Catégories
Heavy metal Old School

Serpent Rider : une épique chevauchée

Après avoir quitté la Californie pour Seattle, SERPENT RIDER a vu son line-up presque totalement remanié. Mais ce premier effort vient confirmer que sa volonté n’a pas changé et que c’est toujours dans un Heavy Metal vintage et épique chevillé au corps qu’il évolue avec de plus en plus d’assurance. Grâce à une chanteuse qui sort des habituelles prestations féminines du genre, le quintet ne vient pas révolutionner le style, mais y apporte tout de même une touche d’originalité tout en perpétuant un héritage bien assimilé.

SERPENT RIDER

« The Ichor Of Chimaera »

(No Remorse Records)

Tout d’abord sous la bannière de Skyway Corsair en 2015, la formation américaine a du se réinventer au fil des années et surtout suite à un déménagement de son fondateur de Los Angeles pour Seattle il y a quatre ans. Dès lors, le leader et guitariste rythmique Brandon Corsair s’est mis en quête de nouveaux musiciens qu’il n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à trouver. Cette nouvelle mouture de SERPENT RIDER (petit hommage à Manilla Road) sort aujourd’hui dans un registre entre un Heavy Metal assez épique et un Doom langoureux.

Désormais complété par R. Villar au chant, Brian Verderber à la basse, Drake Graves derrière les fûts et le dernier arrivé Paul Gelbach à la lead guitare, le groupe est au complet et « The Ichor Of Chimaera » est un premier album solide, gorgé de références multiples, bien mené et délivrant une saveur Old School directement inspirée des années 80. Cela dit, ce bond dans le temps n’empêche nullement SERPENT RIDER de se montrer original et d’avoir le mérite d’avoir son propre univers, bien aidé en cela par sa frontwoman.

Car elle est justement l’une des forces du quintet, grâce à une prestation vocale surprenante. Pas franchement Metal, mais plutôt Rock et très aérienne, elle parvient à nous guider dans les méandres de cet opus, où sa voix se fait même fantomatique sur certains titres. Une belle polyvalence qui permet à SERPENT RIDER de se mouvoir dans des ambiances variées. Outre un morceau-titre audacieux, on retiendra « Steel Is The Answer », « Matri Deorum », « Tyrant’s March » et le très sinueux « In Spring ». Une belle première !

Catégories
Doom Folk Metal Metal Progressif

Dun Ringill : evil church

Une rythmique lourde, des riffs où s’entremêlent twin-guitars imposantes aux côtés de solos épiques et un chanteur littéralement possédé par son propos, les recettes de DUN RINGILL font encore des merveilles sur le deuxième volume de la sage entreprise il y a maintenant deux ans. Un projet audacieux, et mené de main de maître par son compositeur et bassiste Patrick Andersson, qui offre au Folk Metal Progressif de  « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » un relief inédit et une dimension aussi étrange que singulière.

DUN RINGILL

« 150 – Where The Old Gods Play Act 2 »

(The Sign Records)

Deux ans après un premier acte saisissant, DUN RINGILL nous livre le second et ce « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » est largement à la hauteur des attentes placées en lui. Un changement de batteur plus tard, revoici donc les Suédois qui mettent un terme à cette histoire pour le moins tourmentée. Pour rappel, nous sommes au début du XXème siècle en Ecosse et on suit les manipulations de l’Église par un prêtre aux desseins secrets et malveillants. C’est par le prisme de l’empreinte ecclésiastique sur la population que Lucia, le personnage principal, nous guide dans ses ténébreuses pérégrinations.

Et si le thème est particulièrement obscur, le musique de DUN RINGILL est en parfaite adéquation, tant l’atmosphère dans laquelle il nous plonge a des aspects terrifiants. Même si des sonorités de flûte et de violon laissent entrer par fragments une petite lumière, le Doom Folk vient très vite l’absorber. Les Scandinaves se font les incroyables conteurs de cette effroyable épopée et leur registre, aussi narratif que pesant, n’a aucun mal à captiver. Par ailleurs, la prestation du frontman, Thomas Eriksson, reste l’un des atouts majeurs du disque, grâce à une polyvalence vocale presqu’ensorcelante sur certains morceaux.

Mais ne nous y trompons pas, le style de la formation nordique n’a rien de franchement contemplatif. Celle-ci sait aussi se faire très Heavy (« Dark Clouds Are Rising ») et surtout progressive comme sur les monumentaux « The Robe & Crown », « My Father » et surtout le génial « Lucias Monologue Part 1 & 2 » et ses presque dix minutes. DUN RINGILL parvient avec ce second volet à nous faire oublier les ombres de Skyclad et de Manilla Road présentes sur le premier. « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » délivre exactement la fraîcheur d’écriture et la puissance musicale attendues. Un concept-album magistral !

Retrouvez la chronique du premier acte :

Catégories
Dark Gothic Doom France Post-HardCore Post-Metal

Hangman’s Chair : cold exploration [Interview]

Depuis ses débuts il y a 20 ans maintenant, HANGMAN’S CHAIR ne cesse d’évoluer, même si un lien persiste toujours entre ses albums. Du Sludge brutal au Doom très pesant, le groupe prolonge son aventure dans un post-Metal aux déflagrations Hard-Core avec un aspect Cold Wave et gothique plus prononcé aujourd’hui. Pour autant, la patte est toujours là, elle se peaufine et suit les envies et les inspirations de son binôme créatif, composé de Julien Chanut (guitare) et de Medhi Birouk Thépegnier (batterie). Sur ce septième opus, le quatuor français explore encore et toujours des sonorités qui collent à des textes emplis de mélancolie. Contraction de ‘Sadness’ et ‘addiction’, « Saddiction » s’inscrit dans un voyage musical très immersif, narratif aussi et surtout très captivant. Entretien avec un batteur passionné et très investi dans un projet, dont la vision se projette dorénavant sur le long terme.   

– Il y a un peu plus de deux ans, vous sortiez « A Loner », premier chapitre d’une trilogie. « Saddiction » est donc sa suite. Est-ce qu’à l’époque, vous travailliez déjà sur ce nouvel album ?

Pour être sincère et transparent avec toi, cette histoire de trilogie est sortie de la tête de Julien lors d’une conversation qu’on a eu avec la personne qui nous a fait la bio du dernier album. J’ai trouvé ça intéressant même s’il a son point de vue et que j’ai le mien. Je trouve ça bien, parce que ça permet aussi de ranger un peu notre chambre. Quand on parle de trilogie, ça veut dire que c’est le second volet et qu’il va y en avoir un troisième, alors que je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain. C’est donc assez étrange de parler comme ça comme d’un concept établi. Cela dit, ça permet aussi de voir un peu où on en est. Je comprends bien l’idée de Julien, car il a essayé de classer un peu notre style et notre concept musical au sein de HANGMAN’S CHAIR par rapport à nos albums. Et donc, ça se tient, bien sûr. C’est vrai qu’on avait ouvert une nouvelle ère avec « A Loner ». C’est un épisode, avec le confinement aussi, où l’on a eu envie d’explorer plus en profondeur le côté Cold Wave. Et « Saddiction » est arrivé à point nommé dans le sens où on a continué cette exploration. Je comprends bien l’idée de la trilogie, car je suis à un âge où je passe à un autre concept moi-même dans ma tête et dans ma vie. J’ai aussi quitté Paris avec toute la tension et la folie qu’il y a autour du groupe. J’aime donc l’idée de cette nouvelle ère avec cette trilogie. C’est surtout une manière de voir les choses, en fait. Il a son idée par rapport au son, tandis que je le vois plus comme une étape de vie.

– Il n’y a pas vraiment de règles chez les artistes qui sortent des trilogies, mais concernant HANGMAN’S CHAIR, est-ce que vous voyez la trame des trois albums, ou est-ce que les idées émergent au fur et à mesure ?

Oui, je l’entends, je le vois venir. Pour le moment, je suis dans un cycle d’attente pour l’écriture et l’enregistrement et puis, nous sommes en pleine promo aussi. Je suis dans une phase de digestion par rapport à ce nouvel album. Après, c’est différent pour chaque groupe, mais en ce qui nous concerne, on met énormément de cœur à l’ouvrage. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de sacrifices aussi. Tu sais, on se connaît avec Julien depuis nos 13 ans. Il y a une espèce de vie de couple, dans laquelle il faut gérer le côté humain et le côté professionnel avec tout le groupe. Il y a toujours eu des hauts et des bas dans les émotions et on retranscrit tout ça dans la musique, que ce soit des épreuves, des déceptions, des pertes… C’est la vie de tous les jours en fait. Et cela peut être parfois un peu lourd. J’ai un peu de mal à avoir une vision du futur, puisqu’on parle de cette trilogie. Et là, nous sommes au moment de la sortie de l’album, ce qui est toujours assez exceptionnel, même si les retours sont très bons dans les médias. J’attends maintenant ceux des auditeurs, qui sont une étape ultra-importante. Pour l’instant, je suis un peu en eaux troubles… ! (Rires)

– Je comprends très bien cette impression de vertige. Mais sur une trilogie comme celle-ci, on se lance tout de même dans une aventure sur le long terme, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas ne pas faire le troisième…

Exactement ! Ça veut dire qu’il y a quelque chose de prédéfini ou de préparé. Mais sincèrement, je ne sais ce que demain nous réserve. C’est aussi pour ça que cette trilogie m’intéresse, même si j’ai du mal à intégrer l’idée pour l’instant. Julien a un rapport à l’écriture et je le comprends bien. Cela dit, il y a une globalité qui est assez effrayante. C’est le temps qui décide un peu de tout ça, par rapport à nos vies, et notre musique en est le reflet. Et avec tout ce que j’ai injecté de ma vie dans ce nouvel album, je suis vidé.

– Avant de parler du contenu de  « Saddiction », j’aimerais qu’on parle de la production. Une trilogie s’étale environ sur 6/8 ans et vu les avancées technologiques actuelles, tout peut aller très vite, sans même parler d’IA. Vous vous êtes-vous posé des limites pour que ces trois albums gardent une unité sonore ?

C’est une bonne question car, pour moi et avec un peu de recul, les choses se sont faites assez naturellement sur les deux derniers albums. On ne se pose aucune limite, car ce serait grave quand même. En revanche, cela nous arrive de ne pas être d’accord et de mettre nos idées en opposition, bien sûr. Il y a toujours débat, mais il y a des choses assez naturelles au niveau de la composition. Avec tout ce qu’il s’est passé pour « A Loner », la signature avec Nuclear Blast, une visibilité augmentée, beaucoup de concerts car on n’a jamais autant joué de toute notre vie, on a senti avec Julien le besoin de prendre du temps pour digérer tout ça. Et finalement, cette espèce de schizophrénie nous a poussés à composer directement. On a été très inspiré, chacun de notre côté. Et comme j’ai déménagé au bord de la mer, je suis arrivé avec des morceaux plus lumineux et il y a eu un frein de la part de Julien, car il n’arrivait pas à entrer dans le truc. Il a fallu que je me réadapte, que je revois ma copie. Donc, tu vois, notre musique dépend de tout ça, de tous ces paramètres personnels dans nos vies. En fait, on ne se met pas de frein, mais il nous arrive de nous recadrer, de rester sur une espèce de ligne directrice en laissant aussi de la marge à la création et à l’exploration. C’est magique en tout cas de pouvoir écrire comme ça. Je touche du bois, car on arrive encore à être inspiré par la vie qui passe et tout ce qu’il peut y avoir autour. Et de tout ça, c’est vraiment génial d’en sortir des mélodies !

– En revanche, musicalement, l’évolution de HANGMAN’S CHAIR est nette, et pas seulement depuis « Saddiction » ou « A Loner ». Les influences gothiques et Cold Wave sont manifestes. Est-ce pour mieux coller au propos de l’album, ou c’est plus largement une direction que vous entendez tenir à l’avenir ? Parce qu’on est quand même très loin du Sludge de vos débuts…

Clairement ! On a commencé en 2005 avec HANGMAN’S CHAIR et je pense qu’à ce moment-là, on était très à fond dans la veine du groupe qu’on avait avant et qui était plus Hard-Core et Metal, tirant même sur le Doom et le Sludge de la Nouvelle Orleans. On écoutait énormément Pentagram, Saint Vitus, etc… C’est vrai que cela a dépeint sur nous et HANGMAN’S CHAIR est arrivé juste après. Sur nos deux premiers albums, on était complètement dans l’exploration. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai un peu de mal à réécouter ces disques, car on s’y perd un peu nous-mêmes. Mais c’est assez touchant, car ce sont nos débuts aussi. Je pense que c’est avec « Hope / / / Dope / / / Rop » (2012 – NDR) que la bascule a eu lieu. Il a été déclencheur pour la suite. Après, l’important est de rester naviguer, car ça reste de la musique et c’est vraiment là que je me sens le mieux. J’ai aussi l’impression qu’on arrivait bien à digérer tout ce qu’on écoutait et c’était très varié. Ca pouvait aller de Depeche Mode aux Cure, mais aussi à la scène Hard-Core new-yorkaise qu’on a beaucoup écoutée avec les Cro-Mags, Bad Brains, etc… Ensuite, certaines choses sont revenues sur des bases qu’on aime. Dernièrement, on a peut-être écouté plus de choses Cold, post-Punk, New-Wave et gothiques. Ce sont des ambiances qu’on arrive à bien manier et dans lesquelles on sait combiner plusieurs ambiances. Julien arrive le plus souvent avec des morceaux froids et assez agressifs, tandis que les miens sont peut-être plus mélancoliques, mélodiques avec des arpèges et des effets. Et c’est ce mix des deux qui fait la couleur de l’album, sa lumière. C’est toute la magie de notre binôme.

– Comme sur « A Loner », il y a un gros travail sur les tessitures sonores et les atmosphères. Pourtant, vous restez percutants. L’ambiance post- Metal/Rock domine toujours avec un petit côté Doom sous-jacent. L’idée d’entretenir le Sludge de vos débuts est définitivement passée ?

C’est vrai que sur « A Loner » et avec tous les concerts qu’on a donné ensuite, on est peut-être allé plus loin dans le côté post-Rock et le gothique parfois. On a beaucoup travaillé le traitement du son et des tessitures. Avec « Saddiction », ce qu’on a fait naturellement, c’est peut-être retrouver ce côté doomy et Sludge de nos débuts. Ca se mélange aussi beaucoup mieux, c’est plus digeste. Le travail sur ce dernier album a aussi été de réintégrer les sons de nos premiers amours et que ce soit harmonieux. Et j’ai l’impression que ça a débouché sur le deuxième volet de cette… trilogie ! (Rires) Il y a un équilibre plus évident avec des chansons plus courtes aussi et qui sont un peu le résultat de la tournée précédente. L’envie a été d’aller droit au but sur certaines choses.

– Parlons un peu des vidéos, qui ont aussi beaucoup d’importance chez HANGMAN’S CHAIR. Sur « Cold & Distant » (extrait de « A Loner »), Béatrice Dalle faisait partie de l’aventure et cette fois sur « Kowloon Light », il y a clairement une référence au « Into The Void » de Gaspard Noe…

« Into The Void » est clairement une référence, c’est vrai, et nous sommes très fans de l’œuvre de Gaspard Noe. On a adoré ce film car, esthétiquement, il est incroyable. Il a été hyper-loin dans la photo. On n’a pas non plus voulu aller volontairement dans ce sens, mais les gens avec qui on travaille savent qu’on aime ce genre-là et que nous sommes très friands du travail de Gaspard Noe. C’est super en tout cas que tu l’aies ressenti, car c’est une grosse influence. Et puis, il y a aussi un côté cinématique chez HANGMAN’S CHAIR, parce que ça nous a toujours fait vibrer. Il y a des liens très proches avec la vidéo et la photo, c’est certain. On se rapproche de certains univers comme celui de Lynch, par exemple. J’adore les vidéos qui subliment un morceau et j’adore les musiques qui subliment les images. C’est très lié.

– Avec un album aussi conceptuel et les clips qui sont réalisés, on imagine que vous allez aussi soigner la scénographie de vos concerts à venir. De quelle manière travaillez-vous cet aspect au sein du groupe ?

On travaille avec des techniciens qui nous apportent énormément de conseils. Il faut savoir aussi que nous sommes un groupe avec un certain statut, c’est vrai, mais pas illimité. On a un agent qui travaille très bien, qui nous trouvent les dates et les budgets, donc il faut toujours aussi voir l’aspect financier et ce que l’on peut faire, ou pas. Et puis, on fait aussi une musique qui est très terre-à-terre et j’adore aussi les groupes qui n’ont pas forcément de scénographie particulière. On essaie de faire ce que l’on peut et d’améliorer à chaque fois nos concerts de ce côté-là et on a la chance d’avoir une belle équipe qui s’occupe très bien de la création en habillant la musique du mieux possible. On a déjà intégré de la vidéo sur nos concerts par le passé, mais budgétairement, c’était très compliqué. Ensuite, il y a le risque de décrochage du public avec trop d’infos d’un coup. Après, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez d’autres groupes, où la musique s’y prête peut-être plus. Pour l’instant, je préfère de l’habillage d’éclairage. Il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas non plus se cacher derrière une scénographie, malgré l’air du temps où le public attend de gros shows.

– Justement, comment allez-vous organiser votre setlist ? Car, au-delà des deux derniers albums, il y a les cinq précédents ?

Ce n’est jamais évident chez HANGMAN’S CHAIR de construire un set avec la longueur des morceaux, car on joue une heure et quart/une heure et demi et même 45 minutes en festival. C’est vrai qu’à la sortie d’un album, on a envie de le jouer, même en partie, car il y a de la nouveauté à présenter. Maintenant, 2025 est une année un peu particulière, car on fête les 20 ans du groupe, donc on a envie de jouer d’anciens titres aussi. On veut en intégrer certains qu’on n’a pas joués depuis très longtemps, en ajoutant certains arrangements pour les fondre dans le set. On y travaille ! (Sourires)

– Pour conclure, est-ce vous travaillez déjà sur le chapitre final ? Ou alors, allez-vous faire une pause pour vous concentrer exclusivement à la scène ?

(Rires) J’ai des morceaux ! En fait, je compose constamment, dès que je peux. Ce n’est pas ciblé, mais j’ai des choses. J’essaie de me mettre sur mes machines le plus possible, mais il n’y a rien de défini. C’est un peu ce qu’on se disait au début de l’interview… (Sourires) Et j’ai aussi besoin de voir où « Saddiction » va nous mener et à quelle sauce on va être mangé ! (Rires)

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, « Saddiction », est disponible chez Nuclear Blast.

Photos : Andy Julia

Retrouvez également l’interview du groupe au moment de la sortie de « A Loner » :

Catégories
Heavy Stoner Stoner Doom Stoner Metal

Moon Wizard : une sombre lueur

Soufflant le chaud et le froid sur des morceaux très homogènes, MOON WIZARD présente un Stoner Metal varié, tout en maîtrise, à travers lequel cohabitent des atmosphères Doom, Heavy et même Hard Rock avec une épaisseur enveloppante. Mélodique et massif, « Sirens » impose des refrains entêtants portés par une frontwoman, qui se balade entre Metal et Rock sur des rythmes soutenus et languissants. Une réussite qui montre la vitalité de l’underground yankee.

MOON WIZARD

« Sirens »

(Hammerheart Records)

Troisième album pour Ashton Nelson (batterie), Aaron Brancheau (guitare) et Joseph Fiel (basse, chant) et le deuxième pour Sami Wolf (chant) qui a rejoint les trois amis d’enfance sur « The Night Harvest » sorti en 2020. Depuis cinq ans maintenant, MOON WIZARD peaufine son Stoner Doom Metal du côté de Salt Lake City, Utah, et « Sirens » est un bel aboutissement de ces dernières années de travail. Et cette présence féminine au chant a également ouvert un plus large champ d’action au quatuor.

Issus de la scène Black et Death, les trois musiciens de la formation originelle ont gardé un côté obscur dans leur Stoner et si le Doom domine les débats, les influences Heavy Metal sont très présentes et offrent à MOON WIZARD un aspect très mélodique. Et c’est aussi la voix de sa chanteuse qui distingue le combo avec originalité. On est loin d’un registre plombant et écrasant. Le groupe se veut plutôt accessible et se montre très accrocheur en s’inscrivant dans les pas très sabbathiens et classiques de leurs aînés.

Sur une production soignée, plus solide qu’agressive, MOON WIZARD évite aussi les écueils grâce à une paire basse/batterie en osmose et un guitariste inspiré et efficace qui donne sa ligne directrice à « Sirens ». Avec une mixité vocale utilisée à bon escient, l’ensemble gagne en profondeur et devient vite addictif (« Luminare », « Dessert Procession », « Magnolia », « Sunday », « Epoch »). Avec ce nouvel opus, les Américains franchissent un cap et livrent un disque mature et créatif. Bien structurés, les titres présentent un volume intéressant.

Catégories
Desert Rock Drone International post-Rock

SoftSun : l’art de la patience [Interview]

Est-ce par désir de quitter une certaine zone de confort musicale, ou alors pour en découvrir vraiment une toute nouvelle qui leur permettrait de pouvoir pleinement s’exprimer que Pia Isa (chant, basse) et Gary Arce (guitares) se sont retrouvés dans un registre bien à eux ?  Accompagné par Dan Joeright (batterie), le trio mêle post-Rock et Dronegaze dans des atmosphères très Desert Rock. Avec SOFTSUN, ils explorent et expérimentent, tout en affichant sur « Daylight In The Dark » des sensations très libres et aériennes, portées par la voix éthérée de sa frontwoman et avec une incroyable fluidité. Rencontre avec deux musiciens, dont l’osmose et la complicité artistique ne font aucun doute.

– Avant de parler de ce premier album de SOFTSUN, j’aimerais que l’on revienne en 2020, lors de notre rencontre virtuelle pour le premier projet solo de Pia. Avec le recul, quel souvenir en gardez-vous tous les deux et à quel point votre vision commune de la musique vous a paru si évidente ?

Pia : Nous nous souvenons tous les deux très bien de nos premières discussions sur le sujet pendant le Covid en 2020. Gary a été l’une des toutes premières personnes à qui j’ai joué un de mes propres morceaux. Et je me souviens avoir pensé lui demander de jouer dessus, mais je me suis dégonflée. (Sourires) Et quelques jours plus tard, il m’a demandé s’il pouvait essayer de jouer quelque chose et j’étais super excitée, bien sûr.

Gary : Je suppose que nous sommes tous les deux attirés par la musique douce, ouverte et spatiale et où la patience est nécessaire pour laisser les notes vraiment respirer. Et même si nous avons des approches parfois différentes sur le sujet, cela semble être une très bonne combinaison.

– Après une collaboration sur les deux albums solo de Pia, vous vous rencontrez enfin pour la première fois en personne l’an dernier. J’imagine que cela facilite les échanges artistiques et personnels aussi. A quel moment avez-vous commencé à parler du projet SOFTSUN ?

C’est tout à fait vrai. En fait, nous avons commencé à parler de faire de la musique ensemble pas mal de temps avant de nous rencontrer en personne. Mais quand nous nous sommes enfin rencontrés, tout est arrivé naturellement et s’est passé assez vite.

– Vous venez d’horizons musicaux assez différents, mais qui se rejoignent finalement assez souvent. De quelle manière avez-vous décidé et mis au point la direction musicale du groupe ?

Tu sais, la musique se fait de manière très organique entre nous. Nous jouons simplement avec notre cœur et nous aimons tester toutes les idées qui nous viennent à l’esprit.

– Tout est donc allé très vite. Mais il faut une incroyable complicité pour enregistrer un album en deux jours et demi et seulement trois répétitions. Comment expliquez-vous cette maturité artistique qui émane de « Daylight In The Dark » ?

Pia : C’est vrai. Nous avions déjà écrit quelques chansons avant que je ne parte en Californie pour la première fois. Mais nous avons écrit très vite ensemble, et après quelques séances de composition, tout s’est mis en place très naturellement lors des répétitions, puis ensuite en studio. Pour nous, il s’agissait simplement de vraiment nous connecter et de nous entendre parfaitement.

– Pia, avais-tu déjà enregistré les voix chez toi en Norvège avant d’arriver en Californie ? Est-ce que ce sont des éléments peut-être fournis par Gary en amont qui t’ont guidé dans l’écriture, ou au contraire, la musique a-t-elle été composée en fonction des paroles ?

Pia : En fait, j’ai enregistré les voix en Norvège après avoir enregistré l’album en Californie. Puis, nous avons enregistré quelques nouvelles chansons pour une autre sortie lors de mon nouveau voyage de retour. Certaines étaient donc complètes avec les paroles et les voix avant que nous nous rencontrions. Et pour les autres, tout cela s’est assemblé pendant nos séances d’écriture et les répétitions. J’ai fait quelques scratchs vocaux en studio, mais je voulais prendre mon temps pour les enregistrer. Je n’avais pas envie de me précipiter, car nous avions peu de temps de studio après l’enregistrement de tous les autres instruments.

– Outre votre rencontre, il y a aussi celle avec Dan Joeright, musicien chevronné, votre batteur sur l’album et également propriétaire du Gatos Trail Recording Studio où a été enregistré « Daylight In The Dark ». Et c’est d’ailleurs aussi lui qui mixe l’album. Comment se sont passés vos premiers échanges et a-t-il été immédiatement séduit par la direction musicale du groupe ? Car, décidemment, les planètes semblent être vraiment alignées…

Nous ne pouvons pas parler pour lui, mais nous avons vraiment eu l’impression qu’il était le batteur idéal pour notre groupe. Il s’est tout de suite intégré et cela a été très facile de jouer avec lui. Et c’est vrai que c’est aussi ce que nous avons ressenti, que tout semblait vraiment aligné pour que ce projet se réalise.

– Parlons de l’album en lui-même. Ce qui peut surprendre en l’écoutant et lorsque l’on connait l’environnement dans lequel vous vivez tous les deux, c’est que l’esprit du désert de Mojave et le froid norvégien donnent vie à un univers assez singulier. Sur quelles atmosphères et ambiances vous êtes-vous tout de suite retrouvés ?

Oui, nos environnements sont très différents, mais nous avons un rapport similaire à la nature et elle nous inspire tous les deux. Peut-être que cela a quelque chose à voir avec le sentiment de nous connecter à elle et d’apprécier le fait d’être de petites parties de quelque chose de bien plus grand que nous. Et puis, nous aimons aussi tous les deux faire de la randonnée et des promenades dans la nature pour nous échapper du monde, que ce soit dans le désert ou le long de la côte.

– Vous êtes tous les deux très prolifiques. Pia joue avec Superlynx et en solo, dont le deuxième album « Dissolve » est d’ailleurs sorti il y a quelques mois. Et Gary, on te connait au sein de Yawning Man et ses multiples ramifications, Fatso Jetson et Zun notamment. SOFTSUN développe un style encore différent en associant post-Rock et Shoegaze avec une touche Drone. L’ensemble est assez pourtant souvent contemplatif aussi. C’est cet équilibre que vous recherchiez pour cet album ?

Nous n’avons jamais pensé en termes de genre musicaux et nous ne le faisons jamais. Nous voulions simplement que notre musique soit honnête, rêveuse et douce avec de belles mélodies et un socle de base lourd et l’expression claire d’un sentiment de patience.

– Si on retrouve un côté Doom sur certains morceaux, l’aspect Stoner/Desert Rock est aussi omniprésent. Est-ce que c’est, selon vous, le style qui vous rassemble tous les deux et qui domine dans SOFTSUN, car il y a aussi cet esprit jam qui ressort énormément de vos compositions ?

Tu sais, nous ne nous identifions pas du tout à ces genres ou catégories. Nous jouons simplement la musique que nous avons envie de jouer. Ce sont toujours les autres qui étiquettent notre musique comme ça. Pour nous, nous jouons une musique douce, patiente et rêveuse, qui vient de notre cœur et avec des sentiments honnêtes. Mais oui, nous improvisons beaucoup et c’est ainsi que naissent la plupart des mélodies que l’on entend dans nos morceaux.

– L’album est vraiment plein de contrastes et les couleurs sont multiples. Et grâce à des voix assez aériennes, une basse puissante, une batterie très libre et des guitares presqu’obsédantes, SOFTSUN est unique en son genre et à vous écouter, on a l’impression que ce n’est qu’un début. Est-ce que la suite de l’aventure est déjà dans vos têtes ?

Nous avons déjà enregistré quelques chansons supplémentaires pour un split-album que nous faisons avec Yawning Man, et qui sortira l’année prochaine. Et nous commençons à planifier aussi un deuxième album. Nous envisageons également de jouer en live en 2025. Notre groupe a certainement encore beaucoup à offrir.

–  Enfin, j’aimerais que vous me disiez un mot sur le morceau-titre qui clôt l’album du haut de ses 12 minutes. Il donne vraiment le sentiment d’être la parfaite synthèse de SOFTSUN. Est-ce aussi votre avis et surtout votre intention de départ ?

Chaque chanson a été développée de manière organique et nous avons simplement joué ce que nous avions envie sans trop planifier, ni faire de calcul. Nous n’avons pas réellement une intention précise, mais cela montre clairement notre côté improvisateur et la patience que nous apprécions dans la musique.

L’album de SOFTSUN, « Daylight In The Dark », est disponible chez Ripple Music.

Photos : Aaron Farinelli et Zoe Joeright (4).

Catégories
Heavy metal Old School Proto-Metal

The Watcher : l’œil dans le rétro

Porté par des effluves proto-Doom et des fulgurances bien Heavy, le combo de Boston présente beaucoup de détermination sur son premier opus complet. Vif et intense, « Out Of The Dark » libère une puissance brute, un son organique et devrait ravir les amateurs du Metal de la grande époque. Assez sombre et très groovy, l’atmosphère se fait enveloppante et THE WATCHER parvient à faire la jonction entre un registre aux couleurs rétro et une belle fraîcheur. Une réussite.

THE WATCHER

« Out Of The Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Après des débuts tonitruants il y a trois ans avec un EP, « You Turn To Die » qui leur a valu d’élogieuses critiques et permis de faire une arrivée marquante sur la scène Metal, les Américains sortent enfin leur premier album. Depuis 2016, THE WATCHER bâtit patiemment un répertoire solidement ancré dans la NWOTHM, où cohabitent un Heavy traditionnel et un Doom sabbathien. Avec son aspect classique, « Out Of The Dark » a des saveurs vintage, certes, mais n’a pas pris la moindre poussière.

Enregistré il y a tout juste un an à New-York, ce premier effort montre déjà beaucoup d’assurance et une incontestable maturité artistique. THE WATCHER n’a rien laissé au hasard et a soigné chaque morceau avec talent. « Out Of The Dark » nous transporte dans une capsule intemporelle à grands coups de riffs racés, de refrains savoureux et de solos bien ciselés. Efficace sans être démonstratif, le power trio du Massachusetts parvient sans mal à sortir son épingle du jeu en présentant un son et un style déjà identifiables.

Même s’ils évoluent dans une configuration assez restreinte (avec l’appui de deux autres six-cordistes sur scène), Max Furst (guitare, basse), Paden Reed (chant, guitare) et Chris Spraker livrent un Heavy dense et musclé marqué au fer rouge par les décennies 70 et 80. Grâce aussi à des twin-guitars enflammées, des lignes vocales assurées et un fort engagement, « Out Of The Dark » regorge de titres accrocheurs (« Strike Back », « Burning World », « The Revelator », « Thy Blade, Thy Blood » et la chanson-titre). THE WATCHER frappe fort !

Photo : Hillarie Jason

Catégories
Desert Rock Heavy Stoner Psych Stoner Doom

Blue Heron : scarred desert

Offrant tour à tour des plages instrumentales planantes et épurées et des moments aux sonorités dont les textures sont intenses et compactes, BLUE HERON a fait de son désert un champ de bataille, qui donne aussi lieu à quelques trêves. Profond et pour le moins vibrant comme vrombissant, il navigue entre Desert Rock, Doom Metal et Heavy Stoner Psych avec tellement de dextérité que « Everything Fades » en devient presqu’obsédant. Le cap du deuxième effort est passé avec brio et une belle énergie.

BLUE HERON

« Everything Fades »

(Blues Funeral Recordings)

L’émergence de BLUE HERON a beau être relativement récente, ces trois dernières années ont été chargées, puisqu’après un single deux-titres en 2021 (« Black Blood Of The Earth »/« A Sunken Place »), les Américains ont enchaîné sur leur lancée. La sortie du premier album, « Ephemeral » (2022), les a menés sur la route un petit moment avant de partager le volume 8 de la fameuse série « Turned To Stone » de Ripple Music avec les excellents High Desert Queen. Et les voici avec un deuxième opus à forte déflagration.

Malgré une pochette quelque peu trompeuse, BLUE HERON nous promène dans son désert du Nouveau-Mexique pour une balade aride. Se situant entre Desert et Stoner Rock, « Everything Fades » est une réalisation un peu plus complexe qu’il n’y parait et surtout beaucoup plus riche. Avec le court morceau d’intro, « Null Geographic », puis le morceau-titre, on est d’abord troublé par le chant de Jadd Shickler qui offre un écho direct et à peine voilé au grand Lemmy. La suite ne s’annonce donc pas forcément légère.

Et en effet, la lourdeur des riffs et celle du duo basse/batterie libèrent une résonance Doom, Heavy et Psych. Très underground dans l’esprit, BLUE HERON semble se laisser aller au gré de ses inspirations, tout en restant fidèle à une ligne directrice très claire. Enivrant et mélodique, le combo flirte aussi du côté du Metal avec beaucoup de subtilité et sur un fuzz bourdonnant (« Swangson », « Dinosaur », « Trepidation », « Clearmountain », « Fight Of The Herron »). Un disque d’une densité musicale incroyable et un trip qui l’est tout autant.

Catégories
Hard 70's Psych

Alunah : ultimes vibrations

En actant le départ de Siân Greenaway, dont la présence derrière le micro va cruellement manquer, ALUNAH risque de voir ses fans, et beaucoup d’autres, se précipiter sur ce chant du cygne vinylique. Mais que tout le monde se rassure, le désormais trio est décidé à poursuivre son effort, dès qu’il sera de nouveau au complet. « Fever Dream » a donc un  aspect assez particulier, qui apporte peut-être même une magie supplémentaire. Car il faut reconnaître qu’il s’agit sans doute de la meilleure réalisation des Anglais, toujours dans ce Hard Rock 70’s si organique et authentique.

ALUNAH

« Fever Dream »

(Heavy Psych Sounds)

La nouvelle ne vous aura pas échappé, c’est avec un petit pincement et beaucoup de regrets que je chronique ce nouvel et dernier album d’ALUNAH avec sa chanteuse Siân Greenaway, qui s’en va continuer l’aventure en solo au sein de Bobbie Dazzle dans un registre a priori plus Glam Rock. Alors, forcément, sur ce « Fever Dream », la fièvre retombe un peu. C’est donc sur ce septième opus majestueux que la frontwoman file vers de nouveaux horizons, non sans livrer une superbe prestation, qui surclasse d’ailleurs artistiquement les précédentes dans sa diversité et sa puissance vocale.

Cependant, si le groupe issu du berceau spirituel du Heavy Metal, Birmingham, perd celle qui lui offrait une identité forte, il n’a pas l’intention de rendre les armes et compte se remettre en selle très bientôt une fois que la ou le successeur sera connu. En attendant, ALUNAH fait feu de toute part avec « Fever Dream », un disque enchanteur, vif et solide et tout aussi aérien qu’épique. Que ce soit les riffs endiablés et les solos magistraux de Matt Noble, la rythmique au groove enjôleur de Dan Burchmore (basse) et Jake Mason (batterie), rien ne manque. L’unité affichée est même incroyable.

Dès « Never Too Late », le ton est donné et on retrouve ce Hard 70’s aux saveurs rétro et vintage, sublimé par la production de Chris Fielding (Electric Wizard). Les Britanniques se dévoilent dans un moment d’inspiration unique et ils passent d’un morceau à l’autre avec une grâce absolue, traversant avec une grande souplesse musicale des atmosphères aussi musclées que planantes (« Sacred Grooves », The Odyssee »). ALUNAH multiplie les clins d’œil au Psych, au proto-Metal avec même un peu de flûte à la Fleetwood Mac sur plusieurs titres (« Trickster Of Time », «  Far From Reality », « Celestial »). De belles émotions ! 

Retrouvez la chronique de « Strange Machine », sorti en 2022 :

Catégories
Doom Rock Hard US Stoner Rock

Crobot : implacable

Le tempo est soutenu, les riffs tranchants et avec un frontman en grande forme, CROBOT livre l’une de ses meilleures réalisations. Totalement réoxygéné, le quatuor tourne à plein régime dans une atmosphère où son Heavy Rock mâtiné de Stoner et aux refrains typiquement Hard Rock explose frontalement, sans complexe et sans ambiguïté. « Obsidian » renoue avec le son riche de ses débuts pour un moment mélodique et à l’impact fracassant.

CROBOT

« Obsidian »

(Megaforce Records)

Et si CROBOT avait retrouvé la foi ? Non pas qu’il l’ait un jour perdu, mais la parenthèse Mascot Records, avec deux albums (« Motherbrain » et « Feel This ») et un EP (« Rat Child »), aurait pu faire penser que les Américains étaient devenus plus mainstream avec ce format adapté aux radios US. Cela dit, il s’agissait de leur expression discographique car, sur scène, les murs tremblent toujours. Et cette arrivée sur l’emblématique label Megaforce Records marque un retour musclé aux fondamentaux.

Le combo de Posstville, Pennsylvanie, rallume la fonderie sur ce cinquième opus qui transpire le Rock’n’Roll à grosses gouttes et où l’on retrouve avec beaucoup de plaisir l’épaisseur des riffs et la lourde et resserrée rythmique, qui le rendent si irrésistible. CROBOT accueille également le bassiste Pat Seals aux côtés de Dan Ryan (batterie) complétés par les irremplaçables et inamovibles Brandon Yeagley au chant et le fougueux Chris Bishop à la guitare. Gonflés à bloc, la machine retrouve toute sa rugosité et sa puissance.

Toujours au croisement d’un Hard Rock sauvage, d’un Stoner Rock appuyé et de quelques touches Doom, CROBOT avance avec vigueur et met une grosse intensité sur chaque chanson (« Come Down », « Nothing », « Metal », « Disappear », « White Rabbit » et le morceau-titre). Produit par le groupe, puis mixé et masterisé par Alberto De Icaza (Clutch), « Obsidian » creuse dans les méandres de l’âme avec authenticité et force. A la fois sombre et texturé au possible, le groove est titanesque… et obsédant !   

Catégories
Psych Stoner Doom Stoner Prog

Fostermother : une aventure éblouissante

Doté d’une incroyable créativité, FOSTERMOTHER se présente avec « Echo Manor » où il parvient encore à surprendre, grâce à un subtil alliage de Stoner et de Rock, de Doom et de Psych, le tout dans une atmosphère progressive éclatante. Très bien produit, le digne successeur de « The Ocean » s’annonce comme l’une des pièces maîtresses de la discographie des Américains. Un modèle de diversité et une ouverture musicale totalement maîtrisée et envoûtante.

FOSTERMOTHER

« Echo Manor »

(Ripple Music)

Depuis sa formation en 2019, le combo de Houston ne cesse de surprendre. Dès son premier album éponyme l’année suivante, FOSTERMOTHER a su s’imposer jusqu’à signer chez Ripple Music qui a sorti « The Ocean » et mis tout le monde d’accord. Sur une base Stoner Doom, le power trio continue ses expérimentations et avec « Echo Manor », le leader et fondateur Travis Weatherred (chant, guitare, claviers), Stephen Griffin (guitare, basse, claviers) et Jason Motamedi (batterie) explorent de nouvelles contrées musicales.

Tout en évoluant au fil de ses réalisations, FOSTERMOTHER réussit pourtant à imprimer sa personnalité artistique, même si les grands écarts sont nombreux depuis ses débuts. Dans ce cas, difficile de définir précisément le style des Texans. Sur « Echo Manor », leur Stoner Rock s’engouffre dans des territoires Psych et surtout progressifs, lorgnant même du côté du post-Rock avec des passages très aériens. Ce nouvel opus est de loin le plus trippant des trois et l’invitation à ce voyage étonnant et varié est franchement irrésistible.

Si le Doom de FOSTERMOTHER s’est vraiment éclairci, il n’en demeure pas moins véloce et puissant. Très bien ciselé, cette troisième production joue sur les ambiances, multiplie les tempos et offre une palette de riffs à la fois racés et mélodiques. Intenses, les nouvelles compos ne font pas l’impasse sur l’aspect occulte que le groupe cultive depuis toujours (« Wraith », « All We Know », « King To A dead Tree », « In The Garden Of Lies » et l’excellent morceau-titre). Avec beaucoup d’élégance, « Echo Manor » est littéralement brillant.

Retrouvez les chroniques des deux premiers albums :

https://www.facebook.com/share/p/fnw1gVr4Ci6SHMgT