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Bywater Call : southern spirit [Interview]

Avec une telle signature vocale, il n’est pas si surprenant de voir BYWATER CALL gravir à ce rythme les échelons et surtout s’établir de belle manière sur une scène Southern Blues Rock, qui n’a pas été aussi vivante depuis des décennies. Guidée par sa frontwoman Meghan Parnell, elle-même accompagnée par un brillant sextet, la formation canadienne vient de publier son troisième album, « Shepherd », chaleureux, joyeux et dont il est difficile de se défaire. Enchaînant les concerts comme les distinctions, la chanteuse se livre sur l’approche musicale du groupe, sa liberté nouvellement acquise et le talent des musiciens qui forment cette belle entité ancrée dans une Soul renversante.

– Après votre premier album éponyme en 2019, puis « Remains » en 2022 suivi de l’EP « Beyond The Doorway » l’an dernier, vous revenez avec « Shepherd », qui est probablement votre réalisation la plus aboutie. Est-ce que BYWATER CALL a enfin, selon toi, complètement cerné son identité musicale à travers un style que vous aviez en tête depuis vos débuts ?

En fait, je ne sais pas si nous parviendrons un jour à définir pleinement notre identité musicale. En tant que groupe, nos influences et nos inspirations sont si diverses et en constante évolution que je pense, et j’espère, que notre son continuera d’évoluer au fil du temps. Nous sommes fiers de la diversité de la musique que nous créons. Je pense que cela nous permet d’emmener nos auditeurs dans un véritable voyage. Et j’espère que malgré cela, ou peut-être grâce à cela, nous avons, ou serons bientôt en mesure, de créer un son qui nous est propre.

– D’ailleurs, si « Shepherd » est si assuré et inspiré, est-ce le résultat de la centaine de concerts donnés à travers une dizaine de pays aux côtés de grands noms l’année dernière ? Est-ce que cette expérience acquise vous a aidé dans la composition de ce nouvel album, ou du moins dans son interprétation ?

Oui, je pense que tous ces concerts donnés ensemble au cours des 18 derniers mois nous ont vraiment aidés à nous fixer. Je crois que nous avons une confiance en notre musique et elle continue de grandir à mesure que nous nous appuyons sur nos points forts. Et bien sûr, les opportunités de côtoyer de grands talents, ou en devenir, ont certainement eu une influence. C’est toujours formidable de voir comment d’autres musiciens opèrent. Je crois que nous pouvons tous apprendre les uns des autres.

– Il y a une autre nouveauté avec ce troisième album. Vous avez quitté votre label, Gypsy Soul Records, pour vous autoproduire. Même si on peut facilement comprendre votre envie de liberté, est-ce que le support d’un label a moins d’importance aujourd’hui dans une industrie musicale qui a beaucoup changé ?

Il y a bien sûr beaucoup d’outils à la disposition des artistes indépendants aujourd’hui C’est formidable pour tous ceuyx qui peuvent ainsi prendre leur carrière en main. Je pense que c’est important. C’est beaucoup de travail de sortir un album tout seul et il y a beaucoup d’opportunités qui peuvent être manquées ou négligées. Il est difficile de savoir si vous faites vraiment tout ce qu’il faut. Avec une maison de disques, c’est agréable de sentir que vous faites partie d’une équipe, qui a l’expérience et la sagesse, et qui connait la meilleure façon de sortir de la musique efficacement. Pour notre part, nous voulions vraiment essayer de faire quelque chose par nous-mêmes, ce que nous n’avions pas encore fait. C’est une grande entreprise et nous avons beaucoup appris.

– Vous avez donc enregistré « Shepherd » vous-mêmes et la production est littéralement éclatante et trouve un bel équilibre. Justement, est-ce que le fait d’avoir été seuls aux commandes cette fois vous a permis d’oser plus de choses ?

Nous avons eu beaucoup de chance que Bruce (McCarthy – NDR), notre batteur, ait un petit studio et une bonne expérience comme ingé-son et aussi en mixage. Lorsque nous avons décidé de nous lancer dans cet album, il nous a gracieusement donné beaucoup de son temps et de son espace pour que nous puissions le mettre au point. Et oui, je pense que nous avons pu faire pas mal d’expérimentations grâce à ça. Nous savions que nous voulions une certaine esthétique pour certains morceaux et chez Bruce, nous expérimentions avec les micros et la façon de les utiliser, ainsi que les effets de lumière dans la production. Pour quelques chansons, nous voulions incorporer des percussions captivantes et Bruce a pu prendre le temps de jouer avec ça chez lui. De plus, grâce à la façon dont l’album a été conçu, Dave (Barnes – NDR) a pu enregistrer beaucoup de ses guitares chez lui, ce qui lui a donné beaucoup de liberté pour travailler sur la façon dont il voulait que ses parties sonnent.

– L’autre point fort de l’album est la puissance de ta prestation vocale, Meghan. On a le sentiment que tu guides vraiment ces nouveaux morceaux. Est-ce que cela est également dû au fait que vous ayez retrouvé une totale liberté artistique qui transparaît beaucoup plus dans ton chant ?

Ma voix sera toujours un élément important de n’importe quel morceau pour créer l’ambiance d’une chanson. Cependant, nous essayons de plus en plus de trouver l’équilibre idéal, les parties les plus fortes et les plus efficaces de ma voix, et de nous y concentrer au lieu de ressentir le besoin de nous mettre en valeur. Je pense que plus nous jouons et enregistrons, plus je suis à l’aise et confiante dans le fait que ma voix sera entendue, même dans les moments les plus tendres, délicats et décalés, et je pense que c’est tout aussi important. Au fur et à mesure que nous expérimentons, comprendre que je n’ai pas toujours besoin de chanter fort, et au plus haut de ma tessiture pour être entendu, nous aide vraiment à trouver des idées nouvelles et intéressantes.

– L’autre chose qui domine à l’écoute de « Shepherd », c’est cette ambiance très positive et joyeuse. L’esprit Southern est toujours l’élément principal et il y a aussi des sonorités typiques de la Nouvelle-Orléans, qui sont parfaitement incarnées dans « Sweet Maria », notamment. Cette chanson a-t-elle été une sorte de déclic pour conditionner l’atmosphère globale de l’album ?

Nous avons toujours voulu capturer la chaleur et la joie dans notre son. Nous pensons qu’il est important de faire ressentir quelque chose aux gens à travers notre musique et sur cet album, nous avons définitivement célébré cela dans de nombreux morceaux comme « Sweet Maria », « Turn It Around », « Roll » ou « For All We Know, Sign of Peace ». Toutes ces chansons ont une ambiance très positive et estivale.

Je crois que l’on peut dire que « Sweet Maria » a été le début de tout ça. La chanson nous a été apportée par John Kervin (claviers – NDR) et elle dégage une atmosphère tellement agréable dès le début. Il a eu la gentillesse de me laisser creuser vocalement et lyriquement cette idée de célébration, et avec un peu d’expérimentation, nous avons fini par obtenir « Sweet Maria ». C’était le premier nouveau morceau de l’album que nous avons enregistré et sorti en single aussi. Et il semble avoir donné le ton approprié à tout ce qui a suivi ensuite.

Nous avons écrit « Sign of Peace », le dernier morceau de l’album, il y a des années, au tout début de la création du groupe. Nous l’avons donc beaucoup joué et il a évolué au fil du temps, mais il ne nous a jamais semblé pertinent de l’enregistrer. Avec l’ambiance plus joyeuse de cet album et un penchant plus éclectique, cela semblait être le bon moment. Nous avons pensé que nous pourrions nous amuser un peu avec. Alors, Steve (Dyte, trompette –  NDR) a écrit un superbe chorus à quatre voix dans un premier couplet pour aider à capturer l’ambiance de la Nouvelle-Orléans et cela s’intègre parfaitement dans le paysage de « Shepherd ».

– L’orgue et les cuivres sont aussi plus présents sur l’album, ce qui lui donne un aspect plus Soul et un peu moins Rock peut-être. C’est une manière de jouer plus facilement sur les émotions avec plus de douceur dans l’approche musicale et le son ?

Exploiter les émotions est très important pour nous et nous nous efforçons toujours de nous améliorer. Chaque musicien du groupe est incroyablement talentueux, nous voulons donc nous assurer de mettre en valeur et de cultiver tous nos points forts. John est un claviériste incroyable et Julian (Nally, saxophone – NDR) et Steve (trompette) travaillent si bien ensemble. Il est donc important de mettre cela en valeur. Nous aimons faire bouger les morceaux… Mais nous aimons encore plus les moments très Soul, plein d’émotion et de joie. Et les cuivres et l’orgue contribuent à adoucir l’esthétique de la musique.

– On l’a dit, vous avez beaucoup tourné et notamment en Europe, où vous avez aussi participé à la ‘Sea Mediterranean Cruise’ de Joe Bonamassa. Aujourd’hui, cela vous vaut d’être nominés aux UK Blues Awards pour le prix du meilleur artiste international. C’est déjà une belle récompense, d’autant qu’elle arrive d’un autre continent. Dans quel état d’esprit êtes-vous ? Et cela doit être également une grande motivation…

Cette nomination a été une surprise totale. Je l’ai découvert lorsque nous avons été tagués dans un post sur les réseaux. Venant d’un pays où nous n’avions eu l’occasion de faire qu’une seule tournée à ce moment-là, et considérant les artistes phénoménaux aux côtés desquels nous étions nommés, c’était vraiment un honneur. Etre mentionné aux côtés de Larkin Poe notamment est incroyable. Cela dit, je pense qu’il est important de ne pas accorder trop d’importance aux récompenses, il y a trop d’artistes fantastiques pour que tout le monde soit correctement reconnu… mais ça aide de savoir que notre musique est appréciée !

– Enfin, on assiste depuis quelques temps à un certain renouveau de la scène Southern Rock et Blues avec l’émergence de formations comme la vôtre d’ailleurs, qui ont vraiment su se faire une place. Qu’est-ce que cela t’inspire de voir ce style si emblématique trouver un second souffle avec une nouvelle génération pleine de talent ?

Je pense que c’est très encourageant de voir qu’il y a encore une place pour la musique live dans le monde numérique et celui des DJ d’aujourd’hui. Il y a une chaleur, une émotion et une humanité qui semblent souvent absentes dans une grande partie de la musique actuelle, du moins pour moi. Voir de nouveaux groupes dans des genres similaires au nôtre réussir à attirer un public est une victoire pour nous tous. Plus ce renouveau touche de fans, plus il y en aura de nouveaux à même d’écouter tous ceux qui tentent leur chance… Les adeptes de la scène Southern Rock et Blues, nouveaux comme anciens, ont beaucoup de place dans leur cœur pour les artistes établis et aussi émergents. Ils veulent juste faire partie de quelque chose de magique, comme nous.

Le nouvel album de BYWATER CALL, « Shepherd », est disponible sur le site du groupe, tout comme les billets de la tournée qui aura lieu du 2 octobre au 22 novembre prochain en Europe : www.bywatercall.com

Photos : Juan Perez-Fajardo (1), Erin Cosentino (2, 3), Mal Whichelow (4) et Zoran Veselinovic (5).

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Americana Country Soul Southern Blues Southern Rock

Kyle Daniel : Southern flavors

Tout ici respire le sud des Etats-Unis. L’Alternative Country enrobée d’Americana, de Blues et de Rock rayonne et se diffuse avec évidence sur « Kentucky Gold », premier opus d’un KYLE DANIEL qui se pose déjà comme le futur songwriter incontournable de cette nouvelle génération Southern Rock, décidemment en pleine ébullition. Il a écumé les bars et les clubs et a appris les moindres détails qui font flamboyer l’âme de baroudeur qu’il affiche déjà. Modernes et avec une approche Old School raffinée, ces douze morceaux se savourent encore et encore.  

KYLE DANIEL

« Kentucky Gold »

(Snakefarm Records)

Comme l’indique le titre de son album, c’est bel et bien du Kentucky et plus précisément de Bowling Green qu’est originaire le talentueux KYLE DANIEL. Basé à Nashville depuis la pandémie, celui qui a été élevé en écoutant de la Country et du Southern Rock n’est donc pas dépaysé, même si son style se démarque franchement de sa nouvelle ville d’adoption. Après deux EPs en indépendant, un éponyme en 2018 et « What’s There To Say » l’année suivante, « Kentucky Gold » marque le franchissement d’une étape importante, le tout avec une maîtrise totale et un sens de la chanson captivant.  

Cela dit, KYLE DANIEL n’est pas totalement inconnu sur le circuit Blues, Country et plus largement Southern américain. Redoutable guitariste, il remporte le ‘Kentucky Blues Challenge’ à 17 ans, puis le très renommé ‘International Blues Challenge’ dans la foulée. Autant dire que le musicien sait parfaitement où il va, et en confiant la production à Jaren Johnston (The Cadillac Three), Brian Elmquist (The Lone Bellow) et au faiseur de hits canadien Mike Krompass, il s’assure une entrée en matière somptueuse pour un résultat qui l’est tout autant.

Torride, l’entame de « Kentucky Gold » s’inscrit dans la lignée classique du Rock Sudiste, musclée et fédératrice (« Can’t Hold Me Back »). KYLE DANIEL a aussi pris le soin de se rendre à Muscle Shoals, ce qui libère un côté Soul très authentique (« Me And My Old Man »). Puis, les surprises s’égrainent au fil du disque avec des duos de haut vol. On se régale de « Fire Me Up » avec Maggie Rose, de « Southern Sounds » avec Kendrell Marvel, de « Summer Down South » avec The Cadillac Three et enfin de « Everybody’s Talkin’ » avec Sarah Zimmerman. Epoustouflant !

(Photo : Jason Stolzfus)

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Southern Rock

The commoners : well-rounded

Des guitares brillantes, des choeurs ensorceleurs, un groove costaud, un orgue magistral et un chant puissant et envoûtant, THE COMMONERS a vu les choses en grand pour ce troisième effort qui apparait comme son meilleur à ce jour. Avec « Restless », la formation  Southern de Toronto se montre techniquement imparable et ses nouvelles compositions sont plus créatives que jamais. La variété des tempos et la qualité des solos et de la slide confirment l’élan du combo depuis le précédent « Find A Better Way ». Rayonnant.

THE COMMONERS

« Restless »

(Gypsy Soul Records)

Doucement mais sûrement, THE COMMONERS œuvre au renouveau de la scène Southern nord-américaine et est en train de se faire une belle place. Faisant suite au très bon « Find A Better Way » sorti il y a deux ans, « Restless » reste dans la même veine et conforte les premières intentions. Les Canadiens ont gagné en assurance et les multiples concerts donnés ces derniers mois y sont certainement pour beaucoup. Si les références restent évidentes, ils ont renforcé leur identité artistique, tout comme élevé leur niveau de jeu.

Toujours aussi bien produit, chaleureux et organique, ce troisième album fait la part belle aux harmonies et aux refrains, ainsi qu’aux parties de guitares et d’orgue, qui enveloppent littéralement « Restless ». Evoluant désormais en quintet, THE COMMONERS semble avoir trouvé la formule idoine pour rendre son Southern Rock le plus percutant et surtout le plus complet possible. Soutenu par trois choristes, les morceaux prennent l’ampleur qui manquait peut-être sur « Find A Better Way » pour avancer.

Pour ce qui est du son, Ross Hayes Citrullo a encore fait des merveilles et sa complicité à la guitare avec Chris Medhurst apporte beaucoup de dynamisme à l’ensemble. D’ailleurs, ce dernier livre à nouveau une prestation vocale époustouflante. Moins Soul et légèrement plus acoustique, « Restless » combine un Rock très roots avec des saveurs sudistes du plus bel effet. THE COMMONERS passe au niveau supérieur en distillant quelques pépites (« Devil Teasin’ Me », « Shake You Off », « Body And Soul », « Restless », « Gone Without Warning »).

Photo : Paul Wright

Retrouvez la chronique de « Find A Better Way » :

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Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : inspiring moon

Avec « Red Moon Rising », Robert Jon Burrison (chant, guitare), Andrew Espantman (batterie), Henry James Schneekluth (guitare), Warren Murrel (basse) et, depuis peu, Jake Abernathie (claviers) atteignent la plénitude de leur art à travers un Southern Rock frais et ressourcé. Basé autour du mythe de la lune rouge qui apporte son lot d’espoir et de renaissance, ce nouvel opus de ROBERT JON & THE WRECK s’affiche déjà comme un indispensable de sa belle discographie.

ROBERT JON & THE WRECK

« Red Moon Rising »

(Journeyman Records)

Il y a quatre ans déjà, la sortie de « Last Night On The Highway » m’avait parcouru de frissons et, alors que le groupe évoluait encore en indépendant, il paraissait assez évident que le renouveau du Rock Sudiste passerait par lui. Etonnamment, c’est donc de Californie qu’est venu ce souffle chaud et novateur redonnant ses lettres de noblesse à ce style si expressif et rassembleur. Depuis, ROBERT JON & THE WRECK a arpenté sans relâche les scènes des Etats-Unis en long et en large, avant de faire également l’unanimité en Europe, où a même été enregistré le génial « Live At The Ancienne Belgique ». Et après neuf albums studio en moins de 15 ans, il se montre aussi infatigable que prolifique. 

Et cette féconde créativité, on la doit aussi et surtout à la volonté des Américains de pouvoir, depuis leur signature sur le label de Joe Bonamassa, sortir à l’envie des singles au gré de leur inspiration. Avant la sortie de cet excellent « Red Moon Rising », on avait ainsi pu découvrir les morceaux « Ballad Of A Broken Hearted Man », « Help Yourself », « Hold On », « Stone Cold Killer » et plus récemment « Trouble ». Certes, ROBERT JON & THE WRECK y dévoile près de la moitié de ce nouvel opus (12 titres avec les bonus), mais cela permet aussi de tenir en haleine son public avant la découverte finale de l’ensemble du disque. Une manière très actuelle, et plus libre selon le combo, de diffuser sa musique entre ses concerts.

« Red Moon Rising » peut facilement être perçu comme l’apogée du style et de la personnalité artistique de la formation de la côté ouest, tant certains titres ont déjà des allures de classiques. La production de Kevin Shirley offre également ce petit plus en termes de lustre, avec beaucoup de clarté et une belle dynamique, ce qui manquait peut-être un peu auparavant. Dorénavant, ROBERT JON & THE WRECK brille comme jamais et la qualité du songwriting est irréprochable, tout comme les harmonies du chant et des guitares (« Dragging Me Down », « Give Love », « Hate To See You Go » et le fabuleux morceau-titre). Le quintet en impose et s’impose de la plus belle des manières.

Photo : Allison Morgan

Suivez le périple de ROBERT JON & THE WRECK à travers les chroniques et les interviews parues sur Rock’n Force (et avant même la création du site) :

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France Southern Rock

Gunsmoke Brothers Band : l’esprit de famille [Interview]

Si GUNSMOKE BROTHERS BAND frappe si fort dès son premier album, ce n’est pas vraiment une surprise. Au-delà de la qualité et de la maturité technique du groupe, on doit ce souffle chaud et ces mélodies entêtantes à un style que les Bretons font littéralement rayonner. Et cela fait déjà un moment que l’hexagone attend une formation de Southern Rock capable de tenir la dragée haute à n’importe quelle autre sur la scène actuelle. Avec ses trois guitaristes, une rythmique en béton et un chant qui nous embarque dans des histoires qui parlent à tous, le quintet a vraiment peaufiné « Band Of Brothers », emmené par Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur. Déterminé et prolifique, il nous parle de ce projet qu’il porte et de cette musique qu’il a en tête depuis des années et qui se matérialise enfin.

Photo : Véro Pennec

– Tout d’abord, Xavier, GUNSMOKE BROTHERS BAND est ton projet et tu le mûris de longue date. La première question qui me vient à l’esprit, c’est comment est-ce qu’on fait pour rassembler quatre musiciens aguerris, comme c’est le cas et doté d’une solide culture Southern aussi, dans un périmètre aussi restreint que le Finistère en Bretagne ? Ca ne doit pas courir les rues…

Oui, j’ai galéré ! (Rires) J’ai eu la chance que Tony (Vasary, basse – NDR), avec qui je joue dans What A Mess, me suive dans le projet. Ensuite, Niko (Ar Beleg, guitare – NDR) est entré dans le groupe, mais en tant que batteur. Or, je cherchais deux guitaristes en plus. Après quelques essais peu concluants, Thibault (Menut, batterie – NDR) souhaitait revenir en Bretagne. C’est un très, très bon guitariste et il voulait intégrer le projet, mais comme batteur ! Niko a donc repris sa guitare, mais il en manquait toujours un. J’ai donc proposé à Seb (Ar Beleg, guitariste et frère de Niko – NDR) qui ne connaissait pas bien le style, mais qui a tout de suite adoré. Ils ont tous été d’accord pour que je dirige l’ensemble. C’était vraiment la condition sine qua none. L’idée n’était pas d’avoir une attitude autoritaire sur la musique, mais je voulais juste vraiment obtenir le son et la couleur qu’il y a maintenant et à laquelle nous sommes arrivés.

– Certains l’ignorent sans doute, mais il y a quelques décennies, tu avais monté Bounty Hunter, là aussi dans un registre Southern Rock. C’est donc un amour pour cette musique qui ne date pas d’hier. Est-ce que GUNSMOKE BROTHERS BAND est enfin le groupe que tu as en tête depuis toutes ces années ?

Exactement, c’est vraiment un aboutissement. A l’époque avec Bounty Hunter, on était tous fans de Rock Sudiste, mais on n’y arrivait pas vraiment. Ce n’était pas encore abouti. On était peut-être un peu jeunes, on avait tous un boulot et des envies de jeunesse aussi, comme ne pas vouloir forcément prendre la route. On a eu notre petit succès, mais une fois en trio pendant quelques années, il était temps de passer à autre chose. J’ai ensuite fait plusieurs groupes de Hard Rock, de Stoner et encore de Rock Sudiste. Mais j’avais toujours en tête cette musique. Et aujourd’hui, c’est vraiment celle que j’entends.

– Avant de parler de ce très bon premier album, « Band Of Brothers », j’aimerais que tu nous dises un mot du Rock Sudiste, comme on l’appelait naguère, et de sa situation en France où sa présence est quasi-inexistante. Ce n’est pas notre culture, c’est vrai, alors qu’est-ce qui vous pousse à le faire ? Et est-ce que, dans cette perspective, il y a un esprit de conquête, de pédagogie peut-être, ou alors c’est aussi à l’étranger que vous pensez pour le futur ?

Evidemment, on vise à jouer à l’étranger et à s’y faire connaître, car le public y est aussi bien plus connaisseur. Quant au ‘Rock Sudiste’, ce qui m’énerve profondément, c’est que lorsqu’on en parle, on a l’impression qu’on dit un gros mot. C’est comme quand on met un drapeau français au balcon, on est catalogué facho ou de droite. Non ! J’aime cette culture depuis gamin, car j’adore ce son qui est un mélange de Blues, de Gospel, de Rock’n’Roll et de Country. C’est une musique hyper-riche avec des chœurs fantastiques, des échanges de guitares et aussi parce que ça joue super bien ! Alors et pourquoi ‘Rock Sudiste’ ? Juste parce que cette musique-là vient du Sud des Etats-Unis, et c’est tout ! Il n’y a absolument rien de politique quand on en parle entre-nous. Et on ne veut pas de cette étiquette de fachos, car nous ne le sommes pas. Mais en France, on confond tout… et surtout beaucoup de choses ne sont pas comprises, ou très mal.

Xavier Quémet – Photo : Véro Pennec

– J’aimerais qu’on parle du mot « Brothers », qui revient à la fois dans le nom du groupe, dans le titre de l’album et le morceau-titre, mais aussi dans le line-up, puisque ce sont les frères Ar Beleg, Seb et Niko, qui officient à tes côtés aux postes de guitaristes. Que signifie pour vous ce terme de ‘fratrie’, qui est d’ailleurs aussi très présent dans le Southern Rock en général, qui est un style très fédérateur et rassembleur ?

C’est ça, il y a un côté très familial. Déjà, la notion de ‘frangins’ est très forte à mes yeux. Je pense qu’on ne peut pas faire de musique ensemble, si on n’a pas une totale confiance en l’un et l’autre. Si l’un d’entre-nous est dans la merde, on est tous là derrière. Maintenant, au niveau musical, cela se voit aussi sur scène. Il y a des échanges de guitares notamment, qui reflètent ce côté fraternel. Personne n’est meilleur que l’autre, nous sommes tous là pour s’entraider. Et en ce sens, Lynyrd Skynyrd est la référence. Et c’est vraiment ce que je veux laisser paraître avec le groupe. Et même si je suis le ‘frontman’, personne n’est meilleur que l’autre dans GUNSMOKE BROTHERS BAND.

– Parlons maintenant de l’album. Quand la composition a-t-elle commencé, car je sais que certains morceaux sont écrits depuis un bon moment maintenant ?

L’un des morceaux phares, « Song For The Brave », a été composé il y a environ dix ans. Je voulais absolument qu’il se retrouve sur disque un jour ou l’autre. Les gens sont très émus en l’entendant et même Tony en a des frissons en le jouant ! Je l’ai écrit pour tous ceux qui souffrent, ou qui ont souffert et qui luttent contre les agressions, les viols, etc…

– Vous êtes donc trois guitaristes au sein du GUNSMOKE BROTHERS BAND et on vous retrouve tous à la rythmique comme au lead. Et entre les riffs, les chorus, les solos et les twin-guitares, il y a beaucoup de contenu. Comment se répartissent les rôles et est-ce que certains d’entre-vous ont plus d’affinités pour certaines techniques ?

L’avantage de jouer avec les frangins Ar Beleg, Niko et Seb, c’est qu’ils ont une technique incroyable. Pour ma part, je suis plus Blues dans les riffs et les solos Et c’est finalement assez simpliste ce que je fais. Quant à Niko, c’est un technicien hors-pair, qui me fait penser à Doug Aldrich dans sa façon de jouer et la rapidité. Et Seb est un putain de rockeur ! Il possède un grain très Rock’n’Roll. Il a ça dans le sang ! Alors en général, je viens avec un riff, qui est ensuite jouer avec la batterie, puis avec tous les autres. Après, je leur donne certaines indications sur les solos notamment, tout en sachant ce que je veux entendre à tel et tel moment. Et c’est une chance de travailler avec eux, car il y a une réelle compréhension dans l’écriture des morceaux. On va tous dans le même sens en échangeant des regards et des sourires… et ils sont bourrés de feeling ! (Sourires)

Photo : Véro Pennec

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la rythmique emmenée par Tony (Vasary, basse) et Thibault (Menut, batterie), car elle guide et donne aussi le ton grâce à un groove imparable. Là aussi, ça ronronne, puisqu’elle donne souvent l’impulsion aux morceaux. J’ai même l’impression qu’elle est le garant de la structure des titres qui auraient vite fait de s’envoler sur des parties de guitares assez sauvages. C’est le cas ?

En fait, c’est l’assise. Maintenant, mes morceaux sont très structurés et je sais ce qu’il va se passer, tout le temps. Même sur scène, il n’y a pas d’impro. Pour le moment, je pense que les morceaux ne s’y prêtent pas encore. C’est en cela que Thibault et Tony portent vraiment la structure, ce sont les poutres. Dans ce style de groupe, si tu as un bon batteur, pas forcément hyper-technique et qui en met partout, et un super bassiste, le reste ne sont que les cerises que tu poses sur le gâteau. Les fondations doivent être solides, c’est très important.

– Un mot aussi sur la production, dont le mix et le master sont signés Ben Lesous de B-Blast Records. La priorité était d’obtenir ce son très organique et finalement très live ?

Avant d’entrer en studio, on a beaucoup discuté avec Ben, qui est un metalleux et un sacré batteur. Je lui ai dit que je voulais un son qui soit entre Molly Hatchet et The Outlaws, c’est-à-dire une production vintage moderne ! (Rires) Et pas non plus un son ‘frenchy’, notamment dans les voix. Et il m’a répondu qu’il voyait exactement ce que je demandais. Ensuite, je lui ai dit qu’il y avait trois guitaristes qu’il fallait devoir aussi faire ressortir, en plus de la basse. Et c’est vrai qu’il a fait des prises les plus live possible. Il a enregistré la batterie et les voix et, de notre côté, on a enregistré les guitares chez nous. Et pour obtenir ce son, c’est Ben qui a donné toute cette cohésion pour atteindre cet esprit live.

– Pour rester sur le son de l’album, on voit aujourd’hui beaucoup de groupes qui multiplient les pistes de guitares, histoire aussi et surtout de remplir l’espace sonore. Chez vous, c’est très différent, car il faut plutôt se faire une place. Est-ce que l’équilibre s’est fait assez facilement, chacun ayant déjà sa ‘partie’ en quelque sorte ?

Dès le départ, entre guitaristes, on s’est mis d’accord. Lorsque l’un d’entre-nous fait un solo, par exemple, on n’entend pas sa rythmique sur l’album. Elle est assurée par les deux autres, sans la sienne. On voulait que ça sonne vrai et authentique.

Photo : Véro Pennec

– Par ailleurs, et on en revient aussi un peu à cet esprit de fraternité, vous faites tous les chœurs sur l’album. Et au-delà de l’investissement que cela peut demander à chacun, ça sonne très naturel et très spontané. Est-ce que vous placez cette unité artistique au-dessus de tout, comme étant indispensable aux morceaux ?

Oui et on a encore du travail de ce côté-là. D’ailleurs, c’est quelque chose sur laquelle on est très concentré et qu’on veut améliorer. En France, on ne fait absolument pas ça. Les groupes ne s’intéressent pas à cet aspect, en dehors de quelques uns. On met un point d’honneur à travailler les choeurs, parce qu’on est tous persuadé que ça va nous apporter un gros plus. En ce moment, nous sommes vraiment en train de chercher et de trouver nos voix pour les harmoniser toutes ensemble, car nous avons des voix avec des tessitures différentes et complémentaires. J’ai vraiment envie qu’on retrouve un côté Gospel et nous avons la possibilité de le faire.

– Pour les textes, même si certains sont plus graves, l’ensemble se veut très chaleureux et, toute proportion gardée, très festif avec beaucoup d’humour (« My Dog », « Big Tits, Sweet Lips »). C’est pour s’inscrire dans une certaine tradition du Southern Rock aussi, ou plus simplement pour apporter un peu d’évasion et de légèreté ?

En fait, la plupart des morceaux me racontent en quelque sorte, en dehors de certaines, bien sûr. Dans les chansons, je n’ai pas envie de parler de politique, on l’a déjà évoqué, mais on vit une époque de dingues. Tout le monde vit pour soi au lieu d’être fraternel justement. C’est très important et c’est aussi pour ça qu’on a appelé l’album « Band Of Brothers ». Par ailleurs, si tu prends un morceau comme « A Place In The Sun », c’est vraiment mon histoire. Tu comptes sur tes potes et ils te donnent des coups de pied dans le dos, alors que tu ne t’y attends pas. Et ils continuent à te considérer comme un ‘ami’. J’avais vraiment envie d’en parler…

– Et puis, ça aussi c’est une coutume inhérente au style, il y a « Song For The Brave » et ses neuf minutes avec une inspiration assez épique. On peut penser dans la forme et la longueur à « Freebird » de Lynyrd Skynyrd bien sûr, aussi à « Mountain Jam » du Allman Brothers Band ou même à « Silent Reign of Heroes » de Molly Hatchet dans une certaine mesure. C’est presqu’un passage obligé, une sorte de morceau-signature quand on fait du Rock Sudiste ?

Ca vient naturellement, en fait. Mon idée des trois guitaristes solistes est une sorte de revanche. C’est une façon de dire, on vous a raconté une histoire : maintenant, écoutez ce qui s’est passé. Et les duels de guitares sont là pour ça. C’est vraiment ça l’idée première, d’adapter aussi les solos au contexte de la chanson, de ce qu’on vient de dire. Et ce sont les ambiances qui jouent aussi ce rôle. « Song For A Brave », c’est vraiment tout ça à travers un morceau qui parle de la guerre de sécession, de l’esclavage, d’évangélisation et de la souffrance… avec une partie solo qui atteint près de cinq minutes justement.

Photo : Véro Pennec

– « Band Of Brothers » sort en autoproduction et je sais que vous n’avez même pas cherché de label, que votre désir était de le réaliser vous-mêmes du début à la fin. Si cet esprit d’indépendance et de liberté est très compréhensible, est-ce qu’à l’avenir l’apport d’un label vous paraît, sinon indispensable, du moins très important ?

Absolument ! Si on veut bien faire évoluer les choses, il nous faudra un label, un ingé-son permanent aussi (tiens, ça me rappelle quelque chose ça… – NDR), quelqu’un aux lumières, un manageur… On aurait aussi besoin d’un ‘capitaine’, d’une sorte de dirigeant qui nous dise où aller et quoi et qui éviter. Maintenant, pour trouver un label, je compte plus sur nos confrères américains. Ce ne sera pas en France en tout cas, mais peut-être en Allemagne ou en Hollande, où j’ai de bons contacts.

– D’ailleurs, si mes sources ont bonnes, et elles le sont, vous travaillez déjà sur le deuxième album. L’appétit vient en mangeant, ou est-ce parce que vous aviez l’idée folle de sortir un double-album au départ ?

En fait, c’était une blague et on avait même parlé de sortir un double, voire un triple album ! (Rires) C’est parti là-dessus parce qu’à chaque fois que j’arrivais en répétition, je disais aux gars que j’avais un nouveau morceau. Mais ce qui est drôle, c’est que pour la sortie en vinyle, la boîte qui s’en occupe m’a contacté pour me dire que c’était trop lourd pour un disque unique. Il en fallait clairement deux et ils devraient d’ailleurs sortir d’ici quelques semaines maintenant. Et sur notre lancée, je pense que le deuxième album sera aussi un double-vinyle. Et je vais même te dire un truc : j’ai déjà en tête le début du troisième album ! (Rires) Et puis, pour sortir un double-album, il nous aurait aussi fallu quatre vinyles ! (Rires

– Enfin, on a beaucoup parlé de guitare, puisque GUNSMOKE BROTHERS BAND est particulièrement bien équipé de ce côté-là. Bon, maintenant, tu peux me le dire : qui est le meilleur des trois ?

Le batteur !!! (Rires)

« Band Of Brothers » de GUNSMOKE BROTHERS BAND est disponible sur le Bandcamp du groupe :

https://gunsmokebrothersband.bandcamp.com/album/band-of-brothers

Et retrouvez la chronique de l’album :

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Southern Rock

Gunsmoke Brothers Band : proud legacy

Le Finistère étant en quelque sorte le far-west de notre pays, notre bout du monde, c’est avec un naturel et une facilité évidente que GUNSMOKE BROTHERS BAND aborde le Southern Rock avec un regard neuf et une touche originale. Avec son armada de guitaristes, il distille des chansons qui restent gravées, des parties de guitares forcément de haute volée sur un chant sincère. « Band Of Brothers » est le disque d’un combo attachant et virtuose, qui va vite faire parler de lui. Le Rock Sudiste français a enfin son digne représentant.

GUNSMOKE BROTHERS BAND

« Band Of Brothers »

(Independant)

Malgré une scène hexagonale désertique, les fans de Southern Rock ne manquent pourtant pas, si l’on en croit l’intérêt porté à des groupes mythiques comme Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet ou Allman Brothers Band pour ne citer qu’eux. Au-delà du fait que le style soit assez éloigné de notre culture, le ‘Rock Sudiste’ souffre aussi sûrement d’un déficit d’image lié au drapeau confédéré souvent arboré outre-Atlantique… Et c’est bien dommage. Mais ici, on parle musique, pas politique. Et celle, très fédératrice, du GUNSMOKE BROTHERS BAND vaut bien plus qu’un simple détour, tant elle ne manque ni d’atouts convaincants, ni de chaleur.

A la tête du quintet, on retrouve le chevronné Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur de « Band Of Brothers ». Et, car il s’agit réellement d’une fratrie de musiciens œuvrant à l’unisson, il est brillamment accompagné de Tony Vasary (basse), Thibault Menut (batterie) et des frères Ar Beleg, Seb et Niko, aux guitares. Fratrie donc. Et si on fait les comptes, GUNSMOKE BROTHERS BAND se présente bel et bien avec trois six-cordistes, tous en lead comme à la rythmique. Et cette belle tradition Southern se reflète sur 12 morceaux bardés de riffs entêtants, de solos virtuoses et de twin-guitares endiablées.

Loin des caricatures, la formation bretonne distille des compos efficaces, mélodiques et suffisamment percutantes pour obtenir un savoureux mélange de Country-Rock et de Hard Blues dans un vrai moment de partage et d’authenticité. Dès « Liar Pigs », on perçoit l’unité du groupe sur ce chorus majestueux, qui se propage et infuse littéralement la suite de « Band Of Brothers » (« My Dog », « Wild White Wine », « Song for The Brave », « Martin Brown », « Big Tits, Sweet Lips » et le morceau-titre). GUNSMOKE BROTHERS BAND passe haut la main le cap du premier opus et travaille déjà sur le deuxième. Inspiré et prolifique !  

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Blues Blues Rock International Southern Blues

Susan Santos : sunny vibes [Interview]

La guitariste, chanteuse, compositrice et productrice SUSAN SANTOS a livré il y a quelques semaines son nouvel et sixième album, « Sonora ». Elle nous transporte au coeur du desert à travers huit titres à l’atmosphère plutôt Blues Rock, mais pas seulement. Mâtiné de divers courants allant de sonorités hispaniques et Southern, comme Country ou même Western, l’Espagnole fait preuve d’un éclectisme bluffant et d’une maîtrise totale avec une identité marquée. L’occasion de lui poser quelques questions au sujet de ce brûlant nouvel opus…   

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Le moins que l’on puisse dire est que « Sonora » est un album très solaire à de nombreux points de vue. Même s’il ne dénote pas de tes précédentes réalisations, est-ce que faire du désert le point central du disque est une envie que tu as eue avant même le processus de composition ?

C’est quelque chose qui s’est fait petit à petit, en fait. J’ai commencé à écrire des chansons sans intention précise, et au fur et à mesure du choix des morceaux, l’idée a émergé pour devenir finalement le fil rouge de l’album.

– D’ailleurs, tu l’as entièrement composé, paroles et musique, et tu l’as aussi coproduit avec Jose Nortes. Tout a été réalisé aux studios Black Betty à Madrid. C’était important d’être presque seule à chaque étape de « Sonora » pour en quelque sorte ‘centraliser’ les choses ?

Dès le départ, il était clair pour moi que je voulais faire les choses à ma manière, tout décider et participer à tout le processus, y compris le mixage et le mastering. L’enregistrer à Madrid était le plus pratique, puisque j’habite là. L’enregistrement s’est fait en quelques jours, mais avec les concerts, les voyages et les tournées, j’ai du attendre mon retour pour repartir en studio pour le mixage.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Les morceaux de « Sonora » sont efficaces sans pour autant être épurés, loin de là. On t’entend jouer de la guitare électrique, baryton et acoustique, ainsi que du banjo et du thérémine. L’album est vraiment très riche, ainsi qu’au niveau des arrangements. Est-ce une chose sur laquelle tu t’es longuement penchée ?

Pas vraiment, la vérité est que tout s’est fait un peu à la volée. En fait, j’ai même écrit  des chansons et de nombreux arrangements en studio pendant que nous enregistrions. J’avais une totale liberté de décision et c’était vraiment très amusant ! C’est vrai que tout ça a aussi fait bouger beaucoup de choses pendant les journées d’enregistrement.

– Je disais que « Sonora » était musicalement très solaire dans son ensemble, à travers le thème du désert bien sûr, mais aussi musicalement. C’est la première fois que tu réalises ce qu’on pourra apparenter à un album-concept ?

Oui, c’est la première fois que je fais quelque chose comme ça. Comme je te le disais, je n’y ai pas pensé au début, lorsque je me suis décidée à enregistrer un album. J’ai commencé l’écriture des chansons et dès que j’en ai eu deux ou trois, c’est à ce moment-là que l’idée m’est venue et s’est imposée.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Evidemment, la thématique et certaines sonorités hispaniques, et parfois Southern aussi, font penser à une bande originale de western. Est-ce un peu de cette manière que tu as conçu « Sonora » ?

Absolument ! J’aime beaucoup être au croisement de tous ces sons entre Rock, Blues, Country, Southern Rock et Western. Et l’environnement du désert est parfait pour encadrer et englober toutes ces ambiances.

– Un petit mot aussi sur le clip de « Hot Rod Lady », qui a été tourné à Joshua Tree. Pourquoi spécialement là-bas, même si on en a une petite idée ? On aurait aussi pu l’imaginer dans les Bardenas Reales… 

En fait, j’étais en tournée en Californie, lorsque je mixais l’album et on était très proche de Joshua Tree. Ca m’a semblé être l’endroit parfait pour le tournage du clip de la chanson.

– Depuis tes débuts, tu multiplies les styles de Blues et aucun ne te résiste. Y a-t-il cependant un registre qui a ta préférence et qui te ressemble le plus ?

Je suis très curieuse de tous les styles musicaux et beaucoup d’entre eux se marient facilement car, au final, ils ont tous la même source et les mêmes racines. J’aime toujours me renseigner en amont pour ensuite orienter les chansons vers d’autres ambiances. C’est à chaque fois un défi que j’aime beaucoup.

Photo : Juan Pérez-Fajardo

– Depuis quelques années, on voit de plus en plus de blueswomen mises enfin en lumière. Certains découvrent de grands talents, alors que la majorité d’entre-vous êtes là depuis un bon moment. Est-ce que tu penses aussi que cette reconnaissance est souvent un peu tardive ?

Oui, il nous faut se battre et progresser petit à petit. Pour le moment, je continue à faire ce que j’aime le plus, c’est-à-dire composer des chansons et les jouer en concert partout où c’est possible. Et oui, bien sûr que j’aimerais avoir bien plus de reconnaissance, évidemment.

– On l’a dit, tu navigues entre plusieurs styles, tous plus ou moins Rock d’ailleurs. Cela dit, ton propre son est très européen, malgré quelques touches américaines, notamment Southern. Est-ce qu’après toutes ces années et avec six albums à ton actif, il y a un désir en toi de t’imposer au pays du Blues, ou est-ce que les frontières ont déjà été franchies ?

J’ai beaucoup voyagé, mais pour le moment je me sens très bien ici en Espagne. J’y ai de bonnes relations avec beaucoup de monde et de bonnes collaborations également. Mais je n’exclus pas de vivre ailleurs à l’avenir. La vérité est que je joue déjà beaucoup en dehors de l’Espagne, car ici le circuit est assez restreint pour ce style de musique.

Le nouvel album de SUSAN SANTOS, « Sonora », est sorti et est disponible sur le site de l’artiste : https://www.susansantos.info/shop

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Southern Rock

The Black Crowes : la fratrie retrouvée

Après les si peu convaincants « Croweology » et « 1972 » il y a deux ans, ainsi que la tournée des retrouvailles qui a débouché sur « Shake Your Money Maker Live », version public de leur premier et plus grand succès, THE BLACK CROWES est attendu au tournant… et c’est peu de le dire ! On sait les hommes d’Atlanta investis et aussi connus pour afficher des caractères bien trempés, mais « Happiness Bastards » confirme et rassure sur leur inébranlable passion. De plus, la production au lustre poussiéreux de Jay Joyce est le tour de magie qui rend son âme au combo, grâce aussi à des chœurs enchanteurs et des guitares scintillantes. En un mot, c’est bon de les retrouver avec cette envie et cette audace !

THE BLACK CROWES

« Happiness Bastards »

(Silver Arrow Records)

Que l’attente fut longue… au point qu’on y croyait presque plus. 15 ans après leur dernière réalisation studio, les frères Robinson se sont enfin de nouveau réunis pour s’atteler au successeur de « Before the Frost…Until the Freeze » et faire un retour très convaincant avec « Happiness Bastards », un disque au titre joyeux et à la vilaine pochette. Mais c’est ce qui se passe au cœur des dix nouvelles compositions qui nous intéresse ici, d’autant qu’elles viennent aussi, pour l’anecdote, célébrer les 40 ans d’existence du groupe. Ce neuvième opus est résolument tourné vers le Rock très Southern qui a fait l’identité de THE BLACK CROWES et il dégage une fraîcheur et une hardiesse qu’on espérait tellement.  

Si le calme est revenu dans cette fratrie aux egos plus qu’affirmés et dans les vies de Chris et Rich, « Happiness Bastards », ne manque pas d’énergie pour autant et renoue avec un son authentique, légèrement gras et épais à souhait. Et cela n’est nullement dû au hasard, puisque c’est l’excellent et désormais incontournable producteur Jay Joyce, qui est aux manettes. Et question musique roots, il en connaît un rayon, puisqu’on lui doit les récentes réalisations de Carrie Underwood, Osborne Brothers, Miranda Lambert ou encore Zac Brown. THE BLACK CROWES a appelé en renfort celui qui fait briller la musique de l’Amérique profonde d’aujourd’hui. Electrique et relativement dépouillé, c’est irrésistible.  

Les frangins brandissent cet esprit sudiste comme pour mieux faire sonner ce Rock véritable et relevé. « Bedside Manners » et « Rats And Clowns » donnent le ton avant le très attachant « Cross Your Fingers ». Pourtant, c’est bel et bien « Wanting And Waiting », qui met le feu aux poudres avec son riff démoniaque. THE BLACK CROWES a même convié (pour la forme) la belle étoile montante de la Country Music Lainey Wilson sur le délicat « Wilted Rose ». Mais Chris Robinson retrouve vite sa verve accrocheuse et les titres aux refrains entêtants s’enchaînent (« Dirty Cold Sun », « Flesh Wound », « Follow The Moon »). Bluesy, lumineux et avec le groove aux tripes, les Américains semblent repartis un tour !

Photo : Ross Halfin
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Hard Blues Southern Rock

These Wicked Rivers : southern flood

Entre un Classic Rock débridé et un Southern Rock très Heavy dans le son, l’intention et la manière, THESE WICKED RIVERS sait se montrer aussi rentre-dedans que délicat sur des morceaux plus acoustiques et dans ses textes, souvent noirs mais à l’énergie solaire. « Force Of Nature » est un disque déterminé et montre une hardiesse jouissive. Le quintet sait où il va, présente un ton et un style très personnel rugueux et légèrement âpre, mais subtilement addictif. Un bonheur en somme !  

THESE WICKED RIVERS

« Force Of Nature »

(Fat Earth Records)

Si la perspective d’une jubilatoire rencontre entre The Black Crowes, Rival Sons, Pride & Glory et Clutch éveille en vous quelques frissons, c’est le moment de vous ruer sur ce deuxième opus de THESE WICKED RIVERS. Après deux EP qui les ont menés à réaliser « Eden », un premier album qui a fait beaucoup parler outre-Manche, les Britanniques reviennent encore plus forts et inspirés. « Force Of Nature » fait plus que bien porter son nom, il synthétise avec brio le Classic Rock et Southern avec une modernité indéfectible. La fusion est évidente, percutante et le voltage monte vite en puissance.

Fondé en 2014 dans le Derbyshire, le quintet a fait une entrée fracassante dans son pays, en parcourant les villes de scène en scène à grand renfort de concerts intenses, où il s’est forgé une solide réputation en rameutant de plus en plus de fans. Car le son si spécifique de THESE WICKED RIVERS tient autour d’un Rock musclé et accrocheur, teinté de Soul et de Blues dans une atmosphère sudiste irrésistible. Guidé par son leader John Hartwell (également guitariste) dont la voix hypnotise autant qu’elle fédère, les sensations qui parcourent « Force Of Nature » sont brutes et le travail sur les mélodies exceptionnel.

Les Anglais tiennent à ce rôle fédérateur, qui jaillit de ses morceaux et c’est probablement cela qui les rend si attachants et sincères dans la démarche (« The Family »). Pourtant, ils s’enfoncent aussi dans des atmosphères aux paroles plus introspectives et sombres (« The Riverboat Man », « Just To Be A Man » et « When The War Is Won »). THESE WICKED RIVERS dégage une puissance de groupe, c’est indéniable, et les deux guitaristes libèrent vraiment cette fougue puissante à travers des riffs musclés et groovy, mais aussi des solos imparables (« Force Of Nature » et le génial « Don’t Pray For Me »). Epoustouflant !  

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Blues Rock France Southern Blues Southern Rock

LeanWolf : du Blues dans la bergerie [Interview]

Pour son deuxième EP, LEANWOLF a insufflé une touche Southern à son Blues Rock, quoi de plus normal finalement lorsque l’on vit en Languedoc-Roussillon. « Limbo » sent bon le sud, certes, mais plutôt celui des Etats-Unis. Quentin Aubignac, à l’état civil, a marié des saveurs sudistes à un jeu très groovy et percutant, mais également au parfum Soul. Avec une formule en quatuor, le songwriter, guitariste et chanteur s’exprime avec talent et beaucoup de liberté sur ce nouveau six-titres accrocheur. Entretien avec un musicien inspiré.

Photo : Arbre E. Saldana

– Tu avais sorti un EP en 2021 et tu récidives aujourd’hui avec « Limbo ». Le format court te convient mieux, ou ce sont les plus simplement les circonstances qui se sont présentées comme ça et t’y ont mené ?

J’ai préféré sortir un deuxième EP, car je ne me sentais pas prêt pour un album. Je suis perpétuellement en train de me chercher dans la composition, ça me sert de croquis en quelque sorte, même si cette fois, on est arrivé à quelque chose de beaucoup plus abouti. Il y a bien sûr aussi l’aspect financier qui entre en jeu, c’est beaucoup plus pratique de sortir un EP sur plein d’aspects.

– Pour conclure sur ce chapitre, le cap du premier album est toujours important pour un artiste. J’imagine que cela doit aussi te titiller, à moins que la scène soit véritablement ta priorité et non la production de disque ?

Oui complètement, c’est une forme d’aboutissement dans la recherche de son identité, je pense. Et aujourd’hui personnellement, je me sens prêt à sortir un album. D’ailleurs, j’ai commencé à y travailler. Bien sûr, il faudra trouver les fonds ! Mais pour l’instant, je dirais que la scène est ma priorité en effet. C’est devenu un peu le nerf de la guerre et il nous faut d’abord défendre ce nouvel EP avant de passer à autre chose.

– Avant de préparer cette interview, je me suis bien sûr replonger dans ton premier EP éponyme. Ce qui m’a tout de suite surpris, ce sont ces sonorités Blues assez ‘classiques’, tandis que « Limbo » sonne clairement plus Southern. Tu te cherchais encore à l’époque, ou c’était une volonté claire de creuser dans un registre au spectre peut-être plus large et moins caractérisé ?

Tu as complètement raison, c’est un peu des deux. Lorsque j’ai écrit mon premier EP, j’étais clairement à fond dans la musique Blues ‘classique’. Je cherchais vraiment à rentrer dans cette ‘niche’, car je pensais ne pouvoir faire que ça comme style. Donc bien sûr, je me cherchais, il s’agissait de mes premières compos, de mes premiers textes… Mais avec « Limbo », j’ai voulu sortir de ce carcan. J’ai été énormément inspiré par Marcus King, qui est très Blues dans son jeu de guitare et dans la voix, alors que ses morceaux pas du tout. D’autre part, ça m’est venu naturellement. Ce nouvel EP représente qui je suis aujourd’hui, et, au final, le voyage musical est une perpétuelle recherche de soi à mon sens.

Photo : Arbre E. Saldana

– LEANWOLF est un groupe assez jeune finalement, et pourtant vous affichez tous les quatre une assurance de vieux briscards et aussi et surtout une culture musicale conséquente, vu le registre. A quel âge êtes-vous tous tombés dans le Blues et le Southern Rock qu’on entend plus cette fois ?

Pour ma part, je suis tombé assez jeune dans le Blues. Dès mes premiers cours, mon prof m’a initié à Gary Moore, qui a été mon modèle pendant longtemps. Puis, de fil en aiguille, j’ai découvert Stevie Ray Vaughan, Jeff Beck et BB King. Ce n’est que plus tard que je suis tombé amoureux du Southern Rock, c’est même tout frais à vrai dire !

– Les six titres de « Limbo » sont remarquablement bien produits et bénéficient d’un volume important et d’un équilibre parfait. Il en émane aussi une énergie très live sur un son tout aussi organique. Dans quelles conditions a-t-il été enregistré, et est-ce le disque vous aviez en tête dès le début ?

Merci pour David Darmon (Mirador Sound Studio) qui a mixé notre EP et Joe Carra (Crystal Mastering) qui l’a masterisé. Pour commencer je dirais que oui : c’est le disque que nous avions en tête depuis le début. On voulait, à l’inverse du premier, un côté plus organique et live dans le son, et pour ça il n’y a pas 36 solutions : on devait l’enregistrer en live. Alors bien sûr, la voix a été enregistrée après coup, mais le reste était vraiment en live. Il y a donc des petites imperfections, qui rendent aussi le tout vivant.

– Faire du Southern Blues Rock est suffisamment rare en France pour être souligné. Si les influences sont assez évidentes et on pense à Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band et Gov’t Mule. Cela dit, je vous trouve aussi beaucoup de points communs avec la nouvelle génération et des groupes comme Blackberry Smoke, Robert Jon & The Wreck et Whisky Myers. Est-ce que tu as aussi le sentiment d’appartenir à cette lignée d’artistes ?

Oui complètement, en tout cas pour ce nouvel EP, on est vraiment dans cette lignée et je suis très fier de défendre cette musique trop peu présente à mon goût en France. Maintenant, je ne sais pas si la suite sera toujours dans cette lignée, car on ne sait pas de quoi demain sera fait et quelles seront mes inspirations. En tout cas, on n’en sera jamais très loin !

Photo : Arbre E. Saldana

– Il y a autre chose qui est assez surprenant. Les sonorités Southern sont très marquées et elles se mêlent habillement au British Blues Rock et notamment à celui de Gary Moore. Ca peut paraître étonnant d’avoir ainsi un pied dans les deux continents, et c’est également ce qui forge en partie ton identité musicale. C’est quelque chose d’inconscient ou au contraire de très travaillé ?

Je pense que c’est inconscient, mais maintenant que tu le dis, oui ça fait sens, merci ! En tout cas, c’est vrai que Gary Moore a eu beaucoup d’influence sur moi.

– Outre des parties de guitares exceptionnelles, « Limbo » fait aussi la part belle à l’orgue bien sûr, mais aussi à ta prestation vocale. Est-ce que tu les as travaillé avec la même implication, ou as-tu une préférence claire pour l’une ou l’autre ?

Et bien, j’ai toujours plus travaillé ma guitare que ma voix, sachant que je suis complètement autodidacte au chant. Mais j’avoue qu’après avoir sorti « Limbo », j’ai senti qu’il fallait que j’améliore ma technique vocale. Donc, je la travaille beaucoup plus depuis, j’essaie de rattraper le coup pour être à 50/50, aussi bon avec les deux ! (Rires)

– Même si « Limbo » est assez Heavy dans l’ensemble, il y a aussi beaucoup d’aspects Soul. C’est important pour toi de placer les moments d’émotion au même niveau que les aspects plus musclés de ton Blues Rock ?

Oui, j’adore jongler entre deux extrêmes. C’est important pour moi d’exprimer ces deux types d’émotions qui sont, en gros, la colère et la mélancolie. C’est bien sûr plus compliqué que ça, c’est histoire de donner un exemple. Il y a un côté cathartique : les jouer en live et les enregistrer me permet de me sentir mieux, c’est une part de moi.

– Enfin, on t’imagine aisément écumer les scènes américaines. Est-ce quelque chose que tu as dans un coin de la tête, ou la France reste d’abord ta priorité ?

Alors oui, le rêve Américain sera toujours présent. J’y travaille tous les jours pour y arriver et peut-être qu’un jour… qui sait ! En tout cas, oui clairement, on va essayer de ‘conquérir’ la France pour l’instant ! (Rires)

Le nouvel EP de LEANWOLF, « Limbo », est disponible sur toutes les plateformes.