Onze titres pour autant d’ambiances aux notes bleutées sur ce « Sometimes The Tears », qui fait suite à « Old Western Star », paru il y a cinq ans déjà et qui avait fait forte impression. En mode one-man-band, le Lyonnais est de chaque note sur cette nouvelle réalisation enchanteresse. Songwriter affûté et musicien virtuose, NICO CHONA fait le choix d’un style assez épuré et captivant, et évite ainsi avec soin toute démonstration superflue. Un équilibre solide assuré par une voix plein de sensibilité.
NICO CHONA
« Sometimes The Tears »
(Bozeman Records)
Auteur et composteur, mais aussi guitariste, chanteur et batteur, NICO CHONA sait à peu près tout faire. Et cela tombe bien puisque, pour son troisième album, il s’est occupé de tout, y compris de la production. S’il est entièrement seul à l’œuvre sur « Sometimes The Tears », il réussit le tour de force de donner l’impression d’un véritable travail de groupe. Ici, pas de bidouillages, mais beaucoup de fluidité et de chaleur, le tout enregistré par ses soins en analogique et sur du matériel vintage pour encore plus d’authenticité et de proximité.
Habitué des projets ‘United Guitars’ et animateur d’une chaîne YouTube, NICO CHONA renoue donc avec le format long après « Modern Delta », dernier EP en date sorti en 2021. Et s’il a lui-même le posé ses chansons sur bande, le mix de « Sometimes The Tears » a été confié aux multi-primé Bill Mims, qui a côtoyé des sommités. Toujours à Los Angeles, c’est Gavin Lurssen, autre ponte dans le domaine, qui s’est chargé du mastering. Autant dire que ça sonne et que son Blues Rock délicat aux saveurs Americana est vraiment resplendissant.
Cela dit, c’est presque la moindre des choses vu la qualité des compositions, qui proposent un voyage musical varié et changeant au fil des pistes. Du morceau-titre à « George », qui clot l’album avec classe, NICO CHONA reste chevillé à un Blues sincère, qui lorgne sur le Rock, l’Americana et même le Jazz sur « 7th Avenue ». Pour autant, c’est son style et sa patte qui brille sur « Sometimes The Tears ». Son feeling enveloppe ce bel opus à l’atmosphère très live (« Lilly Honey », « Silver Highway », « Drop Me In A River »). Un beau moment suspendu.
Imprévisible et très créatif, THOMAS FRANK HOPPER ajoute un magnifique nouveau chapitre à son aventure musicale. Toujours entre Blues et Rock, « Wild Ones Never Die » montre que le Belge est capable d’aller encore plus loin dans un registre parfaitement maîtrisé, où son écriture est encore plus libre, son jeu de guitare sauvage et incisif et ses parties vocales très assurées. Entouré de quelques invités, il élargit encore un peu plus son univers et offre à cette nouvelle production un souffle rafraîchissant.
THOMAS FRANK HOPPER
« Wild Ones Never Die »
(Independant)
Après « Bloodstone » (2021) et surtout « Paradize City » (2023) qui l’a véritablement révélé et qui lui a probablement ouvert les portes du tremplin de l’European Blues Challenge à Memphis où il s’est hissé jusqu’en quart de finale l’an dernier, THOMAS FRANK HOPPER s’est désormais fait une belle place sur la scène Blues Rock de côté de l’Atlantique. Avec « Wild Ones Never Die », le chanteur et guitariste affirme encore un peu plus son style fait de multiples influences et de couleurs artistiques, qui le rendent aujourd’hui très identifiable. Et son crossover entre Rock, Blues et d’autres teintes fait encore des merveilles.
Enregistré en moins de dix jours en Normandie, le musicien livre son album le plus abouti, celui de la maturité peut-être, diront certains. Le songwriting est affûté et inspiré, les structures des morceaux étonnantes et audacieuses et sa fameuse ‘lapboard’ jamais bien loin. Et si le chant de THOMAS FRANK HOPPER a gagné en assurance et en variation, il fait cette fois-ci un peu de place à des guests triés sur le volet et qui apportent un vrai supplément d’âme. Sans faire dans le clinquant, les combinaisons se font avec beaucoup de naturel et dans un feeling partagé et commun.
Du direct et envoûtant « Ready To Thrive » au plus délicat « Zippin Pippin », on pourrait citer tous les morceaux, tant ils diffusent des saveurs particulières. Accrocheur et bardé de refrains entêtants, de guitares flamboyantes et d’un groove irrésistible, « Wild Ones Never Die » se dévoile à chaque écoute (« Freak Show », « Six Feet Underground », « Jackie Brown », « Idiocracy »). Offrant une touche façon Eminem sur « Never Lonely » avec Jacob Miller, saisissant de vérité avec l’excellente chanteuse croate Vanja Sky sur « Wild Birds » et solaire sur « Open Road » avec Meri Lu Jacket à ses côtés, THOMAS FRANK HOPPER régale.
Photo : Loreta Mander
Retrouvez l’interview donné à l’occasion de la sortie de « Paradize City » et la chronique de l’album :
Caractérisé par une élégance de chaque instant, que ce soit à la guitare ou au chant, GREG NAGY fait partie de ces bluesmen pour qui le temps semble n’avoir aucune importance. Entouré d’un groupe brillant, et avec même la participation de Bobby Murray, six-cordiste attitré d’Etta James depuis un bon moment, il marie un Blues très contemporain dans un esprit Soul, alternant avec une puissance très bien contenue et un feeling tout en délicatesse et d’une grande finesse. Très intense dans l’interprétation, il fait preuve sur « Just A Little Morte Time » d’une profondeur et d’une sincérité pleine d’émotion.
GREG NAGY
« Just A Little More Time »
(Independant)
Après s’être forgé une solide réputation avec le groupe Root Doctor il y a quelques années en tant que lead guitariste, GREG NAGY s’est légitimement lancé dans une carrière solo. Songwriter aguerri, il donne livre court à ses inspirations et « Just A Little More Time » est déjà son cinquième album sous son nom, depuis « Walk Than Thin Line », sorti en 2009. Solidement ancré dans son époque, l’Américain ne tourne pas pour autant le dos à la tradition et il conjugue Blues, Soul, Rock et R&B avec beaucoup d’authenticité et la même intensité.
Toujours très bien entouré par des musiciens aussi chevronnés que reconnus, GREG NAGY distille avec passion un Blues aux multiples facettes, qu’il va piocher dans des registres assez opposés. Avec sa voix de velours et son jeu fluide et limpide, il se livre à un double exercice sur « Just A Little More Time », à savoir mêler des reprises triées sur le volet, et parfois étonnantes, avec ses propres compositions. Et enregistré avec un groupe hors-norme, dont une section cuivre chaleureuse et d’une grande précision, l’ensemble est rayonnant.
Avec beaucoup de personnalité, GREG NAGY s’approprie des morceaux que l’on redécouvre sous un nouveau jour. Que ce soit « Rainy Night In Georgia » de Tony Joe White (1969), « I’m The Moon » de John Lee Hooker (1951) ou l’inattendu « Only Women Bleed » d’Alice Cooper (1975), le chanteur et guitariste leur offre une impulsion lumineuse sur des arrangements de grande classe. Et il régale aussi et surtout sur ses propres compositions (« Breaking Me », « Between The Darkness And The Light », le morceau-titre et « Big City »). Splendide !
Explosive et sensuelle, la compositrice, chanteuse et guitariste livre enfin son premier album, « Tell Your Ghost », après s’être dévoilée petit à petit à travers un nombre conséquent de singles. Désormais basée à Nashville, LEILANI KILGORE a pris son envol en affirmant une personnalité forte, que ce soit au chant ou à la guitare, où son jeu flamboyant fait des étincelles. Grâce à un songwriting d’une grande polyvalence, elle avance dans un Blues Rock, où rien n’est figé et où chaque chanson se distingue de l’autre. Pourtant identifiable au premier accord et au premier couplet, l’artiste américaine fait de cette diversité une marque de fabrique. Egalement productrice, le son très organique assure à ses compositions autant d’authenticité que de sincérité, le tout avec une signature solide et virtuose. Entretien avec une frontwoman créative et vibrante.
– Tu es originaire de la côte ouest et tu es installée à Nashville dans le Tennessee depuis un moment déjà. Pourquoi avoir quitté la Californie ? Le public n’était pas assez réceptif à ta musique, ou tu souhaitais te rapprocher d’une scène plus en phase avec ton registre et de ton univers ?
Excellente question. En fait, j’ai visité Nashville pour la première fois lors de ma dernière année de lycée pour passer une audition à l’université Belmont, et je suis immédiatement tombé amoureux de cette ville. J’y ai acheté ma première guitare Les Paul ‘vintage’, j’ai joué avec des musiciens de blues locaux et j’ai été stupéfaite par la quantité de talent et de musique réunis dans une seule ville. Après avoir étudié quelques semestres au Berklee College of Music de Boston, j’ai décidé d’abandonner mes études et de retourner à Nashville pour poursuivre ma carrière. Ce n’est pas que la côte ouest n’était pas accueillante, c’est simplement que je voyais plus d’opportunités de m’épanouir ailleurs. Mon premier véritable soutien, je l’ai trouvé en Californie et j’ai vraiment hâte d’y retourner maintenant, surtout que beaucoup de temps a passé et que ma carrière s’est développée si fortement !
– Après t’être forgée une solide réputation sur scène avec notamment un jeu de guitare flamboyant, tu as commencé à sortir plusieurs singles. Toutes ces étapes t’ont-elles semblé nécessaires avant de véritablement te lancer en enregistrant sous ton nom ? Ou était-ce peut-être aussi pour bien mieux cerner ton propre style et mieux cibler tes envies ?
Mes premières tentatives de composition musicale étaient très hésitantes et incertaines. J’étais encore adolescent lorsque j’ai sorti mon premier EP. Puis j’ai enregistré quelques morceaux par mes propres moyens à l’université, sans vraiment savoir ce que je faisais. Mais tout cela faisait partie d’un parcours nécessaire pour me permettre de me sentir un peu plus sûre de moi en tant qu’artiste au moment de la sortie de « XXX Moonshine » (chez Riff Bandit Records en 2021 – NDR), que je considère aujourd’hui comme ma première véritable réalisation. Les années que j’ai passées à me produire sur scène m’ont aidé à affiner mon style et ma présence scénique. C’est devenu plus facile d’écrire de la musique après avoir trouvé le style qui me correspondait, et aussi avec l’expérience musicale nécessaire pour le maîtriser.
– Depuis 2021, soit à partir de « XXX Moonshine » jusqu’au dernier morceau avant l’album « Snake In The Tall Grass », tu as sorti 13 singles, ce qui représentent plus d’une heure de musique. On sent bien sûr l’évolution de ton jeu, de ton chant et aussi de ton songwriting. Est-ce que tu vois toutes ces chansons comme autant d’expériences différentes ?
Oui, absolument. C’est tellement amusant de réécouter des chansons que j’ai sorties il y a seulement deux ans, car j’entends la différence dans mon écriture, ma façon de jouer et de chanter. C’est tout aussi intéressant de me replonger dans les histoires et les paroles, car elles représentent toutes des moments différents de ma vie et diverses facettes de ma personnalité. Je me souviens de l’endroit où j’étais lorsque j’ai écrit chacune de mes chansons et de ce qui m’a inspiré. C’est un sentiment presque narcissique car, même si je n’écoute généralement pas ma propre musique par pur plaisir, je suis tellement heureuse d’avoir ces petits instantanés de ma vie sur lesquels je peux me pencher. Et je suis encore plus heureuse que les gens y trouvent des échos de leur propre vie à travers des expériences communes. C’est bien là tout l’intérêt, non ? (Sourires)
– Ce qui est d’ailleurs intéressant, c’est que tous ces singles ne pourraient pas, en l’état, constituer un album, tant ils sont différents au contraire de l’unité que tu affiches aujourd’hui. Là encore, as-tu dû d’abord te « définir » artistiquement ?
Cet album est en réalité né d’un heureux hasard. La seule raison pour laquelle les chansons s’accordent si bien est qu’elles ont toutes été écrites sur une période de deux ou trois mois et qu’elles proviennent de la même source d’inspiration. Ce n’est qu’à la fin de l’été 2024, après avoir écouté toutes les démos, que j’ai réalisé qu’il s’agissait bel et bien d’un album. Et honnêtement, c’est tant mieux, car ces chansons ont toutes été écrites dans une démarche d’exploration artistique. Mises ensemble, elles représentent parfaitement ce dont je suis capable en tant qu’auteure-compositrice. Mais j’avais aussi un besoin urgent d’exprimer tout cela, comme si je devais me libérer d’un poids. Je sens que je peux désormais avancer artistiquement avec plus de sérénité et d’intention.
– Pour conclure que le sujet de ces 13 singles, y a-t-il aussi une sorte de timidité à ne pas se lancer dans un album, voire un EP, plus tôt ? Ou, plus simplement, ce sont les plateformes et les réseaux, qui autorisent et facilitent ce genre de démarche aujourd’hui ?
C’était simplement le résultat de conseils extérieurs. On m’avait dit que la meilleure méthode d’autopromotion consistait à sortir des singles les uns après les autres, et cela me convenait à l’époque. Mais j’aimais l’idée de me lancer dans un projet plus approfondi et plus ambitieux, c’est-à-dire un album. Même s’il est logique, du point de vue de la promotion sur les réseaux sociaux, de se limiter à la sortie de singles, je pense qu’il est plus révélateur de la personnalité créative d’un artiste de réaliser un projet de plus grande envergure. Cela permet au public de mieux comprendre qui il est.
– Parlons maintenant de ce premier album, « Tell Your Ghost ». Toi qui as débuté à l’âge de 14 ans, est-ce que tu y vois une forme de concrétisation de toutes ces années de travail et d’un long apprentissage vocal, guitaristique et de production également ?
Oui et non. Cet album est bien plus représentatif d’une période spécifique de ma vie et des émotions brutes que je traversais, mais en toute honnêteté, il est aussi le reflet de toutes les musiques qui m’ont inspiré tout au long de ma vie. J’entends tellement d’influences dans mes compositions. L’idée que je me faisais du musicien et de l’artiste que j’allais devenir à 14 ans est tellement différente de ce que je suis aujourd’hui, et pourtant, j’y retrouve encore beaucoup de mes musiques préférées. J’ai l’impression que cet album était resté enfermé dans une cocotte-minute que j’avais oubliée pendant la dernière décennie, et que je l’ai redécouvert après qu’elle ait explosé dans ma cuisine métaphorique. Quoi que cela puisse signifier ! (Sourires)
– Même s’il y avait parmi tes précédents singles des morceaux très aboutis et accrocheurs, la première impression avec « Tell Your Ghost » est cette variété dans les styles abordés. Bien sûr, l’ensemble est très Blues, mais aussi très Rock comme « High/Low », voire presque Hard Rock sur « Creepin’ », ainsi que des titres plus émouvants comme « Back To You » ou « Early Grave ». Ils ont tous en commun d’être très entraînants et communicatifs. Est-ce la première fois que tu te dévoiles à ce point en musique, notamment dans les textes ?
Je pense que la vulnérabilité et l’honnêteté sont les seules raisons pour lesquelles cet album fonctionne vraiment. Il aurait été sans valeur autrement. Je n’avais pas seulement besoin de le faire pour moi-même, j’avais aussi besoin de le faire pour le public, surtout parce que j’ai pris des risques avec les genres musicaux. Je savais que certaines de ces chansons sonneraient complètement différemment de ce à quoi mes fans s’attendaient, et si elles avaient été superficielles, rien n’aurait fonctionné. De plus, à quoi les auditeurs auraient-ils pu s’identifier ? J’ai écrit cette musique, parce que j’avais besoin d’extérioriser mes sentiments avant qu’ils ne me submergent. Recevoir des retours de personnes qui écoutent l’album et me disent y trouver du réconfort, ou un lien quelconque, est extrêmement important pour moi.
– Que ce soit vocalement ou à la guitare, il règne une authenticité et une chaleur de chaque instant, le tout dans une unité musicale qui libère une réelle signature artistique. Est-ce qu’au niveau de ta performance sur « Tell Your Ghost », tu penses avoir franchi un cap et atteint un premier accomplissement, qui se traduit dans ce songwriting précis et sincère ?
Je pense que c’est l’une des musiques les plus authentiques que j’aie jamais sorties. Il y a une part de moi dans tout ce que j’ai enregistré jusqu’à présent, mais certaines de ces chansons sont portées par une émotion pure et débridée. C’est un soulagement de constater qu’elles sont perçues ainsi… Et cela me prouve que j’ai bien fait mon travail ! (Sourires) Cela m’a également permis d’aller de l’avant et d’écrire de nouvelles musiques avec un objectif ou une orientation différente. « Tell Your Ghost » est, en fin de compte, un recueil de chansons que j’avais besoin d’écrire pour me sortir de la période sombre que je traversais. Cela m’a permis de transformer cette douleur, cette colère et ce chagrin en une forme tangible, afin de pouvoir les laisser derrière moi et passer à autre chose et pour cela, je leur serai éternellement reconnaissant. Savoir que l’authenticité et ma personnalité transparaissent toujours est la meilleure reconnaissance que je puisse espérer. (Sourires)
– Il se dégage aussi un souffle assez indescriptible de cet album et qui passe forcément par le son. Et tu as décidé de le produire toi-même, alors même que Nashville compte de grands producteurs. Il a une saveur très live et organique avec une belle énergie et une vraie complicité entre tes musiciens et toi. En seulement trois jours d’enregistrement, tu livres un disque assez époustouflant et plein de relief. L’idée était-elle de capturer l’intensité de tes prestations scéniques ?
Oui, c’était l’objectif principal pour mon groupe et moi lorsque nous avons décidé d’enregistrer cet album. Nous avons clairement indiqué à notre ingénieur du son que nous devions tous être dans la même pièce pour enregistrer les chansons, afin de capturer cette énergie et cette ambiance. David Paulin et Amry Truitt du studio Sound Emporium ont fait un travail remarquable pour y parvenir. J’avais toujours eu l’impression que mes enregistrements précédents manquaient de cette étincelle que j’avais trouvée avec la formation actuelle sur scène. Il était impératif pour la musique de cet album que nous retrouvions cette même énergie en studio.
– Enfin, il y a aussi sur « Tell Your Ghost » la sensation d’une page de ta vie que tu sembles tourner, tant l’émotion est présente à travers des solos déchirants et des envolées vocales très expressives. Est-ce que, finalement, ce premier album est une sorte de libération dans un certain sens, et le début d’une aventure qu’on sent déjà sereine et confiante ?
C’était vraiment libérateur. Mais je ne pense pas que le prochain album explorera autant de genres différents que « Tell Your Ghost ». C’est merveilleux de savoir que je peux écrire de manière aussi sincère, mais cet album m’a aussi appris que je peux créer de la musique dans n’importe quel univers sonore qui, selon moi, convient à la chanson. J’ai tellement appris de ce processus et cela me permet d’avancer artistiquement avec beaucoup plus de liberté. J’ai confiance en moi et en mon instinct ! (Sourires)
L’album de LEILANI KILGORE, « Tell Your Ghost », ainsi que tous les singles sont disponibles sur toutes les plateformes, ainsi que sur le site de l’artiste : https://leilanikilgore.com/
Toujours aussi virtuose, LAURA COX enchaîne les disques avec régularité et surtout sans faux pas. Entre Blues et Rock, teinté de saveurs Southern et Bluegrass, « Trouble Coming » vient inscrire un nouveau chapitre dans la carrière de l’artiste française. Sans complexe et osant marier sincérité et puissance, elle fait preuve d’une aisance grandissante à laquelle rien ne semble résister. Sa soif de découverte paraît même inépuisable, tant ce quatrième effort est d’une diversité devenue rare dans le registre. Une créativité à toute épreuve !
LAURA COX
« Trouble Coming »
(earMUSIC/Verycords)
Habituée des lieux depuis « Burning Bright » (2019), LAURA COX a repris la route direction Bruxelles et les studios ICP, où elle avait concocté « Head Above Water » il y a deux ans pour une partie de l’enregistrement seulement. Cela dit, toujours en quête de nouvelles sonorités, notre guitare-héroïne se distingue à nouveau avec un quatrième album qui va encore plus loin et qui la révèle un peu plus musicalement. Différente sur chaque réalisation, tout en affirmant un style bien à elle, sa personnalité et son naturel prennent de nouvelles voies à travers sa trajectoire bleutée.
Bien sûr, il est toujours question de Blues sur « Trouble Coming », dont le titre ne signifie pas forcément qu’elle revienne à un registre tirant sur le Hard. Ce nouvel opus fait, au contraire, dans la nuance. Et même si la guitariste et chanteuse sait toujours montrer les crocs en distillant des riffs bien tranchants, elle développe aussi une touche très mélodique et plus féminine, comme ce qu’elle avait déjà amorcé précédemment. Avec un songwriting encore plus convaincant, LAURA COX laisse parler ses guitares avec précision et fluidité.
C’est avec Jean-Marc Pelatan aux manettes qu’ont été conçus les onze nouveaux morceaux et la chaleur et l’authenticité à l’œuvre rendent « TroubleComing » très organique et vivant. On note également la participation au mastering du multi-récompensé Ted Jensen sur quelques morceaux. Et si cette belle production honore ses compositions, c’est surtout le talent de LAURA COX qui prend le dessus (« No Need To Try Harder », « Dancing Around The Sun », « Inside The Storm », « Out Of The Blue » et son banjo, « A Way Home », « Rise Together »). Sensible et très Rock !
Jeunes et insouciants, certes, mais quelle maîtrise et quel sens du songwriting ! Les Italiens (enfin presque tous !) ont quitté le soleil européen pour celui de la Californie afin d’immortaliser un premier opus, où ils affichent déjà beaucoup de sérénité, mêlée à une fougue qui ne manque pas d’ambition. Hyper groovy, délicat tout en restant imprévisible, MATT PASCALE AND THE STOMPS défie les codes du Blues Rock et laisse parler le feeling, comme pour mieux saisir l’instantanéité de ses envies en se moquant des frontières musicales.
MATT PASCALE AND THE STOMPS
« Home »
(Dixiefrog)
Après trois singles en 2023, MATT PASCALE AND THE STOMPS sort son premier album, « Home », et il pourrait bien être celui qui le révèlera et sera cette fameuse rampe de lancement qu’attendent tous les groupes. Le cosmopolite quatuor, à dominante transalpine, livre un disque tellement mature et inspiré qu’il en est bluffant. Très roots et délicieusement Southern dans le son, le Blues du combo est résolument moderne et donne une vision très actuelle de notre société sur fond de Rock, de Funk et de Soul. Une recette savoureuse dont les secrets se nichent dans les détails.
Enregistré à Los Angeles, c’est Fabrizio Grossi, qui s’est vu confié la production de « Home », lui qui a travaillé avec Billy F Gibbons, Slash, Eric Gales et quelques autres. De quoi s’assurer un résultat à la hauteur du talent de MATT PASCALE AND THE STOMPS… Et il y a de quoi être satisfait et conquis ! Menés par un guitariste-chanteur à la voix éraillée et gorgée de soleil, Matteo Magnaterra (basse), Rishi Yildiz (orgue, claviers) et AJ Morra (batterie) rayonnent littéralement et surtout avancent dans un même élan avec une complicité et une cohésion très palpables.
Accompagnés aux chœurs par la vibrante Chiara Galvani, les quatre musiciens déploient un style direct, chaleureux et assez épuré sur des titres aux arrangements très soignés et des mélodies qui restent vite gravées. Le jeu de guitare du leader est aussi riche et virevoltant que son chant est profond et mature. MATT PASCALE AND THE STOMPS n’a pas son pareil pour distiller un sentiment de joie et de liberté absolue (« Home », « Sugar Mama », « Hide & Seek », « Old Angel’s Talking », « Me & The Devil », « Wake Up », « When The Money Talks »). Déjà incontournable.
Après le fulgurant « Can’t Kill Me Twice », les Allemands dévoilent une autre facette de leur personnalité musicale. Loin d’avoir abandonné leur fougueux Blues Rock, ils se montrent d’une belle audace en abordant un Blues plus sensible et introspectif, toujours sur un groove constant et enveloppant. BLUE DEAL élargit encore son univers et le fait avec beaucoup de finesse, de maîtrise et de fluidité. Ponctué d’orgue Hammond, d’harmonica et de slide, il n’élude rien et nous régale sur ce « Make A Change » complet et savoureux.
BLUE DEAL
« Make A Change »
(Dixiefrog)
Un peu plus d’un an après son deuxième album, « Can’t Kill Me Twice », le quatuor enchaîne déjà avec « Make A Change », preuve d’une créativité qui ne faiblit pas. Toujours guidé par l’ancien leader du Cadillac Blues Band, Joe Fischer (chant, claviers, cigar box), BLUE DEAL continue d’explorer le Blues Rock et ses contours, en affinant de plus en plus son identité artistique. Moins percutante que son fiévreux prédécesseur, cette troisième réalisation montre un aspect plus délicat et aussi plus acoustique, sans perdre de son dynamisme, bien au contraire.
En assez peu de temps, le groupe est parvenu à s’imposer bien au-delà de ses frontières, et « Make A Change » devrait contribuer à l’installer durablement dans le milieu. Ayant déjà démontré ses facultés à produire un registre musclé et direct, BLUE DEAL se penche cette fois sur le côté émotionnel de son jeu avec des morceaux aux tempos moins relevés, mais tout aussi captivants (« Easy To Hurt », « Greenland Shark », « Over Jordan », « Storm Will Come »). Une exigence que l’on retrouve aussi dans la sonorité très organique de l’ensemble.
Pour autant, la formation germanique et ne se repose pas sur ses lauriers. Intense, elle joue sur les sensations avec des changements d’ambiances bien sentis. Le jeune prodige Tom Vela s’y dévoile en vieux roublard du genre, toujours aussi inspiré, technique et véloce. BLUE DEAL compte dans ses rangs un guitariste rare, qui vient compléter un combo expérimenté, et qui traverse les paysages sonores avec grâce (« Get It Done », « Bad Boogie Woman », le torride instrumental « Hey Valley » et le morceau-titre). La voie est toute tracée.
Avec HOLLOW SOULS, Kris Barras ouvre un nouveau chapitre de sa belle carrière et s’il n’était aussi concluant et abouti, on pourrait voir en « Hollow Souls » une sorte de caprice ou de récréation. Car, sur les six morceaux et seulement vingt minutes, le trio anglais a convié quatre artistes à se joindre à lui. Autant d’éléments qui font qu’il est difficile de se faire réellement une idée précise du groupe, même si la qualité est indéniable, la production exceptionnelle et le songwriting imparable. Le plaisir est grand, mais de courte durée.
HOLLOW SOULS
« Hollow Souls »
(Independant)
Le problème des EPs est que, lorsqu’ils sont bons, on reste systématiquement sur sa faim. Et c’est précisément le cas avec « Hollow Souls » dont on aurait souhaité qu’il s’étende bien plus en longueur. Il faudra donc s’en contenter, d’autant qu’il s’écoute en boucle et avec délectation. HOLLOW SOULS est né du désir du chanteur et guitariste Kris Barras de renouer avec son amour du Blues, mais avec une approche très Rock, flirtant même avec le Hard Rock. Et il a également très bien su s’entourer sur ce premier format court explosif.
C’est tout d’abord le rapprochement avec son collaborateur de longue date, le producteur et multi-instrumentiste Josiah J Manning, qui a servi de détonateur au projet. Rapidement, HOLLOW SOULS s’est complété de l’excellent duo rythmique constitué de Joe Harris à la batterie et de Leighton Allen à la basse. Une solide assise sur laquelle est venue se poser la superbe voix de Phoebe Jane, ancienne choriste du Kris Barras Band, qui s’est imposée tout naturellement. Et pour couronner le tout, quelques invités de renom sont aussi de la partie.
C’est d’abord le fougueux guitariste américain de Blues Rock Jared James Nichols qui met le feu aux poudres avec un solo majestueux sur « Borderline ». Puis, le frontman de The Cold Stares enflamme « Bad Things », avant que HOLLOW SOULS dans sa configuration originelle ne prenne le relais sur « I Need The Fire » et la belle ballade « Chasing Ghosts » en toute fin. Puis, le chanteur canadien Jon ‘Marv’ Harley de Monster Truck dynamite « Shotgun », tout comme la Britannique Elles Bailey sur le génial « Burn It To The Ground », joyau de cet EP.
La nouvelle sensation Heavy Blues déferle du Portugal et même si le quatuor n’en est pas à son coup d’essai, « A Light In The Darkness » devrait mettre tout le monde d’accord. Véloce, ce nouvel opus est encore plus tranchant que le précédent, et THE BATELEURS prend une nouvelle dimension. Ici, tout est plus précis et les émotions sont canalisées avec soin, tout en maintenant un solide impact. Grâce à quelques notes d’orgue Hammond savamment distillées, les guitares gagnent aussi en profondeur et le chant de Sandrine Orsini en luminosité et en relief.
THE BATELEURS
« A Light In The Darkness »
(Discos Macarras Records)
Trois ans après le très bon « The Sun In The Tenth House », qui faisait suite à son premier EP « The Imminent Fire » sorti en 2018, THE BATELEURS semble encore plus inspiré sur ce deuxième album qui le hisse parmi les meilleurs groupes de Blues Rock européen. Et de très loin ! En tout cas, « A Light In The Darkness » vient secouer le microcosme avec beaucoup de fraîcheur. La formation de Lisbonne approfondit son style, toujours paré d’un Classic Rock très contemporain qui le rend irrésistiblement Heavy et accrocheur.
Côté line-up, Ricardo Galrão prend le relais de Marco Reis à la guitare, et les Portugais ne semblent pas déstabilisés pour autant, car la fluidité est toujours au rendez-vous sur ces nouveaux titres. Et puis, THE BATELEURS peut toujours compter sur l’allant et la forte personnalité de sa chanteuse Sandrine Orsini. Son magnétisme et surtout sa puissance vocale offrent à « A Light In The Darkness » une dynamique imparable. Les riffs sont costauds, le groove haletant et le son est d’une chaleur organique saisissante.
Réalisée par les Lisboètes et mixé par leur bassiste, la production est vigoureuse et contemporaine, tout en laissant une grande place à l’authenticité inhérente au style. THE BATELEURS ravive l’esprit vintage de son registre avec force et volonté. Très Rock’n’Roll, la frontwoman guide les morceaux avec prestance et caractère, et manie les ambiances tout en feeling (« A Price For My Soul », « The Lighthouse », « Best Of Days », « Gardens Of Babylon », et le génial « Before The Morning Is Done » et ses saveurs celtes addictives). Monumental !
Retrouvez la chronique de « The Sun in The Tenth House » :
Cela devient une (bonne) habitude chez WHEN RIVERS MEET de sortir un album live après chaque enregistrement studio, histoire de capter la tournée qui suit et surtout sa rencontre avec ses fans. Il y a un aspect très familier dans cet exercice et le résultat offre aussi un instantané de la formation à un moment précis de sa carrière. Alors, après le très bon « Addicted To You », qui a aussi marqué un cap important musicalement, c’est très naturellement que le tandem, parfaitement accompagné, livre « Live & Addicted », témoin des concerts qui ont suivi la sortie de son cinquième album.
WHEN RIVERS MEET
« Live & Addicted »
(One Road Records)
La complicité de Grace et Aaron Bond dépasse très largement leur duo et ce n’est d’ailleurs pas un secret, car ils ont tout récemment annoncé l’arrivée d’un heureux évènement pour mars prochain. Et avant que le groupe ne fasse une pause dans sa galopante ascension, il se présente avec « Live & Addicted », un double-album enregistré en public comme indiqué et qui, en dehors de son format, n’a rien d’inhabituel pour WHEN RIVERS MEET qui a déjà sorti trois Live, rien que l’an dernier et quatre au total. La scène est une deuxième maison et cette fois, il se présente dans deux configurations et deux contextes assez différents.
Quelques mois après l’excellent « Addicted To You », les Anglais ont tenu à immortaliser deux récentes prestations données lors de leur dernière tournée il ya quelques mois. Tout d’abord, on les découvre au ‘London Parabellum’ lors de leur passage le 25 mai dernier en ouverture de Blue Öyster Cult pour une performance électrisante, où WHEN RIVERS MEETS avait décidé de proposer un set musclé qui a littéralement emporté le public. Plus court forcément, le Blues Rock des musiciens dégage une énergie incroyable, montre surtout une passion de chaque instant et une réelle envie de partager.
Quant au second disque, qui capte un set complet de 20 morceaux contre huit pour le premier, on plonge dans une ambiance plus intime, où la proximité du lieu donne une toute autre approche de la musique des Britanniques. Enregistré le 29 mai à Norwich au ‘Waterfront’, WHEN RIVERS MEET s’offre de nombreux échanges avec ses fans, ce qui donne d’ailleurs lieu à quelques moments cocasses et joyeux. Et c’est aussi l’occasion d’alterner des moments très explosifs et d’autres plus calmes, une alternance parfaitement menée et qui laisse profiter de tous les aspects d’un registre très nuancé. Deux magnifiques soirées !