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Hard 70's Rock 70's

Greta Van Fleet : near death experience

Avec son deuxième opus, GRETA VAN FLEET avait confirmé tout le bien qu’on pensait de lui avec des titres où l’on distinguait enfin son style et sa personnalité. Mais s’il faut toujours garder un œil dans le rétro, regarder la route reste indispensable. Et c’est malheureusement cet élément pourtant fondamental qui fait aujourd’hui défaut aux jeunes musiciens. Cela dit, « Starcatcher » est un bon album si l’on parvient à faire vraiment abstraction de cette nostalgie finalement très encombrante.

GRETA VAN FLEET

« Starcatcher »

(Lava Records/Republic)

Quand quatre gars du Michigan tombent sous le charme du Rock et des pionniers du Hard Rock anglais, cela donne GRETA VAN FLEET. Si depuis quelques années, on assiste à un grand revival du genre, certains poussent le bouchon toujours un peu plus loin. C’est le cas avec le quatuor dont le troisième album vient taper et puiser très largement dans le style et le son de ses aînés. Pourtant, « The Battle At Garden’s Gate », sorti en 2021, avait participé habillement à les différencier d’un certain groupe londonien devenu presque obsédant pour les Américains, et de fait, un peu lassant pour nous.

La fratrie Kiszka (Josh, Jack et Sam), accompagnée de Danny Wagner à la batterie, avait enfin trouvé sa patte précédemment, et « Starcatcher » continue de jouer habillement sur les émotions, grâce notamment à son chanteur encore très solaire. Seulement, on a beau prendre ce nouvel opus dans tous les sens, l’ombre du grand Led Zeppelin vient tellement obscurcir les compositions que GRETA VAN FLEET ne trouve finalement jamais la lumière. La justesse des morceaux ne se suffit pas à elle-même, la créativité reste l’essentiel d’un disque.

Produit par Dave Cobb à Nashville, « Starcatcher » montre une formation en pleine évolution depuis son premier EP, « Black Smoke Rising », c’est indéniable et on ne remettra pas en cause non plus sa qualité d’interprétation et même d’écriture. Cela dit, je suis sûrement trop exigeant, mais j’aurais tellement aimé écouter autre chose que du Led Zep en conserve. Cependant, il subsiste des instants de grâce comme sur « Fate Of The Faithful », « The Falling Sky », « Sacred The Thread », « The Archer » et « Meeting The Master». GRETA VAN FLEET pourra-t-il surprendre à nouveau un jour ?

Photo : Neil Krug
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Southern Rock

Duane Betts : southern legacy

Chez certains artistes, l’héritage familial peut avoir un effet pesant et paralysant. Il n’en est rien pour DUANE BETTS à qui cela aurait plutôt tendance à donner des ailes et de l’inspiration. Avec « Wild & Precious Life », il s’affirme dans un registre qu’il maîtrise à la perfection et qu’il contribue de belle manière à entretenir. Le songwriter a grandi au son du Southern Rock paternel et il livre ses compositions avec le plus grand des naturels.

DUANE BETTS

« Wild & Precious Life »

(Royal Potato Family)

Fils de l’immense Dickey Betts, co-fondateur du légendaire Allman Brothers Band, DUANE BETTS affiche aujourd’hui un très beau début de carrière. Après avoir joué avec Blackbone69 et Whitestarr, il a monté le Allman Betts Band avec Devon, fils de l’autre fondateur et le duo a sorti deux brillants albums, « Down To The River » et « Bless Your Heart ». En 2018, le guitariste avait sorti un EP, « Sketches Of American Music », et il est aujourd’hui de retour avec un premier long format.

C’est justement entouré des musiciens du Allman Betts Band, Johnny Stachela à la guitare, Berry Duane Oakley à la basse, le claviériste John Ginty et avec le batteur Tyler Greenwall en complément, que DUANE BETTS a enregistré « Wild & Precious Life ». Et, par ailleurs, le tout a été élaboré et mis sur bande au Swamp Raga Studio de Derek Trucks et Susan Tedeschi à Jacksonville en Floride. Les conditions étaient donc idéales et réunies pour réaliser un pur et bel album de Southern Rock.

L’Américain enchaîne les morceaux positifs et ensoleillés, où les twin-guitares sont légions et rayonnent. La slide se fond dans des refrains entêtants et DUANE BETTS réserve encore quelques surprises. La chanteuse Nicki Bluhm apparait pour un instant Country sur « Colors Fade », Derek Trucks livre un beau solo sur « Store At The Sun » et Marcus King rivalise d’audace sur « Cold Dark World ». Et on retiendra aussi « Evergreen », « Waiting For A Song » et le génial « Saints To Sinners ». Une belle respiration !

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Heavy Rock Stoner/Desert

Plainride : rockin’ western

Révélation de la scène underground allemande grâce à un style original et débridé, PLAINRIDE nous régale avec son nouvel opus. Max Rebel (chant, guitare),  Florian Schlenker (batterie) et Bob Vogston (guitare), qui a aussi réalisé et produit « Plainride », se montrent particulièrement créatifs et leur Heavy Rock traverse les genres avec une énergie très communicative.

PLAINRIDE

« Plainride »

(Ripple Music)

Sorti fin avril, PLAINRIDE a à peine eu le temps de profiter pleinement de la parution de son nouvel album, puisqu’il a enchainé sur une tournée européenne en support de Corrosion Of Conformity. Un baptême du feu majestueux pour célébrer cette troisième réalisation éponyme, qui doit d’ailleurs prendre un relief saisissant sur scène. Pour l’heure, qu’en est-il de « Plainride » et de ses dix morceaux (dont un interlude très bien vu) ?

Originaires de Cologne, les Allemands ont signé chez Ripple en 2016, qui a aussitôt réédité leur premier effort, « Return Of Jackalope », avant de sortir « Life On Ares » deux ans plus tard. Et la suite de l’opération séduction du trio s’est tenue sur scène, où le combo livre des prestations percutantes. Et à en juger par cette nouvelle galette, il n’y a rien de très surprenant, tant le Heavy Rock de PLAINRIDE est inventif.

Autour d’un batteur et deux guitaristes, le trio a ouvert ses portes en grand et a invité beaucoup de monde à la fête pour y jouer des cuivres, de l’orgue, du thérémine, de l’harmonica, du piano et des percussions. L’ensemble est donc très riche et le Heavy Rock de PLAINRIDE emprunte autant au Stoner et à la Funk qu’au Desert Rock et au Fuzz. Un large panel qui brille entre autres sur « Shepherd » et « The Lilies ». Réjouissant !

Photo : Jacek Wesolowski
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Desert Rock post-Rock Psych

Yawning Balch : le son du désert

Joshua Tree a déjà été le théâtre de belles réalisations musicales et l’expérience menée par le groupe Yawning Man accompagné de Bob Balch, guitariste de Fu Manchu, vient contribuer au mythe existant. Le Desert Psych Rock du quatuor atteint des sommets et dépasse de loin le simple exercice de jam. YAWNING BALCH vise les étoiles !

YAWNING BALCH

« Volume One »

(Heavy Psych Sounds Records)

Convié en novembre dernier par les membres de Yawning Man à une jam d’une journée à Joshua Tree, Bob Balch ne s’attendait sans doute pas à ce qui allait suivre. Le musicien de Fu Manchu et de Big Scenic Nowhere s’est laissé embarquer par le trio pour une session de cinq heures ! Le choc des légendes a eu lieu et YAWNING BALCH a vu le jour. Et voici le « Volume One » de leur aventure aérienne et captivante.

C’est donc en plein désert de Californie que le quatuor s’est mis en ordre de marche pour un trip incroyable, où ces pionniers et vétérans de la scène Desert Rock ont laissé libre-court à leur vivace créativité. A la guitare et aux claviers, Bob Balch trouve les yeux fermés Gary Arce (guitare), Billy Cordell (basse) et Bill Stinson (batterie) et pourtant, au départ, aucun des musiciens ne s’étaient concertés sur le déroulé de YAWNING BALCH.

Rompu à l’exercice, Yawning Man s’est déjà joint aux Anglais de Sons Of Alpha Centauri avec qui ils ont sortis deux albums sous le nom de Yawning Sons. Les Américains sont même passés maîtres en matière d’improvisation. Autour d’un Desert Rock immersif, instrumental et psychédélique, YAWNING BALCH s’évade aussi dans des sphères post-Rock lumineuses. Avec ces trois premiers (très) longs morceaux, on salive déjà à l’idée d’écouter la suite.

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Bluesy Rock Country France

Bernie Bonvoisin : les ponts plutôt que les murs [Interview]

En observateur avisé de notre société et animé par une curiosité qui ne le quitte jamais, BERNIE BONVOISIN se livre en solo avec un cinquième album que l’on n’attendait pas forcément si tôt. Moins d’un an après « Propaganda » de Trust, c’est dans un registre très différent, mariant sa culture Rock au Blues et même par certains aspects à la Country, que le chanteur révèle une facette moins connue que celle affichée avec son groupe. Original, très acoustique et toujours guidé par des textes affinés et affûtés, « Amo Et Odi » offre des couleurs inattendues et attachantes. Entretien avec le mythique frontman français.

– Ton nouvel album sort tout juste neuf mois après « Propaganda » de Trust, ce qui est très court. Les morceaux étaient déjà en boîte et les textes écrits, ou est-ce que tout s’est fait rapidement ? On te sait très créatif quand tu entres en studio et tu aimes aussi enregistrer en condition live…

Tout s’est fait dans la foulée. On est entré en studio presque sans rien. On avait préparé plusieurs choses chez moi, où on avait énormément travaillé en acoustique.

– Qu’est-ce qui t’a motivé à retourner aussi rapidement en studio ? C’est assez rare de voir quelqu’un sortir deux albums en moins d’un an, où alors c’est l’envie de vite retrouver la scène qui t’y a poussé ?

On me l’a proposé et j’ai accepté, tout simplement. Un album solo est toujours très différent, dans le travail comme dans l’approche. C’est une autre manière de faire les choses.

– Beaucoup de morceaux ont été écrits en studio. Comment as-tu sélectionné les 13 qui composent « Amo Et Odi » ? Est-ce que dans ces cas-là, on pense à l’intégralité du disque et à sa cohérence, ou plutôt aux moments forts ?

On a fait une sélection de 18 morceaux. En fait, on a fait 13 titres sans batterie et cinq autres avec. Oui, on a réfléchi au tracklisting ensemble. C’est un album qui s’est fait assez simplement et avec des gens en qui j’ai pleinement confiance. On a travaillé sereinement, on a cherché des choses. Ca a été une sorte de laboratoire en fait.

– Sur le même sujet, pour ce nouvel album solo, tu te distingues vraiment de ce que tu fais avec Trust, ce qui est très compréhensible. Pourtant, musicalement sur certains titres et surtout au niveau des textes, il y a aussi des similitudes dans l’engagement notamment …

Oui, mon écriture reste mon écriture. Ca se passe surtout dans la manière d’écrire, qui est cette fois plus intime et plus personnelle. Mais l’essence reste la même. Sinon, c’est un aspect des choses sur lequel je ne me penche pas plus que ça. Je sais comment je vais aborder les chansons. Ma source d’inspiration reste la même : je vis dans un monde et une société que j’essaie de comprendre. Je suis traversé par des choses et j’en parle. L’aspect qui est radicalement différent par rapport à Trust, c’est qu’il s’agit d’un album de chansons, plus encore que les quatre autres disques.

– D’ailleurs, ton avant-dernier album solo, « Organic », date de 2010. Ils sont tous très espacés depuis « Couleur Passion » en 1986. Est-ce que tu attends toujours le moment propice, celui de l’inspiration, ou ce sont tes autres activités qui guident un peu les sorties ?

Là, c’était vraiment une question d’opportunité. J’ai reçu un coup de fil un matin pendant la deuxième période Covid. On m’a proposé de faire un album solo, j’ai dit pourquoi pas et nous y sommes. Ca s’est vraiment passé aussi simplement que ça.

– Justement sur le même thème, notre époque incite clairement à la révolte, pour ne pas dire à la révolution, tant les injustices sont grandes et surtout n’épargnent pas grand-monde. J’imagine que cela doit aussi se bousculer dans ta tête au moment de coucher un texte. Tes choix se font sur ce qui te touche le plus et comment te places-tu par rapport à l’urgence de certains sujets ?

Il y a aussi une notion d’instant T. C’est très divers et varié. C’est ce qui est dans l’air, il n’y a pas de thématique appropriée ou de choses dont on peut parler spécifiquement. Une idée est quelque chose de volatile. 

Photo : Frédéric Dugit

– Izo, David Jacob et Jean-Pierre Bucolo et son dobro t’accompagnent et l’ensemble sonne très bluesy en dehors de du très beau piano/voix sur « A S’en Ouvrir Les Veines ». C’est plus facile de travailler avec une équipe restreinte ? Et est-ce cette tonalité était celle que tu avais en tête dès le départ ?

Oui et il y a même des choses Country sur l’album. Jean-Pierre est un ami depuis 1977. On est très proche et c’est un très grand compositeur. Il a apporté une manière différente de travailler, d’aborder les chansons. C’est vraiment une super expérience. Au final, en grande partie sur cet album, c’est la musique que j’écoute. J’ai un spectre d’écoute qui va de La Calas à Led Zeppelin. J’écoute énormément de Country comme du Rap colombien aussi. Je suis basiquement très curieux, comme pour tout dans la vie. Je n’ai jamais été dans une chapelle, je préfère les ponts que les murs. Durant cette période, on s’est beaucoup retrouvé chez moi, on a écouté de la Country, de choses comme ça. C’est pour ça qu’on a fait des morceaux avec juste un dobro et une voix. On a vraiment essayé des choses différentes.

Et c’est aussi plus facile de travailler en équipe restreinte dans la mesure où on n’est pas dans une contrainte de genre. Chacun peut vraiment amener toutes ses idées. Tout est bon à prendre et à essayer. Il y a des morceaux dans cet album qui ont été structurés et déstructurés trois/quatre fois jusqu’au dernier moment. Le morceau « Amy », par exemple, a été fait en cinq minutes, parce que notre ingénieur du son a eu l’intelligence de mettre un micro, lorsque nous avons improvisé le titre. On a fait deux prises et celle qui est sur l’album est la première. J’aime travailler comme ça, et que chacun puisse s’exprimer et exprimer sa différence. C’est essentiel ! C’est ce qui amène des couleurs et des tons différents.

– Un petit mot sur ce panneau qui sera sur scène et où sera indiqué : ‘On ne joue pas « Antisocial »’. Effectivement, il n’a rien à voir avec ton travail en solo, dont acte. J’aimerais juste savoir comment tu arrives à raviver l’envie de le chanter, plus de 40 ans après sa sortie ?

Oui, c’était une joke, parce que c’est quelque chose qu’on me demande à chaque concert. De toute façon, je ne mélange pas les choses. Maintenant, je souhaite à tous les artistes d’avoir une croix comme celle-là à porter.

Photo : Maury Golini

– Justement pour les concerts à venir, l’idée est de faire le focus sur ce nouvel album, ou est-ce que tu joueras également des morceaux de tes autres disques solos ?

Pour le moment, l’idée de travail est de jouer l’album tel qu’il est, c’est-à-dire sans batterie avec une formation où nous serons quatre avec David Jacob, Izo, Jean-Pierre Bucolo et moi-même. Izo va réaliser un gros travail de programmation que l’on va entrecouper avec une session acoustique et avec des anciens titres, bien sûr. En fait, les morceaux des autres albums solos seront abordés de cette manière et viendront s’intégrer au reste. C’est ça aussi qui est intéressant, de prendre juste une guitare acoustique sans autre ajout. On va essayer de monter une setlist pour se faire plaisir et aussi pour contenter les gens qui viendront aux concerts.

– Pour conclure, beaucoup se pose évidemment la question, car on a pu lire tout et n’importe quoi sur le sujet : qu’en est-il de Trust ? L’aventure va-t-elle continuer ?

Je ne sais pas. Quand on s’est reformé en 2016, on était parti pour jouer trois mois et on a joué deux ans et demi. En ce qui concerne « Re-Ci-Div », c’est différent, parce que j’avais eu cette idée en pleine période de pandémie où nous étions bloqués. Ca s’est passé pendant un déjeuner où j’ai soumis l’idée et le directeur du label, qui était là, a trouvé qu’elle était bonne et ça s’est monté comme ça. Mais je ne vois pas la nécessité d’en faire un systématisme pour les autres albums. Pour les trois premiers, c’était réjouissant et rigolo de le faire, c’était un challenge aussi, car on l’a fait en trois jours. En tout cas, l’adapter aux autres, on n’y a pas pensé.

L’album solo de BERNIE BONVOISIN, « Amo Et Odi », est disponible chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/bernie-bonvoisin-la-rage-au-coeur/

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Americana Roots Rock

Deer Tick : une élégance classieuse

De retour avec un album majestueux, DEER TICK de montre d’une remarquable efficacité et d’une fluidité sans faille. Le Roots Rock US de la formation de Providence est d’une créativité qu’elle n’avait jusqu’ici qu’effleuré même si le talent de la formation n’est plus à démontrer. « Emotional Contracts » est aussi authentique que très soigné.

DEER TICK

« Emotional Contracts »

(ATO/Pias)

L’air de rien, cela va déjà faire bientôt 20 ans que le songwriter, chanteur et guitariste John McCauley guide DEER TICK avec une inspiration qui va grandissante. Six ans après leurs deux albums (et non double-album) éponymes, les Américains donnent l’impression d’ouvrir un nouveau chapitre car, cette fois, l’écriture est plus collaborative et les morceaux soigneusement choisis parmi de très nombreuses démos.

Avec comme objectif de se rapprocher du son de ses prestations live, le groupe du Rhode Island s’est rendu dans les studios du gourou du Rock indépendant Dave Fridman (The Flaming Lips, Spoon) et le résultat est saisissant, tant on se sent proche des musiciens. Emprunt de Folk, de Blues et d’un soupçon d’Americana, le Roots Rock US de DEER TICK n’a jamais aussi bien sonné.  

Sur des textes toujours personnels et tourmentés qui résultent des nouvelles collaborations de John MCCauley, la dynamique présente et constante sur « Emotional Contracts » montre que DEER TICK est au sommet de son art. Il parvient à aller à l’essentiel sans pour autant épurer de trop son style (« If I Try To Leave », « Disgrace », « My Ship », « The Red Thing »). Rock, brut et délicat, ce huitième album est d’une énergie communicative.

Photo : CJ Harvey
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Blues Metal Progressif Rock

United Guitars : les cordes sensibles

Mené de main de maître depuis quatre ans et autant d’albums, le vaisseau UNITED GUITARS vogue toujours au rythme des riffs, des solos et des chorus envoûtants de celles et ceux qui viennent se greffer à ce projet au départ un peu fou. Parfaitement produit, comme toujours, « #4 » nous fait parcourir l’univers de cette trentaine de guitaristes et le voyage est encore une fois enchanteur.

UNITED GUITARS

« #4 »

(Mistiroux Productions)

Chez UNITED GUITARS, on ne fait jamais les choses à moitié. Depuis le début de l’aventure en 2019, Ludovic Egraz et sa compagne et productrice Olivia Rivasseau ont livré quatre doubles-albums, dont voici le petit dernier. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pas moins de 33 guitaristes se relaient sur deux bonnes heures de musique, où un grand nombre de styles sont abordés avec classe et une dextérité de chaque instant.

Chaque volume réservant son lot de surprises, « #4 » ne déroge pas à la règle. Et lorsque l’on connait le principe de base d’UNITED GUITARS, celle-ci est de taille. En effet, presqu’érigé en règle immuable, les précédentes réalisations étaient entièrement instrumentales, l’objectif étant de se mettre au service de la six-codes avant tout. Avec « Stay Real », Jessie Lee Houllier s’invite au chant pour un Blues Rock au groove imparable… et à trois guitares !

Tout en finesse et virtuosité, « #4 » nous invite notamment à faire connaissance avec le bluesman Robben Ford, le jeune prodige russe Max Ostro ou encore le Canadien Nick Johnston. Et UNITED GUITARS garde toujours une petite place pour ses habitués dont Yvan Guillevic (Heart Line), Saturax, NeoGeoFanatic ou Youri de Groote, toujours aussi créatifs. Soutenu par une rythmique royale, ces musiciens-là ne manquent vraiment pas de maestria.

Jessie Lee Houllier, LA chanteuse de l’album – Photo : La Chaîne Guitare
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Classic Rock Rock Rock Progressif

Songs For An Angel : une émotion intacte

Tous ses amis n’avaient évidemment pas pu figurer sur le premier « Tribute To Eric Bouillette », alors une deuxième réalisation s’imposait, afin que toutes et tous puissent faire un ultime clin d’œil à leur ami et musicien, dont la générosité et l’amitié manquent. SONGS FOR AN ANGEL n’a rien de larmoyant, même s’il est touchant, et il en ressort une douce sensation exacerbée par le talent des artistes présents.

SONGS FOR AN ANGEL

« Tribute to Eric Bouillette Vol. 2 »

(FTF Music)

Quelques mois après la sortie d’un premier volume très réussi, SONGS FOR AN ANGEL complète avec ce second volet le bel hommage rendu à Eric Bouillette après sa disparition. Là encore, on y retrouve ses complices, compagnons de route et membre d’une famille musicale, qui est décidemment très nombreuse. Assez différent de son prédécesseur, celui-ci s’inscrit dans un style qui ressemble beaucoup plus aux dernières inspirations et créations du Niçois.

Cette fois encore, c’est cet élan spontané et très sensible qui donne ce splendide éclat à l’album. SONGS FOR AN ANGEL ne se contente pas de raviver le souvenir du multi-instrumentiste d’exception, il rayonne par l’absence de calcul et l’absolue sincérité des participants. Et si chacun a composé et enregistré son morceau de son côté, il règne une réelle harmonie et une unité artistique surprenante, compte tenu des différents registres.

Comme sur le premier disque, Eric, sa guitare et son violon sont présents sur plusieurs morceaux et le plaisir est intact. Il est bien sûr difficile de mettre en avant certains titres plus que d’autres sur ce SONGS FOR AN ANGEL aux multiples saveurs. Chacun fera ses choix, même si on peut retenir quelques moments forts comme les prestations de Riccardo Romano Land, Hogan’s Hooligans, F.A.C.E., XCIII, AchElas, Colin Timpson et No Limits. Un beau partage.

Pour vous procurer l’album :

https://www.helloasso.com/associations/ftf-music/boutiques/ftf-label

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Blues Rock Southern Blues Southern Rock

Gov’t Mule : une boulimie créative

La musique de GOV’T MULE a ceci d’étonnant qu’elle paraît si simple tellement elle est évidente. C’est probablement dû au fait qu’elle semble si naturelle à l’écoute. Car les Américains ne donnent jamais dans la facilité et si presque tous leurs albums dépassent l’heure, c’est sûrement parce que les notions de plaisir et de passion restent au cœur de leur jeu… ce qui est devenu si rare. Et cette fois encore, « Peace… Like A River » a tout du joyau.

GOV’T MULE

« Peace… Like A River »

(Fantasy/Universal)

L’an prochain, GOV’T MULE soufflera ses 30 bougies et pour Warren Haynes (guitare, chant) et Matt Abts (batterie), Allen Woody (basse) étant décédé en 2000, l’ombre du légendaire Allman Brothers Band a disparu au profit de la lumière diffusée par leur nouvelle formation. Aujourd’hui aux côtés de Danny Louis (claviers) et Jorgen Carlsson (basse), le groupe a plus que conquis ses lettres de noblesse dans le paysage Rock américain et ce douzième album studio est même l’un de ses meilleurs.

Il y a moins de deux ans, GOV’T MULE sortait « Heavy Load Blues », une sorte de recueil de reprises éblouissant qui traversait avec magie ses influences si nombreuses et variées. Pourtant au même moment et au coeur de la pandémie, le quatuor enregistrait dans ces mêmes studios de The Power Station en Nouvelle-Angleterre ce génial « Peace… Like A River », co-produit par Haynes avec le grand John Paterno (Elvis Costello, Bonnie Raitt, Los Lobos). Un véritable travail d’orfèvre !

Photo : Shervin Lainez

Et ce nouvel opus réserve encore bien des surprises, tant dans sa conception que par le casting cinq étoiles de guests qu’il propose. Afin de bien distinguer les deux réalisations, GOV’T MULE a été jusqu’à les concevoir dans deux pièces différentes avec du matériel et des instruments distincts pour mieux conserver une touche personnelle sur chaque disques. Aucune limite ne les arrête et cette créativité qui les anime donne à « Peace… Like A River » une saveur toute particulière. 

Dans son univers Southern, GOV’T MULE navigue avec toujours autant de volupté et de subtilité dans des sphères Rock, Blues, Funk, Jazz, Soul, Heavy Rock, Folk et parfois même un brin Reggae pour le fun. Une chose reste immuable, c’est ce groove tellement identifiable et cette faculté quasi-naturelle à se lancer dans des jams phénoménales. « Peace… Like A River » s’étend en douze morceaux sur 70 minutes et l’édition Deluxe présente même quatre inédits et une version alternative de « The River Only Flows One Way ».

Parmi les invités de marque, Billy Gibbons de ZZ Top enchaîne les riffs sur « Shake Our Way Out » en poussant aussi la chansonnette. Ivan Neville et Ruthie Foster enveloppent de douceur « Dreaming Out Loud », ainsi que Celisse Henderson sur « Just Across The River ». Que du beau monde ! Et GOV’T MULE brille aussi de mille feux sur « Make My Peace », « Your Only Friend », « Long Time Coming » et « Gone Too Long ». L’écriture est fine, les arrangements soignés : « Peace… Like A River » est tout simplement stellaire !

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Hard Rock Melodic Metal Rock/Hard

Joel Hoekstra’s 13 : un élixir de mélodie

On connait assez mal les talents de songwriter de JOEL HOEKSTRA, même s’il marque de son empreinte le monde du Hard Rock et du Heavy Metal depuis plusieurs décennies au sein de plusieurs institutions du genre. Soliste hors-pair et incomparable faiseur de riffs racés, il présente aujourd’hui le nouvel opus de son projet solo, « Crash Of Life ».

JOEL HOEKSTRA’S 13

« Crash Of Life »

(Frontiers Music)

Guitariste de Whitesnake, Trans-Siberian Orchestra et Revolution Saints, le virtuose américain trouve tout de même le temps de se consacrer à son projet solo. Et « Crash Of Life » est déjà le troisième album du JOEL HOEKSTRA’S 13, composé d’une petite troupe d’élite. Les riffs tombent en cascade, les mélodies sont plus accrocheuses les unes que les autres et lorsqu’on peut s’offrir Jeff Scott Soto pour les chœurs, c’est que tout va bien.

Toujours entouré du bassiste Tony Franklin (ex-The Firm, Blue Murder), du batteur Vinny Appice (Ex-Black Sabbath, Dio), du claviériste Derek Sherinian (Sons Of Apollo, Dream Theater) et pour la première fois de Girish Pradhan (Girish And The Chronicles) au chant, la formation de JOEL HOEKSTRA a fière allure et la machine est bien huilée. Et entre Melodic Metal ou Heavy AOR, le groupe rayonne et s’impose avec clarté.

Musicalement, JOEL HOEKSTRA’S 13 évolue en terrain connu et pourtant le quintet ne manque pas de fraîcheur et d’envie et il ne se contentant pas de s’assoir sur une technicité et une expérience de longue date. Tout en puissance sur « Everybody Knows Everything », le groupe se met en ordre de marche et bouscule tout (« Damaged Goods », « Far Too Deep », « You’re Right For Me », « No Tonight »). Très bluesy dans la voix, le nouveau frontman fait des étincelles et l’on sort de « Crash Of Life » le sourire aux lèvres.