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Musique celtique Musique traditionnelle

Eric Vercelletto : la source comme phare

Très métissée, la musique d’ERIC VERCELLETTO prend racine en Bretagne, parfait champ des possibles pour aller piocher dans d’autres cultures des tonalités, des rythmiques et des échos qui viennent se lier, épicer et apporter des saveurs lointaines à un ouvrage aussi atypique que familier. « Beg An Dorchenn Project » est l’idée un peu folle de ce guitariste, claviériste, flûtiste, compositeur, arrangeur et producteur, qui a su faire le pont entre ses premières amours intimement liées à son pays avec des réverbérations quasi-universelles.

ERIC VERCELLETTO

« Beg An Dorchenn Project »

(Independant)

Ce premier album d’ERIC VERCELLETTO tient littéralement de l’épopée. Démarrée il y a plus de dix ans autour de la très inspirante pointe de la Torche dans le Finistère, la fameuse « Beg An Dorchenn », elle est aussi tournée vers le monde avec pour axe central cette avancée rocheuse dans l’océan qui aimante et impulse le socle musical du disque. Car si l’univers du musicien est étroitement lié à la Bretagne et à la musique celtique plus largement, des sonorités brésiliennes, balkaniques et indiennes viennent colorer l’ensemble.

Et de la couleur, « Beg An Dorchenn Project » n’en manque vraiment pas. A l’instar de ce lieu aux paysages si changeants, il hypnotise et envoûte. Enregistrée entre Quimper, Estoril et Berlin, cette première réalisation se veut transcontinentale dans le son et ce sont des musiciens issus d’horizons éloignés, plus d’une dizaine en plus du Bagad Penhars, qui se sont joint à ERIC VERCELLETTO. Sur une trame contemporaine, parfois jazzy ou classique, la jonction avec la tradition est aussi fluide qu’évidente, la virtuosité de chacun faisant le reste.

Bien qu’il s’agisse d’une autoproduction, la qualité de « Beg An Dorchenn Project » n’a rien à envier aux grosses cylindrées mainstream du genre. Au contraire, l’authenticité qui émane des dix morceaux est le fruit des rencontres d’ERIC VERCELLETTO avec des artistes dont il partage la vision et avec qui il a noué de solides amitiés. Surtout instrumental, quelques voix survolent aussi cet opus captivant avec légèreté (« An Nor I &II », « Kerz A Rimp Beteg De Jujuy », « Larry Den », « Marig Ar Pollanton », « Kelch’h Dogor ») De toute beauté !

L’album est bien sûr disponible sur le site de l’artiste : www.vercelletto.com

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Blues Rock

Thomas Frank Hopper : wild freedom

Imprévisible et très créatif, THOMAS FRANK HOPPER ajoute un magnifique nouveau chapitre à son aventure musicale. Toujours entre Blues et Rock, « Wild Ones Never Die » montre que le Belge est capable d’aller encore plus loin dans un registre parfaitement maîtrisé, où son écriture est encore plus libre, son jeu de guitare sauvage et incisif et ses parties vocales très assurées. Entouré de quelques invités, il élargit encore un peu plus son univers et offre à cette nouvelle production un souffle rafraîchissant.

THOMAS FRANK HOPPER

« Wild Ones Never Die »

(Independant)

Après « Bloodstone » (2021) et surtout « Paradize City » (2023) qui l’a véritablement révélé et qui lui a probablement ouvert les portes du tremplin de l’European Blues Challenge à Memphis où il s’est hissé jusqu’en quart de finale l’an dernier, THOMAS FRANK HOPPER s’est désormais fait une belle place sur la scène Blues Rock de côté de l’Atlantique. Avec « Wild Ones Never Die », le chanteur et guitariste affirme encore un peu plus son style fait de multiples influences et de couleurs artistiques, qui le rendent aujourd’hui très identifiable. Et son crossover entre Rock, Blues et d’autres teintes fait encore des merveilles.

Enregistré en moins de dix jours en Normandie, le musicien livre son album le plus abouti, celui de la maturité peut-être, diront certains. Le songwriting est affûté et inspiré, les structures des morceaux étonnantes et audacieuses et sa fameuse ‘lapboard’ jamais bien loin. Et si le chant de THOMAS FRANK HOPPER a gagné en assurance et en variation, il fait cette fois-ci un peu de place à des guests triés sur le volet et qui apportent un vrai supplément d’âme. Sans faire dans le clinquant, les combinaisons se font avec beaucoup de naturel et dans un feeling partagé et commun.

Du direct et envoûtant « Ready To Thrive » au plus délicat « Zippin Pippin », on pourrait citer tous les morceaux, tant ils diffusent des saveurs particulières. Accrocheur et bardé de refrains entêtants, de guitares flamboyantes et d’un groove irrésistible, « Wild Ones Never Die » se dévoile à chaque écoute (« Freak Show », « Six Feet Underground », « Jackie Brown », « Idiocracy »). Offrant une touche façon Eminem sur « Never Lonely » avec Jacob Miller, saisissant de vérité avec l’excellente chanteuse croate Vanja Sky sur « Wild Birds » et solaire sur « Open Road » avec Meri Lu Jacket à ses côtés, THOMAS FRANK HOPPER régale.

Photo : Loreta Mander

Retrouvez l’interview donné à l’occasion de la sortie de « Paradize City » et la chronique de l’album :

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Contemporary Blues R&B Soul

Greg Nagy : un instant de grâce

Caractérisé par une élégance de chaque instant, que ce soit à la guitare ou au chant, GREG NAGY fait partie de ces bluesmen pour qui le temps semble n’avoir aucune importance. Entouré d’un groupe brillant, et avec même la participation de Bobby Murray, six-cordiste attitré d’Etta James depuis un bon moment, il marie un Blues très contemporain dans un esprit Soul, alternant avec une puissance très bien contenue et un feeling tout en délicatesse et d’une grande finesse. Très intense dans l’interprétation, il fait preuve sur « Just A Little Morte Time » d’une profondeur et d’une sincérité pleine d’émotion.

GREG NAGY

« Just A Little More Time »

(Independant)

Après s’être forgé une solide réputation avec le groupe Root Doctor il y a quelques années en tant que lead guitariste, GREG NAGY s’est légitimement lancé dans une carrière solo. Songwriter aguerri, il donne livre court à ses inspirations et « Just A Little More Time » est déjà son cinquième album sous son nom, depuis « Walk Than Thin Line », sorti en 2009. Solidement ancré dans son époque, l’Américain ne tourne pas pour autant le dos à la tradition et il conjugue Blues, Soul, Rock et R&B avec beaucoup d’authenticité et la même intensité.

Toujours très bien entouré par des musiciens aussi chevronnés que reconnus, GREG NAGY distille avec passion un Blues aux multiples facettes, qu’il va piocher dans des registres assez opposés. Avec sa voix de velours et son jeu fluide et limpide, il se livre à un double exercice sur « Just A Little More Time », à savoir mêler des reprises triées sur le volet, et parfois étonnantes, avec ses propres compositions. Et enregistré avec un groupe hors-norme, dont une section cuivre chaleureuse et d’une grande précision, l’ensemble est rayonnant.

Avec beaucoup de personnalité, GREG NAGY s’approprie des morceaux que l’on redécouvre sous un nouveau jour. Que ce soit « Rainy Night In Georgia » de Tony Joe White (1969), « I’m The Moon » de John Lee Hooker (1951) ou l’inattendu « Only Women Bleed » d’Alice Cooper (1975), le chanteur et guitariste leur offre une impulsion lumineuse sur des arrangements de grande classe. Et il régale aussi et surtout sur ses propres compositions (« Breaking Me », « Between The Darkness And The Light », le morceau-titre et « Big City »). Splendide !

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Hard Rock

Lynch Mob : so long !

Nombreux sont ceux qui gardent un souvenir ému de la sortie de « Wicked Sensation » en 1990, première réalisation du génial George Lynch en groupe après son départ de Dokken. Ce fut le début d’une belle envolée solo qui, si elle n’a jamais atteint le sommet des charts, aura été un formidable laboratoire pour un six-cordiste toujours en quête d’exploration et particulièrement doué. Avec un sens unique du riff et des solos plein de panache, il aura guidé LYNCH MOB pendant plus de deux décennies. Avec ce dernier « Dancing With The Devil », il affiche sa reconnaissance pour ses fans, loin de signer un lugubre chant du cygne.  

LYNCH MOB

« Dancing With The Devil »

(Frontiers Music)

Clap de fin pour LYNCH MOB après 25 ans d’une belle aventure, qui se termine avec un neuvième album en forme de baroud d’honneur. Si le groupe demeure le plus emblématique de la carrière post-Dokken du guitariste, il reste un homme de projet et nul doute qu’il ne tardera pas à refaire surface. Alors pour cet ultime opus, il a reconduit le line-up présent sur « Babylon », sorti en 2023. On le retrouve donc aux côtés de Gabriel Colón au chant, Jaron Gulino à la basse et Jimmy D’Andra derrière les fûts, histoire d’œuvrer une dernière fois dans la continuité et la ligne artistique établie du combo.

L’une des dernières formations iconiques du Hard Rock américain tourne donc la page et même si de nombreux musiciens s’y sont succédé, la touche de LYNCH MOB reste tellement identifiable. Cependant, le musicien a su moderniser son approche au fil du temps, tout en conservant ce chaleureux côté bluesy qui le suit. Comme toujours « Dancing With The Devil » sonne juste, le songwriting est irréprochable, l’interprétation du combo remarquable et le jeu de George Lynch fait encore des étincelles. Technique, mais sans tomber de trop dans la démonstration, il laisse parler son feeling… ainsi que sa virtuosité.

Avec l’assurance et la technicité qu’on lui connaît, le Californien distille un Hard Rock toujours élégant et efficace. S’il ne prend pas le moindre risque, il joue sur les contrastes avec un groove éclatant et démontre qu’il reste un maître en la matière (« Dancing With The Devil », « Pictures Of The Dead », « Saints And Sinners », « Lift Up Your Soul », « Follow My Down »). Avec ce dernier effort, le guitar-hero semble aussi poser un regard satisfait sur ce pan de sa carrière et se contente même de beaucoup de sobriété sur l’instrumental « Golden Mirrors ». Et LYNCH MOB ferme même la parenthèse avec « Somewhere », uniquement présent sur l’édition européenne. Merci pour tout Monsieur !

Retrouvez la chronique de « Babylon » :

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Rock Hard

Cassidy Paris : rockin’ lady

Même si elle n’était déjà plus une débutante, CASSIDY PARIS avait réalisé une belle entrée en matière avec « New Sensation » il y a deux ans. Le plus difficile est toujours de confirmer et avec « Bittersweet », la mission de la jeune artiste est accomplie. Se référant aux pionnières du Rock, tout autant qu’à la scène Hard Rock 80’s, ainsi qu’à certaines tendances plus modernes, la musicienne réussit le tour de force d’actualiser un registre qui a fait ses preuves et auquel elle apporte sa personnalité avec beaucoup d’impact et de conviction.

CASSIDY PARIS

« Bittersweet »

(Frontiers Music)

Du haut de ses 23 ans, CASSIDY PARIS compte déjà deux EPs (« Broken Hearted » et « Flirt ») et un premier album, « New Sensation » sorti en 2023 et très bien accueilli. La jeune chanteuse et guitariste continue sur sa lancée et livre aujourd’hui « Bittersweet », où elle marque certaines intentions de manière très claire. Tout d’abord, elle a grandi bien sûr et sa musique aussi. Dans un Rock musclé tirant sur le Hard Rock et très inspiré par la scène américaine avec des groupes comme Bon Jovi ou Warrant notamment, elle emprunte aussi à ces consœurs une fougue féminine à la fois sexy et débridée, façon Pink et Avril Lavigne.

Toujours entourée de son complice Paul Laine, ainsi que Steve Brown, CASSIDY PARIS s’affirme enfin, là où « New Sensation » versait peut-être dans des mélodies faciles. La frontwoman durcit le ton, impose sa voix qui a aussi gagné en puissance et surtout présente des parties de guitares nettement plus convaincantes. L’australienne a mûri et cette maturité s’en ressent dans ses compositions. Egalement compositrice, elle raconte ici sa vie de jeune femme sans détour et s’adresse directement à ses fans qui la suivent aux quatre coins du monde. Sincère et convaincante, elle roule pour un Rock Hard fédérateur.

Sur une production très moderne, « Bittersweet » est accrocheur, bardé de riffs costauds, de solos bien sentis et de chœurs qui apportent ce souffle ‘Power Pop’ très rassembleur. Si elle sait se faire plus douce sur des titres mid-tempos parfois touchants (« Can’t Let Go »), CASSIDY PARIS révèle son caractère sur des morceaux plus pêchus et entraînants, où elle se montre vocalement très sûre d’elle (« Butterfly », « Stronger », « Wannabe », « Undecided », « Brand New Day », « Is Anybody Out There »). Si certaines influences sont toujours très présentes, une personnalité émerge vraiment et on ne parle plus ici d’épiphénomène.   

Photo : Ian Ritter

Retrouvez son interview à l’occasion de la sortie de « New Sensation » :

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Bluesy Rock International Pop Soul / Funk

Tora Daa : une profonde liberté [Interview]

Multi-instrumentiste, compositrice, chanteuse et productrice, TORA DAA est devenue depuis quelques années maintenant une valeur sûre de la scène norvégienne et elle n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à exporter son talent. Avec un style inimitable et un jeu de guitare très personnel, la frontwoman s’est créé un univers aux composantes multiples. Même si elle s’en défend, c’est sur une constante assez Blues que se construit son registre où viennent se mêler Rock, Pop et Funk dans une belle harmonie. Son quatrième album  « Prayer And Pleasure », sorti il y a quelque semaines, libère une sensation de totale liberté dans le jeu et un propos fort et engagée. Rencontre avec une artiste, qui sort des sentiers battus pour exposer une virtuosité à la fois délicate et solide.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on évoque ton style musical, qui est assez particulier. Il est fait de Rock, de Soul, de Pop, de Funk et même de sonorités psychédéliques. Pourtant, tu reviens aussi toujours au Blues qui reste présent à travers tous tes morceaux. Est-ce que tu le considères comme la pierre angulaire de ton registre, sa base ?

J’adore le Blues, mais je ne peux pas dire que ce soit mon influence principale. Je ne l’ai pas assez écouté, ni étudié pour affirmer qu’il a eu un impact majeur sur ma musique. Mais après tout, le Blues est partout et dans tous les genres. Pour moi, toute la musique que j’ai écoutée fait partie de mon processus de composition.

– Tu as sorti ton premier album « Tora » en 2019, et en quatre réalisations, tu t’es vraiment affirmée, ainsi que sur scène, avec un style qui a aussi évolué. Sur « Prayer And Pleasure », tu sembles atteindre une certaine maturité qui passe par un rapport plus direct et efficace dans ton jeu et la composition. Est-ce aussi un sentiment que tu partages ? 

Oui, je pense que c’est le cas. La composition était quelque chose que je trouvais très difficile au début et je savais que je devais y travailler tous les jours pour m’améliorer. Et c’est ce que j’ai fait et que je continue de faire. Quand je ne suis pas en tournée, je suis au studio tous les jours pendant des heures à essayer de créer quelque chose. Peu importe que ce soit une idée de chanson, un riff de guitare ou une vidéo Instagram. Je crois que le simple fait d’y aller quotidiennement, et de créer même la plus petite chose, permet d’améliorer ses compétences et d’être bénéfique sur le long terme. Alors oui, je pense que « Prayer And Pleasure » est mon meilleur travail à ce jour et j’en suis vraiment fière. D’autant plus que j’ai produit l’album moi-même et que j’ai également enregistré tous les instruments. J’ai demandé à un ami de jouer de la batterie sur quelques morceaux, mais à part ça, tout ce que vous entendez, c’est moi.

– Justement, « Prayer And Pleasure » offre une production, que tu as signée avec Benjamin Giørtz, plus épurée et organique. L’album donne l’impression de vivre un moment que tu as voulu figer. L’objectif était-il d’être la plus spontanée possible et d’être dans une immédiateté très palpable ?

Oui, je voulais que cet album soit plus authentique. C’est pour cela que la plupart des enregistrements de guitare et de voix ont été réalisés en une seule prise. C’était un processus vraiment agréable et je suis très fière du résultat.

– Comparé à « Seventeen » sorti il y a trois ans, il y a beaucoup plus de contrastes musicalement, ainsi que dans les textes. Il y a aussi une intimité très présente sur ces nouvelles chansons. Est-ce que « Prayer And Pleasure » est ton album le plus personnel à ce jour ?

C’est vrai ! Mais en même temps, je voulais que les chansons, aussi personnelles soient-elles, puissent être accessibles à tous. Et en ce sens, trouver le juste équilibre a été un processus intéressant et stimulant.

– D’ailleurs, tu as dit avoir écrit sur des thèmes que tu n’avais jamais abordés auparavant. Comment ce déclic a-t-il eu lieu et est-ce finalement une quête de totale liberté artistique, qui t’a mené à une si forte implication ?

Je pense que c’est arrivé naturellement. J’ai 31 ans aujourd’hui et c’est mon quatrième album, donc j’ai déjà écrit et sorti beaucoup de chansons amusantes et ‘faciles’. J’étais prête à composer les morceaux que j’attendais de pouvoir écrire. De plus, le fait que le thème principal de cet album soit la façon dont la religion a traité les personnes LGBTQ+ m’a obligée à vraiment me plonger dans le sujet pour trouver les mots justes.

– Comme certains morceaux figurent sur l’album, j’aimerais qu’on parle de la commande passée par le ‘Trondheim Festival’, qui est une institution en Norvège. En quoi cela a-t-il réellement consisté par rapport à ta vision musicale habituelle et y avait-il des impératifs ?

Il n’y avait aucune contrainte, et c’est pourquoi j’ai pris tellement de plaisir à sa création. J’ai passé plus d’un an à le terminer et beaucoup de chansons se sont retrouvées sur mon album, en effet. Je ne pensais pas que cela arriverait, mais j’en suis vraiment ravie. Ce processus était différent de tout ce que j’avais fait auparavant. J’avais une chorale gospel de 15 personnes sur scène avec moi, ainsi que mon groupe. J’ai dû écrire de la musique pour une chorale pour la première fois et aussi monter un spectacle de toutes pièces avec de nouvelles musiques, de nouveaux arrangements, un sujet difficile, etc… C’était une expérience incroyable. Cela a fini par influencer tout l’album et je ne pense d’ailleurs pas que j’aurais pu le terminer sans ce projet.

– Cela doit être une expérience particulière pour une artiste. Qu’est-ce qui change principalement de la composition classique d’un album ? Est-ce que cela réside dans le temps accordé ou dans une certaine ligne musicale à respecter ?

J’ai vraiment pu faire tout ce que je voulais et je pense que c’est important lorsqu’on demande à un artiste de réaliser un projet de ce type. Se sentir libre en composant de la musique est la chose la plus importante, à mon avis.

– J’aimerais que l’on parle de ton jeu de guitare qui a des sonorités très Blues, mais pas seulement. On te sent très libre dans la composition, au niveau des mélodies, des riffs et des solos. Il y a quelque chose d’entier qu’on retrouvait beaucoup chez Prince, qui englobait tous les styles. Le plus important, selon toi, est-il d’atteindre une façon de jouer et d’écrire la complète possible ?

Pour moi, jouer de la guitare, c’est la liberté. Je n’écoute pas beaucoup de ‘musique de guitare’. Je n’en ai jamais vraiment écouté et cela m’a vraiment aidé à créer mon propre son. On m’a dit que l’on pouvait entendre des influences de Jeff Beck et de Prince dans mon jeu, mais je n’ai jamais vraiment écouté aucun d’entre-eux. Bien sûr, j’ai entendu beaucoup de chansons de Prince, mais ce n’est pas un artiste que j’ai écouté pendant des heures. Et je crois que j’ai entendu trois ou quatre morceaux de Jeff Beck. Les gens veulent toujours comparer les guitaristes entre eux et je n’aime pas trop ça. Mon jeu de guitare s’inspire de moi-même et mon propre cheminement. Quand je compose un solo de guitare, que ce soit pour une chanson ou simplement pour une courte vidéo Instagram, je chante toujours avant de jouer. C’est-à-dire que je m’enregistre en train de chanter la partie du solo, puis je prends ma guitare et je construis mon solo autour de ce que j’ai chanté. Cela rend chaque note personnelle et authentique, et non basée sur ce que les autres aiment, ou sur ce que quelqu’un d’autre aurait joué. C’est entièrement moi et mon esprit un peu bizarre.

– Pour rester dans le domaine de la guitare, tu es aussi l’ambassadrice mondiale de Marceau Guitars, ce qui est une belle reconnaissance. La marque propose même des modèles signatures, conçus spécialement pour toi. Quelles sonorités souhaitais-tu obtenir par rapport aux standards habituels et quelles sont les principales caractéristiques de ces instruments en édition limitée ?

Pour moi, les guitares Marceau sont les guitares parfaites. Je l’ai ressenti tout de suite, la première fois que j’ai joué avec. La stabilité et la sensation de jouer sur cet instrument m’ont immédiatement convaincu que c’était celui qu’il me fallait. Je ne pense pas que je jouerai un jour sur d’autres guitares, car honnêtement, je n’en ai ni le besoin, ni l’envie. Ce sont les meilleures guitares du monde.

– Enfin, un mot aussi sur ton chant qui prend de l’assurance au fil des albums. Est-ce un domaine que tu travailles aussi beaucoup et a-t-il, à tes yeux, la même importance que ce que tu peux développer à la guitare ?

Oui, absolument. Pour moi, chanter et jouer de la guitare sont souvent indissociables. J’ai passé un nombre incalculable d’heures à travailler à la fois mon jeu de guitare et mon chant. Je répète tous les jours. Mon chant s’améliore constamment, ce qui me rend vraiment heureuse. Et lorsqu’il s’améliore, mon jeu de guitare s’améliore aussi, car les deux sont liés.

Le nouvel album de TORA DAA, « Prayer And Pleasure », est disponible sur le label de l’artiste et disponible sur son site : https://toradaa.com/

Photos : Kristian Ringen (2, 3, 4, 5)

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Blues Rock Hard Blues International Rock US

Leilani Kilgore : inner fire [Interview]

Explosive et sensuelle, la compositrice, chanteuse et guitariste livre enfin son premier album, « Tell Your Ghost », après s’être dévoilée petit à petit à travers un nombre conséquent de singles. Désormais basée à Nashville, LEILANI KILGORE a pris son envol en affirmant une personnalité forte, que ce soit au chant ou à la guitare, où son jeu flamboyant fait des étincelles. Grâce à un songwriting d’une grande polyvalence, elle avance dans un Blues Rock, où rien n’est figé et où chaque chanson se distingue de l’autre. Pourtant identifiable au premier accord et au premier couplet, l’artiste américaine fait de cette diversité une marque de fabrique. Egalement productrice, le son très organique assure à ses compositions autant d’authenticité que de sincérité, le tout avec une signature solide et virtuose. Entretien avec une frontwoman créative et vibrante.

– Tu es originaire de la côte ouest et tu es installée à Nashville dans le Tennessee depuis un moment déjà. Pourquoi avoir quitté la Californie ? Le public n’était pas assez réceptif à ta musique, ou tu souhaitais te rapprocher d’une scène plus en phase avec ton registre et de ton univers ?

Excellente question. En fait, j’ai visité Nashville pour la première fois lors de ma dernière année de lycée pour passer une audition à l’université Belmont, et je suis immédiatement tombé amoureux de cette ville. J’y ai acheté ma première guitare Les Paul ‘vintage’, j’ai joué avec des musiciens de blues locaux et j’ai été stupéfaite par la quantité de talent et de musique réunis dans une seule ville. Après avoir étudié quelques semestres au Berklee College of Music de Boston, j’ai décidé d’abandonner mes études et de retourner à Nashville pour poursuivre ma carrière. Ce n’est pas que la côte ouest n’était pas accueillante, c’est simplement que je voyais plus d’opportunités de m’épanouir ailleurs. Mon premier véritable soutien, je l’ai trouvé en Californie et j’ai vraiment hâte d’y retourner maintenant, surtout que beaucoup de temps a passé et que ma carrière s’est développée si fortement !

– Après t’être forgée une solide réputation sur scène avec notamment un jeu de guitare flamboyant, tu as commencé à sortir plusieurs singles. Toutes ces étapes t’ont-elles semblé nécessaires avant de véritablement te lancer en enregistrant sous ton nom ? Ou était-ce peut-être aussi pour bien mieux cerner ton propre style et mieux cibler tes envies ?

Mes premières tentatives de composition musicale étaient très hésitantes et incertaines. J’étais encore adolescent lorsque j’ai sorti mon premier EP. Puis j’ai enregistré quelques morceaux par mes propres moyens à l’université, sans vraiment savoir ce que je faisais. Mais tout cela faisait partie d’un parcours nécessaire pour me permettre de me sentir un peu plus sûre de moi en tant qu’artiste au moment de la sortie de « XXX Moonshine » (chez Riff Bandit Records en 2021 – NDR), que je considère aujourd’hui comme ma première véritable réalisation. Les années que j’ai passées à me produire sur scène m’ont aidé à affiner mon style et ma présence scénique. C’est devenu plus facile d’écrire de la musique après avoir trouvé le style qui me correspondait, et aussi avec l’expérience musicale nécessaire pour le maîtriser.

– Depuis 2021, soit à partir de « XXX Moonshine » jusqu’au dernier morceau avant l’album « Snake In The Tall Grass », tu as sorti 13 singles, ce qui représentent plus d’une heure de musique. On sent bien sûr l’évolution de ton jeu, de ton chant et aussi de ton songwriting. Est-ce que tu vois toutes ces chansons comme autant d’expériences différentes ?

Oui, absolument. C’est tellement amusant de réécouter des chansons que j’ai sorties il y a seulement deux ans, car j’entends la différence dans mon écriture, ma façon de jouer et de chanter. C’est tout aussi intéressant de me replonger dans les histoires et les paroles, car elles représentent toutes des moments différents de ma vie et diverses facettes de ma personnalité. Je me souviens de l’endroit où j’étais lorsque j’ai écrit chacune de mes chansons et de ce qui m’a inspiré. C’est un sentiment presque narcissique car, même si je n’écoute généralement pas ma propre musique par pur plaisir, je suis tellement heureuse d’avoir ces petits instantanés de ma vie sur lesquels je peux me pencher. Et je suis encore plus heureuse que les gens y trouvent des échos de leur propre vie à travers des expériences communes. C’est bien là tout l’intérêt, non ? (Sourires)

– Ce qui est d’ailleurs intéressant, c’est que tous ces singles ne pourraient pas, en l’état, constituer un album, tant ils sont différents au contraire de l’unité que tu affiches aujourd’hui. Là encore, as-tu dû d’abord te « définir » artistiquement ?

Cet album est en réalité né d’un heureux hasard. La seule raison pour laquelle les chansons s’accordent si bien est qu’elles ont toutes été écrites sur une période de deux ou trois mois et qu’elles proviennent de la même source d’inspiration. Ce n’est qu’à la fin de l’été 2024, après avoir écouté toutes les démos, que j’ai réalisé qu’il s’agissait bel et bien d’un album. Et honnêtement, c’est tant mieux, car ces chansons ont toutes été écrites dans une démarche d’exploration artistique. Mises ensemble, elles représentent parfaitement ce dont je suis capable en tant qu’auteure-compositrice. Mais j’avais aussi un besoin urgent d’exprimer tout cela, comme si je devais me libérer d’un poids. Je sens que je peux désormais avancer artistiquement avec plus de sérénité et d’intention.

– Pour conclure que le sujet de ces 13 singles, y a-t-il aussi une sorte de timidité à ne pas se lancer dans un album, voire un EP, plus tôt ? Ou, plus simplement, ce sont les plateformes et les réseaux, qui autorisent et facilitent ce genre de démarche aujourd’hui ?

C’était simplement le résultat de conseils extérieurs. On m’avait dit que la meilleure méthode d’autopromotion consistait à sortir des singles les uns après les autres, et cela me convenait à l’époque. Mais j’aimais l’idée de me lancer dans un projet plus approfondi et plus ambitieux, c’est-à-dire un album. Même s’il est logique, du point de vue de la promotion sur les réseaux sociaux, de se limiter à la sortie de singles, je pense qu’il est plus révélateur de la personnalité créative d’un artiste de réaliser un projet de plus grande envergure. Cela permet au public de mieux comprendre qui il est.

– Parlons maintenant de ce premier album, « Tell Your Ghost ». Toi qui as débuté à l’âge de 14 ans, est-ce que tu y vois une forme de concrétisation de toutes ces années de travail et d’un long apprentissage vocal, guitaristique et de production également ?

Oui et non. Cet album est bien plus représentatif d’une période spécifique de ma vie et des émotions brutes que je traversais, mais en toute honnêteté, il est aussi le reflet de toutes les musiques qui m’ont inspiré tout au long de ma vie. J’entends tellement d’influences dans mes compositions. L’idée que je me faisais du musicien et de l’artiste que j’allais devenir à 14 ans est tellement différente de ce que je suis aujourd’hui, et pourtant, j’y retrouve encore beaucoup de mes musiques préférées. J’ai l’impression que cet album était resté enfermé dans une cocotte-minute que j’avais oubliée pendant la dernière décennie, et que je l’ai redécouvert après qu’elle ait explosé dans ma cuisine métaphorique. Quoi que cela puisse signifier ! (Sourires)

– Même s’il y avait parmi tes précédents singles des morceaux très aboutis et accrocheurs, la première impression avec « Tell Your Ghost » est cette variété dans les styles abordés. Bien sûr, l’ensemble est très Blues, mais aussi très Rock comme « High/Low », voire presque Hard Rock sur « Creepin’ », ainsi que des titres plus émouvants comme « Back To You » ou « Early Grave ». Ils ont tous en commun d’être très entraînants et communicatifs. Est-ce la première fois que tu te dévoiles à ce point en musique, notamment dans les textes ?

Je pense que la vulnérabilité et l’honnêteté sont les seules raisons pour lesquelles cet album fonctionne vraiment. Il aurait été sans valeur autrement. Je n’avais pas seulement besoin de le faire pour moi-même, j’avais aussi besoin de le faire pour le public, surtout parce que j’ai pris des risques avec les genres musicaux. Je savais que certaines de ces chansons sonneraient complètement différemment de ce à quoi mes fans s’attendaient, et si elles avaient été superficielles, rien n’aurait fonctionné. De plus, à quoi les auditeurs auraient-ils pu s’identifier ? J’ai écrit cette musique, parce que j’avais besoin d’extérioriser mes sentiments avant qu’ils ne me submergent. Recevoir des retours de personnes qui écoutent l’album et me disent y trouver du réconfort, ou un lien quelconque, est extrêmement important pour moi.

– Que ce soit vocalement ou à la guitare, il règne une authenticité et une chaleur de chaque instant, le tout dans une unité musicale qui libère une réelle signature artistique. Est-ce qu’au niveau de ta performance sur « Tell Your Ghost », tu penses avoir franchi un cap et atteint un premier accomplissement, qui se traduit dans ce songwriting précis et sincère ?

Je pense que c’est l’une des musiques les plus authentiques que j’aie jamais sorties. Il y a une part de moi dans tout ce que j’ai enregistré jusqu’à présent, mais certaines de ces chansons sont portées par une émotion pure et débridée. C’est un soulagement de constater qu’elles sont perçues ainsi… Et cela me prouve que j’ai bien fait mon travail ! (Sourires) Cela m’a également permis d’aller de l’avant et d’écrire de nouvelles musiques avec un objectif ou une orientation différente. « Tell Your Ghost » est, en fin de compte, un recueil de chansons que j’avais besoin d’écrire pour me sortir de la période sombre que je traversais. Cela m’a permis de transformer cette douleur, cette colère et ce chagrin en une forme tangible, afin de pouvoir les laisser derrière moi et passer à autre chose et pour cela, je leur serai éternellement reconnaissant. Savoir que l’authenticité et ma personnalité transparaissent toujours est la meilleure reconnaissance que je puisse espérer. (Sourires)

– Il se dégage aussi un souffle assez indescriptible de cet album et qui passe forcément par le son. Et tu as décidé de le produire toi-même, alors même que Nashville compte de grands producteurs. Il a une saveur très live et organique avec une belle énergie et une vraie complicité entre tes musiciens et toi. En seulement trois jours d’enregistrement, tu livres un disque assez époustouflant et plein de relief. L’idée était-elle de capturer l’intensité de tes prestations scéniques ?  

Oui, c’était l’objectif principal pour mon groupe et moi lorsque nous avons décidé d’enregistrer cet album. Nous avons clairement indiqué à notre ingénieur du son que nous devions tous être dans la même pièce pour enregistrer les chansons, afin de capturer cette énergie et cette ambiance. David Paulin et Amry Truitt du studio Sound Emporium ont fait un travail remarquable pour y parvenir. J’avais toujours eu l’impression que mes enregistrements précédents manquaient de cette étincelle que j’avais trouvée avec la formation actuelle sur scène. Il était impératif pour la musique de cet album que nous retrouvions cette même énergie en studio.

– Enfin, il y a aussi sur « Tell Your Ghost » la sensation d’une page de ta vie que tu sembles tourner, tant l’émotion est présente à travers des solos déchirants et des envolées vocales très expressives. Est-ce que, finalement, ce premier album est une sorte de libération dans un certain sens, et le début d’une aventure qu’on sent déjà sereine et confiante ? 

C’était vraiment libérateur. Mais je ne pense pas que le prochain album explorera autant de genres différents que « Tell Your Ghost ». C’est merveilleux de savoir que je peux écrire de manière aussi sincère, mais cet album m’a aussi appris que je peux créer de la musique dans n’importe quel univers sonore qui, selon moi, convient à la chanson. J’ai tellement appris de ce processus et cela me permet d’avancer artistiquement avec beaucoup plus de liberté. J’ai confiance en moi et en mon instinct ! (Sourires)

L’album de LEILANI KILGORE, « Tell Your Ghost », ainsi que tous les singles sont disponibles sur toutes les plateformes, ainsi que sur le site de l’artiste : https://leilanikilgore.com/

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Hard 70's International Psychedelic Rock Rock 70's Space Rock Stoner Rock

Kadavar : P.R.O.P.H.E.T.I.C. [Interview]

Si de nombreux fans ont pu être déboussolés par les accents Pop du très aérien « I Just Want To be A Sound », sorti il y a tout juste six mois, qu’ils se rassurent, KADAVAR renoue avec le Stoner Rock très Psych et tirant sur le Hard Rock, qui a fait son succès jusqu’à aujourd’hui. Et la nouvelle est d’autant plus belle que les Allemands sont plus inspirés que jamais sur ce « K.A.V.A.D.A.R. », qui s’affiche ici en lettres capitales. En plein milieu d’un triptyque musical mis en œuvre sur le présent album, le quatuor explore une facette plus sombre et chaotique de son répertoire, jetant ainsi un regard acerbe et ironique sur un monde en pleine déliquescence. Non sans humour, Christoph ‘Lupus’ Lindemann, guitariste et chanteur du quatuor, vient apporter quelques éclaircissements sur une démarche que peu avait saisi.

– En mai dernier, vous aviez sorti « I Just Want To Be A Sound ». Et vous aviez déclaré que c’était un album nécessaire. Pour autant, beaucoup de monde ont aussi été surpris par son contenu. Etiez-vous à la fin d’un cycle ?

En fait, je pense que la fin du cycle a vraiment eu lieu au moment de la sortie de « For The Dead Travel Fast » en 2019. C’est ce qui a enclenché un nouvel élan et ouvert une nouvelle page. En ce moment, je dirai que nous sommes au milieu d’un nouveau cycle.

– Six mois plus tard, vous êtes donc déjà de retour avec « K.A.D.A.V.A.R. ». Lequel de ces deux disques est-il celui de la renaissance ? Et puis, sortir un album éponyme avec un titre en majuscule n’est pas anodin, non plus…

Oui, c’est vrai, et cela correspond bien à ce que représente ce nouvel album finalement. Nous nous sommes dit que le nom du groupe serait un bon titre. D’une certaine manière, les deux derniers disques correspondent ensemble, ils sont liés. Ils racontent une histoire commune. Beaucoup de morceaux sont aussi été écrits pour un album plus sonore, et ils ne figurent pas sur le disque. Je dirai que les deux derniers albums sont en fin de compte assez équivalents dans la démarche et dans leur élan.

– Finalement, il n’y a que six mois entre les deux albums. Aviez-vous commencé à travailler sur le nouveau juste après « I Just Want To Be A Sound » ? Ou a-t-il été une sorte de déclic ?

Oui, beaucoup de chansons étaient déjà écrites. Nous avons travaillé dans notre propre studio et c’est aussi plus facile de le faire dans une certaine continuité. Et puis, il n’y avait pas de tournée de prévu, non plus, ce qui nous a laissé du temps. « I Just Want To Be A Sound » avait été réalisé en août de l’année dernière et il n’est sorti qu’en mai. Nous avons donc eu plus d’un an sans obligation particulière, alors nous avons juste continué à composer, à écrire et à enregistrer. Et lorsque l’album est sorti, nous nous sommes dit que ce serait cool d’en avoir un autre pour la tournée qui allait suivre. Et puis, ils se suivent vraiment surtout.

– L’impression que donne ce nouvel album est que KADAVAR retrouve sa pleine puissance et prend même un nouveau départ. Et la première évidence est dans le son, qui a aussi gagné en amplitude. Cela vous a-t-il semblé nécessaire d’enregistrer en analogique pour y parvenir ?

En fait, c’est une manière d’y arriver. Il a plusieurs façons d’obtenir un bon résultat. Pour nous, enregistrer sur bande a toujours été quelque chose de très important, parce que je pense que notre son est vraiment taillé pour ça. Oui, pour nous en tout cas, c’est sans doute nécessaire. C’est vrai que nous avons aussi fait beaucoup d’enregistrement numérique auparavant, mais pour ce nouvel album de KADAVAR, cela ne pouvait se faire qu’en analogique.

– Ce nouvel album a de fortes sonorités Hard Rock et Stoner et les éléments psychédéliques sont aussi très présents. Avez-vous le sentiment d’avoir trouvé une forme d’équilibre dans votre musique ?

Non ! (Rires) J’adorerai, mais je ne pense pas ! (Rires) Tu sais, ce n’est jamais la même chose, chaque album est différent et à chaque fois que nous nous mettons à composer, ce n’est jamais la même chose. Par exemple, quelque chose qui est bien aujourd’hui pourra nous paraître mauvaise le lendemain. Mais je pense que pour cet album, nous y sommes parvenus. Je pense que l’équilibre est bon. J’aurais peut-être pu mettre plus d’éléments psychédéliques, mais ça, c’est juste mon opinion. (Sourires) Comme je te le disais, chaque album est différent, et à chaque fois que l’on commence à écrire, il faut recommencer beaucoup et essayer plein de choses. Il faut trouver de quoi il a réellement besoin. Est-ce qu’il faut qu’il soit plus joyeux, plus lourd, plus rapide ou plus lent ? Est-ce qu’il sera plus psychédélique ou Stoner Doom ? Ce n’est jamais la même chose et tout ça dépend vraiment de l’enregistrement. Une chose est sûre, c’est tout le temps différent.

– « K.A.D.A.V.A.R. » est également sombre et parfois même brutal avec un regard presque cynique sur le monde. Est-ce finalement notre époque qui vous a conduit à composer un album aussi contrasté et direct ?

Oui, c’est sûr. L’album précédent était plus axé sur le son avec beaucoup de travail sur les sonorités et les ambiances. Il était beaucoup plus personnel dans un sens. Tandis que celui-ci est clairement basé sur tout ce qui nous entoure, nos gouvernements, tout ce qui se passe mal dans le monde avec, en point d’orgue, la chanson « Total Annihilation ». Si nous continuons à détruire le monde tel que nous le connaissons, sa chute sera inévitable. C’est vrai que c’est un album très sombre, mais avec un peu d’humour quand même. C’est nécessaire d’avoir un sourire, une vision d’ensemble et une confiance aussi en la vérité et la réalité du monde. Alors, parfois, cela peut être drôle, car on ne peut pas faire grand-chose dans le domaine à titre uniquement personnel. Ce que l’on peut faire, c’est d’en parler en chantant et en espérant que cela finisse par aller mieux à un moment ou un autre… (Sourires)

– Ce nouvel album est aussi le plus varié de votre discographie. Après 15 ans, KAVAVAR a-t-il, selon vous, atteint une certaine maturité artistique qui vous permet d’explorer tous les styles que vous voulez ? Sans contrainte et avec maîtrise ?

Oui, je pense et je l’espère aussi. (Sourires) J’espère que nous sommes aujourd’hui dans une position où nous pouvons jouer la musique que nous voulons et écrire ce que l’on veut écrire… Et que les gens apprécient cela ! J’ai toujours été fatigué et ennuyé par le fait de composer un seul style de musique, car j’aime beaucoup de choses. Et c’est quelque chose avec laquelle j’aime jouer. J’adore tourner autour de ça et le traduire dans les chansons de KADAVAR. C’est vraiment quelque chose qui m’amuse et que j’aime beaucoup faire.

– J’aimerais que l’on parle du morceau « Stick It », qui est un moment fort et très Space Rock de l’album, où il y a même un passage parlé en français. D’où vous est venue cette idée ?

En fait, « Stick It » signifie « Enfonce-le toi dans le cul » ! (Rires) C’est vrai que cela nous est venu d’un truc en français que notre bassiste Simon (Bouteloup – NDR) a écrit. C’est vrai que c’est un morceau très Space Rock, un peu comme ce que faisait Hawkwind dans les années 60 avec ce type de solo, comme un groupe de voyageurs entourés de fleurs avec des fans japonaises… Et en effet, je pense que c’est une autre manière de dire « Fuck Off » ! (Rires) Trop, c’est trop : alors, allez tous vous faire foutre ! C’est une chanson, qui parle de ça, oui… (Rires)

– Par ailleurs, même si « K.A.D.A.V.A.R. » montre un songwriting très élaboré et solide, il donne aussi une impression d’insouciance et de grande liberté. Etait-ce votre état d’esprit au moment de sa composition ?

Oui, c’est toujours le but d’avoir un esprit libre et de laisser notre tête faire le travail, afin que les chansons sortent le plus naturellement possible. Alors, parfois ça marche et d’autres pas. Je pense que nous avons eu plus de facilités à composer ce deuxième album, parce que ce qui avait été fait ne nécessitait pas qu’on y donne une suite. C’était beaucoup plus simple, et il y a avait aussi moins de pression. Cela nous a libéré pour faire l’album parfait, car nous étions vraiment focalisé dessus et sur rien d’autre. Cela a d’ailleurs été très amusant de continuer à écrire et à enregistrer de la manière dont nous le souhaitions et en totale liberté. Et puis, personne ne savait que nous allions sortir un nouvel album, pas même notre label ! C’était donc très rigolo à faire ! (Rires)

– Enfin, ce nouvel album est donc le deuxième d’une trilogie, ou plutôt d’ailleurs d’un tryptique, car ils seront très différents les uns des autres. Ne me dites pas que vous travaillez déjà sur le troisième ? Si ?

Si, c’est vrai. Nous travaillons dessus, mais… (Silence) On verra bien, je ne peux vraiment pas t’en dire plus ! On en parlera quand ce sera terminé ! (Rires) Nous avons des idées, un sujet aussi et nous avons de quelle manière nous allons le faire. Dans l’immédiat, nous avons beaucoup de concerts et c’est ce que nous allons d’abord faire. Nous sommes concentrés là-dessus. Quand nous aurons le temps de nous réunir en studio, nous verrons à ce moment-là vers où on décidera d’aller…

– Parfait, nous avons donc juste six mois à attendre !

(Eclat de rire) Peut-être, c’est possible ! (Rires) Et peut-être qu’il arrivera même avant Noël, qui sait ??? (Rires)

Le nouvel album de KAVADAR, « K.A.D.A.V.A.R. », est disponible chez Clouds Hill.

Photos : Marina Monaco

Retrouvez la chronique de « I Just Want To Be A Sound » :

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Heavy Stoner Rock International Stoner Blues

Bone Church : a roots & bluesy side [Interview]

Ayant émergé de la brume et des ténèbres du Connecticut en 2016, BONE CHURCH n’a pas mis bien longtemps à conquérir un public toujours plus nombreux, grâce à un jeu aussi explosif que singulier. Si le quintet revendique développer des atmosphères sombres, il ne faut pas compter sur lui pour rester figer dans un registre unique. Les Américains sont des explorateurs sonores et si leurs racines vont puiser dans le Heavy Metal et le Doom marqué d’une touche 70’s, « Deliverance » vient prendre tout le monde de revers. C’est en effet sa facette la plus Rock et surtout Blues de son Stoner qui ressort de ce troisième album à la fois roots et addictif. Dan Sefcik, lead guitariste du groupe, nous en dit plus sur sa conception et sur les chemins tortueux empruntés par le quintet.

– BONE CHURCH a fait du chemin depuis 2017 et la sortie du premier album éponyme. Aujourd’hui sur « Deliverance », qui porte d’ailleurs bien son titre, vous affichez beaucoup d’assurance et de confiance. On vous sent à un sommet créatif. Est-ce aussi ton sentiment ?

Oui, je pense que c’est notre meilleur album à ce jour. Nous avions pour objectif d’écrire un disque de Rock qui deviendrait un classique et je crois que nous avons plutôt bien réussi. Après ça, ça ne pourra être que moins bien ! (Sourires)

– Sur vos deux premiers albums, les aspects Heavy Metal et Doom étaient nettement plus présents, même si une teinte bluesy était déjà perceptible. « Deliverance » est clairement Hard Rock, Classic Rock et surtout Blues. Est-ce le style de Stoner que vous avez toujours cherché à jouer, ou êtes-vous toujours en quête d’exploration sonore ?

C’était un choix délibéré lors de la composition de cet album. Comme la plupart des musiciens, je puise mon inspiration dans la musique que j’écoute le plus. Comme ce sont  principalement Lynyrd Skynyrd, Black Sabbath et ZZ Top, cela se reflète naturellement dans mes compositions. Cela dit, j’écoute aussi beaucoup de styles différents et il m’arrive de me passionner pour certains genres, ou groupes. Alors, qui sait, vous aurez peut-être le droit à un album de Country Outlaw ou de Funk de la part de BONE CHURCH à l’avenir ! (Rires)

– Pour rester sur le Blues, même si BONE CHURCH est avant tout un groupe de Stoner Rock, vous sentez-vous d’une manière ou d’une autre appartenir à cette famille musicale ?

Je pense que nous sommes une petite branche sur l’immense arbre du Blues, tout comme l’étaient Zeppelin ou Black Sabbath. Nous voulions juste que vous l’entendiez, car c’est un élément essentiel de notre son. Mais nous ne sommes certainement pas un groupe de Blues à part entière.

– En réécoutant votre discographie, une chose m’a amusé. Vos albums comptent assez peu de morceaux, même si certains s’étalent sur la longueur. Le premier en contenait cinq, le deuxième six et celui-ci sept. Y a-t-il eu cette fois un élan supplémentaire, ou est-ce votre univers qui s’élargit ?

Beaucoup de ces chansons ont été écrites au début du confinement lors de la pandémie, j’avais donc plus de temps qu’avant pour me consacrer entièrement à la musique. Huit chansons ont été enregistrées pour l’album « Deliverance », mais l’une d’entre elles ne correspondait pas tout à fait à l’ensemble. Elle finira cependant par être publiée un jour ou l’autre, je pense.

– Depuis « Acid Communion » sorti il y a cinq ans maintenant, vous avez beaucoup tourné et cela s’entend sur « Deliverance », car si vos thématiques sont les mêmes, vous évoquez dorénavant la vie sur la route et les joies simples du Rock’n’Roll. Le côté obscur de BONE CHURCH est-il en train de s’éclaircir, d’autant que vos morceaux sont aussi plus lumineux ?

Eh bien, la réponse est tout simplement oui. Nous voulions écrire des chansons qui soient simplement amusantes et dont les thèmes soient moins noirs ou pesants. En même temps, je pense que des chansons comme « Lucifer Rising » et « The Sin of 1000 Heathens » sont plus sombres que jamais. C’est donc juste une autre facette de notre personnalité que nous voulions montrer.

– Ce qui est aussi un peu surprenant sur « Deliverance », c’est cette approche plus Southern dans votre jeu, notamment sur « Goin’ To Texas » et « Muchachos Muchachin’ », évidemment. BONE CHURCH est-il en train de déplacer son centre de gravité du Connecticut vers le Sud, car il y avait aussi déjà eu la reprise de « Fortunate Son » de Creedence Clearwater Revival sur le tribute « Burn On The Bayou » ?

J’adore quand la musique peint un tableau vivant. C’est génial quand une chanson peut vous transporter dans un lieu et une époque précis. C’était donc l’intention derrière ces morceaux. Imaginez une longue route désertique et brûlante du Texas, menant au bar de motards du film « Pee-Wee’s Big Adventure », où il danse sur « Tequila » ! (Rires)

– « Deliverance » possède aussi un son très live, direct et spontané. Est-ce que l’idée était de s’approcher au plus près de cette ambiance très 70’s et roots qui règne sur l’album ?

Oui, c’était tout à fait intentionnel. C’est pour cette raison que nous avons choisi d’enregistrer au Dirt Floor Studios dans le Connecticut, car nous savions qu’Eric Lichter et Guido Falivene pourraient nous aider à obtenir ce son. C’est aussi là que nous avions réalisé la reprise de « Fortunate Son ». Nous enregistrons sans métronome, nous jouons simplement la chanson en direct jusqu’à ce que le résultat nous convienne, et nous ajoutons les autres éléments par la suite.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur « Deliverance », le morceau-titre qui clot l’album sur plus de huit minutes. Le groove et les guitares sont incroyables avec beaucoup d’émotion aussi et un crescendo exceptionnel. On sent BONE CHURCH pris d’une vulnérabilité assez rare. Qu’est-ce que cette chanson peut avoir de spécial pour vous, car elle se distingue un peu de votre répertoire ?

Elle a été écrite pendant une période extrêmement tumultueuse, tant au niveau mondial que dans ma vie personnelle. Lorsque j’ai commencé à l’écrire, je savais déjà quelles émotions je voulais transmettre avant même que la chanson ne soit terminée. Je savais juste qu’elle devait être très intense émotionnellement, au niveau des paroles comme du thème. Et elle a été interprétée de façon incroyable par le reste du groupe, et tout particulièrement par notre chanteur Jack (Rune- NDR). C’est un rappel poignant de ce que l’on ressent lorsque le monde entier s’écroule autour de soi. C’est en quelque sorte notre version apocalyptique de « Free Bird ». Je pense que c’est le meilleur morceau que BONE CHURCH ait jamais composé.

L’album de BONE CHURCH, « Deliverance », est disponible chez Ripple Music et d’un simple clic sur la bannière en page d’accueil.

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Heavy Stoner Prog International

Howling Giant : ascensionnel [Interview]

Toujours aussi progressif et s’engouffrant même dans des fulgurances cosmiques fortes et aériennes, le jeu des Américains atteint de nouveaux sommets. Avec « Crucible & Ruin », un cap est franchi par le combo de Nashville dans la maîtrise du songwriting notamment, mais aussi avec l’arrivée d’un nouveau membre à la guiatre et claviers, qui va permettre au désormais quatuor du Tennessee de s’élever encore un peu plus. Entouré d’une équipe de producteurs redoutables, HOWLING GIANT multiplie les mélodies accrocheuses et met en avant une maîtrise technique incroyable, qui lui permet à peu près tout. Le Heavy Stoner Prog du groupe prend de la hauteur et Tom Polzine (guitare, chant) ne cache pas sa grande satisfaction. Entretien.

– Ce troisième album sort dix ans après votre premier EP éponyme. C’est un cap souvent important dans la vie d’un groupe. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur cette première décennie de HOWLING GIANT ? 

Ces dix dernières années ont été formidables. Je pense que nous avons accompli bien plus que ce que j’espérais et il nous reste encore tellement de choses à faire. Découvrir la musique que nous avons pu composer ensemble a été une expérience incroyable et j’ai hâte de voir où cela nous mènera. Et j’espère aussi que nous reviendrons bientôt en France !

– Une chose est sûre, c’est que « Crucible & Ruin » est votre album le plus abouti, grâce notamment à un songwriting très créatif et efficace. Avez-vous changé votre façon d’aborder les morceaux, ou est-ce au contraire le fruit de toutes ces années de travail ?

Je pense que notre processus de composition évolue constamment. Je suis vraiment fier de tout le travail que nous avons accompli jusqu’à présent, et « Crucible & Ruin » n’est que la prochaine étape de notre parcours créatif. Nous n’avons pas nécessairement abordé cet album différemment de « Glass Future » du point de vue de la composition, mais nous aimons avoir un thème, ou du moins des images fortes en tête, lorsque nous composons. « Crucible & Ruin » a une ambiance thématique différente de celle de « Glass Future », et la composition s’y est forcément adaptée d’elle-même.

– Il y a quelques changements qui entourent ce nouvel album à commencer par l’arrivée aux claviers et à la guitare d’Adrian Lee Zambrano. C’est vrai qu’il apporte beaucoup de relief et de nouvelles tessitures au son de HOWLING GIANT. Est-il le membre qui manquait au groupe pour élever un peu plus son niveau de jeu, et en quoi sa première contribution a-t-elle consisté ?

Adrian est un musicien incroyablement talentueux et nous avons vraiment de la chance de l’avoir parmi nous. Lorsque nous l’avons intégré au groupe, l’album « Crucible & Ruin » était déjà pratiquement terminé, mais il a pu apporter sa contribution en ajoutant des sonorités et des nuances auxquelles nous n’avions pas pensé. Je pense que ces ajouts ont vraiment apporté une touche spéciale à cet album et ont contribué à donner vie à ces morceaux.

– Cette deuxième guitare apporte bien sûr de la puissance à l’ensemble, ainsi qu’un nouvel équilibre au groupe et il en ressort beaucoup de force. Cela vous ouvre aussi de multiples possibilités. Est-ce que, justement, vous avez pu expérimenter des choses inédites pour vous jusqu’à présent dans l’écriture ou le son ?

Lorsque j’enregistre un album, j’adore ajouter des couches de guitare supplémentaires et j’ai toujours inclus des harmonies complémentaires. Le problème, c’est que lorsque nous jouons en concert à trois, nous devons interpréter une version du morceau qui ne correspond pas toujours à l’enregistrement. Cette harmonie de guitare supplémentaire manquait jusqu’à présent. Maintenant qu’Adrian fait partie du groupe, nous pouvons les inclure, ce qui apporte une nouvelle dimension à nos performances live. Je suis impatient d’écrire le prochain album avec lui, en partant de zéro. Attendez-vous à plus de riffs et à plus de lignes mélodiques harmonisées ! Et j’en suis ravi.

– Pour conclure sur ce sujet, qu’est-ce que la formule à quatre a véritablement changé pour HOWLING GIANT, car celle du power trio est souvent synonyme de spontanéité ?

Je trouve qu’un groupe de quatre musiciens a un son plus ample sur scène et nous permet d’explorer des compositions plus complexes. Jouer en trio a son charme, mais cela comporte aussi des limites. Je pense que la version à quatre musiciens de HOWLING GIANT va nous ouvrir de nouvelles perspectives exceptionnelles.

– Pour la première fois, vous avez même quitté le « Bunker » où vous avez toujours enregistré vos albums, pour vous retrouver aux Almish Electric Chair Studios d’Athens en Ohio. Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ? C’était le bon moment pour sortir d’une certaine zone de confort et peut-être aussi de tourner une page ?

Nous savions dès le départ que nous voulions que notre prochain album présente une qualité sonore améliorée du point de vue de la production. A chaque album que nous sortons, nous souhaitons montrer une certaine progression, ou évolution, de notre son et Neil Tuuri des studios Amish Electric Chair a fait un travail extraordinaire pour nous aider à atteindre cet objectif.

– Justement, vous avez aussi travaillé cette fois avec Neil Tuuri, Kim Wheeler et James Sanderson. Est-ce que cette nouvelle équipe vous a ouvert des perspectives, car « Crucible & Ruin » est plus progressif, entre autres ? Et y a-t-il eu un travail particulier sur les atmosphères et les arrangements notamment ?

C’est vraiment l’équipe de rêve ! Neil nous a aidés à enregistrer les meilleurs sons possibles et a mixé cet album à la perfection. Kim nous a permis d’obtenir certaines des meilleures pistes vocales que nous n’ayons jamais enregistrées et ses conseils sur l’équilibre du mixage ont été inestimables. James Sanderson est l’un de mes meilleurs amis depuis longtemps et l’un des meilleurs auteurs-compositeurs que je connaisse. Son apport créatif nous a permis de donner une dimension supplémentaire aux chansons sur lesquelles nous travaillions. Je me sens vraiment chanceux d’être entouré de personnes aussi talentueuses et cela me donne beaucoup de confiance pour l’avenir de nos prochains albums.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot au sujet de « Beholder » que vous avez décliné en deux parties : « Downfall » et « Labyrinth ». Quel a été le déclic pour vous lancer dans un tel morceau qui sort vraiment des standards habituels, et comment vous y êtes-vous pris pour sa composition ? Etait-ce un bloc peut-être trop long que vous avez préféré scinder en deux ?

Les morceaux « Beholder I » et « Beholder II » ont été composés individuellement, mais ils illustrent l’influence d’un personnage particulier au sein du concept de l’album. « Beholder I » annonce l’arrivée d’une entité chaotique lovecraftienne issue de l’abîme cosmique, et « Beholder II » dépeint l’humanité vivant dans les conséquences d’un monde ravagé par l’impact de cet événement.

Le nouvel album de HOWLING GIANT, « Crucible & Ruin », est disponible chez Magnetic Eye Records.