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International Proto-Metal Psychedelic Rock Rock 70's

Electric Citizen : sensational reveries [Interview]

Clairement ancré dans des sonorités Rock et Metal très 70’s, le quintet de Cincinnati, Ohio, fait un retour lumineux avec « EC4 », un quatrième album qui présente aussi un nouveau membre à part entière aux claviers et surtout une inspiration hors-norme. Sur un proto-Metal dominant, ELECTRIC CITIZEN s’engouffre dans des effluves psychédéliques où des passages Folk côtoient des ambiances plus Doom. Tout en restant attachés à une approche classique du genre, les Américains redoublent de créativité à travers d’incroyables arrangements, des riffs captivants et une voix envoûtante. C’est donc Laura Dolan, la frontwoman du groupe, qui revient sur l’élaboration de ce nouvel opus polymorphe et hypnotique, qui se révèle un peu plus à chaque écoute.    

– Cela fait maintenant sept ans que l’on attend le successeur de « Helltown ». Même s’il y a eu la pandémie et que vous avez aussi beaucoup tourné, l’idée était-elle de faire un retour avec un album hors-norme comme c’est le cas, ce qui prend donc plus de temps ?

Dès le début, nous avons souhaité aborder cet album avec la même patience et le même soin que pour le premier, en le laissant se développer naturellement. Les sept dernières années ont été marquées par des défis auxquels nous avons tous les quatre été confrontés : le Covid, la famille, la santé, la vie quotidienne, mais malgré tout, nous n’avons jamais cessé d’écrire et de travailler sur « EC4 ». Nous adorons faire de la musique ensemble, et ce temps supplémentaire nous a aussi permis de créer quelque chose que nous sommes vraiment fiers de partager.

– Vous avez élaboré ce quatrième album pendant des années et cela s’entend. En quoi a-t-il nécessité plus de temps que les autres ? L’enregistrement en lui-même, ou son écriture ?

Avec des conflits d’emploi du temps entre les membres du groupe et les ingénieurs, nous aurions pu nous précipiter ou changer de cap, mais nous l’avons maintenu et continué à peaufiner les choses jusqu’à ce que l’album soit prêt à être présenté à un label. Pour « EC4 », nous voulions expérimenter avec des sons différents et superposés, un peu plus doux et avec de longues parties, qui ouvrent de nouveaux paysages sonores.

Ross (Dolan, guitare – NDR) gère la plupart de nos compositions instrumentales et ses idées ont tendance à se concrétiser rapidement, même si c’est toujours un travail collaboratif avec le groupe. Nick (Vogelpohl, basse – NDR) apporte des lignes de basse percutantes et une contribution créative. Owen (Lee, claviers – NDR) a co-écrit « Tuning Tree » et a ajouté des couches de clavier essentielles, tandis que la batterie et les percussions de Nate (Wagner, batterie – NDR) opèrent leur magie habituelle. Et enfin, j’écris les paroles et les mélodies vocales, bien que Ross ait eu les idées initiales pour « Lizard Brian ».

Je dois aussi aborder un sujet personnel, qui a certainement ralenti le processus. Pendant l’écriture de l’album, j’ai été confronté à un grave problème de santé : un mélanome. Grâce à un dépistage précoce et à une opération chirurgicale, je suis là aujourd’hui et complètement rétablie. Alors, tout le monde, faites examiner votre peau. Ce n’est pas seulement un conseil, c’est ce qui m’a sauvé la vie.

– Vous avez déclaré que « EC4 » amorçait un renouveau pour ELECTRIC CITIZEN. Même si musicalement, on note quelques changements, qu’entendez-vous par un retour aux sources ? Une façon de revenir à l’essentiel du Rock, même si vous ne vous en êtes jamais vraiment éloigné ?

C’est la première fois depuis notre premier album « Sateen » que nous composons avec un claviériste dédié. Sur « Higher Time » et « Helltown », nous avons fait appel à des musiciens invités pour apporter des parties sur des morceaux déjà terminés. Si ces collaborations ont été excellentes, le fait que ces textures soient intégrées dès le début de la composition façonne véritablement la façon dont le groupe aborde la musique. Nous sommes toujours restés très liés à notre son de base, mais nous avons aussi toujours souhaité évoluer en tant que musiciens. Cette approche nous permet d’explorer de nouveaux sons, tout en restant fidèles à nous-mêmes.

– Pour le mix et le mastering de l’album, vous avez fait appel à Collin Dupuis (Lana Del Rey, The Black Keys) et JJ Golden (Calexico), qui n’évoluent pas forcément dans le même univers que vous. Vous aviez besoin d’un regard neuf pour ces nouveaux morceaux ?

Ce sont tous deux des ingénieurs du son pour lesquels nous avons un immense respect. Nous avions déjà travaillé avec Collin sur « Higher Time ». C’est le genre de gars qui comprend immédiatement ce que l’on veut. Son véritable génie est de réussir à intégrer parfaitement chaque instrument dans le mix sans qu’ils se gênent. Pour cet album, il nous a recommandé JJ, et il a réussi à sublimer le tout en restant fidèle aux mixages originaux. Nous avons eu beaucoup de chance de travailler avec eux deux.

– Ce qui surprend sur « EC4 », c’est la construction des morceaux qui évoluent dans des ambiances très variées et surtout qui bénéficient d’arrangements particulièrement soignés. Votre objectif était-il de fusionner tous les genres qui forgent votre identité musicale ?

Oui, c’est une approche que nous défendons, car rien ne se crée de manière isolée. La musique s’appuie sur ce qui l’a précédée, à travers toutes les époques et tous les styles. Je pense que la clef est d’honorer toutes ces influences en créant en même temps quelque chose qui reste profondément personnel. Nous sommes attirés par les sonorités vintage, mais nous ne cherchons pas simplement à les reproduire. Pour nous, il s’agit d’intégrer cet esprit dans quelque chose de nouveau et d’actuel.

– Par ailleurs, le sentiment qui domine sur certains titres est qu’ils suivent tes lignes vocales. Avez-vous composé dans ce sens, ou peut-être avez-vous changé votre façon de travailler ?

Ross a toujours été notre moteur. Il pose d’abord les bases de chaque chanson et cette approche n’a pas changé. Pour ma part, je traite les mélodies vocales comme un instrument supplémentaire. Parfois, elles se faufilent dans la musique, parfois elles lui répondent. C’était particulièrement agréable de chanter sur « Tuning Tree », par exemple, grâce à la façon dont mon chant se combine à la basse, comme si elle était une seconde voix dans la conversation.

– Cette fois encore, vous puisez dans le proto-Metal, le Psych et le proto-Doom, ce qui est la marque de fabrique d’ELECTRIC CITIZEN. Est-ce que dans la déferlante de productions et les changements de supports d’écoute actuels, c’est le son et la créativité des années 70 qui vous touchent toujours le plus ?

Oui, on adore ces genres, surtout les sons des années 60 et 70. Mais on apprécie aussi le classique, la Soul et le Folk, pour n’en citer que quelques-uns. Nos goûts sont très variés. Quant aux sons Heavy du passé, ils alimentent ceux du futur. Et si on y participe, même un peu, c’est l’essentiel.

– Comme toujours, l’ensemble est très organique avec une forte présence de sonorités acoustiques, qui confèrent à « EC4 » un aspect presque épuré. C’est un contraste que lequel vous vouliez jouer également, malgré la densité des morceaux ?

Merci de l’avoir remarqué ! Oui, c’était intentionnel. Nous voulions des couches riches qui fonctionnent ensemble, et non les unes contre les autres. Le retour de la guitare acoustique, que nous n’avions d’ailleurs pas utilisée depuis notre premier album, a permis de libérer ce potentiel. Elle apporte des textures Folk très organiques, tout en ajoutant une profondeur qui s’intègre parfaitement au mix.

– Un petit mot aussi sur la pochette de l’album signée Neil Krug, qui avait réalisé celle de votre premier album, « Sateen ». On peut d’ailleurs y voir beaucoup de symbolique, dont j’aimerais que tu nous parles. Est-ce que cela fait-il aussi partie de ce retour dont vous parliez ?

Nous avons l’immense chance de collaborer avec Neil Krug, car sa vision photographique est unique. Les images de la pochette et de la back cover proviennent de ses archives. Nous lui avons parlé de notre nouvel album et de sa direction générale, et il a trouvé la perle rare. C’est l’un de ces moments heureux, où des morceaux distincts s’assemblent comme s’ils étaient faits pour être ensemble. Les thèmes de ces chansons, qui s’articulent toujours autour de visions surnaturelles, de futurs apocalyptiques et de démons intérieurs obsédants, s’accordent avec ses images d’une manière que nous n’aurions jamais pu imaginer.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur votre changement de label avec une signature chez Heavy Psych Sounds. Qu’est-ce qui a motivé le choix d’une maison de disques européenne ?

Nous sommes ravis de collaborer avec Heavy Psych Sounds. Ils nous correspondent parfaitement et ont été des partenaires fantastiques sur cet album. Pour nous, la question de savoir si un label est américain ou européen ne s’est jamais vraiment posée, puisque nous tournons sur les deux marchés.

Cela dit, nous serons toujours reconnaissants à Riding Easy Records d’avoir lancé notre groupe. Ils nous ont permis de démarrer et nous entretenons toujours une excellente relation. Nous continuons de collaborer sur les licences de nos trois premiers albums, dès que l’occasion se présente.

Le nouvel album d’ELECTRIC CITIZEN, « EC4 », est disponible chez Heavy Psych Sounds.

Photos : Kevin Blumeyer (1), Sally Townsend (4) et Andrew Benge (5).

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Hard Rock

Deraps : el fuego

Direct et efficace, le jeu de DERAPS est la preuve qu’un bon Hard Rock se pare d’abord de simplicité. Ajoutez à cela des mélodies accrocheuses et une technique tout aussi redoutable et le tour est joué. « Viva Rock n’Roll » est une ode à une époque faste, tout en parvenant à rester très moderne dans sa production. En formation resserrée, le talentueux tandem est explosif, insaisissable, indomptable et remarquablement affûté. Un disque qui fait du bien !

DERAPS

« Viva Rock n’Roll »

(Metalville)

Retour de l’électrisant et très électrique power duo, trois ans après un premier effort éponyme déjà plein de promesses à l’époque. Pas de changement majeur, mais plutôt une volonté prononcée de perpétuer un Hard Rock fougueux et joyeux qui nous renvoie dans les années 90 avec le sourire aux lèvres. A l’évidence, DERAPS s’inspire de Van Halen, Extreme, voire Cinderella en plus pêchu, mais qu’importe car « Viva Rock n’Roll » donne la banane… Et nos deux rockeurs le savent très bien et appliquent leur recette avec minutie.

Jacob Deraps, à la guitare et au chant, et Josh Gallagher derrière les fûts, maîtrisent leur sujet comme en témoignent l’énergie et la vitalité à l’œuvre sur « Viva Rock n’Roll ». Cela dit, l’enthousiasme ne fait pas tout et la virtuosité est elle aussi plus qu’évidente. Ça groove, ça virevolte de toutes parts et DERAPS garde le contrôle (oui, je sais…). L’adrénaline jaillit dès le morceau-titre dans un Heavy Rock brut et saillant, qui laisse présager d’une suite musclée, tout en évoluant dans des sonorités très actuelles malgré tout.

Bien sûr, on pense au roi Eddie sur « Last Fall » ou « Black Sheep Boogie », et même un peu à Airbourne sur le fulgurant « The Legend Of Larrikin Laddie », mais le six-cordiste canadien et le cogneur australien affichent une telle honnêteté qu’ils sont pardonnés. Sans effet de manche, DERAPS a surtout l’ambition de faire grimper la température et parvient à gommer toute nostalgie de ses morceaux. Frais et spontané, ce deuxième opus est une déclaration d’amour au Rock sous toutes ses coutures, et on ne laisse prendre au jeu avec plaisir.

Photo : Nick Kozub

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Hard Blues

The Dead Daisies : reloaded Blues

Chaleureux, frais et spontané, « Lookin’ For Trouble » vient s’inscrire dans les très bons albums de Hard Blues. Pourtant, le quintet américano-australien livre un disque de reprises un peu éloigné de ce qu’il propose habituellement. Seul l’actuel line-up de THE DEAD DAISIES était en mesure de produire un tel album et il l’a fait avec la forme et sans dénaturer le fond. La sensation organique qui s’en dégage est tout simplement radieuse. Un entremet qui fait un bien fou et qui remet pas mal de choses à leur place.

THE DEAD DAISIES

« Lookin’ For Trouble »

(Malaco Records)

THE DEAD DAISIES a de la suite dans les idées, ou plutôt son producteur, Marti Frederiksen. Il y a quelques mois, le groupe avait investi le mythique Fame Studio de Muscle Shoals en Alabama pour y enregistrer « Light ‘Em Up », paru en septembre dernier. Et avec ce genre de musiciens, les surprises ne manquent jamais. Alors le soir, pour se détendre, ils jouaient de vieux standards de Blues (l’endroit s’y prête tellement !), et l’idée de capter ses sessions n’a pas été longue à germer. Nous voici donc avec « Lookin’ For Trouble » entre les mains. 

Une formation de ce calibre possède évidemment la culture nécessaire et, même si la majorité des morceaux fait partie du patrimoine du genre et a été reprise par beaucoup d’autres, c’est mal connaître la créativité de nos protagonistes. THE DEAD DAISIES s’est littéralement réapproprié les chansons en les réarrangeant de bien belle manière. Sans être issu de son propre répertoire, on retrouve ici une identité et une patte immédiatement identifiable. Quant au plaisir, on le perçoit à chaque note et sur chaque accord.

Alors quand Muddy Waters, Freddie King, Robert Johnson, BB King, Howlin’ Wolf ou Albert King passent au filtre de David Lowy (guitare), John Corabi (chant), Doug Aldrich (guitare), Michael Devin (basse) et Sarah Tomek (batterie), on atteint des sommets de classe et d’élégance. THE DEAD DAISIES prend de la hauteur et la cover de « Black Betty » par Ram Jam, par exemple, devient franchement risible en comparaison de celle-ci. Le Blues est plus éternel que jamais et « Lookin’ For Trouble » témoigne d’une incroyable vitalité. Une leçon !

Retrouvez les précédentes chroniques des albums de THE DEAD DAISIES :

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Heavy Stoner Doom Psych

Thammuz : de la hauteur

Si le Heavy Rock de THAMMUZ se pare de quelques subtilités bluesy et même Grunge, c’est aussi pour mieux asséner un Stoner fulgurant et particulièrement doomy. Entreprenants, les Néerlandais oscillent entre un mur de guitare imposant et des envolées psychédéliques mélodiques et envoûtantes. Avec « III », la formation batave atteint une certaine maturité grâce à une maîtrise totale de son identité musicale. Une prise de hauteur nette et qui confirme sa stature.

THAMMUZ

« III »

(Argonauta Records)

Comme l’indique son titre, et de trois pour les Hollandais qui continuent, avec toujours autant de créativité, à élaborer leur Stoner. Décidemment très changeant, le style de THAMMUZ, né des cendres de Dreckneck et Fuzzboar, n’en finit pas d’évoluer et prend cette fois des teintes plus Doom, des sonorités Sludge Rock et une inspiration Southern. Le mélange est franchement habille, d’autant que le quatuor reste chevillé à un Stoner Psych entre Rock et Metal. Et « III » conserve aussi un aspect DIY savoureux.

Car, même avec une solide production et un son qui s’affine, THAMMUZ ne s’est pas éloigné de l’esprit underground de ses débuts. Trois ans après « Sons Of The Occult », on retrouve ces riffs épais et rugueux, ce duo basse/batterie massif et la voix très polymorphe de son chanteur-guitariste Harm dans un registre clair et puissant. Direct et sombre, « III » s’essaie à de multiples atmosphères en sachant se montrer brutal par moment, mais laisse aussi parfois entrer un peu de lumière et de légèreté.

Dès « When Darkness Comes », THAMMUZ affiche beaucoup de fermeté avec un côté ténébreux, qui devient vite immersif. Et d’ailleurs, Jelle Aron Scholtes, compatriote et membre de Baardvader, vient apporter du relief au morceau. Très Heavy et même assez aérien à l’occasion, le combo enchaîne avec des titres costauds (« Rizen », « Bloodlust »). Puis, sur « Dissolution » et « Devil’s Gallow » en fin d’album, c’est Merle Pelle qui offre une touche féminine plus aérée au chant à ce « III », qui se termine brillamment.

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Hard'n Heavy Heavy Rock

Vulvarine : proudly explosive

Réellement investie, la formation viennoise se présente avec « Fast Lane », un deuxième effort qui vient confirmer le potentiel aperçu à ses débuts. Sur de solides fondations Hard Rock, les musiciennes savent se faire Heavy, Glam aussi à l’occasion et laissent même échapper quelques gimmicks Punk. Bien produite, polyvalente et survoltée, cette nouvelle réalisation est intense, rafraîchissante et assure à VULVARINE une nouvelle stature dans l’univers Heavy Rock européen qu’elles s’apprêtent à conquérir armées d’un farouche caractère.

VULVARINE

« Fast Lane »

(Napalm Records)

En l’espace de cinq ans, on a pu assister en temps reel à la métamorphose, du moins à la saisissante progression, de VULVARINE. Depuis « Unleashed » en 2020, suivi de l’EP « Witches Brew » fin 2023, les Autrichiennes ont peaufiné leur style, resserré leur jeu et gagné en efficacité. Les compos sont plus racées, leur débordante énergie canalisée et avec « Fast Lane », elles franchissent un nouveau cap. Toujours aussi fougueuses, leur Hard Rock trouve son identité dans un élan Heavy, teinté de Punk et de Glam. Sexy & Raw au final !

Certes, il y a du Girlschool, une touche de Joan Jett dans l’attitude aussi et un brin de The Runaways chez VULVARINE, qui s’inscrit dans la lignée des groupes 100% féminin à l’ADN hyper-Rock’n’Roll. Mais sans compromis, ce deuxième album est explosif et vivifiant avec un côté sauvage qui sert parfaitement des refrains très accrocheurs. Même si elles évoluent dans un registre assez classique, « Fast Lane » est résolument moderne et impactant. Fruit d’une collaboration entre trois producteurs, l’ensemble est très homogène et costaud.  

Avec une approche féministe et volontaire, VULVARINE affirme ses convictions et ses valeurs, tout en libérant une bonne dose d’adrénaline. Brut et rentre-dedans, le quatuor affiche puissance et détermination, et met en avant des mélodies bien ciselées (« The Drugs, The Love And The Pain », « Demons », « Alright Tonight », « Equal, Not The Same », « Polly The Trucker » et l’acoustique « She’ll Come Around »). Au final, « Fast Lane » ne renverse pas la table, mais y pose comme il faut tous les ingrédients d’un avenir serein. La scène sera révélatrice.

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Hard Rock Heavy Rock

Big Canyon : le plein d’audace

L’ampleur et la dimension prises par le groupe sur ce nouvel effort éponyme semble marquer à elles seules le fossé qui le séparait de sa formule en trio. Sur « Big Canyon », son volume est décuplé et enfin à sa taille. Heavy Rock, Hard Rock, peu importe finalement tant les chansons respirent, cognent et deviennent familières en un claquement de doigt. Si le nouveau chanteur change forcément la donne, les autres musiciens de BIG CANYON donnent aussi l’impression d’être enfin à leur place. Tentaculaire et immédiat, il règne une proximité haletante pleine d’audace. 

BIG CANYON

« Big Canyon »

(Independant)

Que 2020 semble bien loin à l’écoute de l’album de BIG CANYON. A l’époque, le groupe évoluait encore à trois et sortait son tout premier EP. Il faut bien avouer que la métamorphose est saisissante et elle s’explique même assez facilement. Tout d’abord, l’arrivée au chant d’Andi Meacock apporte beaucoup de poids et de relief, au point de rendre le combo londonien presque méconnaissable. Un nouveau départ exaltant s’offre à lui et renforce son Heavy Rock en consolidant solidement ses fondations, grâce à une énergie folle et toute en nuances, qui vient flirter avec un Hard Rock très britannique.

Si le nouveau frontman conduit la formation avec beaucoup d’assurance et un talent indéniable, qu’il doit en partie à une puissance vocale et un grain aussi identifiable que chaleureux, il y a un autre élément important dans cette évolution sonore et musicale. Pour son premier opus complet, BIG CANYON a fait appel au producteur Dave Draper, connu pour son travail avec The Wildhearts (qui s’apprête d’ailleurs à faire son retour très bientôt) et Terrovision pour ne citer qu’eux, et ça change pas mal de choses. La puissance des guitares, la lourde rythmique et le chant trouvent un équilibre parfait.  

Si le quatuor n’élude pas quelques belles ballades, l’ensemble est plutôt costaud et fait également une place conséquente à des mélodies très travaillées, qui n’ont aucun mal à entrer dans le crâne pour ne plus en sortir. BIG CANYON a l’art de se faire fédérateur et très accrocheur et ses nouveaux titres sont franchement taillés pour la scène (« Rescue Me », « Mine In Another Time » », « Dominion Of Truth », « Beautiful Mind », « Captain Of Your Soul », « Devil In Disguise », « The Things You Do »). Bruts et authentiques, les Anglais manient les émotions avec subtilité et une implacable cohérence.

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Heavy Stoner Psych Heavy Stoner Rock Stoner Metal

Warlung : orbital

S’ils n’ont rien perdu de l’esprit jam qui les anime depuis leurs débuts, les musiciens de WARLUNG semblent être parvenus à peut-être canaliser un peu plus le flux d’énergie qui les dévore. Non pas que cette nouvelle réalisation soit plus tendre, moins grasse, plus polie ou sage, non, mais « The Poison Touch » a un côté tellement plus en contrôle que ses prédécesseurs qu’on ne peut que saluer cette nouvelle mouture. Toujours légèrement Old School, mais les huit pieds dans leur époque, le quatuor s’amuse encore et toujours et fait le bonheur de nos oreilles.

WARLUNG

« The Poison Touch »

(Heavy Psych Sounds)

Quel ravissement de retrouver la formation de Houston, sa magique rythmique composée des frères Tamez, Chris à la basse et Ethan à la batterie, et des deux guitaristes-chanteurs George Baba et Philip Bennet pour ce cinquième effort ! Et une fois encore, WARLUNG réussit à nous surprendre. Peut-être moins axé sur le proto-Metal teinté du Heavy vintage inspiré de la NWOBHM de « Vulture’s Paradise », le groupe se montre tout aussi à son aise dans cette épaisseur musicale, faite des volutes des riffs endiablés du duo de six-cordistes.

Si « The Poison Touch » affiche également plus de rondeur dans le son avec une production peut-être plus équilibrée et massive, le chemin n’en est que plus épique avec des légères effluves de Doom, de Stoner et d’un Blues occulte presqu’obsédant (« Holy Guide »). Une chose est évidente, WARLUNG s’ouvre les voies de tous ces registres pour parvenir à une unité dévastatrice et envoûtante. Les Texans sont toujours aussi cinglants et sauvages, et les mélodies qui façonnent ces nouveaux morceaux sont diaboliquement addictives.

Il émane une véritable plénitude de « The Poison Touch », comme en témoigne « The Sleeping Prophet », superbe ballade mid-tempo qui vient confirmer l’assise du combo. Et que dire de l’intermède « Mourning Devils » qui nous propulse sur orbite avant de se délecter des presque huit minutes de « Spell Speaker » ? Majestueux et sans doute le point de bascule de cet album tellement imprévisible ! WARLUNG reste explosif et ne se ménage toujours pas (« Digital Smoke », « Rat Bastard », « 29th Scroll, 6th Verse »). Renversant ! 

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de « Vulture’s Paradise » :

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Hard Rock Hard US Hard'n Heavy Sleaze

Crazy Lixx : folie furieuse

Plus de 40 ans après son émergence, CRAZY LIXX continue d’entretenir avec brio l’héritage d’un Hard Rock un brin FM, très Sleaze et savamment Heavy. A grand renfort de riffs rageurs, de solos percutants et de refrains entêtants, la formation nordique défriche le genre en le réoxygénant grâce à des compositions hyper-fédératrices bardées de choeurs très travaillés posés sur un songwriting pointilleux et fougueux. « Thrill Of The Bite » fait franchement beaucoup de bien !

CRAZY LIXX

« Thrill Of The Bite »

(Frontiers Music)

Depuis « Street Lethal » (2021), puis deux titres inédits sur une compilation l’an dernier (« Call Of The Wild » et « Little Miss Dangerous » que l’on retrouve d’ailleurs ici), le nouvel album studio des Suédois commençait à se faire attendre. Rangés derrière leur excellent frontman, compositeur et producteur Danny Rexon, les membres de CRAZY LIXX répondent présents et livrent un « Thrill Of The Bite » de haut vol. Au menu, pas de bouleversements majeurs, mais toujours une bonne touche de Heavy et une énergie brute assumée, carrément réjouissante et très entraînante.  

On n’en demande d’ailleurs pas plus aux Scandinaves qui appliquent une recette qui a fait ses preuves il y a quelques décennies et qu’ils maîtrisent aujourd’hui à la perfection. Car, 23 ans après sa formation à Malmö, CRAZY LIXX en a fait du chemin et ce neuvième opus est bien différent de ce qu’il proposait sur « Loud Minority » en 2007. Dorénavant, et après quelques changements de line-up, le quintet est plus affûté que jamais et sa créativité ajoutée à une solide expérience débouche sur un Hard Rock très Heavy musclé, explosif et à toute épreuve.

« Thrill Of The Bite » ne connait pas de temps calme, mais fonce avec une assurance débridée, qui transpire autant le plaisir que le Rock’n’Roll. Là-dessus, l’état d’esprit qui anime CRAZY LIXX n’a pas changé et c’est une très bonne chose. A des milliers de kilomètres, il nous téléporte sur le Sunset Strip de Los Angeles sur des morceaux très actuels, qui ne laissent pas la moindre once de nostalgie se propager (« Highway Hurricane », « Who Said The Rock N’Roll Is Dead », « Run Run Wild », « Hunt For Danger », « Final Warning », « Stick It Out »). Flamboyant !  

Photo : Nils Sjöholm

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Classic Rock Heavy Rock Rock Rock US

Ginger Evil : solid as a Rock

Avec un telle entrée en matière, le combo nordique ne risque pas de passer inaperçu. Composé de musiciens chevronnés, GINGER EVIL s’aventure dans un Rock qui se fait de plus en plus rare et qui reprend les codes d’un registre efficace et mélodique. Avec « The Way It Burns », c’est une sorte de retour aux fondamentaux qu’il propose et la belle surprise vient aussi de sa chanteuse, Ella Tepponen, qui s’impose grâce à une technique irréprochable et une grande capacité à varier les intonations vocales. Très mature, ce premier album va réconcilier les fans de Rock au sens large.

GINGER EVIL

« The Way It Burns »

(Frontiers Music)

Voici la nouvelle sensation Rock finlandaise et c’est peu de le dire ! Les membres de GINGER EVIL n’en sont pas à leur coup d’essai, puisqu’on retrouve ici le guitariste Tomi Julkunen et Veli Palevaara qui faisaient tous deux partie de The Milestones. Rejoints par le batteur Toni Mustonen, le combo a enfin affiché complet avec l’arrivée d’Ella Tepponen au chant, laquelle offre au groupe sa véritable identité musicale et, entre Power et Heavy, son Rock est musclé, accrocheur et surtout parfaitement interprété.

En confiant la production de « The Way It Burns » à Teemu Aalto (Insomnium) et le mastering à Svante Forsbäck (Rammstein, Volbeat, Apocalyptica), GINGER EVIL a mis tous les atouts de son côté et ce premier opus est de ceux qui font franchement du bien. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à une grande révolution, mais le Rock des Scandinaves a cet aspect très frais et fédérateur, qui peut faire d’eux une valeur sûre. Et puis, ce savoureux mix de Rock US, d’Alternative Rock et de Classic Rock séduit sans mal.

Très moderne dans son approche comme dans le son, GINGER EVIL ne met pas bien longtemps à tout emporter. Dès « Rainmaker », la vivacité des riffs et la puissance vocale de la frontwoman prennent le dessus et la suite s’annonce solide. Très américain dans le style, le quatuor multiplie les ambiances avec des clins aux 70’s comme à la scène californienne des 90’s (« Dead On Arrival », « Shame On », « Hands Move To Midnight », « Better Get In Line », « Not Your Fool »). Actuel et intemporel : une réussite.

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Heavy Rock Rock Rock Hard

Sons Of Silver : classy Rock

Il y a assez peu de groupes qui dégagent autant de classe, de facilité et de maîtrise du songwriting sur un premier long format comme c’est le cas sur « Runaway Emotions ». Porté par la voix chaleureuse et touchante de son leader, SONS OF SILVER laisse pourtant la place à chacun, que ce soit sur des parties de guitares sauvages, une rythmique soutenue et tellement raffinée que sur des claviers aussi discrets qu’indispensables. L’union au sein du combo est incroyable de fluidité et la qualité d’écriture est renversante. Quand expérience et intelligence entrent en symbiose ! 

SONS OF SILVER

« Runaway Emotions »

(4L Entertainment)

Au moment de sa création en 2019, Peter Argyropoulos, leader de Pete RG, n’a pas manqué de s’entourer de pointures, faisant de SONS OF SILVER un groupe hors-norme dont le nom d’ailleurs reflète parfaitement son ambition : solide, délicate et créative. Il est accompagné de Marc Slutsky, batteur emblématique qui a tourné avec les Goo Goo Dolls et Peter Murphy notamment, Adam Kury (bassiste de Candlebox) l’ancien guitariste de Skillet, Kevin Haaland, et, enfin, la claviériste et ingénieure de renom Brina Kabler. Et suite à deux EPs assez expérimentaux, voici enfin le premier album, « Runaway Emotions », où la direction musicale est beaucoup plus nette.

Basé à Los Angeles, SONS OF SILVER rassemble un beau patchwork de ce que la Cité des Anges offre depuis des décennies. Très Rock et tirant sans complexe sur le Hard Rock, voire le Glam, avec une base très américaine dans le son et un côté Indie qui donne justement beaucoup de finesse à l’ensemble, le collectif peut se montrer de prime abord un peu insaisissable. Assez classique tout en étant avant-gardiste, notamment dans les arrangements, « Runaway Emotions » accroche avec une simplicité apparente, qui laisse l’espace aux musiciens pour s’exprimer pleinement à travers des compositions très libres et entraînantes.

Puissantes de bout en bout, les chansons de ce premier opus affichent la technicité, le groove et le sens de la mélodie de ses membres. C’est à un véritable travail d’orfèvre auquel s’est livré SONS OF SILVER grâce aussi à un sens du détail très poussé. Bien sûr, les Californiens font écho à The Cult et même à Bowie, au Juju Hounds d’Izzy Stradlin et parfois bien sûr aux combos dont ils sont issus. Mais le style est personnel et assez unique en son genre. Rien n’est surjoué, exagéré, ni convenu, le quintet présente un univers bien à lui, magnifié par une production irréprochable et brillante. Un disque complet qui s’écoute et se réécoute à l’envie…!