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Metal Progressif Rock

Motorpsycho : errance psychédélique

Capable de douceur extrême comme de déflagrations écrasantes et dévastatrices, MOTORPSYCHO continue de souffler le chaud et le froid à travers un Rock/Metal Progressif qui n’appartient qu’à lui et dont les courants musicaux sont aussi larges que variés. Toujours aussi psychédélique à travers des morceaux protéiformes souvent brillants, le trio régale une fois encore grâce à une créativité généreuse et inépuisable.

MOTORPSYCHO

« Kingdom of Oblivion »

(Stickman Records/Rune Grammofon)

Les très prolifiques Norvégiens sont déjà de retour après le très bon « The All Is One » sorti en septembre dernier. Sur une bonne heure dix (le format habituel du trio), PSYCHOMOTOR présente un « Kingdom Of Oblivion », toujours aussi inspiré et où la virtuosité de ses membres est éclatante. Bent Sæther (basse, chant) et Hans Magnus Ryan (guitare, chant) ont désormais officialisé le Suédois Tomas Järmyr derrière les fûts, et le groupe semble plus soudé que jamais.

Evoluant toujours dans un registre progressif où viennent se greffer des partitions Rock, Metal, Blues et Folk, le groupe semble laisser livre-court à sa fertile imagination, ponctué de claviers aériens et envoûtants. Encore une fois différent de ses précédentes productions, MOTORPSYCHO tire très habillement son épingle du jeu avec des morceaux qui alternent douceur et fureur décibéliques (« The United Debased », « Dreamkiller », « At Empire’s End », « Alet », « Cormorant »).

Expérimental et atmosphérique, les Scandinaves n’en finissent pas de surprendre, grâce à un jeu et des morceaux tous aussi déroutants et imprévisibles les uns que les autres (« The Hunt », « The Transmutation of Cosmoctopus Lurker », un sommet !). Toujours ancré dans un son très 70’s, profond et organique, MOTORPSYCHO s’amuse franchement, là où d’autres ne noient. Psychédélique et moderne à la fois, le trio paraît intarissable et c’est une vraie bénédiction !

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Extrême International Progressif

Tassi : entre deux mondes [Interview]

Le chanteur et compositeur Dryad, leader du groupe post-Black Metal chinois Bliss-Illusion, revient cette fois en solo dans un univers onirique entre réalité, poésie et divinités à l’œuvre dans un « Northland I & II » saisissant. A travers ce double-album concept, le musicien explore des contrées musicales assez inédites. L’occasion de poser quelques questions au chanteur aussi habité que la trame de l’histoire qu’il nous conte.

– On te connait comme leader du groupe post-Black Metal/Blackgaze Bliss-Illusion avec qui tu as sorti le très bon « Shinrabansho ». Tu sors cet album solo à la faveur d’une pause avec ton groupe, où c’est quelque chose sur laquelle tu travailles depuis longtemps ?

En  fait,  mon album personnel n’était pas planifié de longue date. C’est arrivé soudainement, et je me suis senti à la fois surpris et satisfait.

– J’aimerais tout d’abord qu’on revienne sur ce double-album, « Northland I & II », qui sort actuellement dans une version différente de la première, qui est sorti en deux temps. Quelles sont les principales différences entre les deux éditions ? Et y as-tu effectué des modifications, notamment musicales en ajoutant ou en retirant certains passages ?

C’est vrai que l’album est sorti de deux façons différentes dans sa forme, mais les morceaux et les paroles sont identiques. C’est vrai que la version européenne du design de la pochette est vraiment géniale ! Je tiens d’ailleurs à remercier Alcide, Abel et mon ami William pour tout ce qu’ils ont fait pour mon album.

– Pour sa conception, tu t’es appuyé sur un recueil de nouvelles et de poésie que tu as toi-même écrit. Tu avais déjà en tête le fait de le mettre un jour en musique ?

Je n’avais pas vraiment de plan à ce moment-là, mais j’ai senti que l’année dernière a été vraiment difficile pour tout le monde. Alors j’ai voulu faire quelque chose pour moi, et pas seulement, en cette période spéciale. J’ai donc sorti ces deux albums et j’espère qu’ils pourront apporter joie et paix aux gens.

– « Northland I & II » est aussi un concept-album, avec une trame et une histoire très construites. Peux-tu nous en tracer les grandes lignes et l’histoire qui sert de fil rouge à l’album ?

TASSI, le héro, se situe dans un monde entre l’homme et Dieu. Je crois que c’est aussi l’endroit où je résidais. Car bien sûr, je connais aussi des choses de ma vie antérieure. En fait, le rôle d’Uni (l’amant de Tassi) est devenu une croyance pour Tassi. Elle n’est pas seulement une personne, elle représente son voyage accompagné de nombreuses divinités.

J’étais (Tassi) très fatigué du monde. Plus tard, j’ai rencontré mon amante et ma foi. Puis, j’ai compris ce que je voulais dire dans ce monde. Et je suis très reconnaissant pour tout cela. J’espère que ces gens tristes pourront mener une belle vie, que nos ennuis et nos inquiétudes disparaitront.

– L’album est emprunt de poésie bien sûr, mais aussi d’ésotérisme et même de Bouddhisme, dans une atmosphère très onirique et assez mystique. On y retrouve aussi des sonorités issues de la tradition chinoise et japonaise. Ces différents aspects étaient indissociables dans la conception et pour la cohérence de l’album ? 

Bien que ces deux albums soient des visions du monde bouddhistes, ils ne comportent aucun élément bouddhiste. J’ai voulu me débarrasser du thème musical de Bliss-Illusion C’est un album plein de romance et de divinité. Je dois aussi dire que ces deux albums sont profondément influencés par Sigur Ró s et Dante Alighieri.

– Si « Northland I & II » garde des sonorités Black Metal, l’ensemble est très atmosphérique et progressif avec des passages acoustiques et Folk, ainsi que des bruits de nature. C’est un album très organique et narratif et il est même assez cinématographique dans son ensemble. C’est une touche et une ambiance que tu souhaitais apporter à l’album ?

J’ai utilisé des dialogues de mes films préférés. Mon troisième album est toujours en cours d’enregistrement, et j’ai l’intention d’ajouter des sons ambiants et d’autres éléments musicaux. Je ne suis pas seulement un blackgazer. Je suis très fan de Rock indépendant et de Dream Pop. Je veux essayer de les intégrer dans de futurs albums. Parce que « Caelum Deva » est un monde coloré.

Le chant est lui aussi assez différent d’avec Bliss-Illusion puisque s’il y a toujours du growl, tu chantes beaucoup en clair et les passages parlés sont eux aussi très nombreux. Vocalement, rester dans un registre exclusivement Metal était impossible pour un tel album ?

Les chansons de Bliss-Illusion sont toutes chantées par Dryad, tandis que les chansons de Northland sont chantées par TASSI. Parce que mon signe astral est celui des gémeaux ! (Rires)

– Maintenant que tu as exploré d’autres registres avec TASSI, cela a-t-il donné des envies et des idées pour la suite et mener en parallèle de ton groupe ce projet solo encore un peu plus loin ? Ou au contraire, était-ce un one-shot au concept unique qui n’aura pas de suite ?

Sérieusement, j’y ai réfléchi. Je ne sais pas pour l’avenir, mais je ferai de mon mieux. Je continuerai à faire l’histoire et la musique de « Northland », car c’est l’endroit où ma femme et moi vivions. Ça me manque beaucoup. Bien sûr, nous chérirons chaque jour dans ce monde. Enfin, j’espère que vous pourrez tous être en bonne santé et en sécurité, merci à toi.

« Northland I & II », l’album de TASSI, est disponible chez Anesthetize Productions

https://anesthetize.fr/produit/tassi-northland

Bandcamp : https://tassi.bandcamp.com/music

Retrouvez également la chronique de l’album : https://rocknforce.com/tassi-epopee-orientale/

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Extrême Progressif

Tassi : épopée orientale

Le leader du groupe de post-Black Metal/Folk bouddhiste chinois Bliss-Illusion livre un copieux et généreux double-album solo sous le nom de TASSI. Avec « Northland I & II », Dryad nous emmène en voyage dans une atmosphère douce et progressive où quelques fulgurances extrêmes viennent se nicher. Original et créatif, ce double concept-album conjugue poésie et explosion métallique.

TASSI

« Northland I & II »

(Anesthetize Productions)

On commence doucement à s’intéresser et à connaître le Metal chinois et ce n’est pas vraiment un hasard. L’Empire du Milieu regorge de très bonnes formations comme Bliss-Illusion, et c’est précisément du double-album de son leader Dryad dont il est question. Avec TASSI, c’est en solo qu’évolue cette fois le musicien qui entièrement composé et réalisé « Northland I & II » dans une nouvelle version.

Initialement sorti en Chine séparément, c’est donc sous une nouvelle mouture que le chanteur et multi-instrumentiste présente ce concept-album où ésotérisme, religion et Black Metal font bon ménage. Inspiré par son propre recueil de nouvelles et de poésie, Dryad a conçu TASSI et ces deux albums autour d’une histoire basée sur la quête de son héro du même nom pour retrouver son amante.

Entre post-Black, Blackgaze et Folk Progressive, on navigue dans une ambiance à la fois brutale et sereine. Très atmosphérique, « Northland I & II » évolue dans un climat aussi acoustique qu’électrique, dans lequel le chant de Dryad passe du clair au growl et à des passages parlés avec une belle fluidité. TASSI avance dans le clair obscure où les ambiances et les genres ne font qu’un. Un beau voyage cosmique au cœur de la culture chinoise.

Retrouvez TASSI en interview dans les prochains jours.

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Blues Folk/Americana Rock

Gary Lucas : essentiel et indispensable

Joueur de Blues, de Rock Psychédélique, de Jazz, compositeur de musique classique et de films, GARY LUCAS est une bande originale de son époque à lui tout seul. Songwriter et guitariste hors-pair et aux mille visages, l’Américain est aussi incontournable que discret, dont le talent et la virtuosité parlent pour lui. Aujourd’hui sort « The Essential », une belle représentation de l’éclectisme et de l’élégance du musicien.

GARY LUCAS

« The Essential »

(Knitting Factory Records/PIAS)

Je sais que je ne chronique habituellement pas les compilations, mais si vous n’avez aucun album de GARY LUCAS, c’est le moment de vous procurer « The Essentiel ». Le double-album retrace sur 36 titres les 40 ans de l’incroyable carrière de ce guitariste de génie. Bien plus qu’un guitar-hero, l’Américain est un héro de la guitare à qui aucun style ne résiste : un touche-à-tout capable de tous les grands écarts possible.

Le leader de Captain Beefheart, puis de Gods & Monsters, a joué avec les plus grands groupes et artistes et compte également une trentaine d’albums solos à son actif et dans des registres très différents. Parmi ses collaborations, GARY LUCAS a côtoyé Leonard Bernstein, Chris Cornell, Nick Cave, Warren Haynes (Allman Brothers), Iggy Pop, Dr John… La liste est très longue !  

Mais le fait le plus marquant et célèbre du guitariste reste la découverte de Jeff Buckley dont il devient le mentor et pour qui il écrira « Mojo Pin » et « Grace », devenus des classiques. Producteur des Français de Tanger et co-compositeur de « Spider Web » de Joan Osborne, GARY LUCAS a même signé des bandes originales de films et de séries TV. Virtuose au jeu élégant, l’Américain est bien plus qu’une référence.

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Extrême Metal Progressif

Death Of A Dryad : un conte très contemporain

Sept ans après son premier effort, le duo Dark Metal Atmosphérique s’est remis à la tache et propose de nous conter une histoire sombre et musicalement obsédante. Avec « Hameln », DEATH OF A DRYAD présente une diversité musicale incroyable, originale et actuelle qui vient transcender une légende plus que centenaire.

DEATH OF A DRYAD

« Hameln »

(Wormholedeath Records)

Composé des deux multi-instrumentistes Carol et Nogh, également fondateurs du groupe Mind Imperium, DEATH OF A DRYAD a déjà près de 13 ans d’existence et un album éponyme sorti en 2014 à son actif. Avec « Hameln », c’est à travers un Dark Metal Atmosphérique aux contours médiévaux (et pour cause !) que les Lyonnais revisitent la légende allemande du joueur de flûte de Hamelin et son invasion par les rats.

La force de « Hameln » réside bien sûr dans son côté narratif dû au concept de l’album, et DEATH OF A DRYAD montre une fluidité imparable dans cette multitude d’atmosphères traversée par le duo. Intense et éthérée, la musique des Français reste toujours captivante. La technicité et la justesse dont ils font preuve sont par ailleurs servies par une production exceptionnelle : un travail d’orfèvre.

Guidé par une flûte légère tout au long de l’album, on navigue entre passages Folk et intonations Black Metal, où se mêlent des parties vocales masculines et féminines claires, tantôt narrées, chuchotées ou saturées. DEATH OF A DRYAD livre un album complet et abouti en s’appropriant les styles avec intelligence et savoir-faire (« Enter The Piper », « Apud Omnes Hostes », « Left To Die », « Freedom Lies »). Envoûtant !

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Blues Rock

Nell : une solide corde sensible

Dans un univers électro-acoustique et sur des textes chantés dans la langue de Shakespeare, NELL trace son chemin de bien belle manière. Son Blues Rock aux accents Folk est aussi fédérateur qu’entraînant et sensible. Et l’authenticité de l’artiste se perçoit dès les premières notes de ce « The Pace Of Life » au songwriting très efficace.

NELL

« The Pace Of Life »

(Independant)

La voix est assurée, les mots sont forts et l’ensemble est aussi électrique qu’intimiste. Pour ce nouvel EP, et après un album en 2017 (« Not That Sleek »), NELL a décidé de prendre les choses en main et se livre avec force et intensité à travers cinq morceaux, aussi efficaces que mélodiques. « The Pace Of Life » s’écoute en boucle, à un point où l’on reste même un peu sur sa faim.

Songwriter, guitariste et chanteuse, NELL est très bien entourée par la solide rythmique composée de Nicolas Marsal (basse) et Etienne Lagarde (batterie), qui apporte coffre et relief aux compositions. Entre Blues Rock et Folk, les textes de la francilienne se veulent personnels et touchants (« Mom », « Figure It Out » où elle chante même en duo et en français).

Le côté Blues Rock aux riffs épais (« The Call Of Rythm », « I Forgot To Be Pretty ») laisse aussi place à la guitare acoustique et plus légère de NELL, qui offre une belle couleur à « The Pace Of Life ». Le temps d’un titre, le très bon « Six Years », la chanteuse s’engouffre dans un mid-tempo assez Pop rappelant agréablement le duo Dun Leia par sa douceur et son côté aérien. Très réussi et addictif.

EP disponible sur : www.nellsounds.com

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Blues Folk/Americana

Don Troop And Naked Spurs : une sensibilité à fleur de peau

C’est accompagné de sa guitare, qu’il ne quitte jamais, que DON TROOP traverse la vie avec son lot d’embuches et dans laquelle il puise son inspiration. Avant un cinquième album solo à paraître l’an prochain, le songwriter sort un EP, « Hard Life », entre Blues et Folk et d’une grande sensibilité. 

DON TROOP AND NAKED SPURS

« Hard Life »

(Independant)

L’histoire de DON TROOP s’inscrit depuis une vingtaine d’années maintenant en France, où le chanteur et compositeur a posé ses valises. Arrivé des Etats-Unis au début des années 2000, c’est entouré des musiciens du grand Bill Deraime qu’il enregistre « When She Comes », son premier album solo en France. Le début d’un amour qui ne fera que croitre. Aujourd’hui, c’est avec un EP de quatre titres que le musicien fait son retour.

En prélude à un cinquième opus prévu pour l’an prochain, DON TROOP AND NAKED SPURS se livre dans un registre Blues/Folk, légèrement Rock. Outre la douceur de sa voix qui enchante dès les premières notes de « Hard Life », titre éponyme sur lequel le songwriter retrace le parcours cabossé d’une vie entre les deux continents et qui l’ont nourri musicalement. Et cette persévérance et la croyance en son talent le guident toujours.

Si « You » aborde des sonorités un peu plus Rock, tout comme « Slithering », c’est bel et bien le Blues et la Folk qui anime l’Américain dont le style et le jeu sonnent dorénavant franchement européen (« Walls Of Babylon »). Serein et chaleureux, DON TROOP livre quatre morceaux qui sortent au même moment qu’un documentaire, à travers lequel la sincérité et l’authenticité du songwriter éclatent au grand jour comme sur ce très bon « Hard Life ».

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Blues Folk/Americana France

Gaëlle Buswel : par la grande porte [Interview]

Chanteuse, guitariste et auteure-compositrice naviguant entre Blues, Folk et Rock depuis une dizaine d’années, GAËLLE BUSWEL sort son quatrième album, « Your Journey » (Verycords), probablement le plus accompli de la carrière de la Française. Sur une production riche au son très analogique, ces nouveaux morceaux marquent une nouvelle étape pour la musicienne. Entretien avec une artiste qui n’a qu’une hâte : remonter sur scène !

Photo : Eymard Guillaume

– On ne va pas refaire ton parcours mais depuis 2012, tu t’es faite une belle place au sein de la scène Blues française et au-delà. Avec ce quatrième album, tu viens encore confirmer une sacrée respectabilité. Et comme dans ton nouveau clip, on te sent radieuse…

Merci… C’est vrai que pour ce nouvel album, nous avons eu beaucoup plus de temps que pour les précédents pour la partie artistique, et notamment en studio. On y a mis toute notre énergie et c’est un album qui est beaucoup plus produit et sur lequel on a aussi vraiment eu envie de franchir une étape au niveau de la maturité musicale. Il y a aussi une prise de risque plus importante avec des morceaux plus Rock et des choses plus poussées. Notre chance a vraiment été d’avoir autant de temps pour nous y consacrer et c’est quelque chose de très positif. Par exemple, lorsque nous étions au studio ICP à Bruxelles, il y a des morceaux qui ont été entièrement écrits de A à Z pendant l’enregistrement. On avait même plus de titres de prévu au final. (Rires)

– « Your Journey » sort à la fin du mois et il est franchement très bon. On y retrouve ta touche personnelle bien sûr et on a aussi l’impression qu’un cap a été franchi musicalement. Comment l’interprètes-tu ?

C’est assez difficile à expliquer, mais c’était une volonté de notre part. C’est le quatrième album, les gens qui nous suivent connaissent bien notre univers. On a voulu oser et aller chercher des choses. Et comme un disque est un instant T, j’avais des choses à dire avec un impact plus important et plus poussé sur certains titres. J’ai aussi voulu montrer toutes les facettes que j’aime dans le Blues, le Rock et la Folk.

– L’album a été enregistré entre Bruxelles et Londres dans les fameux studios d’Abbey Road. Ca a du être un moment intense et une sorte d’accomplissement, non ?

Oui, c’était vraiment un grand moment ! Même au moment de poser le pied sur la première marche, on n’y croyait même pas en fait ! Il y a eu ensuite un grand moment d’émotion, parce que c’est un studio dans lequel tous les grands artistes sont passés. C’était fort de se retrouver là-bas, parce que les Beatles y ont enregistré et on avait fait la première partie de Ringo Starr en 2018. Et puis, nous avons aussi un morceau des Beatles qui nous suit sur la route depuis 10 ans maintenant. C’est vraiment un accomplissement de se retrouver dans ce studio. C’est aussi quelque chose qui a pu se réaliser grâce au soutien de nos fans. L’émotion vient aussi du fait que les lieux sont chargés d’une énergie assez indescriptible qui émane des murs. C’est impressionnant au point que nous étions tous super émus. Et puis derrière la console, il y avait Chris Bolster, qui a notamment travaillé avec Paul McCartney et les Foo Fighters. J’avais l’impression que c’était la première fois que je rentrais dans un studio ! (Rires) On se sent tout petit ! L’histoire d’Abbey Road nous a mis dans tous nos états. C’était très, très émotionnel ! (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– Avant ça, dans quelles conditions et quand as-tu composé ces nouveaux morceaux ?

On a eu la chance de composer l’album juste avant la pandémie, il était prêt fin 2019. L’écriture a débuté en 2018 et on en avait d’ailleurs déjà fait tourner quelques uns sur scène. Pour la composition, quand tu arrives à ton quatrième album, les choses changent. J’ai fait énormément de collaborations avec mon équipe et Michal notamment qui co-compose pas mal de titres. Et au niveau des textes, j’ai travaillé avec la parolière américaine Angela Randall. Steve Belmonte, mon batteur, a aussi composé pour l’album. On s’est ouvert les uns aux autres, parce que cela fait aussi 10 ans qu’on travaille tous ensemble et on se connait tous très bien. C’était très intéressant et enrichissant de justement pouvoir partager ça. Sur « Last Day » par exemple, toute l’équipe a composé le morceau. C’était d’ailleurs la première fois qu’on écrivait collectivement.

– Sur une base Blues, Rock et Folk, les riffs rugueux sont très présents et de belles guitares présentent des solos peu démonstratifs, mais très efficaces. Et on retrouve cette même efficacité dans le songwriting de l’album. C’est quelque chose que tu recherchais ? Etre directe dans l’écriture ?

J’aime laisser place à la musique. Tous les musiciens de l’équipe sont vraiment très bons et c’est très important que chacun trouve sa place. Pour les guitares, j’ai la chance d’avoir un guitariste exceptionnel. L’idée était aussi d’aller droit au but, de ne pas tourner autour du pot. On avait des choses à dire et on a été direct pour que les gens saisissent bien le message. C’est vrai qu’il y a moins de métaphores. On avait aussi des coups de gueule et des coups de cœur à faire passer dans ces chansons.

– On notre aussi un bel équilibre entre les guitares acoustiques et électriques. C’était quelque chose que tu souhaitais ou cela s’est fait comme ça ? D’ailleurs, tu composes sur quel type de guitare ?

L’équilibre s’est fait très naturellement. On est vraiment au service de la chanson lorsqu’on compose, des arrangements jusqu’à son aboutissement. J’ai une vieille petite guitare des années 50 sur laquelle je compose tous mes morceaux et qui me suit depuis 11 ans. Je n’arrive pas encore à le faire sur une autre. Je pense qu’il y a surtout un aspect émotionnel. Je ne suis pas une grande technicienne. Ma démarche d’écriture et de composition est très spirituelle. Je suis en symbiose avec ma guitare, ce qu’elle dégage, les énergies que je peux ressentir avec la caisse qui vibre quand je chante en même temps… C’est une démarche un peu particulière, c’est vrai. On va dire que je suis un peu perchée, mais c’est ma façon de composer. (Rires)

Photo : Eymard Guillaume

– La présence des chœurs donne aussi un côté très Soul sur plusieurs morceaux avec des mélodies très accrocheuses. Là aussi, il semble y avoir eu un gros travail sur les voix…

En fait, ce sont les garçons qui m’ont demandé de faire tous les chœurs en me disant que ma voix se mélangerait bien aux harmonies. C’était un challenge pour moi, car c’était la première fois que j’enregistrais toutes les lignes de chœur. L’idée était d’apporter quelque chose de différent. Et ça a aussi été l’occasion d’aller chercher des choses dans ma voix, notamment au niveau des tessitures, ce que je n’avais jamais fait auparavant. J’ai pu exploiter la puissance des aigus notamment, car les chansons s’y sont prêtées. Je ne me suis pas limitée du tout. On a tous laissé parler nos instruments, notre cœur et notre âme…

– Justement, y a-t-il des choses que tu as expérimenté et que tu t’es enfin autorisée sur « Your Journey » ?

On s’est tout autorisé, en fait ! Même dans le style avec des titres très rentre-dedans. Et le simple fait de sortir un album a également beaucoup changé. Les gens peuvent avoir un coup de cœur pour une chanson qu’ils vont télécharger sur Internet. On a la chance d’avoir des fans qui défendent l’objet physique, alors on a d’abord pensé à eux. On a voulu explorer et tenter beaucoup de choses qui étaient en nous depuis pas mal de temps. On les a vraiment laissé sortir sur cet album en se faisant plaisir et en apportant de nouvelles choses. Sur un quatrième album, je pense qu’il y a aussi une étape à franchir et je pense qu’on a bien relevé ce défi-là.

– Enfin, tu ne vas malheureusement pas pouvoir défendre ton nouvel album en concert tout de suite. Comment vis-tu cette situation qui dure depuis un an maintenant ?

On espère vite reprendre la route, car cette période est hyper-frustrante. Ca fait un an qu’on n’a pas mis les pieds sur une scène et c’est vraiment notre place… et pas ailleurs ! Faire du live temporairement derrière un écran, c’est cool parce qu’il faut de toute façon continuer à faire vivre notre musique et on s’adapte aussi à la situation. Mais nous voulons que ça reprenne très rapidement, car on a vraiment envie de lâcher les chevaux ! Cet album est en nous depuis près d’un an et demi et on est prêt à le défendre sur scène, à vibrer avec un vrai public ! La musique ne se partage simplement en lâchant un titre sur la toile. Une chanson prend tout son sens quand on peut la partager et l’échanger avec des gens en face de nous. Maintenant, on prend le risque de sortir un album en plein Covid et on espère que les gens vont nous soutenir pour faire vivre ce disque, parce que notre rôle est aussi d’apporter ces moments d’évasion !

« Your Journey » sera disponible le 26 mars chez Verycords.

Retrouvez Gaëlle sur son site : www.gaelle-buswel.fr

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Extrême

Xael : une violente odyssée symphonique

Brutal, subtil et très technique, ce deuxième album des Américains de XAEL ne se contente pas de fusionner des genres musicaux très différents. Il créé un monde où se rencontrent Fantasy, science-fiction, Technical Death, Metal Progressif et le Folk Pagan dans une unité futuriste et à la fois ancestrale. « Bloodtide Rising » est un album hors du commun.

XAEL

« Bloodtide Rising »

(Pavement Entertainment)

C’est en 2017 que le batteur Joshua Ward (Rapheumets Well) pose les bases et les fondations de XAEL, dont le projet en lui-même est déjà un concept à lui tout seul. L’Américain fait des émules et est bientôt rejoint par le chanteur Joshua Niemeyer, le guitariste Daniel Presnell, le chanteur et six-cordiste Chris Hathcock (The Reticent) et le bassiste Brad Parris (Nile). Autant dire une belle bande de furieux !

Dans un univers original et personnel où le groupe est allé jusqu’à créer un monde entre Fantasy et science-fiction d’une complexité étonnante, on découvre également un registre musical assez singulier. Entre Technical Death, Folk, sonorités Folk et ancestrales, XAEL surprend et la grande technicité du quintet mise à disposition d’un tel concept est magistrale.

Très polymorphe, « Bloodtide Rising » renvoie autant à des groupes comme Cattle Decapitation que Wardruna, c’est dire le large spectre que proposent les Américains. Aussi à l’aise dans un registre Metal Progressif que Death et Pagan, l’odyssée proposée par XAEL est franchement inédite. Eclectique et novateur, le combo captive et ensorcelle (« Suun Rai Arn », « Srai-The Demon Of Erring », « Bloodtide Rising », …). Une envolée spectaculaire !

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Folk/Americana Progressif

Empyrium : une inspiration rare et éblouissante

Dans l’univers de l’art romantique où il puise son inspiration, EMPYRIUM s’inscrit dans un mouvement musical néo-Folk aux très nombreux échos. Sept ans après « The Turn Of Tides », les Allemands renouent avec un style progressif mêlant les sonorités acoustiques et électriques avec brio. Entraînant et contemplatif à la fois, « Über Den Sternen » est aussi magique qu’intemporel.

EMPYRIUM

« Über Den Sternen »

(Prophecy Productions)

A la croisée de plusieurs voies musicales, EMPYRIUM s’est forgé un style qui lui est propre et dans lequel peu de groupes osent s’immiscer. Markus Stock, tête pensante de la formation et multi-instrumentiste, propose un univers néo-Folk sombre et romantique, d’où émane autant de lumière que d’ombres. « Über Den Sternen » se veut un album exigeant et si le spleen reste le fil conducteur, beaucoup d’aspects et de sonorités positives s’en dégagent.

Malgré la longueur de certains morceaux (« The Three Flames Sapphire », « The Oaken Throne », « The Wild Swans » et le morceau-titre), la cohérence de ce nouvel opus est totale et on se sent presque guidé par ces voix apaisantes et parfois rudes, les guitares acoustiques, les chants quasi-liturgiques et le nombre impressionnant d’instruments classiques utilisés (flûte traversière, violon, violoncelle, …). EMPYRIUM envoûte par son côté sacré.

Doté d’un son très organique et immersif (aucune retouche par ordinateur, et cela s’entend !), la production signée Markus Stock, tout comme l’enregistrement d’ailleurs, est particulièrement soignée et les arrangements de haute volée (« The Archer »). Puisant également dans la poésie et la littérature, EMPYRIUM offre un dépaysement total tout en restant musicalement très accessible. Un travail d’orfèvre !

Bandcamp : www.empyrium.bandcamp.com