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Hard Rock

Bloody Dice : l’uppercut

Rugueux et puissants, les Scandinaves remettent le couvert avec « 2 », une réalisation clairement rentre-dedans, qui nous renvoie aux belles heures d’un Hard Rock sauvage, racé et fédérateur. Guidés par un explosif frontman, ils enchaînent les riffs et les refrains entêtants sur une dynamique très maîtrisée. BLOODY DICE sait où il va et, sans fioriture, assène un jeu percutant mis en relief par un son d’une qualité qui se fait de plus en plus rare. Un disque qui réveille, enchante et se réécoute en boucle !

BLOODY DICE

« »

(Eönian Records)

Chez BLOODY DICE, on ne s’encombre pas avec les titres des albums. Sorti en 2023, le premier était éponyme et celui qui nous intéresse s’intitule tout naturellement « 2 ». Logique ! Quant au line-up, Dagfinn Joensen assure le chant, Nickie Jansen la guitare, Jakob Haugaard la basse et Peter Larsen donne le tempo. Très aguerri, le quatuor reprend les choses là où elle en était et enfonce même le clou en affirmant avec vigueur et fermeté une identité forte, forgée sur un Hard Rock massif et vif.

Une chose est sûre, le changement complet de rythmique n’a pas entamé l’enthousiasme des Danois, qui renforcent même une assise déjà musclée. Et cette fois, ils se sont aussi adjoint les services du célèbre Flemming Rasmussen pour la production. Au niveau du son, BLOODY DICE prend sacrément du volume dans un parfait équilibre et une belle débauche d’énergie. Pourtant, pas question ici de formatage des morceaux, la liberté et cette sensation très instinctive sont plus jamais mises en avant.

L’unité est palpable et les titres sont bruts et sincères. « 2 » bénéficie aussi d’une précision chirurgicale, ce qui ne fait qu’augmenter son côté organique. Certes, le style de BLOODY DICE est assez classique, mais la fraîcheur du songwriting lui confère un caractère très actuel. A la fois rassembleur et à même de livrer des compositions très personnelles, le combo reste très Rock, bluesy à l’occasion et fidèle à un groove constant (« Cry For War », « The Bitch Is Crazy », « Back To Hell », « Unspoken », « Struggling To Breathe »). Rock’n Roll !

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Hard Rock Occult Rock

Skräcken : nébuleux

Renouant avec un Hard Rock brut qui fait ses preuves dans les années 70 et 80, les Scandinaves s’assurent d’un auditoire fidèle, ce qui ne les empêche pas d’apporter une touche personnelle et un bel élan à travers cette première réalisation convaincante. SKRÄCKEN, qui signifie ‘la fissure’, joue sur un aspect vintage pour s’y engouffrer et la palette vocale de sa chanteuse lui permet d’évoluer avec une intensité constante. « Echoes From The Void » marque le début d’une belle aventure.

SKRÄCKEN

« Echoes From The Void »

(Dying Victims Productions)

La Suède se distingue par le nombre de groupes ayant à leur tête une chanteuse et c’est une très bonne chose d’autant que l’émulation est là et la diversité aussi. Formé il y a tout juste trois ans, SKRÄCKEN avait déjà commencé à faire parler de lui avec « The Presence », un premier EP où l’on avait vite compris qu’il ‘on n’avait pas à faire à des amateurs. Au chant, Sofie-Lee Johansson a œuvré chez Night Viper, tandis que Martin Nordin, l’un des deux guitaristes, a passé près de sept ans chez Lucifer. Ça en impose immédiatement.

Originaire de Göteborg, SKRÄCKEN sort donc son premier album et en combo aguerri, « Echoes From The Void » résonne d’une expérience acquise de longue date. Dans des méandres ténébreux, le Hard Rock Old School du quintet jaillit avec force dans un registre aux frontières du Heavy et aux portes du Doom. Le mix est habile et l’ensemble mené de main de maître. Il est ici question de visions et de mélancolie, mais le disque est très dynamique et imprégné d’atmosphères changeantes et captivantes.

Avec une frontwoman de ce calibre, SKRÄCKEN possède un atout de choc et de charme, mais ce qui séduit avant tout, c’est une unité artiste monumentale qui rayonne. Incisif et percutant, ce premier opus libère une belle et sombre énergie et on se laisse emporter dans ses brumes obscures (« By His Hand », « Witch », « Her Presence », « Sweet Silence », « Visions Of Fire » et le génial « Wasteland »). Particulièrement soudés et créatifs, les Suédois se montrent éclatants, solides et posent les fondations d’un avenir prometteur. 

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Heavy metal International

Motorjesus : God’n’Roll [Interview]

En 25 ans, les Allemands se sont forgé une solide réputation, tout en restant à leur place, une volonté affirmée. Après un « Hellbreaker » resté dans les mémoires, le quintet surgit avec « Streets Of  Fire », un disque toujours aussi Rock’n’Roll dans l’esprit et l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Basé sur une énergie constante, des riffs racés et une rythmique qui ne lève jamais le pied, MOTORJESUS régale avec une septième réalisation, qui s’annonce déjà comme l’un des albums phares de l’année. L’occasion d’en parler avec son fougueux frontman, Chris Birx, heureux lui aussi de remettre le feu.

– Quatre ans près « Hellbreaker », vous êtes de retour avec « Street Of Fire », un nouvel album nerveux, qui dégage une certaine urgence. Vous étiez impatients de présenter ces nouveaux morceaux, dont on peut sentir la pleine puissance ?

Oui, un peu, comme c’est le cas à chaque album d’ailleurs. On a déjà présenté plusieurs singles : « Somewhere From Beyond », « New Messiah Of Steel », « Streets Of Fire » et « Return To The Badlands », mais nous étions impatients que l’album sorte enfin ! Tu sais, on l’a mixé en octobre dernier et il est prêt depuis un bon moment maintenant, plus de six mois. Oui, c’est cool qu’il soit enfin là, car ça commence à faire long pour nous aussi.

– Vous avez à nouveau travaillé avec Dan Swanö (Opeth, Edge Of Sanity) pour la production. J’ai l’impression qu’avec lui, vous avez trouvé le son qui correspond le mieux à MOTORJESUS. Comment travaillez-vous ensemble ? Lui laissez-vous carte blanche sur certaines choses ?

Oui, sur plusieurs parties. Nos échanges pour le mix et le mastering se sont faits par email. Je lui ai d’abord envoyé les morceaux et il m’a proposé de changer certaines choses et d’en améliorer d’autres. Tout s’est passé de manière très simple, dans une bonne ambiance et le contact entre nous a vraiment été facile, très fluide et réactif. On a eu de bonnes vibrations, car c’est quelqu’un de très agréable et aussi l’un de mes musiciens préférés. C’est toujours génial de le rencontrer, car j’ai tellement d’albums de lui des années 90 avec Edge Of Sanity et Opeth notamment. Il en a fait tellement ! C’est un mec super ! Je pense que, maintenant, nous avons vraiment trouvé notre façon de travailler ensemble, on a la bonne recette. On sait très bien de quoi il est capable et c’est un honneur de travailler avec lui. C’est une icône en plus d’être humainement très agréable ! (Sourires)

– Un mot aussi sur la pochette de « Street Of Fire », qui est signée Sebastian Jerke. C’est la troisième fois que vous travaillez avec lui. Comme pour Dan Swanö, ce sont des collaborations de longue date. Y a-t-il une sorte d’esprit de famille chez MOTORJESUS, qui se traduit par cette grande fidélité ?

Oui, c’est vrai. Tu sais, si cela fonctionne aussi bien, pourquoi devrions-nous changer d’équipe ? Sebastian est un mec super, qui est aussi très connu en Allemagne. Il a réalisé beaucoup d’autres pochettes d’albums pour des groupes ici, comme Orden Organ par exemple. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c’était pour travailler sur le visuel d’un t-shirt. C’est cool de continuer à travailler avec lui, car il est devenu célèbre chez nous. Il a parfaitement saisi l’esprit ‘Comics’ de MOTORJESUS sur nos trois derniers albums. C’est devenu une marque pour nous et c’est génial d’avoir quelque chose d’unique pour le groupe. C’est un style qui nous est propre maintenant et qui nous appartient en quelque sorte.

– L’une des principales particularités de « Street Of Fire » par rapport à « Hellbreaker », c’est que vous êtes revenus à un style nettement plus Heavy Metal, comme un retour aux sources, peut-être moins Rock’n’Roll dans l’intention en tout cas. C’était l’objectif ?

En fait, l’objectif avec « Streets Of Fire » était de faire un disque dans la continuité de « Hellbreaker », qui a vraiment bien marché en Allemagne et s’est même hissé dans le Top 20 des charts. Cela a été une sorte d’accomplissement pour nous. L’accueil a été incroyable. On a eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien avec « Hellbreaker », et nous avons essayé de retrouvé cette même vibration et j’espère que c’est le cas avec « Streets Of Fire ». Nous nous sommes amusés à faire des chansons rapides, avec un esprit punk assez fun et aussi plus agressif dans le jeu. Pour moi, il n’y a pas de grande différence entre les deux albums, c’est plutôt une continuité.

– Vous terminez ce nouvel album avec une outro et le début de « Somewhere From Beyond » fait aussi penser à une intro. Il y a un petit côté Old School très agréable qui était souvent utilisé dans les albums-concepts notamment. Même si on devine une thématique globale, y a-t-il un lien direct entre tous les morceaux de l’album ?

L’intro et l’outro sont assez similaires en termes de composition, car nous avons utilisé les mêmes vibrations assez synthétiques d’un esprit proche des 80’s et du Synth Wave. C’est quelque chose d’assez populaire en ce moment et surtout, cela correspond parfaitement à l’atmosphère de l’album. On a juste essayé d’envelopper le disque dans cette ambiance qui nous plait beaucoup et de placer les morceaux entre les deux. Et puis, l’objectif de « Streets Of Fire » était de transporter l’auditeur dans les années 80, que ce soit un peu Cyberpunk et S-F dans l’esprit. En ce sens, l’intro et l’outro correspondent parfaitement à l’atmosphère qu’on souhaitait développer.

– Comme toujours, il n’y a ni ballades, ni morceaux mid-tempo. On en revient à cette impression d’urgence avec ce rythme très soutenu et les titres sont très accrocheurs et intenses. Est-ce qu’au moment de la composition, vous aviez en tête leur rendu et leur impact sur scène ? Car l’album est très fédérateur…

En fait, nous composons sans trop y réfléchir, c’est un peu un jeu pour nous. Les ambiances des morceaux ne sont pas forcément une priorité consciente pour nous. Le principal reste le travail sur le riff, qu’il soit accrocheur, que le rythme soit soutenu, et que le groove soit très présent : c’est l’essence-même de MOTORJESUS. Ensuite, les arrangements ont une part importante et, pour ma part, j’essaie aussi d’être le plus concis dans les textes et d’élever aussi mon niveau de chant. Si ce n’est pas le cas, je jette. On veut toujours écrire avec la plus grande liberté d’esprit possible et sans calcul. Juste laisser agir le flow… (Sourires)

– Justement à propos de scène, vous avez déjà commencé les concerts et en plus des salles et des festivals, vous serez aussi dans des plus petits clubs. C’est important pour vous de garder cette proximité avec vos fans ?

Oh oui, vraiment ! On adore jouer dans ces petits endroits, car je pense que MOTORJESUS est définitivement un groupe de club ! On a tout essayé, on a joué dans beaucoup de festivals majeurs comme dans des toutes petites salles. Pour nous, une jauge entre 150 et 250 personnes est la dimension parfaite pour MOTORJESUS. Sur les grosses scènes ou les grands festivals, c’est plus stressant. On a juste une heure pour jouer, il faut se préparer rapidement et remballer aussitôt. Il y a toujours un facteur stress dans ces conditions. Dans les clubs, c’est plus intime et plus calme. Tu as le temps de bien te préparer, les gens sont beaucoup plus proches de la scène et tu peux proposer un set plus long aussi. Il y a une bonne pression et c’est tellement plus Rock’n’Roll surtout ! Oui, c’est la bonne taille pour MOTORJESUS, c’est plus adapté à ce que nous voulons offrir.

– A propos de ce nouvel album, il y a aussi votre changement de label avec un passage d’AFM Records à Reaper Entertainment. Vous aviez besoin de changer d’air ?

Tout d’abord, il y a eu des changements majeurs chez AFM Records en interne et beaucoup de groupes ont quitté le label. Nous avons été de ceux-là et nous avons rapidement trouvé un nouveau point de chute chez Reaper Entertainment. Cela a d’ailleurs été cool que cela se fasse aussi vite. On savait aussi que c’était des gens très impliqués, d’autant que la partie financière n’est pas la plus importante à nos yeux. Nous ne faisons pas ça pour l’argent. On le fait pour le fun, pour l’amour du Rock’n’Roll et du Heavy Metal ! Certes, c’est un bon deal pour nous, mais ce n’était pas la priorité. Le plus important est que les gars de Reaper sont très expérimentés, ils sont vraiment cool et ils ont tous travaillés chez Nuclear Blast en Allemagne. Ils savent donc ce qu’ils font et c’est agréable de se savoir entre de bonnes mains.

– L’année prochaine, MOTORJESUS fêtera ses 20 ans d’existence, fort de sept albums studio, un live et un EP. Quel regard portes-tu sur ce beau parcours?

C’est vrai que le groupe existe depuis 25 ans maintenant. Avant MOTORJESUS, on s’appelait The Shitheads et nous avions sorti un album éponyme en 2006. Donc, l’aventure date de 25 ans environ. On a toujours essayé de faire de bons concerts, de rester proches de nos fans, de parler avec eux après les concerts et de rester connecter. Et c’est quelque chose que l’on tient à continuer à faire. L’objectif est de faire encore des disques et de rester en bonne santé. C’est vraiment ce que nous souhaitons pour les années à venir. 

– Et qu’en est-il de la nouvelle génération du Metal allemand ? Est-ce que, selon toi, la relève est assurée ?

En fait, en Allemagne, il y a toujours beaucoup de flux, ça va et ça vient. Globalement, la scène est constante et elle reste très bonne et les gens viennent toujours aux concerts. Depuis la pandémie, il y a aussi un nouveau public, plus jeune aussi qui vient. Tu sais, les parents ici amènent leurs enfants aux concerts et il y a donc un certain renouvellement. C’est vraiment cool, il se passe toujours quelque chose ! Il y a pas mal de gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous et qui viennent maintenant nous voir. Ils aiment le côté ‘Comics’ du groupe. Et puis, il y a le gars qui joue Jesus sur scène avec nous et cela amuse vraiment les gens ! Ça marque un peu les esprits ! (Sourires

– Une question beaucoup plus légère pour terminer : quand on s’appelle MOTORJESUS, on a forcément dû avoir un œil sur le récent conclave au Vatican (l’interview a été réalisée début mai). Que penses-tu du nouveau Pape ? A-t-il l’esprit suffisamment Rock’n’Roll à ton avis ?

(Rires) Je ne sais pas ! Je suis très septique que le fait qu’il soit américain ! Ça me paraît vraiment très étrange, même super étrange ! (Rires) Avec ce nouvel ordre mondial venu des Etats-Unis et de la Russie, c’est vraiment bizarre d’avoir un Pape américain ! Mais, si tu veux tout savoir, je ne m’intéresse pas vraiment aux questions religieuses ! (Rires)

– Mais il faut quand même lui envoyer ce nouvel album !

(Rires) Oui, peut-être ! On va voir ça ! (Rires)

Le nouvel album de MOTORJESUS, « Streets Of Fire », est disponible chez Reaper Entertainment.

Retrouvez la chronique de « Hellbreaker» :

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Classic Hard Rock Rock Hard

Star Circus : intrépide

Avec « From The Wreckage », STAR CIRCUS vient assoir une position déjà séduisante entrevue sur « Separate Sides ». Avec un titre qui vient habillement faire mentir son contenu, le duo, qui a doublé de volume entretemps, se montre à la hauteur d’un héritage musical qu’il ne cherche même pas à cacher. Classique sans être poussiéreux, les Britanniques s’inscrivent dans une lignée déjà bien tracée et s’y engouffrent avec plaisir en apportant une touche de fraîcheur à un Rock rassembleur et percutant, sans être nostalgique. Deuxième essai transformé !

STAR CIRCUS

« From The Wreckage »

(Renaissance Records)

Trois ans après un premier effort, « Separate Sides », qui avait valu aux Londoniens une belle reconnaissance nationale, STAR CIRCUS fait un retour en force avec « From The Wreckage ». Et le duo initialement composé de Tony Winkler (chant, guitare) qui avait d’ailleurs produit le premier opus et Sophie Aurelia Young (basse, chant) accueille Reuben O’Donoghue (batterie/chœurs) et les guitaristes Tom Draper (ex-Carcass, Spirit Adrift) et Ritchie Mohicano (Dobermann), venus renforcer les rangs. La nouvelle configuration a fière allure et l’entente est claire. Autour d’un Hard Rock qui évolue entre Classic Rock et un Glam Metal estampillé 80’s, l’ensemble est enthousiasmant.

Signé sur le label Renaissance Records basé en Arizona, les Anglais sous-entendent que leur projet vise l’international et « From The Wreckage » devrait leur permettre, en effet, de quitter leur île sans trop de mal. L’album est plus que cohérent, malgré quelques grands écarts stylistiques bien maîtrisés et franchement bien sentis. STAR CIRCUS est absolument ancré dans son temps et la variété des compositions vient confirmer le savoir-faire du quatuor, qui est assez bluffant en termes de mélodies avec des refrains qui restent en tête. La machine est parfaitement huilée et les membres plus qu’aguerris.

Et ce qui frappe aussitôt également sur « From The Wreckage », c’est la combinaison des deux six-cordistes, qui jouent à armes égales et se partagent très bien les riffs et les solos, se relayant avec beaucoup de finesse et sans se marcher dessus. STAR CIRCUS se montre volontiers ambitieux, alternant des élans musclés et des passages plus sombres avec une efficacité redoutable. Le frontman tient la baraque, mais quand la bassiste prend le chant sur « Masquerade », on regrette qu’elle ne le fasse pas un peu plus. Le combo se montre donc très convaincant et assène un Rock solide, enthousiasmant et personnel.

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Hard Rock Rock US

Buckcherry : l’effet tornade

Revigoré depuis le très bon « Vol. 10 » sorti il y a deux ans, le gang de Los Angeles continue sur sa lancée et les cinq rockeurs semblent même au sommet de leur art. Bâti sur un Rock US ravageur et débridé, le Hard Rock de BUCKCHERRY est d’une totale sincérité et d’un impact sans limite. Avec beaucoup de caractère, il fait le lien entre des mélodies accrocheuses et une puissance de feu rugissante. « Roar Like Thunder » est aussi redoutable qu’addictif. Une bonne beigne !

BUCKCHERRY

« Roar Like Thunder »

(Earache Records)

Onzième album en l’espace de 30 ans pour les Américains, qui confirment avec « Roar Like Thunder » que le virage vers un Hard Rock plus direct et est devenu leur véritable cheval de bataille. BUCKCHERRY est revenu aux fondamentaux, délaissant un Alternative Rock assez convenu et surtout ultra-formaté pour les radios US, afin de laisser place à une explosivité déjà sous-jacente depuis longtemps pour offrir enfin tout son potentiel. Et, rangé derrière le phénoménal Josh Todd, certains aspects plus costauds refont surface avec éclat.

Frais et spontané, BUCKCHERRY renoue donc avec une attitude plus Sleaze, presque Punk, sur des morceaux taillés pour la scène et nerveux à souhait (« Crazy Bitch »). Côté guitares, Stevie Dacanay et Billy Rowe s’en donnent à cœur-joie et affichent une belle complicité. Les titres composés par leur fondateur et frontman avec le producteur Marti Frederiksen sont probablement les meilleurs depuis un moment, et l’air de Nashville, où a eu lieu  l’enregistrement, semble avoir fait du bien au groupe, tant il bouillonne de plaisir.

Dès le morceau-titre qui ouvre les festivités, on sent la ferveur et l’enthousiasme qui envahissent ce « Roar Like Thunder » d’un claquement de doigt. Inspiré et déterminé, BUCKCHERRY livre un opus estampillé 100% californien, dont on avait presque oublié l’authenticité de la saveur (« Come On », « Talkin’ Bout Sex », « Blackout », « Machine Gun », « Let It Burn »). Vivant et dynamique, le quintet n’a rien perdu de son jeu et, au contraire, paraît plus tranchant et malicieux que jamais. Une tornade !

Photo : Tommy Sommers

Retrouvez les chroniques des albums précédents :

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Hard Rock

Malvada : Rock do Brazil

La scène brésilienne est plutôt foisonnante et si le Metal extrême domine toujours, le Rock et le Hard Rock commencent à pointer le bout du nez avec des formations qui sortent du lot. C’est le cas avec MALVADA, quatuor entièrement féminin qui livre son deuxième opus avec plein de certitudes et une assurance désormais acquise. Avec « Malvada », le ton est ferme et tendre à la fois et montre que le groupe est capable d’alterner les ambiances avec force et de manière très fluide.

MALVADA

« Malvada »

(Frontiers Music)

Les quatre musiciennes ne manquent pas de tempérament. Pour preuve, elles ont fondé MALVALDA à l’aube de la pandémie en mars 2020. L’année suivante, elles enchaînent avec deux singles, « Mais Um Gole » et « Cada Escolha Uma Renúncia», d’ailleurs tous deux chantés en portugais. Logiquement, « A Noite Vai Ferver », leur premier album sort dans la foulée et celui-ci va leur ouvrir de nombreuses portes, notamment celles des plus grands festivals brésiliens dans lesquels elles partagent l’affichent avec des stars internationales de gros calibre.

Ces deux années à écumer leur pays sont parvenues jusqu’aux oreilles du label italien Frontiers Music, qui les signe fin 2023. Dès lors, MALVADA va peaufiner ses compos et y mettre du volume. Un peu à la manière des Mexicaines de The Warning, son registre se muscle et son Rock des débuts flirte sans ambigüité avec un Hard Rock à la fois solide et mélodique. Et l’autre particularité du combo est aussi de continuer d’alterner le chant entre sa langue maternelle et l’anglais sur ce nouvel effort éponyme. Et il n’y a absolument rien de déroutant à son écoute, bien au contraire.

D’entrée de jeu, MALVADA balance du gros riff et un refrain entêtant sur un « Down The Wall » assuré et costaud. Indira Castillo (chant), Bruna Tsuruda (guitare), Juliana Salgado (batterie) et Rafaela Reoli (basse) ont su développer un style bien à elles à travers des morceaux où elles soufflent le chaud et le froid, alternant des titres bien rentre-dedans (« After », « Bulletproof ») avec des ballades et power-ballades plutôt bien senties (« Como Se Fosse Hoje », « So Sweet », « I’m Sorry »). « Malvada » est une deuxième réalisation franchement séduisante et convaincante.

Photo : Caike Scheffer

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France Metal Progressif Neo-Classic Metal

Patrick Rondat : back to the light [Interview]

Considéré à juste titre comme le premier guitar-hero français, PATRICK RONDAT nous aura fait patienter plus de 20 ans pour livrer « Escape From Shadows ». Et comme toujours avec lui, l’attente en valait vraiment la peine. Si l’on retrouve immédiatement son toucher, son phrasé et sa technique implacable, l’ensemble sonne nettement plus organique que ce qu’il a pu produire par le passé. Ce sixième album est très instinctif, fait de flâneries musicales et de belles attaques musclées et toujours aussi progressives. Entouré d’amis, le virtuose nous fait même la surprise d’un morceau chanté, une première pour lui sur un disque solo. Entretien avec un musicien, dont l’univers musical n’a pas fini de nous surprendre.

– On te sait très occupé entre différents projets que tu as mené ces dernières années, à savoir les masterclass, les cours et les concerts. Pourtant, de ce que j’ai pu lire, tu travailles sur ce nouveau disque depuis 2018. Est-ce que chacun de tes albums a besoin de mûrir plus ou moins longtemps ? Est-ce qu’une immersion totale t’est nécessaire ?

C’est pire que ça ! J’ai toujours besoin d’un peu de temps pour être convaincu de ce que je fais, que je puisse écouter les morceaux six mois ou un an après et me dire que ça tient la route. C’est la première chose et ensuite, j’ai traversé des périodes difficiles dans ma vie avec le décès de ma femme, puis j’ai commencé à enregistrer le premier morceau, « From Nowhere », en 2010. J’ai poursuivi jusqu’en 2013 en maquettant deux/trois titres. Après, j’avais la tête ailleurs avec des moments de doute et j’ai recommencé à m’y mettre de manière assez ponctuelle sur un laps de temps assez long, finalement. En fait, je n’ai pas bossé longtemps dessus, mais il y a eu des périodes de vide de cinq/six ans. C’est ce qui explique la durée entre l’album précédent et celui-ci.

– Si on considère « An Ephemeral World » comme ton véritable dernier album en solo, il date déjà de 2004, soit plus de 20 ans. En dehors de tes nombreuses collaborations, tes réalisations instrumentales semblent les plus personnelles. Tu as besoin de décrocher de cet univers pour mieux y revenir ?

Oui, et ce dont j’ai aussi besoin, c’est de prendre le temps parce que, si tu prends mes albums et même s’il y a une ligne commune, il y a aussi une identité propre à chacun. Cela se ressent dans le son, dans le compos et, même si on retrouve des choses, je ne pense pas qu’on puisse confondre les disques entre eux. Ils sont tous différents et pour celui-là, c’est pareil. J’ai voulu une empreinte sonore et des morceaux différents et pour faire ça, il faut du temps. Quand tu démarres avec tes premiers albums, tu as bossé plein de choses, tu as plein d’idées nouvelles, etc… Mais quand tu en as déjà fait trois ou quatre, tu as déjà utilisé pas mal de cartouches. Pour te renouveler et trouver de nouvelles choses, c’est une sorte de quête. Sinon, tu enchaînes les disques et tu fais toujours les mêmes. Et je n’ai pas envie de ça. Après, ce n’est pas une critique, beaucoup le font, mais je veux que chaque album ait une réelle identité. Et pour ça, j’ai besoin de temps pour trouver des pistes, avoir une vision de ce que je veux faire au niveau du son, des compos et de mon jeu aussi. Sur ce nouvel album, mes solos sont assez différents, il y a des choses que je ne faisais pas non plus auparavant. Il me faut de plus en plus de temps pour me renouveler, mais j’espère que je ne mettrai pas 20 ans pour le prochain ! (Sourires)

– « Escape From Shadows » est donc ton sixième album, et je lui trouve une tonalité et une production beaucoup plus organiques. Il y a une grande proximité à son écoute. Est-ce que cela a aussi été une volonté dès le départ ?

Totalement ! J’ai voulu aller à contrepied de ce que qui se fait. Aujourd’hui, beaucoup de groupes de Metal sont dans le tout numérique avec des amplis numériques, des guitares à huit cordes, les batteries super-éditées presque mécaniques, … On a voulu aller vers une batterie qui sonne plus acoustique et de mon côté, j’ai juste une tête d’ampli, un Blackstar à lampe, un baffle et un jack. Je n’ai même pas de pédales. La guitare est dans l’ampli et on a juste rajouter quelques effets au mix. Globalement, l’ensemble est très organique. Aux claviers, Manu (Martin – NDR) a utilisé un B3 Hammond enregistré à l’ancienne avec un micro. Je ne voulais non plus faire un truc qui sonne 70’s et qui soit daté. Mais en même temps, je voulais que ça fasse groupe et organique, parce que je pense que c’est ce qui vieillit le mieux et qu’il ne soit pas lié à une mode, non plus. Je ne voulais pas faire un album qui s’écoute deux ans, mais quelque chose qui dure dans le temps. Et plus c’est naturel, plus ça vieillit bien. On a juste ré-ampé les guitares, ce qui m’a permis aussi de mieux me concentrer sur le son.

– On retrouve sur « Escape From Shadows » des amis musiciens de longue date comme  Patrice Guers à la basse, Dirk Bruinenberg à la batterie et Manu Martin aux claviers et même pour la première fois un titre chanté sur lequel on reviendra. Et puis, il y a la présence de la guitare de Pascal Vigné, qui pose d’ailleurs un solo sur le monumental « From Nowhere ». C’est assez rare qu’un guitariste, qui plus est joue en instrumental, laisse une petite place à un autre. Comment cela s’est-il mis en place ?

Pascal est un ami de longue date et on a aussi traversé des épreuves difficiles à quelques mois d’intervalle, ce qui nous a soudés. Nous nous sommes retrouvés seuls avec nos enfants, on a ensuite retrouvé quelqu’un tous les deux aussi. Après, j’ai eu une période où je ne voulais plus finir l’album et il m’a invité à venir chez lui enregistrer des grattes et cela m’a débloqué à un moment où l’album n’aurait peut-être pas été terminé sans lui. Et comme c’est un guitariste que j’adore, c’était un moyen de le remercier d’être allé au bout, ainsi que l’occasion de partager quelque chose ensemble. Et sur ce passage, je me suis dit qu’il pouvait poser un truc chouette, et c’est ce qu’il a fait. C’est un solo magnifique et comme il joue vraiment différemment de moi, cela donne quelque chose de vraiment cool. Je suis très content. C’est d’ailleurs le tout premier morceau que j’ai composé pour l’album et il date de 2010. Il est très naturel dans le sens où tu passes par plein d’ambiances et tout s’enchaine très bien. On suit un chemin…

– Et comme je le disais, pour la première fois sur l’un de tes albums, il y a un morceau chanté, « Now We’re Home », interprété par Gaëlle Buswel. Tout d’abord, c’est une rencontre qui peut surprendre compte tenu de vos univers musicaux très différents. C’est une sorte de challenge, ou quelque chose qui s’est fait naturellement entre vous deux ?

Ca fait plus de 15 ans que je connais Gaëlle, depuis 2010 environ. Je l’ai connu avant même qu’elle n’ait sorti d’album. Je l’ai aussi vu grandir musicalement, je l’avais déjà invité à jouer avec moi sur scène. C’est une belle personne, tolérante et vraiment cool. Et j’adore sa voix, elle a vraiment quelque chose. Lorsque j’ai composé le morceau, « Now We’re Home », il était totalement instrumental et je me suis dit que ça ne collait pas. Alors, soit je le virais, soit j’en faisais quelque chose d’autre. J’ai pensé à elle. Je lui ai envoyé le titre il y a longtemps, en 2015, je crois. Elle m’avait fait une voix témoin, qui m’avait convaincu. Il ne s’est rien passé pendant plus de 10 ans et je l’ai rappelé en lui disant que l’album allait sortir. On a parlé du texte, de ce que je voulais et elle l’a écrit. Et puis, j’aime bien aller là où ne m’attend pas. On s’attendait sûrement à un truc Prog Metal avec une voix à la Symphony X ! Et puis, j’aime sa voix Rock/Blues, qui amène vraiment quelque chose et qui, une fois encore, appelle au voyage que ce soit dans le texte comme dans la musique. D’ailleurs, le solo rappelle un peu « Amphibia ». Je ne voulais pas non plus d’un truc Pop décalé, mais que ça reste du PATRICK RONDAT avec une partie solo assez longue, instrumentale et planante.

– Connaissant ton affection aussi pour la musique classique et le Metal néo-classique initialisé par Yngwie Malmsteen notamment, on retrouve une reprise de « Prelude And Allegro » du violoniste autrichien Fritz Kreisler. C’est un morceau de 1910 et pas forcément très connu d’ailleurs, sauf des amateurs éclairés. Comment et pourquoi l’avoir choisi, sachant en plus qu’il le voyait comme un canular, dont il était assez coutumier ?

En fait, en 1993/94, je faisais une grosse tournée avec Jean-Michel Jarre et en plus de lui, il y avait trois claviers dont Sylvain Durand, qui est malheureusement décédé et qui était pianiste à l’Opéra de Paris. Il était donc musicien classique et il adorait mon jeu de guitare. Il m’avait dit qu’il me verrait bien jouer ce titre-là, que je ne connaissais pas. Je l’ai écouté et je me suis dit qu’en effet, il était chouette. J’avais commencé à le bosser, et même s’il paraît assez simple, il est compliqué à jouer. Je l’ai mis de côté avant de le reprendre en voulant vraiment me l’approprier et en le faisant vraiment sonner guitaristiquement. Tu me parlais de Malmsteen, mais dans ma musique, je suis aujourd’hui beaucoup moins néo-classique que ce que j’ai pu l’être. Ca m’intéresse, mais pas juste pour mettre un morceau classique par album, comme un tic. Celui-ci, je voulais simplement le reprendre et le faire sonner à ma manière.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot d« Amphibia », sorti en 1996, qui était un concept-album très prémonitoire, puisque l’écologie en était le thème principal. Quel regard y portes-tu aujourd’hui dans le monde dans lequel nous vivons et le considères-tu, comme moi, comme une sorte d’apogée musicale de ton style ?

Je ne sais pas. C’est vrai que c’était déjà quelque chose d’un peu écolo. Mais je trouve que l’écologie a tourné d’une manière un peu bizarre récemment. Il y a un côté culpabilisant et moralisateur lié à la taxe sur tout, sans s’attaquer vraiment aux réels problèmes. C’est plus une écologie dogmatique que réelle et je me suis un peu désolidarisé de tout ça. Même si je trouve que c’est un combat complètement légitime, je n’aime pas ce qu’il est devenu. Il y a trop d’hypocrisie et de trucs que je ne supporte pas. Maintenant, sur « Amphibia », c’est dur à dire, parce que les gens ont leur album préféré. Je ne peux pas nier le fait qu’il a été un album marquant, parce qu’il a été le tournant vers un aspect plus Prog avec des morceaux longs. Ca a été le début de quelque chose que l’on retrouve d’ailleurs sur le nouvel album avec plein d’ambiances et de thèmes différents. Cela a aussi été le point de départ d’une nouvelle façon de composer. C’est vrai que c’est un album marquant dont je suis très content, oui.

– Enfin, il y a quelques mois, tu as aussi pris la route avec Pat O’May et Fred Chapellier pour le ‘Guitar Night Project’. J’imagine que ce fut une belle expérience. Toi qui a participé au G3 de Satriani, l’idée était-elle de faire un G3 à la française ? Ca pourrait s’exporter !

C’est très différent. A l’époque quand j’ai fait le G3 avec Satriani, il n’y avait pas de groupe, mais juste une jam de deux/trois titres en fin de concert. Ici, on n’est pas du tout là-dedans, car c’est un seul concert. On fait trois morceaux à trois, puis à deux, après j’en fais un tout seul. Ensuite, j’invite Pat et Fred et après chacun joue seul, puis invite l’un d’entre-nous, etc… Sur les deux heures et demie, on est tout le temps ensemble avec différentes combinaisons et chacun joue sur les morceaux des autres. Ce n’est pas le même concept, la démarche est très différente. Je pense que c’est plus près de ce que Satriani va faire avec Steve Vai (le SATCHVAI Band – NDR). C’est vraiment un concert à trois, et non trois concerts et une jam. On a d’ailleurs plusieurs dates à venir, et notamment à partir de septembre et surtout en 2026. D’ici là, je vais aussi jouer mon nouvel album sur scène.

– Y a-t-il une chance qu’un album sorte dans les mois à venir ?

Pas en studio, mais il y a un Live qui est en cours. On a enregistré un concert et Pat est en train de bosser sur le mix. Et on aimerait le sortir en fin d’année, oui. C’est cool ! (Sourires)

Le nouvel album de PATRICK RONDAT, « Escape From Shadows », est disponible chez Verycords.

Photo ‘Guitar Night project’ : Mat Ninat Studio

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Hard Rock

Deraps : el fuego

Direct et efficace, le jeu de DERAPS est la preuve qu’un bon Hard Rock se pare d’abord de simplicité. Ajoutez à cela des mélodies accrocheuses et une technique tout aussi redoutable et le tour est joué. « Viva Rock n’Roll » est une ode à une époque faste, tout en parvenant à rester très moderne dans sa production. En formation resserrée, le talentueux tandem est explosif, insaisissable, indomptable et remarquablement affûté. Un disque qui fait du bien !

DERAPS

« Viva Rock n’Roll »

(Metalville)

Retour de l’électrisant et très électrique power duo, trois ans après un premier effort éponyme déjà plein de promesses à l’époque. Pas de changement majeur, mais plutôt une volonté prononcée de perpétuer un Hard Rock fougueux et joyeux qui nous renvoie dans les années 90 avec le sourire aux lèvres. A l’évidence, DERAPS s’inspire de Van Halen, Extreme, voire Cinderella en plus pêchu, mais qu’importe car « Viva Rock n’Roll » donne la banane… Et nos deux rockeurs le savent très bien et appliquent leur recette avec minutie.

Jacob Deraps, à la guitare et au chant, et Josh Gallagher derrière les fûts, maîtrisent leur sujet comme en témoignent l’énergie et la vitalité à l’œuvre sur « Viva Rock n’Roll ». Cela dit, l’enthousiasme ne fait pas tout et la virtuosité est elle aussi plus qu’évidente. Ça groove, ça virevolte de toutes parts et DERAPS garde le contrôle (oui, je sais…). L’adrénaline jaillit dès le morceau-titre dans un Heavy Rock brut et saillant, qui laisse présager d’une suite musclée, tout en évoluant dans des sonorités très actuelles malgré tout.

Bien sûr, on pense au roi Eddie sur « Last Fall » ou « Black Sheep Boogie », et même un peu à Airbourne sur le fulgurant « The Legend Of Larrikin Laddie », mais le six-cordiste canadien et le cogneur australien affichent une telle honnêteté qu’ils sont pardonnés. Sans effet de manche, DERAPS a surtout l’ambition de faire grimper la température et parvient à gommer toute nostalgie de ses morceaux. Frais et spontané, ce deuxième opus est une déclaration d’amour au Rock sous toutes ses coutures, et on ne laisse prendre au jeu avec plaisir.

Photo : Nick Kozub

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Hard Blues

The Dead Daisies : reloaded Blues

Chaleureux, frais et spontané, « Lookin’ For Trouble » vient s’inscrire dans les très bons albums de Hard Blues. Pourtant, le quintet américano-australien livre un disque de reprises un peu éloigné de ce qu’il propose habituellement. Seul l’actuel line-up de THE DEAD DAISIES était en mesure de produire un tel album et il l’a fait avec la forme et sans dénaturer le fond. La sensation organique qui s’en dégage est tout simplement radieuse. Un entremet qui fait un bien fou et qui remet pas mal de choses à leur place.

THE DEAD DAISIES

« Lookin’ For Trouble »

(Malaco Records)

THE DEAD DAISIES a de la suite dans les idées, ou plutôt son producteur, Marti Frederiksen. Il y a quelques mois, le groupe avait investi le mythique Fame Studio de Muscle Shoals en Alabama pour y enregistrer « Light ‘Em Up », paru en septembre dernier. Et avec ce genre de musiciens, les surprises ne manquent jamais. Alors le soir, pour se détendre, ils jouaient de vieux standards de Blues (l’endroit s’y prête tellement !), et l’idée de capter ses sessions n’a pas été longue à germer. Nous voici donc avec « Lookin’ For Trouble » entre les mains. 

Une formation de ce calibre possède évidemment la culture nécessaire et, même si la majorité des morceaux fait partie du patrimoine du genre et a été reprise par beaucoup d’autres, c’est mal connaître la créativité de nos protagonistes. THE DEAD DAISIES s’est littéralement réapproprié les chansons en les réarrangeant de bien belle manière. Sans être issu de son propre répertoire, on retrouve ici une identité et une patte immédiatement identifiable. Quant au plaisir, on le perçoit à chaque note et sur chaque accord.

Alors quand Muddy Waters, Freddie King, Robert Johnson, BB King, Howlin’ Wolf ou Albert King passent au filtre de David Lowy (guitare), John Corabi (chant), Doug Aldrich (guitare), Michael Devin (basse) et Sarah Tomek (batterie), on atteint des sommets de classe et d’élégance. THE DEAD DAISIES prend de la hauteur et la cover de « Black Betty » par Ram Jam, par exemple, devient franchement risible en comparaison de celle-ci. Le Blues est plus éternel que jamais et « Lookin’ For Trouble » témoigne d’une incroyable vitalité. Une leçon !

Retrouvez les précédentes chroniques des albums de THE DEAD DAISIES :

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Hard'n Heavy

Ronnie Romero : powerful

Après avoir fait ses preuves dans des formations de renom en se montrant aussi à l’aise dans le registre Hard Rock comme Heavy Metal, RONNIE ROMERO s’est lancé dans le grand bain en solo avec deux réalisations de reprises, puis « Too Many Lies, Too Many Masters » il y a deux ans qu’il a en partie composé. C’est cet album qu’il est venu défendre au ‘Rock Imperium Festival’ devant un public espagnol conquis. En véritable showman, il impressionne de maîtrise accompagné d’un groupe enthousiaste et robuste.

RONNIE ROMERO

« Live At Rock Imperium Festival »

(Frontiers Music)

Que ce moment a dû être savoureux pour RONNIE ROMERO ! En juin dernier, il foulait la scène du ‘Rock Imperium Festival’ à Carthagène en Espagne, et le Chilien avait livré une très belle prestation qu’il a essentiellement bâtie autour de son dernier album solo en date, « Too Many lies, Too Many Masters ». Un disque à la signification particulière, puisque pour la première fois, il était directement impliqué dans son écriture. Une étape importante dans sa carrière et ce concert représente donc un certain aboutissement personnel. 

Lui qui a œuvré au sein du Rainbow de Richie Blackmore, MSG, The Ferrymen, (dont il chante un titre), Sunstorm et d’autres, ou plus récemment avec Elegant Weapons monté par l’ex-Judas Priest Richie Faulkner, avec plus ou moins de bonheur, se voit enfin récompensé de l’inscription de son nom sur l’affiche du grand festival hispanique, et devant un public avec lequel il peut s’exprimer dans sa langue maternelle. RONNIE ROMERO est aux anges et cela s’entend. Et si le moment est particulier, sa performance est remarquable et explosive.

Le Sud-Américain coproduit le disque avec son batteur Andy C., et le résultat est très largement à la hauteur. Entouré de musiciens aguerris, il ouvre avec « Cast Away On The Moon », extrait de son véritable premier opus, et le ton est donné. Le frontman s’impose avec puissance et prouve qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de sa génération (« Mountain Of Light », « Crossroad », « Too Many Lies, Too Many Masters », « Vengeance »). Puis, RONNIE ROMERO clot son set avec le « Rainbow in The Dark » de Dio. Un sans-faute !

Photo : Mejorado

Retrouvez la chronique de « Too Many Lies, Too Many Masters » :