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Classic Hard Rock Rock

Simon McBride : so british

Pas totalement personnel, « Recordings : 2020-2025 » offre un beau panel des goûts et surtout du talent de SIMON McBRIDE et permettra à qui ne le connaîtrait pas vraiment de mieux comprendre pourquoi il a été le choix de Deep Purple pour remplacer Steve Morse. Entre Rock, Classic Rock et Hard Rock, le guitariste a enregistré quelques inédits, en une seule prise et au studio Chameleon à Hambourg en Allemagne, en complément de reprises réinventées, qui ne laissent pas de doute sur ses influences et encore moins sur sa virtuosité.  

SIMON McBRIDE

« Recordings : 2020-2025 »

(earMUSIC)

En 2023, la carrière du musicien originaire de Belfast a pris un sacré tournant avec son intronisation au sein de Deep Purple et une implication conséquente sur « =1 », dernier et très bon opus en date de la légendaire formation. Cela dit, le parcours de SIMON McBRIDE est aussi assez éloquent. Compositeur, musicien et producteur, il signe ici son sixième album studio après avoir évolué au sein de Sweet Savage, Snakecharmer et aux côtés de Don Airey. Une carte de visite plus que conséquente et de haut vol.

Cette fois, l’Irlandais revient avec un disque un peu spécial, qui regroupe des enregistrements datant des cinq dernières années et même finalisés juste avant son arrivée chez Deep Purple. Composé de titres originaux et de reprises, « Recordings : 2020-2025 » résume plutôt bien la vision du Rock de SIMON McBRIDE et permet aussi de constater sa facilité à s’approprier à peu près tous les genres avec beaucoup de facilité. Pour autant, pas complètement caméléon, c’est essentiellement sa touche qu’on retrouve ici.

Après « The Fighter » en 2022, c’est donc un panorama plus Rock qu’il propose sur 15 titres, qui montrent une belle homogénéité. La production est assez sobre, mais le toucher est toujours aussi singulier. Nette et avec des accroches souvent Hard Rock, la fluidité de SIMON McBRIDE est un modèle du genre que ce soit sur les riffs ou les solos. Par ailleurs, c’est assez bluffant aussi de constater qu’il s’inscrive à ce point dans des sonorités ‘so british’, dans ses compositions comme dans le choix des reprises. Un bon moment !

Photo : Jim Rakete

Retrouvez la chronique de « The Fighter », celle du dernier album de Deep Purple et du coffret de Snakecharmer :

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Blues Rock Classic Rock

Ellis Mano Band : polymorphe

Un pied dans un Blues très actuel et l’autre dans un Classic Rock intemporel, ELLIS MANO BAND continue sa belle aventure en se dévoilant un peu plus sur ce quatrième opus, où il semble avoir digéré les nombreuses références qui rassemblent les cinq musiciens. Et le style n’en est pas plus resserré pour autant. Au contraire, « Morph » montre un visage aux multiples facettes, tout en se faisant très rassembleur et sans perdre le sens très affiné et raffiné de son jeu. Les disques de ce calibre se font rares et lorsqu’ils montrent autant de facilité et d’évidence dans le jeu, cela devient une réelle gourmandise, dont on dévore chaque miette.

ELLIS MANO BAND

« Morph »

(SPV Recordings)

Après un somptueux album live en mars de l’année dernière (« Access All Areas »), ELLIS MANO BAND est cette fois retourné en studio pour y enregistrer son quatrième album. Et la formation internationale y a encore fait des merveilles. Très inspirés, les cinq musiciens font parler l’expérience et se présentent avec dix nouveaux titres, plus un morceau enregistré en public, « The Fight For Peace », petit chef d’œuvre de sept minutes. Et les surprises se succèdent, tant le groupe du chanteur Chris Ellis et du guitariste Edis Mano sort de son habituel Blues Rock. Une façon aussi de franchir certaines frontières musicales et de se faire plaisir sans rien se refuser. Et avec autant de talent, tout paraît si simple et spontané.  

Car si ELLIS MANO BAND œuvre pour l’essentiel dans un Blues très contemporain sur « Morph », il n’hésite pas très longtemps à prendre le parti d’un Classic Rock solide et enlevé, histoire aussi d’appuyer son propos comme sur le génial « For All I Care » ou « Countdown To Nothing ». Les Suisses montrent une incroyable variété dans les ambiances, et ce n’est pas pour déplaire à leur frontman, qui livre une prestation entre émotion et pleine puissance (« Scars », « Virtually Love »). Le jeu d’Edis Mano est, quant à lui, toujours aussi virtuose. Le six-cordiste reste d’une dextérité et d’une fluidité absolue et se garde bien de ne pas tomber dans le démonstratif, malgré une technique souvent très impressionnante.

Toujours justes et jamais superflus, les claviers portent les mélodies, tandis que la rythmique élève un peu plus ces nouvelles compositions, comme sur « Madness And Tears » qui n’est pas sans rappeler un certain David Bowie, preuve s’il en est qu’ELLIS MANO BAND est à son aise dans des registres où on ne l’attend pas forcément.  Il est question de délicatesse aussi, bien sûr, quand le quintet se fait plus Blues (« Count Me In », « 20 Years », « Stray »). Un mot aussi de la très belle production de « Morph » qui, parfaitement équilibrée, dévoile au fil des écoutes des arrangements d’une grande finesse et des variations sonores assez stupéfiantes. Les Helvètes placent la barre toujours plus haut avec beaucoup de naturel.

Photo : Tabea Hüberli

Retrouvez la chronique de leur précédent album live :

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Classic Rock Glam Rock International

Gyasi : glittin’ Rock [Interview]

En quelques années seulement et avec un nouvel album qui vient tout juste de sortir, GYASI s’est imposé comme un artiste à la fraîcheur outrancière. Bousculant les codes d’une scène Rock actuelle qui ne cesse de se cloner, l’Américain nous renvoie à une époque créative et insouciante, où la liberté d’explorer de nouveaux univers était presque la norme. Entre Classic Rock et Glam, le chanteur et guitariste se présente avec « Here Comes The Good Part », où il va encore plus loin dans la découverte de son propre monde. Forcément hors-norme, il a pourtant la tête sur les épaules et chaque nouveau disques se veut plus imaginatif que le précédent. L’occasion d’en parler et de revenir sur ce personnage insaisissable qu’il incarne avec beaucoup de classe et sans retenue.

– En mai dernier, tu avais sorti « Rock n’Roll Swordfight », ton premier album live. Lors de notre première interview, on avait justement parlé de cet esprit très ‘live’ qui t’animait. J’ai presque l’impression que cela s’est fait de manière très naturelle pour toi, même s’il arrive vite dans ta discographie. C’est aussi ton sentiment ?

Oui, ça s’est fait très naturellement. Sur scène, la musique devient vraiment quelque chose de vivant, qui respire et où chaque musicien contribue et interagit avec les autres et avec le public. Souvent, les concerts ne sont pas suffisamment bien enregistrés pour être publiés, donc le point de départ pour cet album était que nous ayons trois concerts enregistrés en multipiste, afin de pouvoir leur offrir un bon mix. C’était la condition sine qua none, juste avoir les enregistrements bien réalisés entre les mains. Ce que je voulais montrer, c’était comment beaucoup de chansons avaient changé et s’étaient développées au fur et à mesure que nous les jouions et que nous improvisions chaque soir en tournée. J’ai donc pensé que cela leur offrait une nouvelle perspective et qu’elles méritaient d’être publiées, même si c’était un peu tôt dans la discographie. Nous nous sommes juste dit, pourquoi pas ? Et on l’a fait !

– D’ailleurs, dans cet album live, tu nous avais dévoilé les morceaux « Cheap High », « Baby Blue » et « 23 ». Tout d’abord, aimes-tu tester tes chansons sur scène ? Et ensuite, est-ce que cela veut aussi dire que ce nouvel album était déjà prêt, du moins en partie ?

Oui, je pense que tester les chansons en live peut être utile. Parfois, cela les aide à devenir ce qu’elle doive être. D’ailleurs, nous avions joué une première version de « Sweet Thing » (qui ouvre le nouvel album – NDR) en live et il était évident qu’elle n’était pas encore terminée. Alors je suis allé la réécrire pour qu’elle soit telle qu’elle est sur le disque. Je pense souvent à la façon dont une chanson s’intégrera dans notre set live lorsque j’écris. Donc si elle semble vraiment ajouter au flux du set, alors je la joue parfois en live avant même que nous l’ayons enregistrée. Ces trois chansons ont certainement été les premières écrites pour cet album. Je les avais en tête depuis un moment, et je les ai terminées l’année dernière quand j’ai eu un peu de temps.

– On te retrouve donc avec « Here Comes The Good Part », digne successeur de « Pronounced Jah-See ». Un petit mot sur le titre : est-ce que cela veut dire que le premier était une sorte d’essai ? Un premier jet pas forcément abouti, car ce n’est pas l’impression qu’il donnait ?

Non, je pense que le premier disque était déjà abouti. C’était certainement plus une introduction. Le titre de celui-ci est plus ludique et je voulais qu’il soit ouvert à l’interprétation. Quelle est la bonne partie ? Est-ce qu’on le sait quand on l’a trouvée ? C’est tellement subjectif. Chacun se fera sa propre idée…

– Ce nouvel album est co-produit avec Bobby Holland et ton empreinte musicale semble nettement mieux définie, comme si vous étiez allés dans vos derniers retranchements en explorant beaucoup plus de sonorités. C’est dû à une plus grande maîtrise, ou y avait-il des choses que tu t’étais peut-être interdites ou que tu n’avais pas osées sur le précédent ?

Un peu des deux. Pour moi, c’est la clef pour progresser. C’est le processus que j’aime le plus. Faire mon premier disque tout seul a été le déclic pour pouvoir faire celui-ci. Et faire celui-ci m’a également fait avancer en étant capable de faire ce que j’écris maintenant. J’explore et je me pousse toujours de manière créative. J’ai clairement exploré plus de sons sur celui-ci et Bobby Holland y a joué un rôle énorme. C’est un producteur et un ingénieur incroyablement talentueux qui m’a beaucoup aidé à traduire sur le disque ce que j’entendais dans ma tête. Avec lui, je me suis senti plus en confiance pour explorer des choses que je n’avais pas la capacité de réaliser dans ma chambre sur mon magnétophone huit pistes, comme arranger des cordes ou écrire au piano.

– Bien sûr, jouer du Glam Rock en 2025 renvoie forcément à l’âge d’or du style avec toujours les mêmes noms qui reviennent. Est-ce que ce n’est pas usant parfois d’entendre toujours les mêmes critiques, alors justement que ton jeu apporte vraiment du neuf ?

Oui, c’est fatiguant, mais je pense qu’au fil des albums, ma propre voix se solidifie. Sur chaque disque, je me demande toujours quelle est la partie qui me correspond le plus ou qui est la plus unique et comment je peux amplifier et explorer ça. Comme je suis capable de combiner mes différentes influences et de créer la musique que je veux, je pense que certaines de ces comparaisons vont se dissiper. D’un autre côté, la plupart des artistes qui sont mentionnés sont ceux que je considère comme le summum de la musique et de l’art. Donc, je suis souvent honoré d’être comparé favorablement.

– Pour rester sur le Glam Rock, vous êtes assez peu nombreux à en jouer aujourd’hui dans sa forme ‘classique’ en tout cas et en reprenant les codes du genre. Est-ce que tu te sens parfois étranger à la scène Rock actuelle, ou au contraire, cela t’ouvre beaucoup plus de portes que tu ne l’aurais pensé ?

Je me sens un peu étranger à la scène Rock actuelle, c’est vrai. Il y a beaucoup de nostalgie et peu de nouveautés qui semblent vitales et intéressantes au niveau de la création. Honnêtement, je me sens généralement plus connecté à ce que je vois se passer dans d’autres cercles que la scène Rock. Mon espoir est cependant de ramener un peu de cette vitalité créative au Rock et de le rendre passionnant et vital.

– L’impression immédiate que m’a donnée « Here Comes The Good Part » est que ta musique évolue en même temps que toi, ou que ton personnage au sens large à travers ton look notamment, et c’est précisément ce qui donne toute cette fraîcheur au disque. Est-ce que tu travailles, ou explores, ces deux facettes de manière simultanée et est-ce que l’une prend parfois le dessus sur l’autre ? Le look sur la musique, par exemple ?

Je pense qu’ils sont tous les deux en constante évolution. A mon avis, la musique vient en premier et que l’aspect visuel, c’est-à-dire le personnage, s’adapte ensuite à elle. J’élargis simplement mon univers à chaque album et donc il est amené à assumer de nouveaux rôles.

– Revenons à l’album et j’aimerais que l’on parle des arrangements, qui sont aussi nombreux que soignés. On y retrouve du piano et des cuivres, et ta guitare qui donne le ton. Est-ce que c’est un moyen de s’évader d’un Rock souvent brut et direct pour pouvoir exprimer plus d’émotions, notamment à travers des textes qui peuvent peut-être mieux respirer ?

Oui, je pense que la lumière et l’ombre sont nécessaires pour qu’une œuvre paraisse complète. J’aime aussi les surprises et, au fil d’un album, on a la possibilité d’emmener l’auditeur dans des lieux différents et de vivre d’autres émotions. C’est ce que j’aime dans l’expérience de l’album, le voyage que l’on peut faire au fil du disque. Je voulais avoir des couleurs différentes dans les arrangements pour que cela reste intéressant et surprenant et aussi pour lui donner une certaine ampleur émotionnelle.

– J’aimerais qu’on dise encore un mot sur ton look qui te donne beaucoup de relief à travers une personnalité finalement difficile à cerner. Est-ce une manière pour toi de te protéger, ou peut-être de te cacher derrière un personnage presqu’intouchable et qui ose tout ?

Oui, il y a vraiment beaucoup de ça. J’ai toujours aimé les ‘Rock Stars’ plus grandes que nature comme Little Richard, Mick Jagger ou David Bowie. C’est ce que je recherche chez un artiste, c’est pourquoi j’ai créé ce personnage pour cette musique, un personnage qui transmute la musique en un monde unique sur scène. Cela me donne la permission d’aller au-delà de ce que je pourrais être moi-même. Et cela me permet également de me libérer de tous les fardeaux de la réalité et d’entrer dans un nouveau monde avec des règles et des possibilités différentes. Et j’espère que ce monde touchera d’autres personnes et les transportera également ailleurs.

– Enfin, un petit clin d’œil au sujet de Nashville où tu résides depuis un moment déjà. Comment est-ce que cela se passe au milieu des cowboys et des cowgirls ? L’envie d’écrire un album de Country Music ne te titille pas encore ? 

(Rires) Non, pas encore ! Et c’est une voie que je ne pense pas emprunter de sitôt. La Folk ou le Blues des origines peut-être, mais la Country n’est pas vraiment dans mes cordes. Et il y en a beaucoup qui le font bien mieux que moi. Mais Nashville est un endroit formidable pour moi. J’ai trouvé tous mes groupes ici et il y a une scène musicale vraiment florissante, qui a un sens de la camaraderie que je n’ai trouvé nulle part ailleurs.

Le nouvel album de Gyasi, « Here Comes The Good Part » est disponible chez Alive Natural Sound.

Retrouvez la première interview de l’Américain…

… Et la chronique du précédent album live :

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Classic Rock Heavy Rock Rock Rock US

Ginger Evil : solid as a Rock

Avec un telle entrée en matière, le combo nordique ne risque pas de passer inaperçu. Composé de musiciens chevronnés, GINGER EVIL s’aventure dans un Rock qui se fait de plus en plus rare et qui reprend les codes d’un registre efficace et mélodique. Avec « The Way It Burns », c’est une sorte de retour aux fondamentaux qu’il propose et la belle surprise vient aussi de sa chanteuse, Ella Tepponen, qui s’impose grâce à une technique irréprochable et une grande capacité à varier les intonations vocales. Très mature, ce premier album va réconcilier les fans de Rock au sens large.

GINGER EVIL

« The Way It Burns »

(Frontiers Music)

Voici la nouvelle sensation Rock finlandaise et c’est peu de le dire ! Les membres de GINGER EVIL n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’on retrouve ici le guitariste Tomi Julkunen et Veli Palevaara qui faisaient tous deux partie de The Milestones. Rejoints par le batteur Toni Mustonen, le combo a enfin affiché complet avec l’arrivée d’Ella Tepponen au chant, laquelle offre au groupe sa véritable identité musicale et, entre Power et Heavy, son Rock est musclé, accrocheur et surtout parfaitement interprété.

En confiant la production de « The Way It Burns » à Teemu Aalto (Insomnium) et le mastering à Svante Forsbäck (Rammstein, Volbeat, Apocalyptica), GINGER EVIL a mis tous les atouts de son côté et ce premier opus est de ceux qui font franchement du bien. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une grande révolution, mais le Rock des Scandinaves a cet aspect très frais et fédérateur, qui peut faire d’eux une valeur sûre. Et puis, ce savoureux mix de Rock US, d’Alternative Rock et de Classic Rock séduit sans mal.

Très moderne dans son approche comme dans le son, GINGER EVIL ne met pas bien longtemps à tout emporter. Dès « Rainmaker », la vivacité des riffs et la puissance vocale de la frontwoman prennent le dessus et la suite s’annonce solide. Très américain dans le style, le quatuor multiplie les ambiances avec des clins aux 70’s comme à la scène californienne des 90’s (« Dead On Arrival », « Shame On », « Hands Move To Midnight », « Better Get In Line », « Not Your Fool »). Actuel et intemporel : une réussite.

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Blues Rock Classic Rock France Soul / Funk

Red Beans & Pepper Sauce : magic souls [Interview]

Rarement un groupe aura laissé échapper autant de liberté et de joie sur un même album. Pour RED BEANS & PEPPER SAUCE, c’est un huitième opus haut en couleur qui vient marquer une nouvelle étape dans la carrière des Montpelliérains. Si l’esprit de corps dominait déjà dans le son et faisait la force du groupe, avec « Supernova », il prend une incroyable dimension. Autour de sa charismatique chanteuse, le quintet a fait un peu de place pour accueillir pas moins de neuf invités, français comme étrangers. Une très belle célébration de son Classic Rock teinté de Soul et de Blues, dont Laurent Galichon, le guitariste et principal compositeur, nous parle avec autant de fierté que d’émotion.

– Avant de parler de « Supernova », j’aimerais qu’on revienne un instant sur votre parcours. Huit albums studio et un live en 14 ans, le tout ponctué de tournées bien fournies, est un rythme vraiment effréné. Ca vous arrive quand même de prendre quelques pauses ?

Je trouve que c’est dur de se remettre au travail après une pause, j’ai pu le constater quand il a fallu s’y remettre après la pandémie de Covid. Alors je préfère éviter les pauses et battre le fer tant qu’il est chaud.

– Justement avec un tel rythme, toi qui signes l’ensemble des morceaux hormis « I Want To Take You Higher » de Sly & The Family Stone datant de 1969, quand prends-tu le temps de te poser pour composer ? Tu le fais aussi en tournée, ou tu t’imposes des moments dédiés ?

Dès que j’ai une idée, je l’enregistre sur mon smartphone, parfois même en voiture où je chante simplement la mélodie ou le riff pour archiver. Et quand vient le moment de travailler des morceaux, alors je pioche dans le tiroir à idée. Mais c’est vrai que quand on se retrouve à moins de six mois de la deadline pour envoyer le master au pressage, le travail s’intensifie et à chaque fois les derniers mois de production sont très intenses.

– « Supernova » est l’un de vos disques le plus direct et le plus clairement axé sur le Classic Rock, parfois Hard, avec toujours un côté Bluesy et Soul. Est-ce qu’il y a une envie cette fois-ci de prendre les morceaux plus à bras-le-corps et d’aller vers quelque chose de plus essentiel et de dense ?

Oui, tout à fait. Bien avant de commencer le travail, quand on parlait de ce nouvel album avec Niko Sarran (également batteur du groupe – NDR) qui les réalise, on avait en tête d’aller vers plus d’efficacité avec des titres plus courts et plus directs. Quand on attaque un nouvel album, on a souvent des discussions en amont, souvent dans le van en tournée, où on cherche des axes de travail, de nouvelles directions pour continuer d’évoluer et rester créatif.

– D’ailleurs, est-ce qu’au moment de commencer l’écriture d’un tel album, tu avais une sorte de ligne directrice ou une intention en tout cas de faire émerger une atmosphère et une énergie différente, plus massive ?

L’album précédent, « 7 », était très axé sur le Classic Rock et cette fois-ci, il y avait une envie de revenir à un équilibre entre Rock et Soul, mais toujours avec des riffs qui viennent du Blues. En fait, on essaie de faire des albums qui auraient pu sortir dans les 70’s et cette fois-ci, on a essayé de mettre du groove dans le Rock et inversement. Et puis, Niko a fourni un véritable travail d’orfèvre sur le son de l’album. Il y a passé quasiment deux fois plus de temps que sur les précédents.

– L’une des caractéristiques de « Supernova » est bien sûr le nombre d’invités, qui sont tout de même au nombre de neuf, ce qui fait beaucoup sur un même disque. Comment cela se décide-t-il, car c’est assez rare ? Tu as composé certaines chansons en fonction d’eux, ou les choses se sont faites plus naturellement en laissant une petite place à l’improvisation ? 

Inviter des musiciens faisait partie de ces axes qu’on se donne avant de commencer la production. On a donc laissé sur certains titres des plages pour permettre à nos invités de s’exprimer, mais sans savoir à l’avance de qui il s’agirait. Et c’est quand on se rapprochait de l’arrangement définitif qu’on prenait le temps de réfléchir à qui le proposer. Parfois, on est resté dans le style de l’invité comme avec Rabie Houti qui à l’habitude de jouer son violon arabo-andalou sur des rythmiques Rock, ou avec Johnny Gallagher sur une ballade Blues Rock. D’autres fois, on s’en est un peu éloigné comme avec Fred Chapellier qui nous rejoint sur un titre très Classic Rock avec un riff de guitare très ‘fat’, ou avec Sax Gordon qui vient jouer sur un titre vraiment très funky et plus éloigné de son Rocking Blues.

– Il est beaucoup question de ‘fusion’ sur cet album, et dans tous les sens du terme. En y prêtant bien l’oreille, on note le soin apporté aux arrangements notamment, tout comme à la production plus largement. « Supernova » a nécessité six mois de travail en studio. Vous êtes-vous laissés quelques respirations, histoire peut-être de prendre parfois un peu de recul, ou au contraire, les choses étaient déjà clairement définies dans ce que vous souhaitiez obtenir ?

C’est un travail de longue haleine, plus un marathon qu’un 100 mètres. Certains titres fonctionnent immédiatement, mais d’autres doivent passer par plusieurs étapes avant que nous soyons satisfaits du résultat. Et le travail continue même après la sortie de l’album, car certains morceaux doivent être repensés pour la scène. C’est un peu comme bâtir une maison : on passe des fondations à un bâtiment couvert très rapidement, mais les finitions, elles, prennent beaucoup plus de temps, car on entre dans les détails.

– Un mot sur les guests en commençant par les artistes français où l’on retrouve Manu Lanvin, Fred Chapellier, Yarol Poupaud ou encore le violoniste Rabie Houti. Ce sont tous des musiciens avec lesquels vous avez déjà joué sur scène. Ces rencontres se sont-elles transformées en collaborations que vous teniez vraiment à réaliser depuis un moment déjà ?

Ce sont surtout des rencontres marquantes qui ont lieu parfois en tournée avec tout le groupe, ou alors par un seul d’entre nous en dehors. Mais dans tous les cas, elles sont si importantes qu’elles donnent l’envie de faire de la musique ensemble. Et on a été ravi que tout le monde nous réponde ‘Oui’ ! Certains enregistrements ont dû être faits à distance à cause de l’éloignement et des emplois du temps, et d’autres ont donné lieu à des séances en studios qui nous ont marqué. J’ai kiffé de passer du temps avec Boney Fields dans le studio de Niko à Montpellier, ou avec Manu Lanvin dans son studio à Paris. Des belles sessions, où tu sens qu’il se passe quelque chose.

– Et puis, il y a l’aspect ‘international’ de l’album avec les présences du Camerounais Emmanuel Pi Djob, des Américains Boney Fields, Fred Wesley et Sax Gordon, sans oublier l’Irlandais Johnny Gallagher. Là encore, le casting est époustouflant. Est-ce que chacun d’entre-eux avait une partition à respecter, ou est-ce qu’on laisse plus facilement des talents comme les leurs s’exprimer librement avec une sorte de carte blanche ? 

Pour chacun d’entre eux, c’était carte blanche. Mais forcément, il y avait des échanges. Parfois, notre invité avait une idée très précise, parfois, il hésitait entre plusieurs. Alors, on discute, on échange, on essaye des choses. Par exemple, c’était vraiment génial de passer du temps avec Manu et de le voir proposer tellement de choses avec la générosité qu’on lui connaît. Mais surtout, ils nous ont tous offert ce qu’on attendait, c’est-à-dire le meilleur d’eux-mêmes. On peut entendre la voix incroyable et le groove d’Emmanuel Pi Djob, l’explosivité et le ‘fonk’ de Yarol, le toucher tout en finesse de Fred Chapellier, la générosité et la puissance de Manu Lanvin, le groove qui claque de Boney Fields, l’énergie de dingue de Sax Gordon, la maîtrise et le son envoûtant de Rabie Houti et le feeling de Johnny Gallagher. Et puis, il y a eu la session avec Fred Wesley. J’étais là quand il a commencé à jouer dans le studio : c’était un voyage dans le temps. J’entendais le « Doing It To Death » de James Brown que j’écoutais en boucle plus jeune. C’est un moment précieux que je garderai en moi toute ma vie. Il fait partie des gens qui ont inventé cette musique. En deux notes, tu sais qui est dans la pièce. Tous ces musiciens exceptionnels ont été d’une grande générosité avec nous. Ils ont élevé chacun des titres auxquels ils ont participé à un niveau supérieur, et nous leur en sommes éternellement reconnaissants.

– J’aimerais qu’on dise un mot sur cette reprise de Sly & The Family Stone sur laquelle il y a du beau monde et où le line-up de RED BEANS & PEPPER SAUCE est le plus élargi de l’album. Comment est-ce qu’on tient tout le monde dans ce cas-là, car il règne un esprit jam manifeste ? Et par ailleurs, pourquoi avoir choisi ce morceau-là en particulier ?

J’ai plutôt l’impression que c’est ce morceau qui m’a choisi, car j’ai une histoire particulière avec lui. Je l’ai découvert au début des années 90 à la télévision, en voyant des musiciens que je ne connaissais pas le jouer sur une énorme scène, devant des milliers de spectateurs aux États-Unis. Il s’agissait en fait de George Clinton et de Funkadelic/Parliament, avec Larry Graham et d’autres invités. Ce titre m’a transpercé et j’ai adoré le fait qu’il soit interprété par autant de musiciens sur scène : tout le monde dansait, tout le monde chantait, c’était la grosse teuf. J’ai ensuite découvert qu’il s’agissait d’un morceau de Sly & the Family Stone, et l’album « Stand » fut une nouvelle claque. A la même époque, d’autres artistes que je ne connaissais pas se sont produits à Béziers : FFF, puis les JB’s avec Maceo Parker, Fred Wesley et Pee Wee Ellis. Ces trois découvertes, en quelques mois, ont été ma porte d’entrée vers la Soul Music : James Brown, la Stax (avec les disques d’Otis Redding de mon père), la Motown, etc… Alors qu’à l’époque, j’écoutais plutôt du Rock des années 60/70 comme Led Zeppelin, Jimi Hendrix, Deep Purple… Cette période a complètement bouleversé mon orientation musicale. Alors aujourd’hui, enregistrer ce morceau avec Yarol de FFF et Fred Wesley des JB’s qui ont également participé à ce changement, dans une version avec un groupe élargi en mode ‘jam’ comme dans la version de George Clinton, c’est une histoire complètement folle.

– Enfin, « Supernova » est probablement aussi votre album le plus varié avec des aspects Southern, Heavy Rock, Blues, Funky et plus largement très Rock’n’Roll. RED BEANS & PEPPER SAUCE devient de plus en plus inclassable et c’est une très bonne chose. Est-ce une façon aussi de vous débarrasser peut-être de certaines cases dans lesquelles on a pu vous mettre auparavant, ou plus simplement un signe de maturité qui se traduit par beaucoup plus de liberté affichée ?

Ce n’est pas vraiment calculé. Tout le monde dans le groupe a des influences diverses et variées et c’est l’association de nos personnalités musicales qui fait ce qu’est RED BEANS & PEPPER SAUCE. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse y changer quoi que ce soit. On peut seulement l’encadrer en se donnant quelques directions, mais au final on sonne comme on sonne et il me semble qu’on reste cohérent d’un album à un autre.

Le nouvel album de RED BEANS & PEPPER SAUCE, « Supernova », est disponible chez Crossroads/Socadisc.

Photos : Cristina Gomes Morgadinho (1), Thierry Wakx (2, 3, 5) et Monsieur Mind (4).

Retrouvez aussi l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de l’album « 7 » :

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Classic Hard Rock Stoner Rock

WolveSpirit : une onde de choc

La pandémie a eu l’effet de mettre WOLVESPIRIT sur les nerfs. Et la formation germanique en a profité pour se défouler, lâcher son ressenti et mettre les choses au clair sur sa nouvelle production. En effet, « Bullshit » traite de désinformation, de réalités parallèles et de son désir de s’en extraire. Musclé et fracassant, ces nouveaux titres sentent la poudre et, même s’ils sont toujours mélodiques, ils font l’effet d’une belle bagarre en règle. Une vraie tornade Hard, Metal et Stoner Rock pour le moins ravageur.

WOLVESPIRIT

« Bullshit »

(Spirit Stone Records)

Avec un tel titre, on pouvait difficilement faire plus explicite et c’est justement tout ce qui fait le charme du quintet allemand, qui ne manque jamais une occasion de se faire remarquer. Pour la petite histoire, WOLVESPIRIT a vu le jour en 2009 du côté de la Bavière sous l’impulsion des frères Eberlein, Richard et Oliver, rejoints par la chanteuse américaine Deborah ‘Debbie’ Craft. Basé sur un Hard Rock robuste mâtiné de Classic Rock et surtout de Stoner cette fois-ci, l’ensemble est explosif.  

Il faut aussi rappeler que le groupe a fondé son propre label après avoir claqué la porte de Sleaszy Rider Records un an tout juste après la sortie de son premier effort. Il était simplement mécontent du travail fourni. Il y a donc du caractère chez WOLVESPIRIT et également dans sa musique. Et « Bullshit » va dans ce sens et suit le chemin tracé depuis le début, c’est-à-dire axé sur des riffs costauds, une rythmique en béton et surtout une frontwoman à la voix puissante et hyper-Rock’n’Roll. 

Musicalement, le combo sort l’artillerie lourde dès « Titanium », qui ouvre les hostilités, suivi de « Robots » et du morceau-titre. L’entrée en matière est massive et la chanteuse donne de la voix de manière presque frénétique. Ce nouvel opus est probablement le plus ambitieux de WOLVESPIRIT qui part chasser sur des terres Stoner Rock, sans négliger ses racines Hard Rock et assez classiques (« Fire », « Starborn », « Screaming », « 666 »). Un brûlot sauvage et flamboyant mené de main de maître.

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Rock Hard Rock US

Miss Velvet : sans fard

Pour son premier opus, MISS VELVET impressionne tant elle rayonne par l’incroyable palette qu’elle déploie à travers cette prestation irrésistible et irréprochable. Résolument Rock’n’Roll, elle affiche un visage très moderne sur des chansons à la fois bien rentre-dedans et très délicates, car « Traveler » se veut avant tout un disque très personnel. Folk, plus orchestral ou flirtant avec le Hard Rock, le style de la néo-Californienne rassemble de nombreux courants du Rock avec une petite nostalgie et une élégance palpitante et émouvante. 

MISS VELVET

« Traveler »

(Independant)

Dans le flot incessant et indécent des sorties était paru en novembre dernier « Traveler », en indépendant et de l’autre côté de l’Atlantique. Quelques médias français s’en sont fait l’écho, mais pas suffisamment si l’on en juge par la qualité de cet excellent premier album. Si elle ne propose pas de réels bouleversements dans le petit monde du Rock, MISS VELVET a le mérite de balancer quelques bons coups de pied dans la fourmilière, grâce à une voix incroyable, de belles compositions et un charisme rare et évident.

Il y a trois ans environ, la chanteuse décide de prendre un nouveau départ en quittant sa ville natale de New-York pour Los Angeles. Et ce voyage d’une côte à l’autre a renforcé son désir de musique et de scène. C’est en Californie que MISS VELVET rencontre le producteur Esjay Jones (Head, The Underdogs) avec qui la connexion est immédiate et qui débouche sur une complète collaboration, puisqu’ils co-signent à deux « Traveler ». La production est très léchée, dynamique et le soin porté aux arrangements est tout aussi pointilleux.

Puissante et légèrement voilée, la voix de l’Américaine sert à merveille un Rock US bardé de grosses guitares, où elle passe d’un registre musclé à des ambiances plus calmes avec une totale maîtrise. MISS VELVET est une musicienne chevronnée et cela s’entend, car elle joue de ses cordes vocales avec une dextérité de chaque instant. Ouvertement féministe dans ses textes, elle montre aussi beaucoup de vitalité, boostée par une récente et inspirante maternité. Entre Rock Hard et Classic Rock, elle n’élude rien et séduit tout simplement. 

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Classic Hard Rock Hard Rock Progressive Heavy Metal

Magnum : final flight

L’an dernier, le monde du Hard Rock a perdu un grand musicien et avec lui l’Angleterre l’un de ses meilleurs représentants. Après cinq décennies de bons et loyaux services, MAGNUM a donc tiré sa révérence et mis un terme à ses activités suite à la disparition de Tony Clarkin, mais il laisse une magnifique discographie en héritage. Avec « Live At KK’s Steel Mill », le quintet livre un ultime témoignage de sa créativité et de la classe de ses prestations scéniques. Une très belle manière de faire ses adieux à son charismatique guitariste et ami.

MAGNUM

« Live At KK’s Steel Mill »

(Steamhammer/SPV)

Il y a un an, presque jour pour jour, MAGNUM sortait son 23ème et ultime album, « Here Comes The Rain », juste après le tout récent décès de Tony Clarkin. Une terrible semaine pour les Britanniques qui venaient de signer l’une de leurs meilleures réalisations de ces dernières années. Dans la foulée, son emblématique frontman Bob Catley annonçait la fin du groupe. Difficile en effet de continuer l’aventure sans son guitariste, compositeur et fondateur avec la même fougue et surtout la même envie.

Affichant déjà une bonne dizaine d’albums live au compteur, celui-ci est probablement le dernier (sauf bootlegs imprévus) et il est très bon ! Enregistré le 10 décembre 2022 à Wolverhampton en Angleterre au ‘KK’s Steel Mill’, MAGNUM célébrait ce soir-là auprès de ses fans les plus dévoués la fin d’une tournée couronnée de succès. L’occasion était donc idéale pour filmer et enregistrer ce concert, sachant que juste après Tony Clarkin allait s’atteler à la composition de l’excellent « Here Comes The Rain ».    

Alors, même si double-album est posthume, il dégage une énergie folle, celle d’une formation déterminée à offrir à son public une soirée mémorable. Et les 16 morceaux triés sur le volet dans leur répertoire sont le parfait reflet d’une carrière exemplaire et qui aurait d’ailleurs mérité un peu plus de lumière hors de son île, car à l’international la reconnaissance a toujours été longue à venir. Quoiqu’il en soit, MAGNUM nous fait plaisir une dernière fois et le moins que l’on puisse dire est qu’il va cruellement manquer à la scène Hard Rock.

Retrouvez les chroniques de leurs deux derniers albums :

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Glam Rock Heavy Rock Punk Rock Sleaze

Dharma Guns : free spirit

Conçu avec l’aide de son ingénieur du son, le quatuor a géré de bout en bout la conception de son premier album, et « Ex-Generation Superstars » vient mettre de jolis coups de pied dans la fourmilière du Rock’n’Roll. Très inter-générationnel, DHARMA GUNS remonte aux origines du style pour mieux le rendre actuel. Et si une teneur assez Punk revient régulièrement avec ce côté très direct, le quatuor se place bien au-dessus, grâce à une technique irréprochable et un sens de la mélodie qui reflète son expérience. Brut et très bien arrangé, ce premier opus est une véritable bouffée d’air frais.

DHARMA GUNS

« Ex-Generation Superstars »

(Rockhopper Music)

Si vous connaissez l’œuvre de Jack Kerouac, peut-être avez-vous déjà entendu parler de « The Dharma Bums » (« Les Clochards Célestes ») ? C’est en tout cas ce qui semble avoir inspiré le chanteur Pete Leppänen pour le nom du groupe. Avec sûrement aussi Guns N’Roses, car on retrouve la fougue et le côté sleazy des débuts des Californiens. Deux belles références donc. Tous issus de la scène Rock d’Helsinki, les membres de DHARMA GUNS n’en sont pas à leur coup d’essai et il faut reconnaître qu’ils se sont bien trouvés.

Les Finlandais n’ont pas perdu de temps et, à l’image de leur musique, la dynamique s’est rapidement mise en route. Fin novembre 2023, ils commencent les répétitions avant d’entrer en studio en février quelques semaines plus tard. Et en seulement deux jours, DHARMA GUNS enregistre l’essentiel d’« Ex-Generation Superstars », qui sort la même année. On n’est pas là pour traîner ! Autoproclamé ‘Street Rock’ avec des touches de Glam et de Classic Rock mêlées à une énergie proto-Punk, l’ensemble a de belles saveurs live.

Derrière cette façade aux teintes Garage, on devine beaucoup d’ambition de la part des Scandinaves, qui ne se contentent pas des deux/trois accords habituellement utilisés dans le registre. Ici, ça joue et chante bien et les solos distillés viennent valider une maîtrise et une qualité de composition aussi pêchue que parfaitement ciselée. DHARMA GUNS avance sur un groove qui ne manque pas d’élégance et des refrains carrément entêtants (« Far Out », « The Vipers », « Love Bug », « Psychobabble », « Dharma Guns »). Une petite bombe ! 

Photo : Marek Sabogal – Juha Juoni

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Americana Blues Rock Country-Rock

Jax Hollow : une voix dans l’Amérique

Si JAX HOLLOW a basé sa réputation grâce à des concerts enflammés et un Blues Rock pied au plancher, la songwriter originaire du Massachussetts a de très nombreuses cordes à son arc. Avec « Come Up Kid », celle qui vit désormais dans la ‘Music City’ du Tennessee, n’a pas mis longtemps à en saisir des codes artistiques aussi riches que nombreux, et nourrit désormais son registre de saveurs Americana, Country et Folk. Porté par une production somptueuse et très organique, elle détonne dans un paysage où elle vient apporter de la fraîcheur et une véritable bouffée d’air frais sur des sonorités Indie et très libres.

JAX HOLLOW

« Come Up Kid »

(Independent)

Elle l’avait révélé il y a quelques semaines ici même, ce nouvel opus serait plus intime, plus personnel et sa direction ne serait peut-être pas non plus celle que l’on attend de la flamboyante guitariste-chanteuse. Il faut reconnaître que de ce côté-là, la surprise est belle et elle est de taille. Car si « Come Up Kid » s’ouvre sur « Changing Suits », suivi de « Easy Or Harder ? », deux morceaux plein d’allant, c’est un aspect plus délicat et aux teintes acoustiques plus présentes que nous présente JAX HOLLOW. Et la jeune Américaine semble aussi plus imprégnée de ce que peut apporter Nashville en termes de couleurs musicales.

Dès « Keeping My hands Busy », c’est cette fibre qui ressort, tout comme sur le single « Don’t Call Me Baby » et ensuite « Fallout » et son violon. La musicienne avait présenté son nouvel effort comme étant une sorte de biographie de ses deux dernières années, faites de hauts et de bas. Et c’est vrai qu’en cela, son Americana se prête beaucoup plus à la narration, ce qui ne l’empêche pas d’assurer de belles envolées guitaristiques, passant de l’acoustique à l’électrique avec la même dextérité. Sorte de catharsis, « Come Up Kid » apparaît presque comme une libération pour JAX HOLLOW qui resplendit littéralement au chant.

Accompagnée par un groupe irréprochable et d’un feeling irrésistible, c’est sans doute la première fois aussi que la voix de la chanteuse prend une telle dimension. Capable d’une extrême sensibilité comme d’une puissance claire (« Corner Store Jay’s », « Blazing Glory », « Stone Cold Sober »), elle se balade d’un style à l’autre, d’une ambiance à une autre en jouant sur les émotions avec beaucoup de sincérité, comme sur la poignante chanson-titre ou la très country « Birds On A Wire ». Enfin, JAX HOLLOW clôt ce très bon disque avec le touchant « Sycamore St » pour un final de toute beauté en guitare et piano. Rayonnante !

Retrouvez son interview accordée au site il y a quelques semaines :