Lumineuse et dynamique, cette nouvelle réalisation de BLACKRAIN brille par la précision et la qualité du songwriting. Grâce à un line-up inchangé, c’est un groupe très soudé, et dont l’envie semble décuplée, qui se présente avec « Untamed », un septième effort Heavy et mélodique. Entre Glam et Metal, les Français sont sur la voie royale.
BLACKRAIN
« Untamed »
(Steamhammer/SPV)
Trois ans après « Dying Breed » qui fut très bien accueilli, les Savoyards enfoncent le clou avec un septième album caractérisé par une folle énergie. BLACKRAIN continue sur sa trajectoire Heavy Sleaze dont l’écriture, toujours très 80’s, s’affine au fil des ans. Toujours aux frontières du Glam et du Hard Rock, le quatuor monte en puissance et « Untamed » montre un état d’esprit conquérant.
Alors que le précédent opus était (très bien !) produit par Chris Laney avec qui les Français avaient déjà travaillé, c’est cette fois le frontman de Kissin’ Dynamite, Hannes Braun, qui fait des prouesses. Leader du combo allemand qui a souvent partagé la scène avec BLACKRAIN, il a parfaitement saisi les attentes de ses amis et il offre encore plus de volume et de puissance à ces nouveaux morceaux.
Démarrant sur les chapeaux de roue avec le morceau-titre, « Untamed » se déploie sur des chansons accrocheuses, nerveuses et véloces. La batterie claque, les riffs fuzzent de toutes parts et Swan livre une prestation vocale hors-norme (« Demon », Summer Jesus », « Kiss The Sky »). BLACKRAIN affiche l’énorme potentiel décelé il y a quelques albums déjà et se montre d’une énergie flamboyante.
Très instrumental et développant des atmosphères quasi-séismiques, « Forgotten Mansion » a des allures d’ogre mastodonte. Si elle se pare aussi de mélodies captivantes et psychédéliques, celle nouvelle production de WITCHFINDER vient surtout confirmer la puissance du Stoner Doom du quatuor français avec une force tellurique.
WITCHFINDER
« Forgotten Mansion »
(Mrs Red Sound)
Long EP ou mini-album, c’est selon, « Forgotten Mansion » vient donner suite à « Endless Garden », un EP de deux titres fracassant sorti en juin dernier, et qui marquait un léger tournant avec l’arrivée aux claviers de Kevyn Raecke. Il n’en fallait pas davantage pour que le côté fantasmagorique du quatuor surgisse encore un peu plus. WITCHFINDER s’apprête à réveiller les volcans de son Auvergne natale.
Doté d’une production massive et écrasante, ce nouvel effort vient définitivement poser le statut de groupe incontournable d’une scène Stoner Doom française, qui devrait vite devenir trop petite. La trajectoire de WITCHFINDER est assez claire : conjuguer le Fuzz, le Metal et le Sludge avec un Psych Rock occulte et ténébreux. La rythmique est lourde, les riffs épais et le chant se devine au lointain.
Si l’ambiance est posée dès le pachydermique « Approaching » suivi de près par « Marijuana », les surprises sont nombreuses au sein-même de ces morceaux, qui s’étendent en longueur. Très groove, la variété des mid-tempos ensorcelle en communion avec des synthés psychédéliques aussi fins que les guitares sont sourdes et menaçantes (« Lucid Forest », « The Old Days »). WITCHFINDER en impose grâce à une créativité débordante.
On connait la dinguerie et le génie de Mike Patton, ainsi que la puissance de frappe hors-norme de Dave Lombardo. Et lorsqu’ils embarquent Justin Pearson et Michael Crain dans leur chevauchée Thrash/HardCore ultra-débridée, cela donne un deuxième album de DEAD CROSS, « II », entre fureur et expérimentations et techniquement d’une autre dimension.
DEAD CROSS
« II »
(Ipecac Recordings)
Autant mettre tout de suite les pieds dans le plat et se faire de nouveaux amis. Je lis un peu partout que DEAD CROSS est le projet Punk de Dave Lombardo et de Mike Patton, accompagnés aussi de belle manière par Justin Pearson (basse) et Michael Crain (batterie). Or, c’est faux. Il suffit de regarder le line-up et le niveau affiché. Un groupe Punk pourrait-il jouer ça ? Bien sûr que non, beaucoup trop technique !
Donc et malgré de nombreux obstacles comme la santé mentale de Patton et le cancer aujourd’hui en rémission de Crain, DEAD CROSS a trouvé les ressources pour écrire et composer ce deuxième opus en forme de brûlot contre une société et une époque qui semblent avoir beaucoup affecté le génial frontman du quatuor (« Christian Missile Crisis », « Reign Of Error »). Et l’énergie et la rage distillées sont colossales.
Enregistré sur bandes et produit par Ross Robinson (Korn, Sepultura, Deftones), « II » affiche pourtant un son très Garage, d’où vient sans doute ce côté Punk dont certains se sentent proches. Frontal, direct et sans limite, DEAD CROSS reste inclassable, surprenant et d’une férocité incontrôlable (« Love Without Love », « Heart Reformers », « Imposter Syndrome »). Les Américains fracassent tout et s’en amusent !
Composé de Marie Soler au chant, Fred Martin à la guitare et Thibaut Gérard à la basse, AN’HEDONYA signe son premier album dans un univers Dark/Folk aux contours progressifs et l’ensemble est particulièrement bien réalisé. Autoproduit, « Ill’usions » affiche des morceaux originaux et dans un registre assez rare dans l’hexagone. Le trio montpelliérain navigue dans des atmosphères sombres aux saveurs Metal et Rock, et il n’en fallait pas plus pour leur poser quelques questions, alors que le groupe fait son entrée sur la scène française.
– Si vous n’êtes pas vraiment des inconnus sur la scène héraultaise pour avoir joué au sein de Gholes, Reaching Nothingness, Kalasia ou Eyeless, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’AN’HEDONYA. Qu’est-ce qui vous a poussé à monter le groupe ?
L’idée est partie de petits concerts que nous avons donnés, (Marie et Fred – NDR), dans un cadre privé, où nous reprenions quelques morceaux de Metal et autres, à la sauce guitare acoustique/chant. Nous nous sommes dit : ‘Tiens, pourquoi ne pas élaborer un projet sous cette formule ?’ Nos racines sont bien sûr métalliques, cependant, on peut s’apercevoir aujourd’hui avec les nombreuses ‘covers’ qui circulent sur le net, que le Metal peut être interprété par beaucoup d’instruments différents, y compris les plus inattendus… De plus, il existe déjà quelques albums entièrement acoustiques, qui font pourtant bien partie de la sphère Metal, ou encore des groupes qui intègrent ce type de son à 80% de leur musique. Je pense, par exemple, à l’album « Kveldssanger » d’Ulver, ou encore à des groupes comme Empyrium, etc. L’envie de départ de ce projet était aussi de pouvoir faire des concerts dans les pubs, les petites salles, quelques chose d’intimiste et d’atmosphérique.
– Est-ce qu’avec AN’HEDONYA, vous pouvez enfin explorer d’autres sphères musicales, et vous exprimer dans des registres que vos autres formations ne vous permettaient pas ?
C’est précisément l’idée ! Ce projet ne devait pas être redondant par rapport à nos autres activités musicales. Il n’aurait pas eu d’intérêt, ou de valeur ajoutée. Avec cette formule, il nous est permis d’aborder les choses sous des angles différents, et donc d’élargir nos horizons. Et puis, cela nous permet aussi de partager notre musique avec nos proches (famille, amis), parmi ceux qui ne sont habituellement pas trop sensibles lorsqu’il s’agit de Metal Extrême, et tout en gardant notre identité musicale.
– Dès le départ, vous m’avez dit vous inspirer d’Opeth, Anneke van Giersbergen et plus étonnamment des albums « Damnation » d’Opeth et « Dethroned & Uncrowned » de Katatonia, ce qui n’est pas si courant. Pour avoir réécouté ces deux derniers albums, on y trouve des similitudes, c’est vrai. En quoi sont-ils si importants pour vous ? Ce sont les atmosphères, les ambiances surtout, ou plutôt l’écriture et la structure des morceaux ?
Marie : Anneke van Giersbergen est pour moi une grande chanteuse, son timbre, sa voix cristalline associée à sa technique me touche particulièrement, je m’en inspire malgré moi. Car quand tu écoutes beaucoup, et depuis longtemps, un artiste, il t’inspire forcément. Il en est de même pour Katatonia que nous écoutons depuis leurs débuts, « Dethroned & Uncrowned » nous a inspiré dans le sens où c’est cette configuration et cette ambiance que nous voulions pour AN’HEDONYA.
Fred : L’album de Katatonia « Dethroned & Uncrowned » est un peu particulier, car il s’agit d’une réinterprétation d’un de leurs albums classiques, c’est-à-dire ‘avec des guitares électriques’, « Dead End Kings », d’une manière acoustique. Mais lorsqu’on entend ces morceaux même sans connaître leur pendant saturé, on en imagine sans peine la version électrisée. C’est un peu l’idée d’AN’HEDONYA : ce sont des morceaux acoustiques, mais on pourrait tout à fait les transformer en morceaux Metal plus traditionnels, car ils en ont l’essence.
Pour le cas d’Opeth, l’album « Damnation » met en avant les aspects les plus atmosphériques de leur musique, contrairement à « Deliverance » qui se concentre plus sur la partie Death Metal. Habituellement, ces deux facettes sont davantage mêlées dans un même album, ce qui nous a donné des monuments tels que « Blackwater Park » et « Still Life », mais cette fois-là, ils ont ressenti le besoin de ‘séparer’ les deux aspects. L’album « Damnation » est ainsi né et le résultat est tout simplement magnifique. Ce qui nous a attiré dans ces albums sont en effet les atmosphères et les ambiances qui en ressortent.
– Pour ce premier album, vous avez donc décidé d’évoluer dans un registre acoustique, mais complet dans votre formation, à savoir avec basse et batterie. C’était un choix naturel pour vous, ou la passerelle indispensable avant de franchir un nouveau palier, peut-être plus électrique, moins Rock et plus Metal, par exemple ?
L’idée était bel et bien de proposer une musique avec des guitares acoustiques, mais aux sonorités Rock/Metal. Donc l’appui rythmique se devait de conserver un minimum de puissance, notamment avec la batterie. Cette configuration nous est venue naturellement, lorsque nous composions. A priori, la formule devrait perdurer ainsi, mais il n’est pas impossible qu’un jour, nous ayons une variante ‘électrique’ d’un de nos morceaux, ce serait un effet miroir intéressant par rapport aux groupes qui proposent en morceau bonus, l’un de leur tube en version acoustique…
– Pour « Ill’usions », vous avez fait appel à Brett Caldas-Lima (Ayreon, Cynic, Hypno5e) pour le mix et le mastering, ainsi qu’à Léo Margarit (Pain Of salvation) pour la batterie. Pour un premier album, ce sont des choix importants et conséquents. Vous teniez à mettre dès le départ tous les atouts de votre côté et la barre très haute, car la production est assez incroyable ?
Merci pour le compliment ! Brett est un ami de longue date et nous connaissons la qualité de son travail. Il était donc logique de faire appel à ses services pour le mixage et le mastering de l’album. Il nous a aussi beaucoup guidés lors des phases d’enregistrement. Comme nous avions aussi besoin d’un batteur, il nous a mis en relation avec Léo qui a accepté de participer à l’album et a enregistré ses parties de batterie depuis la Suède. En plus de son talent de musicien, c’est un mec très sympa, nous avons eu beaucoup de chance, c’était un plaisir de collaborer avec lui. On peut dire qu’ils ont tous deux apporté une autre dimension aux morceaux et nous avons partagé de beaux moments musicaux et amicaux. Nous sommes aussi très contents d’avoir la voix de Brett sur le morceau « Purple Death », qui apporte indéniablement un côté Metal, pour le coup !
– La sortie de « Ill’usions » se fait en autoproduction. Il va vous servir de carte de visite auprès des labels, ou est-ce par volonté d’indépendance, comme beaucoup d’artistes aujourd’hui d’ailleurs ?
Avant la sortie de l’album, nous avons contacté quelques labels et on ne va pas te mentir, les seuls retours que nous avons eus nous ont demandé une contribution financière. Nous avons déjà beaucoup investi dans la production de cet album et nous ne voulons pas payer pour être signés. Si ça plait, nous restons ouverts aux propositions mais de toute façon, l’objectif n’est pas forcément celui-là. Le plus important est de se faire plaisir et de partager notre musique, laisser vivre et voyager cet album. En revanche, nous avons fait appel à Inouïe Distribution pour la diffusion numérique sur les plateformes de streaming, qui a fait un super travail à ce niveau. Et il s’agit d’une boîte française, ce qui ne gâche rien ! Pour obtenir l’album en version CD, il faut donc s’adresser directement à nous, ou par le biais de notre page Bandcamp (lien ci-dessous – NDR).
– Avant de parler du morceau « Le Cri du Vent », on note aussi sur l’album beaucoup de sonorités celtiques, vocalement surtout. C’est une musique qui vous inspire aussi, ou c’est juste le simple fait du hasard ?
Marie : Non, ce n’est pas le hasard, c’est plutôt naturel puisque je suis d’origine bretonne et je passe énormément de temps là-bas depuis que je suis née. C’est d’ailleurs ce qui m’a inspiré l’écriture du morceau « Pen Lan ». C’est un lieu où je vais depuis toujours, mon repaire, mon havre de paix, l’endroit où je me sens le mieux et où j’écris et je chante seule, sur les rochers, en harmonie avec les éléments qui m’entourent.
Même si je ne réfléchis pas quand je chante à obtenir tel ou tel type de sonorité ou de style, avoir toujours écouté de la musique celtique, traditionnelle ou non, a forcément influencé ma manière de placer et moduler ma voix.
– Justement, « Le Cri du Vent » est le seul morceau chanté en français. Pourquoi ce choix et y en aura-t-il d’autres ? Ça vous parait naturel de vous exprimer dans votre langue maternelle autant qu’en anglais ?
Marie : Nous ne nous interdisons rien. Alors, pourquoi pas un morceau écrit dans notre langue ? Ce n’est, en effet, pas pareil d’écrire et de chanter en anglais ou en français. Si l’anglais sonne plus ‘facilement’ dans la musique Rock ou Metal, le français lui, demande plus de rigueur dans l’écriture, comme un poème, avec des rimes… J’ai écrit ce texte en dix minutes environ, pendant le confinement, en écoutant le silence et il m’a plu comme ça. À chanter, c’est différent aussi mais je ne pourrai pas te dire si je préfère chanter dans une langue ou dans l’autre, j’aime les deux. J’ai aussi pensé à Lacuna Coil, qui a quelques excellents titres en italien, leur langue maternelle. Ça m’a convaincu d’intégrer « Le Cri du vent » pour clôturer l’album.
– Enfin, on note la présence de la cornemuse de Pierre Delaporte sur ce dernier morceau. Est-ce que c’est une habitude que vous instaurerez à l’avenir ? Et puis, on revient à nouveau dans des sonorités celtiques au-delà de la voix…
Marie : Il n’était pas pensable pour moi de ne pas mettre quelques instruments aux sonorités celtiques dans notre musique, pas pour tous les morceaux. Mais la harpe sur « Pen Lan » exprime la plénitude de ce lieu et la cornemuse sur « Le Cri du Vent » évoque ce dernier élément d’une terre que j’imagine sans vie, où les seuls bruits restants seraient ceux d’un sol qui craque et du vent qui hurle.
Si nous composons un deuxième album, il est certain que nous intègrerons à nouveau des instruments celtiques. Nous aimerions bien, par exemple, inviter le groupe Plantec (groupe Electro Breizh) sur un prochain titre, car j’aime beaucoup l’ambiance qui se dégage de leur musique, surtout en fest-noz, c’est assez incroyable. Et puis, il y a aussi le fait que nous sommes quand même de gros cinéphiles, particulièrement du genre Heroic-fantasy dans lequel on retrouve souvent des sonorités celtes. Nous adorons les énergies qui s’en dégagent. Toutes ces sonorités font partie de notre culture musicale, alors nous les intégrons à nos compos quand cela fait sens.
Sur le papier, c’est vrai que la rencontre entre SaaR et MAUDITS est très attractive au-delà même d’être évidente, lorsque l’on connait les deux formations. Non pas que les groupes se ressemblent au point qu’on les confonde, loin de là, mais leur démarche présente de singulières concordances. Même s’ils évoluent chacun de leur côté sur ce « Split » enchanteur, la cause et l’objectif sont communs. Les atmosphères se rejoignent pour n’en faire qu’une et on attend qu’une seule chose maintenant, c’est une scène, ou mieux encore, une composition les réunissant.
SaaR / MAUDITS
« Split »
(Source Atone Records)
Il fut un temps, pas si lointain, où les groupes se partageaient les galettes vinyliques, occupant chacun la face d’un disque dans des courts ou longs formats. Cette belle pratique a disparu pour l’essentiel, sans doute dû à un individualisme envahissant. Et pourtant, les groupes SaaR et MAUDITS, dont le talent et la notoriété croissante ne font plus mystère, se sont associés pour livrer chacun un morceau autour d’une démarche musicale qu’ils partagent : le Post-Metal instrumental. Et le résultat est à la hauteur des attentes.
Ce sont les Parisiens de SaaR qui ouvrent les festivités avec « Loved », long de près de neuf minutes et d’un éclat incroyable. Si l’entame est progressive, elle ne fait qu’amorcer un déploiement dans les règles d’un style musclé et très structuré. Comme sur « Gods », son dernier album, le quatuor avance sur des rythmiques saccadées, des guitares aériennes en déversant quelques belles déflagrations aux saveurs Doom et dans une atmosphère souvent pesante, mais très aérée. Imposant !
Quant à vous, lecteurs adorés, MAUDITS n’a plus beaucoup de secrets pour vous, puisqu’il est présent sur le site depuis ses débuts. Séduisant sur son premier album éponyme (2020) et brillant sur son dernier EP « Angle Mort », le trio accueille à nouveau Raphaël Verguin au violoncelle sur ce « Breken Pt 1/2/3 » de toute beauté. Louvoyant à l’envie dans des registres post-Rock, Doom et Ambient, ce titre de 15 minutes reflète les capacités de MAUDITS à nous embarquer dans un tourbillon souvent hypnotique et toujours captivant.
« Split » est probablement l’une des meilleures réalisations de son genre depuis très longtemps. Affichant une belle unité dans une production très organique, la complémentarité des deux groupes étonne tant il y a une vraie progression sur l’ensemble des deux morceaux. D’ailleurs, on passe de l’un à l’autre (et vice-versa) sans sourciller un seul instant, preuve s’il en est que SaaR et MAUDITS ont l’art et la manière de nous envoûter avec le même penchant pour un post-Metal instrumental de grande classe.
Retrouvez la chronique du dernier album de SaaR (« Gods ») et les deux interviews de MAUDITS accordées à Rock’n Force :
Trois ans et trois albums déjà pour UNITED GUITARS, un projet guitaristique qui prend du volume au fur et à mesure que ceux-ci s’empilent dans les discothèques des amoureux de la guitare. Et voici le troisième ! Loin d’être un album de spécialistes pour les spécialistes, le concept se veut plutôt une découverte de l’instrument sous toutes ses facettes et à travers des registres aussi vastes que la très belle pléiade de musiciens présents sur ce « Volume 3 », qui s’étend sur un beau double-album.
UNITED GUITARS
« Volume 3 »
(Mistiroux Productions)
Et de trois ! C’est déjà le troisième volet de l’aventure UNITED GUITARS débutée fin 2019 à l’initiative de la productrice Olivia Rivasseau (productrice) et Ludovic Egraz (guitariste et réalisateur) et qui a vu défiler le gratin des guitaristes français, mais pas seulement, et uniquement en instrumental et dans des styles très différents, voire opposés, qui vont du Rock au Metal en passant par le Progressif, le Jazz et le Blues notamment. Un large panel entièrement dédié à la six-cordes sous toutes ses sonorités.
Pour ce « Volume 3 », c’est toujours au cœur du Studio 180 dans le nord-est parisien que les musiciens se sont succédés pour donner corps et vie à ce nouveau double-album, entièrement dédié à la guitare dans toute sa diversité. Et comme d’habitude, la production est remarquable, car elle respecte avant tout les musiciens, leur jeu, leur toucher et leur son propre. Et c’est là l’une des forces d’UNITED GUITARS : regrouper au sein d’une même entité des artistes aussi distinctifs que talentueux.
On retrouve aussi quelques habitués présents sur les deux premiers volets comme Judge Fredd, NeoGeofanatic ou Yvan Guillevic, qui croise ici le fer avec le grand George Lynch sur « Surrounded By Darkness », tout comme Saturax qui accueille sur sa composition, « How Strong Is Your Shield ? », Popa Chubby pour un Blues endiablé. Mais que l’on ne s’y trompe pas, UNITED GUITARS n’a pas vraiment besoin de ‘stars’ pour briller. Les 34 guitaristes ne sont pas là par hasard, et au-delà d’une technique de haut vol, c’est le feeling qui l’emporte.
Toujours basé sur un modèle participatif, ce « Volume 3 » a remporté une nouvelle fois son pari et c’est donc avec plaisir que toute l’équipe, menée par un Ludovic Egraz très présent aussi musicalement, repartira pour un nouveau challenge à l’abordage d’un « Volume 4 », qui devrait encore réussir à surprendre et séduire. Et bien sûr, UNITED GUITARS et sa flopée de guitaristes ne serait pas grand-chose sans ses rythmiques basse/batterie toutes aussi virtuoses et qui mettent elles aussi en avant un groove incroyable.
Résolument tourné vers l’hexagone, le concept se dote une fois encore de quelques participations internationales et d’une belle touche féminine avec les présences de Chloé Rebeiro et de Tora Dahle Aagård. Sur le rythme d’une réalisation par an, UNITED GUITARS a déjà ouvert son Kiss Kiss Bank Bank pour le « Volume 4 » avec en jeu une immense tombola dotée de 46.000 euros de matos à gagner offert par les 50 marques partenaires (lien ci-dessous). Eclectique et créatif, ce « Volume 3 » prête donc à nouveau à l’évasion avec brio.
Et pour participer à l’aventure, un seul lien pour cette nouvelle campagne :
Instruments traditionnels, sons de la nature, mélodies envoûtantes et une production authentique et très actuelle, la réalisation de ce nouvel album de HEILUNG est encore exceptionnelle. « Drif » propose un tour du monde civilisationnel et ancestral porté par une néo-Folk addictive qui berce autant qu’elle interpelle. Une balade ascensionnelle sur une musique hors d’âge et presque hors du temps.
HEILUNG
« Drif »
(Season Of Mist)
Le succès de HEILUNG vient très certainement de son côté énigmatique, des mythes et légendes qu’il entretient et aussi sûrement de sa mise en scène. Et le fait que les amateurs de Metal, le plus souvent extrême, s’y retrouvent, tout comme chez Wardruna d’ailleurs, est plutôt une bonne chose et participe à une belle ouverture d’esprit. Et pour son troisième album studio, le groupe parvient une fois encore à captiver son auditoire.
Sur ce très bon « Drif », toujours pas de grosses guitares, ni de blasts surpuissants, mais une néo-Folk expérimentale et tribale qui prend directement aux tripes. HEILUNG n’utilise que des instruments traditionnels, comme à son habitude, et charme comme nul autre grâce à des chants rituels, des atmosphères chamaniques à la fois douce et cadencées et un ensemble porté des arrangements très modernes.
Car la formation composée de musiciens danois, norvégiens et allemands revisite des musiques d’anciennes civilisations en traversant le monde à travers les cultures de ses peuples. Des tribus celtes à l’empire romain en passant par la Scandinavie et même la Syrie, HEILUNG propose un incroyable voyage, plein de magie, sur neuf titres qui offrent à « Drif » une parfaite cohésion. Toujours aussi saisissant.
C’est en présence de ses plus fervents fans que les maîtres du Metal Progressif allemands ont enregistré « Live & Immortal », fusionnant littéralement avec un public uni et enthousiaste. Avec une énergie intense, VANDEN PLAS offre un concert majestueux, où le quintet fait une réelle démonstration de force en mariant des mélodies atmosphériques d’une grande finesse à des fulgurances Metal puissantes.
VANDEN PLAS
« Live & Immortal »
(Frontiers Music)
Suite à l’excellent concept-album « The Ghost Experiment » sorti en deux parties (2019-2020), on pouvait s’étonner de voir VANDEN PLAS revenir si tôt avec un nouvel opus studio. Peu ou pas défendu sur scène, faire une telle impasse serait même un sacrilège. Et c’est sans doute pour cette raison que les Allemands livrent un double live dans lequel ils régalent une fois encore.
Enregistré le 30 décembre 2016 dans leur ville natale de Kaiserslautern, « Live & Immortal » dévoile une prestation exceptionnelle et même inattendue du quintet. En effet, sur plus d’une heure et demie, VANDEN PLAS y interprète l’essentiel de ses réalisations « Chronicles Of The Immortals », sorties respectivement en 2013 et 2014. Et pour info, le concert sort également en DVD.
On se replonge donc dans ses deux disques majeurs de la carrière du groupe germanique avec des titres comme « Holes In The Sky », « Iodic Rain », « Postcard To God » ou « Christ O », ainsi que des morceaux jamais joués en live comme le monumental « The Final Murder ». Limpide et puissante, la production de « Live & Immortal » rend parfaitement compte de la grande qualité de VANDEN PLAS sur scène.
Clair, pertinent, audacieux et ascensionnel sont quelques adjectifs que l’on peut facilement attribuer à ce premier album de POINT MORT, « Pointless… ». Les Parisiens se livrent sur près d’une heure dans un post-HardCore percutent et aux reliefs étonnants, passant d’’ambiances progressives à des fulgurances Metal sans concession. Entretien avec Sam, chanteuse polymorphe s’il en est, et Simon, batteur métronomique et virevoltant du quintet.
– Le groupe existe depuis déjà sept ans et vous avez deux EP à votre actif. Et trois ans après le dernier, « R(h)ope », vous sortez votre premier album « Pointless… ». Il vous fallait être fin prêts afin de proposer un long format qui a dû demander beaucoup de travail, vu le résultat ?
Sam : Je pense que c’était le moment, que les planètes étaient alignées. (Sourires) « Pointless… » nous a demandé du temps, en effet. Comme beaucoup de musiciens, on a bénéficié du confinement, de l’arrêt des concerts pour travailler dessus. Le groupe est plus solide aussi, humainement et musicalement. Un contexte plus favorable en tous points.
– Justement « Pointless… » est parfaitement réalisé, tant au niveau des compositions que de sa production. Vous aviez le sentiment que votre jeu n’était peut-être pas suffisamment mature jusqu’ici et qu’il vous fallait être encore patients pour pouvoir vous exprimer pleinement, surtout dans un registre aussi travaillé ?
Sam : Pas vraiment. Nous n’avons jamais vraiment réfléchi au format. Nous avons enregistré nos deux premiers EP en fonction du temps qui nous était disponible à ce moment-là. Pour « Pointless… », on avait plus de temps et on a décidé de s’en donner plus en studio aussi. C’est ce qui a permis d’enregistrer ces huit morceaux qui, pour nous, fonctionnaient comme un ensemble.
– Le Post-HardCore de POINT MORT se démarque également de la scène nationale de par, notamment, la complexité de vos morceaux. De quelle manière procédez-vous pour les composer, compte tenu de leurs structures et des innombrables détails, qui sortent franchement de l’ordinaire ?
Simon : J’espère ne pas avoir l’air trop prétentieux, mais je crois que c’est quelque chose qui nous vient assez naturellement, en fait. En tout cas, ce n’est pas prémédité, on ne recherche pas la complexité pour la complexité. C’est surtout un aspect très présent dans la musique qui nous influence, donc ça nous paraît évident de ne pas aller vers des structures trop linéaires quand on écrit.
Il est également bien plus simple, à mon avis, de se repérer dans un morceau dans lequel tous les passages sont différents que dans une structure classique, où tous les couplets et refrains sont les mêmes ! Les cassures et les changements d’ambiance font que nous restons alertes et engagés dans le morceau en le jouant. On a tendance à s’ennuyer assez vite sinon !
– POINT MORT présente des arrangements très pointus, qui forment un édifice solide. Y pensez-vous dès le départ, ou c’est plutôt un travail de studio, qui se fait en aval ?
Simon : A l’échelle à laquelle nous travaillons, nous n’avons accès au studio qu’au moment d’enregistrer les morceaux. Tout le travail, de la composition, à l’arrangement puis à l’apprentissage des titres, doit avoir été fait avant d’arriver au studio, sans quoi, on est certain de perdre un temps précieux.
Pour autant, on ne peut pas dire que tout soit réfléchi ‘dès le départ’. Certaines idées d’arrangement n’arrivent qu’en fin de composition, mais il n’y a pas vraiment de règle préétablie…
– Pour revenir à votre album, il présente des atmosphères très variées qui pourtant débouchent sur un ensemble très cohérent. C’est difficile de vous suivre parfois, malgré un style très personnel qui devient d’ailleurs vite identifiable. Vous vous fixez un fil rouge, une ligne directrice ?
Simon : On cherche toujours à atteindre le fragile équilibre entre un morceau qui est intéressant à jouer pour nous les musiciens, mais qui reste cohérent pour les auditeurs. On écrit avant tout de la musique pour nous-mêmes, donc c’est important qu’on ne s’ennuie pas en jouant les morceaux. Mais si on ne suit que cette directive-là, on peut très vite se retrouver avec un morceau qui ne ressemble pas à grand chose. Parfois, il faut faire des compromis !
– Parlons de l’aspect vocal de POINT MORT avec ses passages clairs et d’autres growlés. J’imagine que ce sont les textes qui guident l’intensité et la puissance à employer à tel ou tel moment, non ?
Sam : Je compose de manière instinctive. C’est plutôt l’intensité qui dicte les mots en fait. Quand je commence à poser les lignes mélodiques, les morceaux sont généralement bien avancés. Je me jette un peu à l’eau et je lance les idées comme elles viennent. A partir de là, si les bases mélodiques nous plaisent, je commence à écrire. Les sonorités m’inspirent des mots, des thèmes. Je fonctionne plutôt dans ce sens-là. La mélodie est vraiment ce qui prime à mon sens.
– L’autre particularité du chant est de passer de l’anglais au français. Dans quels cas utilisez-vous l’un ou l’autre ? Pour faire passer certains messages ? Pour insister sur l’aspect poétique de certains textes ?
Sam : Ce sont les mélodies qui me dictent la langue. J’entends même parfois des langues que je ne maîtrise pas, à mon grand regret… D’ailleurs, on n’était tous pas très fan du français au départ. Mais c’est comme pour le reste : si on trouve tous que ça colle, on garde.
– Enfin, j’aimerais que l’on dise un mot sur le côté engagé et presque militant parfois de certains titres. L’inscrivez-vous pleinement dans votre démarche, au même titre que la musique en elle-même ?
Sam : Ah, je vois que tu as bien lu les textes. Parce qu’on nous en parle peu en fait. Pour la simple et bonne raison que j’aime utiliser une prose assez imagée quand j’écris. Mais oui, les thèmes sont engagés, car j’écris toujours sur des sujets qui me tiennent à cœur, me chamboulent, me révoltent… Mais comme ce n’est pas une écriture commune avec le reste des membres, et que je suis ‘la voix’ de ce groupe, on ne souhaite pas verser dans le militantisme, non. Le groupe n’a pas à porter mes convictions intimes. Même si on est d’accord, la plupart du temps… et heureusement d’ailleurs. Disons que nous contestons, mais que nous ne sommes pas là pour mobiliser l’opinion publique.
L’album de POINT MORT, « Pointless… », est disponible depuis le 29 avril chez Almost Famous.
Dès vendredi (le 20/05), Le-Grand-Pressigny, en Touraine, accueillera le JURASSIC FEST pour trois jours durant lesquels le Metal, le Hip-Hop, l’Electro et la Techno vont se réunir sous l’œil bienveillant de quelques dinosaures, venus en voisins. Avec une belle programmation, les organisateurs proposent un événement dont l’affiche est plutôt alléchante (Smash Hit Combo, Atlantis Chronicles, Beyond The Styx, Stinky, The Necromancers, Hard Mind, Carmen Sea, Final Shodown, …). Et il n’est pas trop tard pour s’y rendre !!!
– La première édition du JURASSIC FEST aura lieu du 20 au 22 mai à Le-Grand-Pressigny. Qu’est-ce qui vous a motivé à l’organiser au départ et comment cela se présente-t-il à quelques jours de l’événement ?
Danny (organisateur) : Le JURASSIC FEST est une édition parmi une série d’événements passés durant lesquels on retrouve trois scènes distinctes : Metal, Hip Hop et Techno/Electro. Le festival reflète l’état d’esprit de notre collectif, en tant qu’organisateurs, puisque nous sommes implantés à titre personnel dans des milieux de la culture et dans des réseaux assez différents, mais complémentaires, les uns des autres. C’est toujours surprenant de pouvoir réunir des structures et un public venant de multiples horizons culturels le temps d’un festival. Effectivement, la pression monte énormément et nous sommes débordés à quelques jours du festival. Dans l’ensemble, cela se finalise bien, et c’est en partie grâce au soutien que nous apportent nos partenaires, notamment la SACEM, l’association FREEFORM et la société WWWY et ainsi qu’aux nombreuses préventes.
– Vous avez opté pour une thématique autour des dinosaures, de Jurassic Parc bien sûr et de la jungle. Et vous recommandez même au public de venir déguiser. Ca vous est venu comment ? Juste pour changer les B.O. des films de Spielberg ?
Arthur (membre du bureau) : L’idée trottait dans ma tête depuis assez longtemps. Des styles musicaux éclectiques et underground se produisant dans un environnement inédit, une infrastructure aux aires de Jurassic Park. Et puis, la franchise regorge d’idées que nous pouvons empruntées pour créer un lieu éphémère et unique en son genre avec une mise en scène et une décoration originale et vivante.
– Avant de parler du contenu Metal de la programmation, vous avez prévu trois scènes avec des ambiances très, très différentes : Metal, Hip-Hop, Electro et Techno. Ce sont des domaines assez éloignés les uns des autres et le contraste va être saisissant. Vous pensez que ces publics souvent opposés peuvent se retrouver et cohabiter assez naturellement et artistiquement ?
Danny : Le public de ces trois scènes partagent beaucoup de similitudes, que ce soit au niveau de la fidélité à leurs milieux respectifs, ou de l’influence culturelle et leur mode de vie. Nous pouvons qualifier ces milieux comme étant très spécialisés, voire pour certains hermétiques. Pourtant, ils sont souvent engagés sur le plan social et surtout, ils sont très peu (ou mal ?) médiatisés en France. Et malheureusement, les financements et l’argent public ne les concernent pas, ou alors très difficilement. Et ils détiennent aussi des valeurs en commun.
Durant nos événements, c’est toujours surprenant d’être témoins de ce ‘clash’ des cultures parmi les publics. Dans l’ensemble, nous avons eu des retours très positifs de teuffeurs qui découvrent leur premier pogos, ou alors de metalleux qui hochent la tête et entrent en transe devant la Techno. Ce qui les rapproche le plus selon nous, c’est l’ouverture d’esprit, l’innovation musicale et la recherche artistique qui sont ancrés et qui continuent d’évoluer dans leur milieu respectif.
– En ce qui concerne la programmation Metal, vous avez fait appel à 12 groupes, tous français. C’est en soutien à la scène hexagonale, et plus simplement parce que le niveau est très bon ? Ou alors, c’était peut-être plus simple à mettre en place aussi…
C’est un pur hasard, et comme tu l’as précisé, la scène hexagonale nous réserve de belles surprises et des artistes de qualité. La plupart d’entre-eux sont plus ou moins proches de notre réseau d’organisation. Lorsque nous effectuons les choix de programmation, nous prenons également en compte les personnalités et l’ambiance au sein du groupe (idéologies, …), ainsi que leurs réseaux. Nous essayons de faire au mieux pour privilégier des rencontres artistiques intéressantes et enrichissantes pour tout le monde, dans le but d’élargir les réseaux et d’inciter les personnes à la découverte bienveillante et au partage. Nous privilégions les groupes proches géographiquement, puisque nous avons aussi des valeurs écologiques.
– La qualité de la programmation est vraiment incontestable et les registres englobent des groupes Djent, Metal HardCore, Rock Occult, post-Metal… le spectre est large et même assez pointu. C’est ce que vous écoutez ou est-ce une réelle demande du public ? D’ailleurs, comment avez-vous élaboré le line-up du JURASSIC FEST ?
En tant qu’organisateurs, nous sommes investis dans la musique et nous sommes aussi porteurs de projets artistiques. Et grâce à nos expériences au fil des années, nous avons déjà pu partager la scène avec certains de ces artistes et tisser des liens. Comme je l’ai dit juste avant, nous prenons également en compte l’aspect humain de ces artistes. En ce qui concerne les choix musicaux, oui, ce sont des groupes que nous écoutons ou soutenons personnellement à travers nos réseaux respectifs.
– J’ai aussi remarqué que vous mettiez l’accent sur l’aspect écologique du festival. Quelles mesures concrètes avez-vous prises ? Et il faut aussi rappeler qu’au jurassique, la pollution était quasi-inexistence…
Danny : Selon des études récentes, l’aspect le plus polluant d’un festival est lors du déplacement du public (environ 70% des émissions). Pour ce qui est de nos initiatives suite à la crise écologique actuelle, nous mettons en place quelques actions concrètes :
– Création d’un groupe Facebook dédié aux covoiturages avec plus de 500 membres, et contenant des informations sur l’accès du festival par le biais des transports en communs (bus Rémi Touraine…) départementales et régionales.
– Optimisation et recyclage des matériaux (produits de récupérations etc…) destinés pour nos installations, la scénographie et une partie de nos décorations sur le site, mais aussi pour la signalétique, les panneaux, les infrastructures (récupération d’une caravane pour le stand des jetons, bars en palettes, etc…)
– Sensibilisation du public grâce à nos partenaires (associations, militants, artistes et affichage sur place…).
Cette année, nous sélectionnons des prestataires spécialisés pour la restauration du festival (montage et démontage compris) : food-trucks bio, locaux et responsables qui travaillent avec des producteurs et fermiers de la région en donnant la priorité au bio local. Ils élaborent des menus conscients avec des régimes végans et végétariens, strictement sans bœuf (le bœuf étant l’un des aliments le plus néfaste pour nous et pour l’environnement).
Nos partenaires depuis le début des temps, La Cacaravane de Tours, interviennent également chaque année avec des toilettes sèches installées sur l’ensemble du site (parkings, camping, backstage etc…). Les déchets étant à chaque fois traités et compostés dans les règles à la fin du festival, afin de ne pas impacter le site. Nous interdisons l’accès à la forêt communale autour du festival en explicitant nos objectifs environnementaux.
– Sans vouloir casser l’ambiance évidemment, on assiste en ce moment à de nombreuses annulations de concerts et de festivals faute de préventes suffisantes. Dans quel état d’esprit êtes-vous et ne pensez-vous pas plus largement que trop de festivals va finir par tuer les festivals ?
Danny : C’est important, voire essentiel, pour les acteurs et organisateurs du milieu de la culture de promouvoir des valeurs fortes et bienveillantes au sein de notre société, qui se doit d’évoluer sur énormément d’aspects, surtout avec les enjeux actuels. En ce sens, les événements et les organisateurs détiennent un rôle-clef dans la transmission et la sensibilisation du public. Nous encourageons d’autres festivals à se démarquer, à s’exprimer et mettre en avant la bienveillance,- ainsi que leurs valeurs. Nous encourageons aussi le public à s’éduquer et se renseigner sur la quantité de travail qu’il y a autour de l’organisation d’un tel événement, même de petite envergure comme nous.
– Enfin pour conclure et toujours par rapport au jurassique : vous êtes plutôt ère mésozoïque ou phanérozoïque ? Car la question va se poser…
Arthur : Mésozoïque, bien évidemment ! L’ère des dinosaures a un aspect proche du merveilleux, où ces magnifiques créatures peuplaient tous les continents et prospéraient dans un écosystème symbiotique.