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Kalamity Kills : an explosive momentum [Interview]

Après avoir laissé une belle empreinte sur la scène Hard Rock américaine dans les années 90 avec son groupe Guardian, affilié à la scène chrétienne du genre, Jamie Rowe a disparu des radars un moment, avant de revenir avec un disque Country-Rock il y a quelques années. Mais sa passion pour le Hard Rock ne l’a jamais quitté et c’est en compagnie de Jamey Perrenot et d’un groupe complet qu’il fait aujourd’hui un retour explosif avec le premier album éponyme de KALAMITY KILLS. Cette fois, le frontman porte sa foi dans un Alternative Metal/Rock décapant entouré d’un groupe chevronné et de guests de renom. Entretien avec un artiste au regard lucide et déterminé.

– En préparant l’interview, je me suis replongé dans la discographie de Guardian et l’une des choses qui m’a étonné est que ta voix n’a pas bougé, s’est même consolidé et à gagner aussi en variations. Comment l’expliques-tu et cela te demande-t-il aussi un entretien particulier ?

Merci beaucoup ! Je ne peux vraiment pas expliquer pourquoi, mais j’ai fait de mon mieux pour préserver ce don que Dieu m’a fait. Je suis un peu plus âgé maintenant, donc ça peut être difficile de chanter les morceaux les plus aigus que j’ai enregistrés à 20 ans, mais j’y arrive bien. J’ai aussi récemment découvert l’impact de l’alimentation sur ma voix. Quand j’enregistre ou que je joue, j’essaie de jeûner avant, car ça semble réduire l’inflammation de mes cordes vocales.

– Pour rester un instant sur Guardian qui n’aura duré que le temps d’une belle décennie, ne nourris-tu pas quelques regrets, car c’est un groupe qui avait un potentiel énorme à l’époque ?

Non, je n’ai vraiment aucun regret. On a eu une belle carrière et on a encore aujourd’hui une base de fans fidèles. On était un groupe chrétien, mais on a toujours voulu être un groupe de Rock’n’Roll authentique. La musique était importante pour nous, tout comme le message. J’aurais parfois aimé qu’on ait plus de succès auprès du grand public, notamment avec les deux sorties chez  Sony, « Fire and Love » et « Miracle Mile », mais je ne peux pas me plaindre. On a parlé de se reformer pour enregistrer quelques nouveaux morceaux pour nos fans. Juste pour leur rendre la pareille. Mais je suis satisfait aujourd’hui créativement de KALAMITY KILLS.

– Ensuite, tu as participé à plusieurs projets jusqu’à sortir « This Is Home » en solo en 2019. Et il s’agit d’un album de Country Music. Certains ont du être surpris, non ? Pourquoi avoir pris ce virage surprenant par rapport à ton passé musical ?

Ah ! (Sourires) Oui, je me suis penché sur la Country pendant environ quatre ans. La Country moderne reprend beaucoup d’éléments du Hard Rock des années 80 que j’aimais. J’ai décidé de les intégrer aux chansons que j’écrivais et j’ai fait un album de Rock influencé par la Country. Je tiens également à préciser que j’avais pratiquement arrêté de faire de la musique, hormis l’écriture de quelques chansons à la maison, avant d’avoir l’occasion de faire cet album. C’était un bon départ pour moi, mais ma passion ultime, c’est le Hard Rock. Alors je suis revenu dans cette direction. Je dois aussi dire que c’est le fait d’avoir vu un clip de Rammstein au festival ‘Wacken Open Air’, qui m’a remis sur la voie. Je trouve que ce groupe fait une musique incroyable. Cela dit, je suis fier de « This Is Home », mais il est sorti en pleine pandémie mondiale, donc il n’a jamais vraiment eu l’occasion d’être entendu. Les gens avaient des préoccupations bien plus importantes.

– KALAMITY KILLS est aussi un nouveau virage, mais dans le sens inverse, puisqu’on te retrouve dans un registre plus familier. Tu avais besoin de renouer avec le Hard Rock et un Alternative Metal plus actuel ?

Comme je te le disais, c’est le fait de redécouvrir des groupes comme Rammstein, Rob Zombie, Disturbed et d’autres qui m’a redonné envie de faire du Hard Rock. J’ai tendance à écrire ce que je ressens et les chansons sont venues plus naturellement dans cette direction. Je pense que je maîtrise bien ce style et c’est aussi ce que j’aime écouter. J’ai une voix rauque qui ne demande qu’à se diffuser dans des chansons Rock.

– Depuis East Nashville, tu as donc fondé KALAMITY KILLS avec le guitariste et producteur Jamey Perrenot, qui a travaillé avec de grands noms de la Country Music surtout. Le groupe a beaucoup de caractère et montre beaucoup de force et d’authenticité. Quel était le projet initial entre vous deux ?

Jamey et moi nous sommes rencontrés lors d’un concert de Guardian en Argentine en 2007. On s’est bien entendus et on est devenu de bons amis. Il a même rejoint le groupe pour notre dernier album, « Almost Home ». On a également une belle alchimie musicale. Nous avions lancé un projet intitulé « The Lost Days Of Summer », mais on l’a laissé tomber, car je venais de me marier et ma vie était belle sans musique. J’étais aussi un peu découragé par le monde de la musique à l’époque. Mais comme tu peux le constater, je n’arrive pas à m’en défaire. Jamey a joué avec des pointures de la Country, mais c’est un disciple de Van Halen dans l’âme. L’authenticité est importante pour nous. Faire autre chose que ce qu’on a envie de faire à ce stade de notre vie n’a vraiment aucun sens. Qu’on nous aime ou qu’on nous déteste, c’est toujours ‘nous’.

– D’ailleurs c’est très surprenant, compte tenu de ta carrière, que tu aies effectué une campagne de financement participatif, via Kickstarter. Est-ce une question de méfiance vis-à-vis de l’industrie musicale actuelle à laquelle tu n’accordes peut-être plus ta confiance ? Et peut-être aussi un désir de totale liberté sur ta musique…

Je déteste l’industrie musicale à bien des égards, notamment ces derniers temps. Tant de supercheries, des faux streams aux faux abonnés… Au lieu de chercher et de développer des talents, elle a tendance à dénicher ceux qui font déjà un gros chiffre d’affaires sur TikTok et à les soutenir. C’est pourquoi on voit peu d’artistes plus anciens être signés. Kickstarter a été formidable : les gens disaient en gros : « On n’a pas entendu votre musique, mais on croit suffisamment en vous pour tenter notre chance ». Ces gens étaient notre maison de disques ! Jamey et moi avons créé PERO Recordings, notre propre label. Notre objectif est de trouver un bon partenaire de distribution et de marketing. Mais nous avons réussi à aller directement vers les gens… comme en témoigne d’ailleurs notre conversation ! (Sourires)

– Avant d’établir le line-up actuel, des musiciens de renom issus de Korn, 3 Doors Down, LA Guns, Conquer Divine et Underoath t’ont prêté main forte pour l’enregistrement. C’est un beau casting et un soutien incroyable. C’est aussi ce qui a permis à l’album de voir le jour plus facilement ?

C’était génial d’avoir des amis, nouveaux et anciens, qui participent à l’album et apportent leur talent. C’était aussi une façon de se démarquer dans un monde musical saturé. Nous avons fait appel à Ray Luzier sur de nombreux morceaux et il est devenu un proche du groupe. J’adore voir ses stories sur Instagram, où il voyage à travers le monde avec Korn en portant d’ailleurs souvent des t-shirts de KALAMITY KILLS sur ses photos. Aaron d’Underoath est quelqu’un que j’ai toujours admiré et le faire participer à une chanson touchante comme « Starry Skies (988) » était spécial, car son implication a permis à davantage de gens de comprendre le message de prévention du suicide. C’est quelque chose d’important pour nous tous. La musique de KALAMITY KILLS sera toujours celle de Perrenot et moi, mais si nous pouvons faire appel à des talents extérieurs au groupe pour la renforcer, nous sommes tous partants !

– Si l’album est brut et puissant, il contient aussi de nombreux éléments électroniques. Ils prennent d’ailleurs parfois beaucoup de place, mais les guitares viennent toujours empêcher la bascule. Ces arrangements assez synthétiques font-ils aussi partie intégrante de KALAMITY KILLS, même si le Rock reste la dominante ?

Personnellement, j’adore la programmation dans le Hard Rock… Les accents électroniques et indus seront toujours présents dans notre musique. Nous sommes avant tout un groupe de guitare, mais nous apprécions la dynamique que ces éléments apportent à nos chansons.

– Ce nouvel album est massif, incisif et surtout il s’inscrit dans un registre résolument moderne dans sa production comme dans l’écriture. Et au regard de tes dernières années musicales, on peut même le percevoir comme un nouveau départ. Est-ce aussi comme cela que tu le vois et l’envisages ?

Oui, c’est vraiment un nouveau départ. C’est un groupe vraiment libre et authentique, qui n’a pas beaucoup de règles à respecter, voire aucune. On veut juste sortir notre musique et trouver les gens qui l’apprécieront. C’est vraiment frais et très excitant. C’est pour cette raison que je n’ai pas utilisé Guardian comme élément d’accroche pour les médias, par exemple. J’ai laissé le groupe vivre sa propre vie. Et jusqu’ici, tout va bien ! (Sourires)

– Enfin, depuis Guardian, tu es affilié à la scène Metal/Rock chrétienne. As-tu toujours le sentiment d’en faire partie, car des chansons comme « Hellfire Honey » et « Sinners Welcome » pourraient être perçues avec un peu d’ambiguïté par certains ?

Je crois inconditionnellement en Christ. Mais d’autres personnes impliquées dans le groupe ont aussi leurs propres croyances. Même si j’ai passé une grande partie de ma vie dans ce milieu, je n’aime pas l’idée de ‘musique chrétienne’ de nos jours… Soyez juste honnête dans vos propos et appelez ça tout simplement de la musique. Comme j’ai la foi, cela se verra probablement d’une manière ou d’une autre, car cela fait partie de moi et de ma personnalité. Mais encore une fois, je veux juste faire de la musique et pas aller prêcher auprès de qui que ce soit.

L’album éponyme de KALAMITY KILLS est disponible sur le label du groupe, PERO Recordings, et toutes les plateformes.

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Sweet Savage : legends never die [Interview]

Vif, puissant et mélodique, le power trio de Belfast fait un retour fracassant avec « Bang », son quatrième album depuis… 1979 ! Malgré une histoire compliquée, le groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Heavy Metal et son appartenance à la fameuse et mythique NWOBHM n’a donc rien d’anodin. Avec ce nouvel opus, c’est une formation littéralement revigorée et plus combative que jamais qui vient remettre quelques pendules à l’heure. Dans un style qui n’a pas pris une ride et qui au contraire se tourne vers un avenir qui s’annonce plus que prometteur, SWEET SAVAGE peut toujours compter sur son frontman originel, dont la voix n’a pas bougié d’un iota. Entretien avec Ray Haller, un chanteur et bassiste passionné, qui regarde le passé avec sérénité et le futur avec appétit.

– Sans revenir sur l’histoire très, très mouvementée du groupe à travers 46 ans d’une  carrière hachée, si vous deviez décrire cette sorte de ‘légende’ que représente aujourd’hui SWEET SAVAGE, que retiendriez-vous de ce parcours unique ?

Je pense que SWEET SAVAGE a conservé ce statut au fil des ans pour de nombreuses raisons. La principale est que nous avons persévéré. Même si nous n’avons pas beaucoup joué, nous avons toujours été présents. Je crois que les gens nous connaissent et se souviennent de nous simplement parce que nous n’avons jamais arrêté. Nous avons composé des chansons solides, mais surtout, nous avons accueilli des musiciens incroyables, notamment Vivian Campbell et Simon McBride, qui ont tous deux accompli de grandes choses. Ce dont je me souviens vraiment de toute cette aventure avec SWEET SAVAGE, ce sont les rencontres que j’ai faites : des fans de Heavy Metal du monde entier, dont certains sont devenus de grands amis. J’ai aussi rencontré des musiciens fantastiques, dont certains sont mes idoles musicales.

– Vous faites un retour fracassant avec « Bang » et à tes côtés, Ray, on retrouve le solide Marty McCloskey à la batterie depuis « Regeneration » (2011) et le fougueux guitariste Phil Edgar. Au regard de votre discographie, j’ai le sentiment que SWEET SAVAGE n’a jamais été aussi uni et inspiré. Est-ce qu’une nouvelle ère débute véritablement pour vous ?

L’album « Bang » marque un nouveau départ, c’est vrai. C’est un son frais, génial et moderne. La production est incroyable et je suis convaincu qu’il marque un nouveau chapitre pour le groupe. Il poursuit ce que nous avons commencé avec « Regeneration » dans la bonne direction. C’est fantastique d’avoir Marty à la batterie dans SWEET SAVAGE, cela témoigne vraiment de sa loyauté au sein du groupe. Marty est avec nous depuis l’album « Regeneration ». Phil est également avec nous depuis à peu près la même époque. Nous sommes tous impliqués dans d’autres projets musicaux, mais dès que nous nous appelons, nous répondons présent. C’est formidable d’avoir ce noyau dur. Nous avons deux talents fantastiques au sein du groupe. Au fil des ans, nous avons eu la chance d’avoir Vivian Campbell, l’un des meilleurs guitaristes de Rock au monde, et Simon McBride, qui est sans doute le plus grand guitariste de Rock aujourd’hui. Nous avons toujours eu une chance incroyable de pouvoir compter sur la qualité des musiciens qui ont fait partie de SWEET SAVAGE. « Bang » ouvre clairement la porte à un public bien plus large qu’auparavant. Il y a tellement de morceaux qui plaisent au-delà des seuls fans de Metal. La diversité des chansons est incroyable. C’est un album de Hard Rock traditionnel avec un son très moderne.

– L’une des choses qui ressort de « Bang » est sa très belle production. Elle donne même l’impression qu’un voile a été levé sur la musique du groupe. Dans quelles conditions et avec quel entourage avez-vous enregistré cet album, qui est de loin le plus explosif jusqu’à aujourd’hui ?

Je suis ravi que la production de cet album te plaise, je la trouve incroyable aussi. L’album a été coproduit par Simon McBride et moi-même. Nous avons tout enregistré dans le studio personnel de Simon, ce qui nous a laissé tout le temps nécessaire pour expérimenter. Beaucoup pensent que nous avons utilisé des claviers, mais c’est en fait le travail de guitare de Simon, qui a utilisé une large gamme de pédales d’effets et a poussé la guitare vers de nouveaux sommets. Je pense que tu as raison, un voile a été levé. Nous n’avions aucune contrainte et nous avons décidé de faire l’album que nous voulions et à notre rythme. Nous avons pris les riffs Hard Rock qui sont au cœur de notre son, y avons ajouté des touches nouvelles et modernes et nous avons fini par créer « Bang ». Simon et moi sommes extrêmement fiers de ce que nous avons produit. L’absence d’influence extérieure nous a permis de créer un album qui nous ressemble. « Bang » est un album très explosif, et nous aimons à penser que le titre signifie que SWEET SAVAGE est bel et bien de retour en force.

– Ce qui surprend aussi chez SWEET SAVAGE, c’est que malgré des sorties d’album très espacées, aucune réalisation ne se ressemble et pourtant une forte personnalité s’en dégage. Comment entretient-on une telle identité à travers le temps et si peu de productions finalement ?

C’est une excellente question et je suis ravi que tu la soulèves. C’est formidable que tu l’aies remarqué, vraiment. SWEET SAVAGE a un son unique. Bien que nos albums aient été espacés au fil du temps, nous pensons que cela témoigne d’une progression naturelle et cela souligne aussi la capacité d’évolution du groupe. Nous avons un son fondamental qui reste cohérent. Ma voix n’a jamais changé, elle a toujours conservé ce même style brut et audacieux. Notre conviction est que nous composons toujours des riffs de Hard Rock et de Heavy Metal, et nos chansons sont toujours axées sur la guitare. Nous sommes, au fond, un groupe de guitare. Même si les albums sont étalés sur une longue période, les fondations de SWEET SAVAGE restent les mêmes. Nous sommes toujours le groupe que nous étions il y a 40 ans.

– Sur « Bang », on retrouve donc Simon McBride de Deep Purple et ancien membre du groupe, qui livre plusieurs parties de guitares. A Priori, ses sessions ont été enregistrées avant qui ne se lance en solo. On a presque l’impression que SWEET SAVAGE est une sorte de famille, en tous cas à Belfast. C’est le cas ?

Simon est un membre de longue date du groupe et a participé à chacun de nos albums. Il reste l’un de nos amis les plus proches et il nous aide dès qu’il le peut. Il joue de toutes les guitares sur l’album « Bang ». Tous les solos et les parties de guitare sont de lui. Simon et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Il est impliqué depuis le tout début et il a joué un rôle clef tout au long du processus. Le groupe est comme une grande famille. L’Irlande du Nord est un petit pays et il est difficile de trouver de très bons musiciens de Heavy Metal et de Hard Rock. On se connaît tous ici, avec seulement 1,9 million d’habitants, c’est une scène très soudée. Comme tu peux l’imaginer, trouver les bonnes personnes à proximité a toujours été un défi. Au fil des ans, d’autres membres ont évolué vers d’autres projets, mais pour l’essentiel, nous sommes tous restés amis jusqu’à aujourd’hui. Le projet SWEET SAVAGE a toujours été très familial et c’est en grande partie, parce que l’Irlande du Nord est une petite communauté.

– L’album est toujours très Heavy Metal bien sûr et les textes ne manquent ni de pertinence, ni de verve. Est-ce que, finalement, les thématiques restent les mêmes à travers les époques et aussi lorsqu’on évolue dans un registre comme le vôtre ?

C’est un album très Heavy Metal, comme tu le dis, et nous avons essayé de rendre les paroles aussi convaincantes et entraînantes que possible. Sur les premiers albums, comme beaucoup de nos pairs, nous parlions de démons et de dragons, de châteaux, du feu, etc… Mais aujourd’hui, sur « Bang » et 40 ans plus tard, les thèmes sont beaucoup plus modernes. Nous écrivons sur la vraie vie, le quotidien. L’une des chansons de l’album s’intitule « Bad F Robot ». Elle parle essentiellement de l’IA, et plus précisément de la peur des musiciens, des acteurs, des journalistes et d’autres acteurs des industries créatives de voir l’IA prendre le dessus et rendre ces carrières et ces débouchés créatifs obsolètes. « Bang », le morceau éponyme, est en fait une chanson sur la vie. Elle invite l’auditeur à garder les yeux grands ouverts, à regarder par-dessus son épaule, car on ne sait jamais ce qui nous attend. On ne sait pas si on va perdre son travail, sa maison. L’album parle d’incertitude et de vigilance dans un monde en constante évolution. Les paroles sont bien plus pertinentes aujourd’hui, c’est vrai. Je ne prétends pas être poète, ni être le Bono nord-irlandais, mais je pense que les textes parlent à tout le monde. Si vous les lisez, vous vous reconnaîtrez probablement dans l’histoire, car elle parle de notre quotidien. On se lève le matin, on va au travail, on rentre à la maison, on coupe la pelouse et on va au supermarché : toutes ces choses banales que nous faisons tous. Alors, si vous écoutez bien les paroles, vous pourrez vous imprégner des chansons et donner votre propre sens à chaque morceau, en fonction de son application à votre vie.

– Peut-être malgré vous d’ailleurs, SWEET SAVAGE a toujours eu un côté underground sans doute du à l’instabilité du line-up. Est-ce que c’est tout de même un aspect que vous cultivez de votre approche musicale ?

Oui, nous sommes restés underground, non pas volontairement, mais surtout par manque de financement et, par le passé, par l’absence de soutien d’une grande maison de disques. Nous avons eu du mal à percer hors d’Irlande et du Royaume-Uni, surtout à nos débuts. Nous nous sommes toujours sentis géographiquement désavantagés. Du coup, nous sommes restés quelque peu underground. Je pense que ce statut est dû au fait que ceux qui ont entendu le groupe l’ont trouvé vraiment bon, ont aimé sa musique et ont reconnu son talent. Il suffit de regarder les musiciens qui ont fait leur apparition chez SWEET SAVAGE : Vivian Campbell, qui a ensuite joué avec Dio, Whitesnake et maintenant Def Leppard, et bien sûr, Simon McBride, actuel guitariste de Deep Purple. Cela vous donne une idée du calibre des musiciens de SWEET SAVAGE. Malheureusement, nous avons conservé l’étiquette ‘underground’ simplement parce que nous n’avons jamais eu l’argent, ni le soutien nécessaires pour percer et nous faire connaître auprès d’un public plus large sur une plus grande scène. L’Irlande du Nord est à l’extrême limite de l’Europe. En fait, nous ne faisons même plus partie de l’Union Européenne, ce qui est incroyablement triste, même si c’est un tout autre sujet. Mais cela a clairement rendu plus difficile notre intégration dans le monde du Rock et du Metal grand public. Des fans m’ont déjà posé des questions à ce sujet et la vérité est simple : au début, nous n’avions tout simplement pas les moyens de faire des tournées. Nous ne pouvions pas louer de bus, ni payer les frais de transport pour quitter l’île et jouer devant un public plus large. Nous venions tous de milieux populaires, ce qui représentait des obstacles financiers majeurs pour nous et nos familles au début des années 80. J’aimerais bien que le groupe devienne plus grand public, bien sûr. Mais en même temps, je suis vraiment fier que nous soyons toujours reconnus tout en étant étiquetés comme ‘underground’.

– J’aimerais que tu me dises un mot sur la fameuse NWOBHM à laquelle vous êtes assimilés. Quel regard portais-tu à vos débuts sur ce mouvement, dont vous étiez aussi l’un des pionniers ? Et qu’en reste-il aujourd’hui, selon toi ?

Le mouvement NWOBHM était brillant à l’époque. Il s’inscrivait dans la lignée du mouvement Punk. Le Punk est arrivé et a ébranlé l’establishment. Les grands dieux du Rock de l’époque, des groupes comme Yes, Pink Floyd et d’autres, se sentaient intouchables. Ils donnaient l’impression que faire de la musique était une chose impossible pour les gens ordinaires, surtout issus d’un milieu ouvrier. Puis, le Punk est arrivé. Les punks ont montré au monde que c’était possible. Avec une guitare et le pire ampli possible, il suffisait de connaître trois accords pour monter un groupe et réussir. Pour moi, le NWOBHM était la version Heavy Metal du Punk. Ce n’est que mon avis, mais ce mouvement m’a permis, ainsi qu’à des groupes comme Def Leppard et Iron Maiden, de croire que nous pouvions écrire nos propres morceaux, les jouer et attirer les foules. Avant ça, l’idée semblait ridicule, du genre : « Ne sois pas stupide, tu ne seras jamais assez bon pour écrire une chanson ou enregistrer un album. » Mais la NWOBHM a permis à des jeunes comme moi de croire que nous pouvions y arriver. C’était incroyable à l’époque et c’est toujours formidable d’y être associé. Aujourd’hui, je pense que la NWOBHM est un mouvement musical légendaire. Je sais que beaucoup de jeunes fans de Metal à travers le monde en ont entendu parler. Ils ne comprennent peut-être pas vraiment ce que c’était véritablement, ni ce qu’elle représentait. La publication de ton interview contribuera, je pense, à expliquer aux jeunes lecteurs et aux auditeurs de Heavy Metal ce qu’était vraiment la NWOBHM. Son existence a ouvert la voie à des groupes comme Metallica, Slayer et Pantera. La NWOBHM nous a donné la conviction que nous pouvions faire partie de quelque chose de plus grand. Je serai toujours reconnaissant pour cette période de l’histoire de la musique, et je suis honoré d’être mentionné dans le mouvement que représente la NWOBHM.

– Avec un tel album et le soutien d’un label comme earMUSIC, SWEET SAVAGE est aujourd’hui sur une belle dynamique et possède tous les atouts pour bien défendre « Bang », notamment sur scène. Qu’en est-il de ce côté-là ?

C’est formidable d’avoir un label comme earMUSIC derrière nous. Je suis heureux qu’ils aient accepté de collaborer avec nous et sortir ce disque. Et ils l’adorent sincèrement. Tout le monde dans la maison de disques semble être un véritable mélomane. C’est vraiment un groupe de personnes incroyable, car elles se soucient de la musique elle-même. Max, le directeur du label, nous a confié à quel point il avait personnellement adoré ce disque et qu’il avait formé une équipe formidable autour de nous. Et elle a été géniale : tout le monde travaille dur, nous traite avec beaucoup d’attention et a tout donné pour créer le meilleur package possible. Je trouve que « Bang » est un excellent disque. Tout y est professionnel et cohérent. La production est fantastique, aucun détail n’a été négligé. La pochette est magnifique, les thèmes abordés tout au long des visuels et du packaging sont cohérents et reflètent parfaitement l’image et l’identité du disque, du début à la fin. Je suis vraiment fier de tout ce qui a trait à « Bang ». A chaque fois que je consulte les réseaux sociaux, je suis toujours impressionné par l’harmonie et la perfection de l’ensemble, et tout cela est dû à earMUSIC et à notre management. La prochaine étape est de le jouer en live. Avec sa sortie, nous prévoyons de jouer partout au Royaume-Uni, en Irlande, en Europe et, espérons-le, dans des endroits où nous ne sommes jamais allés auparavant. Ce serait formidable de toucher de nouveaux publics, notamment en Amérique latine, où les fans n’ont jamais eu la chance de nous voir en concert. J’imagine que nous allons d’abord nous produire en concert dans les principaux pays européens, avec l’intention de nous étendre à de nouveaux pays et de nouvelles villes sur le continent. Ce sera formidable de jouer cet album en live ! Les chansons prennent déjà une nouvelle énergie, même en répétition, et je suis impatient de pouvoir les faire découvrir au public.

– Enfin, et parce que la nouvelle génération ne le sait peut-être pas, SWEET SAVAGE a donc été le premier groupe de Vivian Campbell qui a  fait la carrière que l’on sait. Par la suite, Metallica a aussi repris votre morceau « Killing Time » et beaucoup de fans vous ont alors découvert. Quels sont vos liens aujourd’hui avec eux deux ? Et de manière plus anecdotique, ce sont des arguments marketing qui doivent faire pâlir de nombreux groupes actuels… Cela entretient-il aussi une certaine légende également, selon toi ?

Oui, SWEET SAVAGE était le premier groupe de Vivian Campbell. Vivian et moi l’avons formé il y a longtemps. Dès le début, j’ai su que Vivian était spécial. C’était un guitariste incroyable, dans la lignée des grands guitaristes irlandais comme Gary Moore et Rory Gallagher. Et maintenant, Simon McBride fait partie de ce top 4. C’est fou de penser que ces quatre-là, Gary Moore, Rory Gallagher, Vivian Campbell et Simon McBride, sont tous reconnus comme des guitaristes de renommée mondiale. Ils sont irlandais et deux d’entre eux ont joué dans SWEET SAVAGE. Cela en dit long sur le groupe et sur la qualité de la musique que nous avons créée au fil des ans. Puis, lorsque Vivian a rejoint Dio, Metallica a repris « Killing Time ». Honnêtement, il n’y a pas de meilleure reconnaissance que le plus grand groupe de Heavy Metal du monde choisisse de reprendre une de vos chansons. Quand les choses ont commencé à se calmer, quand le Grunge a pris le dessus, la reprise de « Killing Time » par Metallica nous a ramenés à la vie. Je ne les remercierai jamais assez, aujourd’hui encore. Chaque fois qu’ils nous mentionnent, ou nous font une publicité même infime, cela maintient le groupe en vie. Si Metallica parle de vous, vous recevrez l’appel d’un promoteur, ou d’un agent, pour demander si on peut faire un concert. Metallica nous a vraiment aidés à décrocher énormément d’opportunités. Honnêtement, je ne les remercierai jamais assez. Par ailleurs, je parle à Vivian au moins une fois par semaine depuis 40 ans. C’est l’un de mes meilleurs amis et j’ai des liens très étroits avec lui et sa famille. On fait cette interview un samedi, j’ai parlé à Vivian hier et je le vois lundi, car il arrive en avion pour un concert à Londres et il vient ensuite en Irlande. J’ai aussi de temps en temps des conversations avec les gars de Metallica, surtout quand ils jouent dans le coin. Je suis toujours à leur concert et on se retrouve à chaque fois. On boit généralement une bière et on parle de la vie de tous les jours. Je ne leur parle pas régulièrement, mais dès qu’ils sont en ville et si je suis là, on se voit. Et c’est toujours un plaisir. Ce sont des types comme toi et moi et ils jouent dans le plus grand groupe de Heavy Metal du monde. Mais sans leurs instruments, ce sont des types ordinaires, très terre-à-terre. Ils aiment parler de sport, de voitures, de météo, … C’est vraiment génial quand un groupe comme Metallica mentionne votre nom. Sans aucun doute, ça nous aide à rester sur le devant de la scène et à travailler.

Le nouvel album de SWEET SAVAGE, « Bang », est disponible chez earMUSIC.

Photos : Mark Hylands

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Heavy metal International Old School

Ambush : staying Heavy [Interview]

En passant d’un label underground à une major du milieu, AMBUSH a fait le grand saut. Pour autant, pas question pour les Suédois de changer quoique ce soit dans leur attitude ou leur style, qui reste farouchement ancré dans un Heavy Metal traditionnel. Toujours Old School, « Evil In All Dimensions » conserve les fondamentaux du groupe, tout en affichant une production plus solide avec ce côté brut et vintage inhérent au registre. Fort d’un enthousiasme débordant, le frontman du quintet, Oskar Jacobsson, revient sur ces changements majeurs et sur ses convictions chevillées au corps. Entretien avec un chanteur, qui affiche beaucoup de force et garde les pieds sur terre.

– Tout d’abord, j’aimerais savoir quel effet cela produit de passer d’un label underground comme High Roller Records, chez qui vous avez passé dix ans, à Napalm Records qui est une major du Metal ?

En fait, nous avions tous besoin de nouveaux défis et d’une énergie nouvelle pour propulser AMBUSH et le Heavy Metal là où ils doivent être, c’est-à-dire sur les plus grandes scènes. Après des discussions au sein du groupe, nous avons convenu d’envoyer les mixes à quelques grands labels pour voir s’ils étaient intéressés. Nous avons tous été très enthousiastes, lorsque nous avons reçu des réponses élogieuses sur le nouveau matériel et des offres venant de partout. Les jeunes groupes de Heavy Metal traditionnel vivent dans l’ombre depuis bien trop longtemps, et avec cette opportunité, le vent pourrait tourner. C’est le moment d’agir !

– Cette nouvelle signature inclue également un changement d’état d’esprit, par rapport au milieu underground d’où vous venez. Et à l’écoute de ce nouvel album, on n’a pas vraiment l’impression que cela ait changé quoique ce soit pour AMBUSH…

L’underground est une scène où les groupes, les organisateurs et les fans travaillent ensemble au service de la culture Heavy Metal par pure passion. Et puis, nous avons rencontré tellement de gens formidables au cours de cette aventure, qui nous ont inspirés pour continuer à nous battre et à être créatifs. AMBUSH est et sera toujours un groupe de fans pour les fans !

– Il y a aussi quelques arrivées sur « Evil In All Dimensions » au niveau du line-up. Comment s’est faite leur intégration et y a-t-il eu quelques changements dans votre travail en studio ?

C’est vrai que nos deux nouveaux membres, Karl Dotzek à la guitare et Oskar ‘Burning Fire’ Andersson à la basse, ont apporté une contribution précieuse grâce à leur musicalité, leur vision et leurs contributions. En studio, nous avons également adopté une approche différente, car nous avons passé beaucoup plus de temps avec notre maître du mixage Mankan aux studios PAMA. Nous avions une idée précise du son que nous souhaitions pour l’album. La recette a été d’y mettre moins d’infra-graves, plus de médiums dans les guitares et des voix plus chaleureuses et vivantes !

– « Evil In All Dimensions » marque aussi une grosse évolution dans le traitement du son, même si vous restez fidèles au Heavy Metal traditionnel. Où est-ce que tu situes les principales différences ?

Sur cet album, nous avons osé sortir un peu de notre zone de confort. J’imagine que cette vulnérabilité transparaît dans certains morceaux, ce qui les rend plus forts et plus émotionnels à mon avis. Nous sommes à l’aise avec notre son et nous sommes là pour faire sensation dans ce nouveau millénaire.

– La numérisation des studios a changé beaucoup de choses. Comment faites-vous pour conserver au maximum votre son vintage avec toute la technologie actuelle, car loin d’être dénaturé, il prend au contraire beaucoup d’ampleur ?

Notre mission a été de produire une qualité Hi-fi sans pour autant être trop sub-basses, numérisées, robotisées et corrigées comme beaucoup d’autres productions actuelles. Sur cet album, nous utilisons des sidechains, un égaliseur avancé et des compressions, dont l’interaction m’échappe d’ailleurs encore. (Sourires) Je pense que cet album se démarque de la concurrence à cet égard.

– AMBUSH a la réputation d’être un groupe plutôt rentre-dedans et pourtant, cette fois-ci, vous livrez « I Fear The Blood », une ballade à l’ancienne, qui s’intègre d’ailleurs parfaitement à l’album. Peux-tu nous raconter un l’histoire de cette chanson, ainsi que ton évolution flagrante vocalement ?

C’est un domaine dans lequel j’ai beaucoup travaillé et j’ai beaucoup progressé depuis la création du groupe, c’est vrai. Quel que soit votre métier ou votre tâche, je sais qu’on peut  tous être tentés de relâcher la tension, de ne voir que le positif, de sourire et de s’accorder un peu de répit au regard du travail acharné qu’on fournit. En ce qui concerne « I Fear The Blood », c’est définitivement la chanson la plus émouvante pour moi. J’ai écrit les solos de guitare en instrumental à la guitare classique quand j’étais ado, et je joue ce morceau pour le plaisir depuis. Un soir d’ivresse et de solitude pendant le confinement lié au Covid, je l’ai joué à la guitare électrique et je me suis dit que ça pourrait être intéressant pour AMBUSH. Comme on a toujours été un peu anti-ballades dans le groupe, il a fallu que je la présente aux garçons, et je peux te dire qu’ils étaient plus que sceptiques ! (Rires) Pourtant, dès la première répétition, on a tous ressenti une sensation magique, et je n’oublierai jamais ce moment. Et à partir de ce jour-là, la chanson est devenue une évidence pour l’album.

Le nouvel album d’AMBUSH, « Evil In All Dimensions », est disponible chez Napalm Records.

Photos : Philip Truong (1) et Photo Max Ljungberg (3).

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Grunge Hard Rock International

Rome Is Burning : the fire inside [Interview]

Originaire de Birmingham, ROME IS BURNING surgit avec un premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses intentions et son état d’esprit. Entièrement autoproduit, « Rome Is Burning » vient faire le lien entre une scène Grunge alternative estampillée 90’s et un Hard Rock intemporel musclé et efficace. Un savoureux mix qui le rend explosif. Composé de musiciens chevronnés, les Anglais sont d’une sincérité et d’une honnêteté qui s’entendent jusqu’au cœur de leurs morceaux. Ici, on ne triche pas et on ne se planque pas derrière des bidouilleries numériques. Entretien avec le guitariste Chris Flanagan et Leigh Oates, frontman du quatuor, tous les deux aussi directs et attachants que leur Alternative Hard Rock.

– La première question que j’ai envie de vous poser est si votre nom vient du morceau de Junkyard, sorti il y a cinq ans et qui est dans un registre assez proche du vôtre ?

Chris : C’est juste une coïncidence ! En fait, à l’époque, on observait l’état du monde et on se demandait : ‘Mais qu’est-ce qui se passe ?! C’est fou !’. Et on voulait un nom qui reflète ça.

Leigh : Oui, ROME IS BURNING était clairement notre favori, dès notre première conversation pour le nom du groupe.

– On ne sait pas encore grand-chose de ROME IS BURNING, car vous vous êtes formés l’an dernier et votre premier album sort tout juste. J’imagine que vous avez fait vos premières armes sur la scène de Birmingham. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos parcours respectifs et la création du groupe ?

Chris : Je parcours la scène britannique depuis des années maintenant, et il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver un partenaire musical qui partage ma passion. Heureusement, j’ai trouvé en Leigh un partenaire d’écriture, qui nous a permis à tous les deux d’exprimer pleinement nos idées.

Leigh : D’une certaine manière, on peut dire que je suis un vétéran. Je crois que c’est mon dixième album commercialisé. J’ai vécu de belles expériences, des succès et de grosses déceptions au fil des années dans l’industrie musicale. Mais j’adore faire de la musique et Chris et moi partageons vraiment la même vision pour ROME IS BURNING. Ça a été facile d’écrire l’album et de l’enregistrer comme on le souhaitait.

– L’une de vos particularités est aussi de présenter un style et un son plus américain que britannique, je trouve. Vos influences se situent-elles clairement de l’autre côté de l’Atlantique ?

Chris : Je dirais que je suis quand même plus influencé par la scène musicale britannique en général. La plupart de mes groupes préférés sont anglais, donc par osmose, j’ai absorbé ce type de musique dans une certaine mesure. J’aime beaucoup de groupes américains, comme Alice In Chains et Soundgarden, donc peut-être que cette influence a déteint sur moi à un moment ou à un autre. C’est possible, oui. (Sourires)

Leigh : Pour être honnête, mes influences viennent de partout, même si, dans l’ensemble, j’ai surtout été influencé par les groupes britanniques et américains. Grandir avec le Grunge a été une énorme influence pour moi et par nature, la plupart, voire tous les meilleurs groupes de cette époque, étaient américains !

– Pour rester sur l’aspect sonore de ROME IS BURNING, c’est toi Leigh, le chanteur, qui a mixé et produit l’album. C’est un atout supplémentaire, d’autant que le résultat est très convaincant. Est-ce important, selon vous, de pouvoir savoir gérer un maximum de domaines lorsqu’on sort un premier album aujourd’hui ?

Chris : Absolument. L’industrie musicale est morte. 99 % des musiciens que j’ai connus ces quinze dernières années ont démissionné, donc il faut tout faire de nos jours. C’est vraiment positif d’avoir quelqu’un dans le groupe avec une oreille aussi fine que celle de Leigh.

Leigh : Fini le temps des grandes avancées, alors maintenant plus que jamais, on revient au DIY ! On aime être aussi autonomes que possible. Evidemment, nos budgets sont serrés, donc plus on peut faire de choses nous-mêmes, mieux c’est.

– D’ailleurs, « Rome Is Burning » sort en autoproduction. Beaucoup de groupes considèrent que les labels ne sont plus franchement indispensables dans une industrie musicale bousculée par les plateformes et les réseaux sociaux. C’est aussi votre sentiment et est-ce également ce qui explique votre démarche ?

Chris : J’emmerde les maisons de disques. J’emmerde Spotify. J’emmerde Apple. J’emmerde Instagram. Ce sont tous des escrocs et j’ai hâte de voir toutes les plateformes brûler ! (Et moi donc ! – NDR)

Leigh : On nous a proposé des choses et on les a refusées. Pourquoi donner à quelqu’un la propriété de votre musique et une part des revenus potentiels pour avoir fait ce qu’on sait faire soi-même ? Il suffit de télécharger sa musique sur une plateforme, de payer une petite commission et n’importe qui, partout dans le monde, peut l’écouter.

– L’album a une résonnance très 90’s, basée sur un Hard Rock aux touches Grunge et Stoner. Sans y voir une quelconque nostalgie, cela rend votre jeu terriblement efficace. Votre intention est-elle de renforcer l’impact et le groove et, finalement, proposer des arrangements assez minimalistes, afin de rendre ROME IS BURNING plus compact ?

Chris : En tant que guitariste, il est très facile d’en faire trop. Lors de la composition de l’album, nous avons délibérément choisi de mettre en avant les accroches vocales, car nous voulions avant tout que notre musique aille vraiment dans ce sens. Avec un chanteur aussi talentueux que Leigh, ce serait une folie totale d’essayer d’intégrer encore plus de guitares au détriment du chant. Nous savons que nous sommes capables de jouer, mais le plus difficile est d’écrire une bonne chanson. Les arrangements minimalistes fonctionnent donc plutôt bien avec ce que nous recherchons.

Leigh : Chris est très gentil ! (Rires) C’est vrai que nous voulions rester assez épurés et laisser les accroches briller, et je pense que nous y sommes parvenus. Je suis ravi que tu apprécies la façon dont nous avons présenté les chansons. Nous avons fait en sorte que l’album sonne exactement comme nous le souhaitions, ce qui peut être difficile au départ. J’ai travaillé avec de très bons producteurs au fil des ans, et il arrive que le résultat soit excellent, mais pas toujours celui que l’on imaginait pour la chanson.

– L’ensemble de l’album a une saveur très alternative, légèrement sleaze, et avec un côté très underground, comme une volonté d’éviter toutes velléités mainstream. Est-ce que l’indépendance commence, selon vous, par une couleur musicale marquée et presque revendicatrice aussi dans sa forme ?

Chris : Tu sais, on n’a pas vraiment pensé au courant dominant quand on a créé l’album. On a juste écrit de la musique qu’on aimait.

Leigh : Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’émotion dans notre musique et on a le cœur sur la main. Rien de ce qu’on fait n’est artificiel.

– Pour rester sur cet aspect underground de ROME IS BURNING, malgré des thèmes sombres et rageurs aussi, vous présentez un élan très fédérateur dans les refrains, ainsi que dans les riffs. L’un n’empêche pas l’autre ? Et l’idée reste-t-elle de propager cet esprit de liberté que vous véhiculez ?

Chris : Ma philosophie pour composer de la musique à la guitare est de créer une tension, puis de la relâcher dans le refrain. J’essaie toujours de donner à Leigh une palette sonore optimale pour créer un bon refrain.

Leigh : J’aime que les gens puissent s’identifier aux paroles et en tirer leur propre interprétation. Franchement, qui n’aime pas un long refrain sur lequel chanter ? (Sourires)

– Là où beaucoup de groupes aujourd’hui jouent sur des arrangements souvent pompeux et des albums surproduits, ROME IS BURNING touche par son authenticité et un son presque épuré. Il y a une honnêteté qui transpire de vos morceaux. C’est là-dedans et sous cette forme que vous trouvez toute cette énergie ?

Chris : L’objectif principal de l’album était de créer quelque chose de brut et de vrai. De nos jours, tout le monde peut obtenir un son studio incroyable dans un garage, mais est-il possible de le rendre authentique ? D’après ce que j’entends d’autres groupes, la réponse est non. La plupart des nouvelles musiques sonnent vraiment mal. On ne dirait pas un groupe en train de jouer dans une pièce. ROME IS BURNING, si ! (Sourires)

Leigh : Merci pour cette remarque, je suis content que tu aies saisi notre intention ! On reste réalistes, ce qu’on entend sur l’album est ce qu’on entend en live. Il n’y a pas de trucs, pas de gimmicks.

– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est de diffuser au maximum votre musique en Angleterre pour commencer, et au-delà par la suite. Et cela commence bien sûr par les concerts, avez-vous déjà des projets de ce côté-là ? Une tournée peut-être ?

Chris : On a quasiment enregistré notre deuxième album et les démos sont superbes. Pour la tournée, on veut toucher le plus de monde possible. On est un groupe Old School avec une mentalité Old School, donc si les gens veulent qu’on joue, on le fera ! (Sourires)

Leigh : Absolument ! Plus de concerts et on commence déjà le deuxième album. En tout cas, merci beaucoup pour ton intérêt et ton soutien à ROME IS BURNING. Nous t’en sommes vraiment reconnaissants !

Toutes les infos sur le premier album éponyme de ROME IS BURNING sont disponibles sont le site du groupe : https://romeisburning.com/

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International Symphonic Metal

Blackbriar : une ode au romantisme [Interview]

Loin des frasques habituelles inhérentes au Metal Symphonique, la formation hollandaise présente depuis ses débuts en 2012 un registre aéré et presque flottant. Si les arrangements et les orchestrations ont très présentes, ils n’écrasent pas les mélodies et, au contraire, évoluent dans un équilibre parfait entre des voix fortes et multiples et des parties instrumentales entièrement à son service. Porté par une frontwoman au chant puissant et délicat à la fois, BLACKBRIAR signe un troisième album très abouti, qui nous entraîne dans un Metal fait de romantisme, tout en restant véloce et percutant. Ses fondateurs, Zora Cock (chant) et René Boxem (batterie) nous parlent de ces deux dernières années et de la conception de « A Thousand Little Deaths », un nouvel opus qui vient brillamment enrichir sa discographie.

– Lors de notre dernière interview il y a deux ans à l’occasion de la sortie de « A Dark Euphony », vous confirmiez avoir pris une nouvelle dimension artistique avec cet album. Sur cette belle lancée, on peut voir « A Thousand Little Deaths » comme son successeur et une suite assez logique. Est-ce dans cette perspective que vous l’avez imaginé et composé ?

Zora : Pour « A Thousand Little Deaths », nous n’avons pas suivi de plan fixe. J’ai accueilli tout ce qui m’inspirait sur le moment et je l’ai suivi, en étant créative quel que soit le résultat. J’aime travailler comme ça. Si je fais des plans, ou si je me dis que je veux que quelque chose soit d’une certaine manière à l’avance, je suis généralement bloquée assez facilement. Nous pensons que cet album est un digne successeur de nos précédents travaux. Rester fidèles à nous-mêmes est important pour nous, et nous avons construit cet univers BLACKBRIAR que nous aimons explorer. Nous n’avons pas ressenti le besoin de nous en éloigner, car c’est là que nous nous sentons chez nous créativement. En même temps, j’ai l’impression qu’il y a une croissance naturelle en nous et nous avons creusé encore plus profondément dans tous les détails.

– Sur ce nouvel album, vous appuyez sur vos points forts, à savoir un grand sens de la narration et des paysages sonores très cinématographiques. De quelle manière avez-vous élaboré ces nouveaux morceaux, car vous êtes aussi retournés dans le manoir où vous aviez tourné le clip de « Until Eternity Ends ». C’est un lieu propice à l’inspiration pour vous ?

Zora : D’habitude, on écrit nos chansons à deux, René et moi. On voulait faire un peu différemment cette fois-ci, et comme René bloquait sur une chanson, proposer un camp des auteurs m’est venu à l’esprit. J’ai eu l’idée romantique de retourner au manoir où nous avons tourné le clip d’« Until Eternity » et d’y passer quelques nuits avec tous les membres de BLACKBRIAR. C’est une magnifique maison du XIXème siècle avec toute sa décoration. Je suis passionnée par l’époque victorienne et l’Histoire en général, donc ça m’a vraiment mis dans l’ambiance idéale pour travailler sur notre nouvel album. La chanson sur laquelle on a le plus travaillé pendant notre séjour était « The Hermit and the Lover », qui tient une place importante dans mon cœur grâce aussi à ces souvenirs.

– Justement, vous restez fidèles à un univers musical axé sur les contes de fées sombres et gothiques, qui vous distinguent vraiment du reste de la scène symphonique. Entre ambiances macabres et Fantasy, il émane un certain romantisme que l’on retrouve dans la littérature romantique du XIXème siècle notamment. Est-ce aussi pour vous une certaine quête d’intemporalité, au moins dans le propos ?

Zora : Merci ! Mon amour pour le romantisme, la littérature et le folklore du XIXème siècle m’inspire beaucoup lorsque j’écris des chansons. Pour cet album en particulier, je me suis beaucoup inspirée de la poésie d’Emily Dickinson. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une quête délibérée d’intemporalité, mais plutôt d’une conséquence naturelle de mes centres d’intérêt, de mes muses et de ce qui captive mon imagination à un moment précis.

– BLACKBRIAR a aussi la particularité de présenter un registre très équilibré, alors que certains penchent soit sur le côté lyrique, soit sur l’aspect plus Metal. Est-ce une chose sur laquelle vous êtes très attentifs au moment de l’écriture ?

Zora : Les paroles sont très importantes pour moi, j’oserais même dire la partie la plus importante, peut-être. Notre processus d’écriture commence toujours par là. Ensuite, René prend mes paroles et mes mélodies et construit la musique autour, façonnant les éléments Metal, l’atmosphère et le son global. Je pense que l’équilibre que vous entendez est simplement le résultat naturel de la collaboration de deux personnes, chacune apportant des forces différentes et se concentrant sur les aspects qu’elle apprécie le plus.

– « A Thousand Little Deaths » est également votre album le plus riche musicalement, notamment au niveau des arrangements comme de l’utilisation du spectre sonore, car vous êtes tout de même six dans le groupe. Est-ce que le fait de travailler depuis vos débuts avec votre producteur Joost van den Broek vous aide dans ce sens ? Peut-être pour canaliser votre énergie créative ?

René : Joost nous accompagne depuis notre deuxième EP, « We’d Rather Burn », et au fil des années, nous avons énormément appris de lui, de l’écriture à la création d’atmosphères musicales, en passant par les arrangements et l’orchestration. Travailler avec Joost a eu une énorme influence sur nous, nous aidant à progresser en tant qu’auteurs-compositeurs et à tirer le meilleur de nous-mêmes et de notre processus d’écriture. Je me souviens très bien de la première fois où nous lui avons présenté notre musique. Nous étions arrivés avec la batterie, les guitares, la basse et, bien sûr, le chant de Zora. Mais de manière très basique, sans grand-chose d’autre en termes d’atmosphère ou d’orchestration dans ces premières versions. Aujourd’hui, des années plus tard, après d’innombrables séances avec lui, nous avons appris à approfondir nos chansons. Il nous a essentiellement appris à donner le meilleur de nous-mêmes. Désormais, nous arrivons avec quelque chose qui sonne déjà bien plus proche du son BLACKBRIAR que nous connaissons tous, et c’est grâce à cela que Joost peut aller encore plus loin.

– Là où de nombreux groupes de Metal Symphonique proposent des morceaux assez longs, ce n’est pas votre cas, alors que votre style est très narratif et pourrait s’y prêter. Est-ce un désir d’aller à l’essentiel, tout en maintenant un certain rythme et de la percussion ?

René : Nous nous efforçons d’écrire des chansons fluides et qui s’accordent parfaitement avec la narration de Zora. Je comprends que l’on puisse donner l’impression d’aller droit au but, mais ce n’est pas du tout le cas, ni ce qui, à mon avis, fait la qualité d’une chanson. Personnellement, j’aime tout simplement une chanson qui s’oriente davantage vers une structure Pop, en permettant d’avoir les moments les plus aigus et les plus graves aussi proches que possible. Dans notre cas, cela crée parfois un contraste très agréable, où l’on peut passer du sommet de la chanson à un paysage sonore très silencieux et prémonitoire qui transporte vraiment nos auditeurs dans un autre monde en un laps de temps relativement court.

– Depuis vos débuts, vos compositions s’articlent autour de ta voix,  Zora, et tu proposes aussi les lignes vocales et en partie les mélodies. De quelle manière travaillez-vous ensemble, car le plus souvent c’est le riff qui conduit l’écriture d’une chanson, non ?

Zora : On a développé ensemble un processus d’écriture qui nous convient parfaitement. Je commence toujours par les paroles, la base de l’histoire. Une fois que je pense que c’est terminé, je me mets au micro et je commence à chanter des mélodies possibles avec ces paroles, en voyant ce qui me vient à l’esprit. J’enregistre ces mélodies a cappella, j’ajoute une note de piano comme référence pour rester dans la tonalité et je décide du tempo de la chanson. Souvent, j’enregistre aussi des harmonies et des couches vocales supplémentaires à ce stade. Une fois que c’est fait, j’envoie le tout à René, qui construit la musique autour de ma voix. Donc, dans notre cas, ce sont généralement les idées vocales et lyriques qui donnent la direction, plutôt que de commencer par un riff.

– Pour ce nouvel album, vous avez de nouveau fait appel à vos fans pour les précommandes. C’est une démarche qui peut paraître assez étonnante compte tenu que vous êtes chez Nuclear Blast, qui est un label de Metal parmi les plus importants. Outre l’envie de conserver cette connexion avec votre fan-base que l’on peut comprendre, cela peut interroger aussi sur l’industrie musicale. Quel est votre regard là-dessus ?

René : Cette approche ne serait surprenante, ou déroutante, que pour ceux qui ne nous connaissent pas encore. Etre signés sur un grand label comme Nuclear Blast ne signifie pas que nous devons tourner le dos à nos fans, et encore moins que nous n’avons plus à assumer notre part de responsabilité. Etre capable de produire un album, ou de garder nos fans au plus près, est un poids que nous partageons avec le label. Notre collaboration est incroyable et fructueuse, et nous nous complétons parfaitement. En tant que groupe indépendant, c’est ce que nous avions prévu, c’est exactement comme ça que nous avons imaginé notre parcours avec un label comme Nuclear Blast à nos côtés. Respecter les souhaits de chacun et travailler ensemble, en harmonie, sur l’aventure de BLACKBRIAR.

– J’aimerais aussi que l’on revienne sur l’année dernière, car 2024 a été très riche pour BLACKBRIAR. Vous avez tournée en Amérique du Nord avec Battle Beast, vous avez participé au ‘Wacken Open Air’ et vous avez aussi sorti le single « Moonflower » avec Marjana Semkina d’Iamthemorning. J’imagine que les émotions se sont succédé avec beaucoup d’intensité. Qu’en retenez-vous et est-ce que ce rythme assez soutenu vous a convenu ?

Zora : Je me souviens de 2024 comme d’une année incroyable pour nous, remplie de tant de moments particuliers. La sortie de « Moonflower » et la collaboration avec Marjana me tenaient particulièrement à cœur. Participer à la première tournée nord-américaine avec Battle Beast était un rêve devenu réalité et jouer au ‘Wacken Open Air’, un festival incontournable pour nous, était inoubliable. Pendant ce temps, nous étions également plongés dans l’écriture de « A Thousand Little Deaths » à travers divers ateliers. Je m’en souviens parfaitement, car tout ce n’est pas passé comme un rêve lointain et c’est ça qui est merveilleux, j’ai vraiment pu en profiter pleinement. Cela dit, vers la fin de l’année, après notre tournée européenne avec Kamelot, j’ai vraiment atteint mes limites. Je suis tombée très malade vers la fin de cette tournée, et une fois rentrée chez moi, il m’a fallu un temps incroyable pour me rétablir. Le temps que je me sente enfin à nouveau moi-même, il était déjà temps de filer directement en studio pour enregistrer l’album (Rires)

– Enfin, vous êtes aussi impressionnants au niveau des statistiques de streaming, ce qui a par ailleurs aussi bouleversé le monde de la musique ces dernières années. Est-ce que, dans un sens, cela vous oblige également à sortir un certain nombre de singles avant la sortie de l’album pour maintenir votre présence et une actualité sur les plateformes ?

René : Merci de votre attention ! Nous sommes très fiers de ces chiffres et tout le mérite en revient à nos auditeurs ! On ne nous impose rien et nous ne choisissons pas le nombre de singles dans le but d’obtenir plus de streams ou d’attention. Petite anecdote : nos singles nous apparaissent généralement clairement très tôt. Il y a une logique particulière. Si nous avons une excellente idée de clip, ce morceau deviendra très probablement un single, quelle que soit sa pertinence, son côté Pop ou son synchronisme pour le streaming. Nous sommes convaincus que si nous pouvons pleinement soutenir une chanson et son histoire avec des visuels qui représentent fidèlement ce que nous essayons de raconter, alors ce morceau deviendra un single pour nous.

Le nouvel album de BLACKBRIAR, « A Thousand Little Deaths », est disponible chez Nuclear Blast.

Retrouvez aussi la précédente interview du groupe :

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International Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : the road is the source [Interview]

En choisissant de quitter la Californie pour se délocaliser en Georgie et en faisant le choix d’un producteur multi-awardisé, ROBERT JON & THE WRECK a bousculé ses habitudes et le résultat s’entend sur ce « Heartbreaks & Last Goodbyes » d’une folle énergie, d’une fluidité incroyable et surtout d’une créativité de chaque instant. Ce nouvel album des Américains est complet et sobre tout en étant d’une grande richesse musicale. Le groupe a franchi une à une les étapes, et près de 15 ans après sa création, il se montre épanoui dans un Southern Rock devenu très personnel. Robert Jon Burrison, guitariste et chanteur du quintet, revient sur ce dixième album et les efforts accomplis ces dernières années par sa formation.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur ces cinq dernières années, car « Last Light On The Highway » semble vraiment avoir été un déclic dans votre carrière. En l’espace de cinq ans, vous avez sorti cinq albums studio et deux live, sans compter un nombre impressionnant de concerts. Est-ce que, pour vous aussi, tout s’est soudainement accéléré à ce moment-là ?

Oui, je dirais que depuis « Last Light On The Highway », nous n’avons jamais été aussi occupés. Avant l’album, nous n’avions pas de réel représentant aux Etats-Unis. Après notre partenariat avec Journeyman Records et Intrepid Artists ici, et notre collaboration de longue date avec Teenage Head Music pour l’Europe, il était donc naturel de travailler davantage et surtout de faire davantage ce que nous aimons.

– « Heartbreaks & Last Goodbyes » est votre troisième album chez Journeyman Records, le label de Joe Bonamassa. Est-ce que cette signature aussi a changé le quotidien du groupe et pu ouvrir les portes que vous escomptiez ?

Cela nous a surtout permis de bénéficier d’une véritable équipe sur laquelle nous pouvons compter pour presque tout. Cela nous a aussi permis de continuer à progresser tout en faisant tout le reste en même temps. Notre relation est excellente, car les deux parties s’entraident en poursuivant l’effort dans la direction que nous jugeons la plus appropriée au bon moment.

– Sans remettre bien sûr en cause le travail de Kevin Shirley sur « Red Moon Rising » et celui de ses prédécesseurs, c’est cette fois le grand Dave Cobb qui signe la production de l’album. Vu son incroyable parcours, il apparaît comme l’homme de la situation. Comment a eu lieu la première prise de contact et votre rencontre ? Et est-ce vous qui êtes allés vers lui ?

Il était dans le collimateur du groupe depuis longtemps, sachant qu’il avait produit des artistes comme Rival Sons dès 2009. On avait donc toujours ce nom en tête, tout en continuant à avancer dans la vie, à faire de la musique, à rencontrer des gens et à trouver le bon soutien. Puis le moment est arrivé et on a enregistré deux morceaux avec lui pour le double EP « Ride Into The Light ». On a super bien travaillé ensemble, donc on savait qu’on voulait renouveler l’expérience avec lui sur un album complet un jour ou l’autre. Après « Red Moon Rising », l’opportunité s’est présentée et ça a marché !

– D’ailleurs, la production sonne très live et organique et est vraiment le reflet du groupe sur scène. Avez-vous l’impression, comme moi, qu’il a parfaitement su saisir votre identité artistique et musicale ?

Oui, je pense que cet album reflète parfaitement qui nous sommes. Nous avons pu rester ensemble tout au long du projet, nous y consacrer pleinement, sans trop de distractions, et nous avons tout donné. Nous travaillons en cohésion sur de nombreux aspects de l’écriture, qu’il s’agisse des paroles ou des parties instrumentales. Si quelqu’un a une idée, nous la développons tous ensemble. Je pense donc que cet album reflète vraiment l’identité artistique de ROBERT JON & THE WRECK.

– Pour l’enregistrement de l’album, vous avez aussi quelque peu changé vos habitudes puisque vous êtes restés à Savannah en Georgie durant tout le processus. J’imagine que cela renforce aussi la cohésion d’un groupe et peut-être également votre modèle de composition. En quoi cette immersion complète a pu vous faire évoluer ?

J’en ai un peu parlé, mais oui, c’était différent pour nous. Avant, quand on enregistrait à Los Angeles, on allait au studio le matin et on rentrait chez nous tous les soirs. C’est toujours agréable d’être en famille, et aussi difficile d’être loin d’elle aussi longtemps. Mais c’est également une bonne chose de se concentrer uniquement sur l’album et d’en faire son seul objectif pendant une semaine environ. De plus, en étant tous réunis, on avait l’impression d’être tous sur la même longueur d’onde pendant l’enregistrement, ce qui, je pense, a contribué à la cohésion du son de l’album.

– Je ne sais pas si Dave Cobb vous a permis d’avoir un regard neuf sur votre travail en vous délivrant ses précieux conseils, mais on vous sent beaucoup plus libérés, plus spontanés aussi et surtout vous offrez différentes facettes du groupe avec la même intention dans le jeu. Est-ce que le maître-mot de « Heartbreaks & Last Goodbyes » a été d’être plus le plus brut, direct et authentique possible ?

Oui, nous voulions être aussi authentiques que possible. Et comme nous progressons aussi constamment en tant qu’auteurs-compositeurs et musiciens, il faut vraiment avoir cette volonté d’être bruts et directs, car ce n’est pas toujours si facile.

– Peut-être est-ce l’effet combiné de votre collaboration avec Dave Cobb, et aussi Greg Gordon pour le mix, et le fait que vous soyez restés en Georgie tout l’enregistrement, mais vos racines Southern ressortent beaucoup plus avec des sonorités Country plus présentes et un côté Classic Rock moins visible. Est-ce que tu penses que tout cela est lié d’une certaine manière ?

Je pense qu’il est difficile de ne pas ressentir ces racines sudistes et ces sonorités Country quand on est, en fait, dans le Sud et à la campagne. Pour moi, c’est assez simple : l’endroit où l’on se trouve influence vraiment nos décisions, la sonorité de notre musique et les décisions que nous prenons. Tout est donc lié, et si nous avions enregistré le même disque à Los Angeles, il aurait sonné différemment. C’est indéniable.

– Et il y a aussi cette collaboration avec John Oates que l’on connait pour son légendaire duo avec Daryl Hall, qui a coécrit « Long Gone » avec vous. C’est l’un des moments forts de l’album et il raconte une belle histoire. Comment cela s’est-il passé au niveau de l’écriture ? Avez-vous travaillé le texte et la musique ensemble ?

Nous avons rencontré John lors d’une des nombreuses croisières de Joe Bonamassa, ‘Keeping The Blues Alive At Sea’, auxquelles nous avons participé. De là, nous avons discuté de l’idée d’écrire quelque chose ensemble et le timing était parfait pendant l’un de nos séjours à Nashville. Nous nous sommes donc retrouvés et nous avons travaillé sur quelques idées. J’adore le résultat qu’on a obtenu, car la chanson a connu de nombreuses évolutions, en passant du Swing bluesy au Rock pur et dur, et l’incroyable esprit de Dave (Cobb – NDR) l’a amenée là où elle est aujourd’hui.

– Pour « Heartbreaks & Last Goodbyes », vous avez à nouveau présenté la moitié de l’album avec plusieurs singles avant la sortie officielle. C’est vrai que les plateformes numériques ont changé la donne et les réseaux sociaux aussi, mais ne regrettez-vous pas l’époque où l’on découvrait l’ensemble d’un disque à sa parution ? Aujourd’hui, est-ce que cette présence constante est devenue presque obligatoire, selon toi ?

C’est une question d’essais et d’erreurs. Avec l’industrie musicale actuelle, je ne pense pas qu’il y ait franchement une ‘bonne’ façon de procéder. On a testé cette nouvelle idée de sortir des singles, à cause du fonctionnement d’Internet, avec tous ces algorithmes et ces trucs que je ne comprends pas vraiment. Mais bon, il faut essayer, sinon on ne saura jamais. Le prochain album sera-t-il livré de la même manière ? Peut-être, ou peut-être pas. On le saura quand on y sera. Je pense qu’il y a tellement de gens dans le monde que chacun a une idée différente de la façon dont la musique devrait être diffusée, ou consommée. Notre espoir est que les gens se connectent à notre musique et ressentent quelque chose en l’écoutant.

– Enfin, avec ce rythme effréné entre les concerts et les enregistrements, avez-vous pris dorénavant l’habitude de composer surtout en tournée ? Finalement, cette énergie n’est-elle pas la meilleure source d’inspiration pour vous ?

Je pense que la route est une source d’inspiration majeure pour le groupe, mais je crois que nous composons la plupart de nos morceaux à la maison. Nous avons bien sûr profité des balances avant les concerts pour lancer des idées et voir ce qui colle, puis nous rentrons à la maison pour tout mettre en place. On n’a pas autant de temps qu’on le pense sur la route pour se poser et réfléchir. Mais nous aurons bientôt un peu de repos bien mérité cet automne grâce à l’arrivée de nouveaux membres dans nos familles, alors nous avons hâte de nous remettre à l’écriture.

ROBERT JON & THE WRECK

« Heartbreaks & Last Goodbyes »

(Journeyman Records)

En faisant appel à Dave Cobb pour la production de son nouvel album, le quintet s’est adjoint les services de celui qui lui manquait sûrement le plus depuis ses débuts. Reconnu pour son travail avec Chris Stapleton, Brandi Carlile, John Prine, Sturgill Simpson, Whiskey Myers pour le côté Country et Southern, mais aussi Rival Son, Halestorm, Slash, Sammy Hagar ou Greet Van Fleet dans des registres plus musclés, il est le producteur dont avait besoin ROBERT JON & THE WRECK, dont les derniers disques étaient peut-être un peu lisses.

« Heartbreaks & Last Goodbyes » incarne littéralement cette nouvelle vague sudiste dont les Californiens sont devenus en peu de temps des fers de lance. Plus bruts et organiques, les nouvelles compositions sont resplendissantes, accrocheuses, vivifiantes et l’osmose entre les musiciens est encore plus palpable. Si les singles ont déjà offert un bel aperçu de ce nouvel opus, les autres titres à découvrir sont autant de belles surprises, qui s’imbriquent parfaitement dans un ensemble rayonnant et finalement très attachant et chaleureux.

Photos : Rob Bondurant (1, 2, 3, 4) et Denis Carpentier (5)

Retrouvez les anciennes interviews du groupe…

… et quelques chroniques de leurs albums :

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International Rock Hard Rock US

Diamante : dream of Rock [Interview]

Depuis ses débuts, la chanteuse a paré sa culture Rock et Hard Rock de glamour. Et les deux sont loin d’être incompatibles. Complètement ancrée dans son époque, DIAMANTE a un faible pour des années 80 qu’elle n’a pourtant pas connues, mais dont elle s’est appropriée les codes. Du blond au bleu, la frontwoman et compositrice reste naturelle et mène sa carrière en indépendante. Maîtrisant parfaitement tous les rouages d’une industrie musicale bouleversée, elle tient son originalité d’une force artistique solide, d’une voix puissante et sensuelle et d’une volonté d’élever son Rock US toujours plus haut. Entretien avec une chanteuse présente sur tous les fronts et à l’esprit fondamentalement Rock.    

– Pour le public français qui ne te connait pas encore très bien, on t’a découvert avec ton EP « Dirty Blonde » en 2015 et depuis ta carrière est en pleine ascension. Dix ans se sont  écoulés depuis tes débuts, quel regard portes-tu aujourd’hui sur ton parcours ?

C’est fou de penser que cela fait déjà dix ans ! (Sourires) En même temps, j’ai l’impression d’avoir vécu mille et une vies depuis. Je suis très fière de mon parcours, aussi difficile a-t-il pu être, car je n’ai jamais dévié de ma trajectoire. Je crois sincèrement que tout arrive pour une bonne raison et que les difficultés rencontrées pour avancer sont nécessaires. Les hauts et les bas ont construit la personne et l’artiste que je suis aujourd’hui et je ne changerais rien dans mon parcours.

– Tu avais été vite repérée à Los Angeles par le label Better Noise Records sur lequel tu as sorti ton premier album « Coming In Hot ». Pourtant, tu l’as quitté deux ans plus tard pour te lancer en indépendant. Est-ce que, selon toi, l’industrie musicale a tellement changé qu’une maison de disques n’est plus essentielle aujourd’hui ? 

Je ne crois pas forcément que les labels soient essentiels pour les artistes, mais je pense qu’un ‘bon‘ label peut être extrêmement puissant. Pour moi, un bon label peut ne pas convenir à n’importe quel artiste, et vice versa. Tout dépend donc de ce que recherche l’artiste. J’ai toujours recherché un partenariat avec une structure qui me permette de me sentir véritablement soutenu dans mon identité artistique, et je crois que je l’ai trouvé aujourd’hui ! (Sourires) Je suis donc très enthousiaste pour l’avenir.

– Ton dernier album en date, « American Dream », a été très bien accueilli et également salué par la critique. Cela t’a aussi permis de le défendre sur scène avec succès. Tes concerts sont explosifs et donnent toute sa dimension Rock à ta musique. Est-ce finalement sur scène que tu te sens le plus dans ton élément ?

Absolument ! C’est mon lieu préféré. Je suis à la fois puissante, vulnérable et libre. Je puise dans une énergie qui me dépasse. Je me transforme en quelque chose de plus grand que moi et j’ai vraiment le sentiment d’accomplir ma véritable vocation. Depuis que j’ai découvert ma passion pour le théâtre, enfant, en faisant des comédies musicales, j’ai toujours rêvé de monter sur scène.

– On a parlé de la scène, mais tu sors également beaucoup de singles. C’est devenu une manière plus efficace pour garder le contact avec tes fans, via les plateformes et les réseaux sociaux ?

Oui, j’adore sortir des singles, notamment avant la sortie d’un album, car cela me permet de créer un univers et de passionner les fans. J’adore voir leurs réactions à leur sortie, car ces chansons que j’ai eues pour moi pendant si longtemps sont désormais les leurs. Je lis souvent leurs messages sur ce que la chanson signifie pour eux et je leur réponds avec des indices sur ce qu’ils peuvent s’attendre à entendre ensuite.

– D’ailleurs, entre tes deux albums, tu as aussi sorti « The Diamond Covers » (2022) avec des reprises assez étonnantes des années 80. De quelle manière et sur quels critères avais-tu choisi ces cinq chansons, car tu n’as pas connu cette époque ?

Pour « The Diamond Covers », j’avais simplement choisi des chansons que j’adore chanter ! (Sourires) J’ai grandi en chantant celles des autres dans ma chambre pendant des heures tous les jours, alors j’ai eu l’idée de m’inspirer de certaines de mes préférées et d’y apporter ma touche personnelle. A l’époque, j’avais également sorti cet EP pour donner un avant-goût de ce que serait mon prochain album, laissant entendre qu’il s’inscrirait dans l’univers sonore des années 80.

– Justement, tu fais partie de cette nouvelle génération qui n’a pas connu les années 80. Pourtant, tu interprètes un Rock proche du Hard Rock en jouant aussi sur le côté glamour de ces années-là, comme le démontre d’ailleurs ta chanson « 1987 ». Qu’est-ce qui te fascine à ce point-là ?

Bien que née en 1996, j’ai toujours été attirée par la musique des années 80, car ce sont les chansons de cette époque qui me touchent le plus. Des ballades puissantes et planantes à la batterie massive, en passant par les synthés et des solos de guitare épiques… (Sourires) Je peux écouter des morceaux de ces années-là encore et encore sans jamais m’en lasser. Je ressens la même émotion à chaque écoute.

– Parmi tes récentes sorties, tu apparais aussi sur les B.O. de « Queen Of The Ring » et « American Psycho ». C’est une belle mise en lumière. Quels souvenirs en gardes-tu et est-ce que ce sont des expériences particulières dans une carrière de chanteuse ?

Ces deux apparitions sur des bandes originales ont été un vrai plaisir, car j’adore faire des reprises. Pat Benatar est ma chanteuse préférée, donc reprendre « Love is Battlefield » était un rêve devenu réalité. Participer à la bande originale d’un long métrage pour la première fois a également été un honneur, surtout de pouvoir y contribuer avec des collègues femmes qui cartonnent. J’adorerai participer à d’autres musiques de films à l’avenir.

– Ces derniers mois, tu nous a déjà présenté « 1987 », « All For The Glory » et tout récemment « Silver Bullet », ton nouveau single. J’imagine que l’album ne devrait plus tarder. Est-il prévu pour cette année et as-tu travaillé avec les mêmes musiciens et la même équipe de production ?

Oui, l’album arrive bientôt ! (Sourires) Pour celui-ci, j’ai écrit toutes les chansons avec Taylor Carroll (Lit, Kemikalfire), qui a également produit chaque morceau. C’était une expérience d’écriture complètement différente, car nous n’étions que deux. Nous avons travaillé dans un studio sur les collines d’Hollywood, et je crois que l’esprit Glam Rock de Los Angeles transparait dans tous les sons. J’ai vraiment pris mon temps sur chaque morceau, m’assurant que j’en serais fan pendant des années. Mes amis qui sont en tournée avec moi depuis 2018 ont également joué sur l’album ! Neil Swanson est à la guitare, Matt Denis à la basse et Taylor est à la batterie, bien sûr, car c’est lui qui fait tout.

– Tu as aussi fait de nombreux featurings, doit-on s’attendre à quelques surprises sur ce troisième album ? Et d’ailleurs, de quelle manière les choisis-tu ? Ce sont les circonstances et les rencontres qui s’y prêtent, ou le choix est-il purement artistique ?

Sans trop en dévoiler, je tiens à préciser que j’espère vivement avoir des invités sur mon prochain album ! (Sourires) J’ai une chanson en tête qui, selon moi, ferait un duo exceptionnel. J’aime contacter directement les artistes qui, à mon avis, conviendraient parfaitement à un morceau en particulier. Et je réfléchis principalement à la façon dont leur voix s’accorderait à la mienne, ainsi qu’au contexte de la chanson.

– Enfin, tu fais partie d’une génération qui se détourne malheureusement peu à peu du Rock et du Hard Rock. Est-ce que cette utilisation des réseaux sociaux comme tu le fais, et avec un côté glamour très présent, est une manière pour toi d’entretenir un certain mythe et d’en maintenir la flamme ?

Oui ! (Sourires) L’esprit du Rock’n’Roll ne s’éteindra jamais. Je le vois sur les réseaux sociaux, mais aussi dans le public de mes concerts. Il y a des gens de tous âges et des parents qui amènent leurs enfants, ce qui me rend si heureuse. Je suis enthousiaste quant à l’avenir du Rock. Je pense que ce genre est en plein essor en ce moment… Alors, si je peux contribuer à perpétuer ce flambeau tout en y ajoutant du glamour, de la mode et des paillettes, je le ferai avec plaisir ! (Sourires)

Le dernier single de DIAMANTE, « Silver Bullet », est disponible (avec tous les autres et ses albums !) sur toutes les plateformes numériques.

Retrouvez la chronique de son dernier album en date, « American Dream » :

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Hard'n Heavy Heavy Rock International

The Violent Hour : rockin’ lady [Interview]

Après 15 ans passés à la tête des Butcher Babies, combo qu’elle avait fondé, et tout juste intronisée au chant chez Lords Of Acid, Carla Harvey se présente aujourd’hui avec un projet plus personnel et dans un registre très différent de ce qu’elle nous a jusqu’ici donné d’elle. Très californien dans l’esprit comme dans le son, la frontwoman a laissé les reines à Charlie Benante, prolifique multi-instrumentiste, producteur et membre d’Anthrax. Le résultat est un Heavy Rock bardé de mélodies entêtantes et accrocheuses, où l’on découvre d’ailleurs un nouvel aspect de ses capacités vocales et de son écriture. La chanteuse nous parle de ce premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR, sa nouvelle formation qui prendra la route en septembre…

– Carla, avant de parler de ce premier EP, j’aimerais qu’on dise un mot au sujet de Butcher Babies que tu as fondé et quitté 15 ans plus tard. Est-ce que tu as eu le sentiment d’en avoir fait le tour ? Qu’il te fallait peut-être passer à autre chose ?

Je suis très fière de mon travail au sein de Butcher Babies et de ce que nous avons accompli en tant que groupe. Nous sommes partis de rien, nous avons exploré le monde et nous avons enregistré six albums exceptionnels. Je n’avais pas l’impression d’avoir tout vu, au contraire. La vie et les priorités ont changé au fil de ces 15 ans et j’ai constaté qu’être sur la route dix mois par an n’était ni sain, ni propice à l’épanouissement. Les deux autres membres fondateurs du groupe étant en couple, être constamment sur la route ne leur posait donc aucun problème. Mais pour moi, cela impliquait de grands sacrifices.

– En janvier dernier, tu as annoncé ton arrivée au sein de Lords Of Acid. En plus de tes autres activités, tu as aussi besoin de mener de front plusieurs projets musicaux ? Et comment est-ce que cela s’est d’ailleurs fait ?

Je n’ai jamais caché que j’étais une grande fan de Lords of Acid. Alors quand ils ont eu besoin de quelqu’un au chant et qu’ils me l’ont proposé, j’ai sauté sur l’occasion. Je rentrais tout juste de ma première tournée avec eux et ce fut l’une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues. Les concerts affichaient complet presque tous les soirs et l’énergie sur scène était incroyable. J’avais toujours le sourire et je me sentais tellement libre. Je vivais une sorte d’expérience extracorporelle chaque soir. Peut-être parce que je jouais la musique que j’adorais à 16 ans… Je l’ai fait avec un abandon total. Je ne considère pas cela comme une simple jonglerie entre plusieurs projets musicaux. Lords of Acid demande peu de temps, environ une tournée par an, pour une énorme récompense. Et puis, je suis également ravie de bientôt tourner avec THE VIOLENT HOUR.

– Entre le passé, le présent et le futur que l’on peut représenter par Butcher Babies, Lords Of Acid et THE VIOLENT HOUR, quel est le groupe qui te ressemble le plus et qui est le plus proche ta culture musicale ? Ce nouveau projet peut-être, qui dénote un peu des deux autres ?

Je pense que chaque groupe représente une part de moi à un moment précis. THE VIOLENT HOUR est celle qui me semble la plus précieuse, car le contenu des paroles n’appartient qu’à moi. Ces chansons m’ont aidée à traverser une période difficile et m’ont fait redécouvrir le processus créatif. Elles me rappellent aussi la Carla que j’étais à 16 ans, ce qu’elle aimait et cela me parle beaucoup également.

– Au regard de tes autres expériences musicales qui sont nettement plus Metal, tu donnes l’impression ici de t’épanouir pleinement dans ce Hard’n Heavy, qui se veut aussi plus intemporel. Et vocalement aussi, ta palette s’est agrandie. Est-ce que tu te sens plus libre au niveau du chant avec THE VIOLENT HOUR ?

Pour être honnête, au début, j’avais peur d’écrire ces chansons. Je pensais qu’après tant d’années à chanter avec une voix gutturale, c’était peut-être juste ça que les gens voulaient entendre de moi. En fait, quand j’ai essayé de les chanter pour la première fois, j’avais presque l’impression que ma voix était prisonnière. J’avais peur de la faire sortir. Puis, à un moment donné, pendant l’écriture, j’ai eu un déclic et j’ai commencé à m’amuser. Et ces voix que je n’ai jamais l’occasion d’utiliser ont commencé à jaillir de moi. Et même si j’ai toujours aimé le Metal, j’aime tout autant, peut-être même plus, le Hard Rock. Le premier groupe que j’ai vraiment adoré était Guns N’ Roses.

– « The Violent Hour » a été réalisé avec Charlie Benante d’Anthrax, multi-instrumentiste et producteur de l’EP. Comment s’est passée cette collaboration et, avant cela, votre rencontre, car vous œuvrez tous les deux dans des registres assez différents ?

Charlie et moi nous sommes rencontrés à un festival de musique où nous jouions tous les deux en 2014. Je crois que c’était le ‘KnotFest’. Mon groupe avait repris un morceau de SOD, « Pussy Whiped », et il m’a demandé pourquoi nous avions choisi de l’interpréter. Nous avons commencé à sortir ensemble en 2015 et la suite appartient à l’Histoire. Bien que nous ayons improvisé quelques morceaux ensemble pendant le Covid, nous n’avions pas vraiment collaboré comme nous le faisons maintenant.

Quand la séparation des Butcher Babies a eu lieu, je pense que Charlie a compris que je faisais le deuil de ce groupe que j’avais créé. Je ne savais pas ce qui m’attendait musicalement, mais il savait que je n’étais pas prête à abandonner. Il m’a en quelque sorte fait arrêter de me complaire dans la tristesse du moment en me disant : « Lève-toi, aujourd’hui, on va écrire, on va composer ! ». Et il a commencé à me proposer des idées qui me parlaient vraiment, car il connaît toutes mes premières influences. Par exemple, il savait que j’adorais Aerosmith et Guns N’ Roses, et c’est ainsi qu’est née la chanson « Hell Or Hollywood ».

Ecrire est redevenu passionnant, car nous avons composé des chansons qui parlent vraiment à l’enfant qui sommeille en moi. C’était très différent que la composition avec un groupe complet, car Charlie a écrit et joué de tous les instruments… Mais je lui fais vraiment confiance musicalement. C’est très important quand on est juste tous les deux à faire de la musique.

– Tu signes donc les paroles des cinq chansons et elles paraissent très personnelles à l’image de « Hell Of Hollywood », justement. Avec ce projet, on a le sentiment que tu te dévoiles un peu plus. D’ailleurs, comme THE VIOLENT HOUR est une aventure en solo, pourquoi ne pas l’avoir présenté sous ton nom ?

Quand j’écris de la musique, je suis vraiment sincère. Je ne peux être qu’authentique. J’adore raconter des histoires, et celles que je connais le mieux sont les miennes. J’aime aussi l’idée de pouvoir aider l’auditeur à se sentir moins seul en partageant quelque chose à laquelle il peut s’identifier. Quant à mon travail actuel, j’ai toujours détesté les projets dits ‘solo’. Je n’ai jamais voulu être une artiste solo, car j’ai toujours adoré l’idée de faire partie d’un groupe. Plus jeune, j’adorais que chaque membre ait une personnalité distincte. THE VIOLENT HOUR sera un groupe… Il y a d’ailleurs déjà des musiciens en répétition avec moi pour préparer nos premiers concerts.

– Par ailleurs, est-ce que c’est l’importance prise par les plateformes numériques aujourd’hui qui t’a convaincu de sortir un format court plutôt qu’un album ? On reste un peu sur notre faim…

J’aimerais que plus de gens aient la capacité d’écouter un album complet de nos jours. C’est aussi pour cela que je voulais accorder à chaque chanson une attention particulière et lui donner de l’espace pour respirer. Mais il y en a d’autres en préparation, crois-moi ! (Sourires)

– En plus de Charlie Benante, tu accueilles des guests de renom sur cet EP. On retrouve John5 de Mötley Crüe sur « Sick Ones » et Zakk Wylde sur « Hell Or Hollywood », ainsi que le chanteur de Crobot, Brandon Yeagley, sur « Portland, Oregon ». Ce sont des musiciens que tu connais depuis longtemps et avec qui tu avais déjà travaillé ?

Je dois dire que je suis très fière de Charlie et de tout ce qu’il a fait avec ces chansons. Si les gens ne le voient que comme un batteur, leur opinion changera complètement après avoir écouté cet EP. Il joue de tous les instruments sur ces chansons, y compris la guitare slide. J’étais vraiment ravi d’avoir aussi John5, Zakk Wylde et Brando sur l’album. J’ai d’ailleurs participé à un morceau de John5 et j’ai tourné plusieurs fois avec Zakk et Black Label Society. Comme Charlie est très ami avec eux, donc c’était naturel de leur demander de participer. Il a aussi travaillé avec Brandon sur ses jams de confinement en 2020. Ils sont donc devenus amis. Comme c’est agréable d’avoir des amis talentueux ! (Rires)

– De quelle manière avez-vous travaillé ensemble, notamment pour le duo avec Brandon Yeagley, et les deux guitaristes ont-ils eu carte blanche ? 

Le duo que j’ai fait avec Brandon est une reprise de la chanteuse et compositrice Loretta Lynn. J’ai toujours adoré cette chanson. C’est un morceau de Country impertinent et sexy qui parle d’une aventure d’un soir. Elle la chante avec Jack White et j’ai trouvé que Brandon avait la voix parfaite pour la chanter avec moi. Et quand John5 et Zakk Wylde ont fait les solos sur « Sick Ones » et « Hell Or Hollywood », je leur ai laissé une totale liberté. Lorsque j’ai récupéré les solos, ils étaient honnêtement encore meilleurs que ce que j’imaginais. Je crois même que j’en ai pleuré. Je n’arrivais pas à croire que ces solos phénoménaux figuraient sur mes chansons. Ce fut un vrai moment d’émotion.

– D’ailleurs, à propos de ces featurings, avez-vous pu travailler directement ensemble, sachant qu’aujourd’hui beaucoup de choses se font à distance ?

Comme chacun a son propre home studio, tout s’est donc fait à distance. Mais bien sûr, je passe beaucoup de temps avec Zakk Wylde.

– Enfin, j’imagine que tu dois être impatiente de présenter ces nouveaux morceaux à ton public sur scène. Est-ce que des concerts sont déjà prévus et y intègreras-tu aussi des chansons de Butcher Babies ?

J’ai tellement hâte de voir THE VIOLENT HOUR en tournée. J’ai un groupe féminin incroyable, dont je rêve depuis des années. Je suis une grande fan du mouvement ‘Riot Grrl’ des années 90. Nos premiers concerts auront lieu en septembre avec Buckcherry et Michael Monroe, et nous jouerons uniquement des compositions originales de THE VIOLENT HOUR.

Le premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR est disponible chez Megaforce Records.

Photos : Lynn Yati (1, 3)

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Blues International Soul / Funk Southern Blues

The Devon Allman Project : collective soul [Interview]

Devon Allman a beau multiplier les projets à travers des formations aussi diverses que nombreuses, il revient finalement toujours à ces premières amours. Celle du Blues est bien évidemment au centre de son répertoire et est même la base de sa construction musicale d’artiste. Cette fois, le guitariste, chanteur et compositeur surgit avec THE DEVON ALLMAN PROJECT entouré d’une pléiade d’invités de renom, et tous semblent n’avoir eu comme unique objectif celui d’élever le Blues à son sommet. Mission accomplie avec « Blues Summit », un album resplendissant, chaleureux, virtuose et sur lequel tous les musiciens se sont mis au service de leur style favori et à travers lequel ils rayonnent. Nouvel entretien avec celui qui ne lève jamais le pied… et on ne saurait s’en plaindre !

– Lors de notre interview l’an dernier à l’occasion de la sortie de « Miami Moon », tu me disais que tu ne pouvais pas rester en place et cela se vérifie avec « Blues Summit », sans compter les concerts entre les deux albums. Cette fois, c’est avec THE DEVON ALLMAN PROJECT que tu reviens. C’est important pour toi ce genre de disque collaboratif ? 

Tout d’abord, « Blues Summit » est une véritable rencontre musicale, dans le sens où  créer un album avec ces légendes que sont Jimmy Hall, Larry McCray et Sierra Green, a été un vrai plaisir. On a aussi la chance d’avoir les participations spéciales de Robert Randolph And The Memphis Horns et celle de Christone ‘Kingfish’ Ingram, ce qui le sublime encore un peu plus. Et puis, pouvoir également enregistrer pour la première fois avec mon groupe de tournée, THE DEVON ALLMAN PROJECT, a été quelque chose de très important pour moi. Tous les musiciens présents sur cet album ont littéralement donné le meilleur d’eux-mêmes.

– D’ailleurs, tu laisses vraiment tes invités prendre l’initiative. « Blues Summit » est un album où tu sembles même parfois te mettre en retrait. Comment s’est passée la composition, car Larry Mc Cray a aussi écrit deux chansons ?

Cela a commencé pendant notre tournée annuelle avec ‘Allman Betts Family Revival’, nous nous retrouvions régulièrement dans les loges pour écrire des chansons chacun de notre côté. Larry (McCray – NDR) avait déjà de nombreux riffs et plein d’idées… Certaines ont débouché sur les chansons « Blues Is A Feeling », « Runners In The Night » et bien d’autres encore… C’est franchement étonnant de voir comment il est incroyablement facile pour lui d’écrire de la musique.

– Le titre de l’album parle de lui-même et c’est vrai qu’il est peut-être le plus Blues de ta carrière. Etait-ce délibéré de ta part dès le départ, ou t’es-tu adapté aux musiciens qui allaient t’accompagner ?

Je pense que « Blues Summit » est le fruit d’une rencontre de haut vol entre musiciens et le Blues en est la pierre angulaire pour moi comme pour tous les invités. Il nous rassemble et c’est le style qui est d’ailleurs l’alpha du Rock’n’Roll. Il était donc logique de l’adopter, à la fois dans un style vintage et dans sa version la plus moderne.

– Tu as l’habitude de partager la scène, comme les studios, avec d’autres artistes depuis toujours. Qu’est-ce que tu aimes tant dans ces échanges ? Partager le même plaisir ensemble, ou est-ce qu’il y a aussi une sorte d’émulation à se surpasser les uns les autres ?

Tu sais, je pense que le travail d’équipe peut réaliser vraiment tous les rêves… Dans un autre registre, qui a franchement envie de jouer au basket-ball tout seul ? C’est le fait de partager cette joie qu’offre la musique et de la créer ensemble, qui la rend si spéciale et unique.

– Parmi tes invités, on retrouve Christone ‘Kingfish’ Ingram, Robert Randolph, Jimmy Hall et Larry McCray pour la partie instrumentale surtout. Est-ce parce que vous vous connaissez de longue date qu’ils sont présents, car on sent une grande complicité ?

Nous sommes tous synchroniser les uns aux autres. Je pense qu’on nous a jeté le même sort finalement. (Sourires) Par ailleurs, nous sommes très compatibles et complémentaires également. Je crois que nous sommes tous connectés à la grande muse de l’univers, c’est quelque chose qui est en nous. (Sourires)

– Et il y a également la chanteuse Sierra Green de la Nouvelle Orleans, qui est étincelante sur « Real Love ». C’était important d’apporter cette touche féminine très Soul et sensuelle, comme une façon aussi de pouvoir aborder tous les registres du Blues ?

Je pense que Sierra est déjà une légende. Maintenant, c’est juste aux gens de s’en rendre vraiment compte ! Tu sais, j’ai écrit « Real Love » spécialement pour elle, du début à la fin. Je peux même te dire que c’est probablement la chanson dont je suis le plus fier que ce soit en tant qu’auteur-composteur et même par rapport à toutes les autres de l’album auxquelles j’ai participé à l’écriture. Et puis, la touche féminine est toujours importante dans la musique et sur un disque.

– D’ailleurs, s’il y a de grands guitaristes sur l’album, « Blues Summit » est aussi très cuivré, ce qui le rend à la fois funky et enveloppant. Est-ce parce que tu es à la recherche d’une certaine intemporalité, ou juste pour le plaisir d’œuvrer au sein de formations nombreuses auxquelles tu as toujours été habitué ?

J’ai toujours pensé que les cuivres avaient beaucoup la classe, car ils rehaussent vraiment un enregistrement. Et au-delà de ça, cela vient fait écho à mon amour pour le Jazz. Ils permettent toujours d’élever n’importe quel morceau à un niveau supérieur. Et sur « Blues Summit », les cuivres du ‘Memphis Horns’ et ceux du ‘Funky Butt Brass Band’ ont été superbes et fantastiques sur toutes les chansons.

– J’aimerais qu’on dise un mot de l’enregistrement, qui a eu lieu au Shawhorse Studio de Saint-Louis. On y perçoit cette belle chaleur du Sud, qui offre un son très groovy. Est-ce que le lieu a été important dans ton choix cette fois ?

Tu sais, Saint-Louis, c’est chez moi. C’est ma maison ! C’est vrai que jusqu’à présent, j’ai toujours choisi d’enregistrer dans d’autres villes comme Chicago, Miami, Memphis ou Nashville. Mais cette fois-ci, je voulais vraiment être à la maison avec ma femme, mon fils et mon chien ! Rien que le fait de pouvoir quitter une séance en studio et rentrer préparer le dîner a été un vrai plaisir pour moi ! (Sourires)

– « Blues Summit » contient aussi deux belles reprises : « Wang Dang Doodle » de Willie Nelson et « Little Wing » de Jimi Hendrix. As-tu choisi ces chansons avec une idée bien précise sur la façon dont tu voulais te les approprier, ou est-ce un choix simplement guidé l’affection que tu leur portes ?

Dès le départ, je savais que Jimmy Hall pouvait faire un vrai carton avec « Wang Dang Doodle ». Quant à « Little Wing », je l’ai joué lors de la tournée ‘2025 Experience Hendrix Tour’ (une tournée qui a eu lieu en mars et avril dernier courant sur 27 dates aux Etats-Unis et avec un casting de rêve – NDR), et cela m’a donc paru assez logique de l’interpréter ici. Et au-delà de ça, ce sont deux morceaux intemporels, en tout cas à mes yeux.

– Enfin, j’aimerais aussi que l’on dise un mot sur cette collaboration entre Ruf Records et ton label Create Records. C’est un partenariat lié à ce disque uniquement, ou envisagez-vous un travail sur le long terme ensemble ?

En fait, je connais Thomas Ruf (le boss du label – NDR) depuis plus de 15 ans et j’apprécie vraiment sa passion pour la vraie musique. Par le passé, nous avons déjà participé à de nombreux projets ensemble, ainsi qu’à la mise en place de plusieurs concerts. Cela dit, je ne me projette que dans les quelques années à venir pour voir comment cette nouvelle collaboration va évoluer.

« Blues Summit », le nouvel album de THE DEVON ALLMAN PROJECT est disponible chez Ruf Records.

Photos : Emma Delevante (3) et John Bowman Nichols (5).

Retrouvez aussi l’interview accordée au site l’an dernier à la sortie de « Miami Moon » :

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Blues International Rock 70's Soul

Bella Moulden : revival by youth [Interview]

Alors qu’elle a sorti son premier EP, « Voyager », en mars dernier, BELLA MOULDEN a déjà la tête solidement posée sur les épaules. L’Américaine, multi-instrumentiste, chanteuse, productrice et songwriter, s’est forgée un univers sonore 70’s très personnel basé sur une Soul, qui va puiser autant dans le Rock que le Blues ou la Pop. En gardant un côté brut, elle développe une intensité authentique dans des chansons, qui sont autant de morceaux de vie que d’expériences musicales. Touche-à-tout, audacieuse et créative, la musicienne, qui s’apprête à venir en France à la rentrée de septembre, affiche déjà une belle assurance, malgré son jeune âge. Entretien avec une artiste qui s’affirme avec talent.

– La première chose qui surprend lorsque l’on regarde ton parcours, c’est que tu as commencé la musique très jeune et en autodidacte. Aujourd’hui, tu joues de la guitare, de la basse, du piano, du ukulélé et des percussions et tu produis toi-même tes morceaux. Quel a été le déclic et as-tu trouvé rapidement le style qui te convenait le mieux ?

Le tournant pour moi a eu lieu pendant le Covid. Je suivais des cours en ligne, ce qui est toujours le cas, et pendant cette période, j’ai commencé à expérimenter mon son et mon style. J’avais l’habitude d’empiler ma guitare et ma basse, ce qui était incroyablement lourd pour mes épaules et mon dos. J’ai aussi commencé à faire des boucles et c’est comme ça que j’ai composé « SelfCare ». C’est avec cette chanson que j’ai compris que ce n’était pas juste un hobby ou juste quelque chose avec du potentiel, mais que je voulais en faire ma carrière. J’en avais toujours rêvé, mais jusqu’à ce moment-là pendant le confinement, ça ne semblait pas tangible. Depuis, je suis déterminée. C’est drôle, « SelfCare » est en fait la chanson que je préfère le moins, mais c’est devenu mon plus grand succès jusqu’à présent. Ensuite, j’ai commencé à écrire davantage de chansons Rock, la direction que je voulais vraiment prendre. J’avais tellement de chansons quand j’étais plus jeune, mais la peur me retenait. Maintenant, je les libère lentement mais sûrement, au fur et à mesure qu’elles trouvent leur place dans le monde que je crée.

– Justement, ta musique est emprunte des années 70, une époque que tu n’as pourtant pas connu, et que l’on retrouve aussi dans ton univers visuel et vestimentaire. Qu’est-ce que cela évoque chez toi ? Une forte créativité artistique ? Des artistes incroyables, ou plus simplement l’éduction musicale que tu as pu recevoir de tes parents ?

Oui, une grande partie de ma musique et de mon style est fortement inspirée des années 60, 70 et même 80. Je n’ai pas connu ces époques moi-même, évidemment. Mais à mon avis, les années 70 ont été la meilleure période que j’ai étudiée, tant pour la musique que pour la mode. Il y a quelque chose de spécial dans cette époque : la brutalité, la liberté, …. J’ai vraiment beaucoup idéalisé cette décennie. Des artistes comme David Bowie, Jimi Hendrix, Stevie Nicks et Prince ont vraiment façonné ma vision de l’art. A l’époque, la musique n’était pas seulement un produit ou un moyen d’atteindre une certaine finalité. On reconnaissait quelqu’un à sa musique et à son style. L’expression personnelle comptait. Le talent comptait. Avoir une voix unique comptait.

Mes parents ont grandi à la fin des années 80 et dans les années 90. Ma mère était passionnée de Pop des années 80, et c’est elle qui m’a fait découvrir Prince. Mon père était davantage branché Hip-Hop des années 90. A partir de là, je me suis plongée dans la musique qu’aucun d’eux n’écoutait ! (Rires) Mais le côté artistique en général de cette époque m’a semblé si riche et substantiel. Il me touche bien plus que la plupart des musiques grand public d’aujourd’hui. J’essaie d’incarner cet esprit dans mes chansons tout en restant dans l’air du temps. Mais parfois, je crains que la poursuite des tendances modernes n’en dilue l’expression. C’est un travail permanent : évoluer sans perdre ce qui fait ma musique.

– On l’a dit, tu as aussi productrice de ta propre musique. C’est quelque chose qui s’est imposé à toi plus par obligation, ou le travail du son est aussi un domaine qui te passionne autant que la composition ?

Certainement pas par obligation, mais par pure fascination. Même si j’ai commencé comme chanteuse, je jouais toujours d’un instrument, alors la production m’a semblé être l’étape suivante naturelle. Franchement, j’adore produire des beats plus que tout. Parfois, je me dis que les sons à eux seuls peuvent raconter une histoire avec encore plus de force que des paroles. C’est comme pour la musique classique, on la ressent, tout simplement. On ressent le sens de chaque mouvement, même sans même prononcer un seul mot. C’est ce genre de beauté que je recherche quand je produis.

– Tu es ce qu’on appelle aujourd’hui une artiste DIY, c’est-à-dire que tu gères ton projet de A à Z, y compris l’édition de tes CD en série très limitée et personnalisée (50 exemplaires). Là encore, l’objectif est d’avoir le contrôle total sur ta musique et aussi sur les à-côtés, même s’ils peuvent vite devenir envahissants ? 

Eh bien, je bénéficie de l’aide de VCM Management, que j’ai cofondé, mais tous mes projets ont été créés et sont gérés par moi-même avec l’aide et le soutien d’autres personnes plus récemment. C’est vraiment agréable de commencer à constituer une équipe. Je ne veux pas avoir le contrôle total de ma carrière. La seule chose qui m’importe vraiment, c’est l’art en lui-même, c’est-à-dire ma créativité, ma vision et la propriété de cette créativité. Ni plus, ni moins. La logistique, les ventes et le côté commercial ne sont pas quelque chose que j’apprécie du tout. Mais c’est un peu le fardeau nécessaire pour être une artiste indépendante. Ce n’était pas prévu et c’est arrivé comme ça après avoir eu affaire à de nombreux labels et agences américaines qui ont essayé de me posséder, de me remodeler et de me mouler selon leur idée du ‘mainstream’. Cela me semblait inutile. Pour moi, ce n’était jamais une question de célébrité instantanée ou d’argent, c’était toujours une question de métier. Dans un monde idéal, j’aurais une équipe complète qui gérerait tout ce bruit de fond, afin que je puisse me concentrer uniquement sur la musique.

– D’ailleurs, pour rester sur ce premier EP, « Voyager », il continent un morceau inédit de huit minutes, qui n’est disponible que sur l’édition CD. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus, car « F.R.I.E.N.D.Z.O.N.E. » est une chanson aussi longue qu’intimiste, et elle a quelque chose d’assez intriguant ?

Oui, « Friends », initialement intitulée « F.R.I.E.N.D.Z.O.N.E. », est disponible uniquement sur l’édition CD de « Voyager ». C’est un extrait brut d’une chanson que j’ai composée il y a des années, après avoir traversé le chagrin et la spirale émotionnelle d’une relation amoureuse. J4avais eu l’impression que tout se passait bien… Quand soudain, j’ai entendu : « Soyons juste amis ». Je me souviens avoir été complètement anéantie, me demandant ce qui n’allait pas. Je n’avais plus de réponses. Mais maintenant que je suis un peu plus âgée et que j’en ai largement dépassé tout ça, je réalise que c’était parce que je ne lui avais pas donné ce qu’il voulait. Je n’arrêtais pas de dire non. Non pas parce que je m’en fichais, mais parce que je voulais d’abord lui faire confiance, le connaître vraiment. Je voulais qu’on commence comme… des amis. Il en a eu marre, a couché avec quelqu’un d’autre, il a appelé ça une ‘relation’, et il est revenu me dire qu’on devrait juste être amis. (Rires) Et bien sûr, genre un mois plus tard, il m’a fait chier, me disant que je lui manquais, qu’il regrettait tout ça… Les conneries habituelles. Je l’ai bloqué. Je lui ai donné une chance qu’il ne méritait pas et je me suis sentie brisée. Je me suis demandé si j’étais digne de tout ça… juste à cause d’un mec. Sérieux ? Mais bon, de ce bordel est née une chanson de près de neuf minutes, qui a fini sur un EP, aujourd’hui épuisé. Du coup, il n’est plus qu’une note de bas de page dans ma discographie.

– Pour ceux qui, comme moi, ne sont pas sur TikTok, ta chanson « SelfCare » et même « Season Of The Witch » sont carrément devenues virales sur la plateforme. Tout d’abord, est-ce que tu t’y attendais et est-ce que ce genre de procédé va, selon toi, devenir la norme pour les artistes émergeants, plutôt que le circuit traditionnel ? A moins que tu ne le vois juste comme une sorte de tremplin ?

Je ne m’attendais vraiment pas à ce que ça devienne viral. Ça m’a semblé complètement incroyable, surtout en tant qu’artiste indépendante sans contrat. D’habitude, ce genre de viralité est réservé aux artistes soutenus par des majors. J’espère que davantage d’artistes émergents auront ce genre de moments, mais honnêtement, depuis que « SelfCare » et « Season Of The Witch » ont commencé à gagner en popularité, on dirait que TikTok privilégie davantage les artistes signés. Bizarrement, « SelfCare » n’affiche plus les statistiques de mes vidéos dans mon onglet ‘musique’, ce qui est dommage. On discute beaucoup avec eux là-dessus depuis des mois et toujours pas de solution. Je ne veux pas croire que c’est parce que les labels poussent les artistes indépendants comme moi hors des projecteurs pour promouvoir les leurs, mais… c’est difficile de ne pas y penser.

Enfin, devenir ‘viral’ n’était pas ce qui comptait le plus pour moi. Ce qui comptait avant tout, c’était de voir le chemin parcouru : tout ce qu’on peut faire toute seule, sans suivre les tendances et sans label. Ça faisait du bien. Je ne suis pas dans un esprit de compétition, pas du genre ‘Oh, cet artiste signé a eu tant de vues de ses vidéos et moi tel chiffre…’. Je ne suis pas du genre à comparer. Ce qui m’a vraiment touché, c’est de voir autant de gens s’identifier à ma chanson. Les gens l’utilisent pour créer des vêtements, peindre, parler de ce qui leur tient à cœur, ou simplement pour vibrer avec, et c’est ça qui compte. Cet effet d’entraînement créatif compte bien plus pour moi que les chiffres.

– Cependant, j’imagine que la scène reste le principal objectif pour toi. Alors, justement, lorsqu’on est une one-woman-band comme toi, comment t’organise-t-on en scène ? Est-ce que tu fais appel à d’autres musiciens pour t’accompagner ? 

(Rires) Je repense à l’époque où j’étais une vraie femme-orchestre sur scène, et waouh !, c’était énorme. Une guitare double-manche de 13 kg attachée sur mes épaules, un clavier sur le côté que j’avais du mal à atteindre et une loop station à mes pieds, qui refusait parfois de coopérer, un micro et la pression de chanter en plus. Terminé ! Parfois, la loop station plantait, ou le technicien-son avait des difficultés avec mon installation et c’était à moi de résoudre le problème en temps réel. J’adorais ce défi, mais c’était vraiment stressant.

Je suis vraiment reconnaissante de pouvoir maintenant m’entourer d’autres musiciens, à savoir généralement un bassiste, un guitariste et un batteur. Ça me soulage énormément et me permet de me concentrer davantage sur le chant, la guitare, parfois le clavier et plus simplement sur la scène. Je peux bouger, sauter, interagir avec le public… ce qui était impossible avec cet énorme double-manche. Ces derniers temps, je réserve les formations solo aux moments créatifs en ligne ou lorsque l’ambiance l’exige. J’intégrerai certainement quelques éléments de ce genre à mes prochaines tournées, mais rien de comparable à l’équipement complet que j’avais l’habitude de trimballer. J’ai gagné ma liberté et ma colonne vertébrale me remercie ! (Sourires)

– Pour rester sur les instruments, on te connait donc pour arborer, et jouer, d’une guitare double-manche signée Eastwood Guitars, et qui pèse tout de même 13kg ! Comment l’as-tu apprivoisé et qu’est-ce que cela demande en termes d’anticipation artistique pour gérer les riffs de la guitare, tout en maintenant le rythme de la basse ?

Je ne dirais pas que je la maîtrise parfaitement. Je ne pense d’ailleurs pas maîtriser aucun des instruments que je joue. J’aime à croire que j’apprends toujours quelque chose de nouveau à chaque fois que j’en prends un. Mais cette double-manche ! Honnêtement, ce n’est pas aussi difficile qu’on pourrait le croire, si l’on joue déjà de la guitare et de la basse. Le principal défi est de passer de l’un à l’autre en temps réel, surtout si l’on fait des boucles et que l’on essaie de placer une partie sur un temps ou une mesure spécifique. Ce genre de timing demande beaucoup de concentration. Et puis, le poids en général aussi. Cet engin est incroyablement lourd, si on reste debout trop longtemps. Je ne le répéterai jamais assez ! (Rires)

– Parlons un peu de ton univers musical. Il a une base Blues, Rock et Soul, des tonalités très 70’s et psychédéliques et les références à Prince notamment, mais aussi à Jimmy Page, sont perceptibles. Tout cela se fond dans un son très personnel. Est-ce que, justement, tu as facilement et rapidement trouvé ton empreinte sonore, ta façon de te démarquer des autres artistes ?

Ouais, ça m’a semblé naturel. Je n’ai pas réfléchi à tout, ni fait de grande réunion avec ma famille pour dire : ‘bon, il est temps de créer mon son !’ C’est juste… comme ça. Comme mon nom de scène, c’est juste mon surnom et mon nom de famille. Ce que je suis en tant qu’artiste est exactement qui je suis en tant que personne. Mais ça n’a pas toujours été comme ça. Plus jeune, j’avais peur d’être moi-même, peur de m’habiller comme je le voulais vraiment, peur d’être honnête avec moi-même. J’essayais sans cesse de me faire plus petite pour rentrer dans ce qui me semblait plus ‘acceptable’. Ensuite, je me suis enfin autorisée à être ce que je suis vraiment. Maintenant, je m’habille sur scène comme en dehors, sauf si je suis particulièrement paresseuse. J’accompagne ma mère au supermarché en pantalon patte d’éléphant, chemisier à volants et autres. Ce n’est pas un costume. C’est moi. Ne plus être moi-même depuis si longtemps, c’était presque comme vivre dans la peau d’une personne complètement différente. Mais maintenant, je me réveille en BELLA MOULDEN, et je me couche en BELLA MOULDEN. C’est tout. Pas de changement, pas de masque. Juste moi.

– On a parlé de ta musique, mais pas de ton chant. Là encore, est-ce que c’est venu de manière assez naturelle, ou as-tu été inspirée par certains modèles et je pense aux chanteuses Soul, évidemment ?

Oui, chanter m’est venu assez naturellement. J’ai suivi six mois de cours de piano classique et de chant à l’âge de neuf ans, mais on a tellement déménagé que j’en ai eu marre de changer constamment de professeur. J’ai donc commencé à apprendre en autodidacte. Ça me rappelle un peu comment on commence à écrire à l’école. On vous apprend à former les lettres et, avec le temps, votre écriture devient une entité unique et personnelle. C’était pareil avec ma voix. J’ai commencé par les bases, puis je l’ai laissée évoluer au fil de mes explorations. J’ai été profondément inspirée par des artistes comme Adèle, Amy Winehouse, Etta James, Janis Joplin et Big Mama Thornton. La Soul, le Blues et le courage : cette brutalité m’a vraiment attirée. Adèle restera toujours ma préférée. Sa maîtrise, son émotion… Elle a changé la donne, selon moi.

– Un mot enfin sur ta venue en Europe à la rentrée avec une halte à Paris le 9 septembre à ‘La Péniche Antipode’. J’imagine que c’est une belle aventure pour toi ? Comment est-ce que tu l’appréhendes ? Tu es également suivi par des fans européens et notamment français ?

Oui ! J’ai des fans en France, dans toute l’Union européenne et au Royaume-Uni et j’ai vraiment hâte de les rencontrer enfin. Ce voyage me semble être une étape importante dans ma carrière et je suis plus que ravie. Je me suis entraînée, j’ai travaillé mon endurance et, surtout, j’ai répété mes sets avec toutes les chaussures sophistiquées que je compte porter. (Rires) Plus sérieusement, j’ai tellement hâte de partir en tournée en Europe et au Royaume-Uni. Je ressens toujours beaucoup d’amour de la part de ces deux pays et c’est un tel plaisir de travailler avec des gens à l’étranger et de rencontrer mes fans en personne. Tous mes remerciements vont à eux. Ils ont été là pour moi d’une manière que je ne prendrai jamais pour acquise. Et puis… Je n’ai jamais joué sur un bateau auparavant, alors je vais certainement rayer ça de ma liste des choses à faire. (Rires) Enfin, merci beaucoup d’avoir pris le temps de t’intéresser sincèrement à ce que je fais. C’est très important et j’espère tous vous voir en septembre ! (Sourires)

La musique de BELLA MOULDEN est disponible sur toutes les plateformes et sur le site de l’artiste : www.bellamoulden.com

Elle sera donc le 9 septembre prochain en concert à Paris et la billetterie est déjà ouverte : www.helloasso.com/associations/tadam-records/evenements/concert-bella-moulden-et-the-wealthy-hobos