AMON AMARTH continue de parcourir les mythes et légendes nordiques avec le poing levé, le glaive tranchant et surtout un Viking Metal qui se réinvente quelque peu. « The Great Heathen Army » regorge de mélodies entêtantes, d’une énergie sauvage et d’une volonté guerrière. Les Suédois donnent l’assaut avec brutalité.
AMON AMARTH
« The Great Heathen Army »
(Metal Blade Records)
L’armée viking menée par le frontman Johan Hegg est en ordre de marche et ce douzième album d’AMON AMARTH s’inscrit dans la droite lignée de la discographie des Suédois. Avec un Death Metal mélodique qui penche clairement vers un Thrash souvent très Heavy, le quintet ne s’est pas pour autant endormi et « The Great Heathen Army » reste dans la configuration ‘rouleau compresseur’ de ses prédécesseurs.
Massifs et racés, les riffs de Johan Söderberg et Olavi Mikkonen mènent la charge sur des morceaux sombres et épiques. Avec un style qui n’appartient qu’à lui, AMON AMARTH ne dévie pas de ses intentions premières et reste toujours aussi fédérateur porté par le chant profond et guttural de son leader (« Get In The Ring », « Dawn Of Norsemen »). Le groupe avance sur un rythme effréné avec une précision d’horloger.
Et « The Great Heathen Army » réserve encore quelques bonnes surprises, ce qui montre la faculté des Scandinaves à infuser du sang neuf dans son jeu, sans pour autant perdre de son identité. Atmosphérique sur « Skagul Rides With Me », quasi-orchestral sur « The Serpent’s Trail », AMON AMARTH s’aventure même dans des contrées Heavy Metal sur « Saxons And Vikings », hit imparable chanté en duo avec le grand Byff Byford de… Saxon ! Imposant !
Éminents représentants du Metal germanique, Claus LESSMANN et Michael VOSS ont décidé d’unir leurs forces et de sortir un peu de leur zone de confort avec un album aux saveurs Classic Rock et AOR au son très américain et au titre évocateur. Avec « Rock Is Our Religion », le duo fait preuve d’une faculté d’adaptation exemplaire et d’une fluidité remarquable.
LESSMANN/VOSS
« Rock Is Our Religion »
(Atomic Fire Records)
Amis de longue date, Claus LESSMANN et Michael VOSS ont décidé de se faire plaisir en enregistrant un album entièrement dédié à un Classic Rock/AOR qui nous replonge dans l’univers mélodique américain des années 80 et 90. Chanteurs, multi-instrumentistes et producteurs, le duo annonce la couleur avec le titre de son opus et s’y tient sur les douze morceaux de cette belle collaboration.
Issus tous les deux des milieux Heavy Metal et Hard Rock, Claus LESSMANN est la voix de Bonfire, tandis que Michael VOSS a officié chez Casanova et Mad Max, et a produit Michael Schenker. Autant dire que les Allemands ne sont pas des jeunes premiers et « Rock Is Our Religion », sans être d’une fougue extrême, fait la part belle aux mélodies et aux refrains entêtants.
Vocalement irréprochable et distillant des riffs accrocheurs et des solos affûtés, LESSMANN/VOSS font parler l’expérience et se montrent inspirés et énergiques (« Medicine Man », « Smoke Without A Fire », « What Feels Right », « Something Is Better Than Nothing »). En déviant de leur registre de prédilection pour s’aventurer dans un AOR costaud et fédérateur, les deux musiciens réussissent leur pari.
Figure incontournable de la scène Heavy Metal allemande, le chanteur et bassiste Mat Sinner continue de perpétuer une certaine tradition avec Primal Fear, mais aussi et surtout avec SINNER, qu’il mène de main de maître depuis quatre décennies. Authentique et racé, « Brotherhood » est un album plein de surprises, d’où émane une belle et puissante énergie.
SINNER
« Brotherhood »
(Atomic Fire Records)
« Brotherhood »… Un mot qui colle à la peau de SINNER depuis ses débuts en 1982 et qui vient encore parfaitement résumer ce 18ème album consacrant 40 ans de carrière. Avec un Mat Sinner (également bassiste de Primal Fear), qui tient le leadership comme jamais, le quatuor allemand excelle toujours dans ce Heavy Metal un brin underground, qui a fait sa réputation et qui n’est pas prêt de s’éteindre.
Toujours aussi massif et incisif, « Brotherhood » vient s’inscrire dans la longue lignée des albums intemporels et musclés de SINNER avec ses riffs implacables, ses rythmiques et ses breaks sauvages, cette voix irremplaçable et ses solos aussi relevés que mélodiques (« Bulletproof », « We Came Rock », « Refuse To Surrender »). Et l’ensemble combiné à la très bonne production de Jacob Hansen affiche une redoutable efficacité.
Impressionnant de vitalité et affichant une assurance indéfectible, SINNER a également convié quelques amis comme Oliver Palotai de Kamelot, Ralf Scheepers de Primal Fear, Ronnie Romero de Rainbow (entre autres) ou encore Tom Englund d’Evergrey pour ne citer qu’eux. Véloce et fédérateur, « Brotherhood » ne manquera pas de convaincre les fans du groupe, et bien au-delà (« Reach Out », « Gravity », « My Scars »). Du Heavy Metal pur jus !
L’an dernier, BLACK STONE CHERRY fêtait ses 20 ans d’existence. Alors, lorsque les restrictions liées à la pandémie se sont assouplies, le quatuor du Kentucky a filé à l’anglaise direction Londres et le célèbre Royal Albert Hall pour y livrer un concert d’anthologie. Les 18 morceaux de l’album témoignent d’une belle débauche d’énergie et d’une réelle complicité entre le groupe et son public.
BLACK STONE CHERRY
« Live From The Royal Albert Hall…Y’All »
(Mascot Records)
Dès qu’ils l’ont pu, les Américains de BLACK STONE CHERRY ont été parmi les premiers à reprendre la route avec l’assouplissement des confinements. Et c’est même à ça qu’on les reconnaît… les vrais ! Comme leur rêve de gamin était de fouler les planches du Royal Albert Hall de Londres, le 29 septembre dernier, le quatuor est venu électriser les lieux et faire vivre à ses fans anglais un grand moment.
Explosif, incendiaire et incandescent, ce concert londonien est haletant du début à la fin et si la set-list est aussi royale que l’endroit, la prise de son est quant à elle incroyable. Il faut souligner que ce type d’enregistrement est devenu peu courant tant la proximité et la communion entre BLACK STONE CHERRY et son public sont parfaitement restituées. On s’y croirait. Du grand art.
Dès « Me And Mary Jane », le gang du Kentucky met le feu pour ensuite passer en revue son excellent dernier album, « The Human Condition », et enchaîner avec les standards de son répertoire (« Again », « Cheaper To Drink Alone », « Hell And High Water », « Devil’s Queen », « Blind Man », « White Trash Millionnaire », …) BLACK STONE CHERRY livre un show époustouflant… une habitude !
Au panthéon des artistes qui ont marqué de leur empreinte le petit monde du Glam Rock, MICHAEL MONROE occupe une place de choix. L’ancien leader d’Hanoï Rock, électrique et punkisant à souhait, est de retour avec son groupe et un nouvel album, qui est un peu le reflet de notre époque… en demi-teinte. « I Live Too Fast To Die Young » s’inscrit dans la veine de ce que le Finlandais propose depuis des années maintenant, à savoir un Rock Hard Glam et Sleaze.
MICHAEL MONROE
« I Live Too Fast to Die Young »
(Silver Lining Music)
Pour beaucoup d’entre nous, MICHAEL MONROE est et restera l’éternel chanteur d’Hanoï Rock, qui connut son heure de gloire au début des années 80. Et pourtant, cela commence à faire de longues années que le Finlandais œuvre en solo et sa discographie, bien qu’inégale, regorge de bien bons albums. L’extravagance Glam n’a pas disparu et le frontman en joue toujours autant et reste même un bon chanteur au fil du temps.
Avec « I Live Too Fast To Die Young », il reprend à son compte une vieille maxime du Rock’n’Roll pour ce nouvel album, qui vient succéder à « One Man Gang » sorti en 2019. Toujours entouré des mêmes musiciens, MICHAEL MONROE et ses camarades de jeu livrent une suite assez cohérente. Enregistré l’hiver dernier à Helsinki et produit par le groupe lui-même et son ingé-son, il laisse une impression assez sombre… en phase avec son époque.
S’il reste toujours très Rock et Sleaze avec parfois même quelques grosses guitares, ce nouvel album présente quelques coups de mou manifestes. Cela dit, MICHAEL MONROE demeure ce chanteur très électrique que l’on connait et se fait plaisir (et nous avec !) sur des morceaux plein d’énergie (« Youngs Drunks & Old Alcoholics », « All Fighter », « Murder The Summer Of Love »). Le Finlandais en a encore sous le pied, assurément !
Avec leur troisième album, les Français de HEART ATTACK viennent jeter un énorme pavé dans le monde du Thrash Metal hexagonal. D’une part, parce que « Negative Sun » se démarque du registre tel qu’on peut le concevoir, et d’autre part parce qu’il apporte un nouvel élan créatif au genre. Grâce à une production irréprochable, un groove constant et des accroches percutantes, le quatuor se retrouve en fer de lance d’une nouvelle vague, qui ose intégrer de nombreux éléments dans un style souvent figé. Son lead guitariste, Kris, nous parle de ce nouvel opus et de l’approche musicale globale du groupe.
Photo : Manuel Acqualeni
– Pour commencer, rappelons que HEART ATTACK sort son troisième album en un peu plus de 15 ans d’existence. Et « Negative Sun » sort chez Atomic Fire Records, ce qui n’est pas rien lorsque l’on voit le catalogue du label. Quelle a été votre première réaction lorsqu’il vous a approché ?
Au départ, on n’y a pas cru ! (Rires) En fait, on avait démarché plusieurs labels, car le nôtre cessait ses activités. Et on cherchait aussi à grossir. Et nous avons reçu un mail nous disant que Markus Staiger, le patron d’Atomic Fire Records, adorait le groupe et il voulait à tout prix nous signer ! On a commencé à discuter avec eux et on est tombé sur une équipe très sympa, très pro et avec beaucoup d’expérience. C’est vraiment un plaisir de bosser avec eux. C’est une bonne expérience et qualitativement, c’est un bond énorme pour nous.
– Alors qu’aujourd’hui, on va vers de plus en plus d’autoproductions et que même certains groupes bien installés vont dans ce sens, vous intégrez un label reconnu et établi. Qu’est-ce que vous attendez concrètement d’une telle signature ?
Qu’il nous aide à faire grandir le groupe en termes de renommée, ainsi qu’au niveau de la reconnaissance et du crédit sur la scène Metal. Que cette signature nous permette aussi de tourner beaucoup plus, car c’est l’objectif premier. On veut rester sur cette pente ascendante avec HEART ATTACK, sur le plan national depuis une dizaine d’années déjà, et évoluer encore d’avantage.
– Avant de parler du contenu de l’album, j’aimerais que vous me parliez de cette intro, « Rituals ». Tout d’abord, c’est vrai qu’on ne voit plus beaucoup d’intros sur les albums et la vôtre dure quand même près de 2’30 (2’22 pour être précis). Qu’est-ce qu’elle signifie pour vous, déjà par sa longueur et ensuite par le fait qu’elle soit peut-être un peu en décalage avec la suite ? Et ne me dites pas que c’est pour pouvoir vous installer tranquillement sur scène !
C’est clair que là, on a vraiment le temps ! (Rires) D’ailleurs, je ne sais même pas si on commencera avec cette intro sur scène, car on a d’autres idées qu’on va travailler en résidence. Pour revenir à ta question, c’est vrai qu’on en avait déjà fait une sur l’album précédent (« The Resilience » – 2017 – Apathia Records – NDR) et on y est assez attaché. Cela dit, ça ne veut pas dire que sur le prochain, il y en aura une. Pour celle-ci, c’est un sample qu’on a entendu. C’est un chant mongol mixé avec un bulgare. On a voulu travaillé dessus et ce court instrumental est né. Et on l’a trouvé parfait pour l’intro de l’album.
Kris
– A la première écoute de « Negative Sun », ce qui saute aux oreilles, c’est cette variété et cette richesse qui se dégage de votre Thrash Metal. On peut à la fois y trouver des aspects liés à la Bay Area, mais aussi à la scène allemande notamment. HEART ATTACK a parfaitement assimilé toutes ces influences. C’est un processus nécessaire pour aller de l’avant et proposer un style plus personnel ?
Absolument, et ça me fait très plaisir que tu dises ça ! On a essayé de proposer un album qui soit le plus riche possible, parce qu’on ne voulait se poser aucune limite en tant que musiciens, mais aussi en tant que fans de musique. On ne voulait pas se limiter à une étiquette Thrash. On peut retrouver sur l’album des influences symphoniques, Death, Black, progressives voire presque Pop/Rock. En fait, tout ce que l’on écoute s’y retrouve un peu. On a vraiment fait ce qu’on a voulu, sans aucune contrainte. D’ailleurs sur « Negative Sun », on a vraiment trouvé l’identité d’HEART ATTACK avec ce mélange de riffs et de mélodies multiples. C’est ce qui nous représente le mieux.
– L’autre force de l’album réside dans la puissance des riffs et le côté très mélodique et groove des morceaux. Il y a un vrai liant au sein-même des titres, qui semblent presque être composés comme des chansons. C’est aussi comme ça que vous l’avez entrepris ?
Oui, parce qu’on n’écoute pas seulement du Metal. On est ouvert à beaucoup de choses et la qualité prime toujours sur le genre. On se nourrit de tout ça pour faire des chansons. Le label nous a dit qu’on était un peu imprévisible, et ça nous fait très plaisir, parce qu’on ne sait pas ce qu’il peut se passer dans une chanson. On essaie toujours de surprendre l’auditeur.
– Par ailleurs, ce qui m’a aussi surpris (et dans le bon sens !), c’est cette attaque très Heavy et même Rock’n’Roll sur les solos, avec un côté très fédérateur et presqu’épique. L’objectif était de transmettre cet esprit des pionniers du genre en y insufflant une touche et même une approche très moderne ?
J’ai justement développé cette attaque sur les solos, parce que je n’écoute pas uniquement du Metal. Je suis d’ailleurs celui qui en écoute le moins dans le groupe. Donc, je n’ai pas forcément un touché Metal. Mes références sont plutôt Steve Lukather, Pete Townsend ou Jimmy Page. C’est vrai que c’est plutôt Rock. Je suis fan des guitaristes un peu architectes et arrangeurs. J’aime bien construire mes solos comme une pièce de la chanson, tout en la servant, et sans dérouler des plans juste parce qu’il faut un solo à ce moment-là. C’est vrai que c’est un peu bâti à l’ancienne.
– Même si vous y allez souvent très frontalement, HEART ATTACK prend aussi le temps de poser des atmosphères plus aériennes (comme sur « Negative Sun », par exemple) pour imposer un certain volume aux morceaux. On a finalement l’impression que vous vous nourrissez de beaucoup de choses. Le registre Thrash à lui seul paraît presqu’étroit pour vous. C’est le cas, ou c’est simplement votre vision d’une évolution naturelle du style ?
Personnellement, si tu me poses la question, je ne nous considère pas comme un groupe de Thrash. Il y a des influences, c’est certain. Mais, on n’est pas un pur groupe de Thrash. En revanche, sur nos premiers albums, on était dans un registre très Thrash avec beaucoup de riffs et moins d’arrangements. C’est petit à petit que nous avons intégré d’autres influences et sur « Negative Sun », c’est vraiment ce que nous avons fait. On est un groupe de Metal, voilà ! (Sourires)
– HEART ATTACK a aussi la particularité d’intégrer quelques claviers assez discrets d’ailleurs sur l’album, ce qui est quelque chose de rarissime dans le Thrash. Même si l’avis des puristes importe toujours très peu, ce n’est pas une option banale, loin de là. Là encore, on revient au volume et au relief de vos morceaux. C’est une sorte de soutien à la puissance affichée ?
Oui, c’est ça. C’est aussi une manière de rendre plus épique et plus majestueux certains passages, ou carrément appuyer les harmonies. Parfois, la guitare n’est pas forcément suffisante. On l’avait fait un peu sur « The Resilience » et cette fois, on a surtout suivi nos envies. Et on s’est vraiment éclaté !
– A propos de puissance, j’aimerais qu’on dise un mot de la production. Comment cela s’est-il passé ? Avec qui avez-vous travaillé, car le résultat rivalise tranquillement avec n’importe quelle production internationale…
Ca fait très plaisir à entendre, parce que ça veut dire qu’on a bien bossé. Pour le premier album, nous avions tout fait tous seuls et à la maison. Sur le deuxième, on a été plus exigeant, mais ce n’était pas encore parfait. Et là, on savait vraiment ce qu’on voulait. On voulait un album qui sonne agressif, qui soit massif et qui ait aussi de la personnalité. Aujourd’hui, c’est vrai que beaucoup de productions vont un peu toujours dans le même sens. On a voulu se démarquer. « Negative Sun » a été enregistré et mixé par Sebastien Camhi au Artmusic Studio, et ça a vraiment été un travail à cinq. On a testé beaucoup de choses au niveau des guitares notamment. On est entré en studio début juin (2021) et on a terminé le mixage début août. On a vraiment bossé pendant un bon moment dessus !
– Enfin, vous n’y couperez pas : un petit mot sur la reprise de « Jesus He Knows Me » de Genesis en fin d’album. Sans aller jusqu’à dire que vous l’avez maltraitée, même si elle prend une bonne claque, vous en avez fait un morceau presque personnel, tout en gardant étonnamment la structure du morceau. C’est une sorte de récréation pour vous, une manière de vous rappeler quelques bons souvenirs, ou c’est le texte très cynique qui vous a inspiré ?
Il y a un peu de tout ça. En fait, on sortait de l’enregistrement de l’album, qui est assez sombre, après une période difficile avec la pandémie. L’époque ne prêtait pas vraiment à rigoler et on a eu envie de faire un morceau plus léger et se faire plaisir. Et comme je suis fan de Genesis, j’ai proposé ce titre aux autres. On l’écoutait d’ailleurs déjà souvent en voiture et pour faire la fête. Tout le monde l’a validé et on a bossé dessus. On s’est vraiment éclaté, comme on peut le voir sur la vidéo, qui a été filmé au portable et qui accompagne le morceau. Ca a été une vraie respiration pendant l’enregistrement, même si nous l’avons vraiment fait sérieusement. On l’a fait sans prétention, ni calcul marketing. C’était vraiment pour rigoler ! On l’a recréé en faisant en sorte qu’il devienne le nôtre. Ca a beaucoup au plu au label, qui nous a proposé de le mettre en bonus sur l’album. On ne s’y attendait pas, car on l’avait fait au départ pour la déconne ! Et au final, ça fait plaisir à tout le monde !
L’album « Negative Sun » de HEART ATTACK est disponible depuis le 10 juin chez Atomic Fire Records, et on retrouvera le groupe sur la MainStage du Hellfest à Clisson le vendredi 17 juin en ouverture.
Si le son actuel de CROBOT peut paraître aux oreilles de certains un peu plus lisse ou accessible qu’à ses débuts, il n’en est rien de la fougue et de l’impact de plus en plus conséquents du Hard Rock du quatuor. Avec « Feel This », les Américains confortent leur place plus que méritée aux côtés des plus grands. Irrésistibles, ils le sont de plus en plus, grâce à un chant tout en maîtrise, des riffs solides et une rythmique enfin stabilisée.
CROBOT
« Feel This »
(Mascot Records)
Personnellement, chaque nouvel album de CROBOT est toujours un ravissement. D’une part parce qu’ils sont en général d’égale qualité et d’autre part, parce qu’ils vous mettent une patate d’enfer ! Et « Feel This », cinquième effort des Américains, offre exactement ce que l’on attend du quatuor de Pennsylvanie : un savoureux mélange de Hard Rock pêchu, de quelques inspirations bluesy, voire Stoner et surtout d’un esprit Rock’n’Roll omniprésent.
Brandon Yeagley (chant), Chris Bishop guitare), Dan Ryan (batterie) et Tim Peugh (basse) n’ont pas changé de recette : un Hard US hargneux, dynamique et mélodique. Véritablement taillé pour la scène tant les refrains sont fédérateurs, « Feel This » propose quelques pépites, qui mettent en évidence la force collective de CROBOT et sa proportion à transmettre des émotions (« Electrified », Dizzy », « Holy Ghost », « Without Wings »).
D’une redoutable efficacité, les riffs tranchants et racés du quatuor restent un atout majeur du combo, qui s’affine au fil des albums (« Livin’ On The Street », « Into The Fire »). Très groove dans l’approche des morceaux, « Feel This » sonne très vrai et la production aux petits oignons signée Jay Ruston (Anthrax, Stone Sour) sert vraiment les titres. On notera également le vibrant hommage de CROBOT à Chris Cornell sur « Golden ». Un régal.
Etourdissant, frémissant et envoûtant, le Blues mâtiné de Rock de ROBIN TROWER reste d’un feeling et d’un groove imperturbable. Le guitariste anglais, sur qui le temps semble n’avoir aucune prise, vient garnir sa belle et grande discographie avec « No More Worlds To Conquer », un album aussi fin et précis qu’inspiré.
ROBIN TROWER
« No More Worlds To Conquer »
(Mascot label Group/Provogue)
Comment ROBIN TROWER fait-il pour afficher une telle régularité depuis 50 ans au fil de ses albums ? Je n’ai pas souvenir d’un mauvais disque, et pourtant il y en a eu. Le touché incomparable du bluesman anglais fait encore des merveilles sur « No More Worlds To Conquer ». Toujours en trio, il est accompagné de Chris Taggart derrière les fûts et de l’excellent Richard Watts au chant.
Comme très souvent, ROBIN TROWER assure la basse et il impose le rythme et surtout le groove au sein du groupe. Gardant intact la même fraîcheur affichée depuis toute ces années, le six-cordiste se laisse aller et nous berce de son feeling aussi fluide que concis. Et c’est sans exubérance aucune que le Britannique parvient à marier une grande sensibilité avec une belle attaque des morceaux.
Intemporel sur « Ball Of Fire », « Losing You » ou « Cloud Across The Sun », ROBIN TROWER guide se Fender Stratocaster de main de maître avec le doigté plein de précision qu’on lui connait. De riffs endiablés en solos cristallins, le guitariste semble inépuisable et sa créativité sans fin (« Birdsong », « The Razor’s Edge », « Day Dream », « Fire To Ashes »). Du grand art… encore et toujours !
Michael Schenker a beau empiler les albums sur un rythme effréné, ceux-ci ont toujours quelque chose de spécial. Si le guitariste allemand ne révolutionne pas le genre, il continue à livrer des disques où son jeu reste virtuose et où les arrangements surclassent très souvent ceux du Hard et du Heavy Rock actuel. Avec « Universal », MSG joue sur l’expérience et la créativité avec une élégance intacte.
MSG – Michael Schenker Group
« Universal »
(Atomic Fire Records)
Après plus de 50 ans de carrière, on n’a souvent plus rien à prouver, mais pour certains, on a encore des choses à dire. Et c’est très précisément le cas du grand Michael Schenker dont la mythique Gibson Flying V fait toujours des étincelles et sonne comme au premier jour. Cette fois, c’est sous la bannière de MSG, le Michael Schenker Group, que le virtuose présente « Universal ».
Elaboré avec son irremplaçable partenaire Michael Voss, pour la production comme pour la composition, ce nouvel album de l’Allemand sonne comme un retour aux sources, tant il semble faire de malicieux clins d’œil à toutes les époques que ce génie de la guitare a traversé… et il y en a eu ! Et comme d’habitude, MSG rassemble un casting de rêve sur cet opus particulièrement dense.
Autour de Ronnie Romero devenu chanteur principal, on retrouve Ralph Sheepers (Primal Fear), Michael Kiske (Helloween), Garry Barden (MSG), Barend Courbois (Blind Guardian) et l’ex-triplette de Rainbow : Bobby Rondinelli, Tony Carey et Bob Daisley. Et la dream team serait incomplète sans la légende Simon Philips, venu prêter main forte sur ce « Universal », qui figure parmi les meilleurs albums de MSG.
Avec Michael Schenker, les riffs sont expressifs, les solos étincelants, les ambiances Heavy et aussi planantes et surtout la fluidité du jeu du guitariste n’a pas son pareil. Entre Hard Rock et Heavy Metal, 80’s et 90’s, MSG régale sur chaque morceau sans jouer sur la nostalgie (« Emergency », « Under Attack », « A King Has Gone », « The Universe », « London Calling », « Wrecking Ball »). Stratosphérique !
Sept longues années après leur dernier album éponyme, le quintet anglais refait surface après avoir déjà présenté trois singles. Toujours dans le même registre, DEF LEPPARD livre « Diamond Star Halos », un opus dans la lignée de sa discographie, sans trahir le Rock Hard qui a fait sa réputation et son succès.
DEF LEPPARD
« Diamond Star Halos »
(Virgin Records/Universal)
Si ce que vous préférez chez DEF LEPPARD, ça reste DEF LEPPARD, alors ce douzième opus des Anglais devrait vous combler. Cela dit, on est toujours en droit d’attendre un peu de sang neuf et d’innovation, mais ça reste assez rare dans les actes. En ce qui concerne « Diamond Star Halos », le quintet fait le job et le fait toujours très bien. Certes, les 15 nouveaux morceaux ne sont pas essentiels, mais ils ne sont pas désagréables pour autant et présentent même quelques bonnes surprises.
On ne reviendra pas sur les trois premiers singles déjà dévoilés, « Take What You Want », « Kick » et « Fire It Up » qui sont pourtant les meilleurs titres de l’album. DEF LEPPARD a bien fait les choses et on reconnait là le professionnalisme du groupe, puisque les trois chansons ouvrent « Diamond Star Halos ». A noter aussi la présence fantomatique de T-Rex sur l’essentiel du disque, à travers une influence musicale évidente jusque dans le titre de cette nouvelle réalisation, qui est plus qu’un clin d’œil.
Musicalement, DEF LEPPARD se présente uni comme jamais, même si le groupe a dû jongler entre l’Angleterre, l’Irlande et les Etats-Unis pour mettre au point ces 15 nouveaux titres. Et ce changement de méthode ne semble pas avoir perturbé le groupe de Sheffield. Derrière son frontman Joe Elliot, les guitaristes Phil Collen et Vivian Campbell restent inspirés, tout comme la rythmique menée par Rick Allen (batterie) et Rick Savage (basse). Autrement dit, on ne change pas une équipe qui gagne.
Sur une production comme toujours irréprochable assurée par le groupe lui-même avec son ami et ingénieur Ronan McHugh, on retrouve le son si personnel de DEF LEPPARD. Les Anglais font ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir un Rock musclé et mélodique (« SOS Emergency », « Liquid Dust », « U Rock Mi »). Fidèle à leur légende, les vétérans soufflent le chaud et le froid en alternant des titres plus tempérés, mais accrocheurs (« Unbreakable », « All We Need »).
Plus surprenant tout de même, la présence du pianiste Mike Garson (David Bowie) vient apporter à DEF LEPPARD un supplément d’émotion non-négligeable sur « Goodbye For Good This Time » et « Angels ». La star de la Country Music Alison Krauss, récemment apparue sur un album aux côtés de Robert Plant, est aussi de la partie sur les morceaux « This Guitar » et « Lifeless ». Assez conventionnel dans l’ensemble, on aurait pu espérer un rôle à contre-emploi, par exemple, pour plus de résonnance.
Finalement, les Britanniques livrent un album très convenable et très homogène. Bien sûr, on ne va pas demander à un groupe de cette trempe de tout chambouler du sol au plafond. Pourtant, on aurait pu s’attendre à un peu plus de folie de la part de DEF LEPPARD qui, avec ce « Diamond Star Halos », aligne tout de même 15 nouveaux morceaux. Cependant, on peut toujours compter sur Joe Elliot et ses hommes pour rendre de la bel ouvrage.