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Blues Contemporary Blues

Buffalo Nichols : visionnaire

CARL ‘BUFFALO’ NICHOLS fait partie de la nouvelle génération du Blues américain, qui a la volonté de marier les racines du style avec une manière d’arranger les titres en portant un regard neuf et en utilisant toutes les techniques présentes et à sa disposition. Echantillonnages, samples d’un autre temps ou boucles aérées et discrètes de percussions, « The Fatalist » est un voyage mélodieux, où le violon, la guitare acoustique et l’électronique se côtoient et font cause commune autour d’un chant saisissant et captivant.

BUFFALO NICHOLS

« The Fatalist »

(Fat Possum Records)

Ce deuxième album de BUFFALO NICHOLS a quelque chose de fascinant. Ancré dans un Blues très roots et hors du temps, il est pourtant terriblement actuel et ce malgré son aspect très épuré. Car s’il sonne si organique, « The Fatalist » regorge de samples, de synthés et de programmation, ce qui le rend assez unique en son genre. Par ailleurs, le musicien du Wisconsin s’est occupé de l’intégralité du disque, à savoir de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier le chant, la guitare, le banjo et les éléments électroniques comme des bruits de nature.

Avec sa voix rauque et profonde, BUFFALO NICHOLS nous transporte dans une sorte de western moderne, d’où quelques sonorités Country et Bluegrass s’échappent délicatement. Très sombre dans ses textes, le songwriter se livre sur des sujets personnels et sociétaux qu’il fait résonner d’une façon si évidente. Jamais avare de quelques slides, il s’est forgé un univers musical incroyablement riche. Et sur « The Fatalist » encore plus que sur son premier opus éponyme, le talent du bluesman de Milwaukee se niche dans les détails… et ils sont innombrables.

Relativement urbain dans le traitement sonore, l’apport du violon de Jess McIntosh sur trois morceaux offre de la légèreté à « The Fatalist », qui se veut touchant et tout en émotion. Le côté très acoustique du Blues très Folk de BUFFALO NICHOLS se fond même dans un fiévreux Gospel sur le « You’re Gonna Need Somebody On Your Bond » de Blind Willie Johnson. Mêlant le passé du genre avec son futur, on assiste à une mise en œuvre très hybride, mais loin d’être synthétique. Et le poignant duo avec Samantha Rose (« This Moment ») vient clore l’album avec classe.

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Blues

Cat Squirrel : masterclass

C’est dorénavant depuis la péninsule ibérique que Mike Vernon exerce son art, celui du Blues. Aussi intemporel que voyageur, le style de l’Anglais traverse toutes les époques et tous les courants du genre, comme pour en extraire la substantifique moelle. Et avec CAT SQUIRREL, son nouveau groupe, c’est chose faite comme en témoigne « Blues What Am », un vrai disque de baroudeurs.

CAT SQUIRREL

« Blues What Am »

(Dixiefrog/Rock & Hall)

Si ce premier album de CAT SQUIRREL parait si familier, cela ne doit rein au hasard. En effet, la formation a vu le jour à l’initiative et sous l’impulsion du grand Mike Vernon, à qui l’atmosphère espagnole, pays où il réside depuis une vingtaine d’années, semble faire le plus grand bien. Et c’est tout naturellement qu’il s’est entouré de cinq bluesmen locaux, et non des moindres, pour créer cette nouvelle entité et sortir ce « Blues What Am », qui apparait comme un concentré délicat de la carrière du Britannique.

Pour rappel, Mike Vernon n’est autre que le fondateur du label Blue Horizon et a découvert, produit ou collaboré avec les plus grands, passant de John Mayall à Ten Years After et de Peter Green à David Bowie ou encore Elmore James. Garant de l’esprit du British Blues Boom, le chanteur et songwriter établit pourtant de belles passerelles entre le Blues du Delta, le Swamp, le Boogie, le Shuffle, le Rock ou le Swing. Et CAT SQUIRREL saute d’un rythme à l’autre, d’une ambiance à une autre avec une belle élégance.

Entouré des flamboyants Kid Carlos (guitare), Mingo Balaguer (harmonica), Oriol Fontanals (contrebasse) et Pascoual Monge (batterie), Mike Vernon démontre qu’il a toujours de la voix et surtout de l’inspiration. Sur plus d’une heure, le quintet présente 14 morceaux, dont quatre reprises, notamment celles de Big Bill Broonzy et Jimmy Reed. De Chicago au Royaume-Uni, CAT SQUIRREL nous balade avec une joie non-dissimulée dans un monde où le Blues est roi et où le Blues sourit constamment.

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Joe Bonamassa : fastueux

Avant de reprendre le chemin des concerts (d’ailleurs a-t-il seulement arrêté ?) pour des prestations qui s’annoncent hors normes, sur mer comme sur terre et y compris avec le fameux Black Country Communion, le guitariste et chanteur se fait plaisir avec un deuxième volume de son « Blues Deluxe », paru en 2003. JOE BONAMASSA nous gratifie de huit magnifiques reprises et de deux originaux inédits, le tout avec la virtuosité et le feeling devenus sa signature.

JOE BONAMASSA

« Blues Deluxe Vol.2 »

(J&R Adventures/Mascot)

Afin de se rappeler au bon souvenir de son album « Blues Deluxe » sorti il y a 20 ans et qui l’a célébré dans le monde entier, JOE BONAMASSA nous offre un second volet tout aussi brillant et inspiré par les artistes qui ont façonné son style. C’est aussi une façon pour l’Américain de jeter un regard sur une carrière exceptionnelle, où il s’est hissé parmi les bluesmen aussi incontournables que prolifiques. Il faut reconnaître que le chemin parcouru en deux décennies est défiant, tant il incarne aujourd’hui le renouveau du Blues.

Composé donc pour l’essentiel de reprises, « Blues Deluxe Vol.2 » donne toute la mesure de la progression (et oui !) de JOE BONAMASSA en tant que guitariste bien sûr, mais surtout comme chanteur, un rôle qu’il avoue avoir toujours du mal à pleinement assumer. Pourtant, la maturité de son chant est incontestable, tout comme la finesse et la précision de son approche des standards qu’il interprète ici. Et au-delà bien sûr de la qualité de la production, les arrangements sont comme toujours très soignés.

De Bobby ‘Blue’ Bland à Fleetwood Mac en passant par Guitar Slim et Albert King, JOE BONAMASSA revient à ses premières amours, celles qui ont forgé son identité de bluesman. Repris avec toute l’élégance qu’on lui connait et avec beaucoup d’humilité, ces huit morceaux cohabitent avec deux originaux. « Hope You Redize It (Goodbye Again) » a été composé avec Tom Hambridge, tandis que son complice et guitariste Josh Smith signe « Is It Safe To Go Home ». Une fois encore, c’est du grand luxe !

Photo : Adam Kennedy
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Blues Soul / Funk Southern Blues

Dr Sugar : saupoudré de feeling

Bluesman (très) averti et baroudeur de longue date sur la scène hexagonale notamment, c’est sous le pseudonyme de DR SUGAR que le songwriter français se présente en solo. Les dix titres de « These Words » semblent avoir été composés en Louisiane, sur les rives du Mississippi, tant l’atmosphère contient des effluves en provenance directe de la Nouvelle-Orléans. Irrésistible.

DR SUGAR

« These Words »

(Rock & Hall)

Depuis de longues années maintenant, Pierre Citerne, alias DR SUGAR, fait partie de ces artisans incontournables de la scène Blues française. Ancien leader des Marvellous Pig Noise, il se livre cette fois seul, mais toujours très bien accompagné, sur ce « These Words » qui nous transporte du côté du delta du Mississippi, non loin de la Nouvelle-Orleans avec un Blues chaleureux et personnel. Ici, les couleurs et les sons s’entremêlent dans une douceur bienveillante.

C’est à Montpellier et sous la houlette de Niko Sarran des Red Beans & Pepper Sauce, qui tient ici aussi les baguettes en plus de signer la production, que DR SUGAR a mis en boîte ses nouveaux morceaux et « These Words » a vraiment quelque chose de réjouissant. Un pied dans le bayou et l’autre dans les quartiers animés et festifs de ‘Big Easy’, le Blues du Français a des saveurs Soul, Gospel, R&B et Funky, qui sont autant de gourmandises saupoudrées d’un groove exceptionnel.

Le dobro en bandoulière et l’harmonica jamais bien loin, DR SUGAR nous embarque dans une balade Deep South très roots. Entraînant et gorgé de soleil, le musicien enchaîne les titres avec un groupe où rayonnent l’orgue Hammond et les chœurs. La touche très ‘Churchy’ de son registre flirte habillement avec une nostalgie joyeuse et dans une belle fluidité (« Ready To Give Love Again », « I Want To Go To New-Orleans », « Drinking Muddy Water », « The Little Church » et le morceau-titre). Vivifiant et tonique !

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Heavy Rock Power Rock Rock Hard

Heavy Water : business family

Même s’il est le fils d’une légende du Heavy Metal, Seb Byford n’entend pourtant pas marcher dans les pas de son père musicalement. Cela dit, il est parvenu à l’embraquer dans l’aventure HEAVY WATER loin de l’institution Saxon. Avec « Dreams Of Yesterday », l’ambiance est plutôt Rock, même si quelques sonorités assez Old School et un brin Hard Rock émanent de ce deuxième effort rondement mené par le mythique frontman et sa progéniture.

HEAVY WATER

« Dreams Of Yesterday »

(Silver Lining Music)

Si le rapprochement artistique père/fils qui a donné lieu à « Red Brick City » il y a deux ans en pleine période de Covid, il semblerait que la Byford Family ait décidé de récidiver et d’inscrire HEAVY WATER dans le temps. Même si Biff a depuis sorti « Carpe Diem » et le navrant « More Inspirations » avec Saxon, le duo créé avec le fiston n’a pas été un one-shot, puisque les revoilà avec « Dreams Of Yesterday », un deuxième album varié et solide, dans la lignée du premier.

A la guitare et au chant, Seb paraît toujours tenir la boutique avec force et talent, Biff assurant la basse et les chœurs avec son inimitable timbre de voix. Loin de son Heavy Metal habituel et même s’il avait laissé entrevoir d’autres registres sur les deux non-essentiels opus de covers de Saxon, c’est assez surprenant de le retrouver dans certains styles abordés sur « Dreams Of Yesterday ». Mais il ne fait que tenir la basse sur HEAVY WATER… et d’ailleurs cela s’entend !

Le groupe a trouvé ses marques et même s’il se cherche encore un peu, une empreinte et une identité commencent à se dessiner. Très ancré dans les années 80 et 90, HEAVY WATER rappelle autant Led Zeppelin que Soundgarden ou Alice In Chains et penche sur des titres assez nerveux dans un Rock Hard classique, bluesy parfois, alternatif et légèrement Stoner (« Another Day », « Be My Savior », « Don’t Take It Granted », « Castaway »). Un peu éparse, mais très soudé !

Photo : Steph Byford

Retrouvez la chronique du premier album :

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Blues Folk/Americana

Dom Martin : across the Éire

Captivant et électrisant, le chanteur et guitariste DOM MARTIN livre un peu d’un an après le très bon « A Savage Life », un disque tout aussi poignant de vérité où l’Irlandais distille un Blues unique, qui fait le pont entre des influences américaines marquées, l’empreinte omniprésente d’un British Blues étincelant et une atmosphère celtique chaleureuse. « Buried In The Hail », s’il est plus sombre dans son approche, ne manque pourtant pas d’élégance, ni d’éclats lumineux.   

DOM MARTIN

« Buried In The Hail »

(Forty Below Records)

Le pays du trèfle, dans son intégralité, a toujours été une terre de Blues et de Folk et c’est peut-être pour cette raison que « Buried In The Hail » est probablement l’album de DOM MARTIN, qui sonne le plus irlandais. Sans doute aussi parce qu’il est le plus Folk et le plus intimiste du musicien. Toujours aussi roots, ce troisième opus studio parcourt des contrées Blues, bien sûr, mais aussi Folk et Americana, des styles qu’il affectionne tout particulièrement et qui se prêtent parfaitement à l’ambiance très acoustique à l’œuvre ici.

Enregistré dans les fameux Golden Egg Studios dans la province de Leinster et produit à Dublin, où DOM MARTIN a fait équipe avec les très réputés Chris O’Brien et Graham Murphy, « Buried In The Hail » propose des morceaux très épurés et d’une apparente légèreté. Moins électrique donc que ses précédentes réalisations, le songwriter nous embarque dans une balade irlandaise chargée d’émotion, qui commence par l’instrumental « Hello In There », où sa guitare sèche se mêle à des rires d’enfants avec une magie palpable.

C’est vrai que la douceur, la lumière et une certaine bienveillance dominent sur l’ensemble des titres, dont certains affichent clairement une ambiance celtique (« Government », « Belfast Blues », « The Fall »). DOM MARTIN se fend également d’une reprise magistrale et pleine de nostalgie du « Crazy » de Willie Nelson. En explorant les âmes et les esprits, le natif de Belfast se livre avec délicatesse et authenticité (« Buried In The Hail », « Lefty 2 Guns »), sans perdre de sa vivacité (« Daylight I Will Find », « Unhinged », « Howlin’ »). Superbe !      

Photo : Will Carter

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Dark Blues Soul Southern Blues

Jhett Black : une solennité très dark

Il émane beaucoup de classe du Dark Blues de JHETT BLACK. Avec « Babel », le musicien montre de nombreuses facettes de sa personnalité en se dévoilant de manière originale à travers un style passionné. Très abouti, ce premier album est l’œuvre d’un artiste confirmé et terriblement inspiré. Très profond, il en devient même vite addictif, tant son répertoire est saisissant.

JHETT BLACK

« Babel »

(Rumblestump Records)

C’est dans son Nouveau-Mexique natal que JHETT BLACK a appris la slide en autodidacte tout en parcourant les routes avec son groupe Folk Rock Gleewood. La reconnaissance est arrivée lors de l’International Blues Challenge de Memphis et la sortie de son EP « Roots » a conforté des premiers pas plus que prometteurs. Depuis, il s’est installé à Chattanooga dans le Tennessee, où il a écrit et composé « Babel », une perle d’un Blues sombre, presque gothique et élégamment épuré.

S’inspirant de la musique roots américaine, JHETT BLACK propose un style lourd et épais, qui ne manque pourtant pas de délicatesse. Il y a quelque chose de solennel chez lui, et qui n’est pas sans rappeler Johnny Cash dans la narration. A la frontière entre Rock, Soul et Blues, le songwriter s’appuie sur un registre traditionnel pour le nourrir d’une modernité très groove, brute et savoureuse. « Babel » est un voyage intense dans le sud des Etats-Unis, où le duo guitare-batterie captive.

Avec sa voix de basse/baryton, JHETT BLACK parvient à faire jaillir la lumière, grâce à des mélodies prenantes et des chansons intimes d’une incroyable puissance émotionnelle (« Wayward Son », « Gold »). Souvent teinté de désespoir tout en restant entraînant, le guitariste livre des morceaux d’une grande densité et d’une authenticité qui offre à « Babel » des instants de vérité éclatants (« Roll On », « Mama Told Me Not To », « 12 Bar Blues Again » », « Sonic Tonic » et la somptueuse cover de Freddie King « Going Down »). Dark’n Roll !

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Hard Blues Hard Rock

Legba : la danse des esprits

Avec un tel patronyme, on pourrait s’attendre à un disque influencé par des rythmes caribéens ou à une plongée au coeur du bayou. S’il flirte légèrement avec l’atmosphère du Blues marécageux américain, LEGBA livre plutôt un Hard Rock direct, efficace et dont les mélodies sont imbibées d’un Blues épais. Avec « Oscuro », le quintet français se montre dynamique et inspiré. Une véritable révélation !

LEGBA

« Oscuro »

(Independant)

Le groupe tire son nom de Papa Legba, qui est un ‘Iwa’, c’est-à-dire un esprit du vaudou originaire de l’actuel Bénin et toujours répandu au Togo où il a la fonction de messager de dieu. On le retrouve aussi d’ailleurs dans la culture syncrétiste haïtienne. Voilà pour la petite histoire et l’aspect étymologique du nom adopté par les Basques. Pour autant, ce personnage symbolique est essentiellement présent dans les textes de LEGBA, dont le registre tend plutôt vers un Hard Rock légèrement vintage et très américain.

Fondé par l’ex-Titan Pat Têtevuide début 2020 et donc en plein confinement, le musicien avait ressenti le besoin et la nécessité de composer. C’est naturellement son parcours de vie et la musique qui le porte depuis toujours qui ont été ses principales inspirations, le tout dans un climat mystique. LEGBA prend ensuite rapidement forme et les contours musicaux sont évidents. Si l’on pense à Aerosmith ou même Lynyrd Skynyrd, on plonge surtout dans un Hard Rock 90’s fortement teinté de Blues, façon Cinderella.  

Sur « Oscuro », le son californien et une ambiance rappelant la moiteur de la Louisiane font cause commune. Si le vaudou apparait dans les paroles de morceaux traitant de la mort, de l’esclavagisme et de son abolition ou encore de la ségrégation, LEGBA ne donne pas dans une sorte de folklore exotique, mais sort plutôt des guitares très aiguisées (« Kingdom Of The Blind », « Creepy Voodoo Dolls, « Hard’n’Gone ») et s’abandonne dans un Blues chaleureux (« Devil’s Blues Part I & II », « Bird »). Un beau voyage entre Blues et Hard.

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Blues Rock Country Rythm'n' Blues Soul

ZZ Ward : on the top

Rien que le fait d’oser utiliser comme pseudonyme ZZ WARD en dit long et montre à quel point Zsuzsanna Eva Ward n’a pas froid aux yeux et possède une incroyable détermination. Son étonnant timbre de voix, sa faculté à assimiler un grand nombre d’univers différents dans un Blues Rock entrainant, mêlés à une authenticité omniprésente, font d’elle une musicienne hors-norme à bien des égards. En brisant les cloisons et les étiquettes, elle affiche une liberté singulière sur ce troisième opus, « Dirty Shine », avec lequel elle prend pleinement son envol.

ZZ WARD

« Dirty Shine »

(Dirty Shine Records)

Placer ZZ WARD dans la catégorie Blues Rock n’est pas quelque chose d’erroné bien sur, mais ce serait bien trop restrictif et réducteur pour la chanteuse américaine, puisque l’une de ses particularités est justement de s’engouffrer dans tous les genres qu’elle affectionne. Depuis « Til The Casket Drops » (2012), puis avec « The Storm » (2017), elle s’affirme musicalement en brouillant les pistes et en déjouant tous les pronostics. Et en ayant créé son propre label, la multi-instrumentiste affirme son caractère et son indépendance. « Dirty  Shine » se pose comme un accomplissement de son très créatif parcours.

Avec un style aussi distinctif basé sur le Blues, la songwriter navigue à l’envie en suivant son instinct et surtout ce qui la fait vibrer. Ainsi, « Dirty Shine » comporte des sonorités Rock, R&B, Hip-Hop (notamment sur « Tin Cups » en duo avec Aloe Blacc), Pop et insuffle même des ambiances Country très Roots. ZZ WARD est à l’aise partout et avec une telle voix, rien ne lui parait interdit, tant elle est capable d’user de variations phénoménales. Démontrant que le Blues mène à tout et en le mettant à la base de ses chansons, elle s’impose comme une artiste complète, inventive et sans frontières musicales.

Ayant grandi dans l’Oregon, c’est désormais depuis Los Angeles qu’elle distille son Blues Rock aux multiples saveurs. Le groovy « OverdoZZe », la slide sur « Don’t Let Me Down », « Baby Don’t » et ses effluves Hip-Hop, l’ensoleillé « Dirty Shine », le bluesy « Ride Or Die » et l’accrocheur « Dead Or Alive » montrent à quel point ce troisième album de la frontwoman est unique en son genre. Vocalement irrésistible, jouant de sa force et de sensualité, ZZ WARD est aussi atypique que touchante. Avec « Dirty Shine », elle rassemble et séduit avec naturel et spontanéité.

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Blues Blues Rock

Grant Haua : une belle respiration

Troisième réalisation (dont un live) sur le label Dixiefrog pour GRANT HAUA, qui nous gratifie d’un très bon « Mana Blues ». L’univers du musicien est aussi joyeux, communicatif et sensible, ce qui rend son Blues très accessible et dynamique. Toujours aussi Rock dans l’approche, l’équilibre est pourtant encore au rendez-vous avec des morceaux où le bluesman livre ses états d’âme avec classe et passion.

GRANT HAUA

« Mana Blues »

(Dixiefrog/Rock & Hall)

Chaque nouvelle production de GRANT HAUA est un enchantement. S’il n’est pas le seul bien sûr, il est l’un des rares à apporter autant de fraîcheur à la scène Blues internationale. Ses origines maori y sont bien sûr pour quelque chose, car elles posent un regard neuf et différent sur cette institution qu’est le Blues, mais ce n’est pas la seule raison. Cette manière très épurée, directe et aérée d’aborder ses chansons le rend particulier et unique en son genre. Et avec « Mana Blues », on tombe une fois encore, inévitablement, sous le charme de l’artiste.

A quelques jours de la Coupe du Monde de rugby en France, un sport qu’il pratique par ailleurs, c’était une évidence pour GRANT HAUA de faire un clin d’œil à ses All-Black de cœur en s’affichant avec une sorte de Haka mimé, histoire d’apporter son soutien à ses compatriotes néo-zélandais. Pourtant, le combat musical mené par le chanteur et guitariste se veut moins guerrier, même s’il n’élude pas certains aspects plus sombres de la vie. Cependant, il reste toujours aussi enjoué et d’une grande ouverture avec un côté plus électrifié cette fois.

« Mana Blues » s’ouvre sur un chant traditionnel saisissant, qui laisse place à « Pukehinahina » où GRANT HAUA croise le fer avec The Inspector Cluzo dans un Blues Rock explosif, qui ressemble d’ailleurs plus aux Français qu’au Néo-Zélandais. Cela dit, on le retrouve aussitôt avec toute la finesse qu’on lui connait et des morceaux qui lui ressemblent tellement (« Billie Holiday », « Jealousy », « Good Stuff », le génial « Embers » qui aurait été parfait pour ouvrir l’album et « Aches »  ou encore « Bad Mofo »). Un régal… encore !

Retrouvez les précédentes chroniques :