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Americana Blues Rock

Nico Chona : en quête d’espace

Onze titres pour autant d’ambiances aux notes bleutées sur ce « Sometimes The Tears », qui fait suite à « Old Western Star », paru il y a cinq ans déjà et qui avait fait forte impression. En mode one-man-band, le Lyonnais est de chaque note sur cette nouvelle réalisation enchanteresse. Songwriter affûté et musicien virtuose, NICO CHONA fait le choix d’un style assez épuré et captivant, et évite ainsi avec soin toute démonstration superflue. Un équilibre solide assuré par une voix plein de sensibilité.

NICO CHONA

« Sometimes The Tears »

(Bozeman Records)

Auteur et composteur, mais aussi guitariste, chanteur et batteur, NICO CHONA sait à peu près tout faire. Et cela tombe bien puisque, pour son troisième album, il s’est occupé de tout, y compris de la production. S’il est entièrement seul à l’œuvre sur « Sometimes The Tears », il réussit le tour de force de donner l’impression d’un véritable travail de groupe. Ici, pas de bidouillages, mais beaucoup de fluidité et de chaleur, le tout enregistré par ses soins en analogique et sur du matériel vintage pour encore plus d’authenticité et de proximité. 

Habitué des projets ‘United Guitars’ et animateur d’une chaîne YouTube, NICO CHONA renoue donc avec le format long après « Modern Delta », dernier EP en date sorti en 2021. Et s’il a lui-même le posé ses chansons sur bande, le mix de « Sometimes The Tears » a été confié aux multi-primé Bill Mims, qui a côtoyé des sommités. Toujours à Los Angeles, c’est Gavin Lurssen, autre ponte dans le domaine, qui s’est chargé du mastering. Autant dire que ça sonne et que son Blues Rock délicat aux saveurs Americana est vraiment resplendissant.

Cela dit, c’est presque la moindre des choses vu la qualité des compositions, qui proposent un voyage musical varié et changeant au fil des pistes. Du morceau-titre à « George », qui clot l’album avec classe, NICO CHONA reste chevillé à un Blues sincère, qui lorgne sur le Rock, l’Americana et même le Jazz sur « 7th Avenue ». Pour autant, c’est son style et sa patte qui brille sur « Sometimes The Tears ». Son feeling enveloppe ce bel opus à l’atmosphère très live (« Lilly Honey », « Silver Highway », « Drop Me In A River »). Un beau moment suspendu.

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Hard Rock

CoreLeoni : adrenaline distiller

Avec son nouveau combo, Leo Leoni poursuit d’une certaine manière l’aventure Gotthard, dont il semble avoir du mal à se défaire, malgré de solides albums avec CORELEONI. Ainsi, il n’est pas vraiment étonnant de voir que la tracklist de « Live At Hallenstadion Zürich » est surtout issue de son ancien groupe. Fers de lance d’un Hard Rock à l’européenne, les cinq musiciens passent par la case souvenir pour entretenir la flamme avec ardeur et dévouement. Un beau moment de pur Rock.

CORELEONI

« Live At Hallenstadion Zurich »

(Perception)

Il n’y avait pas de meilleur endroit pour CORELEONI pour mettre en feu au public, lors du caniculaire 3 juillet dernier, que le Hallenstadion, lieu même où fut enregistré le légendaire « Made In Switzerland/Live In Zürich » en 2006 par Gotthard. Leon Leoni et ses musiciens ne pouvaient rendre un meilleur hommage à leurs fans de la première heure, sachant que l’actuelle formation se voulait au départ un Tribute Band dédiée au mythique groupe helvétique. Le quintet a en quelque sorte bouclé la boucle… et avec la manière.

Entouré du line-up à l’œuvre sur « III » sorti en 2022, le guitariste se produisait en première partie de Judas Priest devant une foule aux anges pour une soirée qui s’annonçait inoubliable, d’autant qu’il était pioché dans le répertoire du Gotthard des origines. Et cette configuration explique aussi le fait que « Live At Hallenstadion Zürich » ne dure qu’une quarantaine de minutes. Mais la passion d’un côté et la ferveur de l’autre ont fait toute la différence, et CORELEONI a livré un set époustouflant.

Avec un Eugent Bushpepa des grands soirs au chant, le quintet a ouvert avec « Sister Moon » et ainsi rappelé d’où il venait, tout en mesurant le chemin parcouru. Si « Like It Or Not » et « Sick & Tired », issus de « III » ont remué la salle, les Suisses avaient surtout l’œil dans le rétro et on ressent clairement le plaisir qu’ils ont à interpréter leurs classiques (« Downtown », « Firedance », « Mountain Mama » et « Standing In The Light »). CORELEONI a fait plus que tenir son rang en déployant une énergie folle dans un Hard Rock flamboyant.

Photo : Alexandre Zveige

Retrouvez les chroniques des dernières sorties de CORLEONI, ainsi que celle de Gotthard :

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Hard 70's Heavy metal Old School

Bygone : une dimension spatiale

Du côté de Boston, BYGONE a décidé de remonter dans le temps, jusqu’aux 70’s pour être précis. La tête dans les étoiles et les pieds sur terre, les six musiciens se livrent à un exercice de style mené avec la manière. Mêlant Hard et Heavy avec dextérité, ils nous font vivre une belle et saisissante épopée composée de montées en puissance incandescentes et de plages aériennes aux allures cosmiques et planantes. Cet album est une ode à une période dorée du Rock au sens large.

BYGONE

« Bygone »

(Svart Records)

Ayant fait leurs armes chez Magic Circle, Blazon Rite, Concilium, Witchtrial et Missionary Work, les membres de BYGONE œuvrent dans un style dont ils maîtrisent tous les contours et ce premier effort éponyme ressemble à tout sauf à un coup d’essai. Entre Hard Rock et Heavy Metal, le style du groupe offre bien des facettes avec des envolées proto-Metal, occultes et avec même un léger accent Acid Rock. Ancré dans les années 70 et le début des 80’s, il se montre brillant et inventif…comme à la grande époque.

Après une première démo il y a trois ans, BYGONE se lance donc sur la durée dans un voyage cosmique avec une touche personnelle déjà perceptible. Certes, les références majeures sont assez évidentes, mais leur complémentarité sonne juste et surtout donne un bel élan à « Bygone ». Parmi les plus notables, on retient l’empreinte nette de Kiss, Think Lizzy, ou Rainbow avec un soupçon d’Uriah Heep et UFO. Le combo affiche beaucoup de sérénité dans une ambiance très organique, intense et à l’esprit très underground.

Dans un décor musical assez fastueux, le sextet laisse libre-court à son imagination et elle est franchement fertile. Sur des rythmiques galopantes, des atmosphères cinématographiques et de l’humilité dans la démarche comme dans le chant, les Américains enchaînent les riffs acérés et les parties d’orgue Hammond majestueuses. Non sans émotion, BYGONE impose une solidité de chaque instant et se fait captivant au fil des morceaux (« Lightspeed Nights », « Take Me Home », « Shadow Rising », « Into The Gleam », « City Living »). Costaud !

Photo : Connie Carpenter

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Musique celtique Musique traditionnelle

Eric Vercelletto : la source comme phare

Très métissée, la musique d’ERIC VERCELLETTO prend racine en Bretagne, parfait champ des possibles pour aller piocher dans d’autres cultures des tonalités, des rythmiques et des échos qui viennent se lier, épicer et apporter des saveurs lointaines à un ouvrage aussi atypique que familier. « Beg An Dorchenn Project » est l’idée un peu folle de ce guitariste, claviériste, flûtiste, compositeur, arrangeur et producteur, qui a su faire le pont entre ses premières amours intimement liées à son pays avec des réverbérations quasi-universelles.

ERIC VERCELLETTO

« Beg An Dorchenn Project »

(Independant)

Ce premier album d’ERIC VERCELLETTO tient littéralement de l’épopée. Démarrée il y a plus de dix ans autour de la très inspirante pointe de la Torche dans le Finistère, la fameuse « Beg An Dorchenn », elle est aussi tournée vers le monde avec pour axe central cette avancée rocheuse dans l’océan qui aimante et impulse le socle musical du disque. Car si l’univers du musicien est étroitement lié à la Bretagne et à la musique celtique plus largement, des sonorités brésiliennes, balkaniques et indiennes viennent colorer l’ensemble.

Et de la couleur, « Beg An Dorchenn Project » n’en manque vraiment pas. A l’instar de ce lieu aux paysages si changeants, il hypnotise et envoûte. Enregistrée entre Quimper, Estoril et Berlin, cette première réalisation se veut transcontinentale dans le son et ce sont des musiciens issus d’horizons éloignés, plus d’une dizaine en plus du Bagad Penhars, qui se sont joint à ERIC VERCELLETTO. Sur une trame contemporaine, parfois jazzy ou classique, la jonction avec la tradition est aussi fluide qu’évidente, la virtuosité de chacun faisant le reste.

Bien qu’il s’agisse d’une autoproduction, la qualité de « Beg An Dorchenn Project » n’a rien à envier aux grosses cylindrées mainstream du genre. Au contraire, l’authenticité qui émane des dix morceaux est le fruit des rencontres d’ERIC VERCELLETTO avec des artistes dont il partage la vision et avec qui il a noué de solides amitiés. Surtout instrumental, quelques voix survolent aussi cet opus captivant avec légèreté (« An Nor I &II », « Kerz A Rimp Beteg De Jujuy », « Larry Den », « Marig Ar Pollanton », « Kelch’h Dogor ») De toute beauté !

L’album est bien sûr disponible sur le site de l’artiste : www.vercelletto.com

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Classic Hard Rock

Graham Bonnet Band : Englishman in L.A.

Rainbow, Alcatrazz, Michael Schenker Group, Impellitteri, Blackthorne et quelques autres sont autant de groupes prestigieux auxquels est associée la voix inimitable de GRAHAM BONNET. Désormais, c’est avec un quatuor chevronné, affûté et inspiré qu’il distille son Hard Rock aux saveurs Classic Rock. Loin de son Angleterre natale, c’est en Californie qu’il est allé immortaliser un pan de son histoire musicale. Devant un public aux anges, « Lost In Hollywood (Live) » nous renvoie à quelques chefs d’œuvre qui n’ont pas pris une ride.

GRAHAM BONNET BAND

« Lost In Hollywood Again (Live) »

(Frontiers Music)

S’il n’a sorti que trois albums avec le GRAHAM BONNET BAND, le frontman possède l’une des plus belles discographies du Hard Rock et du Heavy Metal étendue sur plus de cinq décennies. Et c’est une partie de ce bel héritage qu’il a interprété le 29 août 2024 au fameux ‘Whisky A Go Go’ sur le Sunset Strip à Los Angeles. En dehors de l’arrivée de Francis Cassol à la batterie, le line-up est le même que sur « Day Out In Nowhere », sorti il y a trois ans, et le courant passe toujours aussi bien sur ce « Lost In Hollywood (Live) ».

Entouré de Conrado Pesinato à la guitare, Beth-Ami Heavenstone à la basse, et Alessandro Bertoni aux claviers, le chanteur passe en revue son magnifique parcours sur ce live qui doit son titre à un morceau d’Alcatrazz du même nom. D’ailleurs, son ancienne formation est bien représentée avec « Eyes of The World », « Night Games », « Too Young To Die, Too Drink To Live » et bien sûr « Lost In Hollywood », qui clot le set. Le GRAHAM BONNET BAND nous fait traverse l’âge d’or du Hard Rock avec beaucoup d’énergie et de classe.

Autre chapitre important pour le Britannique, c’est son passage chez Rainbow dont il reprend « All Night Long », « Makin’ Love » et « Since You’ve Been Gone » comme au premier jour. Le temps d’une reprise de Deep Purple (« Lazy »), et le GRAHAM BONNET BAND fait un crochet par MSG (« Desert Song », « Assault Attack ») pour revenir tout de même sur son récent répertoire (« Imposter »). Ce nouveau live présente une tracklist assez classique, certes, mais jouée avec fougue et précision. Quant à la performance vocale, c’est du grand art !

Photo : Enzo Mazzeo

Retrouvez la chronique de « Day Out In Nowhere » :

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Blues Rock

Thomas Frank Hopper : wild freedom

Imprévisible et très créatif, THOMAS FRANK HOPPER ajoute un magnifique nouveau chapitre à son aventure musicale. Toujours entre Blues et Rock, « Wild Ones Never Die » montre que le Belge est capable d’aller encore plus loin dans un registre parfaitement maîtrisé, où son écriture est encore plus libre, son jeu de guitare sauvage et incisif et ses parties vocales très assurées. Entouré de quelques invités, il élargit encore un peu plus son univers et offre à cette nouvelle production un souffle rafraîchissant.

THOMAS FRANK HOPPER

« Wild Ones Never Die »

(Independant)

Après « Bloodstone » (2021) et surtout « Paradize City » (2023) qui l’a véritablement révélé et qui lui a probablement ouvert les portes du tremplin de l’European Blues Challenge à Memphis où il s’est hissé jusqu’en quart de finale l’an dernier, THOMAS FRANK HOPPER s’est désormais fait une belle place sur la scène Blues Rock de côté de l’Atlantique. Avec « Wild Ones Never Die », le chanteur et guitariste affirme encore un peu plus son style fait de multiples influences et de couleurs artistiques, qui le rendent aujourd’hui très identifiable. Et son crossover entre Rock, Blues et d’autres teintes fait encore des merveilles.

Enregistré en moins de dix jours en Normandie, le musicien livre son album le plus abouti, celui de la maturité peut-être, diront certains. Le songwriting est affûté et inspiré, les structures des morceaux étonnantes et audacieuses et sa fameuse ‘lapboard’ jamais bien loin. Et si le chant de THOMAS FRANK HOPPER a gagné en assurance et en variation, il fait cette fois-ci un peu de place à des guests triés sur le volet et qui apportent un vrai supplément d’âme. Sans faire dans le clinquant, les combinaisons se font avec beaucoup de naturel et dans un feeling partagé et commun.

Du direct et envoûtant « Ready To Thrive » au plus délicat « Zippin Pippin », on pourrait citer tous les morceaux, tant ils diffusent des saveurs particulières. Accrocheur et bardé de refrains entêtants, de guitares flamboyantes et d’un groove irrésistible, « Wild Ones Never Die » se dévoile à chaque écoute (« Freak Show », « Six Feet Underground », « Jackie Brown », « Idiocracy »). Offrant une touche façon Eminem sur « Never Lonely » avec Jacob Miller, saisissant de vérité avec l’excellente chanteuse croate Vanja Sky sur « Wild Birds » et solaire sur « Open Road » avec Meri Lu Jacket à ses côtés, THOMAS FRANK HOPPER régale.

Photo : Loreta Mander

Retrouvez l’interview donné à l’occasion de la sortie de « Paradize City » et la chronique de l’album :

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Melodic Metal Modern Metal

Hollow Peak : vif et introspectif

Racé et fédérateur, HOLLOW PEAK n’aura pas mis bien longtemps pour se montrer très convaincant. L’entrée en matière des Norvégiens avec « Obsidian Cult » manifeste beaucoup de certitudes sur leur jeu et leur style, une maîtrise que l’on retrouve tout au long de ce nouvel opus. Compact et jouant aussi sur le côté émotionnel du registre, il met en lumière une forte présence féminine au chant, une rythmique massive et des guitares musclées. Puissant et mélodique.

HOLLOW PEAK

« Obsidian Cult »

(Massacre Records)

Apparu sur la scène norvégienne il y a deux ans avec un EP autoproduit, « Endless », le quintet ne tarde pas à livrer son premier album. Dans la lignée du précédent effort, « Obsidian Cult » confirme tout le potentiel de HOLLOW PEAK, qui navigue habillement entre Melodic et Modern Metal. Plus aguerris qu’à leurs débuts bien sûr, la chanteuse Ragnhild Westgard et le batteur Marius Karlsen sont aussi à la production de ce premier long format et le duo fait beaucoup mieux que de s’en sortir. L’ensemble est solide.

Loin d’en être à leur coup d’essai, les Scandinaves affichent beaucoup de puissance sur cette nouvelle réalisation et leur frontwoman est un atout majeur. Aussi puissante que délicate dans son approche vocale, elle donne du corps et du relief à HOLLOW PEAK. Grâce à la fiabilité de son cogneur qui n’hésite pas à user du double-pédalage pour apporter de la vélocité aux morceaux, « Obsidian Cult » explore divers degrés d’intensité. Très accrocheuses, les atmosphères sont changeantes, mais l’ensemble reste homogène.

Techniquement imparables, les deux guitaristes, Vegard Frydenlund Ripsrud et Henning Ramseth, sont les principaux architectes du combo et leurs riffs respectifs se répondent autant qu’ils se complètent. On regrettera cependant qu’à eux deux, il n’y ait de solos dignes de ce nom sur « Obsidian Cult ». Un signe des temps sûrement… Mais HOLLOW PEAK se montre très pertinent sur « From Ashes Rises A Crown », « Labyrinth », Unseen », « Ray Of Light », « Attack », le morceau-titre et le très bon « Town ». Une belle cohésion.

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Hard 70's Psychedelic Rock Rock 70's Southern Rock

DeWolff : first loves

Si certains se demandent de quelle manière le trio a bâti sa personnalité artistique et s’est façonné ce son à la fois vintage, organique et très contemporain, « Fuego! » devrait vous donner quelques réponses quant aux origines de son épopée. Avec ce choix très audacieux, DEWOLFF ne s’est pas contenté de simples covers, tant on les croirait issues de son propre répertoire pour quelques unes d’ente-elles. Ce format court est bien plus qu’un hommage, c’est un acte d’amour à tous ceux, qui lui donné la flamme qui l’anime aujourd’hui.

DEWOLFF

« Fuego! »

(Electrosaurus/Suburban Records)

Après une escapade au légendaire studio Fame de Muscle Shoals, Alabama, où il a enregistré le disque du même nom, qui reste un sommet de sa carrière, DEWOLFF sort un peu en catimini « Fuego! ». Sorte de long EP ou de mini-album, c’est selon, il contient six morceaux, dont un medley de trois titres pour une demi-heure purement Psych et terriblement Soul, Blues et Rock. Le groupe s’est vraiment fait plaisir à travers quelques reprises qui, d’après lui, ont forgé son identité et construit son style. Et c’est un bond assez inédit dans les années 70 auquel nous invitent les Hollandais.

A en juger par la tracklist de « Fuego! », DEWOLFF a voulu quelque chose de très personnel, car les chansons choisies sont d’une autre sphère que celles proposées habituellement par d’autres. Et cela en dit également long sur la culture musicale des trois jeunes musiciens. Ici, les bases sont solides et vont puiser dans les fondations-mêmes de cette tradition qu’ils entretiennent avec tant de brio. Et puis, c’est une belle occasion pour les plus curieux d’aller à la découverte de ces formations presque inconnues pour beaucoup, qui ont laissé une belle trace dans le temps.

Et il en a un que l’on connait bien et qui pose un brûlant solo sur « The Fan » de Little Feat, c’est Joe Bonamassa, qui bat ici son propre record de featurings sur une année. Par ailleurs, DEWOLFF est éblouissant sur « Judgment Day » des Redbone, sur le « Roll Away The Stone » du grand Leon Russell et la cover de Free, « Fire And Water », est magistrale. Après le génial « Faster And Faster » d’Eden Rose, les Néerlandais se lancent dans un mix très personnel de « Fire And Brimstone » (Link Wray), « Hawg Frog » (Buzz Clifford) et « I Walk On Guilded Sprinters » (Dr. John) sur dix minutes. Somptueux !

Retrouvez les chroniques de leurs derniers albums :

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Heavy Blues Rock 70's

Black Magic Tree : enchanting forest

Dans une frénésie joyeuse, BLACK MAGIC TREE présente son deuxième long format avec un enthousiasme plus que palpable. Gorgé de mélodies entêtantes et d’adrénaline, « Terra » livre autant de douceur que de rugosité dans son Heavy Rock vintage, qui navigue entre un Blues fougueux et des ambiances psychédéliques planantes. La puissance et l’atmosphère très électriques à l’œuvre sont la marque d’un groupe sûr de son propos, et surtout aussi énergique que créatif.

BLACK MAGIC TREE

« Terra »

(Majestic Mountain Records)

Issu de la scène underground berlinoise, BLACK MAGIC TREE a émergé en 2019 avec un EP, « Of Animal And Men », un an à peine après sa création. Avec « Through The Grapevine » (2021), il avait confirmé sur son premier album la volonté de marier un Classic Rock nerveux avec des influences Blues et Psych, un chemin d’ailleurs emprunté par leurs compatriotes de Kadavar d’une certaine manière. En tout cas, il y a une vraie tonalité germanique provenant de cette nouvelle vague que l’on retrouve aussi sur « Terra ».

Pour son arrivée dans son nouveau label, BLACK MAGIC TREE a investi le Big Snuff Studio de la capitale avec Richard Behrens, ingé-son de Kadavar et Elder en concert, pour l’enregistrement et le mix, le tout masterisé par Roland Wieger. « Terra » sonne donc terriblement organique, faisant ressortir l’aspect live du combo. Dans cette chaleur 70’s délicieusement nostalgique, les nouveaux morceaux prennent une dimension enivrante. Contagieux et hyper-groovy, ce deuxième effort marque une nouvelle ère pour le quintet.

La cascade de riffs se déverse dès les premières notes de « Time Parrots (Hit Me Up !) », ce qui en dit long sur l’appétit des Allemands et donne déjà la tonalité de « Terra ». En alternant un côté massif et rentre-dedans avec des titres plus légers et accrocheurs, BLACK MAGIC TREE affiche l’étendue de ses capacités, son irrévérence assumée et surtout un potentiel énorme qui lui laisse une marge franchement exponentielle (« Popcorn & Coke », « Grace », « Chasing The Light », « Summer » et le très italien « Veleno »). Renversant !

Retrouvez la chronique du premier album :

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Djent Groove Metal Metal Progressif

TesseracT : CinémaScope

Désormais solidement ancré sur la scène Metal Progressive moderne, les Anglais enchaînent  les albums avec talent et se sont construit un territoire artistique très personnel. Entre chant clair, growl et scream, TESSERACT insuffle aussi des teintes Groove et Djent à un registre dont il repousse les limites à chaque réalisation. « Radar O.S.T » est le témoignage live, audio et vidéo, du spectacle offert aux Mancuniens l’année passée et il est pour le moins renversant.

TESSERACT

« Radar O.S.T »

(Kscope)

Deux ans après le très bon « War Of Being », les Britanniques surgissent avec un nouvel album live, leur troisième, qui vient couronner 15 ans de carrière. Plus qu’une simple captation, « Radar O.S.T » se veut la bande originale du film de leur prestation au ‘Radar Festival’ l’an dernier. TESSERACT avait vu les choses en grand dans une salle comble et devant un public émerveillé. Longtemps réfléchie, cette soirée s’est faite en collaboration directe avec l’organisation et une fois encore avec Choir Noir, une chorale hors-norme.

Déjà présente sur le précédent opus, Katherine Marsh et ses choristes enchantent littéralement « Radar O.S.T » et lui offrent une dimension incroyable. Sur 90 minutes, on pénètre dans la bulle de TESSERACT et il ne faut pas très longtemps pour être fasciné par cet univers singulier façonné par un Metal Progressif teinté de Groove Metal et de Djent. A la fois massive et véloce, cette création est très cinématographique dans l’intention surtout avec des passages contemplatifs saisissants et des arrangements d’une extrême finesse.

Sur une sorte de chorégraphie musicale millimétrée, le quintet fait preuve de créativité et d’une interprétation irréprochable et limpide. Tout en restant très Metal, TESSERACT multiplie les changements d’ambiances et de tempos sans jamais perdre le fil conducteur de sa démarche, où le visuel est aussi partie prenante. Très immersive, la narration du set est exemplaire, tout en variations et le travail sur les parties vocales est assez incroyables (« Echoes », « Tourniquet », « The Grey », « Juno », « Legion », « War Of Being »). Intense.

Retrouvez aussi la chronique de « War Of Being » :