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Cinematic Metal Symphonic Metal

Gallia : un ardent faisceau lumineux

Pour son premier album, le quatuor belge GALLIA fait très fort. Réalisé en indépendant, « Obscura » est autoproduit et montre un groupe inspiré, sûr de son fait et arborant un style aussi riche que dynamique. Très Heavy et Symphonique, le Cinematic Metal du combo régale grâce un son massif et des arrangements particulièrement soignés.

GALLIA

« Obscura »

(Independant)

Après une mise en jambe avec l’EP « Everflamme » il y a trois ans, le quatuor sort son premier album qu’il a pu peaufiner depuis sa Belgique natale. Fondé en 2014, c’est surtout l’année suivante avec l’arrivée de sa chanteuse Elyn que GALLIA trouve sa voix et aussi sa voie avec un style qui passe du Power Metal au Symphonique pour aujourd’hui se faire cinématique.

Certes, les influences de Nightwish et Epica notamment sont évidentes, mais le groupe a su y insuffler un aspect Dark Fantasy très personnel. Avec un goût prononcé pour la narration musicale basée sur un concept et un récit original, GALLIA nous guide dans « Obscura » avec talent. Sans trop de noirceur pourtant, les Belges se font même très théâtraux avec un opus plein de relief.

Cristallin et puissant, le chant de la frontwoman apporte une réelle variété dans l’approche des morceaux entre alternant, avec beaucoup de proximité, douceur et rage (« Blackout Queen », « Mirage »). Très Heavy, les riffs offrent un côté incisif bienvenu, tout comme l’explosive rythmique. Forcément épique et homérique, GALLIA reste mélodique et envoûtant (« Reflection », « Path Of The Nomad », « Spirit Of The Sea »). Une vraie réussite !

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Power metal Thrash Metal

Syryn : sans concession

Avec son deuxième album, SYRYN lâche une petite bombe. Combinant Thrash, Heavy et Power Metal, les Canadiens n’y vont pas par quatre chemins et présentent des titres efficaces et musclés avec un sens de la mélodie très aiguisé. Porté par une frontwoman capable de toutes les émotions, « Heads Or Tails » est un album complet et affûté.

SYRYN

« Heads Or Tails »

(Independant)

Deux ans après son premier album, « Beyond The Depths », le groupe de Calgary a consolidé son style et se présente avec le solide « Heads Of Tails ». Entre Thrash, Power Metal et avec un léger soupçon symphonique, SYRYN navigue dans des eaux troubles d’où émane une puissance ravageuse. Le quintet y développe une thématique basée sur le voyage d’une sirène (forcément !) pour y dépeindre avec force les émotions de notre quotidien.

Menés par leur frontwoman Sloan Voxx, dont la performance est féroce et mélodique, les Canadiens maîtrisent de main de maître ce « Heads Or Tails » aux multiples ambiances, aux fulgurances parfois extrêmes et aux refrains accrocheurs. Les riffs et les solos des deux guitaristes de SYRYN multiplient les atmosphères avec autant de lumière que d’aspects sombres et ténébreux. Une dualité imparable.  

Intense et racé, le quintet accueille également la chanteuse Amanda Kiernan (ex-The Order Of Chaos, ex-into Eternity) sur « Succulus Queen » et Craig Carswell (Dorians Mirror, Court Of Cardinals) sur « Fistfull Of Daggers ». D’ailleurs sur ce dernier titre, la bassiste Lyxx Rose et le batteur Bryan Campbell sont d’une explosivité sans concession. SYRYN livre un deuxième opus en forme de tempête décibélique. 

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Classic Rock Proto-Metal

Siena Root : une énergie vibratoire

Avec une approche originale, SIENA ROOT se fait hypnotique sur son nouvel album, « Revelation », qui revêt une multitude de facettes étonnantes. Porté par la fascinante voix de sa chanteuse, le quatuor de Stockhölm donne dans un Rock vintage, très revival et mariant habillement un Rock musclé avec des ambiances planantes. Magistral et authentique.

SIENA ROOT

« Revelation »

(Atomic Fire Records)

Les années 60 et 70 ont été particulièrement fertiles en termes de Rock notamment. C’est de cette période très créative que s’inspire SIENA ROOT depuis deux décennies. En élaborant un Rock revival que le groupe qualifie lui-même de ‘Classic Roots Rock ‘ fortement teinté de proto-Metal, les Suédois sont parvenus à créer un style bien à eux à travers un mix décapant et captivant.

Expérimentés et affûtés, Zubaida Solid (chant), Sam Riffer (basse), Love Forsberg (batterie) et Johan Bergström (guitare) nous emportent dans un tourbillon vintage vivifiant et parfaitement maîtrisé. SIENA ROOT manie les mélodies et les harmonies musicales pour sonner avec une justesse irrésistible et une fluidité totale, balayant une large gamme de registres.

« Revelation », qui est le huitième album du quatuor auquel s’ajoutent deux Live, démarre fort sur un proto-Metal aux saveurs Hard Rock et aux riffs puissants (« Professional Procrastinator », « No Peace »), puis bascule avec « Dusty Roads » dans un style plus psychédélique où viennent s’inviter des sonorités orientales (« Leaving The City », « Madukhauns »). SIENA ROOT envoûte avec brio.

Photo : Petter Hilber
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Power metal Symphonic Metal

Crystal Gates : nectar symphonique

Mélodique et symphonique, le Power Metal de CRYSTAL GATES s’inspire des cadors du genre tout en apportant de la nouveauté et une vélocité très séduisante. Guidé par une frontwoman à la voix ensorceleuse, les Uruguayens se présentent comme le renouveau du style et fer de lance d’une nouvelle génération, grâce à ce très tonique « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones ».

CRYSTAL GATES

« Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones »

(Wormholedeath Records)

Faisant suite à leur EP « A Quest For Life » (2015) et au single « Shadowborn » (2017), CRYSTAL GATES présente son tout premier album, qui se veut pour le moins ambitieux, notamment par sa longueur. Ayant mis toutes ses forces dans « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones », le quintet de Montevideo en Uruguay affiche un Power Metal Symphonique très bien ciselé et d’une efficacité redoutable.

Avec un line-up inchangé depuis 2019, CRYSTAL GATES montre une belle unité et la prestation vocale de Carolina Pérez assure au groupe une grande variété dans les mélodies. Sur un Power Metal racé et des morceaux mid-tempo accrocheurs, le quintet évolue dans des sphères symphoniques où sa chanteuse fait des merveilles, capable d’alterner des parties puissantes et d’autres plus délicates.

Actuellement basé à Riga en Lettonie, CRYSTAL GATES expose un registre d’une grande fraîcheur et la très bonne production de « Torment & Wonder » met parfaitement en lumière les guitares et les claviers avec des arrangements particulièrement soignés (« Alive For The Journey », « The Stars Temple », « Moonshine And Sorrow », « Nightmares » et l’excellent morceau-titre). Un très bel opus !

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Alternative Metal

Halestorm : l’artillerie lourde

Il y a une chose immuable chez HALESTORM qui, peu importe les goûts, impose le respect : une authenticité et une volonté farouche d’aller de l’avant. Très attendu, ce nouvel opus du quatuor de Pennsylvanie ne déçoit pas. On mesure au fil des morceaux la force et la conviction des Américains et de leur chanteuse Lzzy Hale. Le groupe montre une volonté de présenter un « Back From The Dead » puissant, racé et toujours très fédérateur, et c’est le cas.

HALESTORM

« Back From the Dead »

(Warner Music France)

Il faut croire que les mois de confinement n’ont pas été perdus pour tout le monde. La frontwoman du groupe explique même s’être « retrouvée dans un état d’esprit sombre (et avoir été) confrontée à une sorte de crise d’identité. Cet album est l’histoire de ma sortie de cet abîme. C’est un voyage qui traite de la santé mentale, de la débauche, de la survie, de la rédemption, de la redécouverte, tout en gardant foi en l’humanité ». Peu habitué à relayer les dossiers de presse, une telle détresse mentale de la part de HALESTORM m’a tout de même interpellé… On n’est pas insensible, non plus, alors !

Et quid de « Back From The Dead » dans lequel Lzzy Hale et ses hommes reviennent de la mort ? Après un an passé en studio, les fans du groupe mourraient (Oups !) d’impatience de découvrir le cinquième album de leur groupe préféré. Et il faut reconnaître que celui-ci se pointe un peu façon ‘blockbuster’ dans une multitude d’albums, eux aussi très attendus. Très bien produit par Nick Raskulinecz (Deftones, Alice In Chains), l’année passée en studio par HALESTORM en valait tout de même la peine. Le quatuor avance sur un mur du son imparable avec des titres fédérateurs… un peu de noirceur en plus, c’est vrai.   

Très aiguisés, les Américains enchaînent les titres très compacts (formatés ?) dans un Heavy Rock aux saveurs Metal très bien vu (le morceau-titre bien sûr, « My Redemption », « Wicked Ways », « The Steeple », « Bombshell »). HALESTORM reste dans un registre qu’il maîtrise totalement et la voix de sa chanteuse fait le reste, tant elle sait se faire accrocheuse, furieuse et même douce (« Terrible Things »). Très attendu, « Back From The Dead » devrait convaincre les fans, mais aussi plus largement les amateurs de Metal Alternatif. Une belle et bonne claque, sans concession, fraîche et puissante… A l’américaine, quoi !

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International Metal Progressif Symphonic Metal

Ignea : entre colère et douleur [Interview]

Parler des groupes ukrainiens est plus que jamais une question de soutien à un peuple et à ses artistes. C’est donc tout naturellement que Rock’n Force donne aujourd’hui la parole à IGNEA, groupe de Metal Symphonique et Progressif, basé à Kiev. Signé il y a quelques mois chez Napalm Records, les musiciens étaient en plein enregistrement de leur premier album sur une major, lorsque le conflit a éclaté. Entretien avec Helle Bohdanova, chanteuse du quintet, sur les récents événements qui ont bouleversé leur projet, mais surtout fait entrer la douleur dans leur vie au quotidien.

Photo : Darina Momot

– Avant toute chose, comment allez-vous ? Et sans donner de précisions, êtes-vous toujours à Kiev et surtout est-ce que vous êtes tous sains et saufs ?

Tous les membres du groupe IGNEA vont bien, compte tenu des circonstances. Oui, nous restons tous à Kiev. Il est difficile de dire que nous sommes en sécurité, car il n’y a pas d’endroit sûrs en Ukraine, tant que la guerre continue.

– Avant de revenir sur ces tragiques événements qui secouent votre pays, j’aimerais aussi que l’on parle du groupe. Depuis ces cinq dernières années, vous avez sorti deux albums et un split EP plus récemment. Comment avez-vous démarré et de quelle manière avez-vous mené IGNEA jusqu’à présent ?

Le groupe a été fondé par notre claviériste et compositeur Yevhenii. L’histoire du groupe a commencé en 2013 avec notre premier EP « Sputnik ». Cependant, au cours de toutes ces années, nous avons été confrontés à de nombreux défis, qui nous ont empêchés d’être actifs tout le temps. Nous avons eu des partenaires commerciaux indignes, puis la pandémie et aujourd’hui la guerre. Cela fait beaucoup de bouleversements et d’aléas malheureux. Mais, pendant ce temps, nous avons agrandi notre base fans dans le monde entier, et nous les en remercions chaque jour.

– Justement, le fruit de tout ce travail a été récompensé avec la signature il y a quelques mois chez Napalm Records. Dans quelles circonstances cela s’est-il passé et j’imagine que c’est aussi une belle récompense pour vous ?

Je dis toujours qu’un contrat avec un label doit être bénéfique pour tout le monde. Je pense que nos progrès en tant que groupe ont attiré Napalm Records à nous, et notre désir de changer de label a favorisé les choses. Dans les faits, ils nous ont contactés, nous avons travaillé sur les conditions d’un contrat, nous avons trouvé un accord et nous voici donc chez eux. Cependant, notre collaboration démarrera véritablement au prochain album.

Photo : Veronika Gusieva

– Alors que vous étiez en plein enregistrement, la guerre vous a stoppé net dans votre élan. Où en étiez-vous sur l’album et comment cela se passait-il en studio jusqu’à présent ? Vous aviez bien avancé malgré tout ?

Nous avons réussi à enregistrer toutes les parties de guitare et de basse, quelques arrangements orchestraux et de synthé et la moitié des voix. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, et c’est assez compliqué avec les sirènes d’alerte de raids aériens, qui ont lieu chaque jour dans la ville. Mais nous essayons maintenant de faire tout notre possible pour au moins terminer l’enregistrement.

– D’ailleurs, peut-on avoir quelques informations sur l’album ? Quel sera son titre, par exemple ? Et qui le produit ?

Je ne peux encore divulguer aucun détail autre que le fait qu’il est produit par Max Morton, qui a façonné le son de toutes nos réalisations jusqu’à présent.

– J’imagine que l’enregistrement ne va pas pouvoir reprendre avant un moment. A ce sujet, le studio est-il intact et avez-vous pensé à poursuivre l’album ailleurs à l’étranger ?

Il faut savoir que cette guerre à grande échelle en Ukraine inclut une mobilisation générale. Tous les hommes de 18 à 60 ans ne sont pas autorisés à quitter le pays, tant que la guerre n’est pas terminée. Même si nous voulions partir à l’étranger en tant qu’artistes, ce n’est pas possible. Et, en dehors du travail du groupe, nous avons fait du bénévolat et aidé comme nous le pouvions pour combattre l’agresseur ici, à Kiev. Notre producteur reste également dans la ville. Donc, il n’y a aucune raison et aucun moyen pour nous de quitter le pays. Nous essaierons donc de terminer l’enregistrement à Kiev.

– Même si vos morceaux sont achevés au niveau de l’écriture, pensez-vous qu’à la reprise, la guerre puisse les faire évoluer en raison de probables sentiments endurcis et d’une colère légitime ?

Les chansons ont été achevées avant le début de la guerre, et c’est un concept-album qui n’a rien à voir avec la guerre. Par conséquent, nous ne changerons rien au niveau des compositions. Peut-être que ce sera plus facile pour moi d’enregistrer les growls, parce que je pourrais y mettre toute ma colère et ma douleur. Cependant, je dois avouer que ces événements nous ont changés en tant que personnes pour toujours. Notre musique dans le futur sera différente, c’est certain. Si nous survivons.

Photo : Veronika Gusieva

– Un petit mot sur « Bestia », qui est un split EP-concept que vous avez sorti avec le groupe Ersedu en octobre dernier. D’où est venue l’idée de ce concept et du choix de vos deux morceaux ? Et puis, il y a ce titre symphonique de 15 minutes également…

Cet EP est le résultat d’une amitié de dix ans avec ERSEDU (groupe de Metal ukrainien originaire d’Odessa) Nous étions chez eux au milieu de la pandémie et avons décidé de faire quelque chose ensemble. Ils avaient l’instrumental d’une chanson, j’ai écrit les paroles et c’est devenu « Mermaids ». Ensuite, le concept du disque est né et chacun a contribué à hauteur de deux chansons de son côté. Et enfin, parce que tous les titres ont une grande teneur symphonique, nous avons également décidé de faire un mix à partir des arrangements orchestraux utilisés dans ces morceaux.

– A l’heure actuelle, votre nouvel album aurait du être enregistré et vous deviez aussi être en tournée. Comment vivez-vous tout ça, et quand et comment imaginez-vous votre retour sur scène et plus globalement à la musique ?

C’est une question très difficile pour nous. Mis à part tous les événements horribles qui se produisent dans notre pays, il est très douloureux de voir d’autres groupes tourner et sortir de la musique pendant que notre carrière est suspendue et tout cela après deux ans de pandémie. Nous avons encore le temps de terminer l’enregistrement de l’album avant la date limite, mais vous devez comprendre que nous ne sommes pas en mesure de faire de photos promotionnelles, ni de filmer de vidéos ou de proposer autre chose. Beaucoup de gens ont quitté le pays et beaucoup ont perdu leur maison. Nos villes sont encore bombardées chaque jour. Et quand on va dormir, on ne sait pas si on se réveillera. Et tout cela malgré le fait qu’en ce moment, Kiev n’est pas encerclée par les troupes russes. Nous ne savons pas quand tout cela s’arrêtera et quand nous pourrons reprendre complètement les activités du groupe. Tout ce que nous pouvons faire, c’est croire en nos forces armées et les aider autant que nous le pouvons.

– Enfin, quand cette guerre sera terminée, et souhaitons-le le plus vite possible, comment voyez-vous le futur d’IGNEA ? Une reprise dans des conditions normales ne sera pas tout de suite possible…

Mentalement, nous pensons que nous ne nous en remettrons jamais. Parce que nous aurons toujours une trace de cette guerre dans notre âme et notre esprit. Mais nous voulons vraiment continuer et réaliser nos rêves de sortir de nouvelles musiques et de faire des tournées. L’une des choses que cette guerre nous a apprises est de ne rien remettre au lendemain, car il peut ne pas y en avoir. Une fois la guerre terminée, nous continuerons notre chemin musical, tout en restaurant nos villes après les destructions massives causées par les Russes.

Un grand merci à Helle, à qui je renouvelle bien sûr tout mon soutien, ainsi qu’à l’ensemble du groupe, et à Mike de Coene de Hard Life Promotion pour la mise en contact.

L’interview a été réalisée le 7 avril dernier.

Vous pouvez aider le groupe en vous procurant le split Ep sur son Bandcamp: https://ignea.bandcamp.com/album/bestia

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Alternative Metal Alternative Rock France

After Us : le goût du détail [Interview]

Originaire de la région parisienne, AFTER US est apparu il y a quelques semaines avec un premier EP, « Breaking The Dark », composé de quatre morceaux plus que prometteurs. Entre Rock et Metal, le quintet a particulièrement peaufiné les mélodies et les refrains, apportant une grande fraîcheur à ses morceaux. Pouvant compter sur une frontwoman dont la prestation est irréprochable, les Franciliens peuvent dorénavant aborder sereinement la scène, en attendant un premier album qu’ils enregistreront en fin d’année. Céline Himmer, chanteuse du groupe, nous en dit plus sur la formation et ses projets.

– AFTER US a vu le jour il a trois ans, d’abord sous la forme d’un trio, puis s’est étoffé d’une rythmique basse/batterie. Peu de temps après, la pandémie nous est tombée dessus, ce qui ne vous a d’ailleurs pas freiné. Vous avez même auditionné votre bassiste par Zoom. Ce n’est pas banal. Comment cela s’est-il passé ? Ca a du être assez spécial ? 

Oui, c’est vrai, on a beaucoup échangé pendant cette époque, car on avait un peu peur que cela nous éloigne. Cela a plutôt renforcé les liens. On a composé des morceaux, et on avait Guilhem (Bretillon, le bassiste- NRD) en contact et on s’est dit qu’il fallait qu’on le recrute, alors cela s’est fait par Zoom. Et ça s’est plutôt bien passé ! (Rires) Il nous avait envoyé son travail et on a discuté tous ensemble pour prendre la décision. Et puis, ça lui a aussi beaucoup plu, ce qui a été très facile finalement. Une fois en répétition, on s’est vraiment dit qu’on avait fait le bon choix !

– Une fois le line-up au complet, vous vous êtes mis à la composition, ou est-ce qu’une grande partie des morceaux était déjà bien avancée ?

Les morceaux étaient presque finis, pourtant nous en avons par la suite beaucoup réarrangé et pour certains presque complètement. On a gardé les squelettes, à savoir la structure, la ligne vocale et la mélodie, mais pour tout ce qui est riffs de guitare, beaucoup ont été reliftés.   

– Est-ce que c’est la période qui vous a décidé à sortir un EP de quatre titres étant donné que rien n’était encore simple, ou est-ce que vous êtes dits que pour un jeune groupe, un format court était une meilleure carte de visite ?

Oui, on voulait déjà faire une carte de visite pour voir un petit peu quel serait l’accueil et avoir aussi une édition physique de notre travail, tout ce qui avait été fait pendant cette période. Et aussi voir comment on pouvait se débrouiller en studio, et finalement le EP a reçu un très bon accueil. Et cela nous encourage vraiment à faire l’album en fin d’année.

– Sinon, vous aviez de quoi sortir un album complet ? Même si c’est souvent une question de budget, car on reste un peu sur notre faim…

En fait, on a choisi les quatre titres les plus aboutis, car d’autres étaient encore un peu en chantier. On en avait, mais on voulait sortir les morceaux dont nous étions les plus fiers et dont on savait qu’ils pouvaient toucher les gens, et surtout les peaufiner encore plus en studio. Nous avions aussi envie de présenter des univers différents. En fait, tout cela a été choisi et décidé entre nous.

– Parlons plus en détail de « Breaking The Dark ». On y découvre un univers Rock/Metal Alternatif assez peu représenté en France. Vous mettez s’accent sur les mélodies avec des refrains qui sonnent souvent Pop. Votre objectif était de rendre AFTER US le plus accessible possible ?

Pas forcément, mais on voulait que cela corresponde à notre vision de notre musique. On a cherché à bien distinguer les instruments et la voix pour montrer quelque chose de propre et d’abouti. C’est vraiment ce qui a déterminé notre démarche pour la sélection des titres.

– On note aussi sur les quatre morceaux un soin tout particulier apporté à la production et aux arrangements. Chaque détail a du nécessiter une attention particulière, j’imagine. C’est un travail que vous avez effectué en studio ou déjà en amont ?

On a beaucoup fait de pré-maquettes en échangeant beaucoup entre nous et aussi avec HK (Krauss de Vamacara Studio – NDR) qui nous a enregistré. Nous nous sommes échangés les propositions, et en arrivant en studio, nous avions encore d’autres idées que nous avons ajouté. En fait, c’est un gros travail de fond, tout cela a été très, très réfléchi.

– Vocalement aussi, tu livres une prestation limpide et qui dégage une grande force. Etonnamment, on n’est pas totalement dans un registre Rock ou Metal, et il y a beaucoup de similitudes avec Kim Wilde, par exemple. Là encore, il y a un grand mélange des genres…

Je pense que j’ai une voix qui me permet de faire pas mal de choses, mais je ne voulais pas tomber dans la caricature. Je peux faire des choses plus Rock, mais je voulais garder mon identité vocale en faisait en sorte qu’elle soit la plus naturelle possible, sans effet. Je peux faire des voix plus soutenues, mais mon envie était aussi que l’on retrouve les mêmes performances en live que sur disque, que soit cohérent et que je puisse tout reproduire. C’est ma vraie voix, ce que je chante habituellement. C’est mon registre le plus naturel possible ! (Rires) C’était important de retrouver cette liberté sur les morceaux, même s’il n’y en a que quatre. Sur l’album, on pourra se rendre compte du large panel du groupe, et du fait qu’on aime faire des choses très différentes. Donc, peu importe le style, il faut que ma voix reste ce qu’elle est et qu’elle soit identifiable sur tout l’ensemble et sans bidouillage.

-Maintenant que la situation est revenue à la normale, où en êtes-vous au niveau concert ? Ca se met en place doucement ? On sait que ce n’est jamais évident pour un jeune groupe avec un premier EP…

C’est notre gros projet pour 2022 et on y travaille d’arrache-pied. La plupart de nos répétitions servent à trouver ce son live, car on veut vraiment pouvoir tout restituer sur scène.

– Pour conclure, tu évoquais tout à l’heure de votre premier album. C’est donc acté ?

Exactement, en novembre, on retourne en studio voir HK pour y enregistrer cette fois l’album, qui devrait comprendre entre dix et douze titres. C’est bouclé ! (Rires) Et il sortira en indépendant, tant que nous n’aurons pas décroché un contrat satisfaisant.

Retrouvez la chronique du EP d’AFTER US :

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Punk Rock Stoner/Desert

The VillainZ : une ode aux plaisirs !

Âmes sensibles, prenez un peu de recul et éloignez les enfants. THE VILLAINZ ne fait pas dans la dentelle et s’en moque. Diabolique ? Provocateur ? Déluré ? Le quatuor phocéen est tout cela à la fois, et même plus encore. Entre Power Rock et Stoner Punk, le combo livre un premier album mature et sans concession, avec un titre qui parle de lui-même. Du plaisir en somme…

THE VILLAINZ

« Sexy & Arrogant »

(Wormholedeath Records)

Avec THE VILLAINZ, ça ne rigole pas. Ou plutôt si, mais dans un univers assez subversif et souvent hors-cadre. Mené par le sulfureux duo composé de Jess (chant) et Nic K. (guitare, chant), les Marseillais expriment en musique leur passion, et sans doute aussi une certaine addiction, pour le sexe, l’alcool et l’horreur. Accompagnés par les turbulents Tom C. (basse) et Kris C. (batterie), la machine est déjà bien huilée et rugit de plaisir.  

Depuis sa création en 2016 et un premier EP éponyme l’année suivante, THE VILLAINZ n’a pas dévié d’un iota de son identité première à la fois énigmatique et exubérante. Leurs prestations scéniques sont chaudes comme la braise, grâce aussi à la présence incendiaire d’une frontwoman qui n’a pas froid aux yeux et qui ensorcèle pour mieux séduire. Et sur « Sexy & Arrogant », un sommet est atteint par le groupe.

Si certains y verront une sorte de foutoir punkisé, mais les nouvelles compos et surtout la production de ce premier album confirment plutôt la qualité instrumentale, dotée de paroles un peu limites dans un ensemble qui est un coup de fouet percutant et procure bien des récréations (« Bloody Milk », « No Apologies », « You make Me Hot », « I’m Such A Bitch »). THE VILLAINZ exulte et exalte avec fougue et sensualité dans un Stoner Punk décapant.  

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Non classé

Over Serenity : une solide passerelle

Bardé de riffs aiguisés et porté par la voix claire et puissante de sa chanteuse, OVER SERENITY s’est construit entre la Méditerranée et la Manche, à travers l’Algérie et l’Angleterre. Aguerri et créatif, le trio sort son premier album autoproduit, « Bring To Light », dans un Alternative Metal véloce et mélodique. Une belle surprise.

OVER SERENITY

« Bring To Light »

(Independant)

Depuis quelques années maintenant, on voit naître des albums entre musiciens de différents continents, qui ne se sont même jamais rencontrés, et ce bien avant la pandémie. OVER SERENITY fait partie de ces groupes qui composent et réalisent leurs projets à distance et à l’international. Le combo a bâti un pont entre l’Algérie et l’Angleterre afin d’élaborer un Metal alternatif convaincant.

Créé il y a moins de deux ans, OVER SERENITY est composé de Nacer Mechiche (basse), Amine Zidane (guitare, basse, mix) et la songwriter et chanteuse anglaise Bethany Swift. A eux trois, et bien aidés par la technologie, ils ont tout récemment sorti « Bring To Light », un premier album abouti et concis. Très bien produits, les huit titres du groupe sont solides et mélodiques à la fois.  

Entièrement autoproduit, le trio mêle de multiples influences passant d’un Modern Metal percutant à des passages plus légers, qui mettent en valeur le travail effectué sur des refrains bien sentis (« Over Yet », « Lunar Minded », « Dark Of You », « Dream Giver »). Si la voix de sa frontwoman en rappelle certaines issues du metal symphonique, OVER SERENITY tire très bien son épingle du jeu.

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France Melodic Metal Metal Indus

Dust In Mind : en totale maîtrise [Interview]

C’est demain que le quintet français DUST IN MIND sort son nouvel album, « CTRL ». Moderne, mélodique et Indus, le groupe se présente avec un quatrième effort plein de confiance et très inspiré. Ressorti renforcé de cette période obscure, le groupe se livre à travers des émotions fortes dans des atmosphères très urbaines, des refrains addictifs et soutenu par une production massive doublée d’une belle force de frappe. La frontwoman du combo, Jen, nous parle de ce nouvel opus, ainsi que du travail collectif des musiciens du combo.

– Votre quatrième album, « CTRL », vient de sortir et il présente une direction artistique aboutie et une très belle production. DUST IN MIND s’affirme avec beaucoup d’assurance. C’est aussi votre sentiment ?


Merci beaucoup ! Oui, c’est également notre ressenti. On ne va pas faire dans le cliché et dire que c’est l’album de la maturité, (Rires) mais on sent que l’on est dans la bonne direction. On se sent en phase à 2000% avec tout ce que l’on fait, et on travaille sur tous les aspects de la production que ce soit la vidéo, les photos et le son. Cela demande énormément de travail et nous constatons que le public le ressent aussi, donc nous en sommes très heureux.

– Vous avez dit que la période de confinement vous avait aidé à travailler sur vos objectifs et votre son également. En quoi cette démarche a-t-elle modifié ou renforcé le groupe ?

On peut dire que l’on a beaucoup cohabité pendant ce confinement. Plutôt qu’uniquement le subir, on a pensé que c’était le bon moment pour travailler notre son et aussi faire des soirées brainstorming à rallonge, où l’on a beaucoup discuté. On l’a fait dans nos vies personnelles, et aussi dans celle du groupe. Nous avons une très bonne cohésion et je pense que c’est ce qui fait notre force. Nous voulons aller dans la même direction et nous faisons tous les mêmes sacrifices. Entre deux confinements, nous nous sommes isolés plusieurs jours dans une salle de concert, où nous avons travaillé le côté scénique et le jeu de lumière. Et nous avons également fait appel à un coach pour la première fois. Nous avons peaufiné notre jeu de scène, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à faire des exercices de cohésion de groupe, de lâcher prise, etc… C’était très précieux pour nous et cela a encore plus resserré nos liens.

– DUST IN MIND évolue dans un Modern Metal avec des dominantes Indus et même un peu symphoniques. Ce sont pourtant des registres assez opposés. C’est un mix qui vous est venu facilement et naturellement ?

Je ne pense pas qu’il y ait 1% de symphonique dans DUST IN MIND ! (Rires)(Pourtant vocalement, on y est très souvent ! –NDR) Mais oui, nous évoluons dans un registre Indus depuis les débuts du groupe. Nous avons aussi un coté très groovy, très Korn comme le disent certain. Et c’est vrai que nos influences étant Korn et Pain, nous nous présentons simplement comme un groupe de Modern Metal/Indus. Cette tendance est tout à fait naturelle et colle parfaitement au groupe et à nos personnalités.

– « CTRL » est un album très lumineux et paradoxalement certains passages, ainsi que vos textes sont très sombres. Quelle est la thématique générale, car on pense parfois à un album-concept ?

Cela pourrait être apparenté à un album-concept, pourtant il n’a pas été réalisé dans cette optique. En écrivant les textes, je laisse juste parler mon cœur de manière primitive. Et au final, c’est vers la fin de l’album que j’ai réalisé qu’il y avait bien un thème général qui ressortait clairement. Cette notion de contrôle des émotions, de lâcher prise qui peut faire parfois peur ou l’addiction aux émotions intenses, etc…


– DUST IN MIND se distingue aussi par sa double dualité vocale, grâce à un chant féminin et masculin d’un côté, ainsi que clair et growl de l’autre. C’est un aspect de votre musique que vous travaillez plus particulièrement et dont vous soignez un peu plus les arrangements ?

En effet, c’est quelque chose sur laquelle nous essayons de travailler et surtout d’évoluer. Sur ce nouvel album, nous avons beaucoup travaillé sur les voix et nous avons aussi expérimenté et osé. On voulait également casser certains codes comme le fait que la chanteuse ne doit pas nécessairement chanter tous les refrains. Damien (Dausch, guitare et chant saturé – NDR) chante plus que d’habitude et présente également un panel vocal beaucoup plus riche. C’est très plaisant et cela donne plus de diversité à l’album.

– Sur le morceau « Synapses », il y a  un passage chanté en français, qui se distingue aussi du ton du titre par son style. Comment vous est venue l’idée, et est-ce que c’était important pour vous que votre langue maternelle ait aussi sa place sur l’album ?


C’est vrai, car cela fait quelques temps que nous souhaitions faire un clin d’œil à notre langue maternelle. Et lorsque « Synapses » a été composé, c’est tout naturellement que j’ai posé des paroles en français. Nous réalisons que beaucoup de nos fans à l’étranger ne savent pas que nous sommes français. Il y a quelques années, j’essayais tant bien que mal de camoufler mon accent et aujourd’hui, je le regrette presque. Nous sommes français et la French Touch a une bonne image à l’étranger, alors pourquoi s’en cacher ? Je préfère l’assumer.

– Vous déclarez avoir plus de 10 millions de streams. Concrètement, quel est l’impact réel ? Cela se sent dans les ventes d’albums ou, peut-être et surtout, sur la fréquentation des concerts ?


Oui, cela se sent dans les ventes d’albums, et heureusement. Mais honnêtement, le nombre de streams (de Spotify par exemple) est une valeur objective. Si on tombe dans des playlists éditoriales, cela aura de suite un très gros impact. Et c’est une grande chance de nos jours, c’est vrai.


– Enfin, la pochette de « CTRL » est une photo de Freaky Hoody, connu notamment pour ses tatouages. Quel est le message ? Vous vous sentez proches de sa démarche ? Et vous êtes-vous rencontrés ?

Oui, nous nous sommes rencontrés, car c’est nous qui avons réalisé le clip de « Take Me Away » dans lequel il joue. Nous l’avons découvert dans une vidéo sur les réseaux sociaux et nous avons accroché à son histoire. Nous véhiculons des messages de tolérance que ce soit en termes de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle, sur les tatouages, etc…
Faire appel à lui pour notre clip était plutôt naturel. Et à la fin du tournage, nous lui avons proposé de poser pour notre pochette et nous avons improvisé un shooting. C’était extra ! 

L’album « CTRL » de DUST IN MIND sera disponible demain (le 19 novembre) chez DarkTunes Music Group