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Blues Rock Southern Blues

Larkin Poe : southern touch

Ayant quitté leur Georgie natale pour Nashville, Tennessee, Megan et Rebecca Lovell se sont aussi imprégnées d’une couleur Country, qui colle à merveille à leur Blues Rock de plus en plus Southern. Et avec « Blood Harmony », les Américaines réussissent un tour de force remarquable en combinant des riffs costauds et de belles harmonies vocales avec une lap-steel aérienne et brûlante.

LARKIN POE

« Blood Harmony »

(Tricki-Woo Records)

2020 avait été une année chargée pour les sœurs Lovell avec la sortie du très bon « Self Made Man » et de leur album de reprises « Kindred Spirits ». Non contentes d’avoir retrouvé le chemin des concerts, Rebecca et Megan en profitent pour livrer un nouvel album où leur talent éclate plus que jamais au grand jour. LARKIN POE a pris en effet du volume, affiche beaucoup d’assurance et conforte une réelle identité musicale.

Chez certains groupes, le fameux ‘album de la maturité’ arrive plus ou moins rapidement. Ainsi,  « Blood Harmony » surgit un peu tardivement, puisqu’il est le sixième opus du duo et il est de loin le plus abouti et le plus inspiré. Kevin McGowan (batterie) et Tarka Layman (basse) offrent un groove constant aux compositions très féminines, sans être mielleuses, et surtout très Southern de LARKIN POE.

Enregistré dans le home-studio de Rebecca et Tyler Bryant (son mari et guitariste-chanteur de son groupe The Shakedown) et co-produit ensemble, « Blood Harmony » montre les sœurs au sommet de leur art avec un chant clair et puissant et la lap-steel de Megan plus chaleureuse et charmeuse que jamais. Entre Blues, Pop, Rock et des résonnances Country, LARKIN POE affiche enfin son appartenance sudiste (quel accent !).

Afin d’attiser l’engouement et de rassasier ses fans, le groupe a laissé s’échapper quatre singles ces dernières semaines et on peut dire que le choix a été plutôt judicieux et annonciateur de très bonnes choses (« Bad Spell, « Blood Harmony », « Georgia Off My Mind » et « Strike Gold »). Fiévreux, sensuel, touchant ou pied au plancher, LARKIN POE sait tout faire et le montre de la plus belle des manières. Addictif et exaltant !  

Photo : Jason Stoltz
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Alternative Metal Alternative Rock France Post-HardCore

Bukowski : éclats de vie [Interview]

Paradoxalement, malgré la perte brutale de Julien Bottel, son bassiste et principal parolier, BUKOWSKI sort peut-être le meilleur de ses six albums en quinze ans de carrière. Sobrement éponyme, cette nouvelle réalisation montre un quatuor en pleine mutation, entre Rock et Metal, et affichant ouvertement des sonorités post-HardCore, Stoner et alternatives. « Bukowski » marque également la première apparition sur disque de son batteur, Romain Sauvageon, qui a répondu à quelques questions. Entretien.

Photo : Armen Balayan

– Vous sortez votre sixième album dans des conditions particulières, puisqu’il parait presqu’un an jour pour jour après la disparition tragique de Julien. Et pourtant, c’est bien sa basse qui résonne sur ces onze nouveaux morceaux. Au-delà de l’hommage naturel que cela représente, cela vous est apparu comme une évidence que « Bukowski » voit le jour ?

Oui, c’est exactement ça, c’était une évidence. On ne se voyait pas remballer tout ce qui avait été fait les mois précédents et surtout, il n’aurait jamais voulu que le groupe se termine après son départ. Cet album est devenu un véritable hommage à Julien.

– La pochette de l’album, toute en sobriété, dégage aussi beaucoup de force. Pour la première fois aussi, cette nouvelle réalisation est éponyme, ce qui en dit long sur votre état d’esprit. Ca peut paraître assez paradoxal, mais « Bukowski » se révèle comme votre disque le plus abouti avec une identité musicale très affirmée, et c’est peut-être même le meilleur…

Merci ! Effectivement, cet album s’est transformé en hommage à Ju. A la base, l’artwork (réalisé par Zariel) était totalement différent et l’album devait se nommer « Arcus ». Bref, tout était prêt. Mais avec les événements, on ne pouvait pas continuer sur notre lancée comme si de rien n’était. Concernant l’identité musicale, nous avions pris la décision pendant la composition de ne pas nous mettre de barrières et d’aller jusqu’au bout de toutes nos idées. On s’est dit dès le début que ce serait un album prise de risques, c’est un choix que nous avons assumé dès le début et vu les retours que nous avons depuis sa sortie, il semblerait que ce soit payant !

– Pour clore ce triste chapitre, c’est donc Max Müller, ancien guitariste de Full ThroIle Baby et ami de Julien, qui reprend la basse. Et comme un signe du destin, il est lui aussi gaucher et joue même maintenant avec son instrument et sur son matériel. Comment cette succession, ou ce relais, a-t-il eu lieu car un tel héritage peut être lourd à porter ?

Cela s’est fait assez naturellement pour être honnête. Quand la décision a été prise de continuer BUKOWSKI, s’est posée la question du remplaçant. Nous ne voulions pas de quelqu’un de trop extérieur, nous avons toujours aimé travailler ‘en famille’. Max était très proche de Julien et ça nous semblait être le plus logique. Quand on s’est rendu compte qu’il était gaucher, on a vu ça comme un signe. Aujourd’hui, on est ravis de  l’avoir avec nous et il est le meilleur successeur que l’on pouvait imaginer.

Photo : Armen Balayan

– Outre l’émotion qui émane de « Bukowski », ce nouvel album va encore plus loin que ce que vous avez l’habitude de proposer. Sur une base Rock et Metal, on retrouve des sonorités Stoner bien sûr, mais aussi post-Rock et Hard-Core, et plus alternatives à la Pearl Jam vocalement. On a l’impression de découvrir enfin tout le potentiel et la pluralité artistique du groupe. Comment êtes-vous parvenus à une telle éclosion ?

Je pense qu’un groupe parcourt un chemin pavé d’expériences et de rencontres. On sent sur cet album les influences de chacun d’entre-nous et que nous avons essayé de mélanger du mieux possible ! Chaque membre est déterminant dans les idées de compositions et d’arrangements. Entre les arrivées de Knäk (déjà sur l’album précédent) et la mienne, les choses changent forcément ! On se sent à l’aise dans nos sessions de travail, libres d’exprimer ce que l’on veut et je pense que c’est un facteur majeur pour une création saine !

– Etonnamment, malgré tous les courants et les styles que vous abordez, BUKOWSKI fait toujours du Rock français au sens noble du terme. C’est quelque chose à laquelle vous tenez, cette identité hexagonale dans le son et l’approche ?

Oui bien sûr, on a grandi avec la scène américaine et anglaise, mais aussi avec la scène française ! Ca fait partie de notre background. Et aujourd’hui, tourner avec des poids lourds de cette scène nous rend fiers de ce qu’on fait et de ce qu’on a accompli. Alors bien sûr, on a aussi envie d’aller explorer d’autres horizons, mais on se concentre pour le moment sur l’hexagone et on verra ce que nous réserve l’avenir.

Photo : Armen Balayan

– L’une des surprises de l’album est « Arcus » et sa partie en spoken-word interprétée par votre ami, le rappeur Wojtek. C’est une première en français pour vous et on retrouve une ambiance qui rappelle la scène des années 90. D’où est venue l’idée et comment le morceau a-t-il été composé ?

On avait envie de faire un morceau avec Wojtek qui est le roi du Battle Rap français. C’est vraiment parti de ça : on voulait faire un morceau avec notre pote ! Du coup, la composition est partie de cette idée-là, à savoir une base mid-tempo avec des relents Hip-Hop notamment dans la batterie. Ensuite, comme je te le disais plus haut : pas de barrières !

– L’autre featuring est celui de Tony Rizzoh d’Enhancer et de Perfecto pour un morceau d’une rare explosivité, « Vox Populi ». C’est un aspect extrême de BUKOWSKI que l’on voit assez peu souvent. Quel sens avez-vous voulu donner à ce titre, qui semble d’ailleurs taillé pour la scène ?

C’est le même principe que pour « Arcus », c’était une envie commune que de bosser ensemble. Alors la donne était différente puisque, comme tu le dis, Toni joue avec Mathieu et moi au sein de Perfecto. Tout est donc plus facile, car on se connait par coeur ! En gros, c’est un titre qui aborde le sujet des écarts qui se creusent dans la société avec des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres. On voulait exprimer une forme de rage autant dans les textes que dans le ressenti à l’écoute ! On a pu jouer ce morceau quelques fois sur scène avec Toni, et effectivement ça marche très bien en live !

– Enfin, ce sixième opus est d’une grande intensité avec des titres très denses, chargés en émotion et dont les mélodies sont tellement touchantes qu’on a qu’une envie, c’est de le découvrir en live et dans son intégralité. Comment allez-vous constituer vos setlists ? Ca risque d’être un vrai casse-tête, non ?

Alors oui, pour être honnête, c’est déjà un casse-tête! (Rires) Nous avons joué chez nous au Forum de Vauréal pour la release party le 15 Octobre dernier et ça a été très compliqué de choisir ! Cela fait quelques temps déjà que l’on voulait proposer autre chose sur scène, comme revenir à de vieux morceaux qui n’avaient pas, ou peu, été joués en live… Du coup, choisir des morceaux du nouvel album a été compliqué ! Mais au final, on a pris la décision de jouer quasiment deux heures au Forum, ce qui a simplifié la tâche. Malheureusement, on ne pourra pas faire des sets comme celui-ci à chaque fois, donc on mettra la priorité sur la nouveauté évidemment !

L’album éponyme de BUKOWSKI est disponible depuis le 23 Septembre chez At(h)ome.

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Hard Rock

Skid Row : back in town

Débordant d’énergie, SKID ROW revient entretenir la légende avec un album d’une étonnante fraîcheur, compte tenu des tristes années passées. Les fans de la première heure devraient même succomber (à contrecœur, bien sûr !) au charme de « Gang’s All Here » sur lequel les Américains semblent même avoir enfin trouvé le chanteur adéquat, littéralement forgé dans le moule.

SKID ROW

« The Gang’s All Here »

(earMUSIC)

Autant jouer carte sur table, je suis de ceux qui pensent que SKID ROW sans Sebastian Bach n’a pas lieu d’être et, qu’au pire, c’est même une hérésie. Et pour avoir suivi, même d’une oreille lointaine, la carrière du groupe, je n’en démords pas. Cela dit, les Américains font un retour plutôt intéressant 16 ans après un « Revolutions Per Minute » fadasse et peu mémorable, où ils semblaient même creuser leurs tombes.

Nouvel album donc, et nouveau chanteur aussi… forcément ! Le sixième du quintet pour être précis. Et c’est en Suède que SKID ROW est allé dénicher son nouveau frontman. Ancien chanteur de H.E.A.T jusqu’en 2020, c’est dorénavant Erik Grönwall qui officie derrière le micro, et le choix est très judicieux. Déjà parce qu’il renvoie directement au célèbre Canadien et aussi parce qu’il incarne cette fougue et cette folie disparues.

Mais revenons à « Gang’s All Here », qui porte bien son nom, qui vient confirmer de très bonnes intentions en affichant enfin une envie et un punch retrouvés. Avec ce (seulement) sixième album, SKID ROW renoue avec un Hard Rock frontal, solide et efficace, sans pour autant tomber dans la facilité (« Hell Or High Water », « Time Bomb », « Resurrected », « Tear It Down », « World’s On Fire » et le morceau-titre). Enfin un très bon cru !

Photo : Chuck Arlund
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Heavy Rock Proto-Metal

Freedom Hawk : de cimes en cieux

Chaleureux et hypnotique, ce sixième album du quatuor de Virginie est suffisamment bluffant pour captiver sans peine tous les amoureux de gros son des années 70. Entre proto-Metal et Heavy Rock bluesy appuyé et galopant, « Take All You Can » montre un quatuor sincère et l’atmosphère très organique distillée par FREEDOM HAWK font de lui le représentant d’un style devenu bien trop rare.

FREEDOM HAWK

« Take All You Can »

(Ripple Music)

Malgré ce que sa musique pourrait laisser penser, c’est bien de la côte Est, et non de Californie, que débarque FREEDOM HAWK. Son style nous amène à imaginer de grandes fêtes sur des plages ensoleillées où les décibels font trembler une foule joyeuse. Passé d’évidents clichés, il faut bien reconnaître que « Take All You Can », sixième album du groupe, rassemble tout ça, et pour un peu, on entendrait même le bruit des vagues.

Si les oreilles de notre bon Ozzy ont dû siffler pour la première fois en 2008 à la sortie de « Sunlight », un large sourire s’est certainement figé depuis. En effet, le rapprochement entre le Prince des Ténèbres et le chanteur et guitariste TR Morton est facile et surtout crève les oreilles ! Au-delà de la filialité vocale entre les deux frontmen, FREEDOM HAWK a le bon goût de faire le lien entre plusieurs registres avec une grande et étonnante fluidité.

En enregistrant eux-mêmes « Take All You Can », les Américains réussissent à nous plonger dans une ambiance très 70’s et 80’s entre Hard Rock, Heavy Metal et des envolées guitaristiques bluesy envoûtantes. Le proto-Metal bluesy de FREEDOM HAWK est savoureux et intemporel à la fois et semble sortir tout droit d’un univers parallèle (« Age Of The Idiot », « We All Need Rock’n’Roll », « Skies So Blue », « Desert Song » et le morceau-titre). Vibratoire et positif.  

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Alternative Metal Dark Gothic MetalCore

Motionless In White : cyber-attack

Armé d’un Alternative Metal naviguant entre Gothic, Electro et MetalCore, le quintet américain s’est taillé une solide réputation en l’espace de cinq albums. Plutôt tortueux, « Scoring The End Of The World » joue les montagnes russes sur ce sixième opus très attendu, qui alterne entre violence musicale et mélodies accrocheuses.

MOTIONLESS IN WHITE

« Scoring The End Of The World »

(Roadrunner)

Après trois ans d’arrêt forcé et un « Disguise » qui lui a valu nombre d’éloges, le quintet de Pennsylvanie renoue avec son style déjanté, dont le frontman Chris Motionless se veut être la figure de proue. MOTIONLESS IN WHITE ne fait pas grand-chose comme les autres et le démontre encore sur « Scoring The End Of The World », même si celui-ci montre quelques faiblesses en termes de créativité. 

Comme toujours, la production de ce sixième opus en impose. Chaque petite parcelle d’espace sonore est occupée, ce qui laisse finalement très peu de respiration au style des Américains. D’ailleurs, MOTIONLESS IN WHITE est là pour en mettre plein la vue et démarre en trombe (« Meltdown », « Werewolf »). Pourtant, l’album montre une forte dualité, qui vient même scinder le disque en deux.

Dans une atmosphère forgée de Gothic et de MetalCore, le quintet a un peu forcé le trait sur l’Electro, basculant souvent dans une ambiance de fête foraine pesante au détriment d’une efficacité plus Metal. Au chapitre des invités, MOTIONLESS IN WHITE a convié Bryan Garris de Knocked Loose (« Slaughterhouse »), Caleb Shomo de Beartooth (« Red, White And Boom ») et Mick Gordon sur le morceau-titre. En demi-teinte.

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Heavy Psych Rock Stoner Blues Stoner Rock

Geezer : une épopée grisante

Lorsque trois musiciens sont guidés par une volonté commune elle-même portée par un groove exceptionnel, cela donne vie à l’un des meilleurs groupes de Heavy Stoner Blues de ces dix dernières années. Avec ce sixième album, « Stoned Blues Machine », GEEZER partage le plaisir de son jeu bluesy et Psych sur des morceaux addictifs et d’un feeling exceptionnel.

GEEZER

« Stoned Blues Machine »

(Heavy Psych Sounds Records)

Cosmique et Heavy, le Stoner Blues du trio new-yorkais fait de nouveau des étincelles sur le bien-nommé « Stoner Blues Machine ». Avec ce sixième album, GEEZER vient affirmer son étincelante vision d’un registre qu’il contribue à élever au fil de ses réalisations. Pat Harrington (guitare, chant), Richie Touseull (basse) et Steve Markota (batterie) repartent en croisade avec une vision bluesy très personnelle.

Cette fois encore, les Américains nous embraquent dans un voyage musical dont ils le secret sur un groove surpuissant, magnifié par l’excellente production  de Chris Bittner qui parvient à projeter GEEZER dans une autre dimension. Si le Blues reste la base du combo, « Stoned Blues Machine » va bien plus loin en explorant un espace sonore totalement investit par la créativité et la technicité du trio.

Le groupe se fond dans une détente psychédélique pourtant portée par des riffs épais où le feeling des trois musiciens met en évidence leur plaisir de jouer (« Saviours »). Entraînant, ce sixième opus avance sur des rythmiques hypnotiques et d’une incroyable fluidité (« Logan’s Run », « Broken Glass », « Stoned Blues Machine »). GEEZER transmet une joie palpable grâce à un style plein de vie. Hors-norme !

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Heavy metal

Satan : les feux de l’enfer

Par les temps qui courent, il fallait s’attendre à ce que SATAN pointe le bout de son nez. En grande forme, le légendaire combo britannique est de retour avec ce très bon « Earth Infernal », aussi fracassant et qu’inspiré. Intemporel comme toujours, le quintet balance des riffs efficaces, distille des solos endiablés et incisifs et suit son fabuleux chanteur comme un seul homme. Déjà indispensable.

SATAN

« Earth Infernal »

(Metal Blade Records)

Vétéran vénéré de la scène Heavy Metal britannique, SATAN reprend donc du service dans une époque qui semble lui aller comme un gant. Groupe incontournable de la NWOBHM depuis le début des années 80, le quintet aura subi de très nombreux changements de line-up, qu’il a stabilisé depuis sa reformation en 2011. Et malgré une influence évidente sur ses contemporains, « Earth Infernal » n’est que le sixième album du groupe.

Faisant toujours partie de Skyclad, Blind Fury, Pariah, Tysondog, Blitzkrieg et Raven, les membres de SATAN n’ont eu aucun mal à rallumer le feu des enfers. Steve Ramsey (guitare), Russ Tippins (guitare), Graeme English (basse), Sean Taylor (batterie) et Brian Ross (chant) livrent une prestation remarquable et exemplaire, tant dans les compositions qu’à travers l’excellent travail effectué sur la production, qui se veut authentique et moderne.

Quant au contenu, les Anglais abordent sans concession le thème de la crise climatique (« Earth We Bequearth », « Twelve Infernal Lords »), du caractère néfaste et cynique des tout-puissants (« Ascendancy », « Burning Portrait ») et du monde et de sa folie (« From Second Sight »). Pour le reste, l’ardeur et le tranchant des riffs et des solos, les rythmiques galopantes typiques de son jeu et ce chant habité continuent de faire de SATAN une référence.

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Metal Progressif

Persefone : une approche visionnaire

Sombre et pourtant éclatant, ce sixième et très attendu album du sextet basé à Andorre, « Metanoia », est un voyage étonnant et très percutant à travers un Metal Progressif appuyé, violent parfois, technique souvent et très mélodique. Un mélange détonnant proposé par un PERSEFONE grandiose et plein de surprises.

PERSEFONE

« Metanoia »

(Napalm Records)

PERSEFONE a la particularité d’être constitué des six personnes les plus connues de la Principauté d’Andorre, ce qui n’est pas rien. Blague à part, en l’espace de deux décennies, le groupe est devenu une valeur sûre, bien que discrète, du Metal Progressif à tendance extrême. Toujours très mélodique et doté d’une puissance phénoménale, « Metanoia » surgit cinq ans après « Aathma » et surprend encore par sa richesse.

Comme d’habitude, PERSEFONE se présente avec une production aux petits oignons, toute en finesse et pleine de relief. Et on doit cette belle mise en lumière à David Castillo (Leprous, Soen, Opeth) pour le mix et à Tony Lindgren (Enslaved, Sepultura) pour le mastering. Dire que « Metanoia » sonne parfaitement est un doux euphémisme, mais l’essentiel reste la musique et le groupe frappe encore très fort. 

Dans une multitude de paysages sonores et musicaux, les Andorrans brillent par la force de leurs nouvelles compositions où le Metal Progressif se fond dans des ambiances Death et brutales et d’autres plus légères et presque rêveuses (« Katabasis », « Merkabah »). PERSEFONE éblouit carrément sur « Consciousness Pt.3 » et conclue magnifiquement ce nouvel opus avec les trois actes d’« Anabasis ». Exemplaire et indispensable.

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Metal

Downright Malice : ample et affûté

Plutôt que de s’engouffrer dans un seul et unique registre, le quintet français a préféré s’en approprier plusieurs, tout en restant dans un Metal sans limite et sans frontière. Avec ce nouvel album, DOWNRIGHT MALICE met un gros coup de latte dans la fourmilière métallique et « Mechanica Temporis » s’avère véloce et rugueux.

DOWNRIGHT MALICE

« Mechanica Temporis »

(Independant)

Les Alsaciens ont commencé à frapper le fer en 1987 et ne l’ont pas laissé refroidir. Depuis, DOWNRIGHT MALICE a écumé les scènes aux côtés de grands noms et se présente aujourd’hui avec un sixième album très actuel, qui marie de multiples courants issus du Metal, allant du Heavy au Thrash en passant par le Groove et le Death. Un vaste horizon que le groupe traverse avec aisance.

Fort d’un duo vocal solide et complémentaire, où se conjuguent à la fois puissance et agressivité, DOWNRIGHT MALICE dispose de solides atouts, d’autant que sa rythmique et son guitariste se montrent nerveux et massifs tout au long des dix morceaux de « Mechanica Temporis ». On notera au passage une autoproduction de haut vol et très équilibrée, qui sert très bien l’ensemble.

Débordant d’énergie tout en mettant l’accent sur des mélodies accrocheuses, DOWNRIGHT MALICE joue sur de multiples influences, essentiellement scandinaves pour le chant, et très teutonnes surtout en ce qui concerne les riffs. Entre passages épiques et galopants, breaks bien sentis et changements de tempos efficaces, les dix titres de ce nouvel album ne manquent pas de vigueur et invitent au headbanging. Bien joué !  

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Alternative Rock Rock US

Daughtry : back to Rock

Ce sixième album de DAUGHTRY vient sonner la fin de la récréation très mielleuse infligée par le chanteur américain depuis quelques temps. Avec « Dearly Beloved », le frontman à la voix incroyable renoue avec de puissantes rythmiques et d’énormes guitares, le tout sur une production exceptionnelle de bout en bout : l’un des albums de Rock US Alternatif le plus brillant depuis très longtemps.

DAUGHTRY

« Dearly Beloved »

(Dogtree Records)

Oui, je sais que sur ses deux derniers albums, Chris DAUGHTRY s’était perdu dans une sorte de soupe très Pop, acidulée, gavée de synthés et de mièvreries. Mais le garçon s’est repris et, sans tomber dans un Metal extrême non plus, renoue avec un Rock US Alternatif de bonne facture et percutant à souhait. Certes, l’Américain livre toujours des ballades très radio-friendly, mais beaucoup moins.

Nettement plus sombre et profond que sur les précédents albums, DAUGHTRY envoie un son lourd sublimé par une production cristalline et puissante : un vrai modèle du genre comme on n’en voit plus beaucoup. Apparu sur le « Live From Red Rocks » de Nickelback récemment avec le titre « Savin’ Me », le chanteur se rapproche cette fois encore de ceux qui ont été un exemple pour lui, et il excelle dans le domaine.

Accrocheurs et fédérateurs, les morceaux de « Dearly Beloved » mettent en valeur l’incroyable voix de DAUGHTRY, qui est plus convaincant que jamais (« Desperation », « World On Fire », « Heavy Is The Crown »). Imparable lui aussi, le mur de guitares est massif et écrasant… enfin ! Les titres s’enchainent et se font plus menaçants et efficaces (« Asylum », « Evil », « The Victim »). Ce nouvel album fait beaucoup de bien et c’est tout ce qu’on lui demande.