On ne peut évidemment pas reprocher à KK Downing de s’être lancé dans une nouvelle aventure après cinq décennies très actives et marquantes au service du Heavy Metal. Très bien entouré, le riffman britannique n’est pas prêt de raccrocher et livre le deuxième album de KK’S PRIEST. Si la performance du quintet est très honorable, on ne peut s’empêcher de penser à son ancien et glorieux groupe, Judas Priest, avec qui la comparaison n’a même pas lieu d’être. Mais « The Sinner Rides Again » perpétue la tradition d’un Heavy Metal intemporel.
KK’S PRIEST
« The Sinner Rides Again »
(Napalm Records)
Battre le fer tant qu’il est encore chaud semble être le leitmotiv de KK Downing et de sa nouvelle formation une décennie après son départ de Judas. Deux ans presque jour pour jour après la sortie de « Sermons Of The Sinner », le guitariste parait avoir tiré quelques enseignements d’un premier opus assez Old School, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi, mais qui était surtout trop prévisible et assez peu inspiré. Cette fois, KK’S PRIEST sort les crocs et se montre beaucoup plus acéré.
Peut-être que la nouvelle signature chez Napalm Records a revigoré les troupes. En tout cas, le line-up, quant à lui, reste inchangé et s’affiche aussi plus entreprenant. La légende anglaise, le frontman Tim ‘Ripper’ Owens, A.J. Mills (Hostile) à la guitare, Tony Newton (Voodoo Six) à la basse et Sean Elg (Deathriders, Cage) derrière les fûts sont nettement plus impliqués sur « The Sinner Rides Again », où KK’S PRIEST offre un visage racé et des morceaux plus incisifs que sur son prédécesseur.
Bien sûr, le septuagénaire n’a pas perdu ses réflexes, mais il peine parfois à se renouveler. Cela dit, il peut compter sur le reste de l’équipe qui garde le pied sur l’accélérateur et c’est heureux (« Sons Of The Sentinel », « One More Shot At Glory », « Hymn 66 », « Pledge Your Souls »). Bien produit, « The Sinner Rides Again » tient malgré tout la route. Le plus gros problème de KK’S PRIEST réside encore et toujours dans son nom, car on garde à l’esprit son épopée passée. Sauf qu’ici, on est bien loin du compte.
Même s’il est le fils d’une légende du Heavy Metal, Seb Byford n’entend pourtant pas marcher dans les pas de son père musicalement. Cela dit, il est parvenu à l’embraquer dans l’aventure HEAVY WATER loin de l’institution Saxon. Avec « Dreams Of Yesterday », l’ambiance est plutôt Rock, même si quelques sonorités assez Old School et un brin Hard Rock émanent de ce deuxième effort rondement mené par le mythique frontman et sa progéniture.
HEAVY WATER
« Dreams Of Yesterday »
(Silver Lining Music)
Si le rapprochement artistique père/fils qui a donné lieu à « Red Brick City » il y a deux ans en pleine période de Covid, il semblerait que la Byford Family ait décidé de récidiver et d’inscrire HEAVY WATER dans le temps. Même si Biff a depuis sorti « Carpe Diem » et le navrant « More Inspirations » avec Saxon, le duo créé avec le fiston n’a pas été un one-shot, puisque les revoilà avec « Dreams Of Yesterday », un deuxième album varié et solide, dans la lignée du premier.
A la guitare et au chant, Seb paraît toujours tenir la boutique avec force et talent, Biff assurant la basse et les chœurs avec son inimitable timbre de voix. Loin de son Heavy Metal habituel et même s’il avait laissé entrevoir d’autres registres sur les deux non-essentiels opus de covers de Saxon, c’est assez surprenant de le retrouver dans certains styles abordés sur « Dreams Of Yesterday ». Mais il ne fait que tenir la basse sur HEAVY WATER… et d’ailleurs cela s’entend !
Le groupe a trouvé ses marques et même s’il se cherche encore un peu, une empreinte et une identité commencent à se dessiner. Très ancré dans les années 80 et 90, HEAVY WATER rappelle autant Led Zeppelin que Soundgarden ou Alice In Chains et penche sur des titres assez nerveux dans un Rock Hard classique, bluesy parfois, alternatif et légèrement Stoner (« Another Day », « Be My Savior », « Don’t Take It Granted », « Castaway »). Un peu éparse, mais très soudé !
Deux ans après le début de l’aventure, HEART LINE n’a plus rien à prouver comme en témoigne la qualité artistique et technique des albums du quintet. Avec « Back In The Game » et plus récemment « Rock’n’Roll Queen », le groupe apporte beaucoup de fraîcheur et de modernité à un style qui peine pourtant à se faire une place en France. Cependant, les efforts des Bretons portent leurs fruits, puisque l’accueil de leurs deux réalisations est unanime et les projets ne manquent pas. Etat des lieux et plongée dans l’avenir de HEART LINE avec Yvan Guillevic, son guitariste, producteur et compositeur.
– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Back In The Game » il y a deux ans maintenant, on avait beaucoup parlé de la création du groupe et de vos objectifs. Quel bilan dresses-tu aujourd’hui de l’aventure HEART LINE ?
Le bilan est super positif, car on a fait deux albums en un an et demi et on a quand même réussi à tourner. D’ailleurs, nous sommes actuellement toujours sur la route. On a fait quelques festivals et d’autres arrivent bientôt. L’objectif premier, qui était de faire un vrai disque avec un vrai groupe et pas quelque chose de collaboratif, est rempli. On fait de la scène et des albums et nous allons également sortir, en accord avec le label (Pride & Joy – NDR), un EP en décembre. Nous sommes très contents, car l’accueil du deuxième album est encore meilleur que pour le premier et tout ça est vraiment très positif !
– Dès le début, vous avez signé chez Pride & Joy, label sur lequel vous êtes toujours bien sûr. Finalement avec le recul et les très bonnes retombées des deux albums, est-ce que tu penses qu’un label français aurait été aussi efficace ?
Non, car il n’y en a pas dans le genre de toute façon. Et puis, je n’avais pas du tout visé la France pour le premier album. On a juste contacté un gros label, et sur recommandation, qui nous a répondu des mois et des mois plus tard. Alors que sur 10/12 envois ciblés, j’ai eu des réponses positives et il n’a fallu que six jours pour signer avec Pride & Joy ! Le constat est là et je crois que la France n’est toujours pas concerné par le Rock/Hard mélodique et c’est toujours aussi compliqué. Donc, je pense que nous avons eu raison de signer là-bas.
– Justement pour rester sur la France, on sait que le style n’a jamais eu de représentants ayant percé ou marqué les esprits, même à la grande époque. Je pense que HEART LINE possède très largement tous les atouts pour tenir cette place. Quelles seraient les choses à améliorer ici, selon toi ?
C’est compliqué, en fait. Par exemple, on a le ‘Hellfest’, qui est un festival énorme et il y a un gros réservoir de personnes qui écoutent du Metal en France. Ce n’est pas comme si on n’en écoutait pas. En gros, ce sont les médias, qui ne s’intéressent absolument pas à ce genre de musique. De temps en temps, pour faire un petit sujet, ils vont te parler de Metallica ou de Gojira, puisque c’est le seul groupe français vraiment costaud dans le monde. On a de très bons groupes, de très bons musiciens, ce n’est pas le souci. Mais pour les gros médias, ça reste quelque chose de bizarre, d’un peu rigolo et il n’y a donc aucun support. La France n’est pas un pilier Rock. Dès qu’on se promène ailleurs, on le voit bien. Quand on entre dans un bar ou un hôtel, on entend du Rock et du Hard Rock, mais pas chez nous. On est vraiment sous-représenté, et notamment en termes de Hard Rock.
– Malgré deux très bons albums, c’est dommage que HEART LINE ne tourne pas plus dans l’hexagone. Ne serait-ce pas le bon moment pour vous d’aller voir à l’étranger, dans des pays plus demandeurs ?
On a eu quelques opportunités qui ne se sont concrétisées, mais qui étaient vraiment réelles. Aujourd’hui, on en a d’autres. Je ne veux pas en parler tant que ce n’était pas fait, mais il ya des choses très intéressantes, qui sont en route en Europe. On travaille actuellement beaucoup là-dessus. Pour ce qui est de la France, le réseau est compliqué. La musique ici a toujours été un peu mise de côté. Pourtant, il y a du public. Il suffit de voir le ‘Hellfest’ une fois encore. Dernièrement, je suis allé voir Ghost à Rennes et c’était rempli ! Il y a des gens pour aller aux concerts, il faut juste les mobiliser.
Et puis, sans tirer dessus puisque j’ai eu un ‘Tribute Band’ pendant un moment, les organisateurs ne prennent plus aucun risque et ils ne programment plus que ça. Donc, pour ceux qui font qui font de la musique composée, ça devient très difficile. C’est une vraie épidémie ! C’est un peu dommage, parce qu’ils feront quoi dans 10/15 ans ? Ils vont reprendre qui ? Il n’y aura plus personne ! (Sourire) C’est un peu ce qu’on vit en France, car les organisateurs vont au plus simple. Il n’y a plus de recherche d’artistes, comme il pouvait y en avoir avant. Il reste bien sûr des festivals et des programmateurs qui jouent le jeu. Mais c’est vrai pour tout le monde, et pas uniquement pour nous, à ce niveau-là.
– Revenons à « Rock’n’Roll Queen » qui, musicalement et au niveau de la production aussi, élève encore le niveau d’un cran. Est-ce que sa conception et sa réalisation ont suivi le même processus que pour « Back in The Game » ?
Oui, c’est exactement le même processus et la même façon de réaliser. Cette fois, on a eu plus de temps, on a été plus attentif aussi pour ne pas refaire les mêmes petites erreurs que sur le premier. « Back In The Game » est très frais, rapide, composé en trois semaines et enregistré assez vite. Il y avait un côté très intéressant qu’on ne regrette absolument pas. Pour « Rock’n’Roll Queen », on voulait quelque chose de plus construit, de plus travaillé et surtout prendre notre temps. On a fait des concerts, des résidences et on se connait beaucoup mieux aujourd’hui. Cela nous a permis de nous focaliser aussi sur certains titres et travailler plus en profondeur nos morceaux.
– Et on te découvre aussi comme producteur, dorénavant confirmé. C’est un domaine dans lequel tu t’épanouies également ?
J’ai toujours produit mes disques et ça en fait beaucoup. C’est vrai que personne ne s’en est vraiment aperçu. Et on est aussi dans un métier où il faut commencer à savoir tout faire soi-même, car être dépendant des autres devient très compliqué. Et puis, j’ai toujours fait de la prod’ pour pas mal d’artistes. Cette fois et avec l’aide de Jorris Gilbaud, qui a une oreille en or, cela nous a permis d’affiner tout ça. La production est quelque chose que j’aime énormément et que je tiens à continuer de faire. Parfois, c’est un peu pénible de tenir les deux rôles, à savoir guitariste et producteur, mais au final, cela te permet aussi de contrôler l’ensemble. Car cela peut aussi arriver que, lorsque tu vas en studio et que tu laisses quelqu’un d’autre produire, tu perdes des choses. Mais pour HEART LINE, comme je sais que je veux entendre, je pense que c’est plus sage de rester le producteur du groupe.
– Patrick Rondat, grand guitariste et rare ‘guitar-hero’ français fait également une apparition sur l’album. Comment s’est faite votre rencontre ?
On se connait depuis très longtemps sur les réseaux, mais finalement sans bien se connaître. Et puis, je suis fan de sa musique et de son jeu. Je l’avais fait venir il y a plus de 20 ans dans un masterclass ici en Bretagne. D’ailleurs, je ne suis même pas sûr qu’il s’en rappelle ! En fait, c’est lui qui me l’a proposé. Il m’a dit qu’il avait beaucoup aimé le premier album et qu’il adorait ce genre de musique. Il voulait faire quelque chose sur le prochain disque et je n’ai pas été long à lui répondre que j’en serai ravi ! Pour être honnête, je ne suis pas trop fan des guests sur les albums. Quand il y en a trop, tu perds aussi de l’identité du groupe. Mais quand Patrick te propose de jouer sur ton album, tu te débrouilles ! (Sourire) On avait un morceau dans les tiroirs, qui pouvait parfaitement coller avec ce désir de Patrick de faire de l’AOR. Je lui ai envoyé le titre et il m’a très vite rendu sa partie. Tout s’est fait vraiment très simplement.
– Pour conclure, parlons un peu de cet EP prévu pour décembre. Quand penses-tu mettre tout ça en boîte, à moins que ce soit déjà fait, et quel en sera le contenu ?
Je ne peux pas en dire trop pour le moment, si ce n’est que ce sera un cinq-titre et que sa sortie est prévue pour le 8 décembre. Il n’est pas encore enregistré, nous allons le faire courant octobre et toujours chez Pride & Joy. Pour le reste, je tiens à garder un peu de suspense… (Sourire)
L’album « Rock’n’Roll Queen » de HEART LINE est toujours disponible chez Pride & Joy.
Originaire de Turin, le quatuor de Modern Metal conjugue des aspects symphoniques dans la voix essentiellement, même si les morceaux de « Pain Therapy » sont très directs et loin d’être pompeux et orchestrés. Grâce à une chanteuse qui impose sa personnalité, CONSPIRACY OF BLACKNESS livre une deuxième réalisation dynamique et puissante. Ainsi, le combo entame une transition musicale très réussie.
CONSPIRACY OF BLACKNESS
« Pain Therapy »
(Wormholedeath Records)
Sorti au printemps dernier en indépendant, CONSPIRACY OF BLACKNESS profite de sa récente signature chez ses compatriotes de Wormholedeath Records pour rééditer son deuxième album. Près de quatre mois plus tard, « Pain Therapy » n’a donc pas eu le temps de prendre une ride, d’autant qu’il avait déjà été salué et qu’il vient confirmer le nouvel élan pris par le groupe fondé en 2008 et dont le premier opus, « Conspiracy Of Blackness And Relative Aftermath » date déjà de 2016.
Il y a deux ans, CONSPIRACY OF BLACKNESS avait publié deux singles, « Collapsed » et « Welcome Death », qui amorçaient déjà un virage vers un Metal éloigné du Heavy de ses débuts. On retrouve donc les Italiens dans un Modern Metal agressif, accrocheur et mélodique. Emmenés par leur frontwoman, Grazia Riccardo, dont la voix se frotte parfois au Metal Symphonique, le registre des Transalpins n’est pas sans rappeler Within Temptation, Lacuna Coil ou Epica, même si les comparaisons sont souvent faciles et inutiles.
Si les textes de « Pain Therapy » sont d’une noirceur qui s’engouffre dans les affres de la solitude, de l’angoisse et de l’injustice notamment, la musique de CONSPIRACY OF BLACKNESS est plus lumineuse. Malgré des synthés écrasants, les riffs sont lourds et pénétrants, tout comme la rythmique. Cela dit, un meilleur équilibre entre l’électronique et l’organique aurait été le bienvenu. Tendu et compact, on retiendra les deux derniers singles, ainsi que « Bones », « Afterlife », « Rise » et « Last Man Standing ». Convaincant !
Car c’est suffisamment rare pour y être souligné, ce disque de DEAD FEATHERS est de ceux qui ne s’écoutent pas uniquement, mais qui se vivent, tant on est accroché par l’ampleur sonore que prennent les morceaux et la voix subjuguante de sa frontwoman. Avec « Full Circle », le groupe de l’Illinois s’impose comme un fer de lance du revival psychédélique, façon Rock, Blues et aux fulgurances Stoner et Desert.
DEAD FEATHERS
« Full Circle »
(Ripple Music)
Si pour beaucoup le Psychédélisme a disparu avec les années 70 dans sa forme originelle, qu’ils écoutent vite le nouvel opus des Américains de DEAD FEATHERS, car il incarne à lui seul non pas le renouveau, mais la version moderne du genre. Avec « All Is Lost » (2019), le quintet avait déjà posé les bases d’une musique à la fois captivante et terriblement rassembleuse. Et sur « Full Circles », il monte encore d’un cran grâce à des musiciens inspirés, précis et aux compositions très personnelles.
DEAD FEATHERS possède dans ses rangs un atout de charme et de choc avec sa chanteuse Marissa Welu, dont la voix puissante et sensuelle ouvre sur des territoires véritablement saisissants. L’émotion qu’elle apporte à ce deuxième album sublime des morceaux déjà portés par des atmosphères aériennes qui peuvent aussi se faire très Rock et plus âpres en lorgnant vers des contrées Stoner et Desert Rock. Et sur un groove constant et enthousiaste, « Full Circle » prend son envol dès les premières notes.
L’ouverture avec « Full Circle » nous transporte dans le monde hypnotique de DEAD FEATHERS et les guitares, a priori douces, deviennent vite fuzz en jouant sur les effets propres au Psych Rock. Très organique évidemment, la production ne trahit jamais les titres et au contraire leur donne un son clair et actuel. Tout est donc dans l’intention avec le combo de Chicago et c’est sans surprise que la longueur des certaine plages sont tout sauf formatées (« Daughter », « The Swell », « Robbery », « Galapagos »). Euphorisant !
Si de plus en plus de formations Metal se présentent masqués ou maquillées, elles font souvent partie de la même chapelle et le Horror Metal, comme le Shock Rock d’ailleurs, compte finalement assez peu de représentants. Pourtant dans le Grand Est de la France, SLEAZYZ fait des siennes depuis un bon moment et se présente aujourd’hui avec un deuxième opus réjouissant, « Glitter Ghoulz From Hell ».
SLEAZYZ
« Glitter Ghoulz From Hell »
(M&O Music)
Fondé il y a 20 ans, c’est pourtant en 2016 avec le single « Schizonroll Psychotronic », puis avec « Funhouse » deux ans plus tard que le groupe a véritablement décollé. Avec « March Of The Dead » (2020) conçu et interprété avec un nouveau line-up, SLEAZYZ a signé un album aussi enjoué que déroutant, où il pose les fondations de son Horror Metal sur des bases Hard Rock, Punk, Heavy Sleaze et même Indus. Un mix relevé et agréablement effrayant, dont les fondations se solidifient au fil du temps.
Sur « Glitter Ghoulz From Hell », les Troyens ont décidé d’aller à l’essentiel en resserrant leurs compos autour d’un Hard Rock savoureusement Old School, tirant parfois sur le Metal, histoire de muscler l’ensemble. L’attitude est toujours aussi irrévérencieuse et c’est d’ailleurs tout le charme de SLEAZYZ. Avançant maquillés, Fred ‘Sleazyz’ Dubois (basse, chant), Kevin Shadows (batterie), David ‘Ripper’ (lead guitare, chant) et Ileana ‘Pandemonium’ Rodriguez (guitare, chant) tiennent parfaitement la boutique.
Sans trop se prendre au sérieux, le quatuor livre dix bonnes compos pleines de fun et de riffs bien sentis. Débordants de plaisir et un brin décadent, les refrains sont accrocheurs et restent gravés (« Monster Go Go », « Halloween In Hollywood », « Bag Of Bones », « Party Is Not Dead », « Voodoo Dance »). Toujours imprégné du cinéma d’horreur des années 50 à 90, SLEAZYZ joue sur des codes connus, certes, mais avec une belle fraîcheur. Avec « Glitter Ghoulz From Hell », le combo s’amuse et transmet sa bonne humeur sans retenue.
Il est assez rare de voir une jeune formation, même composée de musiciens chevronnés, franchir aussi vite les étapes en proposant un style dont il reste assez peu de représentants. Et pourtant, TIMECHILD, directement venu du Danemark, se pose avec « Blossom & Plague » dans un Heavy Metal, qui se fond dans un Rock Progressif avec une grande habileté.
TIMECHILD
« Blossom & Plague »
(Mighty Music)
Tout va très vite pour TIMECHILD qui, depuis sa formation en 2020, sort déjà son deuxième opus après « And Yet It Moves » il y a deux ans. Il faut dire que même si les Danois évoluent dans un Heavy Metal Progressif que d’autres comme Fates Warning ou Queensrÿche ont brillamment expérimentés avant eux, ils y apportent une approche nouvelle, pas forcément plus moderne, mais tout aussi efficace techniquement comme dans l’écriture.
Toujours aussi ambitieux, TIMECHILD donne une vision très personnelle de ce qu’un savant mélange de Heavy Metal et de Rock Progressif peut offrir. Si « Blossom & Plague » est plus sombre que son prédécesseur, il n’en demeure pas moins créatif et captivant. Et pour mettre en lumière ces nouvelles compos, le quatuor a fait appel à Soren Anderson (Glenn Hugues, Phil Campbell) pour la production. Le résultat est convaincant et séduit rapidement.
TIMECHILD joue sur les atmosphères grâce notamment à son chanteur et six-cordiste Anders Folden Brink, dont la voix très Classic Rock porte l’ensemble. L’autre point fort des Scandinaves est le jeu proposé par les twin-guitares, tantôt bluesy, tantôt épiques (« Call Of The Petrichor », « Hands Of Time », « The Sign » » et « The Dying Tide » décliné en trois parties et qui ouvre l’album). « Blossom & Plague » flirte même avec le Doom et vient confirmer les très bons débuts du groupe.
Terriblement vivant et farouche, ce deuxième album de SHEPHERDS REIGN rugit de toute part sur des percussions envoûtantes et séculaires posées sur des guitares massives et dans un Metal très moderne. Issue des cultures de l’archipel océanique entourant la Nouvelle Zélande, sa musique explosive est particulièrement physique et d’une richesse incroyable. Loin des coups marketing bâtis sur des cultures lointaines, « Ala Mai » saisit et frappe avec une honnêteté incontestable.
SHEPHERDS REIGN
« Ala Mai »
(Golden Robot Records)
Originaire d’Auckland en Nouvelle Zélande, SHEPHERDS REIGN a à coeur d’intégrer fortement les influences de sa culture polynésienne dans un Metal qui se veut aussi Groove que Heavy. Après un premier album éponyme en 2018, le quintet est de retour avec « Ala Mai », qui combine les rythmes rituels des Tonga, la fierté guerrière de Samoa et son héritage maori avec des riffs puissants et acérés puisés dans un style ravageur, très actuel et même intemporel.
D’une rare authenticité, surtout lorsqu’il s’agit d’Ethnic Metal dont beaucoup se servent pour n’en faire que du folklore, SHEPHERDS REIGN ne donnent pas dans l’appropriation de couleurs exotiques pour rendre son registre crédible et percutant. Les membres du groupe vivent véritablement leur musique à laquelle ils ont très habillement intégré une culture dont ils sont naturellement imprégnés. Le résultat est captivant et unique. « Ala Mai » ne ressemble à aucun autre disque et c’est là toute sa force.
Et toute cette énergie, parfois très brute, est guidée par une envie et un désir de partage de ce patrimoine tribal ancestral. Féroces et aussi émouvants dans leur approche, les Néo-Zélandais montrent une réelle passion à enchaîner des morceaux racés et d’une implacable vigueur (« La Manu », « Aiga », « Nafanna », « Ua Masaa », « The World Bleeds », « Samoa Samoa », « Mo’omo’ogo Sa Molia »). En mélangeant l’anglais, le tongien et le samoan, SHEPHERDS REIGN signe un opus brillant et original.
Après quatre petites années au sein de Burning Witches (2015-2019), la frontwoman helvète a décidé de changer de voie et de se lancer seule dans un registre musclé, certes, mais loin du Metal qu’elle assenait auparavant. Plus féminines aussi, les compositions de « Addicted To Color » n’en demeure pas moins solides et entêtantes. Avec ce très bon deuxième album, SERAINA TELLI montre beaucoup de caractère.
SERAINA TELLI
« Addicted To Color »
(Metalville)
Après seulement deux albums studio et un live avec Burning Witches, la Suissesse SERAINA TELLI a pris son envol et il faut bien reconnaître que depuis l’an dernier et son premier opus, « Simple Talk », elle semble plus rayonnante que jamais. Le chemin qu’elle emprunte en solo est lui aussi différent de son ancien groupe avec une approche plus Rock, plus mélodique et plus ouverte. Bien sûr, il reste des éléments Hard Rock dans son jeu et on ne saurait s’en plaindre.
La trentaine épanouie, elle réussit avec « Addicted To Color » le tour de force de concentrer une belle énergie, une qualité d’écriture indéniable, une voix puissante, une grande polyvalence musicale et un jeu de guitare très efficace. Loin d’une vision souvent en noir et blanc du Rock et du Metal, SERAINA TELLI met de la couleur, de la joie et de la profondeur dans les morceaux de son deuxième album. Positive et dynamique, la musicienne creuse son sillon.
Musicalement positionnée entre Rock Hard et Power Rock, elle affiche une grande diversité et « Addicted To Color » est bien plus complet et personnel que « Simple Talk », qui ne bénéficiait pas non plus d’une production aussi ample. Evidemment très à son aise sur des titres rentre-dedans (« Songs Fort The Girls », « Be Somebody », « Boogied Man », « Left Behind »), SERAINA TELLI libère de magnifiques charges émotionnelles sur des chansons plus lentes voire acoustiques (« All Your Tears », « The Harder Way »). Bien joué !
D’un statut d’incontournable dans les années 80/90 à celui de paria les deux décennies qui suivirent, le Hard FM, Melodic Rock ou AOR, c’est selon, retrouve des couleurs et redore son blason de belle manière depuis quelques temps. Sans sombrer dans un revival sans saveur, HEART LINE tire au contraire très habillement son épingle du jeu, grâce à des musiciens talentueux et une vision très actuelle, qui font de « Rock’n’Roll Queen » un disque incontournable et un véritable électrochoc.
HEART LINE
« Rock’n’Roll Queen »
(Pride & Joy Music)
Aussi surprenant que cela puisse paraître, la scène hexagonale en matière de Hard FM, vulgairement appelé AOR de nos jours, est dépeuplée et presqu’orpheline. Pourtant, celles et ceux qui ont connu les grandes heures de MTV en ont été joyeusement abreuvés de longues années durant. Mais au milieu de ce désert musical typiquement français, une oasis a vu le jour il y a deux ans avec l’arrivée en trombe de HEART LINE avec un premier album, « Back In The Game », digne des meilleures productions internationales.
Affichant, c’est vrai, une certaine légèreté en raison de la mise en avant de mélodies bardées de refrains entêtants et d’un côté très accessible qui fait justement sa marque de fabrique, le style est pourtant techniquement très exigeant et même plutôt pointu pour qui vise les sommets. N’en joue donc pas qui veut ! Et c’est avec cette volonté et ce savoir-faire que HEART LINE vient frapper encore plus fort avec « Rock’n’Roll Queen », sa deuxième réalisation, toujours faite-maison, encore plus aboutie, assurée et inspirée.
Fondé par son virtuose de guitariste, Yvan Guillevic, qui produit aussi l’album, le quintet breton peut compter sur son équipe de choc, qu’il convient de citer, composée d’Emmanuel Creis (chant), Jorris Guilbaud (claviers), Dominique Braud (basse) et Walter Français (batterie). Fin et accrocheur, HEART LINE distille des compositions très matures et irrésistibles (« I Am The Night », « Call Of The Wild », « Living My Dreams », « Hard Life », « The Fire Still Burns » et le morceau-titre). Un exercice de haute voltige et de grande classe !