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Stoner Doom

Mammuthus : férocement débridé

Après un EP en 2020, le combo de Nouvelle-Zélande surgit avec un premier album rugueux et irrésistible, où Stoner Rock et Doom Metal forment une incroyable combinaison. Affichant un mur du son inébranlable, MAMMUTHUS se présente dans les meilleures dispositions avec « Imperator » et son île risque vite de devenir un peu petite…

MAMMUTHUS

« Imperator »

(Independant)

Rarement un groupe aura aussi bien porté son nom. Les références au légendaire animal préhistorique ne manquent pourtant pas dans le Stoner et le Doom, mais le trio de Nouvelle-Zélande n’aurait pas pu trouver mieux. MAMMUTHUS, donc, débarque tout droit de Wellington et le savoureux mélange de Stoner Rock et de Doom Metal provoque exactement l’effet escompté : une puissante cavalcade, suivi d’un écrasement dans les règles.

A eux trois, Matt Bradford (basse), Rob Dring (batterie) et Josh Micallef (guitare, chant) envoie un Stoner Rock pachydermique très organique et au groove presque bestial. Mais ne nous y trompons pas, MAMMUTHUS est loin de manquer de finesse, malgré des riffs épais et lourds et une rythmique consistante et compacte. Le chant opaque donne une dimension caverneuse à l’ensemble et, en ce sens, « Imperator » est un modèle du genre et il surprend à bien des égards.

Musicalement, le groupe ne piétine pas, il bouscule et propose aussi des mélodies entêtantes, qui lui permettent de jouer sur le côté accessible du Stoner et l’aspect massif et ténébreux du Doom (« Holy Goat », « Monolith », « Bloodworm »). Tout au long d’« Imperator », MAMMUTHUS impressionne de par la qualité et la régularité de ses compositions, dont on peut retenir aussi « Formless » interprétée par la chanteuse EJ du groupe End Boss. Du grand art !

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Hard Blues Hard Rock

Dolloster : l’art et la manière

Couvert d’un voile bluesy savoureux et chaleureux, le Hard Rock distillé par DOLLOSTER nous renvoie à une époque bénie du genre, tout en étant d’une modernité incontestable. Avec « New Tomorrow », les Français s’approprient de manière éclatante un style que se partagent toujours les Etats-Unis et l’Australie. Tonique et tout en feeling, la formation épate et fédère brillamment.

DOLLOSTER

« New Tomorrow »

(Independant)

L’hexagone compte très peu de groupes de Hard Rock à l’américaine, mais la poignée en activité fait bien plus que tenir la route. Il y a du niveau, une belle fraicheur et une inspiration qui s’inscrivent à la fois dans la lignée des formations d’outre-Atlantique, tout en présentant un son et une approche originale. Et en ce sens, c’est une sorte d’hérésie de voir que DOLLOSTER ne soit pas encore signé, ni placardé un peu partout.

En effet, après un premier opus en 2016, les Bordelais confirment leur marche en avant avec « New Tomorrow », 13 ans après leur formation. Une flopée de concerts plus tard, DOLLOSTER est un quatuor aguerri, technique et tout en maîtrise et il donne une version très actuelle du Hard Rock doré des 90’s. S’ils lorgnent du côté d’Extreme, Skid Row, Whitesnake, G N’R et même The Saints, The Angels ou Rose Tattoo, ils le font avec brio.

Doté d’un fougueux frontman, d’un guitariste d’expérience qui n’est pas sans rappeler George Lynch et d’une rythmique plein de groove et bien huilée, DOLLOSTER enchaîne les titres aux refrains imparables (« New Tomorrow », « Riot », « The Real Fighter », « Our Call Our Will », « Misfits », « Wich Way », « Ride The Tide » et une piquante reprise du « Hot Stuff » de Donna Summer). Très bien produit, cet album est un concentré de vitamines !

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Hard Rock Proto-Metal

Trip The Wire : sonic revival

Direction le Nord de la côte ouest américaine, dans l’état de Washington, avec TRIP THE WIRE, une jeune formation qui livre sa première production. Pourtant, on n’a pas vraiment affaire à des lapins de trois semaines. A la fois Hard, Heavy et résolument Metal et un brin Old School, « Trip The Wire » tient parfaitement la route et surtout ne s’encombre pas de fioritures.

TRIP THE WIRE

« Trip The Wire »

(Independant)

Originaire du Bronx à New-York où elle a grandi, Eve Clarke a pourtant traversé les Etats-Unis direction Seattle où elle a trouvé ses camarades de jeu. La guitariste et chanteuse est entourée de Dave Farell (guitare), Johnny Massey (basse) et de Rico Ybara (batterie) sur ce premier album éponyme et l’ensemble a plutôt fière allure. Entre Hard Rock et proto-Metal, TRIP THE WIRE est aussi Heavy que délicatement mélodique.

Le fait d’arborer sans détour des influences très 70’s et 80’s n’empêche pas le quatuor de se présenter avec dix morceaux très actuels et bien produits. Accrocheur et dynamique, « Trip The Wire » diffuse un bon groove sur une belle assurance. Quelque part entre Ann Wilson et The Runaways, le frontwoman ne manque pas de puissance et son côté un peu classique offre beaucoup de force à TRIP THE WIRE.

Car ce qui ressort des compositions des Américains, c’est une volonté et un plaisir de jouer, qui transpirent sur chaque note. Sans révolutionner le genre, le combo montre une belle variété dans ses titres (« In The Crossfire », « Anti Love », « Hurricane », « Step Nine »). Techniquement efficace et volontaire, TRIP THE WIRE joue sur la sincérité et ce premier opus devrait lui ouvrir bien des portes, car il est très fédérateur.

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Glam Metal Sleaze

Blazon Fire : atteinte aux bonnes mœurs

Rock ou Metal, le Glam reste le style le plus festif de ces deux genres. Et s’il a connu ses années de gloire, notamment du côté de Los Angeles, il y a quelques décennies, certains s’accrochent toujours à cet esprit joyeux et décadrant, sans limite et aux textes volontairement excessifs. C’est ce qu’offre BLAZON FIRE avec son nouvel opus, « The Dark Side Of The Pussy ». Alors, si tu aimes les paillettes, les quatre Français vont t’en faire bouffer !

BLAZON FIRE

« The Dark Side Of The Pussy »

(Independent/Distrokid)

Terre de Glam Metal s’il en est, la Moselle très toujours très saillante en la matière, on le sait ! Pour son troisième album, BLAZON FIRE explose les conventions et offre carrément 14 morceaux portés par l’outrance, la provocation et transgresse avec un grand sourire tout ce qui se conforme aux normes actuelles. Du Glam, quoi ! Ancré musicalement dans les 80’s et 90’s, les Mötley Crue d’hier et les Steel Panther d’aujourd’hui donnent presque l’impression de faire dans la dentelle.

Si les textes sont clairement crus et sans équivoque, la musique de BLAZON FIRE aspire à la détente alors, sauf si vos enfants sont bilingues, invitez-les à se rapprocher des enceintes. Il n’est jamais trop tôt pour se familiariser avec ce Metal/Rock gavé de fun, de bonnes ondes et, forcément, de soleil. Et il faut reconnaître aussi que nos gaillards ont opéré une quasi-transformation technique et le niveau de jeu du quatuor s’est considérablement professionnalisé depuis sa formation en 2015.

Sérieusement, mais sévèrement plongés dans la déconne, nos French Glamers enquillent les compos aux titres très évocateurs avec une pêche d’enfer (« Shaved Balls », « Mega Bukkake », « Fistin’ Chapel », « Orgy In Hell », « Speed Sex Cocaine », « Spermbag », …) Vocalement, il y a un air de ressemblance flagrant avec le Vince Neil de la première époque et musicalement, les influences californiennes dominent (Ratt, Poison, …). Cependant, BLAZON FIRE a trouvé son style et s’en sort plus que bien.

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Blues Metal Progressif Rock

United Guitars : les cordes sensibles

Mené de main de maître depuis quatre ans et autant d’albums, le vaisseau UNITED GUITARS vogue toujours au rythme des riffs, des solos et des chorus envoûtants de celles et ceux qui viennent se greffer à ce projet au départ un peu fou. Parfaitement produit, comme toujours, « #4 » nous fait parcourir l’univers de cette trentaine de guitaristes et le voyage est encore une fois enchanteur.

UNITED GUITARS

« #4 »

(Mistiroux Productions)

Chez UNITED GUITARS, on ne fait jamais les choses à moitié. Depuis le début de l’aventure en 2019, Ludovic Egraz et sa compagne et productrice Olivia Rivasseau ont livré quatre doubles-albums, dont voici le petit dernier. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pas moins de 33 guitaristes se relaient sur deux bonnes heures de musique, où un grand nombre de styles sont abordés avec classe et une dextérité de chaque instant.

Chaque volume réservant son lot de surprises, « #4 » ne déroge pas à la règle. Et lorsque l’on connait le principe de base d’UNITED GUITARS, celle-ci est de taille. En effet, presqu’érigé en règle immuable, les précédentes réalisations étaient entièrement instrumentales, l’objectif étant de se mettre au service de la six-codes avant tout. Avec « Stay Real », Jessie Lee Houllier s’invite au chant pour un Blues Rock au groove imparable… et à trois guitares !

Tout en finesse et virtuosité, « #4 » nous invite notamment à faire connaissance avec le bluesman Robben Ford, le jeune prodige russe Max Ostro ou encore le Canadien Nick Johnston. Et UNITED GUITARS garde toujours une petite place pour ses habitués dont Yvan Guillevic (Heart Line), Saturax, NeoGeoFanatic ou Youri de Groote, toujours aussi créatifs. Soutenu par une rythmique royale, ces musiciens-là ne manquent vraiment pas de maestria.

Jessie Lee Houllier, LA chanteuse de l’album – Photo : La Chaîne Guitare
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Cinematic France Rock Progressif

Orpheum Black : une émulsion tribale [Interview]

Toujours autoproduit, ORPHEUM BLACK continue de faire grandir son univers, tant musicalement que visuellement. Après le très bon « Sequel(s) » où l’on a pu découvrir un groupe très créatif et assez singulier, « Outer Space » prend des chemins de traverse sans pour autant renier cet esprit très progressif à l’œuvre depuis le début. Aujourd’hui, le quintet a renouvelé sa rythmique et un souffle nouveau apparaît à travers des morceaux toujours aussi soignés. Entretien avec Romain Clément, guitariste du quintet orléanais.  

Photo : Chloé Dauma

– Lors de notre dernière interview pour la sortie de « Sequel(s) », vous affirmiez vraiment votre style, ainsi que votre démarche, après un premier EP très réussi. On se retrouve donc pour « Outer Space », qui est très différent. S’il en reste quelques bribes, j’ai l’impression qu’il est moins progressif. C’était votre intention de faire encore évoluer la musique d’ORPHEUM BLACK ?

J’ai surtout le sentiment que le terme de musique progressive est un peu à la mode et utilisé un peu rapidement. Justement, je crois que le fait que ce nouveau disque soit différent du précédent rentre bien dans l’idée d’une esthétique ‘progressive’.

Au départ, le groupe s’est forgé sur l’idée de mixer les disciplines artistiques et de proposer à chaque sortie quelque chose de différent, mais de cohérent dans notre univers. A chaque fois, nous cherchons à renouveler la formule afin de proposer une expérience nouvelle. Nous n’avons pas envie de proposer le même disque. C’est quelque chose de très important, car cela permet de garder une vraie émulsion et stimulation lors de la conception d’un album.

Je pense que la différence notable vient vraiment que nous avons axé la composition autour du duo vocal. L’idée était de rapidement capter l’attention de l’auditeur sans pour autant rogner sur la partie instrumentale. Parce que, si on regarde le disque dans son ensemble, il n’y a pas beaucoup de morceaux avec une structure conventionnelle type couplet/refrain.

En résumé, on peut dire qu’on offre une musique qui est accessible, mais qui reste très travaillée sur les arrangements.

– Même s’il y a toujours ce gros travail sur les arrangements et qu’on découvre un peu plus vos morceaux au fil des écoutes, je trouve que les mélodies notamment sont plus efficaces et que votre jeu est aussi plus direct. Il y avait un désir de proposer quelque chose de plus accessible ?

Nous avons cherché à mieux capter l’attention lorsqu’on écoute notre musique. Nous avons davantage travaillé nos top-lines et je pense que c’est ce qui rend nos morceaux plus efficaces. L’arrivée de Nathan à la basse dans le groupe a aussi apporté ce côté plus direct. Il vient d’une musique plus extrême et plus directe. En peu de temps, il a su influer cet esprit plus tribal et c’est une facette vraiment complémentaire de ce que nous proposions jusque-là.

Photo : Chloé Dauma

– L’autre spécificité également sur « Outer Space », c’est ce changement de rythmique avec l’arrivée d’un nouveau bassiste et d’un nouveau batteur. Est-ce que ça a aussi modifié la dynamique du groupe et peut-être l’exploration de nouveaux tempos ?

En fait Alexis, le nouveau batteur, nous a rejoint après l’enregistrement du disque, lorsque nous avons terminé la tournée dédiée à « Sequel(s) ». Sur « Outer Space », c’est la présence de Nathan qui est à remarquer. Je pense sincèrement que l’on a trouvé le line-up qui pourra écrire l’histoire d’ORPHEUM BLACK. On a beaucoup de retours très enthousiastes depuis la reprise des concerts sur ce nouveau duo basse/batterie. Ils ont dépoussiéré les morceaux et y ont apporté beaucoup de dynamisme et de contraste. C’est un vrai plaisir de jouer avec eux et j’ai hâte d’écrire de la nouvelle musique ensemble.

– Sur « Sequel(s) », je trouvais que vos voix jouaient beaucoup sur le contraste, tandis que cette fois, on a le sentiment que vous avez plutôt cherché l’harmonie et la complémentarité. L’idée était qu’elles se fondent et qu’elles prennent le relais entre elles, tout en faisant corps aussi ?

Exactement, sur « Sequel(s) », nous avions cherché à démarquer le plus possible les deux voix. Finalement, on s’est rendu compte que parfois ça perdait un peu les gens en rendant les mélodies moins instinctives. Sur « Outer Space », nous avons totalement revu la façon de les travailler. Nous avons voulu leur donner plus de liant et de cohésion tout en leur donnant plus de place dans l’espace sonore. Un peu comme avec deux guitares qui se complètent, mais qui forment un tout.

– Sur ce nouvel album, et même s’il reste quelque solos très Heavy, il y a nettement moins de sonorités Metal. L’ensemble contient aussi plus de moments presque contemplatifs. Vous avez effectué un travail plus important sur les atmosphères pour « Outer Space » ?

Clairement, on a composé cet album comme la bande originale d’un film. Les auditeurs en sont les protagonistes. On a aussi envie de se démarquer de la proposition musicale Metal que l’on écoute tous au sein du groupe. Les phases très ambiantes de certains morceaux permettent à chacun de se projeter et d’imager sa propre histoire. La production du disque y joue aussi un grand rôle. Par exemple, « Inner World » est joué sur une guitare sept cordes et est construit sur un vrai riff Metal. Pour autant, on lui a donné une esthétique plus Rock et électronique. On a envie de surprendre !

Photo : Chloé Dauma

– Le premier album était basé sur un concept global avec même certaines reprises mélodiques sur certains titres. Qu’en est-il de « Outer Space » ? Vous l’avez composé et conçu sur le même schéma ?

« Outer Space » est la suite et la conclusion du travail entamé sur « Sequel(s) ». Les clips sont d’ailleurs liés et vont nous permettre de clore ce chapitre de l’histoire d’ORPHEUM BLACK avant d’aborder de nouveaux thèmes et histoires. Au contraire du précédent opus, les morceaux sont toujours liés par leur thème, mais ils peuvent être écoutés indépendamment les uns des autres. La tracklist, même si elle est réfléchie d’un point de vue musical, n’a plus de lien chronologique en termes de storytelling.

– J’aimerais que tu me dises un mot au sujet de « My Tribe », un morceau que vous avez dédié à votre public. C’est une démarche assez particulière. C’est une idée qui est venue spontanément ?

L’idée de ce morceau est née durant notre précédente tournée, qui nous a permis de jouer partout en France. Nous en avons profité pour tester nos nouveaux morceaux et nous avions envie de faire participer le public. « My Tribe », par son refrain hyper fédérateur, est vraiment devenu un moment très important et efficace de nos concerts. Lorsque tu pars loin de chez toi toutes les semaines, tu perds certains liens avec tes amis, tes proches, ta famille. Du coup, c’est le public qui remplit ce rôle de lien social et qui devient en quelque sorte une nouvelle famille. Pour la petite histoire, « My Tribe » s’intitulait au départ « Outer Space ». C’est la tournée qui nous a permis de lui trouver son titre définitif.

– Enfin, comme pour « Sequel(s) », les univers du théâtre et du cinéma sont encore étroitement liés sur « Outer Space », d’où est aussi né un court-métrage en deux épisodes. Concevez-vous les deux exercices en même temps et comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture du scénario, du tournage et de la réalisation ?

On ne pense pas directement aux vidéos lorsque l’on compose nos morceaux. Une fois qu’on a tout le contenu sous la main, on prend le temps de la réflexion pour voir lesquels seraient les plus impactants. La mise en production de nos vidéos est un vrai travail en collaboration avec le réalisateur. On choisit avec qui on travaille en fonction de ce que l’on souhaite, mais aussi selon leurs sensibilités. On échange beaucoup sur le scénario et l’ambiance globale, mais on laisse une grande liberté aux équipes. On sort un vrai court-métrage pour accompagner la promotion de l’album. C’est très stimulant et excitant. Pour un projet comme le nôtre, c’est plus de dix jours de tournage dans cinq lieux différents. C’est énormément de boulot, mais nous sommes très fiers du résultat !

Retrouvez la première interview du groupe réalisée à l’occasion de la sortie de « Sequel(s) » :

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Heavy Stoner Rock Stoner Doom

Birds Of Nazca : des ailes d’acier

A l’instar d’un boxeur désireux de passer dans la catégorie supérieure, BIRDS OF NAZCA a pris du volume et affiche une colossale force de frappe. Sur un groove toujours aussi obsédant, le tandem avance dans un Heavy Stoner très solide et une saveur Psych dans laquelle le Doom s’invite avec puissance sur ce vivifiant « Héliolite ».   

BIRDS OF NAZCA

« Héliolite »

(Independant)

Cela fait maintenant quatre ans que BIRDS OF NAZCA a pris son envol et se déploie sur la scène Stoner Heavy Psych hexagonale. Fort d’un très bon premier album éponyme sorti en 2020, le duo composé de Guillaume (guitare) et de Romu (batterie) est de retour, mais cette fois dans un format court, « Héliolite », dont les titres des morceaux ont un côté mystérieux alors que le son, quant à lui, n’a jamais été aussi massif.

A la première écoute, on pourrait se dire que les Nantais ont recruté un nouveau membre. Ce n’est pas le cas. A côté des deux amplis de guitares, BIRDS OF NAZCA en a simplement ajouté un troisième, mais de basse. Et la différence et l’impact sonore sautent directement aux oreilles. Tremblements et vibrations sont au rendez-vous et le binôme a clairement pris de l’épaisseur et se rapproche de plus en plus d’un Doom ravageur.

Toujours aussi complices, les deux musiciens semblent avoir pris beaucoup d’assurance car, passé l’intro, on plonge dans 20 minutes d’une sorte de jam enfumée, hyper-Rock et toujours instrumentale. « Inti Raymi » donne le ton, immédiatement suivi de « Spheniscus » qu’on avait pu découvrir lors d’un Live des ‘Smoky Van Sessions’. Puis, « Gucumatz », véritable pièce maîtresse de l’EP avec ses 9 minutes 34, vient diaboliquement clore cette nouvelle, mais bien trop courte, réalisation de BIRDS OF NAZCA.

Photo : Christian Trujilo
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Cinematic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Oryad : explosive lyricism

Avec un tel premier album, ORYAD a placé la barre très haut. Bien qu’autoproduit, « Sacred & Profane » conjugue à la fois le côté symphonique versant dans le lyrique et également l’explosivité du Metal. Mélodique et inspiré, le groupe parvient à marier un grand nombre d’univers avec une facilité déconcertante. Grâce une telle entrée en matière, sa chanteuse vient déjà s’installer aux côtés des plus grandes voix du genre.

ORYAD

« Sacred & Profane »

(Independant)

Depuis son EP, « Hymns Of Exile And Decay » sorti il y a deux ans, ORYAD a pris du coffre et du volume pour lâcher un temps le Folk Metal à l’œuvre sur sa première production. Le duo de Denver dans le Colorado surgit avec « Sacred & Profane », où l’on peut prendre toute la dimension de sa frontwoman Moira Murphy, également aux arrangements et à l’orchestration. Soutenue par Matt Gottin-Sheehan derrière les fûts, et une multitude d’autres musiciens, le tandem se montre très créatif.

Cette fois, le ton est résolument symphonique et la soprano s’en donne à cœur-joie en offrant une prestation hors-norme, où mélodie et puissance se fondent dans des compositions aux paysages saisissants. ORYAD possède une maîtrise totale de son jeu basé sur une grande technicité et des harmonies progressives, sans pour autant sombrer dans le pompeux. Les Américains sont d’une fraîcheur incroyable et nous propulsent d’une ambiance à l’autre comme par magie.

Exigeant et ambitieux, « Sacred & Profane » traverse les styles avec élégance, cheminant de passages très Heavy au Doom, et à des atmosphères cinématiques et des éléments d’opéra. ORYAD raconte des histoires souvent épiques, bien aidé par une richesse orchestrale brillante élaborée avec une grande minutie (« Scorched Earth », « Blood », « Alchemy », « Wayfaring Stranger », « Slice Of Time », « The Path part I & II »). Etonnant et rigoureux, ce premier album est fait de poésie et de rêves.

Photo : Emily Winders
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Blues Rock Hard Blues Southern Blues Stoner Blues

Lady’Stealer : shaker Blues

Si les duos fleurissent un peu partout dans l’hexagone, il faut reconnaître qu’ils s’en sortent plutôt bien, tant les styles abordés révèlent une approche créative et efficace. Les Normands de LADY’STEALER s’inscrivent précisément dans cette vague de groupes à la fois complet et tout en maîtrise. On peut sentir toute l’expérience acquise sur scène par le duo, qui livre un bouillonnant « Like It Hot ! » sur un plateau… dans lequel on se ressert à l’envie !  

LADY’STEALER

« Like it Hot »

(Independant)

Des saveurs du Bayou émanent de ce premier opus de LADY’STEALER. C’est pourtant depuis leur Normandie que Thomas Dorange (chant, batterie) et Julien Tellier (guitare, harmonica) se sont lancés dans cette belle aventure devenue, après avoir écumé de nombreuses scènes, aujourd’hui très concrète avec la sortie de « Like It Hot ! », entièrement autoproduit et né de la contribution participative de leurs fans. Un gage de fidélité, s’il en est.

Entre Blues et Metal, Stoner et Rock, LADY’STEALER se montre captivant dès les premières notes de « Liar And Slave » et ne lâche plus le morceau une seule seconde jusqu’à « Chuckholes Blues ». Gras et épais, les riffs transpirent les effluves très Southern du duo et les refrains entêtants distillés par la voix éraillée de son chanteur viennent apporter autant de puissance que de mélodie à cet explosif « Like It Hot ! ». Le rythme est soutenu et percute !

De l’obsédant « The Witch Of Yazoo City » à « Midnight Ride » en passant par le Boogie Blues « Dead Man Boogie », LADY’STEALER nous emporte dans une belle frénésie sur une cadence infernale. Et même si la batterie est loin de se faire discrète, c’est pourtant ce Blues musclé aux accents sudistes et à l’énergie folle, ponctué de quelques slides, qui tient la baraque et qui offre cette chaleur à l’album (« Demons Inside Me », « Chasing Men »). Caliente !  

Photo : Camille Mochon
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Blues Rock Contemporary Blues

Ivy Gold : la ruée vers l’or

C’est probablement le fait d’être formé de musiciens américains, allemands et anglais qui offre au Blues Rock d’IVY GOLD cette touche universelle et fédératrice assez unique. En effet, difficile de définir les influences à l’œuvre sur « Broken Silence », dont la production est aussi scintillante que lumineuse. Une très belle connexion portée par une voix fantastique pleine de relief.

IVY GOLD

« Broken Silence »

(Golden Ivy Records)

Ce que réalise IVY GOLD depuis trois petites années est tout simplement phénoménal. Le groupe au line-up un international a sorti un premier album, « Six Dusty Winds » en 2021, suivi du DVD « Live At The Jovel » l’an dernier et il nous revient aujourd’hui avec l’excellent « Broken Silence ». Et ce qui rend la formation un peu plus incroyable, c’est de voir la montée en puissance et surtout en qualité d’écriture entre les deux LP studio.

Composé des Américains Manou (chant), Kevin Moore (basse), Tal Bergman (batterie), de l’Allemand Sebastian Eder (guitare) et du Britannique Anders Olinder (claviers, orgue), IVY GOLD a également la particularité d’être totalement indépendant, depuis son management jusqu’à la production de ses disques. Et c’est peut-être cela aussi qui forge l’authenticité du Blues Rock distillé par le quintet.

Très organique, le style d’IVY GOLD s’inscrit dans la mouvance actuelle du Blues avec quelques touches funky et Gospel notamment sur le monumental « Sacred Heart ». Guidé par la puissante voix un brin éraillée de leur frontwoman, les musiciens s’imposent avec force et délicatesse sur des morceaux au groove instinctif et avec un feeling de chaque instant (« Got What I Need », « No Ordinary Woman », « Drifting » et le morceau-titre. Fabuleux !