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France Hard 70's Rock 70's Rock Progressif

Moundrag : dragon’s flight [Interview]

MOUNDRAG, c’est l’histoire de deux frangins, Camille et Colin Gœllaën-Duvivier, biberonnés au Rock Progressif et psychédélique depuis leur plus tendre enfance. Originaire de Paimpol en Bretagne, le duo détonne et étonne grâce à un line-up surprenant, puisqu’ici point de guitare, ni de basse : juste (beaucoup !) des claviers et une frénétique batterie. A eux d’eux, ils viennent de sortir leur premier album, « Hic Sunt Moundrages », savante concoction de Hard Prog/Heavy Psych dans un  univers de science-fiction 70’s ancré dans une réalité très actuelle. Camille (claviers) nous en dit un peu plus sur ce groupe hors du commun et du temps…

Photo : Théo Gosselin

– MOUNDRAG a commencé à faire parler de lui il y a trois ans avec un premier EP éponyme. Depuis, les choses se sont accélérées. C’était déjà ce que vous imaginez en 2018 en créant le groupe ?

Eh bien non, pas vraiment ! En créant MOUNDRAG, nous avions comme objectif premier de faire les premières parties des groupes en tournée en Bretagne, afin de démontrer aux groupes et au public qu’il n’y a pas besoin de guitare pour faire du Rock’n’Roll ! Mais les choses se sont bousculées après qu’on est joué au Trans Musicales de Rennes en 2019. Depuis, on joue partout en France et en Europe… et on ne joue plus en premier !

– Comme de plus en plus de groupes, vous évoluez en duo, qui est d’ailleurs aussi une fratrie. Justement, est-ce que cela vous a aidé dans le sens où vous avez sûrement été bercés par la même musique ? Finalement, les repères étaient déjà là

Exactement, on a commencé à jouer ensemble très tôt (Playmobil, Lego…) et vers mes 13 ans, notre oncle irlandais nous a offert le CD de Deep Purple « Made in Japan », et ça a été un choc ! On est passé des Playmobil du grenier au studio de répétition dans la cave. De plus, nos parents sont musiciens, on a depuis tout petit été bercé par la musique et le rythme des tournées et des enregistrements, car on les accompagnait beaucoup.

Photo : Jean-Adrien Morandeau

– MOUNDRAG évolue dans un registre très marqué par les 70’s avec, forcément, de l’orgue en cascade et des morceaux progressifs. Cette évasion sonore et musicale que vous proposez, vous ne la retrouviez pas dans la musique d’aujourd’hui ? Ou plus simplement, c’est son intemporalité qui la rend toujours très actuelle, qui vous a séduit ?

Il est vrai que le Rock 70’s n’est pas du tout diffusé par les médias mainstream… Mais pour nous, ce style de musique et les messages des chansons sont toujours d’actualité ! Les problèmes sociaux, religieux ou encore environnementaux sont toujours présents. Le Rock Progressif et psychédélique est notre moyen de dénoncer et de parler des sujets qui nous angoissent… Et franchement, le Rock des années 70, c’est pas le kiff absolu ?

– « Hic Sunt Moundrages », votre premier album, vient tout juste de sortir et il est d’une incroyable fraîcheur et surtout il bénéficie d’une production très live et spontanée. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, car il est le reflet parfait de vos concerts ?

Merci beaucoup ! Il a été enregistré en février 2021 dans les studios ZF Prod à côté de Rennes. Nous étions en osmose, perdus dans la campagne et sous la neige pendant dix jours ! Nous avons enregistré les parties rythmiques (basse, batterie, orgue) en live. Nous avons ensuite fait les overdubs des voix et des autres instruments (piano, percussions, mellotron, Moog…). Nous avons fait le choix de ‘surproduire’ ce premier album, car nous aimons différencier le live du studio. Maintenant le challenge, c’est de réarranger les morceaux studio pour le live.

– En vous écoutant, on pense à beaucoup de groupes, mais il dégage de MOUNDRAG beaucoup d’originalité et un souffle que l’on ne retrouve pas souvent dans la musique des 70’s. Votre intention est-elle de ‘dépoussiérer’ un peu un registre, qui peut paraître lointain pour certains ?

Nous aimerions que plus de personnes, et notamment des jeunes, écoutent ce style de musique, c’est pour cela qu’on essaye de rendre le Rock 70’s plus ‘actuel’ avec les codes de la musique d’aujourd’hui. Cela se traduit par une structure musicale, des refrains, des sonorités (parfois) plus actuelles, tout en gardant une énergie et une esthétique 70’s. Nous adorons jouer aux archéologues de la musique. D’ailleurs, « Hic Sunt Moundrages » est rempli de références et d’hommages aux groupes qu’on adore, tout en gardant notre patte de jeunes de 2022.

Photo : Jean-Adrien Morandeau

– Une autre de vos particularités est que vous chantez tous les deux. Comment cela se passe-t-il ? Chacun chante ce qu’il écrit, ou est-ce que vous adaptez vos voix et vos textes aux morceaux ?

Nous avons commencé à chanter sérieusement avec la création de MOUNDRAG, et donc chanter ensemble était la meilleure chose à faire. En unissant nos deux voix, on a réussi à trouver des harmonies comme celles des groupes Folk et Prog des seventies que nous aimons tant. En général, il n’y a pas de règles sur qui chante le lead et qui écrit les textes. On partage nos voix aussi en fonction de ce qui nous rend à l’aise à chanter et surtout pour ne pas laisser l’autre dans la difficulté.

– MOUNDRAG est empreint d’une forte communion entre votre musique et un aspect visuel très présent. Et au-delà des histoires de dragons (que j’adore !), vous abordez aussi des problèmes actuels très forts où se croisent religion et diverses cultures. Iriez-vous jusqu’à dire que vous avez un message à livrer à travers votre musique ?

L’univers musical étant bien particulier, il faut que l’univers visuel le soit aussi. Donc, c’est à travers des paysages de science-fiction que nous trouvons l’inspiration des thèmes de nos chansons. Les thèmes de sciences fictions sont en général plutôt pessimistes vis-à-vis de l’évolution des sociétés, et c’est en imaginant le futur sur notre terre à partir de ce que nous vivons actuellement que nous ne voyons que des problèmes pour les années à venir. Nous sommes très inquiets du chemin que nos politiciens, nos cultures et les religions nous font prendre… Et la musique progressive est parfaite pour mettre en abîme ces sujets pas faciles à exploiter dans le Rock’n’Roll.

– Parlons de l’album, qui est finalement assez court, puisqu’il contient cinq titres. Parmi eux, il y a « La Poule » et ses 20 minutes. Le morceau est incroyable en rebondissements et passe par de nombreuses émotions. Même s’il laisse apparaître un esprit très jam, il est très écrit avec des chapitres bien distincts. Comment ce morceau emblématique de votre répertoire a-t-il vu le jour, et est-ce que l’envie de composer un titre aussi long était présente dès le début, comme une sorte de challenge ?

Avant même de commencer MOUNDRAG, nous avions déjà la première partie de « La Poule » et il était déjà question d’en faire un morceau de 20 minutes, c’était notre rêve ! C’est comme ça que nous l’avons créé, parties par parties, comme pour bâtir un édifice pierre par pierre. Et cela prend du temps, en tout cas, ça nous a mis du temps à composer. Souvent les choses venaient très facilement et parfois c’était totalement l’inverse… Il nous est arrivé de buter sur un passage, ne plus savoir quoi faire après, ou comment faire la transition d’une partie à une autre. Il y a eu même des moments de questionnement sur le concept-même de composer ce titre, d’aller au bout. Finalement, on s’est retrouvé en studio avec tout en tête et tous les arrangements prévus. On l’a enregistré sans se poser toutes ces questions et c’est comme ça qu’est né « La Poule ».

– J’aimerais enfin qu’on dise aussi un mot sur Komodrag & the Mounodor, qui est la fusion entre MOUNDRAG et le groupe finistérien Komodor. Sur scène, il y a une réelle osmose entre vous à tel point qu’on a l’impression que vous vous connaissez depuis toujours. Est-ce qu’on pourrait imaginer la sortie d’un album ? D’ailleurs, est-ce que vous en avez déjà parlé entre vous ?

Les premières dix minutes de notre rencontre avec les Komodor en 2019 nous ont paru comme si c’était dix ans. Les relations humaines sont la base de toutes créations musicales et quand il y a l’étincelle entre différentes personnes, il faut foncer car on ne sait pas quel brasier va naître de cette étincelle. Les Komodor et nous, c’est puissant et sur scène c’est l’extase ! Et en studio, il ne vaut mieux pas imaginer… Bien sûr, il va y avoir un album qui sortira ! On attend juste tous ensemble que « Hic Sunt Moundrages »fasse un peu de route, mais on sent qu’on n’aura même pas le temps de souffler un peu entre les deux albums !

L’album de MOUNDRAG, « Hic Sunt Moundrages », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.

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Classic Rock Hard 70's Progressif

Spell : chevauchée mystique

En jouant avec les dimensions musicales et grâce à une aisance technique de chaque instant, SPELL livre un album de haute voltige et le duo canadien provoque une incroyable alchimie entre des passages très Heavy, des aspects progressifs et un Classic Rock limpide et envoûtant. Très bien produit, « Tragic Magic » reste facile d’accès, malgré des prouesses artistiques multiples et originales.

SPELL

« Tragic Magic »

(Bad Omen Records)

Si SPELL a réduit la voilure pour se présenter aujourd’hui sous la forme d’un duo, c’est sûrement dans un souci d’efficacité et afin d’aller à l’essentiel. Et sur « Tragic Magic », on peut assurer que les Canadiens révèlent l’essence véritable de leur Heavy Rock, où le mysticisme côtoie l’occulte et où le Classic Rock se fond avec talent dans le Prog. Un brin vintage, ce quatrième album libère des ambiances captivantes.

En osmose totale, Cam Mesmer (chant, basse, guitare) et Al Lester (chant, batterie, lead guitare) offrent des envolées enivrantes dans les pas de Blue Öyster Cult ou King Crimson, et sur des guitares dont le mordant et l’attaque se veulent à la fois aérés et percutants. SPELL a misé sur un esthétisme pointilleux où les voix sont nettement plus présentes qu’auparavant. Le binôme semble avancer les yeux fermés avec une maîtrise souvent bluffante.   

A l’image de sa pochette, « Tragic Magic » nous transporte, sans nous malmener, entre rêve et réalité sur des morceaux parfois chimériques et héroïques (« Cruel Optimism », « A Ruined Garden », « Hades Embrace », « Fever Dream »). Malgré le grand soin porté aux atmosphères, SPELL ne s’étend pas. Les dix titres ne traînent pas en longueur et restent plutôt racés (« Fatal Breath », « Souls In Chains »). Mouvementé sans être chaotique !

Photo : David P. Ball
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Sludge Stoner Rock

Blackbird Hill : attiser un souffle nouveau

Changement ou évolution naturelle, une chose est sûre : le duo bordelais dégage une impression de grande liberté à travers « Embers In The Dark ». Ce revirement n’a rien de vraiment anodin. Il est le reflet des sentiments qui animent BLACKBIRD HILL depuis ces deux dernières années. Du Blues Rock au Stoner, le cap est franchi et quelques fulgurances Sludge s’invitent même à la fête.

BLACKBIRD HILL

« Embers In The Dark »

(Lagon Noir/Kaa Production/Alter K)

De son Blues Rock originel, il ne reste plus grand-chose, si ce n’est quelques effluves enveloppants qui viennent adoucir ce deuxième album des Bordelais. Après « Razzle Dazzle » sorti en 2020 et stoppé net en plein élan, BLACKBIRD HILL a décidé de durcir le ton, une manière peut-être de faire front aux évènements subis. Et c’est dans un Stoner Rock solide que le duo a décidé dorénavant d’officier.

Etonnamment, les confinements et l’absence de concerts ont conduit Maxime Conan (chant, guitare) et Théo Jude (batterie, chant) à se poser des questions et à y apporter les bonnes réponses. Plus lourd et plus épais, « Embers In The Dark » vient se poser de façon massive pour libérer une puissance folle que le Blues Rock d’antan de BLACKBIRD HILL n’aurait sans doute pas permis.

Désormais, la guitare se fait baryton et très amplifiée, tandis que le groove, s’il reste intact, a lui aussi pris du volume (« Black Feathers », « Flatine », « Beat The Retreat »). Costaud et imposant, « Embers Inn The Dark » dévoile même une certaine mélancolie dans la voix, façon folk singer. BLACKBIRD HILL avance sans retenue et fracasse à tout-va avec méthode (« Reset », « The Colder The Better »). Incandescent !

Photo : Florent Pinsault
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Metal Progressif

Etrange : Metal spatio-temporel

Raconter une histoire sur fond de Metal Progressif instrumental est le pari un peu fou et surtout la démarche entreprise avec talent par ETRANGE. Le duo français met toute son inspiration et sa technicité sur un deuxième album, « Enigme », dont les contrastes sont saisissants et le relief étonnant. Le voyage dans l’espace suit son cours.

ETRANGE

« Enigme »

(Independant)

Alors que le site n’existait pas encore, je me souviens très bien avoir écrit quelques lignes sur la page Rock’n Force du réseau social bleu en 2019 lors de la sortie du premier album éponyme d’ETRANGE. L’occasion était donc trop belle pour m’y replonger avant d’écouter le petit dernier, « Enigme », qui se présente comme une belle suite.

Fondé en 2017, le duo instrumental français est le fruit du travail en commun de Velhon (claviers, programmations, mix/master) et de Deadale (guitares, basse, illustrations), qui sont parvenus à créer un univers très personnel à travers une musique qui l’est tout autant. ETRANGE évolue dans un Metal progressif Cinématique très immersif et vigoureux.

Sur des morceaux assez longs allant de sept à près de dix minutes, « Enigme » propose un voyage spatial tout en mouvement en parcourant un large spectre Metal. ETRANGE pose un décor de science-fiction sur fond de Heavy et de Progressif avec des fulgurances extrêmes, qui offrent des atmosphères aux aspects originaux et très travaillés. Une belle réalisation.

L’album est disponible sur le site du groupe : http://etrangemusic.com/home

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Hard Rock

Nordic Union : une entente percutante

Surfant sur une belle dynamique entre Hard Rock et Heavy Metal, le Danois Ronnie Atkins de Pretty Maids et le Suédois Erik Martensson de W.E.T. et Eclipse se sont remis à l’œuvre et sortent le troisième album de NORDIC UNION. Très mélodique et pêchu, « Animalistic » fait la part belle à un songwriting infaillible.

NORDIC UNION

« Animalistic »

(Frontiers Music)

On n’arrête plus Ronnie Atkins ! Alors qu’on lui avait diagnostiqué un cancer en 2019 et que sortait l’album « Undress Your Madness » de son groupe Pretty Maids, le chanteur danois a décidé de prendre les choses en main et a sorti un premier album solo en 2021, « One Shot », suivi de « Make It Count » l’année suivante. Et presqu’au même moment, il travaillait déjà sur des morceaux pour NORDIC UNION. Un véritable bourreau de travail !

Imaginé par le patron de Frontiers Music désireux de sortir un solide opus de Hard Rock mélodique et un brin Heavy, le groupe s’est constitué autour de Ronnie Atkins au chant, bien sûr, et du Suédois Erik Martensson (Eclipse, W.E.T.), prolifique multi-instrumentiste et producteur. L’aventure du duo a commencé en 2015 avec un premier album éponyme en 2016, puis « Second Coming » en 2018. NORDIC UNION a ainsi consolidé ses fondations.

Avec « Animalistic », le duo fait de nouveau des étincelles sur des titres qui rappellent tout de même les formations respectives des deux musiciens, avec une légère touche de Talisman, mais confirme aussi une identité musicale bien à lui, bourrée d’énergie, de riffs aiguisés, de solos affûtés et de mélodies entêtantes (« On This Day I Fight », « Riot », « Scream », « Animalistic », « Last Man Alive »). NORDIC UNION séduit et se montre même redoutable.

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Musique celtique

Stone Age : nouveau cheminement

Toujours inspiré par le monde celtique avec une prédominance pour la Bretagne, STONE AGE se balade inlassablement à travers les légendes et les contes avec un style très identifiable élaboré sur des sonorités modernes, parfois vintage, Electro, Pop et progressives. « Bubry Road » reprend le chemin entamé sur les quatre premiers albums avec une belle créativité.

STONE AGE

« Bubry Road »

(Nevez Productions/Coop Breizh)

Figure incontournable de la scène celtique, STONE AGE réapparait cinq ans après « Totems d’Armorique » avec un nouvel album positif, dynamique, plongeant dans toutes sortes de rêveries. Toujours inspiré par les légendes, notamment bretonnes, le désormais duo constitué de Marc de Ponkallec (Marc Hazon) et de Kervador (Michel Valy) renouvelle quelque peu son registre en naviguant dans des sphères Electro-Pop où l’on se laisse volontiers porter.

Si le quatuor habituel a laissé place au binôme de multi-instrumentistes, STONE AGE accueille du beau monde, dont Robert Le Gall, Xavier Geromimi, Philippe Hervouet, Loïc Blejean, Konan Mevel, Kohann et d’autres. Très accessible, « Bubry Road » ne s’inscrit pas dans un registre traditionnel, mais invite plutôt à la découverte des ambiances et des musiques celtes.

Sur une production éclatante et légère, STONE AGE nous fait profiter de la richesse de ses morceaux qui, malgré des arrangements pointilleux, restent très fédérateurs (« Dansit For Tomorrow », « You Know », « Anti Age », « Pleg An Amzer », « Rozenn An Dro », « Armen Dañs », « Groës Coët »). Surprenant et à l’atmosphère voyageuse, ce cinquième opus pourra contrarier les puristes, mais ne manquera pas d’attirer les curieux.

Photo : Antoine Tilly
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Blues Blues Rock International Rythm'n' Blues

Starlite Campbell Band : le plaisir dans l’osmose [Interview]

Unis à la ville comme à la scène, Suzy Starlite et Simon Campbell se sont presque naturellement trouvés pour donner naissance à un Blues Rock riche, varié et terriblement envoûtant. Parcourant avec une grande facilité de nombreux courants en imposant un style bien à lui, le STARLITE CAMPBELL BAND livre son premier album live, où l’on prend la pleine mesure du talent de la bassiste-chanteuse et de son mari guitariste-chanteur. Entretien avec un duo dont les yeux ne cessent de pétiller.

Photo : Paul Husband

– Avant de parler de ce très bon album, j’aimerais que vous nous parliez de votre rencontre aussi musicale que sentimentale en 2012. Le groupe est le fruit d’une très belle connexion à tous les niveaux… Musicalement et techniquement, STARLITE CAMPBELL BAND affiche une belle créativité et une expérience évidente. Quel a été votre parcours respectif avant de fonder le groupe ?

Simon : J’ai commencé à jouer de la guitare à 16 ans et j’ai passé la majeure partie de ma vie immergé dans la musique, une passion qui m’a donné une riche expérience à travers les décennies, les pays et les genres. C’est à 18 ans et je me suis intéressé à l’enregistrement et à la production en travaillant comme guitariste de session et j’adorais être des deux côtés de la barrière. Les personnes, avec lesquelles j’ai appris, ont toutes été formées dans les années 50 et 60, ce qui m’a donné un excellent aperçu de la meilleure façon d’enregistrer de manière vraiment analogique.

J’ai toujours écrit ma propre musique et après les groupes ‘Whitefire‘ et ‘Roadrunner‘, j’ai signé un important contrat d’enregistrement avec Line Records (Polydor Allemagne) en 1989 avec mon groupe ‘Little Brother‘.

Suzy et moi sommes nés au Royaume-Uni. Je suis né à Radcliffe, au nord de Manchester et Suzy à Ross-on-Wye, au centre de l’Angleterre, près de la frontière galloise. Nous avions tous les deux déménagé sur l’île de Man indépendamment et j’ai rencontré Suzy pour la première fois en 2011 par l’intermédiaire d’un ami qui m’a parlé de sa merveilleuse écriture. Puis, Starlite a organisé l’événement de lancement de mon premier album solo « ThirtySix » au Centenary Centre.

Peu de temps après, j’ai monté un groupe de quatre musiciens avec Suzy au chant et à la guitare acoustique appelé ‘Starlite’. Je suis devenu le guitariste électrique du groupe et, collectivement, nous avons apporté une touche plus Rock à la musique. Mettant en avant nos propres chansons originales, le quatuor a écumé le circuit live qui comprenait un ensemble dynamique jusqu’au Mannifest, le plus grand festival en plein air de trois jours de l’île.

Suzy : J’avais étudié les médias et la performance à l’université de Salford et j’avais été avec mes propres groupes, ‘Megiddo’ et ‘Trade’, en tournée dans le circuit Folk et Indie britannique dans les années 90. Quand j’ai commencé à travailler avec Simon, nous étions tellement connectés à tellement de niveaux que nous avons finis par tomber amoureux accidentellement sur scène. Après une romance musicale éclair, nous avons décidé de quitter l’île de Man et de commencer une toute nouvelle vie ensemble. Nous avons donc déménagé en France en 2014 avec Hummock, la bête poilue de Simon, un labrador.

Ce fut une période incroyablement belle et romantique entourée de champs de vignes, dégustant la merveilleuse cuisine française et des vins de classe mondiale. Nous avons commencé à écrire des chansons ensemble, ce qui a vu naître le projet de danse synthétique « Electrolite » dans les années 80 avec le claviériste analogique Mark Cleator. L’EP de trois titres est sorti sur un vinyle 180g 12″ en édition limitée et plus tard, il a été signé chez Ninth Wave Records à New-York, aux États-Unis.

Après sept mois dans la campagne française, nous sommes ensuite partis à la recherche de climats plus chauds et d’une expérience culturelle différente à Valence, en Espagne. Cette année-là a également changé notre vie à bien des égards : nous nous sommes mariés sur les rives du Loch Fyne à Inveraray, en Écosse, et je suis devenu complètement accro à la basse.

Ce n’est que fin 2016 que nous avons décidé de former le STARLITE CAMPBELL BAND et co-écrit notre premier album « Blueberry Pie » en seulement deux semaines.

Photo : Peter Putters

– Vous avez deux albums à votre actif. Vous êtes tous les deux le socle du groupe avec plusieurs musiciens qui gravitent autour de vous. De quelle manière se passe le processus d’écriture ? Vous travaillez tous ensemble, ou est-ce que vous partagez vos idées après avoir composé chacun de votre côté ?

Simon : Suzy et moi écrivons toutes les chansons du groupe et avons la chance de travailler avec de fabuleux musiciens de session. Parfois, nous écrivons indépendamment et d’autres fois ensemble, cela change tout le temps. Ce qui nous intéresse le plus, c’est l’art et le processus d’écriture des chansons et de répondre aux besoins de celle-ci, afin qu’il n’y ait pas d’ego impliqué. Nous avons un plaisir compétitif très léger.

Suzy : Comme nous faisons tout nous-mêmes, depuis l’écriture, le jeu, l’enregistrement, la production, le marketing, les relations publiques ou la démarche pour caler les concerts, nous avons tendance à réserver du temps pour l’écriture. Nous sommes actuellement dans l’un de ces cycles et travaillons sur de nouvelles compositions pour élargir l’étendue de notre palette musicale et d’écriture.

– Vous êtes originaires de l’île de Man et pourtant votre Blues ne sonne pas totalement anglais. Il y a beaucoup d’influences diverses et notamment américaines. Habituellement, le British Blues est très identifiable et même souvent revendiqué. C’est un choix délibéré ou c’est dû à la variété de votre culture musicale à tous les deux ?

Notre écriture est basée sur des influences musicales de nombreux pays. Bien sûr, les États-Unis sont le berceau du Blues, du Jazz et de la Country, qui influencent la plupart des musiques occidentales. Nous accordons beaucoup d’attention à la musique folklorique de différents pays, en particulier l’Afrique, le Royaume-Uni, l’Europe et bien sûr la péninsule ibérique où nous vivons maintenant ! Par essence, le ‘son’ de notre musique est basé sur une esthétique de jeu, d’enregistrement et de production très britannique.

Photo : Paul Husband

– Un petit mot aussi sur les musiciens qui vous accompagnent. Ce sont les mêmes en studio et sur scène, car il y a un esprit jam prédominant dans votre jeu et plus largement dans votre style ? Et pour cela, il faut une grande complicité…

Simon : Une excellente section rythmique est essentielle dans chaque groupe et notre batteur de prédilection pour le STARLITE CAMPBELL BAND est Steve Gibson, qui est basé dans le sud de Manchester. Combiné avec Suzy à la basse, je peux honnêtement dire que c’est la meilleure section rythmique avec laquelle j’ai jamais joué, à la fois en live et en studio.

Cette solide rythmique derrière nous permet d’intégrer une variété de claviéristes live au fil des ans, notamment Jamie Pipe (Martin Barre, Danny Bryant), Jonny Henderson (Matt Scofield, Kirk Fletcher), Christian Madden (Liam Gallagher Band), Gabriele del Vecchio (Los Perros del Boogie) et Josh Phillips (Procol Harum).

Suzy : Oui, on s’amuse !!! La beauté de travailler avec ces musiciens  de classe mondiale est la liberté d’improviser, de changer les choses et de s’amuser avec le public, ainsi que quelques sympathiques duels guitare/clavier. Il n’y a jamais deux concerts identiques !

En studio avec le STARLITE CAMPBELL BAND, nous avons utilisé exclusivement Henderson et del Vecchio, mais Madden et Dave Formula (Magazine & Visage) sont apparus sur les deux premiers disques solos de Simon.

– D’ailleurs, vous êtes basés au Portugal. Cela ne complique pas trop les choses pour fixer le groupe, échanger entre musiciens ou partager vos idées ? Ou alors, vous soumettez vos morceaux aux autres membres du groupe une fois les chansons écrites ?

Simon : Cela entraîne certaines complications, ce qui était évident pendant la pandémie, alors que nous essayons d’enregistrer tous ensemble. Suzy et moi avons une bonne idée du tempo et de la sensation de base de la batterie, lorsque nous arrangeons les morceaux sur nos postes de travail audio numériques, à savoir Pro Tools et Ableton Live.

Suzy : La section rythmique et la guitare de base sont posées en même temps, alors nous emmenons Steve pour passer une semaine environ à travailler sur les chansons et à trouver juste le groove, puis à jouer ensuite les pistes. Il est très rapide et précis, nous avons donc le temps de nous amuser!

Simon : À moins que ce ne soit une partie très rythmée, les claviers ont tendance à être des overdubs et sur notre dernier album « The Language of Curiosity », nous avons réussi à suivre Jonny aux Rockfield Studios (l’endroit où « Bohemian Rhapsody » et bien d’autres grands succès ont été créés), qui est situé à Monmouth, au Pays de Galles et à seulement quelques kilomètres de la ville natale de Suzy. Encore une fois, j’ai tendance à avoir une idée de ce que nous voulons, et lorsque le bouton d’enregistrement passe au rouge, le véritable professionnalisme et l’art transparaissent !

Photo : Ken Jackson

– Parlons de ce troisième album qui est un enregistrement live. Sortir un disque comme celui-là après seulement deux réalisations en studio est assez rare. C’est une manière de dire que STARLITE CAMPBELL BAND est avant tout un groupe de scène ?

Suzy : Le projet STARLITE CAMPBELL BAND est aussi à l’aise en studio que sur la scène d’un festival. En tant qu’artistes, Simon et moi sommes curieux, posant constamment des questions et explorant de nouveaux sons, idées et pensées en studio. En ce sens, nous voulions vraiment capturer la spontanéité d’une performance live comme celle d’un ‘polaroid musical’ avant de passer à notre prochain projet d’album.

Simon : L’album contient des morceaux de mon catalogue solo que nous avons présentés en live. Ce sont des interprétations totalement différentes des originaux et très STARLITE CAMPBELL ! Je pense qu’ici, nous voulions présenter à notre public, qui n’a peut-être jamais vu le groupe sur scène, la façon dont nous réinterprétons et ajoutons de l’énergie et de l’improvisation aux morceaux dans cette configuration live.

– Vous l’avez enregistré en Angleterre entre Met, Bury et The Grange Theatre. Là encore, c’est surprenant. Pourquoi ne pas avoir gardé une seule et unique soirée sur le disque ? En dehors de ne vouloir garder que le meilleur, bien sûr…

Suzy : La plupart des albums live sont compilés à partir d’une série de soirées au même endroit, tout comme l’ultime enregistrement live « Made In Japan » de Deep Purple. Tous nos enregistrements ont été réalisés dans le cadre de différentes tournées à des moments différents où nous avons joué dans les salles un soir. Nous avons donc sélectionné les morceaux qui fonctionnent vraiment pour notre album lors de trois soirées différentes.

– Outre la qualité de jeu au niveau guitare, le groove incroyable de Suzy à la basse et le chant que vous partagez, il y a également une belle mise en lumière des claviers et plus particulièrement de l’orgue Hammond. D’ailleurs, il y a trois claviéristes sur l’album. Comment cela se fait-il ?

Simon : Merci pour le compliment ! Comme nous en avons discuté dans la question précédente, les enregistrements ont été réalisés au cours de tournées différentes mettant en vedette différents claviéristes. Chacun a un style unique. C’est comme cuisiner le même plat, mais en variant l’un des ingrédients !

– Enfin, j’aimerais que vous nous disiez un mot sur votre reprise du standard de Procol Harum, « A Whiter Shade Of Pale », qui clôt l’album. Il y a la rencontre avec Josh Phillips qui vous avait rejoint sur scène, c’est ça ?

Suzy : Josh avait un créneau dans le planning de tournée de Procol Harum, ce qui nous a donné l’opportunité de travailler ensemble et de jouer des concerts complets lors d’une tournée au Royaume-Uni. Nous avons passé quelques jours à répéter le set du STARLITE CAMPBELL BAND dans son studio dans le sud de l’Angleterre, ce qui était très amusant ! « A Whiter Shade Of Pale » résonne avec Simon car c’est le deuxième single qu’il a acheté et c’était presque un devoir de le jouer pour clôturer les spectacles. Un beau et poignant moment pour nous tous !

L’album Live de STARLITE CAMPBELL BAND est disponible depuis le 22 juillet sur le site du groupe :

https://starlite-campbell.com

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Blues Rock Southern Blues

When Rivers Meet : communion scénique

Enregistré lors d’une tournée marathon en Angleterre au printemps dernier, « The Flying Free Tour Live » est le premier témoignage live de la pourtant courte carrière du groupe. En l’espace de quelques mois, WHEN RIVERS MEET a pris du volume et cela se sent autant dans cette éclatante performance scénique que dans leurs compositions Blues Rock aux ambiances multiples et à la fraîcheur constante. Les Britanniques sont devenus incontournables.

WHEN RIVERS MEET

« The Flying Free Tour Live »

(One Road Records)

En mars de l’année dernière, le duo anglais m’avait véritablement conquis avec un premier album, « We Fly Free », suivi quelques mois plus tard de « Saving Grace ». Surfant sur un succès amplement méritée et multi-awardisé dans la foulée, WHEN RIVERS MEET voit ses efforts et surtout son talent récompensé. Le Blues Rock du groupe va aussi puiser dans le Southern et le Classic Rock, et la voix de Grace Bond fait des merveilles en concert portée par une dynamique incroyable.

Preuve en est que les Britanniques ont su conquérir leur pays, le quatuor a effectué sa toute première tournée en tête d’affiche avec pas moins de 17 dates d’avril à mai dernier. Un rythme effréné qui semble justement avoir apporté encore plus de vivacité et de solidité à un répertoire maintenant fort de deux albums et deux EP. Et c’est donc assez naturellement que WHEN RIVERS MEET a tenu à immortalisé ces instants magiques et ce premier album live est assez époustouflant.

Débordant d’énergie, le couple Grace et Aaron Bond, parfaitement accompagné par Roger Innis (basse) et James Fox (batterie, claviers) parcourt sur 13 morceaux, pour près d’une heure de musique, ses quatre réalisations avec un enthousiasme palpable. Capté lors de trois concerts, « The Flying Free Tour Live » montre des performances tout en feeling et en puissance. D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas et la communion comme l’interaction sont à la hauteur de la créativité de WHEN RIVERS MEET.

Photo : Manny Manson
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Blues Blues Rock International

Brave Rival : une touche féminine irrésistible [Interview]

Avec un tel premier album, « Life’s Machine », les Anglais de BRAVE RIVAL n’ont mis longtemps à se faire remarquer. Pour preuve, une première nomination aux UK Blues Awards et un avenir qui s’annonce radieux. Avec ses deux chanteuses et sa batteuse, le quintet affiche une forte empreinte féminine, qui apporte un souffle d’une grande fraîcheur et une belle inspiration entre Blues, Soul et Rock. Chloe Josephine revient pour nous sur les débuts du groupe et l’élaboration de ce premier opus, particulièrement réussi.

Photo : Rob Blackham

– « Life’s Machine » est votre premier album et il a déjà une belle histoire. Alors que vous deviez entrer en studio, la pandémie a tout stoppé et à peine sorti,  vous êtes nominés aux UK Blues Awards. Même si vous n’avez pas gagné, BRAVE RIVAL commence de la meilleure des manières, non ?

Ces derniers mois ont été fous. Nous sommes extrêmement reconnaissants d’avoir été nominés pour un Blues Award, d’autant plus que nous n’avions sorti qu’un album live à ce moment-là ! Les choses vont de mieux en mieux pour nous et nous avons hâte de voir où cela va nous mener.

– Vous êtes basés à Portsmouth et le quintet se présente avec deux chanteuses et une batteuse. On dirait que les femmes ont pris le pouvoir chez BRAVE RIVAL. Comment s’est monté le groupe ?

Au départ, le groupe a commencé avec trois femmes dans un registre plus folk. Donna (Peters – NDR) jouait de la guitare, mais son truc était plutôt d’être derrière sa batterie. Nous sentions que les chansons appelaient un groupe complet, et c’est ce que nous avons fait ! Nous espérons vraiment que nous pourrons être une source d’inspiration pour les hommes et les femmes. Beaucoup considèrent sans doute cette industrie comme étant masculine, vu qu’elle est tellement dominée par les hommes. Mais un jour, nous aimerions voir un équilibre se créer.

Photo : Rob Blackham

– Vous avez enregistré « Life’s Machine » grâce à une campagne de crowdfunding. C’est par une volonté d’indépendance, ou est-ce qu’il est devenu de plus en plus difficile de signer un premier album sur un label ?

Nous ne sommes pas contre l’idée d’un label, mais cela ne nous a pas semblé nécessaire pour ce disque. Nous avons une base de fans fantastique, qui voulait nous aider à faire l’album. Et le faire de cette façon nous a offert une totale liberté pour explorer nos idées et la vision de notre musique. Cet album a été financé par nos fans et en fin de compte, il est fait pour eux. Les commentaires que nous avons reçus jusqu’à présent ont été extrêmement positifs et nous ne les remercierons jamais assez, non seulement pour leur soutien, mais aussi surtout pour nous avoir permis de faire le disque.

– Pour ce premier album, vous aviez 50 morceaux et vous en avez gardé 12. Même si « Life’s Machine » dure près d’une heure, vous êtes très prolifiques. D’où vous vient cette créativité débordante ?

Nous nous retrouvons tous constamment à proposer des parties de chansons. Nous avons un lecteur en ligne, où nous mettons toutes nos idées et certaines inspirent d’autres membres du groupe à les développer davantage. Nous les développons ensuite en répétition, lors de jams. Au final, on en a tellement qu’on ne sait plus quoi en faire ! Le défi était de réduire l’ensemble à seulement douze, même si au départ, nous étions censés proposer juste dix morceaux.

– Avec autant de chansons, cela a du être très compliqué de faire des choix, non ?

Absolument. Nous avons beaucoup écrit pendant les confinements et on avait encore plus de choix au moment de l’enregistrement. Il a fallu essayer d’être impartial et de choisir les chansons qui étaient les meilleures pour l’album, plutôt que sur les compositions de chacun.

Chloe Josephine et Lindsey Bonnick – Photo Rob Blackham

– J’aimerais que l’on parle du duo que vous formez toutes les deux au chant avec Lindsey. Au-delà d’une grande et évidente complicité qui est l’une des forces du groupe, comment vous répartissez-vous les rôles et de quelle manière écrivez-vous les textes ?

Généralement, l’une de nous propose une partie, généralement avec les paroles et la mélodie. Il y a souvent des trous dans les paroles que l’autre comble. Avoir une deuxième chanteuse pour faire rebondir les idées évite beaucoup de blocages. Quand l’une de nous est coincée, l’autre a généralement quelque chose. Ensuite, on voit là où l’une est meilleure que l’autre. Nous avons des voix très différentes, mais après avoir chanté ensemble pendant si longtemps, nous nous trouvons naturellement.

– Et il y a aussi cette chorale que vous avez créée et enregistrée dans l’église St Mary de Portsmouth. La prestation est superbe. Comment est née cette idée ?

Nous avons toujours imaginé une chorale sur « Long Time Coming », qui est l’une des plus anciennes chansons de l’album. Nous voulions que la chorale soit le point culminant du morceau. Comme nous avions réservé la chorale pour une soirée complète à l’église, il était logique de les faire également jouer sur quelques autres chansons. D’ailleurs, « Break Me » a été complètement métamorphosé grâce à elle.

– Par ailleurs, cette production très organique est incroyable pour un premier album et le mastering signé Katie Tavini est excellent. BRAVE RIVAL est décidemment une histoire de femmes. Cette collaboration était importante pour vous au-delà de l’artistique, dont la qualité est incontestable ?

Absolument ! Notre producteur, Tarrant (Shepherd – NDR), avait travaillé avec elle auparavant, et nous avons été tellement impressionnés par son travail que nous lui avons demandé si elle serait intéressée. Elle nous a vraiment plu, parce que non seulement elle est géniale dans ce qu’elle fait, mais nous avons pensé qu’il était important de travailler avec d’autres femmes dans cette industrie autant dominée par les hommes, en particulier dans le secteur de la production.

Photo : Rob Blackham

– Sur l’album, il y a aussi un aspect très Rock qui dépasse le Blues. Vous mariez la slide avec des riffs très costauds. Dès le départ, vous vouliez que BRAVE RIVAL puisse évoluer dans un spectre musical très large ?

Nous avons tous des goûts musicaux différents, qui vont du Rock à la Soul en passant par la Folk et le Blues. BRAVE RIVAL est l’aboutissement de toutes ces influences. Nous n’avons jamais pris de décision consciente, mais c’est arrivé comme ça. Le Rock est une caractéristique claire pour nous, donc je suppose qu’il est naturel que ce soit quelque chose de très présent. D’ailleurs, « What’s Your Name Again ? » est la chanson préférée de nos fans !

– Pour conclure, j’ai une question sur votre style et votre son. A l’écoute de « Life’s Machine », il est difficile de déceler l’origine de votre jeu. BRAVE RIVAL garde un pied dans le British Blues, tout en montrant de nombreuses influences américaines. C’est cette synthèse que vous souhaitiez faire dès le début ?

On en revient encore une fois à nos influences. Beaucoup de chansons ont été écrites en acoustique et cela apporte naturellement une influence Folk. D’autres commencent par un riff de guitare et est naturellement plus Rock. Cela ne ressemble à BRAVE RIVAL que lorsque nous jouons tous ensemble, car c’est là que ‘notre’ son ressort. Il est difficile de dire d’où il vient, mais je suppose que c’est ce qui rend chaque groupe unique.

L’excellent album de BRAVE RIVAL, « Life’s Machine », est disponible sur le site du groupe : www.braverival.com

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Blues Rock

The Black Keys : groovy fuzz

Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !

THE BLACK KEYS

« Dropout Boogie »

(Nonesuch records)

Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.

Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.

Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.