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Alternative Rock France Grunge Heavy Rock

Stubborn Trees : une ténacité constante [Interview]

Tout en variation, à la fois puissant, percutant et délicat, le quatuor sort enfin son premier album, après s’être aguerri le temps de deux formats-courts. Comme le signifie son nom, STUBBORN TREES s’adapte, ajuste son jeu et livre avec « The Stronger The Wind… », une réalisation très aboutie, où viennent se rejoindre des styles aussi Rock que Metal, et aussi moderne que respectueux d’influences du siècle passé. Le résultat débouche sur un Alternative Rock véloce et ferme, et dont l’énergie se propage aussi à travers un duo vocal talentueux et complémentaire. Entretien avec un groupe qui fait souffler un vent frais sur la scène hexagonale.

– Pour vous suivre depuis vos débuts, ce qui m’a agréablement surpris en écoutant ce premier album, c’est que le brassage des genres que STUBBORN TREES pratique depuis 2020 est aujourd’hui parfaitement réussi et surtout très cohérent. Pensez-vous qu’il était nécessaire de passer par deux EPs pour atteindre définitivement votre identité musicale ?

Probablement. Au départ, on avait une douzaine de maquettes et on pensait faire un album, ce qui nous été fortement déconseillé. Avec le recul, c’était un bon conseil, car produire ces deux EPs nous a apporté de l’expérience et nous a permis d’affiner notre identité sonore. Les live qui ont suivis « Roots », notre dernier EP, nous ont aussi influencé pour les futures compositions.

– Justement, en restant sur le même propos, est-ce peut-être aussi cela qui vous suggéré de ne pas vous précipiter pour sortir ce premier album et d’arriver aujourd’hui avec un « The Stronger The Wind … » très mature, qui vous ressemble vraiment et qui est très homogène ?

Oui sans doute, nous avons aussi appris à mieux nous connaître tous les quatre, à mélanger nos influences tout en allant dans la même direction. Le travail de répétition et de résidence pour les lives nous a fait gagner en cohérence et en complicité. Les concerts nous ont aussi donné envie d’ajouter une touche un peu plus Metal sur certains morceaux. J’imagine que ces deux EPs et cette expérience scénique nous ont effectivement fait gagner en maturité.

On a aussi pris du temps pour travailler sur la direction à donner à cet album. Il nous a fallu décider de la structure finale des morceaux, des arrangements, pour ensuite tout réenregistrer au propre ! Sans compter l’écriture des textes, la création de la ligne graphique de l’album et l’écriture des clips. Un album, c’est long à faire, surtout en autoproduction !


– On retrouve sur ce premier album tout ce qui constitue l’univers musical de STUBBORN TREES avec un mix savamment dosé de Rock bien sûr, et aussi de Grunge, de touches bluesy et d’accents Metal. Actuellement le terme ‘Alternative Rock’ est assez galvaudé et pourtant il prend ici tout son sens. L’objectif est-il d’englober l’ensemble de votre culture musicale respective et personnelle à travers la musique du groupe ?

Oui, on aime le Rock dans sa globalité, des années 60 à nos jours, en passant par tout un tas de courants comme le Punk Rock, le Grunge ou le Metal. Julien (Le Page, guitare – NDR) apporte même des petites touches de Funk. Tout ça se mélange et se retrouve dans notre musique. On fait aussi attention à ne pas mettre sur un même album deux morceaux qui se ressemblent trop. On pense que cette diversité est importante et nous définit complètement.

– Il y a aussi chez STUBBORN TREES une belle saveur 90’s, qui évite d’ailleurs soigneusement les sonorités vintage pour rester très actuelle. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous êtes restés très vigilants au moment de l’enregistrement, ou était-ce plus simplement déjà intégré à votre approche musicale ?    

C’est une chose à laquelle on avait bien réfléchi avant d’enregistrer. Même si une partie de nos influences se situe dans les 90’s, on est un groupe actuel et on voulait vraiment avoir un son moderne.

– STUBBORN TREES a aussi la particularité de présenter une chanteuse et un chanteur au lead. Cela aurait pu déstabiliser la ligne artistique en raison d’évidents changements de tonalités, mais vous vous complétez au contraire très bien. Est-ce que chacun interprète les chansons dont il a lui-même conçu le texte, ou composez-vous et écrivez-vous ensemble ?

Chacun interprète les morceaux qu’il a composés. Quand on sélectionne les chansons pour préparer un album, on choisit les meilleures, peu importe qui les chante et ensuite on les travaille ensemble, tous les quatre. On ajoute également pas mal de chœurs, donc les deux voix sont présentes sur chaque morceau.

Concernant les textes, on commence à les travailler chacun de notre côté. Ensuite, Laurie (Prévot, basse – NDR) les finalise. On a aussi fait appel à une coach en chant anglais, Virginie Coutin, avec qui on a peaufiné les accents toniques et quelques tournures de phrases.

– D’ailleurs, en travaillant sur vos morceaux et sur la tracklist du disque, est-ce que vous avez pensé, par exemple, que les morceaux chantés par Laurie pouvaient être des moments de passage et de transition grâce à son timbre plus doux, afin d’articuler l’album dans un certain sens ?

Oui, tout à fait, nous avons longuement travaillé la tracklist ! C’était très important de proposer un voyage musical. On avait envie d’accrocher l’auditeur dès le début avec des morceaux punchy, puis de proposer des respirations, d’alterner les ambiances énervées et plus calmes, pour regagner en intensité sur la fin.

– On vous retrouve aussi tous les deux (avec Yann Eléouet) aux chœurs sur toutes les chansons (et avec votre batteur Camille Barsamian !), mais curieusement, il n’y a pas de véritable duo. Vos morceaux ont-ils des directions artistiques qui ne le permettent pas, ou c’est un exercice que vous n’avez pas souhaité expérimenter ici, et que vous faites d’ailleurs peut-être en live ? 

C’est vrai qu’il n’y a pas de duo à proprement parler. C’est certainement dû au fait qu’on compose chacun de notre côté. C’est quelque chose qu’on aimerait bien expérimenter plus tard.

– Même si STUBBORN TREES n’est pas un groupe à proprement Metal, vous aviez confié le mix de « The Stronger The Wind… » à Fred Duquesne qui, lui, est issu de ce milieu. C’est un choix qui peut surprendre. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire appel à lui ?

Yann avait très envie de travailler avec Fred, dont il apprécie particulièrement le travail. Il est très polyvalent. Il mixe aussi bien dans des registres plus Pop Rock comme Empyr, ou Metal comme Ultra Vomit. On avait besoin de ces deux atouts pour retranscrire les dynamiques de nos morceaux, à la fois mélodiques et puissantes. Il a tout de suite compris notre son et a su mettre en valeur les subtilités de nos compositions.

– L’une des particularités de STUBBORN TREES est bien sûr son côté écologique à commencer déjà par votre nom. Vous avez donc un lien particulier à la nature. Comment cela se traduit-il dans votre démarche artistique ? Et êtes-vous plutôt comme le bambou qui fléchit sans se briser ou le gigantesque séquoia géant multimillénaire et indéboulonnable ? 

STUBBORN TREES signifie les arbres têtus. Ils poussent malgré les obstacles, ils les englobent, ou les contournent, et trouvent toujours un moyen de continuer leur route. Ce serait donc un mix entre les deux, un arbre avec une forme étrange, riche de toutes ses expériences et tenace !

Dans notre démarche artistique, ça se traduit par certains de nos textes qui parlent d’urgence climatique, mais aussi par de la récup’ de décor d’un clip à l’autre. On fabrique beaucoup de choses nous-même et on ne jette rien.

– Enfin, j’aimerais qu’on dise un mot sur cet esprit DIY que vous cultivez et qui vous caractérise aussi. C’est important pour vous d’être présents à toutes les étapes, de la conception jusqu’à la pochette de l’album ? Et puis, vous sortez aussi « The Stronger The Wind… » en autoproduction… C’est un désir de liberté totale ?

En effet, on est très DIY. Ce projet est artistiquement complet. On compose la musique, on écrit les textes, on réalise nos visuels et nos clips. Effectivement, le fait de maitriser tous les aspects du travail nous offre une liberté totale et nous permet de créer un projet artistique cohérent avec notre univers.

L’album de STUBBORN TREES, « The Stronger The Wind… » est disponible sur le site du groupe et sur toutes les plateformes :

Photos : Youri Lenquette

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Acoustic Rock

Seraina Telli : une simplicité passionnée

Depuis qu’elle mène sa carrière comme bon lui semble, l’artiste helvète va de surprise en surprise. Ayant délaissé le Metal pour un Rock plus mélodique, mais efficace et dynamique, SERAINA TELLI peaufine et approfondi son style. Avec « Black’n’White Sessions », ce sont d’autres nuances de ses deux productions, « Simple Talk » et « Addicted To Color », qu’elle parcourt plus sobrement, mais avec beaucoup de sincérité. Produit avec Rico Horber, ce double-album, où les invités se succèdent, est peut-être le plus abouti depuis ses débuts en solo.

SERAINA TELLI

« Black’n’White Sessions »

(Metalville Records)

Cinq ans plus tard, on en aurait presqu’oublié que SERAINA TELLI fut la frontwoman de Burning Witches, tant elle a réussi à imposer un style très personnel dans un registre plus Rock, mais toujours aussi solide. Resplendissante sur « Addicted To Color » l’année dernière, elle réapparait cette fois avec un troisième album assez spécial et très acoustique où l’on découvre une autre facette de la chanteuse et guitariste. En effet, elle a décidé d’offrir des versions épurées, et pleines d’énergie, de ses chansons.

« Black’n’White Sessions » est constitué des meilleurs morceaux de ses deux premières réalisations, 15 titres au total auxquels SERAINA TELLI a réservé un traitement plus intime. Et la Suissesse ne donne pas pour autant dans une ambiance feu-de-camp. S’accompagnant à la guitare et au piano avec quelques percussions sur certains titres, elle se montre d’une puissance étonnante et confirme, pour ceux qui en douteraient encore, qu’elle est une grande chanteuse. Et le deuxième CD en est d’ailleurs la preuve éclatante.

Car la seconde partie de « Black’n’White Sessions » présente plusieurs duos de haut vol, l’occasion à nouveau pour la multi-instrumentiste de laisser parler sa puissance vocale. Captivante avec Clementine Delaunay de Visions Of Atlantis, Anna Murphy (ex-Eluveitie, Cellar Darling) ou Lee Aaron, SERAINA TELLI joue aussi sur les contrastes avec Chris Boltendahl de Grave Digger, Britta Görtz et John Diva notamment. Très polyvalente, elle s’impose avec force et passion. Un très beau et très positif double-album.

Retrouvez le chronique de « Addicted To Color » :

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International Soul Southern Blues Rock

Warren Haynes : l’alchimiste [Interview]

Ancien membre du Dickey Betts Band, puis guitariste au sein du mythique Allman Brothers Band, WARREN HAYNES guide depuis une trentaine d’années maintenant Gov’t Mule. Réputé pour son jeu identifiable entre tous et une générosité musicale incroyable (la durée de ses concerts en témoigne !), le natif d’Asheville en Caroline du Nord mène en parallèle une carrière solo, qui lui offre la liberté de se détacher un temps de son groupe. Avec « Million Voices Whisper », le Southern Blues Rock de l’Américain prend des couleurs Soul, également jazzy et funky, et le line-up affiché a de quoi laissé rêveur… Entretien avec un musicien attachant, généreux et d’une rare authenticité.

– Dix ans après « Ashes And Dust », on te retrouve enfin avec un nouvel album solo. Cela dit, tu as aussi été très actif avec Gov’t Mule autant sur disque que sur scène. Lorsque tu t’es mis à la composition de « Million Voices Whisper », quel était l’intention de départ, car il est assez différent de ce que tu as déjà fait en solo et même en groupe ?

En fait, je ne ressens le besoin d’enregistrer un album solo que si j’ai écrit suffisamment de chansons différentes de Gov’t Mule, et qui me semblent fonctionner ensemble. La plupart de ces morceaux ont été écrits au cours des deux ou trois dernières années. Mais certaines remontent à la période du confinement dû au Covid, lorsque j’ai écrit la plupart des chansons de « Heavy Load Blues »et de« Peace…Like A River ». Bien que je reconnaisse que cet album est très différent de mon dernier album solo « Ashes And Dust », je pense qu’il est un peu dans la lignée de « Man In Motion », dans le sens où ils sont tous deux inspirés et influencés par la musique Soul.

– Le premier sentiment qui émane très clairement de l’album est une notion de partage qu’on retrouve justement dans cette approche plus Soul et une atmosphère générale peut-être plus douce aussi. C’est pour obtenir ce son et cette sensation que tu as souhaité produire toi-même « Million Voices Whisper » ?

L’album a commencé sur une sorte d’ambiance façon ‘Muscle Shoals’, basée sur les premières chansons que j’avais écrites pour le projet. Mais au fur et à mesure que j’écrivais de plus en plus de morceaux, il semblait évoluer dans plusieurs directions différentes, ce que j’adore. Il y a donc des influences Jazz et Funk et, évidemment, une partie de mon côté songwriter et chanteur de Southern Rock et de Blues est également représentée ici.

– Pour obtenir cette touche Southern Blues Rock très ‘soulful’, tu t’es aussi entouré d’amis à savoir John Medeski aux claviers, le batteur Terence Higgins et Kevin Scott à la basse. A vous entendre, on a l’impression qu’un autre line-up n’aurait pas pu atteindre une telle complicité et une harmonie aussi limpide. La clef était-elle aussi dans la proximité entre vous ? 

C’est le groupe que j’avais imaginé pour cette musique et il s’est avéré que tout le monde était disponible à ce moment-là. J’avais joué avec chacun d’entre eux individuellement, mais nous n’avions jamais joué ensemble avant de faire ce disque. Nous avons tout de suite senti que l’alchimie était excellente. Et puis, je préfère toujours enregistrer avec tout le monde dans la même pièce jouant en live. Pour ce genre de musique, c’est la meilleure solution et la meilleure façon de faire.

– L’album contient également plusieurs clins d’œil à quelques unes de tes références que les connaisseurs retrouveront sans mal. Il y en a une qui s’étend presque sur tout le disque, c’est celle de Dickey Betts, à qui « Million Voices Whisper » est d’ailleurs dédié. Que représente-t-il en quelques mots pour toi ? Un modèle de musicalité ? Un mentor ? Un son unique aussi peut-être ?

Dickey a eu une énorme influence sur moi avant même que je le rencontre. Nous nous connaissions depuis mes 20 ou 21 ans. Il m’a soutenu dès le début et m’a finalement donné la plus grande chance de ma carrière en m’intégrant dans le Allman Brothers Band. Dickey a créé son propre style de jeu de guitare, ce qui est probablement la plus grande réussite qu’un musicien puisse atteindre. Et, en effet, je rends hommage à son style sur plusieurs chansons de l’album.

– Et puis, il y a « Real Real Love », une chanson initialement coécrite avec Gregg Allman que tu as terminée en respectant l’esprit de départ. Comment as-tu abordé cette nouvelle écriture, et que tenais-tu absolument à restituer ?

Gregg avait commencé « Real Real Love » il y a longtemps et me l’avait montré à un moment donné, mais ce n’était qu’un brouillon. Après son décès, j’ai retrouvé une copie des paroles qui n’étaient pas achevées et j’ai été suffisamment inspiré pour les terminer et ajouter la musique. Cela s’est fait très rapidement finalement. Et j’ai pu honorer son esprit et son style d’écriture et de chant d’une manière que je n’avais jamais fait auparavant à ce point. Et la présence de Derek (Trucks – NDR) dans le studio pour l’enregistrement a contribué à donner vie à la chanson. C’était magnifique.

– Justement, celui qui occupe une place de choix, c’est bien sûr Derek Trucks avec qui tu as une complicité de longue date. Au-delà de l’aspect strictement musical, les chansons où il est à tes côté donnent l’impression qu’elles n’auraient pas eu la même saveur dans lui. En quoi son rôle est-il ici si important, au-delà des morceaux joués ensemble et de la co-production de ceux-ci ?

Nous avons tous les deux une alchimie musicale unique, qui existe depuis longtemps et qui ne fait que s’améliorer avec le temps. C’est presque comme si nous étions capables de finir les pensées de l’autre, musicalement parlant. La plupart de nos échanges sur scène et en studio sont tacites et c’est très spécial. Je suis vraiment très enthousiaste par la tournure prise par les chansons sur l’album.

– Il y a une autre émotion globale qui émane de l’album, c’est son aspect très positif avec une sérénité presqu’apaisante. « Million Voices Whisper » est à la fois posé, mais alerte, et aussi tonique que terriblement vivant. C’est ce que tu as voulu dire avec ce titre ? S’éloigner de toute résignation ?

Le titre vient de la chanson « Day of Reckoning ». La première ligne du refrain est « Des millions de voix murmurent, de plus en plus fort quand elles chantent. Des millions d’esprits attendent le jour du jugement ». Je pense que cela résume en quelque sorte le sentiment général de l’album. Il s’agit avant tout de parler de changement positif.

– Les plus chanceux peuvent aussi profiter de quatre morceaux supplémentaires sur l’Edition Deluxe où l’on retrouve aussi tes compagnons Lukas Nelson et Jamey Johnson sur le phénoménal « Find The Cost Of Freedom », où s’enchaine « Day Of Reckoning » très naturellement. C’est la même configuration que l’on retrouve sur l’un des moments forts de l’album « Lies, Lies, Lies > Monkey Dance > Lies, Lies, Lies ». Tu vois ces chansons comme une continuité l’une de l’autre, ou es-tu guidé à ce moment-là par cet esprit jam que tu adores ?

C’est vrai que j’aime toujours aborder les chansons avec une configuration et une approche live, ce qui signifie parfois passer d’une chanson à une autre, puis revenir à la chanson initiale. C’est quelque chose qui arrive plus souvent sur scène, mais je pense que c’est intéressant même dans un environnement de studio. Cela renforce le concept de liens entre les chansons.

Le nouvel album solo de WARREN HAYNES, « Million Voices Whisper », est disponible chez Fantasy Records.

Retrouvez aussi la chronique de ce nouvel l’album…

… et celles de ceux de Gov’t Mule :

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Psych Prog Rock 70's Soul / Funk

Rosalie Cunningham : out of time

Comme toujours, la vie rayonne de gaieté sur ce nouvel opus de ROSALIE CUNNINGHAM. Avec « To Shoot Another Day », la Britannique nous plonge dans les 70’s avec une joie omniprésente. Très riche musicalement et d’une énergie contagieuse, ses chansons ont ce point commun de toutes évoluer dans une ambiance très psychédélique, progressive aussi,  avec une liberté éclatante et sans se soucier vraiment d’une certaine nostalgie palpable, mais dont elle joue d’ailleurs avec malice et une désinvolture très élégante.

ROSALIE CUNNINGHAM

« To Shoot Another Day »

(Esoteric Recordings)

Décidemment, depuis le split de son groupe Purson en 2016, celle qui a aussi joué avec Jack White, vit un début de carrière en solo épanouissant. Après un premier album en 2019 suivi de l’excellent « Two Piece Puzzle » (2022), ROSALIE CUNNINGHAM a même sorti le très bon « Live At Capela » dans la foulée et nous revient aujourd’hui avec son troisième effort studio. Une fois encore, la jeune Anglaise se montre aussi surprenante que talentueuse et l’audace musicale dont elle fait preuve est juste incroyable.

La chanteuse, multi-instrumentiste et compositrice fait preuve d’une créativité débordante et « To Shoot Another Day » nous ballade dans des contrées Psych entre Rock, Soul, Funk et Blues avec une saveur vintage aussi délicate qu’authentique. Comme d’habitude, ROSALIE CUNNINGHAM s’est occupée de tout dans son home-studio avec la complicité de son guitariste et compagnon Rosco Wilson, qui a co-écrit quatre morceaux et participé au mix. Et les ambiances sont variées et chaleureuses pour devenir vite addictives.

Cela n’aura échappé à personne, le titre de cette nouvelle réalisation est un clin d’œil au légendaire James Bond, dont le thème de « Die Another Day » est repris dès le premier titre éponyme. Et l’atmosphère très cinématographique que l’on retrouve aussi sur la pochette se propage sur l’ensemble du disque à travers des chansons très soignées, pleines de paillettes sonores scintillantes et parfois dramatiques. Vocalement, ROSALIE CUNNINGHAM fait une véritable démonstration alternant fougue et douceur avec beaucoup de sensibilité.

Photo : Blackham Images

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Hard FM Hard Rock

Mystery Moon : lumineux

Des refrains entêtants, un frontman étincelant, des riffs et des solos tranchants et millimétrés et un groupe au diapason, il n’en fallait pas plus pour mettre MYSTERY MOON sur de bons rails. Chevronné et expert en la matière, le binôme Pfeffer/Lundgren fonctionne à merveille et fait de ce premier effort un modèle du genre. Solide et percutant, le Hard FM a l’œuvre sur « Shine » s’inscrit dans une belle tradition et vient démontrer que le style a encore quelques beaux jours devant lui grâce à son côté attachant et si intemporel.

MYSTERY MOON

« Shine »

(Pride & Joy Music)

Il y a des rencontres qui font des étincelles et qui débouchent sur de bien belles choses. Sur « Shine », la connexion entre le guitariste et compositeur Markus Pfeffer (Lazarus Dream, Barnabas Sky, Atlantis Drive) et le chanteur Rob Lundgren (Mentalist) n’a pas été longue à se s’installer. Alors que le frontman suédois avait convié le musicien allemand à enregistrer une chanson pour son groupe Barnabas Sky, l’entente a été telle que le duo s’est lancé dans l’élaboration et la composition d’un album complet, donnant naissance à MYSTERY MOON.

Et pour mieux sceller cette union artistique, le duo a fait appel à quelques pointures pour l’accompagner sur ce « Shine » inspiré et vivifiant. Derrière les fûts, Thomas Rieder (Lazarus Dream), aux claviers Thomas Nitsche sur trois titres et notre Jorris Guilbaud national (Heart Line), sur la version piano de « Moment Of Life », forment MYSTERY MOON, tout comme Stephan Hugo, Jürgen Walzer et Sabrina Roth qui font les chœurs, ainsi que la flûte pour cette dernière. La formation internationale a fière allure et se montre plutôt bien huilée.

Signe d’une grande maturité, ce premier opus s’ouvre sur « Now’s The Time » et ses sept minutes mélodiquement imparables. Basé sur un Hard Rock très 90’s dont la ressemblance avec Bon Jovi n’échappera à personne, MYSTERY MOON fait preuve de beaucoup de fraîcheur et de dynamisme. Mixé par Pfeffer, « Shine » est très accrocheur et c’est bel et bien le Hard Rock qui domine. Parmi les morceaux, on retiendra notamment « The Hidden Magic », « The Mystery », « Mindset », « Sudden Rupture » et « Stars A Million Miles Away ».

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Blues Rock Heavy Blues

Winter Blues Band : grand bleu

Sur la West Coast hexagonale sévissent trois bluesmen larges d’esprit et qui ont décidé d’explorer de fond en comble leur style préféré, franchissant allègrement les frontières du genre. Très fourni dans les ambiances comme dans le nombre de chansons, « Tale Of A Lone Lil’ Boy » passe du Texas à l’île du Shamrock et de la slide aux vibrations funky et orientales avec talent. WINTER BLUES BAND se dévoile sans retenue sur un premier effort, qui fait plus que tenir la route.

WINTER BLUES BAND

« Tale Of A Lone Lil’ Boy »

(Independant/Inouïe Distribution)

En cinq ans d’existence, le power trio originaire de Charente Maritime a écumé de nombreuses scènes, participé à de multiples tremplins et foulé les planches de quelques festivals de renom. Après un EP de six titres en 2021, WINTER BLUES BAND sort donc son premier album, « Tale Of A Lone Lil’ Boy », constitué tout de même de 15 morceaux originaux, qui offrent un beau voyage à travers un Blues Rock riche, parfois rugueux, et toujours inspiré. Les sonorités y sont très changeantes et les atmosphères brûlantes.

Composé de Cyril Babin à la basse, Sébastien Jonckeere à la batterie et de Quentin Winter à la guitare et au chant, et qui a également composé tous les titres, WINTER BLUES BAND n’a pas vraiment des allures de débutant. Car si les références et les influences sont nombreuses et facilement détectables, le groupe en a fait une force et parvient aisément à trouver son style, grâce à un jeu sans complexe et varié. Avec quelques invités qui viennent apporter une touche d’âme supplémentaire, « Tale Of A Lone Lil’ Boy » se dévore littéralement.

Tout en feeling et avec une touche très personnelle, WINTER BLUES BAND nous rappelle au bon souvenir de Johnny Winter pour l’élégance, SRV et Popa Chubby pour la fougue et le goût du riff imprévu et, cerise sur le gâteau, Rory Gallagher pour les subtiles effluves irlandaises qui émanent harmonieusement de « Tale Of A Lone Lil’ Boy ». Passant d’un Blues classique à une approche plus Heavy, le combo est d’une réelle générosité et l’énergie déployée grâce à une technique imparable rend cet opus captivant. Bravo !

Photo : Andy Corbras

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Heavy metal Old School Progressive Heavy Metal

Diamonds Hadder : mystic Metal

Jouant sur une personnalité assez énigmatique, puisqu’il est question de l’ici de l’histoire de son protagoniste ‘Johnathan Hadder’, John Evermore entend bien perpétuer la tradition d’un Heavy Metal tranchant, épique et légèrement cinématographique. Sur des mélodies accrocheuses, des parties de guitares dynamiques et brûlantes et des changements de tempos aussi surprenants que véloces, DIAMONDS HADDER se livre à un voyage musical introspectif entre classicisme à la Dio pour la voix et une profondeur progressive héritée notamment de Fates Warning.

DIAMONDS HADDER

« Beyond The Breakers »

(No Remorse Records)

Je ne suis habituellement pas très adepte des one-man-bands, surtout de nos jours où l’informatique fait déjà la loi et où l’IA commence aussi à augmenter les dégâts. Le progrès à la place de la créativité, c’est ce que subit la musique au quotidien. Mais il reste encore quelques artistes étonnants qui osent d’aventurer sur des sentiers déjà bien balisés pour y apporter un petit quelque chose d’autre, un petit grain de folie. Et c’est exactement ce que propose John Evermore, alias DIAMONDS HADDER, avec « Beyond The Breakers ».

Loin justement de remplir l’espace sonore en empilant les pistes instrumentales pour un résultat d’une exemplaire platitude, comme c’est la norme, ce premier album est au contraire très organique, un brin vintage et interprété de main de maître. Le musicien y joue tous les instruments, et même très bien, s’est aussi occupé de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier bien sûr l’écriture et la composition. Et surtout, DIAMONDS HADDER nous ramène à des sonorités familières entre Heavy Metal et Hard Rock.

Egalement au chant, l’Américain, basé à Los Angeles, a imaginé et réalisé un opus en forme de conte et doté d’une narration riche et dynamique. Et l’on doit ce son si authentique sans doute au fait que « Beyond The Breakers » ait été enregistré dans une usine abandonnée, ce qui lui confère cette atmosphère si particulière. DIAMONDS HADDER ne manque pas non plus de (bonnes) références et nous fait naviguer du côté de chez Rainbow, Savatage, Queensrÿche, voire Iron Maiden. Une belle odyssée classique et progressive.

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Post-Metal Sludge

Alta Rossa : une obscure démesure

Si ALTA ROSSA a choisi un autre angle d’attaque pour ce ténébreux « A defiant Cure », il reste musicalement aussi radical et sauvage, ce qui n’empêche d’ailleurs pas les nuances… et elles sont nombreuses. Très loin du défouloir qu’il peut inspirer de prime abord, ce deuxième opus des Français est constitué de frappes chirurgicales, assénées avec fermeté, et il nous propulse dans des passages très changeants, assommants et littéralement perforants. Une expérience qui devient de plus en plus unique, tant elle est menée avec brio.

ALTA ROSSA

« A Defiant Cure »

(Source Atone Records)

Il y a deux ans, ALTA ROSSA avait signé ses débuts avec le dévastateur « Void Of An Era », un premier opus fracassant taillé dans un post-Metal tentaculaire. La barre était haute et pourtant elle est largement franchie. «  A Defiant Cure » vient confirmer les intentions et surtout l’identité musicale du groupe qui, elle aussi, va puiser dans les tréfonds du Sludge, du Black Metal et du Hard-Core. Pour ce qui est de la rage et de la colère qui animent le combo depuis sa création, elles sont intactes et probablement même renforcées, grâce à un objectif musical mieux ciblé.

Si habituellement, les formations de post-Metal jouent beaucoup sur l’aspect aérien du genre, chez ALTA ROSSA, le côté atmosphérique est plutôt lourd et pesant. Froid et noir, « A Defiant Cure » se veut pourtant plus positif que son prédécesseur. Là où « Void Of An Era » était un constat brutal sur notre époque, il est question ici d’un appel à la rébellion afin de vaincre cet obscurantisme ambiant. Et la vision du quintet de Besançon n’appelle pas vraiment à un changement en douceur, car dès « Exalted Funeral », la tempête bat son plein et ce n’est que le commencement.

Massive et cinglante, la doublette de guitariste offre vélocité et puissance, tandis que la rythmique basse/batterie se montre impériale et martèle avec force et assiduité. Avec un frontman qui se montre imposant, les titres prennent des allures monumentales. ALTA ROSSA offre tout de même deux courtes respirations avec « Minotaur » et « Where We Drown Our Nightmares » », qui encadre le génial « The Art Of Tyrant #slash #The Minotaur » et frayent un passage pour la seconde partie du disque. « A Defiant Cure » devient vite très obsédant (« The Emperors », « Stratisfaction », « Fields Of Solar Flames »). Vertigineux !

Photo : Mathilde Dupanloup

Retrouvez la chronique du premier album :

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Desert Rock Drone International post-Rock

SoftSun : l’art de la patience [Interview]

Est-ce par désir de quitter une certaine zone de confort musicale, ou alors pour en découvrir vraiment une toute nouvelle qui leur permettrait de pouvoir pleinement s’exprimer que Pia Isa (chant, basse) et Gary Arce (guitares) se sont retrouvés dans un registre bien à eux ?  Accompagné par Dan Joeright (batterie), le trio mêle post-Rock et Dronegaze dans des atmosphères très Desert Rock. Avec SOFTSUN, ils explorent et expérimentent, tout en affichant sur « Daylight In The Dark » des sensations très libres et aériennes, portées par la voix éthérée de sa frontwoman et avec une incroyable fluidité. Rencontre avec deux musiciens, dont l’osmose et la complicité artistique ne font aucun doute.

– Avant de parler de ce premier album de SOFTSUN, j’aimerais que l’on revienne en 2020, lors de notre rencontre virtuelle pour le premier projet solo de Pia. Avec le recul, quel souvenir en gardez-vous tous les deux et à quel point votre vision commune de la musique vous a paru si évidente ?

Pia : Nous nous souvenons tous les deux très bien de nos premières discussions sur le sujet pendant le Covid en 2020. Gary a été l’une des toutes premières personnes à qui j’ai joué un de mes propres morceaux. Et je me souviens avoir pensé lui demander de jouer dessus, mais je me suis dégonflée. (Sourires) Et quelques jours plus tard, il m’a demandé s’il pouvait essayer de jouer quelque chose et j’étais super excitée, bien sûr.

Gary : Je suppose que nous sommes tous les deux attirés par la musique douce, ouverte et spatiale et où la patience est nécessaire pour laisser les notes vraiment respirer. Et même si nous avons des approches parfois différentes sur le sujet, cela semble être une très bonne combinaison.

– Après une collaboration sur les deux albums solo de Pia, vous vous rencontrez enfin pour la première fois en personne l’an dernier. J’imagine que cela facilite les échanges artistiques et personnels aussi. A quel moment avez-vous commencé à parler du projet SOFTSUN ?

C’est tout à fait vrai. En fait, nous avons commencé à parler de faire de la musique ensemble pas mal de temps avant de nous rencontrer en personne. Mais quand nous nous sommes enfin rencontrés, tout est arrivé naturellement et s’est passé assez vite.

– Vous venez d’horizons musicaux assez différents, mais qui se rejoignent finalement assez souvent. De quelle manière avez-vous décidé et mis au point la direction musicale du groupe ?

Tu sais, la musique se fait de manière très organique entre nous. Nous jouons simplement avec notre cœur et nous aimons tester toutes les idées qui nous viennent à l’esprit.

– Tout est donc allé très vite. Mais il faut une incroyable complicité pour enregistrer un album en deux jours et demi et seulement trois répétitions. Comment expliquez-vous cette maturité artistique qui émane de « Daylight In The Dark » ?

Pia : C’est vrai. Nous avions déjà écrit quelques chansons avant que je ne parte en Californie pour la première fois. Mais nous avons écrit très vite ensemble, et après quelques séances de composition, tout s’est mis en place très naturellement lors des répétitions, puis ensuite en studio. Pour nous, il s’agissait simplement de vraiment nous connecter et de nous entendre parfaitement.

– Pia, avais-tu déjà enregistré les voix chez toi en Norvège avant d’arriver en Californie ? Est-ce que ce sont des éléments peut-être fournis par Gary en amont qui t’ont guidé dans l’écriture, ou au contraire, la musique a-t-elle été composée en fonction des paroles ?

Pia : En fait, j’ai enregistré les voix en Norvège après avoir enregistré l’album en Californie. Puis, nous avons enregistré quelques nouvelles chansons pour une autre sortie lors de mon nouveau voyage de retour. Certaines étaient donc complètes avec les paroles et les voix avant que nous nous rencontrions. Et pour les autres, tout cela s’est assemblé pendant nos séances d’écriture et les répétitions. J’ai fait quelques scratchs vocaux en studio, mais je voulais prendre mon temps pour les enregistrer. Je n’avais pas envie de me précipiter, car nous avions peu de temps de studio après l’enregistrement de tous les autres instruments.

– Outre votre rencontre, il y a aussi celle avec Dan Joeright, musicien chevronné, votre batteur sur l’album et également propriétaire du Gatos Trail Recording Studio où a été enregistré « Daylight In The Dark ». Et c’est d’ailleurs aussi lui qui mixe l’album. Comment se sont passés vos premiers échanges et a-t-il été immédiatement séduit par la direction musicale du groupe ? Car, décidemment, les planètes semblent être vraiment alignées…

Nous ne pouvons pas parler pour lui, mais nous avons vraiment eu l’impression qu’il était le batteur idéal pour notre groupe. Il s’est tout de suite intégré et cela a été très facile de jouer avec lui. Et c’est vrai que c’est aussi ce que nous avons ressenti, que tout semblait vraiment aligné pour que ce projet se réalise.

– Parlons de l’album en lui-même. Ce qui peut surprendre en l’écoutant et lorsque l’on connait l’environnement dans lequel vous vivez tous les deux, c’est que l’esprit du désert de Mojave et le froid norvégien donnent vie à un univers assez singulier. Sur quelles atmosphères et ambiances vous êtes-vous tout de suite retrouvés ?

Oui, nos environnements sont très différents, mais nous avons un rapport similaire à la nature et elle nous inspire tous les deux. Peut-être que cela a quelque chose à voir avec le sentiment de nous connecter à elle et d’apprécier le fait d’être de petites parties de quelque chose de bien plus grand que nous. Et puis, nous aimons aussi tous les deux faire de la randonnée et des promenades dans la nature pour nous échapper du monde, que ce soit dans le désert ou le long de la côte.

– Vous êtes tous les deux très prolifiques. Pia joue avec Superlynx et en solo, dont le deuxième album « Dissolve » est d’ailleurs sorti il y a quelques mois. Et Gary, on te connait au sein de Yawning Man et ses multiples ramifications, Fatso Jetson et Zun notamment. SOFTSUN développe un style encore différent en associant post-Rock et Shoegaze avec une touche Drone. L’ensemble est assez pourtant souvent contemplatif aussi. C’est cet équilibre que vous recherchiez pour cet album ?

Nous n’avons jamais pensé en termes de genre musicaux et nous ne le faisons jamais. Nous voulions simplement que notre musique soit honnête, rêveuse et douce avec de belles mélodies et un socle de base lourd et l’expression claire d’un sentiment de patience.

– Si on retrouve un côté Doom sur certains morceaux, l’aspect Stoner/Desert Rock est aussi omniprésent. Est-ce que c’est, selon vous, le style qui vous rassemble tous les deux et qui domine dans SOFTSUN, car il y a aussi cet esprit jam qui ressort énormément de vos compositions ?

Tu sais, nous ne nous identifions pas du tout à ces genres ou catégories. Nous jouons simplement la musique que nous avons envie de jouer. Ce sont toujours les autres qui étiquettent notre musique comme ça. Pour nous, nous jouons une musique douce, patiente et rêveuse, qui vient de notre cœur et avec des sentiments honnêtes. Mais oui, nous improvisons beaucoup et c’est ainsi que naissent la plupart des mélodies que l’on entend dans nos morceaux.

– L’album est vraiment plein de contrastes et les couleurs sont multiples. Et grâce à des voix assez aériennes, une basse puissante, une batterie très libre et des guitares presqu’obsédantes, SOFTSUN est unique en son genre et à vous écouter, on a l’impression que ce n’est qu’un début. Est-ce que la suite de l’aventure est déjà dans vos têtes ?

Nous avons déjà enregistré quelques chansons supplémentaires pour un split-album que nous faisons avec Yawning Man, et qui sortira l’année prochaine. Et nous commençons à planifier aussi un deuxième album. Nous envisageons également de jouer en live en 2025. Notre groupe a certainement encore beaucoup à offrir.

–  Enfin, j’aimerais que vous me disiez un mot sur le morceau-titre qui clôt l’album du haut de ses 12 minutes. Il donne vraiment le sentiment d’être la parfaite synthèse de SOFTSUN. Est-ce aussi votre avis et surtout votre intention de départ ?

Chaque chanson a été développée de manière organique et nous avons simplement joué ce que nous avions envie sans trop planifier, ni faire de calcul. Nous n’avons pas réellement une intention précise, mais cela montre clairement notre côté improvisateur et la patience que nous apprécions dans la musique.

L’album de SOFTSUN, « Daylight In The Dark », est disponible chez Ripple Music.

Photos : Aaron Farinelli et Zoe Joeright (4).

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Americana Blues Soul

Eddie 9V : sunny vibes

Suite au succès retentissant de sa précédente production, « Capricorn », auquel il ne s’attendait probablement pas et qui l’a propulsé au tout premier rang des bluesmen à suivre de très près, tout en arborant cette étiquette d’’étoile montante’, EDDIE 9V semble avoir cette fois-ci eu le désir de reposer un peu les pieds sur terre et de se reconnecter à ses racines sudistes, un domaine auquel il apporte un regard vif et tout en fraîcheur. Très Americana et Soul, son Blues se fait ici plus souple, certes, mais toujours aussi addictif. « Saratoga » invite au sourire dans un flux original et délicieusement vintage.

EDDIE 9V

« Saratoga »

(Ruf Records)

Du haut de ses 28 ans, EDDIE 9V est lui aussi une sorte de phénomène. Né à Atlanta en Georgie, il a fait très tôt ses armes avec son groupe de Blues Rock, mais c’est seul aux commandes que le chanteur et multi-instrumentiste s’exprime pleinement. D’ailleurs, il suffit d’écouter « Way Down The Alley (Live at Blind Willie’s) » sorti en 2020, où Brooks Mason Kelly, à l’état civil, s’est offert une première réalisation live, preuve d’une maîtrise totale et surtout d’une envie viscérale de partager sa musique avec son public. Il y est éblouissant, tant sa connaissance du vaste répertoire Southern est subjuguante. Rien en paraît lui résister.

Car le jeu d’EDDIE 9V s’inscrit dans l’esprit de son Sud natal  que ce soit celui du Blues, de la Soul, de l’Americana, de la Funk comme des choses plus Rock. Il est littéralement imprégné de cette culture qu’il a bien sûr personnalisée. Et après « Left My Soul In Memphis » (2019), puis « Little Black Flies » (2021) et surtout « Capricorn » en 2022 (du nom du mythique studio de Macon) qui l’a vraiment révélé bien au-delà des Etats-Unis, le voici qui vient surprendre tout son monde avec un quatrième album studio, sur lequel il explore un registre plus Americana, donc plus narratif, un univers qui colle à merveille à cette vraie-fausse nonchalance qu’il affiche.

Terriblement groovy, EDDIE 9V s’est concentré sur l’aspect textuel des chansons, oubliant les envolées guitaristiques parfois démesurées qui le caractérise souvent. Il va à l’essentiel dans une chaleur musicale langoureuse et incroyablement ‘feel good’. Co-écrit avec son frère Lane Kelly et Spencer Pope, « Saratoga » est résolument Soul, grâce à des chœurs très présents, des cuivres pétillants, des slides sauvages et surtout cette voix aussi douce qu’insaisissable. Ce nouvel opus est un beau voyage sous le soleil de ce grand artiste (« Saratoga », « Love Moves Slow », « Cry Like A River », « Delta », « Truckee », « The Road To Nowhere…).  

Photo : Cameron Flaisch