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Blues Rock folk

Vanja Sky : access all Blues

Si à l’Est de l’Europe, la Serbe Ana Popovic brille de mille feux, il faudra dorénavant aussi compter aussi sur la Croate VANJA SKY, qui n’a rien à lui envier. Elle se dévoile comme une musicienne accomplie, une chanteuse polyvalente et une songwriter très inspirée. Avec « Access All Areas – Live », elle démontre sur la totalité d’un concert qu’elle est une incroyable et captivante frontwoman. Sans filet et avec audace, elle séduit sans mal un auditoire attentif et conquis.

VANJA SKY

« Access All Areas – Live »

(Flick The Flame)

Depuis la sortie de « Bad Penny » en 2018, VANJA SKY multiplie les concerts et semble même passer sa vie à en donner. Quittant parfois la route, elle a tout de même enregistré « Woman Named Trouble « (2020), puis « Reborn » (2023) et figure même aux côtés de Mike Zito et de Bernard Allison sur le « Blues Caravan Live 2018 », chapitre de la belle série en trio de Ruf Records. Autant dire que la chanteuse et guitariste ne manque pas d’expérience, bien au contraire, et que la scène, comme cela s’entend ici, est véritablement son jardin.

C’est finalement assez normal de retrouver un témoignage discographique en public aussi rapidement dans son parcours. Et l’enregistrement est même très récent, puisque « Access All Areas – Live » a été capté en une soirée au Theaterstübchen de Kassel en Allemagne le 28 janvier 2024. Le temps d’un double-album, VANJA SKY présente 16 chansons marquantes de son répertoire, dont quelques reprises comme « Shadow Play » de Rory Gallagher (l’une de ses références), ou les plus connues « Louie, Louie » et « Wild Thing ».

Ce qui est toujours étonnant dans le jeu de la Croate, c’est qu’elle a parfaitement assimilé de très nombreux courants du Blues pour atteindre une personnalité musicale forte. Si l’on perçoit du Chrissie Hynde dans la voix, c’est plutôt du côté du Texas et chez SRV que son jeu de guitare prend racine. Grâce à une setlist savamment étudiée, VANJA SKY nous embarque pour plus d’une heure et demi entre Blues Rock, moments Folk et Southern, ou d’autres plus Old School et Classic Rock. Attachante et virtuose, elle subjugue et on en redemande !

Photo : Adam Kennedy

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Blues Chicago Blues Hill Country Blues Soul / Funk

Tony Holiday : une classe éblouissante

Si TONY HOLIDAY se présente avec des réalisations surpassant les précédentes sur un tel rythme, il devrait toucher la perfection d’ici peu. D’une écriture éclatante et entouré d’incroyables musiciens, il parvient à un somptueux mélange des genres, où les guitares rivalisent avec les cuivres, l’orgue et l’harmonica dans une rare harmonie. Avec « Keep You Head Up », le bluesman s’affirme comme une valeur sûre et incontournable de la scène Blues actuelle.

TONY HOLIDAY

« Keep Your Head Up »

(Forty Below Records)

TONY HOLIDAY a de la suite dans les idées et c’est peu de le dire. Septième album depuis « Porch Sessions », son premier opus sorti en 2019, et alors qu’on pourrait imaginer un certain essoufflement, c’est tout le contraire. Le chanteur se bonifie disque après disque et son style s’affine d’autant plus vite. Originaire de l’Utah et installé à Memphis depuis 2017, le songwriter distille un Soul Blues très expressif, basé sur un savant mix de Blues texan, de celui de Chicago aussi et de Blues Rock auquel il faut ajouter une touche de Hill Country. Et le pont entre les styles est solide.

Et le plus surprenant chez l’Américain est qu’il parvient à conserver une touche Old School tout en se présentant avec des chansons modernes dans leur écriture comme dans le son. Et pour « Keep Your Head Up », TONY HOLIDAY a fait appel à de très nombreux musiciens, dont quelques invités de renom. Enregistrés entre le Tennessee et la Californie par Eric Corne, les huit morceaux sont impressionnants de feeling et de finesse d’interprétation, et la profondeur, tout comme le relief et la chaleur, de la production sont exceptionnels. En somme, on cherche en vain les défauts.

Même si « Keep Your Head Up » ne s’étend que sur une demi-heure, les surprises sont nombreuses. Avec Eddie 9V sur le funky « She’s A Burglar », en duo avec le brillant Kevin Burt sur « Twist My Fate », accompagné par la guitare de Laura Chavez sur « Shoulda Known Better » ou aux côtés d’Albert Castiglia sur « Drive It Home », TONY HOLIDAY est à l’aise dans tous les registres. Y allant de son tonique harmonica sur trois titres, il porte littéralement ce nouvel album de sa voix enveloppante et tellement Soul. Une fois encore, il nous régale avec talent et on en redemande.

Photo : Mary Gunning

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Blues Rock Boogie Blues Classic Rock Heavy Blues Southern Blues Rock

Cirkus Prütz : southern breath from the north

A entendre CIRKUS PRÜTZ, on se croirait dans le Sud des Etats-Unis, tant la sincérité dégagée et surtout le savoir-faire et le son de « Manifesto » ont des résonances américaines. Pourtant, direction le grand Nord et la Suède d’où est originaire le groupe. Ici aussi, on sait faire du Southern Blues Rock, d’un calibre très largement comparable. Dynamique et intense, on doit aussi cette superbe production à Peter Tägtgren (Pain, Hypocrisy) et il faut admettre que l’ensemble prend une dimension explosive. Ca chauffe, ça claque et ça fait un bien fou !

CIRKUS PRÜTZ

« Manifesto »

(Metalville)

Il a œuvré chez les Hard Rockers de W.E.T le temps de quelques albums dans les 90’s, puis avec Jeff Scott Soto où il a tenu la basse dans les années 2000 dans un registre similaire. Mais ce qui a toujours titillé le bassiste Jerry Prütz, c’est le Blues Rock, sous toutes ses coutures. Pourtant, c’est assez tardivement, en 2017, qu’il sort « All For the Boogie And The Blues » et qu’il annonce la couleur. Si certains le voient comme le pendant suédois de ZZ Top, CIRKUS PRÜTZ se présente dans un registre un peu plus musclé et les raisons sont aussi multiples qu’évidentes. Et ces quatre-là se sont franchement bien trouvés.

Tout d’abord, avec Cristian Carisson à la guitare, et dont le chant rauque n’est pas sans rappeler le regretté Danny Joe Brown de Molly Hatchet, et qui œuvre dans le groupe Stoner Rock The Quill, le quatuor s’assure une certaine rugosité. Ensuite, on y retrouve, l’ex-Electric Boys Franco Santunione à la seconde six-corde et enfin (et non des moindres !) Per Kholus à derrière les fûts, lequel a cogné chez W.E.T. également, mais aussi Spectrum, Skin And Bone et Lipstick. Ca vous pose un line-up et il ne faut pas attendre bien longtemps pour comprendre les (très bonnes) intentions de CIRKUS PRÜTZ, car l’ensemble est savoureux.

« Manifesto » est donc le quatrième album de nos ardents bluesmen, et il y a de l’électricité dans l’air. Sur un Blues Rock véloce, aux saveurs Southern, Hard Boogie et Classic Rock, la potion magique prend dès les premiers accords de « White Knuckle Blues ». Il y a une belle âme chez CIRKUS PRÜTZ, de bonnes ondes et du cœur. Intense et sans faux pas, on se délecte des twin-guitares, des solos endiablés et torrides et de ces compos au songwriting millimétré (« Handyman Boogie », « Walking In The Rain », « Pack Your Bags » et l’hypnotique « Water Into Wine », entre autres). Tellement authentique !

Photo : Kent Renker

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Blues Rock Delta Blues Soul / Funk

Kustan Adam : on the way to the summits

Compositeur, guitariste et chanteur, KUSTAN ADAM présente un deuxième album constitué de Blues Rock énergique et de titres plus Funky et Soul. « Pretty Black Suit » est un beau condensé du savoir-faire et du raffinement musical du Hongrois. Entre accords bien sentis et solos enflammés, il réussit à capter l’attention grâce à une approche très élégante et des mélodies imparables. Toujours réalisé en indépendant, le musicien ne devrait pas tarder à être approché par de sérieux labels.

KUSTAN ADAM

« Pretty Black Suit »

(Independant)

Après un  premier effort convaincant en 2021, « I Ain’t Got A Car », KUSTAN ADAM confirme ses débuts prometteurs avec « Pretty Black Suit ». Le Hongrois a passé du temps sur la route, s’est aguerri et cela s’entend. De retour avec son power trio, son Blues Rock aux saveurs Soul a pris du volume et, grâce à une production très soignée, son jeu de guitare resplendit et pas seulement. Ses talents de songwriter montrent aussi un artiste plus mature et qui élargit aussi son spectre musical dans une polyvalence stylistique très bien maîtrisée.

Très imprégné d’un Rock 60’s savoureux, KUSTAN ADAM distille un Blues moderne qui ne renie pas non plus ses racines, notamment celles du Delta. Dynamique et jouant sur une certaine légèreté qui rend ses morceaux assez aériens, le bluesman s’avère être aussi un très bon chanteur. Sa jeunesse apporte également beaucoup de fraîcheur sur ce « Pretty Black Suit », bien trop court au final. Rock, Funky ou Soul, il s’approprie tous ces registres avec facilité et une séduisante décontraction, qui rend l’ensemble très fluide.

En libérant un riff bien fuzz dès le départ sur « Little Blue Man », KUSTAN ADAM montre qu’il n’a pas froid aux yeux et ce deuxième opus s’annonce haut en couleur. Même si la suite est plus posée (« I’m Alone »), le très Funky « We Were Born » remet du tonus avant la belle slide de « Young Boy ». Et c’est « Travellin’ Man » et son Blues Rock contagieux qui emporte tout grâce aussi à un superbe dialogue avec sa choriste. Des douces notes de trompette sur le morceau-titre, jusqu’au délicat « Going Down To Memphis », on est tenu en haleine.

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Blues Chicago Blues Shuffle Blues

Big Dave & The Dutchmen : so true

100% Benelux, le nouveau projet de BIG DAVE et de ses DUTCHMEN va ravir les amoureux du Blues made in Chicago et les replonger au milieu du siècle dernier dans les clubs enfumés de la célèbre cité de l’Illinois, l’oreille en alerte et le sourire aux lèvres. Tout en respectant cette tradition Shuffle, Gospel et Boogie, où de superbes ballades se frayent leur chemin, « Big Dave & The Dutchmen » va plus loin que le simple hommage, il perpétue le style avec un respect infini. Vibratoire, chaleureux et authentique, la torpeur de la production finira aussi par vous emporter.

BIG DAVE & THE DUTCHMEN

« Big Dave & The Dutchmen »

(Donor/Naked)

Enivrant par sa voix de velours et captivant grâce à un harmonica jamais bien loin, Big Dave Reniers chante le Blues en y mettant toute son âme. Il y a deux ans maintenant, celui qu’on connaît surtout pour ses prestations et sa discographie avec Electric Kings et Dizzy Dave Band s’est lancé un nouveau défi artistique, de haut vol comme il se doit, avec BIG DAVE & The DUTCHMEN. Car, c’est un peu plus au Nord, en Hollande, qu’il est allé chercher ses musiciens. Et le casting impressionne sur le papier avant même de poser une oreille sur ce chaleureux premier album éponyme de la formation.

Accompagné par Mischa den Haring (T-99, Chung Kings) à la guitare, Roel Spanjers (Luther Allison, Smokey Wilson) aux claviers, ainsi que Dusty et Darryl Ciggaar (The Rhythm Chiefs, Dry Riverbed Trio) à la basse et à la batterie, le chanteur belge s’est assuré d’évoluer avec un groupe de musiciens experts et incontournables de la scène Blues roots européenne. Alors, forcément BIG DAVE & THE DUTCHMEN se présente dans une configuration vintage, propre au Chicago Blues, dont il restitue l’atmosphère avec brio. Pour autant, si l’esprit est ancré dans celui des années 50/60, l’ensemble sonne très contemporain.

Et cette intemporalité musicale a été captée en seulement deux jours à Anvers au Rabbit Field Studio sous la houlette de Stef Kamil Carlens (Zita Swoon, Moondog Jr.), une prouesse autant qu’une évidence. L’énergie est brute, le feeling imparable, l’émotion à fleur de peau et, outre une maîtrise évidence de son sujet, BIG DAVE & THE DUTCHMEN impose sa patte et son jeu au cœur d’une tradition toujours aussi vibrante et hyper-groovy (« Never Love Again », « Daring Haring », « Trouble Of The World », « So Sweet »). Et la très organique production y est aussi pour beaucoup dans la beauté de ce bel opus. Irrésistible !

Photo : André Dieterman

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Blues Rock Heavy Blues

Erja Lyytinen : un Blues épiné

Suave et percutante, ERJA LYYTINEN a le don de se renouveler à chaque réalisation, comme si elle partait à la recherche d’elle-même. Avec « Smell The Roses », c’est l’efficacité qui prime. Non qu’elle ait perdu la délicatesse de son jeu, ou toutes les nuances de son chant, bien au contraire, mais la songwriter a délibérément choisi une approche plus épurée… Et que cela lui va très bien ! Entre une lumière presqu’éblouissante et la noirceur des abysses, la frontwoman s’affirme comme jamais, faisant preuve d’une maturité artistique élégante et forte.

ERJA LYYTINEN

« Smell The Roses »

(Tuohi Records)

A peine avait-elle sorti ce treizième et très électrique nouvel album qu’ERJA LYYTINEN reprenait la route pour y délivrer son Blues Rock. Il faut dire que la Finlandaise n’est jamais aussi bien que sur scène, son terrain de jeu favori, là où sa musique prend toute son ampleur. D’autant qu’avec « Smell The Roses », la musicienne a sérieusement musclé son jeu poussant son registre jusque dans des contrées aux riffs Hard Rock. Bien sûr, l’ensemble porte toujours cette touche inimitable guidée par une féminité affirmée et un Rock moderne, nappé d’un Blues audacieux.

Depuis deux décennies, ERJA LYYTINEN est devenue une artiste incontournable de la scène Blues Rock mondiale, rivalisant sans peine avec ses consœurs les plus médiatisées. Il y a chez elle un parfum et une saveur très nordiques, qui offrent des sonorités spéciales à ce Blues Rock explosif. Cette fois, elle a souhaité faire de ce « Smell The Roses » un disque résolument Rock, à base de riffs puissants et massifs, de refrains imparables et entêtants, portés par des solos incandescents et où la reine de la slide se fait immensément plaisir. Il y beaucoup de vie et d’énergie sur les neuf titres de cet opus.   

En formation classique et dans un style peut-être plus frontal qu’à l’habitude, la guitariste et chanteuse ne s’économise pas une seul instant, même si elle laisse toujours une belle place à des chansons plus intimes et personnelles, laissant ainsi sa douceur s’exprimer (« Empty Hours »). Et si le morceau-titre est déjà incontournable, d’autres surprises se nichent au cœur de « Smell The Roses ». «  Going To Hell », « Abyss » ou « Stoney Creek » captivent par leur relief, tandis que « Dragonfly » ou « The Ring » laissent cette impression de contrôle et de détermination, si présente chez elle. Et quelle voix !  

Photo : Adam Kennedy

Retrouvez la récente interview de l’artiste et les chroniques de ses deux derniers albums :

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Blues Folk/Americana Rock

Nina Attal : les cordes sensibles

Compositrice, chanteuse et guitariste accomplie, NINA ATTAL se présente avec une cinquième réalisation très aboutie, remarquablement bien produite et d’une belle diversité. Fluide et instinctif, son jeu paraît évident, malgré une technicité de chaque instant qui se niche au creux de chaque arrangement. Avec beaucoup de fraîcheur et d’énergie, « Tales Of A Guitar Woman » est la signature d’une artiste aguerrie et pleine de ressources. Organique et moderne.

NINA ATTAL

« Tales Of A Guitar Woman »

(LVCO)

Ce qui caractérise notamment NINA ATTAL depuis ses débuts il y a un peu plus de 15 ans, c’est son indépendance et sa liberté artistique. Et c’est sûrement ce qui a contribué à son éclosion et sa longévité… au-delà de son talent, bien sûr. Devenue incontournable sur la scène Rock et Blues française, elle s’est affranchi des frontières musicales depuis longtemps déjà pour laisser éclore un style très personnel où la Folk, le Rock, l’Americana et la Pop trouvent refuge autour d’un Blues rassembleur, qui fait le guide.

Quatre ans après un resplendissant « Pieces Of Soul », NINA ATTAL livre son cinquième album et il se montre largement à la hauteur des attentes. Très introspectif dans les textes, il est aussi une véritable déclaration d’amour à son instrument : la guitare. Et sur « Tales Of A Guitar Woman », elle passe de l’électrique à l’acoustique, de la 12 cordes au dobro avec la même dextérité, le même feeling et cette même technique qui fait d’elle l’une des plus impressionnantes et éclectiques musiciennes du paysage musical actuel.

Composé de 13 chansons, ce nouvel opus nous conte aussi 13 histoires, qui sont autant de propos intimes que de réflexions sur l’état de notre monde. NINA ATTAL joue sur les émotions avec douceur, toujours chevillée à cette explosivité qu’on lui connaît. Incendiaire ou délicate, la musicienne reste d’une spontanéité constante, et peu importe le style abordé. Enfin, « Tales Of A Guitar Woman » compte également trois titres en français et des duos, qui viennent confirmer sa polyvalence et un sens du songwriting imparable. Intense !

Retrouvez également sa récente interview et la chronique de « Pieces Of Soul » :

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Americana Blues Rock

Katie And The Bad Sign : appeal to emotions

Une chose est sûre : du Nord de l’Angleterre, on distingue parfaitement le Sud des Etats-Unis, du moins les notes de musique qui s’en échappent. Et lorsque cette association trouve une telle harmonie, le résultat est réjouissant. Les débuts discographiques de KATIE AND THE BAD SIGN sonnent comme ceux d’une carrière qui démarre tambour battant. Avec « Revolution », la vigueur du Rock se fond dans l’authenticité du Blues et de l’Americana pour déboucher sur un registre passionné et captivant, porté par une voix incroyable.

KATIE AND THE BAD SIGN

« Revolution »

(Bleakheart LTD)

Farouche et chaleureuse, sensuelle et sauvage, KATIE AND THE BAD SIGN laisse déjà exploser tout son talent, et celui de ses musiciens, sur un premier album très réussi, de ceux qu’il nous arrivait encore d’entendre il y a des années. Car « Revolution » a tout d’un tremplin exceptionnel, qui devrait permettre à la formation de Manchester de se faire une place de choix sur une scène, où les artistes actuels s’entrechoquent. Et il est ici question d’un Rock infusé de Blues et d’Americana avec quelques touches Country. Un beau mix.

Katie O’Malley, de son nom complet, n’est pas franchement une inconnue. Son premier EP, « Never Be The Same », date de 2019 et elle a ensuite enchaîné avec quelques autres (« Dirt On My Knees », « Old Motel Rooms »), tout en distillant quelques singles à l’occasion. Mais avec « Revolution », KATIE AND THE BAD SIGN prend littéralement son envol. Sa voix est puissante, dégage une chaleur accueillante et, parfaitement accompagnée, l’ensemble libère un relief saisissant, d’autant que les mélodies de la songwriter sont imparables.

Puisque de nos jours, les références sont de mise, on retrouve quelques effluves d’Amy MacDonald, de Larkin Poe aussi et d’une certaine Janis pour l’aspect brut, éraillé et direct à travers une superbe performance vocale. L’avenir de KATIE AND THE BAD SIGN se présente sous les meilleurs auspices avec un style riche et varié, une attitude très Rock, un brin 70’s et un sentiment de liberté prédominant (« Wolf At The Door », « Voodoo », « The River », « Gaslighter », « Wild West » et le morceau-titre). D’une époustouflante vérité.

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Americana Blues Soul

Janiva Magness : in search of truth

Pour son 17ème album, celle qui compte sept Blues Music Awards dont le fameux BB King remis par la légende elle-même, nous plonge à la découverte de quelques trésors qu’elle a le don de régénérer en intériorisant les chansons pour les faire siennes. JANIVA MAGNESS est une interprète hors-norme et cette facilité à les personnaliser confère à ses reprises une authenticité toute flamboyante. Et si l’on ajoute le fait que « Back For Me » ait été enregistré en condition live, on constate que la blueswoman s’est à nouveau surpassée.   

JANIVA MAGNESS

« Back For Me »

(Blue Élan Records)

Originaire de Detroit, Michigan, JANIVA MAGNESS est ce que l’on pourrait qualifier de diva (au bon sens du terme !), tant elle parvient à chaque nouvel album à fusionner le Blues, la Soul et l’Americana avec une grâce que l’on n’entend que très rarement. Avec sa voix rauque et puissante, elle reste toujours incroyablement captivante et, en un peu plus de 30 ans de carrière, ne déçoit jamais. Pourtant, l’Américaine est également une grande spécialiste des reprises qui, à chaque fois, sortent brillamment de l’ordinaire par leur choix.

Non que JANIVA MAGNESS ne soit pas une très bonne songwriter, bien au contraire, mais elle excelle dans l’art de magnifier les morceaux des autres en les transformant au point d’en faire de véritables déclarations personnelles. Et c’est encore le cas sur « Back For Me », où elle se montre à même de se les approprier avec un charisme incroyable pour leur offrir une nouvelle vie. Et comme cela ne paraît pas suffire, elle a même convié Joe Bonamassa (encore lui !), Sue Foley et l’électrique Jesse Dayton à la fête.

Une autre des multiples particularités de la chanteuse est aussi de dénicher des pépites méconnues d’artistes aux horizons divers. Et cette fois, c’est chez Bill Withers, Ray LaMontagne, Allen Toussaint, Doyle Bramhall II, Tracy Nelson et Irma Thomas que JANIVA MAGNESS a trouvé l’inspiration. Toujours produit par son ami Dave Darling, « Back For Me » balaie un large éventail de sonorités et de terroirs Blues et Soul, qui vibrent à l’unisson sur une dynamique brûlante entre émotions fortes et rythmes effrénés. Sompteux !

Photo : Kimberly Fongheiser

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Blues Rythm'n' Blues Soul / Funk

Allison August : a sunlight

Elle chante depuis sa tendre enfance et, aujourd’hui, la force et la puissance qu’elle dégage est au service d’un Blues emprunt de Soul, de R&B, de Funk et d’Americana. Avec « August Moon », ALLISON AUGUST multiplie les écarts, passant d’un registre à l’autre avec une totale maîtrise. D’une belle authenticité et avec une sincérité très perceptible, elle interprète de manière limpide des chansons qu’elle a écrites ou co-écrites et où elle brille en offrant une sensation très familière et proche. Un moment de vie sur une musique très élégante.

ALLISON AUGUST

« August Moon »

(MoMojo Records)

Elle a le soleil dans la voix et neuf longues années après « Holy Water », elle signe enfin son retour avec un nouvel album auquel elle se consacre depuis quelques années. Et si la Californienne affiche déjà un beau parcours, ce nouvel opus vient sonner en quelque sorte l’heure d’une certaine consécration artistique pour elle. En effet, ALISSON AUGUST a fait appel au grand et awardisé Tony Braunagel, batteur auprès des plus grands noms du Blues et de la Soul, et sur plusieurs titres du disque, ainsi que metteur en son pour Eric Burdon, Mike Zito, Taj Mahal ou Coco Montoya pour ne citer qu’eux.

Autant dire que la voix de l’Américaine résonne de la plus belle des manières sur ce « August Moon », qui nous transporte sur des ambiances variées et qui, dans un écrin Blues Americana, laisse échapper des styles qui la porte depuis toujours comme le Jazz, le R&B, la Country-Soul ou la Funk. C’est d’ailleurs le cas sur « I Won’t Say No » qu’elle interprète magistralement en duo Sugaray Rayford, autre monument électrisant de la scène Soul Blues. Deux personnalités qui se complètent à merveille sur ce titre qui vient confirmer qu’ALLISON AUGUST mène sa barque avec une folle énergie.

Tendre ou survoltée, la chanteuse passe par toutes les émotions sur un groove de chaque instant, magnifiquement orchestré par un groupe qui met toute son expérience au service d’un feeling implacable. Soutenue par un trio de chœurs vibrants et chaleureux, elle enchaîne des morceaux au songwriting efficace et elle laisse respirer les chansons tout en évoquant des sujets souvent très personnels, traités avec délicatesse. ALLISON AUGUST livre ici l’une de ses plus belles performances sur album et on se délecte de chaque instant (« Blue Eye Boy », « Blues Is My Religion », « I Ain’t Lyin’ »). Somptueux !   

Photo : Frank Lee Drennen