C’est un souffle vivifiant que l’on attendait depuis un petit moment et aussi sans doute l’une des sorties la plus scrutée de l’année. Puissant et terriblement bien peaufiné, « Private Music » devrait ravir les fans de Rock comme de Metal et ce malgré cette terne époque. Entre Alternative Metal et post-Grunge, la formation de Sacramento a rarement dégagé autant de force, via de déchirantes mélodies et une identité artistique unique. Incomparable et inégalé, DEFTONES reste indéboulonnable de ce panthéon qu’il s’est lui-même bâti.
DEFTONES
« Private Music »
(Reprise/Warner)
Cinq ans après « Ohms », DEFTONES a cette fois pris son temps pour livrer son dixième effort, un chiffre de ceux qui marque une carrière. Et en la matière, les Américains n’ont pas raté le coche. « Private Music » est probablement leur meilleur album et même si c’est le premier sans leur bassiste Sergio Vega depuis 15 ans, Fred Sablan endosse le rôle avec une maîtrise totale. Et pour retrouver et restituer le son qui a fait leur force et forgé en partie leur singularité, le producteur Nick Raskulinecz est de retour derrière la console.
Et c’est vrai que sur « Diamond Eyes » (2010) et « Koi No Yokan » (2012), le très habile metteur-en-son avait parfaitement su capturer l’esprit libre et cette fougue insaisissable pour la canaliser de la meilleure façon qui soit. Si DEFTONES s’est toujours bien entouré en studio, c’est un plaisir de retrouver ce travail d’orfèvre sur les tessitures et les nuances qui expriment si bien cette férocité si instinctive et cette énergie bouillonnante. En ce sens, « Private Music » est époustouflant de démesure musicale et criant d’authenticité.
Sobre et sombre, Chino Moreno livre une prestation hors-norme que l’on peut sans l’offenser attribuer à une expérience acquise sur une belle carrière de trois décennies. Dès « My Mind Is A Mountain », on comprend que DEFTONES est à son apogée et sera phénoménal. « Private Music » est presque cyclonique et présente le groupe dans ce qu’il a de meilleur, le tout enrobé d’une production très actuelle et organique, qui nous laisse sur le carreau (« Ecdysis », « Souvenir », « Milk Of Madonna », « Metal Dream »). Massif !
Incisif, sombre et précis, ce dixième effort de la fratrie de l’Illinois vient encore renverser l’ordre établi d’un Alternative Metal souvent convenu et prévisible. Massif et explosif, « Bright As Blasphemy » témoigne d’une époque en souffrance, mais combative et assez philosophe. Ce nouvel opus n’est pas seulement l’expression d’une détonation musicale très équilibrée, elle reflète aussi une maîtrise totale acquise au fil de ces 30 dernières années et qui mène CHEVELLE au sommet de son art. Entre émotion et arrangements presque minimalistes, il ouvre une autre voie.
CHEVELLE
« Bright As Blasphemy »
(Alchemy Recordings/Rise Records)
Le stratosphérique « Niratias, sorti il y a quatre ans, avait placé les Américains sur orbite et lui offrir un successeur digne de ce nom n’était pas une mince affaire. Jamais à court d’idées, CHEVELLE relève pourtant le défi avec panache et haut la main. Les influences progressives se sont dissipées et les frères Loeffler (Peter au chant et à la guitare et Sam à la batterie) reviennent aux fondations musicales de leur groupe, c’est-à-dire un Alternative Metal surpuissant et livrent « Bright As Blasphemy », qui se révèle être l’une de leurs meilleures réalisations.
Produit par ses soins avec l’aide de Kemble Walters à l’enregistrement et à la basse sur l’essentiel des morceaux, le duo se montre d’une incroyable créativité que met parfaitement en valeur le mix de Beau Burchell. CHEVELLE est probablement le combo le plus torturé de son registre, et la noirceur dont il fait preuve sur « Bright as Blasphemy » le rend énigmatique et lui ouvre une multitude de possibilités. Très Metal et à l’environnement Indus, ce dixième album est tout simplement renversant et surprend au fil de son écoute. Une prouesse plutôt rare.
Autour du thème de la psyché fracturée de l’humanité dont il est aux premières loges, CHEVELLE dispose d’une matière considérable qui lui permet d’œuvrer dans une sorte de tempête mélodique. Parfois étranges, mais réellement implacables, les neuf nouvelles compositions de la formation de Chicago sont brillantes et sa performance est d’une percussion chirurgicale (« Pale Horse », « Cowards, Pt 1 & 2 », « Wolves (Love & Light) », « Karma Goddess », « Blood Out In The Fields »). Tout dans ce disque est à sa place et c’est bien là la marque des grands.
C’est vrai qu’il est assez rare de voir des combos de pur Heavy Metal émerger d’Australie, plus adepte de Hard Rock et de Pub Rock. Pourtant, TEMTRIS s’est fait une place au fil du temps pour atteindre une incontestable maturité artistique. Porté par la voix puissante de sa fondatrice, le groupe affiche beaucoup d’audace, de fermeté et d’allant. Souvent brutal, mais toujours précis, « Queen Of Crows » le montre en pleine maîtrise et prouve que son niveau de jeu vaut très largement celui de nombreuses formations du vieux continent.
TEMTRIS
« Queen of Crows »
(Wormholedeath Records)
Fondé il y a un peu plus de 20 ans à Sydney par la chanteuse Genevieve Rodda et le guitariste Anthony Fox, TEMTRIS s’est taillé une solide réputation dans sa lointaine Australie et cette récente signature avec le label italien Wormholedeath devrait lui ouvrir les portes de la scène européenne. Avec ce huitième album, le quintet assoit une déjà belle et identifiable personnalité musicale. Basée sur un Heavy Metal traditionnel, on y trouve aussi des touches de Speed, de Thrash et de Power Metal. Un mix explosif.
Avec une frontwoman qui s’affirme avec beaucoup de force, TEMTRIS possède de solides arguments. S’il y a sans surprises quelques références à Doro et surtout à Crystal Viper, elle œuvre dans un registre bien à elle, très imposant tout en s’engouffrant dans des mélodies accrocheuses. Car, si « Queen Of Crows » est une réalisation racée et percutante, les variations et la finesse d’interprétation ne manquent pas. La rythmique est elle aussi appuyée et les deux six-cordistes donnent parfaitement le change.
Moderne et massive, la production de « Queen Of Crows » montre un impact ferme et les Australiens mélangent avec beaucoup d’habileté l’aspect classique du genre avec une approche actuelle et un son étonnamment européen. L’énergie déployée pose les morceaux de TEMTRIS dans une configuration qui les met parfaitement en valeur, sans négliger aucun aspect de son Heavy Metal (« Evil Lies », « The Risk », « Murder Of Crows », « Dying To Believe », « The World Is Bleeding Out »). Une performance organique et sincère.
Sur une charge émotionnelle rare et parfaitement canalisée, la formation de Pennsylvanie vient affirmer avec force qu’elle est au sommet de son art. Un titre comme « Everest » s’imposait donc avec beaucoup d’évidence. Robuste et massive, mais aussi douce et assez éthérée, cette nouvelle réalisation dame le pion aux actuelles sorties formatées, grâce à une sincérité souvent poignante et surtout un jeu radieux et précis. Les guitares sont scintillantes, la rythmique profonde et solide et la voix déchirante et dominatrice. HALESTORM est dans une maîtrise totale et son sens de la mélodie est exacerbé.
HALESTORM
« Everest »
(Universal Music)
Adolescents, Lzzy hale et son batteur de frère Arejay n’avaient sûrement pas imaginé où les mènerait leur aventure musicale familiale. Fort d’un line-up stable, HALESTORM a gravi peut à peu les échelons au point de devenir une référence grâce à une explosivité et une sensibilité indissociables. Les nombreux featurings de sa frontwoman n’ont fait que confirmer l’assise des Américains, qui surgissent aujourd’hui avec un sixième album qui pourrait bien être leur meilleur. Sans faire dans l’esbroufe et le surfait, « Everest » est redoutablement efficace.
En confiant la production au brillant Dave Cobb, HALESTORM se démarque intelligemment de la scène Alternative Metal actuelle en misant sur un son organique, tout en relief et qui laisse respirer les morceaux. Et en évitant de surcharger le spectre sonore, le quatuor gagne en puissance, en vélocité et surtout en authenticité. Avec des structures Hard Rock et des attaques clairement Heavy, « Everest » surfe sur des recettes qui ont fait leurs preuves et qui, finalement, offrent plus de liberté aux musiciens et surtout à leur chanteuse dont la prestation est hors-norme.
S’il n’y a plus vraiment de doute sur les capacités vocales exceptionnelles de Lzzy Hale, il faut avouer qu’elle s’est taillé ce nouvel opus sur mesure. Féroce et délicate, elle y dévoile toute sa large palette sur des titres dominés par une certaine mélancolie, très personnels aussi et avec des fulgurances brutes et directes. Enfin HALESTORM joue également sur la corde sensible avec des parties de piano bien senties et un fond Rock très accrocheur (« Fallen Star », « Watch Out ! », « Shiver », « Everest », « Like A Woman Can », « Rain Your Blood On Me »). Magistral de finesse !
Retrouvez aussi la chronique de « Back From The Dead » :
Originaire de Santiago au Chili, IRON SPELL cultive son amour pour le Heavy originel avec une minutie et une créativité que l’on ne voit d’ailleurs plus beaucoup chez les derniers représentants du genre. Avec un esprit très cinématographique, « From The Grave » possède ce côté épique propre au Metal du siècle dernier avec une bonne dose de Speed et de Power Metal de la première heure (le vrai !). Authentique et puissant, ce nouvel opus est l’un des meilleurs de l’année dans sa catégorie.
IRON SPELL
« From The Grave »
(Dying Victims Productions)
Chez IRON SPELL, on est tenace et combatif. Formé en 2013, le groupe a essuyé plusieurs changements de line-up, a sorti un premier album, « Electric Conjuring », trois ans plus tard et l’EP « Live Magic After Midnight » en 2021. Cela fait donc neuf ans que l’on attend ce deuxième effort et avec « From The Grave », le quintet frappe fort. Les bases sont forgées dans un Heavy Metal traditionnel et sur une thématique axée sur l’horreur dans ce qu’elle a de plus classique. Et s’il n’y a pas de révolution, il y a beaucoup de conviction.
Imperméables aux modes, les Chiliens arborent un registre Old School directement hérité de King Diamond, Iron Maiden, Black Sabbath, W.A.S.P. et Rainbow. Mystique et obscur, IRON SPELL emprunte autant au Speed Metal qu’au Hard Rock avec un penchant pour les grosses guitares. Et le duo à l’œuvre sur « From The Grave » a de la suite dans les idées. Riffs acérés, twin-guitares enflammées et solos tourbillonnants, la NWOBHM a aussi inspiré la formation sud-américaine et elle a su en garder le meilleur.
L’explosivité de cette nouvelle production doit aussi beaucoup à son frontman, dont l’amplitude vocale fait des merveilles. Diablement accrocheur, il guide IRON SPELL dans un univers horrifique bien à lui. Rapides et racés, les morceaux s’enchaînent affichant une belle polyvalence, des mélodies entêtantes et une personnalité artistique où le côté Rock a aussi sa place (« Curse Of The Ushers », « Devil King », « Deep In The Night », « Black, Hot & Heavy », ainsi que l’interlude instrumentale menant au final « Children Of the Night »). Foudroyant !
Malgré des apparitions éclaires, certaines formations marquent les esprits plus que d’autres et ce malgré une discographie plutôt clairsemée. C’est le cas de BOILER ROOM, dont le leader Chris Lino ne laisse pas indifférent et que le Metal aux saveurs Hard-Core made in New-York, capitale du genre, élève au niveau de cadors. Après une reformation en 2023, « Rectify » reprend les choses où elles en étaient et vient mettre de l’huile dans les rouages d’une machine infernale, qui ne demandait qu’à être relancée. On est ici à des années lumières du MetalCore sirupeux et tout en plastique qui nous envahit.
BOILER ROOM
« Rectify »
(Deko Entertainment)
Après des débuts très prometteurs de 1996 à 2001, la belle histoire de BOILER ROOM a stoppé net. Avec pourtant deux albums et un single, on pouvait espérer beaucoup, tant le talent était évident. Mort dans l’œuf en quelque sorte, mais que l’œuf était beau. Près de 25 ans plus tard, deux membres originels ont décidé de remettre le couvert et le résultat est volcanique. Un bond dans le temps, mais avec un son résolument moderne, où l’on retrouve intact l’âme des premières années avec cette explosivité urbaine si reconnaissable.
Car c’est Brooklyn à New-York qui a vu naître BOILER ROOM à une époque où le Metal le plus acéré faisait alliance avec un Hard-Core brut et authentique. Cette savoureuse fusion disparue avec les années 90 est presque devenue un vestige, et lui redonner vie de cette façon aujourd’hui est une vraie bénédiction, tant le line-up est impressionnant et le savoir-faire irrésistible. « Rectify » vient remettre les pendules à l’heure et la production de Mike Orlando, (Adrenaline Mob, guitare) et Ron ‘Bumblefoot’ Thal est rugueuse à souhait.
Avec son guitariste, on doit surtout cette résurrection au frontman Chris Lino, dont la voix donne son identité au groupe. Epais, rauque et direct, son chant est l’ADN du combo et même sa signature. Pour « Rectify », le quatuor a entrepris de réenregistrer certains morceaux, tout en complétant l’ensemble avec deux inédits : « Haunted » et « Rectify » sur lequel on retrouve d’ailleurs ‘Bumblefoot’ au solo, ainsi qu’à la coproduction, lui qui avait déjà signé celle du premier opus en 1996. Brut et sincère, BOILER ROOM revient en force.
Si avec un titre comme celui-ci, HEBI KATANA semble jouer la carte de la modestie, le contenu de cette nouvelle réalisation n’a franchement rien de timide ou d’emprunté. Au contraire, « Imperfection », qui marque par ailleurs l’arrivée de la formation nipponne chez Ripple Music, est audacieux, parfois complexe, occulte aussi et d’une intensité brute et organique. Heavy et sombre, la musique des Tokyoïtes prend une forme saisissante.
HEBI KATANA
« Imperfection »
(Ripple Music)
Avec cette pochette qui en rappelle une autre très célèbre, les Japonais donnent quelques indices quant au contenu de leur quatrième album. Mais si l’univers de HEBI KATANA s’inscrit clairement dans un proto-Metal puissant et véloce, il faut aussi y ajouter des notes Doom, Punk et Hard Rock dans une épaisse atmosphère Stoner. Et cette fusion opérée par le power trio révèle encore d’autres surprises qui mènent à des élans très Heavy avec un groove sauvage directement ancré dans les années 70 et 80.
Sur ce nouvel opus, HEBI KATANA conjugue la philosophie traditionnelle wabi-sabi basée sur l’acceptation de l’imperfection et celle de la fugacité avec son ‘samouraï Doom’ aussi riche que varié. En mélangeant ainsi les genres, le groupe s’évertue surtout à rassembler les courants touchant de près ou de loin au Heavy Metal au sens large du terme. On pourrait même imaginer qu’il est en quête d’un style absolu qui touche à l’intemporel. Et c’est vrai qu’en ce sens, « Imperfection » est un modèle du genre, aussi humble que féroce.
Malgré les lourdeurs inhérentes au Doom, HEBI KATANA sait aussi se montrer plus léger et épuré, laissant ainsi apparaître des mélodies soignées. Assez classique dans l’ensemble, la tension est palpable sur des titres comme « Dead Horse Requiem », « Praise The Shadows » ou encore « Echoes From The Old Tree ». Très Fuzz notamment sur les basses, le combo affiche à l’occasion un aspect épique et plus sensible (« Blood Spirit Rising »), démontrant sa faculté à se jouer des étiquettes. « Imperfection » traduit une évidente maturité artistique.
Retrouvez la chronique de leur premier album éponyme :
S’il ne fait pas dans le détail, le Stoner Doom du trio britannique se meut pourtant dans une harmonie toute personnelle, malgré des déflagrations aussi soudaines que régulières. Avec « Strung Out In Hell », MARGARITA WITCH CULT impose son style et ne manque pas d’imagination. Ecorché et enflammé, le combo sort des ténèbres pour se montrer intraitable. Stoner, Doom et attaché au Heavy Metal originel, il fracasse méticuleusement tout sur son passage.
MARGARITA WITCH CULT
« Strung Out In Hell »
(Heavy Psych Sounds)
Deux ans après un premier album remarqué, le trio de Birmingham vient enfoncer le clou avec « Strung Out In Hell », brûlot explosif et démoniaque. Et forcément, lorsqu’on est originaire de la ‘Sabbath City’, berceau du Metal, il est difficile de ne pas y trouver quelques références que MARGARITA WITCH CULT semble parfaitement assumer. Pas franchement Heavy Metal malgré des embardées rappelant ponctuellement la NWOBHM, le Stoner Doom des Anglais se veut surtout épais, massif et teinté de proto-Metal.
Avec un héritage revendiqué, Scott Abbott (guitare, chant), George Casual (batterie) et Jim Thing (basse) s’ouvrent les portes de l’enfer de la manière la plus débridée qui soit dans un maelstrom décibélique au groove épique et dans une ambiance maléfique. Très 70’s dans l’esprit, on retrouve chez MARGARITA WITCH CULT quelques éclairs que n’auraient pas renié Alice Cooper, Deep Purple et bien sûr Black Sabbath. Et, passé à la moulinette Stoner, l’ensemble prend une dimension grasse et écrasante.
La tempête commence dès les premières notes de « Scream Bloody Murder » et ne faiblit pas un instant sur « Conqueror Worm » et « Witches Candle ». L’entame est lourde et fulgurante. Mais c’est sans compter sur le sens de l’humour de MARGARITA WITCH CULT qui nous balance une reprise façon bulldozer et bardée de riffs taillés à la hache de « White Wedding » de Billy Idol. Une petite douceur avant l’agressif « Dig Your Way Out », puis « The Fool » et son dantesque solo de saxo. Un retournement de cerveau dans les règles !
Sorti il y a un peu plus de deux mois, « Krystal Metal » marque un bond dans la carrière de la guitariste-chanteuse et fait suite à deux EP, « Brutal Pop I & II » en confirmant un style assez unique où Metal et Pop s’entremêlent naturellement. Egalement productrice, SUN aura pris son temps pour peaufiner son premier long format, ponctué depuis des années par de nombreuses prestations live dont la récente mainstage du ‘Hellfest’. Aguerrie et déterminée, la frontwoman présente un album très abouti et solide sur lequel, vocalement, elle navigue entre un chant clair et un scream ravageur… L’art de conjuguer les opposés. Entretien avec une artiste qui vise toujours plus d’authenticité.
– Tout d’abord, comme tu as récemment fait le festival ‘Kreizh y Breizh’ à Glomel (22) et que tu reviens tout juste du ‘Hellfest’ où tu as joué sur la mainstage, j’aimerais que tu me donnes des impressions. Comment le public Metal t’a-t-il accueilli, et te sens-tu d’une manière ou d’une autre faire partie de cette famille-là ?
Oui, le ‘Hellfest’ s’est très bien passé, au-delà de mes espérances. Il y avait beaucoup de pression sur cette date que j’attendais avec impatience. Et puis, on m’avait dit que lorsqu’on ouvrait une journée sur la mainstage, il arrive qu’il n’y ait pas trop de monde. Et en fait, c’était blindé ! Je n’avais jamais vu ça de ma vie ! J’étais sciée et secouée par ça. Et le ‘Kreizh y Breizh’ juste avant était super sympa, dans une ambiance beaucoup plus bretonne, chaleureuse et très agréable. En ce qui concerne le public Metal, je viens du Metal Extrême à la base, du Brutal Death où je suis guitariste rythmique. Même si mon ‘Brutal Pop’ est un mélange différent, j’ai toujours été bien accueillie par le public, même au ‘Festival 666’ l’année dernière. Je n’avais pas trop peur du côté Metal. En revanche, être sur la mainstage pour mon premier ‘Hellfest’, c’était un peu flippant ! (Rires)
– Il y a six ans déjà, on te découvrait avec un premier EP, « Brutal Pop », suivi en 2023 du second volet, toujours en format court. C’est un univers assez unique, qui va puiser autant dans la Pop que dans des sphères Rock plus musclées. Est-ce que tu te considères un peu comme une sorte de chaînon manquant ? Un pont entre ces deux styles musicaux ?
Peut-être pas, mais c’est assez naturel dans mon processus. Tout ça est né quand j’étais petite, car j’adorais écrire des chansons. Etant franco-allemande, j’habitais en Forêt Noire en Allemagne où je m’ennuyais un peu, mais j’avais accès à la guitare électrique de mon frère et un livre sur la guitare Metal. Et il se trouve que lorsque j’écrivais mes chansons, au lieu de m’accompagner au piano pour plaquer les accords, j’allais directement à la guitare entre la voix et un gros riff. A l’époque, j’écoutais autant Janet Jackson que Hate Eternal ou Morbid Angel, donc des trucs assez vénères. Pour moi, c’était une façon de faire très organique. En fait, au moment de faire la chanson fabriquée autour de ce jeu de guitare et du scream, qui me permet d’atteindre un point culminant sur les paroles, tout cela se fait assez naturellement finalement. Je ne sais pas si je peux me considérer comme un chaînon manquant, c’est plutôt à d’autres de le dire. En tout cas, je suis heureuse si je peux faire le pont, parce que je ne me suis jamais limitée aux styles musicaux. La seule chose que j’aime est le songwriting, donc si c’est seulement un enchainement de riffs, je m’ennuie rapidement.
– Malgré les quatre ans qui les séparent, tes deux premiers EPs se rejoignent et pourraient même constituer un seul et même album, même si des productions sont un peu différentes. Avais-tu besoin de mieux cerner les contours de ton jeu et de ton style avant de t’aventurer dans un format long ?
En fait, j’ai retenu l’album pendant très longtemps. Je ne me suis jamais dit que le ‘Brutal Pop’ serait mon plan de carrière. Pendant des années, j’ai chanté dans des comédies musicales, joué dans des pièces de théâtre, j’ai fait du cinéma en tant qu’actrice… Et tout ça en ayant mon projet à côté. Je ne me suis pas dit que c’était une bonne idée, mais plutôt que j’étais une fille un peu bizarre, voilà ! (Sourires) Ce sont surtout les gens et des producteurs que j’ai rencontrés sur la route comme Dan Levy de The Dø et Andrew Sheps, qui m’ont dit que c’était vraiment ça mon projet. Donc, j’ai vraiment retenu mon album pendant longtemps, parce que je savais que la carte du premier album est quelque chose qu’on ne peut jouer qu’une seule chose. Alors, si on peut le faire partir du plus haut possible de la montagne, c’est plus avantageux. Et c’est pour ça que j’ai aussi mis du temps, car je suis en indépendant et je voulais vraiment trouver les partenaires qui m’aideraient.
– Cela dit, « Krystal Metal » est lui aussi assez court et très resserré. Cherchais-tu un certain sentiment, ou tout au moins une impression, d’immédiateté et d’urgence ?
Pour être sincère, j’ai enregistré beaucoup plus de choses que ce qui figure sur l’album. J’ai vraiment voulu créer le geste qui coulait le mieux avec une grande variété dans les signatures rythmiques, les tempos et les accords pour qu’il n’y ait pas de redites. Et comme je trouvais que ça collait bien, je me suis arrêtée là-dessus, tout simplement.
– Depuis tes débuts, tu t’occupes de tout : de l’écriture à l’interprétation des instruments et du chant jusqu’à la production et le mastering. Tu n’as jamais été tentée de partager tes chansons en groupe, ou avec des arrangeurs par exemple, ou sont-elles trop personnelles à tes yeux ? Ou peut-être que tu as aussi une idée très précise de ce que tu souhaites obtenir ?
En fait, j’ai fait le chemin inverse. Le premier EP a été coproduit avec Dan Levy. Ensuite, j’ai produit le second, mais j’ai travaillé avec des personnes au mix comme Andrew Sheps justement. Lui, il a bossé avec Metallica, Smashing Pumpkins, Beyoncé, … et c’est lui qui m’a dit d’arrêter de me cacher derrière les gens et qu’il fallait que je produise tout de A à Z. Il m’a dit que, comme je savais exactement ce que je voulais, il fallait que je me fasse confiance. Et donc, « Krystal Metal » est vraiment le fruit de tout ça. Tu sais, même avant SUN, je tournais sous mon nom, Karoline Rose. J’ai bossé avec Babx et d’autres et je me suis beaucoup diluée et perdue avec des producteurs, car ils ont tous une vision de toi. C’est bien quand tu fais un truc depuis 20 ans et que tu veux le rafraîchir, ou quand tu es un artiste qui n’a pas trop de matière et que tu es surtout interprète. Mais dans mon cas, ça m’a toujours fait du tort. Et « Krystal Metal » est une sorte de retrouvaille avec moi-même et le meilleur choix de ma vie. Je savais très bien ce que je voulais entendre et je me suis lancée.
– Par ailleurs, tes textes sont souvent engagés, notamment en faveur de la cause féminine, mais pas uniquement. A leur écoute, on découvre aussi beaucoup de colère et de rage. Pourtant, il y a toujours un message d’espoir et surtout une énergie très positive. Ce mélange des genres est-il finalement un appel à l’éveil des consciences à travers un jeu brut et direct ?
J’essaie de rester quand quelque chose de sincère et d’organique, un peu à l’image des disques de Pop qui m’ont marqué et où il y a toujours une accroche direct sur des thèmes universels. Je fais passer ça dans mes chansons et ça traverse des émotions très diverses. J’ai vraiment essayé de faire un disque Pop dans ce sens-là, c’est-à-dire quelque chose que les auditeurs puissent s’approprier. Je laisse sortir les choses avec cette approche-là.
– L’une de tes particularités est d’alterner le chant clair et le scream. C’est un choix qui peut paraître étonnant, même si cela devient aussi très courant sur la scène Metal féminine. Qu’est-ce que cela apporte, selon toi, à tes chanson, car tu pourrais apporter plus de puissance à ton chant clair ?
J’ai cette voix claire qui est assez longue, comme on dit, et qui me donne beaucoup de possibilités et dans ma boîte à outils, j’ai aussi le scream. Et donc à des moments précis où la voix de poitrine ne suffirait plus, je vais laisser le scream venir. Je le fais dès la composition et c’est effectivement souvent lié aux paroles sur une intensité qui arrive, ou un bel accord. La plupart du temps, je le fais à des moments qui sont des points culminants positifs ou majeurs. Ca fait aussi partie de mon registre, tout simplement.
– Ce premier album, « Krystal Metal », vient donc de sortir et la première surprise vient de sa production qui est beaucoup plus organique et se détache de l’aspect assez synthétique de tes deux EPs. C’est pour cette raison que tu as fait appel à un batteur et ponctuellement à un bassiste ? Pour retrouver une certaine chaleur ?
J’ai toujours engagé des musiciens pour les enregistrements en studio, et notamment un batteur, que ce soit sur « Brutal Pop » et « Brutal Pop II ». Le reste, je le fais moi-même. En fait, pour « Krystal Metal », j’ai plutôt fait ce qu’on appelle une ‘non-prod’, c’est-à-dire que je range tous les effets avant qu’on ne les entende. Je ne laisse jamais dépasser ou déborder un réverb’ ou un delay, parce que je veux qu’on écoute la chanson à travers la voix et la guitare. Mais, et cela a été longtemps l’une de mes particularités, c’est parfois une véritable usine à gaz, mais tu ne l’entends pas. C’est important pour moi que la production soit vraiment au service de la chanson et que ce soit l’humain qui joue. C’est vrai que j’ai engagé quelques personnes, mais j’ai aussi beaucoup trifouillé et édité. J’aime avant tout le son organique et ensuite, je passe ma vie à bouger tout ce qu’il a dedans.
– Et puis, il présente également beaucoup plus de profondeur et de consistance avec un spectre sonore plus rempli et massif. Outre le travail sur les morceaux, l’idée était-elle aussi de leur offrir plus de relief et donc de peaufiner le plus possible les arrangements, comme c’est le cas ?
Oui, c’est ça. J’avais vraiment envie qu’il y ait des arrangements, de la largeur, du gros son et à l’époque du Metal moderne, tu as aussi envie de ça. Tu as envie de remplir l’espace, que ce soit massif et aussi, comme je te le disais, de ranger aussi les effets pour les sortir au bon moment. Je préfère qu’on me dise qu’on adore la voix plutôt que la réverb’. Et c’est pareil pour tout, que ce soit au niveau du mix, de la batterie… Les synthés sont là aussi, mais je les ai enregistrés en analogique pour retrouver justement cette chaleur qui me plait beaucoup plus.
– « Krystal Metal » se distingue également par l’utilisation de la double-pédale par ton batteur, de distorsion sur les guitares et ton scream est toujours aussi présent. On se rapproche donc avec ces divers éléments de l’univers du Metal. Justement, d’où viennent tes inspirations de ce registre ? Y a-t-il des artistes ou des groupes qui influent directement sur tes compositions ?
Comme toutes les petites filles, j’ai commencé par les Riot Girls, le Grunge et tout ça. Et comme j’aimais les guitares, j’ai glissé vers le Nu-Metal avec Kitty, My Ruin, Korn, Slipknot ou Machine Head. Et petit à petit, j’ai écouté du Thrash Old comme Testament et très vite, tu arrives à Morbid Angel, Hate Eternal, Immolation ou Cannibal Corpse. C’est vraiment ces groupes-là qui m’ont inspiré niveau Metal. Mais côté ‘mainstream’, il y a Gojira aussi, qui a d’ailleurs été influencé par ces artistes-là. C’est ça qui m’a vraiment parlé, et ensuite Strapping Young Lad et l’album « City » et enfin Devin Townsend, qui est pour moi l’inventeur du Pop Metal à la base. J’ai vite compris que c’était ce mélange-là qui m’intéressait le plus.
– Enfin, à l’avenir, tu comptes rester sur ce registre-là, ou est-ce que tu penses explorer encore d’autres univers musicaux ?
Non, je pense rester là-dessus. En fait, j’ai un peu fait l’inverse du cheminement. Au départ, je ne savais pas vraiment que faire, je ne pensais pas que c’était une bonne idée et plus je sortais des choses, plus j’étais confirmée dans ma démarche. J’essaie d’aller vers toujours plus d’authenticité.
L’album de SUN, « Krystal Metal », et toutes les infos (concerts, etc…) sont disponibles ici : linktr.ee/sunbrutalpop
Photos : Jonathan Lhote (1, 4), Bassem Ajaltouni (2) et Alex Pixelle (3).
Clairement ancré dans des sonorités Rock et Metal très 70’s, le quintet de Cincinnati, Ohio, fait un retour lumineux avec « EC4 », un quatrième album qui présente aussi un nouveau membre à part entière aux claviers et surtout une inspiration hors-norme. Sur un proto-Metal dominant, ELECTRIC CITIZEN s’engouffre dans des effluves psychédéliques où des passages Folk côtoient des ambiances plus Doom. Tout en restant attachés à une approche classique du genre, les Américains redoublent de créativité à travers d’incroyables arrangements, des riffs captivants et une voix envoûtante. C’est donc Laura Dolan, la frontwoman du groupe, qui revient sur l’élaboration de ce nouvel opus polymorphe et hypnotique, qui se révèle un peu plus à chaque écoute.
– Cela fait maintenant sept ans que l’on attend le successeur de « Helltown ». Même s’il y a eu la pandémie et que vous avez aussi beaucoup tourné, l’idée était-elle de faire un retour avec un album hors-norme comme c’est le cas, ce qui prend donc plus de temps ?
Dès le début, nous avons souhaité aborder cet album avec la même patience et le même soin que pour le premier, en le laissant se développer naturellement. Les sept dernières années ont été marquées par des défis auxquels nous avons tous les quatre été confrontés : le Covid, la famille, la santé, la vie quotidienne, mais malgré tout, nous n’avons jamais cessé d’écrire et de travailler sur « EC4 ». Nous adorons faire de la musique ensemble, et ce temps supplémentaire nous a aussi permis de créer quelque chose que nous sommes vraiment fiers de partager.
– Vous avez élaboré ce quatrième album pendant des années et cela s’entend. En quoi a-t-il nécessité plus de temps que les autres ? L’enregistrement en lui-même, ou son écriture ?
Avec des conflits d’emploi du temps entre les membres du groupe et les ingénieurs, nous aurions pu nous précipiter ou changer de cap, mais nous l’avons maintenu et continué à peaufiner les choses jusqu’à ce que l’album soit prêt à être présenté à un label. Pour « EC4 », nous voulions expérimenter avec des sons différents et superposés, un peu plus doux et avec de longues parties, qui ouvrent de nouveaux paysages sonores.
Ross (Dolan, guitare – NDR) gère la plupart de nos compositions instrumentales et ses idées ont tendance à se concrétiser rapidement, même si c’est toujours un travail collaboratif avec le groupe. Nick (Vogelpohl, basse – NDR) apporte des lignes de basse percutantes et une contribution créative. Owen (Lee, claviers – NDR) a co-écrit « Tuning Tree » et a ajouté des couches de clavier essentielles, tandis que la batterie et les percussions de Nate (Wagner, batterie – NDR) opèrent leur magie habituelle. Et enfin, j’écris les paroles et les mélodies vocales, bien que Ross ait eu les idées initiales pour « Lizard Brian ».
Je dois aussi aborder un sujet personnel, qui a certainement ralenti le processus. Pendant l’écriture de l’album, j’ai été confronté à un grave problème de santé : un mélanome. Grâce à un dépistage précoce et à une opération chirurgicale, je suis là aujourd’hui et complètement rétablie. Alors, tout le monde, faites examiner votre peau. Ce n’est pas seulement un conseil, c’est ce qui m’a sauvé la vie.
– Vous avez déclaré que « EC4 » amorçait un renouveau pour ELECTRIC CITIZEN. Même si musicalement, on note quelques changements, qu’entendez-vous par un retour aux sources ? Une façon de revenir à l’essentiel du Rock, même si vous ne vous en êtes jamais vraiment éloigné ?
C’est la première fois depuis notre premier album « Sateen » que nous composons avec un claviériste dédié. Sur « Higher Time » et « Helltown », nous avons fait appel à des musiciens invités pour apporter des parties sur des morceaux déjà terminés. Si ces collaborations ont été excellentes, le fait que ces textures soient intégrées dès le début de la composition façonne véritablement la façon dont le groupe aborde la musique. Nous sommes toujours restés très liés à notre son de base, mais nous avons aussi toujours souhaité évoluer en tant que musiciens. Cette approche nous permet d’explorer de nouveaux sons, tout en restant fidèles à nous-mêmes.
– Pour le mix et le mastering de l’album, vous avez fait appel à Collin Dupuis (Lana Del Rey, The Black Keys) et JJ Golden (Calexico), qui n’évoluent pas forcément dans le même univers que vous. Vous aviez besoin d’un regard neuf pour ces nouveaux morceaux ?
Ce sont tous deux des ingénieurs du son pour lesquels nous avons un immense respect. Nous avions déjà travaillé avec Collin sur « Higher Time ». C’est le genre de gars qui comprend immédiatement ce que l’on veut. Son véritable génie est de réussir à intégrer parfaitement chaque instrument dans le mix sans qu’ils se gênent. Pour cet album, il nous a recommandé JJ, et il a réussi à sublimer le tout en restant fidèle aux mixages originaux. Nous avons eu beaucoup de chance de travailler avec eux deux.
– Ce qui surprend sur « EC4 », c’est la construction des morceaux qui évoluent dans des ambiances très variées et surtout qui bénéficient d’arrangements particulièrement soignés. Votre objectif était-il de fusionner tous les genres qui forgent votre identité musicale ?
Oui, c’est une approche que nous défendons, car rien ne se crée de manière isolée. La musique s’appuie sur ce qui l’a précédée, à travers toutes les époques et tous les styles. Je pense que la clef est d’honorer toutes ces influences en créant en même temps quelque chose qui reste profondément personnel. Nous sommes attirés par les sonorités vintage, mais nous ne cherchons pas simplement à les reproduire. Pour nous, il s’agit d’intégrer cet esprit dans quelque chose de nouveau et d’actuel.
– Par ailleurs, le sentiment qui domine sur certains titres est qu’ils suivent tes lignes vocales. Avez-vous composé dans ce sens, ou peut-être avez-vous changé votre façon de travailler ?
Ross a toujours été notre moteur. Il pose d’abord les bases de chaque chanson et cette approche n’a pas changé. Pour ma part, je traite les mélodies vocales comme un instrument supplémentaire. Parfois, elles se faufilent dans la musique, parfois elles lui répondent. C’était particulièrement agréable de chanter sur « Tuning Tree », par exemple, grâce à la façon dont mon chant se combine à la basse, comme si elle était une seconde voix dans la conversation.
– Cette fois encore, vous puisez dans le proto-Metal, le Psych et le proto-Doom, ce qui est la marque de fabrique d’ELECTRIC CITIZEN. Est-ce que dans la déferlante de productions et les changements de supports d’écoute actuels, c’est le son et la créativité des années 70 qui vous touchent toujours le plus ?
Oui, on adore ces genres, surtout les sons des années 60 et 70. Mais on apprécie aussi le classique, la Soul et le Folk, pour n’en citer que quelques-uns. Nos goûts sont très variés. Quant aux sons Heavy du passé, ils alimentent ceux du futur. Et si on y participe, même un peu, c’est l’essentiel.
– Comme toujours, l’ensemble est très organique avec une forte présence de sonorités acoustiques, qui confèrent à « EC4 » un aspect presque épuré. C’est un contraste que lequel vous vouliez jouer également, malgré la densité des morceaux ?
Merci de l’avoir remarqué ! Oui, c’était intentionnel. Nous voulions des couches riches qui fonctionnent ensemble, et non les unes contre les autres. Le retour de la guitare acoustique, que nous n’avions d’ailleurs pas utilisée depuis notre premier album, a permis de libérer ce potentiel. Elle apporte des textures Folk très organiques, tout en ajoutant une profondeur qui s’intègre parfaitement au mix.
– Un petit mot aussi sur la pochette de l’album signée Neil Krug, qui avait réalisé celle de votre premier album, « Sateen ». On peut d’ailleurs y voir beaucoup de symbolique, dont j’aimerais que tu nous parles. Est-ce que cela fait-il aussi partie de ce retour dont vous parliez ?
Nous avons l’immense chance de collaborer avec Neil Krug, car sa vision photographique est unique. Les images de la pochette et de la back cover proviennent de ses archives. Nous lui avons parlé de notre nouvel album et de sa direction générale, et il a trouvé la perle rare. C’est l’un de ces moments heureux, où des morceaux distincts s’assemblent comme s’ils étaient faits pour être ensemble. Les thèmes de ces chansons, qui s’articulent toujours autour de visions surnaturelles, de futurs apocalyptiques et de démons intérieurs obsédants, s’accordent avec ses images d’une manière que nous n’aurions jamais pu imaginer.
– Enfin, j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label avec une signature chez Heavy Psych Sounds. Qu’est-ce qui a motivé le choix d’une maison de disques européenne ?
Nous sommes ravis de collaborer avec Heavy Psych Sounds. Ils nous correspondent parfaitement et ont été des partenaires fantastiques sur cet album. Pour nous, la question de savoir si un label est américain ou européen ne s’est jamais vraiment posée, puisque nous tournons sur les deux marchés.
Cela dit, nous serons toujours reconnaissants à Riding Easy Records d’avoir lancé notre groupe. Ils nous ont permis de démarrer et nous entretenons toujours une excellente relation. Nous continuons de collaborer sur les licences de nos trois premiers albums, dès que l’occasion se présente.
Le nouvel album d’ELECTRIC CITIZEN, « EC4 », est disponible chez Heavy Psych Sounds.
Photos : Kevin Blumeyer (1), Sally Townsend (4) et Andrew Benge (5).