Décidemment, il semblerait que tout le monde se tourne vers la scène du Sud et peu importe le style. Certes, dans le Blues, il paraît assez normal et évident d’aller vers des origines avérées. Quand les musiciens issus du milieu du Metal, et pas des plus tranquilles, s’y mettent, on y regarde tout de même à deux fois… et en scrutant le pédigrée de l’aventurier. MARK MORTON, six-cordiste en chef de Lamb Of God, fait mieux de s’immiscer dans un genre pourtant loin de ses (bonnes) habitudes. Grâce à un jeu brut et direct, son côté roots fait même de son album une belle surprise. « Without the Pain » est un disque bien exécuté et convaincant.
MARK MORTON
« Without The Pain »
(Independant)
Tout d’abord, je tiens à rassurer les fans de Lamb Of God et ceux de Country Music aussi car, contrairement à ce que j’ai pu lire dans un très, très fameux magazine rocailleux français, MARK MORTON n’a pas sorti d’album de Country. Enfin, pas encore à ce jour, il me semble… Donc, histoire de rectifier un peu le tir hasardeux plein de graviers de notre belle presse nationale, le guitariste et chanteur s’est essayé (et plutôt bien !) au Rock Sudiste, c’est-à-dire au Southern Rock pour être le plus politiquement correct possible. Désolé, mais comme je sais que l’heure est aux fake news, je tenais à apporter quelques précisions. Direction donc le Sud des Etats-Unis avec ce « Without The Pain » de très bonne facture.
Alors, c’est vrai que notre tendre métalleux s’est fait plaisir en invitant quelques jolis noms plutôt associés au genre, comme le leader de Cadillac Tree, Jaren Ray Johnston, la chanteuse Country Nikki Lane, le rugueux Texan Matt James des Blacktop Mojo, le jeune Travis Denning de Georgie, ainsi que Charlie Starr et Jason Isbell de Blackberry Smoke, le très Outlaw Cody Jinkx, la jeune et talentueuse guitariste Grace Browers déjà chroniqué ici, ‘Mr Larkin Poe’ Tyler Bryant, le frontman de Clutch, Neil Fallon, le guitariste de Blues Rock Jared James Nichols et enfin le bassiste et chanteur de Mastodon Troy, Jayson Sanders… Il manque donc Dolly Parton à cette grand-messe de la Country orchestrée par MARK MORTON !
Assez éloigné donc des Miranda Lambert, Lainey Wilson et autres Carrie Underwood, on est plutôt ici dans les pas du Pride & Glory de Zakk Wylde, voire plus récemment de Cory Marks. Ne nous y trompons pas, le musicien originaire de Virginie, a mis le cap au Sud en sortant les muscles, et on n’en attendait pas moins de lui. Il prend à bras le corps le Southern Rock avec l’héritage très Metal qu’on lui connaît. Et ça sonne ! Les riffs épais et tranchants, un songwriting aux petits oignons et des solos de grande classe font de ce deuxième effort en solo de MARK MORTON un moment bien pensé et agréable. Proche des standards du genre, il lui manque cependant encore un peu d’identité franchement Southern. Propre et soutenu.
Groupe phare et emblématique de la scène Metal Symphonique mondiale, EPICA signe un neuvième album aussi nerveux qu’accrocheur, enveloppé d’arrangements grandioses et porté par la voix cristalline de Simone Simons. Audacieux et racés, les Hollandais ont cette fois modifié leur façon de composer. « Aspiral » se montre même peut-être plus accessible dans ses mélodies que ses prédécesseurs, tout en restant résolument Metal et même assez complexe. Inspiré et ascensionnel, il est ici question de cycles, de destruction et de renaissance. Lumineux et puissant, le sextet signe un retour éclatant. A la veille de sa sortie, la frontwoman revient sur la conception de ce nouvel opus, ainsi que sur son expérience en solo et les gigantesques concerts donnés en 2023 avec chœurs et orchestre. Entretien.
– Vous avez commencé à travailler sur « Aspiral » il y a plus d’un an avec un planning très établi. Et il en est ressorti beaucoup de chansons. Tout d’abord, comment le choix définitif des morceaux s’est-il effectué, et avez-vous cherché un lien entre eux, sans pour autant réaliser un album-concept ?
Oui, en fait, les chansons ont toujours besoin de temps pour évoluer et certaines nécessitent aussi plus de travail que d’autres. Mais une fois que ce processus est fait, nous les écoutons toutes ensemble et c’est à ce moment-là que nous choisissons les meilleures pour l’album. Après, on fait chacun une liste de nos titres préférés. Il faut trouver le juste équilibre pour l’album et ensuite chacun vote ! C’est un groupe très démocratique ! (Rires) C’est tout simplement comme ça qu’on définit la sélection définitive pour le CD. En ce qui concerne les paroles des chansons, elles sont finalement toutes assez connectées entre-elles, c’est vrai. Donc, l’ordre sur l’album n’a pas vraiment d’importance, en fait, en tout cas pas dans ce sens-là.
– J’aimerais qu’on parle des morceaux « A New Age Drawns », dont on découvre ici les parties sept, huit et neuf. Où en êtes-vous de cette saga et avez-vous l’intention de la prolonger encore ?
Non, la saga s’arrête ici avec les trois dernières parties. Et puis, c’est aussi notre neuvième album, donc… Il s’agit sur « Aspiral » d’un changement dans la conscience de toute l’humanité. Nous devons nous réveiller et réagir à ce chaos dans lequel nous vivons. Nous devons nous concentrer sur la communauté et faire les choses ensemble, en arrêtant de ne penser qu’à nous-mêmes. Et tout cela vient donc acter la fin de la saga sur ce disque.
– D’ailleurs, est-ce que la composition de ces morceaux a quelque chose de particulier pour vous ? Et est-ce que, finalement, « A New Age Drawns » n’est pas un peu la colonne vertébrale d’EPICA depuis ses débuts ?
En fait, les paroles sont écrites par Marc (Jansen, guitare et voix – NDR), ainsi que la musique. Et oui, tout a commencé il y a de nombreuses années aux tous débuts d’EPICA en 2005. C’est lui qui a probablement la connexion la plus forte avec cette saga. Et si l’on revient sur le dernier album avec les trois dernières parties, ma préférée est sans doute « The Grand Saga Of Existence », je l’adore !
– Vous avez sorti « Omega » il y a quatre ans, puis « The Alchemy Project » l’année suivante pour célébrer vos 20 ans, un disque accompagné de nombreux guests. Vous aviez ressenti le besoin d’explorer d’autres styles et de vous détachez un peu d’EPICA le temps d’un EP ?
Oui, « The Alchemy Project » a été pour nous un bon moyen d’expérimenter beaucoup de choses et également de travailler avec de nombreux artistes venus d’horizons différents. En effet, je n’avais pas eu, d’une certaine manière, le sentiment d’avoir de limite au niveau du chant par rapport au style propre à EPICA. Cela a aussi été très inspirant pour nous, d’autant que le retour des fans a été très bon. On a senti qu’on pouvait aller vers de nouvelles choses, sans trop penser à notre style précisément. L’idée était juste d’écrire des chansons, d’expérimenter autant que nous le souhaitions et de nous amuser surtout. Et c’est exactement ce que nous avions fait ! (Sourires)
– Et l’an dernier, tu as sorti « Vermillion », ton premier album solo. Tu as travaillé avec Arjen Lucassen d’Ayreon sur des morceaux plus progressifs et électroniques. C’est un projet que tu nourrissais depuis longtemps ? Quel était l’objectif premier ? C’était avant tout pour te faire plaisir, même si ton emploi du temps est déjà très chargé ?
Oui, j’avais l’idée d’un album solo depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais le temps de m’y consacrer. Il y a un bon moment maintenant, j’avais déjà contacté Arjen en lui demandant s’il serait intéressé. Il m’avait répondu positivement, mais il n’avait pas le temps ! (Rires) Ce n’est finalement qu’au début 2023 que nous avons commencé à travailler sur « Vermillion ». Bien sûr, je désirais avoir mon album solo pour moi-même et faire également quelque chose en dehors d’EPICA. J’ai toujours travaillé avec d’autres artistes, bien sûr, j’ai fait de nombreuses collaborations, mais je n’avais jamais réalisé un album entier seule. Et puis, j’ai toujours adoré la musique d’Ayreon et je me suis dit qu’il serait le meilleur pour le réaliser avec moi.
– Parallèlement, vous aviez donné deux concerts exceptionnels à Amsterdam et Mexico, « The Symphonic Synergy », qui sortira d’ailleurs sur l’édition limitée d’« Aspiral ». C’est toujours un grand moment pour vous de vous produire avec un tel orchestre et une chorale complète ?
Oh oui, c’est un rêve qui devient réalité ! C’est la meilleure manière pour nous de créer de la magie. Cela correspond vraiment à notre musique, mais c’est impossible de faire de tels concerts à chaque fois, car cela implique énormément de gens. Je suis très fière de « The Symphonic Synergy », car nous avons travaillé dur et ce fut deux concerts magiques. Je suis aussi heureuse qu’il soit disponible en Blue-Ray pour que tout le monde puisse l’apprécier. C’est vraiment un sommet dans notre carrière. Ce sont bien sûr des concerts qu’on aimerait faire plus souvent, mais c’est une énorme organisation pour créer de tels shows. Il y a eu au total 150 personnes, hors et sur scène, à travailler sur ce projet. C’était fou ! (Rires)
– Est-ce que cela reste un objectif important pour un groupe de votre style de pouvoir jouer avec un orchestre symphonique, afin de donner toute sa dimension et son relief à votre musique ?
Oui, c’est exactement ça. On aimerait en faire plus souvent, bien sûr. En 2027, EPICA célèbrera ses 25 ans et nous sommes déjà en train de réfléchir à ce que nous pourrions faire sur scène et offrir à nos fans. Jusqu’à présent, nous avons toujours célébré nos anniversaires avec le groupe, des chœurs et un orchestre. Cette fois, nous regardons les possibilités pour voir ce que nous pourrions produire dans le futur. J’aimerais beaucoup partir en tournée avec un orchestre mais, financièrement, cela coûte vraiment très cher de créer un tel spectacle ! C’est énorme ! (Rires)
L’album d’EPICA, « Aspiral », est disponible chez Nuclear Blast Records.
Photos : Tim Tronckoe
Retrouvez aussi la chronique de l’album « We Still Take You With Us – The Early Years » et celle de l’album solo de Simone Simons, « Vermillion » :
Une rythmique lourde, des riffs où s’entremêlent twin-guitars imposantes aux côtés de solos épiques et un chanteur littéralement possédé par son propos, les recettes de DUN RINGILL font encore des merveilles sur le deuxième volume de la sage entreprise il y a maintenant deux ans. Un projet audacieux, et mené de main de maître par son compositeur et bassiste Patrick Andersson, qui offre au Folk Metal Progressif de « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » un relief inédit et une dimension aussi étrange que singulière.
DUN RINGILL
« 150 – Where The Old Gods Play Act 2 »
(The Sign Records)
Deux ans après un premier acte saisissant, DUN RINGILL nous livre le second et ce « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » est largement à la hauteur des attentes placées en lui. Un changement de batteur plus tard, revoici donc les Suédois qui mettent un terme à cette histoire pour le moins tourmentée. Pour rappel, nous sommes au début du XXème siècle en Ecosse et on suit les manipulations de l’Église par un prêtre aux desseins secrets et malveillants. C’est par le prisme de l’empreinte ecclésiastique sur la population que Lucia, le personnage principal, nous guide dans ses ténébreuses pérégrinations.
Et si le thème est particulièrement obscur, le musique de DUN RINGILL est en parfaite adéquation, tant l’atmosphère dans laquelle il nous plonge a des aspects terrifiants. Même si des sonorités de flûte et de violon laissent entrer par fragments une petite lumière, le Doom Folk vient très vite l’absorber. Les Scandinaves se font les incroyables conteurs de cette effroyable épopée et leur registre, aussi narratif que pesant, n’a aucun mal à captiver. Par ailleurs, la prestation du frontman, Thomas Eriksson, reste l’un des atouts majeurs du disque, grâce à une polyvalence vocale presqu’ensorcelante sur certains morceaux.
Mais ne nous y trompons pas, le style de la formation nordique n’a rien de franchement contemplatif. Celle-ci sait aussi se faire très Heavy (« Dark Clouds Are Rising ») et surtout progressive comme sur les monumentaux « The Robe & Crown », « My Father » et surtout le génial « Lucias Monologue Part 1 & 2 » et ses presque dix minutes. DUN RINGILL parvient avec ce second volet à nous faire oublier les ombres de Skyclad et de Manilla Road présentes sur le premier. « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » délivre exactement la fraîcheur d’écriture et la puissance musicale attendues. Un concept-album magistral !
Dans un Progressive Metal oscillant entre Thrash et Heavy, SACROSANCT effectue un retour musclé et accrocheur. Même si la création et la finalisation de « Kidron » n’ont pas été des plus simples pour la multinationale métallique, le résultat est là et l’ensemble fait plus que tenir la route. Au côté de l’ancien six-cordiste de Pestilence, un nouveau frontman (et bassiste) vient assoir un peu plus les velléités du combo à s’imposer sur la scène actuelle, grâce aussi à des musiciens percutants et expérimentés.
SACROSANCT
« Kidron »
(Reigning Phoenix Music/ROAR)
Parcours assez atypique que celui de SACROSANCT. Alors que ses débuts étaient franchement prometteurs avec trois albums sortis coup sur coup au début des années 90 (« Truth Is – What Is », « Recesses For The Depraved » et « Tragic Intense »), le break a lieu en 1994 jusqu’à la résurrection en 2017, toujours sous l’impulsion de son guitariste Randy Meinhard (ex-Pestilence). Des influences Thrash du départ, il ne reste que quelques brides dans les riffs, le groupe ayant opté pour un Metal Progressif tirant surtout sur le Heavy.
Et avant de parvenir à « Kidron » dans sa forme actuelle, d’autres péripéties ont secoué le quatuor. En 2021 et en plein Covid, le chanteur Ron Brouwer quitte le navire et Max Morton, tout d’abord pressenti dans le rôle de bassiste, qu’il assume par ailleurs, s’empare finalement du micro. Et la nature fait plutôt bien les choses, car l’Ukrainien se trouve être l’homme de la situation. A l’écoute de sa prestation sur ce cinquième opus, SACROSANCT y gagne au change, puisque le frontman a même réenregistré tous les morceaux.
Entre l’Allemagne, la Hollande et l’Ukraine, la formation européenne prend donc un nouvel élan et « Kidron » s’affiche peut-être comme le plus convaincant, si ce n’est le meilleur, enregistrement du groupe. A noter aussi que le parolier Per Albinsson (Therion, Jaded Heart, Lord Belial) a réécrit tous les textes chantés par Morton. Un travail d’orfèvre réalisé également très rapidement. SACROSANCT est donc sur de très bons rails et la vélocité, l’impact et les mélodies de ce nouvel effort montrent beaucoup de force et de sérénité.
Dans une atmosphère gothique et fantomatique, DEATHLESS LEGACY pousse la fascination du genre à son paroxysme, grâce à un Heavy Metal solide, parfois lugubre et sexy aussi, dont la force se déploie de manière assez triomphale sur ce « Damnatio Aeterna » très bien mené. Sa frontwoman Steva est au sommet, portée par des compositions taillées sur mesure dans un style très maîtrisé. Les transalpins avancent dans un tumulte explosif et diaboliquement addictif.
DEATHLESS LEGACY
« Damnatio Aeterna »
(Scarlet Records)
En l’espace d’un peu plus d’une décennie, DEATHLESS LEGACY est devenu incontournable dans le registre de l’Horror Metal, qu’il contribue à revigorer quelque peu malgré l’omniprésence de formations qui tiennent plus de la comédie musicale que du Heavy à proprement parler. Bref, les Italiens sont de retour et livrent un digne successeur à « Mater Larvarum », qui montrait déjà de très belles choses. Trois ans plus tard, c’est même presqu’une suite qu’ils nous proposent à travers un concept-album musclé et baroque.
Toujours très théâtral dans le propos, et cette nouvelle histoire du petit démon Malchrum en proie aux volontés de Lucifer le confirme, DEATHLESS LEGACY se détache plus nettement des influences de Death SS et de King Diamond surtout, qui leur collent à la peau depuis leurs débuts. « Damnatio Aeterna » se veut original, entraînant et convaincant sur bien des points, de même que le livre qui l’accompagne. La signature du groupe reste aussi ténébreuse que provocante et ce nouvel opus nous promet encore une fois l’enfer.
En ouvrant avec le morceau-titre, le sextet affirme une belle puissance et la noirceur qui s’en dégage annonce une suite effrayante… et terriblement Heavy. Au chant, Steva montre beaucoup d’autorité grâce à une voix pleine de gravité et qui porte aussi les mélodies avec caractère et charisme. Entre passages symphoniques, moments très Dark et une assise Metal irrésistible, DEATHLESS LEGACY est aussi dynamique que macabre (« Get On Your Knees », « Oblivion », « Sanctified », « Nightshade », « Mother Of God »). Captivant !
Depuis ses débuts il y a 20 ans maintenant, HANGMAN’S CHAIR ne cesse d’évoluer, même si un lien persiste toujours entre ses albums. Du Sludge brutal au Doom très pesant, le groupe prolonge son aventure dans un post-Metal aux déflagrations Hard-Core avec un aspect Cold Wave et gothique plus prononcé aujourd’hui. Pour autant, la patte est toujours là, elle se peaufine et suit les envies et les inspirations de son binôme créatif, composé de Julien Chanut (guitare) et de Medhi Birouk Thépegnier (batterie). Sur ce septième opus, le quatuor français explore encore et toujours des sonorités qui collent à des textes emplis de mélancolie. Contraction de ‘Sadness’ et ‘addiction’, « Saddiction » s’inscrit dans un voyage musical très immersif, narratif aussi et surtout très captivant. Entretien avec un batteur passionné et très investi dans un projet, dont la vision se projette dorénavant sur le long terme.
– Il y a un peu plus de deux ans, vous sortiez « A Loner », premier chapitre d’une trilogie. « Saddiction » est donc sa suite. Est-ce qu’à l’époque, vous travailliez déjà sur ce nouvel album ?
Pour être sincère et transparent avec toi, cette histoire de trilogie est sortie de la tête de Julien lors d’une conversation qu’on a eu avec la personne qui nous a fait la bio du dernier album. J’ai trouvé ça intéressant même s’il a son point de vue et que j’ai le mien. Je trouve ça bien, parce que ça permet aussi de ranger un peu notre chambre. Quand on parle de trilogie, ça veut dire que c’est le second volet et qu’il va y en avoir un troisième, alors que je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain. C’est donc assez étrange de parler comme ça comme d’un concept établi. Cela dit, ça permet aussi de voir un peu où on en est. Je comprends bien l’idée de Julien, car il a essayé de classer un peu notre style et notre concept musical au sein de HANGMAN’S CHAIR par rapport à nos albums. Et donc, ça se tient, bien sûr. C’est vrai qu’on avait ouvert une nouvelle ère avec « A Loner ». C’est un épisode, avec le confinement aussi, où l’on a eu envie d’explorer plus en profondeur le côté Cold Wave. Et « Saddiction » est arrivé à point nommé dans le sens où on a continué cette exploration. Je comprends bien l’idée de la trilogie, car je suis à un âge où je passe à un autre concept moi-même dans ma tête et dans ma vie. J’ai aussi quitté Paris avec toute la tension et la folie qu’il y a autour du groupe. J’aime donc l’idée de cette nouvelle ère avec cette trilogie. C’est surtout une manière de voir les choses, en fait. Il a son idée par rapport au son, tandis que je le vois plus comme une étape de vie.
– Il n’y a pas vraiment de règles chez les artistes qui sortent des trilogies, mais concernant HANGMAN’S CHAIR, est-ce que vous voyez la trame des trois albums, ou est-ce que les idées émergent au fur et à mesure ?
Oui, je l’entends, je le vois venir. Pour le moment, je suis dans un cycle d’attente pour l’écriture et l’enregistrement et puis, nous sommes en pleine promo aussi. Je suis dans une phase de digestion par rapport à ce nouvel album. Après, c’est différent pour chaque groupe, mais en ce qui nous concerne, on met énormément de cœur à l’ouvrage. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de sacrifices aussi. Tu sais, on se connaît avec Julien depuis nos 13 ans. Il y a une espèce de vie de couple, dans laquelle il faut gérer le côté humain et le côté professionnel avec tout le groupe. Il y a toujours eu des hauts et des bas dans les émotions et on retranscrit tout ça dans la musique, que ce soit des épreuves, des déceptions, des pertes… C’est la vie de tous les jours en fait. Et cela peut être parfois un peu lourd. J’ai un peu de mal à avoir une vision du futur, puisqu’on parle de cette trilogie. Et là, nous sommes au moment de la sortie de l’album, ce qui est toujours assez exceptionnel, même si les retours sont très bons dans les médias. J’attends maintenant ceux des auditeurs, qui sont une étape ultra-importante. Pour l’instant, je suis un peu en eaux troubles… ! (Rires)
– Je comprends très bien cette impression de vertige. Mais sur une trilogie comme celle-ci, on se lance tout de même dans une aventure sur le long terme, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas ne pas faire le troisième…
Exactement ! Ça veut dire qu’il y a quelque chose de prédéfini ou de préparé. Mais sincèrement, je ne sais ce que demain nous réserve. C’est aussi pour ça que cette trilogie m’intéresse, même si j’ai du mal à intégrer l’idée pour l’instant. Julien a un rapport à l’écriture et je le comprends bien. Cela dit, il y a une globalité qui est assez effrayante. C’est le temps qui décide un peu de tout ça, par rapport à nos vies, et notre musique en est le reflet. Et avec tout ce que j’ai injecté de ma vie dans ce nouvel album, je suis vidé.
– Avant de parler du contenu de « Saddiction », j’aimerais qu’on parle de la production. Une trilogie s’étale environ sur 6/8 ans et vu les avancées technologiques actuelles, tout peut aller très vite, sans même parler d’IA. Vous vous êtes-vous posé des limites pour que ces trois albums gardent une unité sonore ?
C’est une bonne question car, pour moi et avec un peu de recul, les choses se sont faites assez naturellement sur les deux derniers albums. On ne se pose aucune limite, car ce serait grave quand même. En revanche, cela nous arrive de ne pas être d’accord et de mettre nos idées en opposition, bien sûr. Il y a toujours débat, mais il y a des choses assez naturelles au niveau de la composition. Avec tout ce qu’il s’est passé pour « A Loner », la signature avec Nuclear Blast, une visibilité augmentée, beaucoup de concerts car on n’a jamais autant joué de toute notre vie, on a senti avec Julien le besoin de prendre du temps pour digérer tout ça. Et finalement, cette espèce de schizophrénie nous a poussés à composer directement. On a été très inspiré, chacun de notre côté. Et comme j’ai déménagé au bord de la mer, je suis arrivé avec des morceaux plus lumineux et il y a eu un frein de la part de Julien, car il n’arrivait pas à entrer dans le truc. Il a fallu que je me réadapte, que je revois ma copie. Donc, tu vois, notre musique dépend de tout ça, de tous ces paramètres personnels dans nos vies. En fait, on ne se met pas de frein, mais il nous arrive de nous recadrer, de rester sur une espèce de ligne directrice en laissant aussi de la marge à la création et à l’exploration. C’est magique en tout cas de pouvoir écrire comme ça. Je touche du bois, car on arrive encore à être inspiré par la vie qui passe et tout ce qu’il peut y avoir autour. Et de tout ça, c’est vraiment génial d’en sortir des mélodies !
– En revanche, musicalement, l’évolution de HANGMAN’S CHAIR est nette, et pas seulement depuis « Saddiction » ou « A Loner ». Les influences gothiques et Cold Wave sont manifestes. Est-ce pour mieux coller au propos de l’album, ou c’est plus largement une direction que vous entendez tenir à l’avenir ? Parce qu’on est quand même très loin du Sludge de vos débuts…
Clairement ! On a commencé en 2005 avec HANGMAN’S CHAIR et je pense qu’à ce moment-là, on était très à fond dans la veine du groupe qu’on avait avant et qui était plus Hard-Core et Metal, tirant même sur le Doom et le Sludge de la Nouvelle Orleans. On écoutait énormément Pentagram, Saint Vitus, etc… C’est vrai que cela a dépeint sur nous et HANGMAN’S CHAIR est arrivé juste après. Sur nos deux premiers albums, on était complètement dans l’exploration. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai un peu de mal à réécouter ces disques, car on s’y perd un peu nous-mêmes. Mais c’est assez touchant, car ce sont nos débuts aussi. Je pense que c’est avec « Hope / / / Dope / / / Rop » (2012 – NDR) que la bascule a eu lieu. Il a été déclencheur pour la suite. Après, l’important est de rester naviguer, car ça reste de la musique et c’est vraiment là que je me sens le mieux. J’ai aussi l’impression qu’on arrivait bien à digérer tout ce qu’on écoutait et c’était très varié. Ca pouvait aller de Depeche Mode aux Cure, mais aussi à la scène Hard-Core new-yorkaise qu’on a beaucoup écoutée avec les Cro-Mags, Bad Brains, etc… Ensuite, certaines choses sont revenues sur des bases qu’on aime. Dernièrement, on a peut-être écouté plus de choses Cold, post-Punk, New-Wave et gothiques. Ce sont des ambiances qu’on arrive à bien manier et dans lesquelles on sait combiner plusieurs ambiances. Julien arrive le plus souvent avec des morceaux froids et assez agressifs, tandis que les miens sont peut-être plus mélancoliques, mélodiques avec des arpèges et des effets. Et c’est ce mix des deux qui fait la couleur de l’album, sa lumière. C’est toute la magie de notre binôme.
– Comme sur « A Loner », il y a un gros travail sur les tessitures sonores et les atmosphères. Pourtant, vous restez percutants. L’ambiance post- Metal/Rock domine toujours avec un petit côté Doom sous-jacent. L’idée d’entretenir le Sludge de vos débuts est définitivement passée ?
C’est vrai que sur « A Loner » et avec tous les concerts qu’on a donné ensuite, on est peut-être allé plus loin dans le côté post-Rock et le gothique parfois. On a beaucoup travaillé le traitement du son et des tessitures. Avec « Saddiction », ce qu’on a fait naturellement, c’est peut-être retrouver ce côté doomy et Sludge de nos débuts. Ca se mélange aussi beaucoup mieux, c’est plus digeste. Le travail sur ce dernier album a aussi été de réintégrer les sons de nos premiers amours et que ce soit harmonieux. Et j’ai l’impression que ça a débouché sur le deuxième volet de cette… trilogie ! (Rires) Il y a un équilibre plus évident avec des chansons plus courtes aussi et qui sont un peu le résultat de la tournée précédente. L’envie a été d’aller droit au but sur certaines choses.
– Parlons un peu des vidéos, qui ont aussi beaucoup d’importance chez HANGMAN’S CHAIR. Sur « Cold & Distant » (extrait de « A Loner »), Béatrice Dalle faisait partie de l’aventure et cette fois sur « Kowloon Light », il y a clairement une référence au « Into The Void » de Gaspard Noe…
« Into The Void » est clairement une référence, c’est vrai, et nous sommes très fans de l’œuvre de Gaspard Noe. On a adoré ce film car, esthétiquement, il est incroyable. Il a été hyper-loin dans la photo. On n’a pas non plus voulu aller volontairement dans ce sens, mais les gens avec qui on travaille savent qu’on aime ce genre-là et que nous sommes très friands du travail de Gaspard Noe. C’est super en tout cas que tu l’aies ressenti, car c’est une grosse influence. Et puis, il y a aussi un côté cinématique chez HANGMAN’S CHAIR, parce que ça nous a toujours fait vibrer. Il y a des liens très proches avec la vidéo et la photo, c’est certain. On se rapproche de certains univers comme celui de Lynch, par exemple. J’adore les vidéos qui subliment un morceau et j’adore les musiques qui subliment les images. C’est très lié.
– Avec un album aussi conceptuel et les clips qui sont réalisés, on imagine que vous allez aussi soigner la scénographie de vos concerts à venir. De quelle manière travaillez-vous cet aspect au sein du groupe ?
On travaille avec des techniciens qui nous apportent énormément de conseils. Il faut savoir aussi que nous sommes un groupe avec un certain statut, c’est vrai, mais pas illimité. On a un agent qui travaille très bien, qui nous trouvent les dates et les budgets, donc il faut toujours aussi voir l’aspect financier et ce que l’on peut faire, ou pas. Et puis, on fait aussi une musique qui est très terre-à-terre et j’adore aussi les groupes qui n’ont pas forcément de scénographie particulière. On essaie de faire ce que l’on peut et d’améliorer à chaque fois nos concerts de ce côté-là et on a la chance d’avoir une belle équipe qui s’occupe très bien de la création en habillant la musique du mieux possible. On a déjà intégré de la vidéo sur nos concerts par le passé, mais budgétairement, c’était très compliqué. Ensuite, il y a le risque de décrochage du public avec trop d’infos d’un coup. Après, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez d’autres groupes, où la musique s’y prête peut-être plus. Pour l’instant, je préfère de l’habillage d’éclairage. Il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas non plus se cacher derrière une scénographie, malgré l’air du temps où le public attend de gros shows.
– Justement, comment allez-vous organiser votre setlist ? Car, au-delà des deux derniers albums, il y a les cinq précédents ?
Ce n’est jamais évident chez HANGMAN’S CHAIR de construire un set avec la longueur des morceaux, car on joue une heure et quart/une heure et demi et même 45 minutes en festival. C’est vrai qu’à la sortie d’un album, on a envie de le jouer, même en partie, car il y a de la nouveauté à présenter. Maintenant, 2025 est une année un peu particulière, car on fête les 20 ans du groupe, donc on a envie de jouer d’anciens titres aussi. On veut en intégrer certains qu’on n’a pas joués depuis très longtemps, en ajoutant certains arrangements pour les fondre dans le set. On y travaille ! (Sourires)
– Pour conclure, est-ce vous travaillez déjà sur le chapitre final ? Ou alors, allez-vous faire une pause pour vous concentrer exclusivement à la scène ?
(Rires) J’ai des morceaux ! En fait, je compose constamment, dès que je peux. Ce n’est pas ciblé, mais j’ai des choses. J’essaie de me mettre sur mes machines le plus possible, mais il n’y a rien de défini. C’est un peu ce qu’on se disait au début de l’interview… (Sourires) Et j’ai aussi besoin de voir où « Saddiction » va nous mener et à quelle sauce on va être mangé ! (Rires)
Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, « Saddiction », est disponible chez Nuclear Blast.
Photos : Andy Julia
Retrouvez également l’interview du groupe au moment de la sortie de « A Loner » :
Toujours aussi narrative, la musique de SERPENTYNE est plus imaginative que jamais. Entre contes de fée horrifiques et sombres fables obsédantes, « Tales From The Dark » se meut dans une noirceur captivante, d’où jaillit la voix envoûtante de sa frontwoman qui semble parfois passer d’un cauchemar à l’autre avec une ténébreuse fluidité. Les Britanniques n’ont jamais été aussi sûrs de leur force et cela s’entend. L’ensemble est vif et palpitant.
SERPENTYNE
« Tales From The Dark »
(Rockshots Records)
Depuis son premier effort en 2010, SERPENTYNE est l’un des rares groupes de Metal Symphonique de son pays à s’être hissé au rang des meilleures formations européennes. En effet, les Londoniens ont de quoi de sentir seuls sur leur île à évoluer dans un tel registre. Pour autant, album après album, leur jeu s’affine et se renforce dans un univers original où la mythologie côtoie le médiéval avec une touche Folk et dans un esprit fantastique. Et avec « Tales From The Dark », le niveau montre encore d’un cran.
Six ans après « Angels Of The Night » et un changement de batteur, SERPENTYNE se montre toujours aussi solide. Assez loin des stéréotypes du genre, il évite soigneusement les écueils souvent pompeux pour livrer un Metal, certes symphonique, mais très Heavy, bardé de grosses guitares, d’une rythmique massive, de claviers assez discrets et surtout de la voix toujours aussi cristalline de Maggiebeth Sand. La chanteuse possède une large palette vocale et guide littéralement « Tales From the Dark ».
Ce sixième opus est aussi remarquablement produit et le son très organique à l’œuvre met en évidence les instruments dans un équilibre parfait. Et c’est cette atmosphère très brute qui apporte une belle respiration à « Tales From The Dark ». SERPENTYNE joue également sur la variété des ambiances, passant de moments très puissants et très Metal à d’autres presque gothiques et plus légers et cinématiques (« Phophetess Of Dreams », « Ghost Of Time Past », « Dreamer », « March Of Death »). Une belle inspiration.
Depuis les terres de Calédonie, l’ancien nom des territoires britanniques au nord du mur d’Adrien, Andy Marshall fait revivre une Ecosse reculée, perdue dans les brumes d’un héritage culturel conséquent et éternel. Entre le sacré et l’Histoire surgit le Black Metal atmosphérique de SAOR se parant d’attributs folks, celtes et pagan pour relater des fables épiques et transcendantales. « Amidst The Ruins » lance un appel au réveil au cœur des collines des Highlands. Un voyage hypnotique pour certains, initiatique pour d’autres…
SAOR
« Amidst The Ruins »
(Season Of Mist)
C’est au sein d’une Ecosse ancestrale que SAOR a bâti son Black Metal atmosphérique aux sonorités Folk et Pagan et ce sixième effort s’inscrit plus profondément encore dans un univers rugueux, d’où se détachent des mélodies envoûtantes. Andy Marshall, vocaliste et multi-instrumentiste, s’est donné cette fois des moyens plus conséquents pour faire ressortir l’âme celtique et gaélique d’« Amidst The Ruins ». Ici, la production est solide et le mastering signé Tony Lindgren apporte cette touche d’authenticité, qui manque trop souvent au registre.
Car pour s’enfoncer de manière aussi immersive dans la culture et la tradition écossaise, il faut pouvoir la ressentir bien au-delà du maelstrom métallique dissonant habituel. L’ensemble doit être palpable et organique, ce que SAOR est parvenu à réaliser. Car, ici, c’est audible ! Pour autant, le successeur d’« Origins » n’est pas l’œuvre d’une one-man-band et le premier indice vient du son de la batterie de l’Espagnol Carlos Vivas, qui fait bien plus que marteler mécaniquement, en offrant souvent la direction à suivre avec des variations parfois étonnantes.
Déployé sur une heure, « Amidst The Ruins » ne compte que cinq morceaux, une belle affirmation des intentions du musicien à guider l’auditeur au cœur de ces paysages musicaux, qui deviennent de plus en plus vivants au fil des minutes. Dans cette nébulosité, ce sont les guest qui portent le flambeau d’une certaine luminosité comme la voix, le violon et l’uilleann pipe d’Ella Zlotos, le scintillant violoncelle de Jo Quail et les cordes d’Angela Moya Serrat, Miguel Izquierdo et Samuel C. Ledesma. SAOR pose de la modernité sur des thèmes lointains avec percussion.
C’est en montrant beaucoup de caractère que les Scandinaves font un retour fracassant six ans après « Panoptical », qui leur avait valu une belle reconnaissance. Un changement de label et une direction musicale qui sonne plus européenne plus tard, et revoici DAYS OF JUPITER renforcé dans ses certitudes et affichant avec « The World Was Nerver Enough » une belle force de frappe. Sans négliger une identité artistique basée sur les émotions, le combo nordique se montre vif et solide sur un disque dense et très soigné.
DAYS OF JUPITER
« The World Was Never Enough »
(Reigning Phoenix Music)
En 15 ans d’existence, DAYS OF JUPITER peut se targuer de mener un parcours sans faute et qui mériterait même une reconnaissance à l’international plus conséquente. Depuis « Secrets Brought To Life », son premier opus sorti en 2012, le groupe a fait évoluer son Hard Rock moderne vers un Alternative Metal très actuel et pêchu. Pour son cinquième album, il a confié la production à Peo Hedin, lequel a réalisé un travail précis pour mettre en valeur des compositions abouties qui naviguent dans des ambiances variées.
Comme souvent, les Suédois soufflent le chaud et le froid entre titres puissants et massifs et ballades plus mélancoliques. DAYS OF JUPITER parvient à maintenir l’équilibre et donne surtout une forte impression de vélocité. Très en verve, les deux guitaristes donnent le ton sur des riffs racés et tranchants et apportent beaucoup d’explosivité aux morceaux (« Original Sin », « Machine »). L’énergie brute qui se dégage de « The World Was Never Enough » doit énormément à leur complicité et leur talent.
Egalement irréprochable, la rythmique prend littéralement d’assaut des nouveaux morceaux et donne encore un peu plus d’envergure à l’ensemble. De son côté, Jan Hilli offre une prestation vocale implacable. Accrocheur et fédérateur, DAYS OF JUPITER ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui devrait se sentir prochainement sur scène. Intense, ce cinquième effort est aussi technique qu’entêtant et aussi Metal que Rock (« The Fix », « Parazite », « My Heaven My Hell », « Ignite » et le morceau-titre). Enthousiasmant !
Très respecté pour son style d’écriture, ainsi que pour un jeu de basse très identifiable, MARKO HIETALA, qui avait pourtant annoncé son retrait, semble avoir retrouvé de l’envie et surtout de l’inspiration. A la tête d’un quatuor uni et chevronné, il donne vie à « Roses From The Deep », un disque très bien réalisé où le songwriting se révèle toujours aussi authentique dans des registres qui, malgré leurs différences, se retrouvent dans un même élan pour éclairer le monde musical de ce musicien hors-norme, dont la performance est toujours aussi saisissante. Un deuxième effort solo remarquable et captivant.
MARKO HIETALA
« Roses From The Deep »
(Nuclear Blast Records)
La réputation de MARKO HIETALA n’est plus à faire, ni son talent à démontrer. L’ancien bassiste et co-chanteur de Nightwish fait son retour en solo pour donner suite à « Pyre Of The Black Heart » (2020). L’homme aux multiples projets (Tarot, Northern Kings et de très nombreuses collaborations comme avec Delain, Ayreon ou Avantasia) livre l’album qu’on attendait un peu de lui, à savoir une production où s’entremêlent les genres, passant d’un Metal mélodique souvent Hard et parfois Symphonique, à de la Folk ou du Prog. On sait l’étendue stylistique du musicien particulièrement vaste et il en use avec beaucoup d’habileté.
Et on ne met bien longtemps à retrouver l’univers artistique du Finlandais. Parfaitement accompagné de Tuomas Wäinolä (guitare), Anssi Nykänen (batterie) et Vili Ollila (claviers), le line-up a de l’allure, conjugue expérience et jeunesse et débouche sur un « Roses From The Deep » fluide et équilibré. MARKO HIETALA tient solidement les rênes et déploie des compositions créatives et efficaces. Entre orchestrations généreuses et arrangements subtils, ces nouveaux titres montrent une belle énergie, beaucoup de sincérité et un savoir-faire imparable.
Dès l’entraînant « Frankenstein’s Wife » qui ouvre les festivités, suivi de « Left On Mars » en compagnie de sa complice de toujours, l’ex-chanteuse de Nightwish Tarja Turunen, le Scandinave semble vouloir rassurer ses fans les plus ‘métalliques’ et « Proud Whore » va aussi dans ce sens. Histoire d’ajouter encore un peu de piquant, Juha-Pekka Leppäluoto de Northern Kings, se livre à un véritable exercice de style sur « Two Soldiers », marquant un certain basculement pour la suite. Puis, MARKO HIETALA régale avec le long « Dragon Must Die » ou le très accrocheur « Impatient Zero », et aussi « Tammikuu » chanté en Finnois.