprise de Toots Hibbert, « Love So Strong ». La musicienne s’éclate, son enthousiasme est toujours aussi communicatif et du haut d’une telle carrière, rien ne lui résiste.

Ponctué de somptueux chorus de slide, de refrains entêtants et de partitions exceptionnelles d’orgue, « Just Like That… » s’inscrit parmi les meilleures productions de la Californienne. De « Made Up Mind », à « Waitin’ For The Blow », « Livin’ For The Ones » ou le très bon morceau-titre, BONNIE RAITT éclabousse de son talent ce nouvel album très inspiré et virtuose. Une perle… encore ! 

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Hard US Rock US

Dorothy : la voix à suivre

Très Rock et toujours aussi pétillante, la frontwoman Dorothy Martin sort le troisième album de son groupe, « Gifts From The Holy Ghost », où elle s’impose dans un Rock Hard US costaud. Ce nouvel opus de DOROTHY confirme une volonté et une ardeur plus que jamais évidentes. Déterminé et fédérateur, le combo affiche une fraîcheur percutante.

DOROTHY

« Gifts From The Holy Ghost »

(Roc Nation)

Avec un album de cette trempe, DOROTHY devrait asseoir de manière pérenne son statut de très bon groupe de Rock Hard US. Basé à Los Angeles et mené par sa frontwoman d’origine hongroise Dorothy Martin, le combo livre à nouveau un très bon opus entre puissance et délicatesse. Quatre ans après « 28 Days In The Valley », la chanteuse affirme son style.

« Gifts From The Holy Ghost » se distingue par un sentiment d’urgence qui le rend plus pêchu et plus rentre-dedans que ses deux prédécesseurs. Produit par le très expérimenté Chris Lord Alge (Avenged Sevenfold), les influences Rock, Heavy et bluesy de DOROTHY resplendissent et se fondent dans une unité que le groupe n’avait encore jamais atteint.

Avec le soutien de Keith Wallen, Jason Hook, Scott Stevens, Phil X, Trevor Lukather et Joel Hamilton, cette nouvelle réalisation se veut aussi solide qu’accrocheuse et la chanteuse prend une envergure nouvelle (« Beautiful Life », « Top Of The World », « Black Sheap », « Made To Die »). Entre punch et mélodies imparables, DOROTHY semble libérée et sur de bons rails.

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Fusion Rock US

Red Hot Chili Peppers : ci-gît un piment

A grand coup de teasing, de singles et d’annonces en tout genre, le gang de Los Angeles a annoncé son retour usant de tous les coups marketing possibles. Un line-up retrouvé et une longue attente : tous les ingrédients étaient réunis pour un évident couronnement. Seulement, les RED HOT CHILI PEPPERS en ont décidé autrement en livrant un « Unlimited Love » sans relief et sans saveur, provoquant ainsi un désamour illimité. Chronique d’une mort assumée.

RED HOT CHILI PEPPERS

« Unlimited Love »

(Warner Bros Records)

Six après « The Getaway », voici donc que les RED HOT CHILI PEPPERS sortent du bois. Même si on a déjà pu découvrir, avec plus ou moins de bonheur, les trois premiers singles issus de « Unlimited Love », à savoir « Black Summer », « Poster Child » et « Not The One », il restait encore 14 autres titres à supporter. Zut ! Je suis à découvert ! Car, ne tournons pas (comme le groupe) autour du pot plus longtemps, ce douzième album des Californiens est d’un ennui profond et presque pervers. La fougue et la créativité se sont tristement évaporées.

Pourtant, les astres semblaient être alignés avec le retour de la revanche de John Frusciante à la guitare, dix ans après son départ et le double-album « Stadium Arcadium ». Rick Rubin, grand artisan du son à la production, laissait aussi envisager le meilleur… et il a d’ailleurs fait un travail remarquable. Mais ça ne suffit pas. Les RED HOT CHILI PEPPERS sont la preuve vivante que l’accumulation de talents ne suffit pas. Loin de là… L’équation reste toujours la même : il faut avoir quelque chose à dire, et pas seulement à travers des textes interminables.

« Unlimited Love » nous balade au bout de l’ennui (« It’s Only Natural », « This Are The Ways », « Whatchu Thinkin’ ») nous mettant devant le fait accompli : le groupe a définitivement perdu de sa superbe. On peut de fait aussi s’interroger sur la nécessité de produire 17 morceaux (!) s’affalant sur 1h15. Un acharnement jusqu’au-boutiste auquel RED HOT CHILI PEPPERS ne nous avait pourtant pas (tout le temps) habitué. « Freaky Styley », « Mother’s Milk » et « Blood Sugar Sex Magik » semblent si loin et déjà d’un autre temps.     

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Metal SkaCore

8 Kalacas : fuego !

Loin du glamour des plages mexicaines ou même californiennes où il réside, 8 KALACAS se présente depuis 20 ans comme l’un des groupes phares du Metal SkaCore. Tranchant et revendicatif, le sextet sort un troisième album qui sent la poudre. « Fronteras » explose sur chaque morceau et respire autant la fiesta que la guérilla.

8 KALACAS

« Fronteras »

(Atomic Fire Records)

Enjoué et explosif, voilà le cocktail survitaminé servi frappé par le sextet californien 8 KALACAS. Troisième album déjà pour les bandidos du SkaCore Metal et il faut bien avouer que « Fronteras » est un mélange de saveurs pour le moins détonnant. Prenez un Hard-Core féroce et du Metal massif, ajoutez-y une session cuivre frénétique, un chant féroce en espagnol, et le Mexique version mariachi sous acid vous tend les bras.

Enregistré à Los Angeles, ce nouvel opus dépeint avec engagement et rage les nombreux travers de la société américaine. Sans détour, 8 KALACAS dénonce les divisions de classe, raciales et sexistes de son quotidien avec un ressentiment acerbe non-dissimulé. Le combo frappe vigoureusement avec des morceaux propices au plus furieux des moshs. Bien plus qu’un groupe, les Américains sont une famille, une véritable tribu soudée comme jamais.

Sur un groove imparable, des riffs acérés, une solide rythmique et une folle combinaison trompette/trombone, le SkaCore des Californiens devient très vite addictif et la contagion se propage au fil des morceaux (« Frontera », « R2rito », « Luna », « Luz Y Fer », « 1941 »). Artisan d’une fusion endiablée, 8 KALACAS ne se prélasse pas sous le soleil d’une plage mexicaine, mescal ou tequila en main : il dynamite sans retenue.

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Hard 70's Rock

Beth Hart : aux commandes du dirigeable

Même pour la grande BETH HART, reprendre Led Zeppelin est un beau challenge. Et l’Américaine, malgré un accent souvent trop marqué, fait plus que de s’en sortir : sa performance est impressionnante et la tracklist franchement à la hauteur. Portée par un casting de rêve, la chanteuse est remarquable et d’une justesse incroyable. Presqu’une promenade de santé pour la Californienne.

BETH HART

« A Tribute To Led Zeppelin »

(Provogue/Mascot Label Group)

Après le très bon « War In My Mind », qui demeure l’un des meilleurs albums de la Californienne, BETH HART s’est retrouvée privée de tournée. Et à force de tourner en rond, elle a succombé à la proposition de longue date du producteur Bob Cavallo (Green Day, Linkin Park, …) de consacrer un disque en hommage à Led Zeppelin, dont elle reprend d’ailleurs des morceaux sur scène depuis des années.

Certes, choisir neuf titres parmi l’imposante discographie du dirigeable n’a pas du être aisé pour la chanteuse, même si sa voix reste un atout majeur pour ce nouvel exercice. Et il faut bien avouer que la prestation de BETH HART est plus que convaincante, tant elle semble très à son aise, elle qui fut même adoubée par Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones themselves lors d’un live en 2012.

Excellemment entourée de musiciens de renom, la musicienne brille sur « Whole Lotta Love », « Kashmir », « The Crunge » et « Black Dog », puis propose deux medleys très réussis (« Dancing Day/When The Levee Breaks » et « No Quarter/Babe I’m gonna Leave You »). Le seul bémol vient de sa version de « Stairway To Heaven », où l’accent américain de BETH HART dénote complètement. Une très belle prouesse tout de même !

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Eric Gales : un pas vers le trône

Personnage excentrique et musicien hors-pair, le chanteur et guitariste ERIC GALES réapparaît tout en sobriété (!) avec « Crown », un seizième album où le Blues Rock se fond dans la Soul et le Rythm’n Blues brillamment. Provocateur et toujours très technique, le compositeur laisse ici parler son feeling sans être trop démonstratif.

ERIC GALES

« Crown »

(Provogue Records/Mascot Label Group)

Si vous ne connaissez pas le grand bluesman qu’est ERIC GALES et que vous souhaitez apprécier pleinement son nouvel album, ne vous attardez ni sur la pochette de « Crown », ni sur l’arrogance affichée et le parcours pour le moins chaotique de l’Américain. Le mieux est de profiter de ce seizième opus en se concentrant sur le son et surtout sur son jeu enfin retrouvé.

En 30 ans de carrière, le guitariste et chanteur californien est passé par tous les états, et dans tous les sens du terme, et semble aujourd’hui plus serein et inspiré que jamais. Six-cordiste très technique, ERIC GALES n’en demeure pas moins un artiste au feeling incroyable emprunt de Soul et de Rythm’n Blues au service d’un Blues tantôt Rock et souvent langoureux.

Ayant retrouvé sa créativité après des années de lutte contre sa toxicomanie, on retrouve l’énorme talent d’ERIC GALES. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Josh Smith et Joe Bonamassa, qui apparaît sur « I Want My Crown », produisent ce bel album. Très organique, les morceaux prennent une dimension où le groove tient le beau rôle (« Death Of Me », « Let Me Start With This », « The Storm »). Un joyau de plus !

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Groove Metal

Korn : liturgie versatile

Décidément, KORN ne cessera jamais de surprendre et de déstabiliser ses adorateurs comme ses détracteurs. Percutant, tordu, mélodique et massif comme personne, le combo navigue cette fois entre noirceur, SF et un côté expérimental plus débridé que jamais. « Requiem », sur une grosse demi-heure, vient coller une grosse claque sur un groove imparable et chirurgical. 

KORN

« Requiem »

(Loma Vista/Virgin/Universal)

Loin d’être un chant du cygne sur fond de requiem, ce quatorzième album de KORN serait plutôt une renaissance. Après le très bon « The Nothing », le combo de Bakersfield, Californie, s’est aussi retrouvé privé de scène, ainsi que sans contrat discographique. Libre, l’occasion était trop belle pour le groupe de prendre une belle respiration et « Requiem » va même au-delà des espérances.

Sans taper dans une nostalgie désespérée, KORN est au contraire revenu avec une envie nouvelle et le désir de faire simplement ce qu’il sait faire de mieux. Musicalement, le quatuor réalise un bond en arrière de 20 ans avec une production pertinente, une maturité à son sommet et un état d’esprit à l’ancienne. Celui-là même qui a montré la voie depuis des années à tant de groupes.

Toujours aussi insaisissable, Jonathan Davis livre une prestation toute en puissance et en nuances, entre fracas et mélodies millimétrées (« Start The Healing », « Disconnect »). La lourdeur et l’aspect alchimiste des riffs et ce groove si reconnaissable de la basse affichent une dextérité et une efficacité redoutable (« Let The Dark Do The Rest », « Penance To Sorrow »). KORN réalise un tour de force phénoménal sur 32 minutes intenses.

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Psych Stoner/Desert

Earthless : dans l’immensité de Joshua Tree

EARTHLESS a toujours eu une place à part dans le monde du Stoner Rock. Et pour cause, son positionnement mariant Psych, Acid Rock et envolées instrumentales n’est pas commun. Spécialiste des prestations live trippantes, le trio renoue avec un album entièrement instrumental, une fois encore assez unique. « Night Parade Of One Hundred Demons » va mettre tout le monde d’accord.

EARTHLESS

« Night Parade Of One Hundred Demons »

(Nuclear Blast Records)

Après la sortie d’un live majestueux dans le désert de Mojave en Californie au printemps dernier paru chez Heavy Psych Sounds Records, on retrouve EARTHLESS cette fois chez Nuclear Blast pour un nouvel album studio tout aussi étonnant. Avec « Night Parade Of One Hundred Demons », le trio renoue avec ses bonnes habitudes, à savoir un Stoner Heavy Psych entièrement instrumental et saisissant.  

Le trio hors-norme formé il y a 20 ans à San Diego a la particularité de n’avoir jamais connu de changement de line-up, et c’est aussi probablement ce qui permet aux Américains d’évoluer dans un registre qui n’appartient qu’à eux. Grand spécialiste des morceaux à rallonge qui évoquent irrémédiablement de longues jams endiablées, EARTHLESS se fait encore remarquer de très belle manière.  

C’est bien sûr au Rancho De La Luna à Joshua Tree qu’Isaiah Mitchell (guitare), Mike Eginton (basse) et Mario Rubalcada (batterie) ont enregistré ce sixième album studio où le Psych côtoie l’Acid Rock dans un Stoner très progressif et Desert. Composé de trois morceaux de vingt minutes, le voyage initié par EARTHLESS sur ce nouvel opus est aussi captivant que renversant. Le summum du genre !