A la fois pédagogique et instructif, « Metal » est un Docu-BD qui devrait ravir les fans comme celles et ceux qui font leurs premiers pas dans son exploration. Genre souvent décrié et la plupart du temps mal compris par beaucoup qui n’y voit que noirceur, trop plein de décibels, tatouages et assemblage de cuir et de chaînes, c’est l’occasion de trouver de nombreuses réponses et un ticket d’entrée vers un monde pas si bruyant et primaire qu’il en a l’air.
« Metal »
(Editions Petit à Petit)
« Metal » est typiquement le livre qui fait plaisir, car il se joint à notre effort commun de faire découvrir, de faire comprendre et de faire aimer cette musique qui nous fait toutes et tous vibrer. Et la formule ‘Docu-BD’ s’avère très bien vue, puisque l’on passe du dessin au texte avec facilité et une fluidité narrative exemplaire. Pas moins de 16 dessinateurs se relaient au long des 192 pages construites autour des scénarios de Fabrice Rinando et de la documentation de Marie Berginiat (21,90€).
Bien sûr, les millions de spécialistes français n’apprendront sans doute pas grand-chose sur leurs groupes préférés ou les registres dont ils sont souvent les porte-drapeaux, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal. Et puis, cela nous renvoie à de bons souvenirs qui sont, par ailleurs, très bien illustrés. « Metal » est un livre pour les aficionados curieux, connaisseurs ou pas, qui s’interrogent encore sur cette musique jouée par des musiciens qui s’amusent autant de la peur procurée qu’ils renvoient aux interdits. Et les anecdotes ne manquent pas.
Concentré sur une vingtaine de courants parmi les plus représentatifs, l’ouvrage permettra à beaucoup de se familiariser avec la pluralité du Metal, qui puise justement sa force dans une diversité qui s’exprime aux quatre coins de la planète. De Motörhead à Gojira, de Nightwish à Rage Against The Machine en passant par Dream Theather, Metallica, Kyuss ou Pantera, « Metal » regroupe tous les confluents qui donnent vie à ce fleuve musical agité et terriblement vivant et créatif. Une lecture agréable, fournie et très bien articulée.
Sur le même modèle, les Editions Petit à Petit font paraître un bel ouvrage consacré à l’un des rois de la Soul, « Otis Redding, La Soul Dans La Peau » (21,90€). Sur les scénarios et la documentation de Frédéric Adrian avec Tony Lourenco et une douzaine de dessinateurs, on parcourt la vie de l’un des plus grands chanteurs américains, véritable icône de toute une communauté et qui a marqué de son empreinte la Soul, le Blues et le R&B et influencé des générations d’artistes. Un très beau récit, là encore.
Retrouvez tous les livres des Editions Petit à Petit sur leur site :
Parce que c’est vendredi, parce qu’il faut se détendre, parce que j’aime la Country Music et parce que DOLLY PARTON est l’une des rares icônes en activité aux Etats-Unis, ça mérite bien que l’on s’attarde sur cet album très attendu outre-Atlantique. Avec « Rockstar », la légende se frotte à un style où elle part un peu à l’aventure. Entouré d’un super groupe, soutenue par des guests de haut-vol et bénéficiant d’une production étincelante, la frontwoman ne franchit pourtant pas le cap du ‘Soft Rock’, mais s’en sort avec une certaine classe. Un bel essai, certes, mais pas encore un coup de maître(sse) !
L’an dernier, alors qu’elle avait été nominée au fameux ‘Rock And Roll Of Fame’ de Cleveland dans l’Ohio (l’équivalent pour nous de… non, rien !), DOLLY PARTON avait poliment décliné l’invitation, ce qui est pourtant un réel honneur pour un artiste américain. En guise d’explication, elle avait déclaré très justement qu’elle était une chanteuse de Country, et non de Rock. Cependant, elle avait aussitôt annoncé qu’elle ferait son retour avec un album de reprises musclé, agrémenté de quelques titres originaux. Et elle a tenu parole avec ce très long « Rockstar ».
Et pour ce 49ème album, marquant aussi ses débuts dans un registre assez éloigné du sien, elle a sorti son volumineux carnet d’adresse et contacté un très large panel de musiciens pour l’essentiel américains et plus ou moins issus du monde du Rock. Sur près de 2h20, DOLLY PARTON tente bien de nous faire oublier qu’elle est l’emblème de la Country Music, mais elle a beau essayer de chasser le naturel… Bien sûr, on y croit sur quelques morceaux, mais les réflexes ont la dent dure et certains gimmicks vocaux finissent par la trahir quelque peu et peu importe ce qu’elle chante.
C’est vrai que la songwriter du Tennessee aurait pu, et même dû, faire plus court, mais elle fait le show à l’américaine façon ‘Superbowl’ et les stars défilent. Pour ce qui est de son pré carré, Sheryl Crow, Chris Stapleton, Brandi Carlile ou encore Emmylou Harris sont de la partie entre autres. Côté Rock, Richie Sambora, Steven Tyler, Joan Jett, Rob Halford, Nikki Sixx, John 5, Kid Rock, Ronnie Van Zant et feu-Gary Rossington notamment font très bien le job aussi. En bref, « Rockstar » multiplie les étoiles, DOLLY PARTON en tête, mais il manque encore ce côté sauvage propre au Rock.
Photo : Kevin Mazur (Getty Images For The Rock And Roll Hall Of Fame)
Avec une telle histoire bâtie sur les civilisations mayas et aztèques notamment, CABRAKAÄN est allé puiser dans le folklore toujours très vivant du Mexique pour l’intégrer à un Metal souvent épique, très symphonique et d’une force et d’une énergie toute tribale. Racé autant que délicat, « Aztlán » rend hommage à un passé riche enrobé d’un style actuel et très percutant que porte l’incroyable voix d’une vocaliste hors-norme. Un opus très original, musclé et mélodique.
CABRAKAÄN
« Aztlán »
(Independant)
Originaire de la capitale mexicaine et dorénavant basé à Calgary au Canada, le quintet n’en est pas à son coup d’essai et sort aujourd’hui son troisième album. Après « Songs From Anahuac » (2014) et « Cem Anahuac My Home » (2019), « Aztlán » vient confirmer un bel élan forgé d’un Metal lourd et robuste et de traditions héritées des Mayas et des Aztèques. Quelque part entre Nightwish et Amon Amarth, le Mexicain Folk Metal de CABRAKAÄN trouve sa place dans un bel équilibre.
Fondé il y a une décennie par la soprano Pat Cuikäni et le batteur/growler Marko Cipaktli, le groupe a la particularité de s’exprimer dans sa langue maternelle, ce qui apporte une touche ensoleillée à un style massif et appuyé. Cela dit, CABRAKAÄN s’est fendu de versions anglaises des morceaux « Mictlán » et « Fuego », deux moments forts de ce nouvel opus haut en couleurs. Egalement très à l’aise dans la langue de Shakespeare, le chant en espagnol confère aux refrains surtout un charme indéniablement plus accrocheur.
C’est le morceau instrumental « Tonantzin », qui ouvre l’album avec une plongée au cœur de la nature mexicaine dans un instant très immersif et captivant. Mais le Metal reprend vite le dessus, et avec une telle frontwoman, CABRAKAÄN s’enfonce dans un Metal Symphonique, dans lequel viennent se nicher quelques instruments traditionnels. Authentique et très moderne dans son approche, le contraste entre le growl et la voix perchée de la chanteuse donne une puissance saisissante (« Tialoc », « Luces Y Sombras », « Yolot »).
Même si la concurrence est féroce, mais loyale et amicale, il faut reconnaître que KENNY WAYNE SHEPHERD est sans doute le meilleur bluesman et songwriter de sa génération. A l’instar de Stevie Ray Vaughan en son temps, il donne un nouveau souffle au Blues Rock depuis de nombreuses années maintenant, au point d’être devenu incontestable. Avec « Dirt On My Diamonds Vol 1 », il montre un talent intact et une inspiration toujours aussi vive. Un diamant dans un écrin de Blues…
KENNY WAYNE SHEPHERD
« Dirt On My Diamonds Vol 1 »
(Mascot Label Group)
De quelle meilleure manière KENNY WAYNE SHEPHERD pouvait-il célébrer la sortie de son dixième album studio qu’en le présentant sur deux volumes ? C’est souvent un cap dans la carrière d’un artiste et l’Américain a souhaité le faire le mieux possible, d’autant que celui-ci, ainsi que le second volet, sont déjà enregistrés depuis quelques années, avant la pandémie. Au sortir du Covid et avant un retour à la normale, il a préféré sortir le live « Straight To You Live » et ensuite se consacrer aux 25 ans de « Trouble Is », joyau de sa discographie.
« Dirt On My Diamonds Vol 1 » a été enregistré à Muscle Shoals en Alabama, terre de Blues s’il en est, aux studios Fame et pour la troisième fois avec Marshall Altman à ses côtés. Tenir le rang après le somptueux « The Traveler » était un sacré challenge, mais à écouter KENNY WAYNE SHEPHERD sur ce nouvel opus, quatre ans plus tard, il s’agit d’une simple formalité. Le musicien a encore beaucoup de choses à dire, beaucoup de riffs incandescents à jouer et de lumineux solos à livrer… et on ne s’en plaindra pas !
Car le guitariste de Louisiane vit littéralement son Blues et le son de sa Stratocaster est devenu une signature familière. Ce nouvel opus est aussi très cuivré avec cinq morceaux sur huit, aussi groovy et enflammés les uns que les autres (« Sweet & Low », « Man On A Mission », « Bad Intentions » et le morceau-titre). Et avec son ami Noah Hunt, le duo vocal fait des étincelles, y compris sur la reprise d’Elton John, « Saturday Night’s Alright For Fighting ». Le Blues Rock de KENNY WAYNE SHEPHERD percute, amuse et séduit avec brio !
Photo : Jim Arbogas
Retrouvez la chronique de l’album « Trouble Is…25 » :
Fondamentalement Rock’n’Roll et surtout Hard Rock en l’occurrence, THE REDSHIFT EMPIRE s’est lancé dans un album-concept sur le thème de l’espace, un exercice pourtant cher au Progressif. Mais en restant ancrés dans la tradition du genre, les Français apportent une touche moderne avec une belle fraîcheur et une puissance presque Metal. Très travaillé, « New Horizons » dévoile une formation ambitieuse, inspirée et très douée, dont l’avenir s’annonce radieux.
THE REDSHIFT EMPIRE
« New Horizons »
(Redshift Records)
2023 marque un tournant pour le quintet francilien. Redshift est devenu THE REDSHIFT EMPIRE et après « Duality » paru en 2018 chez M&O, il sort son deuxième opus sur son propre label. Musicalement aussi, on note une évolution qui, sans être révolutionnaire, semble plutôt naturelle. Le groupe grandit, mûrit et son style avec. En revanche, « New Horizons » montre une production plus massive et très véloce et surtout, il s’agit d’un album-concept basé sur une épopée spatiale captivante.
Œuvrant dans un Hard Rock musclé et mélodique, parfaitement mis en valeur par un enregistrement et un mix irréprochables, THE REDSHIFT EMPIRE livre des morceaux très accrocheurs et entêtants. Sur des riffs épais et racés, une rythmique solide et dynamique, le frontman Thibault Ropers se montre d’une singulière polyvalence, tant la maîtrise affichée est irréprochable. Rien ne parait lui résister tout au long de « New Horizons », où il se révèle comme un redoutable chanteur dans un rôle de leader assumé.
Très bien structurée, cette nouvelle réalisation est aussi aventureuse dans son propos que dans son approche. Ce qui est assez étonnant chez THE REDSHIFT EMPIRE, c’est le registre emprunté. Si le son est actuel, l’ensemble sonne tellement intemporel qu’il est difficile de rattacher le combo à une époque spécifique. Et c’est aussi ce qui fait sa force et son originalité (« Ignition », « No Way Back », « Hyperspace », « Asteroids », « Planet III », « The Message »). « New Horizons » est bien plus qu’un simple envol réussi.
En moins de dix ans d’existence, le groupe de Manchester a pris tellement de hauteur qu’il atteint dès son deuxième effort des cimes inouïes. Sensible et authentique, le jeu de RITUAL KING offre une sensation de grande découverte et à la fois d’une évidence absolue. Maîtrisant toutes les facettes d’un registre très élargi, c’est vrai, le combo de Manchester s’ouvre des voies et des espaces musicaux hypnotiques et capables de déclencher aussi des instants de fureur parfaitement canalisés. « The Infinite Mirror » est rassembleur et tellement instinctif.
RITUAL KING
« The Infinite Mirror »
(Ripple Music)
Depuis 2016, RITUAL KING pose et impose son style sur la scène Stoner anglaise notamment. Dès « Earthrise », EP sorti en 2018, le trio n’a eu de cesse de faire reculer les frontières du genre. Il y a trois ans, c’est avec son premier album éponyme qu’il a véritablement affiné et peaufiné son style si particulier. S’inspirant des pionniers du genre en maintenant ce côté brut, souvent rugueux et sauvage, Jordan Leppitt (guitare, chant), Dan Godwin (basse) et Gareth Hodges (batterie) continuent leurs expérimentations à base de Psych, de Classic Rock et d’un Heavy Blues ravageur.
Toujours aussi surprenants et créatifs, les Britanniques entretiennent une certaine tradition, qu’ils se sont tellement bien appropriés qu’ils en font aujourd’hui ce qu’ils veulent. « The Infinite Mirror » se présente donc comme un album très abouti, constitué de seulement cinq morceaux généreusement longs et faits de paysages sonores très changeants, dans lesquels on se plonge au gré des solos bluesy, des cavalcades rythmiques massives et de ce chant lointain et hypnotique. RITUAL KING n’a pas son pareil en termes d’approche, tant les territoires sonores sont multiples et uniques.
Expansifs et très immersifs, les Mancuniens prennent le temps de poser des atmosphères saisissantes et dès « Flow State », on découvre que « The Infinite Mirror » ne sera définitivement pas comme son prédécesseur. Faisant la part belle aux longues plages instrumentales, RITUAL KING s’exprime pleinement à travers des passages aériens captivants comme des solos brûlants, où le côté Heavy Blues prend le dessus grâce à son guitariste. Véritable kaléidoscope Psych et Stoner, ce deuxième opus brille par sa maturité et son sens narratif (« Landmass », « Tethered » et le morceau-titre). Magistral !
Généreux et avec l’humour en embuscade, THE BLUE-FOOTED BOBBIES a pris du volume pour exprimer son Blues terriblement groove et chaleureux. Puisant ses inspirations dans le Sud américain, ils sont dorénavant quatre à poser le pied sur un registre très maîtrisé, enjoué et musclé à souhait. Cette deuxième réalisation est traversée par la joie, l’envie et une énergie littéralement transcendante. Une sorte de triple-Expresso bien tassé !
THE BLUE-FOOTED BOOBIES
« The Blue-Footed Boobies »
(Rock & Hall)
Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas d’une chronique ornithologique consacrée au fou à pieds bleus et on ne part pas non plus aux îles Galapagos étudier ce sympathique oiseau. Non, c’est du deuxième album des BLUES-FOOTED BOBBIES dont il est question et de son brûlant Boogie Blues. Après un premier opus autoproduit il y a quatre ans, le groupe a augmenté la voilure en passant de duo à quatuor au moment-même où il rejoint la filiale du label de Dixiefrog, Rock & Hall, qui commence d’ailleurs à avoir fière allure.
Aux commandes depuis le début de l’aventure et immédiatement identifiable grâce à sa voix rauque et profonde, Ronan est le songwriter et le guitariste de THE BLUE-FOOTED BOOBIES, en marge de son one-man-band, accompagné de l’harmoniciste Marko Balland (Sanseverino). Et le binôme est soutenu par une rythmique haute en couleur. Derrière les fûts, Guillaume Dupré est aussi le cogneur en chef du groupe Metal Eths, tandis que le bassiste Pascal Blanc joue avec des artistes plus mainstream, ainsi que du Jazz. Un solide et bigarré line-up !
Profondément Southern, les noms de John Lee Hooker, ZZ Top et d’une kyrielle d’autres bluesmen du Mississippi, du Texas et de Louisiane viennent à l’esprit et parcourent nonchalamment le disque. Un rayon de soleil qui ne s’atténue jamais et qui devient même torride sur les slow-groove (« Love You Little Girl », « Little Eddy »). Chez THE BLUE-FOOTED BOOBIES, l’harmonica joue à armes égales avec la guitare et le dobro, et les coups de bambou sont inévitables et délivrés avec soin (« Dance With Me », « Want You », « Buggy », « Silence »). Classieux !
Très dark et avec un imaginaire souvent proche du gothique, BLACKBRIAR commence à faire parler de lui sur la scène européenne. Comme beaucoup de ses compatriotes, le quintet hollandais œuvre dans un Metal Symphonique où le tragique côtoie le féérique comme en témoigne ce deuxième album « A Dark Euphony ». Porté par une frontwoman inspirée, le groupe semble prêt à confirmer sa belle évolution. Zora Cock (chant) et René Boxem (batterie, composition) ont répondu à l’unisson à quelques questions. Entretien.
– BLACKBRIAR existe depuis plus d’une décennie maintenant et tout juste deux ans après « The Cause Of Shipwreck », vous sortez « A Dark Euphony ». Votre jeu a énormément évolué depuis vos débuts, alors quel regard portez-vous sur votre parcours avec le recul ?
Les premières années ont été consacrées à la recherche de notre propre son. Au départ, nous nous sommes inspirés du groupe Halestorm pour former BLACKBRIAR, et nous avons donc commencé par faire un style de musique assez différent, plus orienté vers le Hard Rock. Mais cela ne correspondait pas du tout à la voix de Zora. Tout a commencé lorsque nous avons décidé de changer les choses et de laisser Zora décider de la direction à prendre, puis avec l’écriture de choses dans lesquelles elle avait vraiment l’impression que sa voix pouvait atteindre son plein potentiel. Cela a donné le single « Until Eternity ». Dès lors, nous avons commencé à enfin sentir que nous allions dans la bonne direction et que nous pouvions continuer notre voyage. Ensuite, nous n’avons pas voulu attendre plus longtemps pour sortir d’autres morceaux. Nous avons commencé par des singles et des EP. C’est pour cette raison que notre premier album a pris du temps, nous devions d’abord construire les choses. Maintenant, nous pensons que tout s’est passé pour le mieux et nous avons même pu sortir le deuxième sur l’incroyable label Nuclear Blast Records !
– Vous avez, en effet, la particularité d’avoir sorti beaucoup de singles et d’EP avant d’enregistrer votre premier album. C’est assez atypique dans la démarche. Vous ne vous sentiez pas prêts, ou est-ce que ces formats correspondaient mieux à vos attentes de l’époque ?
Pour être tout à fait honnête, cela était principalement dû aux restrictions financières et au temps dont nous disposions en tant que groupe autoproduit. Ecrire, enregistrer et sortir un album complet coûte nettement plus cher que l’enregistrement d’un EP. Et nous n’avions pas les fonds à l’époque. Nous avons donc lentement construit notre premier album, au fil des années. Grâce à nos fans et nos followers, nous avons réussi à le sortir nous-mêmes en avril 2021 et nous leur en sommes extrêmement reconnaissants.
– « A Dark Euphony » est sorti il y a quelques semaines et il marque un grand bond en avant pour BLACKBRIAR. On a vraiment l’impression que vous prenez une nouvelle dimension artistiquement. C’est aussi votre sentiment ?
Vraiment, oui ! Il est important pour nous de conserver notre son et dans chaque chanson, y verser toute notre inspiration. Nous aimons donc penser que sur chaque nouveau morceau, il y a une nouvelle dimension, un nouveau monde et de nouveaux sentiments qui émergent.
– D’ailleurs, j’aimerais que vous me disiez un mot sur la pochette de l’album, qui est en noir et blanc dans un style souvent utilisé dans le Metal extrême. Et il y a ce titre avec le mot ‘Euphony’, qui paraît opposé et en contraste avec votre style ‘symphonique’… Vous vouliez jouer sur cette symbolique ?
Nous travaillons avec le même designer artistique, Alip, depuis le tout début, depuis la création du logo du groupe. Nous avons l’impression que les œuvres appartiennent à l’ensemble du monde BLACKBRIAR et nous voulons continuer dans ce style. On aime le contraste élevé, le style noir et blanc et tout ce qu’Alip fait pour nous. Nous avions l’impression que la pochette de « A Dark Euphony » convenait parfaitement à l’album, parce que nous pensons qu’il y a de la beauté dans l’obscurité. Et le titre vient en partie des paroles de l’une des chansons, « Cicada ».
– Ce nouvel album est très bien produit et bénéficie d’une réalisation ample et puissante. Dans quelles conditions et avec qui avez-vous travaillé, car le résultat est également étonnant de fraîcheur ?
Notre processus d’écriture commence généralement avec Zora et ses paroles. Elle crée ensuite les mélodies et les lignes vocales. Elle enregistre a cappella et me les envoie. Je continue ensuite à créer la musique à partir de la voix. Et une fois qu’il y a une première version, nous l’apportons à notre producteur Joost van den Broek, avec qui nous travaillons depuis notre EP, « I’d Rather Burn ».
– Vous comptez ‘seulement’ deux albums à votre actif, mais déjà une longue expérience. Est-ce que sur « A Dark Euphony », vous avez pu mettre en place et réaliser des idées que vous aviez depuis longtemps, car on vous sent pleinement épanouis et très confiants ?
Pour nous, c’est un processus continu. Dès que nous terminons un album, nous commençons à écrire de nouvelles chansons. D’un point de vue créatif, nous faisons simplement ce qui nous vient sur le moment, en plongeant profondément dans la création de chaque chanson. C’est très spontané, donc on n’utilise pas tellement d’idées qu’on pourrait avoir depuis longtemps.
– A l’écoute de l’album, il y a aussi une chose qui s’impose comme une évidence, c’est la voix de Zora, qui est immédiatement identifiable et s’affirme avec beaucoup de caractère. Est-ce que c’est un aspect sur lequel vous avez tout particulièrement travaillé pour une mise en valeur plus forte ?
Zora a toujours été la pièce maîtresse de BLACKBRIAR, en tant que chanteuse principale, bien sûr, mais la musique tourne aussi entièrement autour de son écriture. Tous les instruments, les arrangements et l’orchestration soutiennent ses lignes vocales, afin que nous puissions pleinement embrasser et mettre en valeur ses idées.
– Enfin, le Metal Symphonique est un style qui se prête bien aux albums-concepts. Est-ce que vous y avez déjà pensé ? Et est-ce que c’est un exercice qui vous attire ?
Nous n’avons pas encore réalisé d’album-concept jusqu’à ce jour, c’est vrai. Zora aime écrire tout ce qui lui passe par la tête, en toute liberté, sans avoir à s’en tenir à quelque chose de précis. Elle m’a dit vouloir essayer, alors peut-être qu’un jour… Nous avons quelques chansons qui ont une sorte de lien les unes avec les autres, mais elles figurent sur des albums différents.
Le nouvel album de BLACKBRIAR, « A Dark Euphony », est disponible chez Nuclear Blast Records.
Dans la lignée des grosses locomotives américaines, et même californiennes, des années 90, le Hard Rock musclé et un brin FM de MICHAEL CATTON vient donner beaucoup de fraîcheur à une scène en plein renouveau. Grâce à un line-up expérimenté et des compositions entêtantes, le chanteur présente une copie exemplaire sur laquelle sa voix fait corps avec des rythmiques solides et des solos millimétrés. « Point Of No Return » est un modèle du genre plus que vivifiant.
MICHAEL CATTON
« Point Of No Return »
(Mighty Music)
C’est au moment du split de son groupe Tainted Lady avec qui il a sorti deux albums (« How The Mighty Have Fallen » – 2017 et « Sounds Like Freedom//Feels Like War » – 2019) et qui a connu une belle reconnaissance au Danemark que MICHAEL CATTON a décidé de prendre son envol avec beaucoup de détermination et surtout une idée bien précise du style dans lequel il souhaitait dorénavant évoluer. Après quelques singles à succès, le chanteur anglo-danois sort son premier album solo et il est très réussi.
Et pour réaliser et composer « Point Of No Return », il s’est entouré d’une équipe redoutable. Rapidement approché par le guitariste, compositeur et producteur Soren Andersen, la connexion n’a pas tardé à s’établir. Avec les membres du trio de ce dernier, Guilty Pleasures, à savoir Allan Tschicaja à la batterie (Pretty Maids) et le bassiste Michael Gersdorff (Superfuzz), le quintet est complété par son frère Chris Catton (claviers). MICHAEL CATTON dispose ainsi d’un combo à la hauteur de ses espérances et cela s’entend.
Produit par Andersen dans le temple du Rock danois, les Medley Studios à Copenhague, « Point Of No Return » s’inscrit dans une veine Hard Rock mélodique 90’s avec un son actuel et puissant sur des morceaux très accrocheurs (« Faith », « Livin’ Lovin’ », « Hearts In Danger », « Ready For The Takin’ », « Gas Of The Fire »). La prestation de son six-cordiste n’a d’égale que l’incroyable performance de MICHAEL CATTON et, à eux deux, ils donnent une âme à ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres. Du Hard Rock efficace et pêchu !
Les temps changent et c’est via internet et les réseaux sociaux que SOPHIE LLOYD s’est faite un nom avant de commencer à se produire sur des scènes gigantesques avec d’autres. La Londonienne a eu l’occasion de se créer un joli carnet d’adresse dans le monde du Metal et, au risque de passer au second plan par rapport aux artistes présents, elle démontre qu’elle est bien plus qu’une guitariste de session, même si elle va devoir s’imposer à son tour sur scène avec ce premier « Imposter Syndrome ».
SOPHIE LLOYD
« Imposter Syndrome »
(Autumn Records)
Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer en solo et c’est une très bonne chose. A l’instar d’Orianthi et Nita Strauss notamment, SOPHIE LLOYD est décidée à se produire sous son nom et son entrée en piste avec ce très bon « Imposter Syndrome » témoigne déjà d’une grande assurance doublée d’un énorme talent qu’on avait déjà très largement perçu. Comme d’autres, elle est apparue sur YouTube où elle a construit sa notoriété, puis en live avec Machine Gun Kelly et on lui pardonne ce faux pas.
Pourtant rompue à l’exercice des reprises qu’elles s’approprient d’une manière souvent très shred, SOPHIE LLOYD présente un son bien à elle et un toucher très personnel. C’est d’autant plus remarquable que la guitariste livre un premier album sur lequel elle a convié onze invités, et non des moindres. Le panel artistique est très large, même s’il reste dans une veine Hard’n Heavy, et la faculté d’adaptation de la Britannique est étonnante et assez rare. Elle se met véritablement au service des morceaux avec beaucoup d’instinct.
Sa polyvalence dévoile une artiste complète, qui se fond dans l’univers de ses guests venus donner de la voix, excepté le guitariste YouTuber Cole Rolland sur un instrumental. Solide sur les rythmiques et rayonnante sur les solos, SOPHIE LLOYD n’en fait pas trop, mais suffisamment pour briller. Si les titres avec les frontmen de Steel Panther, Black Stoner Cherry, Trivium et Atreyu sont explosifs, ceux avec les chanteuses de Halestorm, Marisa And The Moths et la Canadienne Lauren Babic sont vraiment un cran au-dessus. Convaincante.