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Americana Country-Rock Roots Rock Southern Rock

American Mile :  from roads to paths

Situé entre The Black Crowes et Chris Stapleton, AMERICAN MILE a rapidement défini son propre style, autour d’une Country-Rock très Southern et plutôt musclée. Efficace et entraînante, cette deuxième réalisation est le reflet d’un registre en pleine évolution et qui s’oxygène à travers les vibrations d’un Rock américain traditionnel. Rompu à l’exercice scénique, les quatre musiciens se montrent également impressionnants et vifs sur disque. A suivre de très près.

AMERICAN MILE

« American Dream »

(Independant)

Alors que le rêve américain a sérieusement du plomb dans l’aile depuis quelques mois maintenant, AMERICAN MILE parvient avec facilité et beaucoup de fraîcheur à nous y faire croire encore un peu, le temps du moins de ce très bon « American Dream ». Cinq ans après « The Longest Road », le groupe vient confirmer les belles choses entendues sur son premier album, en franchissant avec panache le cap du deuxième effort brillamment. Grâce à un Southern Rock qui fait l’équilibre entre Americana et Country, le quatuor a trouvé sa voie.

Bien qu’originaire de la région de Los Angeles, AMERICAN MILE laisse aussi traîner ses oreilles du côté de Nashville et a aussi parfaitement digéré les classiques du Allman Brothers Band et du Marshall Tucker Band notamment. Servies sur un plateau par la production de Bruce Witkin et Keith Nelson, les neuf nouvelles compos laissent éclater une audace et une énergie débordantes. Guidé par leur chanteur et guitariste, les autres membres donnent aussi de la voix dans une belle harmonie, et c’est un vrai plus mélodique.

Entre slide, pedal steel et orgue, l’éventail est large et complet, et AMERICAN MILE fait preuve de beaucoup de maturité dans l’écriture. Tournant de manière intense ces dernières années, le combo se montre très affûté et multiplie les ambiances à l’envie, tout en restant accrocheur et puissant dans le jeu (« Get Up & Fly », « Photograph Of You », « Waiting On A Sunday », « American Dream », « Wiggle For Me », « Straight From The Hearland »). Toujours sans label, le Roots Rock très sudiste des Californiens devrait vite se répandre.

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Heavy metal

Saxon : l’éternel âge d’or

Il existe des groupes qui traversent le temps et font fi des modes et des courants avec une désinvolture et une facilité déconcertantes. SAXON en fait partie et leur venue l’an dernier au Hellfest en est la preuve éclatante. Mené par son emblématique et infaillible frontman, il a été magistral de bout en bout en parcourant un répertoire décidemment intemporel pour son douzième album live. Explosifs et jamais rassasiés, les Britanniques ont dynamité le festival avec classe et élégance, comme en témoigne « Eagles Over Hellfest ».

SAXON

« Eagles Over Hellfest »

(Silver Lining Music)

A quelques jours de l’ouverture de la 18ème édition du Hellfest à Clisson, SAXON partage son explosive prestation de l’an dernier, enregistrée le 29 juin juste après celle de Metallica. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Anglais ont mis le feu à la petite cité bretonne, grâce notamment à une setlist bien équilibrée et représentative d’une bonne partie de leur carrière. Les 14 morceaux sont triés sur le volet avec tout de même une belle saveur 80’s pour l’essentiel. Leur meilleure période, cela dit.

Pourtant, c’est avec le morceau-titre de son dernier album, « Hell, Fire And Damnation », que SAXON a entamé les festivités provoquant un premier électrochoc dans le public. Dans la foulée, Biff Byford y est allé d’un sifflement rassembleur sur « Motorcycle Man » pour nous renvoyer 45 ans en arrière. Malgré le temps qui sépare les deux premiers titres du concert, il est presque impossible de les dater. Mieux, la scène leur fait l’effet d’une véritable cure de jouvence. Puis, les classiques s’enchaînent avec une ferveur et une envie palpables.

L’un des exercices les plus périlleux d’un Live n’est pas tant la performance du combo que l’on sait inamovible, mais sa captation. Et sur ce point, « Eagle Over Hellfest » est remarquable. Le mix est irréprochable, l’équilibre entre la foule et le groupe respecté et on se délecte des hymnes qui se succèdent : « Dallas 1 PM », « The Eagle Has Landed », « Demin And Leather », « Wheels Of Steel », avant un final d’anthologie et des versions survitaminées de « Crusader » et « Princess Of The Night ». Inégalable ? Il y a de ça, oui !  

A noter que « Eagles Over Hellfest » existe dans une version double-CD avec l’intégralité de « Hell, Fire And Damnation » pour les retardataires.

Retrouvez aussi les chroniques des deux derniers albums du groupe :

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Folk Metal Heavy metal

Passengers In Panic : from the roots to Metal

Avec beaucoup de fraîcheur, d’humilité et de professionnalisme, PASSENGERS IN PANIC surgit avec un nouvel album, où il semble vraiment avoir trouvé ses marques. L’expérience acquise ces dernières années permet aujourd’hui à la formation hellène de pleinement s’épanouir dans un mix savamment dosé entre son héritage culturel et un Heavy Metal tranchant. Pour autant, « « Amnesia » n’élude pas d’autres pistes et présente une trame narrative profonde et bien sentie.

PASSENGERS IN PANIC

« Amnesia »

(Sleaszy Rider Records)

PASSENGERS IN PANIC joue deux fois sur deux tableaux, ce qui est assez rare. Le premier est celui de la parité, avec une rythmique masculine, et surtout un style qui présente une égalité entre un Heavy Metal assez classique hérité de Maiden notamment, et des éléments musicaux traditionnels grecs essentiellement. Et si le mélange peut paraître étonnant, il est très réussi à l’instar de Skyclad dans une veine celtique. Cinq ans après un premier effort éponyme, le quatuor revient plus fort en s’appuyant sur des certitudes.

Ces dernières années, il a pu s’aguerrir sur scène, surtout à l’Est en République Tchèque et en Roumanie, et cela s’entend. Si le côté progressif se fait moins sentir, c’est que PASSENGERS IN PANIC se montre plus direct et efficace. Il faut dire que le groupe a été très bien accompagné sur « Amnesia ». Aux arrangements, on retrouve Yiannis Manopoulos de Thelemite, tandis que la production est signée Psychon, guitariste de Septicflesh, qui l’a élaboré dans son propre studio et avec beaucoup de soin.

Ce deuxième opus est donc très bien équilibré. Le gainda de Macédoine, le kaval, le laouto, le violon et le daouli font presque jeu égal avec les riffs acérés de Leila Argyri et le chant accrocheur d’Ionna Galani. Le duo basse/Batterie est irréprochable et PASSENGERS IN PANIC a aussi reçu le soutien de Christos Antoniou (Septicflesh) pour les arrangements de « How To Breath », ainsi que celui de l’acteur Yiánnis Tsortékis au chant et à la narration sur « Kaisis » (un morceau traditionnel) et l’excellent « Erase Me ». Un disque riche, consistant et explosif.

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France Metal Progressif Neo-Classic Metal

Patrick Rondat : back to the light [Interview]

Considéré à juste titre comme le premier guitar-hero français, PATRICK RONDAT nous aura fait patienter plus de 20 ans pour livrer « Escape From Shadows ». Et comme toujours avec lui, l’attente en valait vraiment la peine. Si l’on retrouve immédiatement son toucher, son phrasé et sa technique implacable, l’ensemble sonne nettement plus organique que ce qu’il a pu produire par le passé. Ce sixième album est très instinctif, fait de flâneries musicales et de belles attaques musclées et toujours aussi progressives. Entouré d’amis, le virtuose nous fait même la surprise d’un morceau chanté, une première pour lui sur un disque solo. Entretien avec un musicien, dont l’univers musical n’a pas fini de nous surprendre.

– On te sait très occupé entre différents projets que tu as mené ces dernières années, à savoir les masterclass, les cours et les concerts. Pourtant, de ce que j’ai pu lire, tu travailles sur ce nouveau disque depuis 2018. Est-ce que chacun de tes albums a besoin de mûrir plus ou moins longtemps ? Est-ce qu’une immersion totale t’est nécessaire ?

C’est pire que ça ! J’ai toujours besoin d’un peu de temps pour être convaincu de ce que je fais, que je puisse écouter les morceaux six mois ou un an après et me dire que ça tient la route. C’est la première chose et ensuite, j’ai traversé des périodes difficiles dans ma vie avec le décès de ma femme, puis j’ai commencé à enregistrer le premier morceau, « From Nowhere », en 2010. J’ai poursuivi jusqu’en 2013 en maquettant deux/trois titres. Après, j’avais la tête ailleurs avec des moments de doute et j’ai recommencé à m’y mettre de manière assez ponctuelle sur un laps de temps assez long, finalement. En fait, je n’ai pas bossé longtemps dessus, mais il y a eu des périodes de vide de cinq/six ans. C’est ce qui explique la durée entre l’album précédent et celui-ci.

– Si on considère « An Ephemeral World » comme ton véritable dernier album en solo, il date déjà de 2004, soit plus de 20 ans. En dehors de tes nombreuses collaborations, tes réalisations instrumentales semblent les plus personnelles. Tu as besoin de décrocher de cet univers pour mieux y revenir ?

Oui, et ce dont j’ai aussi besoin, c’est de prendre le temps parce que, si tu prends mes albums et même s’il y a une ligne commune, il y a aussi une identité propre à chacun. Cela se ressent dans le son, dans le compos et, même si on retrouve des choses, je ne pense pas qu’on puisse confondre les disques entre eux. Ils sont tous différents et pour celui-là, c’est pareil. J’ai voulu une empreinte sonore et des morceaux différents et pour faire ça, il faut du temps. Quand tu démarres avec tes premiers albums, tu as bossé plein de choses, tu as plein d’idées nouvelles, etc… Mais quand tu en as déjà fait trois ou quatre, tu as déjà utilisé pas mal de cartouches. Pour te renouveler et trouver de nouvelles choses, c’est une sorte de quête. Sinon, tu enchaînes les disques et tu fais toujours les mêmes. Et je n’ai pas envie de ça. Après, ce n’est pas une critique, beaucoup le font, mais je veux que chaque album ait une réelle identité. Et pour ça, j’ai besoin de temps pour trouver des pistes, avoir une vision de ce que je veux faire au niveau du son, des compos et de mon jeu aussi. Sur ce nouvel album, mes solos sont assez différents, il y a des choses que je ne faisais pas non plus auparavant. Il me faut de plus en plus de temps pour me renouveler, mais j’espère que je ne mettrai pas 20 ans pour le prochain ! (Sourires)

– « Escape From Shadows » est donc ton sixième album, et je lui trouve une tonalité et une production beaucoup plus organiques. Il y a une grande proximité à son écoute. Est-ce que cela a aussi été une volonté dès le départ ?

Totalement ! J’ai voulu aller à contrepied de ce que qui se fait. Aujourd’hui, beaucoup de groupes de Metal sont dans le tout numérique avec des amplis numériques, des guitares à huit cordes, les batteries super-éditées presque mécaniques, … On a voulu aller vers une batterie qui sonne plus acoustique et de mon côté, j’ai juste une tête d’ampli, un Blackstar à lampe, un baffle et un jack. Je n’ai même pas de pédales. La guitare est dans l’ampli et on a juste rajouter quelques effets au mix. Globalement, l’ensemble est très organique. Aux claviers, Manu (Martin – NDR) a utilisé un B3 Hammond enregistré à l’ancienne avec un micro. Je ne voulais non plus faire un truc qui sonne 70’s et qui soit daté. Mais en même temps, je voulais que ça fasse groupe et organique, parce que je pense que c’est ce qui vieillit le mieux et qu’il ne soit pas lié à une mode, non plus. Je ne voulais pas faire un album qui s’écoute deux ans, mais quelque chose qui dure dans le temps. Et plus c’est naturel, plus ça vieillit bien. On a juste ré-ampé les guitares, ce qui m’a permis aussi de mieux me concentrer sur le son.

– On retrouve sur « Escape From Shadows » des amis musiciens de longue date comme  Patrice Guers à la basse, Dirk Bruinenberg à la batterie et Manu Martin aux claviers et même pour la première fois un titre chanté sur lequel on reviendra. Et puis, il y a la présence de la guitare de Pascal Vigné, qui pose d’ailleurs un solo sur le monumental « From Nowhere ». C’est assez rare qu’un guitariste, qui plus est joue en instrumental, laisse une petite place à un autre. Comment cela s’est-il mis en place ?

Pascal est un ami de longue date et on a aussi traversé des épreuves difficiles à quelques mois d’intervalle, ce qui nous a soudés. Nous nous sommes retrouvés seuls avec nos enfants, on a ensuite retrouvé quelqu’un tous les deux aussi. Après, j’ai eu une période où je ne voulais plus finir l’album et il m’a invité à venir chez lui enregistrer des grattes et cela m’a débloqué à un moment où l’album n’aurait peut-être pas été terminé sans lui. Et comme c’est un guitariste que j’adore, c’était un moyen de le remercier d’être allé au bout, ainsi que l’occasion de partager quelque chose ensemble. Et sur ce passage, je me suis dit qu’il pouvait poser un truc chouette, et c’est ce qu’il a fait. C’est un solo magnifique et comme il joue vraiment différemment de moi, cela donne quelque chose de vraiment cool. Je suis très content. C’est d’ailleurs le tout premier morceau que j’ai composé pour l’album et il date de 2010. Il est très naturel dans le sens où tu passes par plein d’ambiances et tout s’enchaine très bien. On suit un chemin…

– Et comme je le disais, pour la première fois sur l’un de tes albums, il y a un morceau chanté, « Now We’re Home », interprété par Gaëlle Buswel. Tout d’abord, c’est une rencontre qui peut surprendre compte tenu de vos univers musicaux très différents. C’est une sorte de challenge, ou quelque chose qui s’est fait naturellement entre vous deux ?

Ca fait plus de 15 ans que je connais Gaëlle, depuis 2010 environ. Je l’ai connu avant même qu’elle n’ait sorti d’album. Je l’ai aussi vu grandir musicalement, je l’avais déjà invité à jouer avec moi sur scène. C’est une belle personne, tolérante et vraiment cool. Et j’adore sa voix, elle a vraiment quelque chose. Lorsque j’ai composé le morceau, « Now We’re Home », il était totalement instrumental et je me suis dit que ça ne collait pas. Alors, soit je le virais, soit j’en faisais quelque chose d’autre. J’ai pensé à elle. Je lui ai envoyé le titre il y a longtemps, en 2015, je crois. Elle m’avait fait une voix témoin, qui m’avait convaincu. Il ne s’est rien passé pendant plus de 10 ans et je l’ai rappelé en lui disant que l’album allait sortir. On a parlé du texte, de ce que je voulais et elle l’a écrit. Et puis, j’aime bien aller là où ne m’attend pas. On s’attendait sûrement à un truc Prog Metal avec une voix à la Symphony X ! Et puis, j’aime sa voix Rock/Blues, qui amène vraiment quelque chose et qui, une fois encore, appelle au voyage que ce soit dans le texte comme dans la musique. D’ailleurs, le solo rappelle un peu « Amphibia ». Je ne voulais pas non plus d’un truc Pop décalé, mais que ça reste du PATRICK RONDAT avec une partie solo assez longue, instrumentale et planante.

– Connaissant ton affection aussi pour la musique classique et le Metal néo-classique initialisé par Yngwie Malmsteen notamment, on retrouve une reprise de « Prelude And Allegro » du violoniste autrichien Fritz Kreisler. C’est un morceau de 1910 et pas forcément très connu d’ailleurs, sauf des amateurs éclairés. Comment et pourquoi l’avoir choisi, sachant en plus qu’il le voyait comme un canular, dont il était assez coutumier ?

En fait, en 1993/94, je faisais une grosse tournée avec Jean-Michel Jarre et en plus de lui, il y avait trois claviers dont Sylvain Durand, qui est malheureusement décédé et qui était pianiste à l’Opéra de Paris. Il était donc musicien classique et il adorait mon jeu de guitare. Il m’avait dit qu’il me verrait bien jouer ce titre-là, que je ne connaissais pas. Je l’ai écouté et je me suis dit qu’en effet, il était chouette. J’avais commencé à le bosser, et même s’il paraît assez simple, il est compliqué à jouer. Je l’ai mis de côté avant de le reprendre en voulant vraiment me l’approprier et en le faisant vraiment sonner guitaristiquement. Tu me parlais de Malmsteen, mais dans ma musique, je suis aujourd’hui beaucoup moins néo-classique que ce que j’ai pu l’être. Ca m’intéresse, mais pas juste pour mettre un morceau classique par album, comme un tic. Celui-ci, je voulais simplement le reprendre et le faire sonner à ma manière.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot d« Amphibia », sorti en 1996, qui était un concept-album très prémonitoire, puisque l’écologie en était le thème principal. Quel regard y portes-tu aujourd’hui dans le monde dans lequel nous vivons et le considères-tu, comme moi, comme une sorte d’apogée musicale de ton style ?

Je ne sais pas. C’est vrai que c’était déjà quelque chose d’un peu écolo. Mais je trouve que l’écologie a tourné d’une manière un peu bizarre récemment. Il y a un côté culpabilisant et moralisateur lié à la taxe sur tout, sans s’attaquer vraiment aux réels problèmes. C’est plus une écologie dogmatique que réelle et je me suis un peu désolidarisé de tout ça. Même si je trouve que c’est un combat complètement légitime, je n’aime pas ce qu’il est devenu. Il y a trop d’hypocrisie et de trucs que je ne supporte pas. Maintenant, sur « Amphibia », c’est dur à dire, parce que les gens ont leur album préféré. Je ne peux pas nier le fait qu’il a été un album marquant, parce qu’il a été le tournant vers un aspect plus Prog avec des morceaux longs. Ca a été le début de quelque chose que l’on retrouve d’ailleurs sur le nouvel album avec plein d’ambiances et de thèmes différents. Cela a aussi été le point de départ d’une nouvelle façon de composer. C’est vrai que c’est un album marquant dont je suis très content, oui.

– Enfin, il y a quelques mois, tu as aussi pris la route avec Pat O’May et Fred Chapellier pour le ‘Guitar Night Project’. J’imagine que ce fut une belle expérience. Toi qui a participé au G3 de Satriani, l’idée était-elle de faire un G3 à la française ? Ca pourrait s’exporter !

C’est très différent. A l’époque quand j’ai fait le G3 avec Satriani, il n’y avait pas de groupe, mais juste une jam de deux/trois titres en fin de concert. Ici, on n’est pas du tout là-dedans, car c’est un seul concert. On fait trois morceaux à trois, puis à deux, après j’en fais un tout seul. Ensuite, j’invite Pat et Fred et après chacun joue seul, puis invite l’un d’entre-nous, etc… Sur les deux heures et demie, on est tout le temps ensemble avec différentes combinaisons et chacun joue sur les morceaux des autres. Ce n’est pas le même concept, la démarche est très différente. Je pense que c’est plus près de ce que Satriani va faire avec Steve Vai (le SATCHVAI Band – NDR). C’est vraiment un concert à trois, et non trois concerts et une jam. On a d’ailleurs plusieurs dates à venir, et notamment à partir de septembre et surtout en 2026. D’ici là, je vais aussi jouer mon nouvel album sur scène.

– Y a-t-il une chance qu’un album sorte dans les mois à venir ?

Pas en studio, mais il y a un Live qui est en cours. On a enregistré un concert et Pat est en train de bosser sur le mix. Et on aimerait le sortir en fin d’année, oui. C’est cool ! (Sourires)

Le nouvel album de PATRICK RONDAT, « Escape From Shadows », est disponible chez Verycords.

Photo ‘Guitar Night project’ : Mat Ninat Studio

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Alternative Metal Alternative Rock

Volbeat : le coup de la panne

Grosse flemme ou signe des temps ? Ou les deux, tant ils sont inhérents ? Une chose est sûre, certaines formations s’usent plus vite que d’autres et atteignent leur plafond de verre une fois la reconnaissance et le succès obtenus. Cela semble être le cas de VOLBEAT qui, faute de se renouveler, régresse au fil des disques. Les Scandinaves ont perdu leur guitariste solo Rob Caggiano et, comme on s’y attendait, le coup est rude. A l’écoute de « God Of Angels Trust », on cherche vainement un peu d’imagination… avant de se rendre à l’évidence.

VOLBEAT

« God Of Angels Trust »

(Universal)

Alors qu’il n’avait fallu que trois mois aux Danois pour mettre en boîte « Servant Of The Mind » il y a quatre ans, six petites semaines, dont treize jours de studio, ont suffi à l’élaboration de « God Of Angels Trust ». Et cela s’entend ! Depuis deux albums maintenant, VOLBEAT se montre expéditif et ça ne joue pas forcément en sa faveur. La routine s’installe et avec elle une créativité qui s’étiole. Michael Poulsen peine très franchement à retrouver l’explosivité d’un « Rewind, Replay, Rebound », par exemple. Les idées manquent et l’ennui pointe très rapidement le bout de son nez.

Certes, le groupe livre toujours de bonnes mélodies et le fantomatique (car il n’est toujours pas un membre officiel) Flemming C. Lund d’Asinhell fait même de petites merveilles sur les solos, tandis que la rythmique fait le taff, tout comme Jacob Hansen à la production, mais VOLBEAT semble avoir perdu la flamme. Capable de belles étincelles ponctuellement, il ne va plus au fond des choses en présentant des morceaux qui tiennent en haleine jusqu’au bout. Sans surprise donc, le combo ne met plus le feu… ou alors, très brièvement. On a le sentiment qu’il expédie le truc sans conviction.

Se reposer ainsi sur ses lauriers n’est pas donné à tout le monde. L’ombre de Metallica pèse lourdement sur « God Of Angels Trust », tant au niveau des riffs que des nombreux gimmicks vocaux. Cependant, la bonne nouvelle vient du single au titre interminable « In The Barn Of The Goat Giving Birth To Satan’s Spawn In A Dying World Of Doom » (on ne rit pas !), où plane cette fois l’esprit de Johnny Cash. Ensuite, VOLBEAT sombre totalement sur « Time Will Heal » et « Lonely Fields », entre autres. Le désormais power trio n’a plus de power que son appellation. Circulez !

Photo : Brittany Bowman

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Proto-Metal Stoner Doom

Crystal Spiders : un univers parallèle

CRYSTAL VIPERS continue de brillamment tisser sa toile et ce troisième effort vient assoir une position rapidement acquise. Guidée par la voix captivante de Brenna Leath, « Metanoia » va encore plus loin que son prédécesseur pour nous faire voyager dans des atmosphères intenses flirtant avec le Psych. Subtil et fascinant, bien que dévastatrice et fulgurante, cette nouvelle pierre fait encore grandir un édifice de plus en plus solide et les trois musiciens impriment un caractère bien trempé.

CRYSTAL SPIDERS

« Metanoia »

(Ripple Music)

Quatre ans après « Morieris », le power trio est enfin de retour avec un troisième album sur lequel il élève encore son niveau de jeu. Fondé en 2019 par la chanteuse et bassiste Brenna Leath, CRYSTAL VIPERS a rapidement fait l’unanimité, grâce à un style très protéiforme qu’on pourrait presque comparer aux fluctuations d’un line-up qui change à chaque réalisation. Pour « Metanoia », l’Américaine est accompagnée d’Aaron Willis à la batterie et de Reid Rogers à la guitare et l’ensemble est une fois encore très cohérent.

Toujours produit par le bassiste de Corrosion Of Conformity, Mike Dean, ce nouvel opus conforte le style et la sonorité de la formation de Caroline du Nord, preuve en est que la leader du combo sait parfaitement où elle va. Œuvrant entre proto-Metal et Stoner Doom, CRYSTAL VIPERS possède une patte toute particulière où des teintes Psych se joignent à des riffs directement inspirés du Heavy originel. D’ailleurs, son goût pour la NWOBHM est toujours présent et sa frontwoman pourrait même évoquer une sorte d’Ozzy au féminin.

En gardant son aspect très live, le groupe continue donc son exploration et développe un univers personnel. Il multiplie les combinaisons et les dimensions, tout en restant fidèle à une ligne musicale bien définie, organique et en intégrant des touches occultes bien senties (« Torche », « Blue Death », « Ignite », « Maslow », « O.S. »). L’aventure continue de très belle manière et trouve son identité artistique bien au-delà de l’impact vocal très prégnant de Brenna Leath. Une belle ascension qui va de paire avec une créativité bouillonnante.

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Metal HxC

Primal Age : la gifle

Si vous pensiez que PRIMAL AGE s’était calmé avec le temps, « Until The Last Breath » va vite vous refroidir… à moins qu’il ne fasse plutôt grimper votre tension. En effet, ce quatrième album (auquel il faut ajouter quelques EPs) est l’extension actuelle de ce qu’il propose depuis ses débuts : un Metal HxC agressif et impactant. Le quintet, malgré de multiples changements de personnel, ne s’est jamais renié et continue sur une voie qu’il connait bien et sur laquelle il n’aura jamais été aussi efficace. Un modèle du genre !

PRIMAL AGE

« Until The Last Breath »

(WTF Records)

Chez PRIMAL AGE, cela fait plus de 30 ans que ça tabasse, que ça revendique, que ça dénonce et à en croire ce très bon « Until The Last Breath », ce n’est pas près de s’arrêter de si tôt. Jusqu’au dernier souffle ! Fer de lance du Metal HxC underground français, le combo normand en a encore sous le pied. Sa rage est intacte et son jeu toujours aussi brutal et incisif évolue avec son temps, sans perdre une seule seconde de vue sa première intention : évoluer dans une intensité ravageuse sur des textes qui mettent le poing là où ça fait mal.

Celles et ceux qui ont connu cette scène marquante des 90’s se reconnaîtront une fois encore dans ce nouvel opus, attendu comme les autres avec la même impatience. Le chant, toujours sur la brèche, de Didier Cauchois semble imperméable au temps qui passe et la ferveur, comme la colère, paraît elle aussi se préserver tel un joyau. Car, PRIMAL AGE ne triche pas et attaque frontalement, littéralement alimenté par une invitation à un mosh perpétuel et imperturbable. Une marque de fabrique inamovible devenue si familière.

Passé l’intro, on entre dans le vif du sujet avec l’explosif « Empire Will Always Fall », qui rappelle ô combien les Français restent sans filtre. On retrouve cette patte Bay Area dans les guitares et une rythmique qui martèle avec la facilité qu’on lui connait. A noter que « Until The Last Breath » a été enregistré en Normandie et masterisé à New-York par Alan Douches. Il y a donc du volume ! PRIMAL AGE se déploie ici encore avec une puissance phénoménale (« False Pretence », « No Regrets », « Shadows Of Intolerance », « Walls Of Stone »). Rageur !

Retrouvez l’interview accordée au site à l’occasion de la sortie de « Masked Enemy » :

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Hard Rock

Deraps : el fuego

Direct et efficace, le jeu de DERAPS est la preuve qu’un bon Hard Rock se pare d’abord de simplicité. Ajoutez à cela des mélodies accrocheuses et une technique tout aussi redoutable et le tour est joué. « Viva Rock n’Roll » est une ode à une époque faste, tout en parvenant à rester très moderne dans sa production. En formation resserrée, le talentueux tandem est explosif, insaisissable, indomptable et remarquablement affûté. Un disque qui fait du bien !

DERAPS

« Viva Rock n’Roll »

(Metalville)

Retour de l’électrisant et très électrique power duo, trois ans après un premier effort éponyme déjà plein de promesses à l’époque. Pas de changement majeur, mais plutôt une volonté prononcée de perpétuer un Hard Rock fougueux et joyeux qui nous renvoie dans les années 90 avec le sourire aux lèvres. A l’évidence, DERAPS s’inspire de Van Halen, Extreme, voire Cinderella en plus pêchu, mais qu’importe car « Viva Rock n’Roll » donne la banane… Et nos deux rockeurs le savent très bien et appliquent leur recette avec minutie.

Jacob Deraps, à la guitare et au chant, et Josh Gallagher derrière les fûts, maîtrisent leur sujet comme en témoignent l’énergie et la vitalité à l’œuvre sur « Viva Rock n’Roll ». Cela dit, l’enthousiasme ne fait pas tout et la virtuosité est elle aussi plus qu’évidente. Ça groove, ça virevolte de toutes parts et DERAPS garde le contrôle (oui, je sais…). L’adrénaline jaillit dès le morceau-titre dans un Heavy Rock brut et saillant, qui laisse présager d’une suite musclée, tout en évoluant dans des sonorités très actuelles malgré tout.

Bien sûr, on pense au roi Eddie sur « Last Fall » ou « Black Sheep Boogie », et même un peu à Airbourne sur le fulgurant « The Legend Of Larrikin Laddie », mais le six-cordiste canadien et le cogneur australien affichent une telle honnêteté qu’ils sont pardonnés. Sans effet de manche, DERAPS a surtout l’ambition de faire grimper la température et parvient à gommer toute nostalgie de ses morceaux. Frais et spontané, ce deuxième opus est une déclaration d’amour au Rock sous toutes ses coutures, et on ne laisse prendre au jeu avec plaisir.

Photo : Nick Kozub

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Heavy metal

Dead End Irony : revisited roots

Du sang neuf dans un Heavy Metal traditionnel, c’est ce que propose DEAD END IRONY avec ce très bon « Battles And Brotherhood », un album qui marque sa véritable entrée sur la scène européenne. Avec force et sans négliger les détails à travers des arrangements très soignés, le quintet va de l’avant à travers des compositions pertinentes et inventives, qui montrent aussi qu’il connaît et maîtrise parfaitement son sujet. Aucune influence majeure ne ressort ici, preuve d’une originalité et d’une identité musicale claire et affirmée.

DEAD END IRONY

« Battles And Brotherhood »

(Inverse Records)

C’est devenu tellement rare de voir apparaître autant de fraîcheur dans le Heavy Metal de nos jours que ce premier effort de DEAD END IRONY mérite que l’on s’y penche de plus près. Cela dit, les Finlandais, originaires d’Imatra, ne sont pas des débutants, loin de là. Formé il y a une quinzaine d’années maintenant, ils ont patiemment peaufiné leur style et leur jeu, essuyé aussi quelques changements de line-up et la stabilité affichée aujourd’hui débouche sur un travail rondement mené et sur une créativité en pleine ébullition.

Très bien produit, « Battles And Brotherhood » vient se ranger d’entrée dans le haut du panier du Heavy Metal ‘moderne’ sur une dynamique fluide et puissante. Grâce à un frontman solide et qui n’en fait pas trop (Vesa Winberg), un duo basse/batterie (Antti Vainio à la basse et Antti Pekonen derrière les fûts) et deux guitaristes très affûtés (Simo Jokela à la lead et Kristian Valkama à la rythmique), DEAD EN IRONY se dévoile sous les traits d’une formation à la recherche de renouvellement, plutôt que passéisme.

Loin des actuelles effluves Old School et vintage qui refont surface avec plus ou moins de bonheur, le quintet a une vision nette et actuelle du registre qu’il déploie. Bien rentre-dedans, un brin épique, mélodique, tout en restant aussi agressif, DEAD END IRONY accroche l’oreille avec beaucoup de facilité. Entre riffs acérés, solos millimétrés et un chant très personnel, ce premier opus est dense et solide à souhait (« Fight ! », « Patton », « Day Of Reckoning », « Catch My Soul », « Razor Gods »). Souhaitons qu’il prenne la lumière !

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Blues Rock France Rock 70's

Pacôme Rotondo : les songes bleus [Interview]

Il y a deux ans, le jeune guitariste-chanteur faisait une entrée fracassante avec un premier effort, « World Of Confusion », d’une maturité déjà bluffante. Le voici déjà de retour avec la même fougue, les mêmes convictions et un son qui s’est franchement étoffé. Plus percutant encore, mais également de plus en plus à l’aise dans des sphères aériennes, PACÔME ROTONDO passe haut la main le difficile exercice du deuxième album. Le Lyonnais fait preuve d’une liberté totale et enrobe son Blues Rock de teintes progressives et psychédélique avec une audace rafraîchissante sur ce « Crimson Rêverie » aux saveurs multiples. Entretien avec un musicien, qui montre déjà un savoir-faire et une maîtrise de son jeu et du songwriting rares.  

– La première question que je me pose est de comprendre comment lorsqu’on grandit dans les années 2000, on acquiert une culture et un goût aussi prononcés pour la musique Blues et Rock des 70’s. Est-ce que c’est le fruit d’un apprentissage fait en famille, ou au contraire une grande curiosité de ta part ?

Je pense que c’est un tout. Effectivement, l’environnement familial joue un rôle, mais la curiosité y est aussi pour beaucoup. Avant d’être musicien, je suis d’abord un mélomane. Ecouter de la musique m’a donné envie d’en faire. A la maison, j’ai toujours baigné dans un environnement musical Blues et Rock avec les goûts de mon père, tel que Calvin Russel, Gary Moore, Bonamassa, ou du côté de ma mère avec des choses plus actuelles comme Depeche Mode, Seal, Robbie Williams… Dans tous les cas, ça a toujours été de la musique joué par des instrumentistes.

Et de mon côté, j’ai écouté beaucoup de Hard Rock et de Metal et je me suis forgé ma propre expérience. C’est vraiment un style que j’affectionne et qui m’a donné envie de travailler mon instrument pour jouer à la manière des guitaristes que j’apprécie dans le style comme Zakk Wylde, Kiko Loureiro, Paul Quinn de Saxon, etc…

Les rencontres aussi sont importantes, il y a toujours un tel ou un tel qui te dit : tiens, écoute cet album, ça devrait te plaire. Que ce soit des professeurs que j’ai eu, de simples discussions entre mélomanes souvent plus âgés que moi ! (Rires) ou avec des camarades musiciens, tous ont eu un impact dans ma culture musicale. C’est d’ailleurs grâce à ce genre d’échanges que j’ai découvert, avec joie, Albert et Freddie King.

Et puis comme tu l’as très bien dit, j’ai grandi dans les années 2000 (je suis né en 2001….), avec Internet et YouTube, où il est quand même facile d’écouter de la musique et de découvrir plein de choses. Je continue d’affirmer que le streaming est, quand il s’agit de découvertes, un outil absolument formidable et fantastique. Si on est un boulimique de musique, c’est une confiserie à ciel ouvert !

– On t’avait découvert il y a deux ans avec un premier album, « World Of Confusion », dans un Blues Rock aussi explosif que sensible et déjà avec une vraie touche. Même si tes références sont assez évidentes, comment justement as-tu œuvré pour t’en détacher le plus possible ?

Je n’ai pas réellement cherché à me détacher de mes influences. Cependant, j’ai essayé d’en mettre d’autres en valeur ! Le laps de temps a été assez court entre les deux albums, il est compliqué de se ‘réinventer’ totalement dans un intervalle aussi limité (enregistrement en mars 2023 pour le premier album et novembre 2024 pour le deuxième). Mais j’ai voulu proposer une expérience nouvelle et éviter la redite de « World Of Confusion ». Et je pense que cela passe aussi par le fait de ne rien s’interdire. Avec l’ajout du clavier, le travail de composition a lui aussi été différent.

– Tu es guitariste et aussi chanteur, ce qui ne va pas forcément de soi, puisque beaucoup préfèrent se concentrer sur leur instrument ou leur voix. Est-ce que pour toi, cela a été une évidence de mener de front les deux exercices ? Et quant est-il du contenu des textes ?

Alors, peut-être que cela ne semble pas aller de soi au premier abord, mais nombreuses sont mes références de guitariste-chanteur et qui excellent dans les deux registres. Je pense évidemment à Hendrix, Gallagher ou encore les trois King dans un contexte Blues Rock, et Dave Mustaine ou James Hetfield dans un registre plus Metal. Je pourrais d’ailleurs citer aussi George Benson. Cela est donc plutôt apparu comme une évidence pour moi plutôt qu’une contrainte, même si je me sens tout de même plus guitariste que chanteur !

Evidemment, je donne beaucoup d’importance aux textes. La musique est un joli vecteur pour faire passer des messages, ou simplement raconter une histoire. Dans mes morceaux, je raconte mon rapport à l’autre, à l’amour, la mort, la déception, l’alcool, …Je décris aussi ce qu’il se passe dans le monde. J’aime bien cet exercice d’écriture, c’est une belle introspection.

– Sans parler de fossé, la différence entre « World Of Confusion » et « Crimson Rêverie » est assez flagrante. La première se situe au niveau du son, tandis qu’on te sent également beaucoup plus assuré dans ton jeu comme vocalement. Tu le dois à un travail acharné, à l’enchaînement des concerts, ou l’expérience vient forcément de ces deux aspects de la musique ?

C’est évidemment un tout. Je dirais que le retour d’expérience de « World Of Confusion » est primordial et il participe à cette différence. Le clavier apporte aussi beaucoup au son du groupe, il permet d’avoir un son de guitare tout à fait différent, de créer des ambiances et il participe fortement au climat du disque. J’ai été assez exigeant envers moi-même sur mes parties de guitares et de voix sur ce deuxième album, tout comme les comparses qui m’accompagnent. On a beaucoup travaillé de notre côté, et en groupe, pour tirer le meilleur de nous-mêmes ! Je suis content qu’on ressente cette différence.

– Sur ton premier album, l’atmosphère globale était nettement marquée par le Blues Rock avec des sonorités très British et irlandaises aussi. Est-ce qu’avant de te projeter sur la suite, tu avais besoin de faire une espèce de bilan personnel sur ton lien avec ses racines profondes ?

Avec un laps de temps aussi court, il n’y a quasi pas eu de pause d’écriture entre les deux albums. Dès la fin de l’enregistrement de « World of Confusion », le travail de composition a repris. Non, il n’y a pas de bilan personnel sur mon lien avec mes influences Blues Rock. En fait, j’ai plein d’autres influences et c’est peut-être ces dernières qui se dévoilent un peu plus sur cet opus. J’ai un gros passif de hard rockeur/metalleux, cela se ressent sur certains titres et dans ma manière d’aborder certains solos ! Mes influences Folk et Blues sont aussi à l’honneur avec un titre comme « Is The World », et même Pop sur « A Man Needs ». Sans parler du coté Prog avec le titre éponyme. Puisque je suis un boulimique de musique et que j’aime énormément de styles, il m’est difficile de trancher dans une direction précise. Finalement, toutes ces racines et influences forment la musique de PACÔME ROTONDO !

– Avec « Crimson Rêverie », on te retrouve dans un registre très 70’s et surtout avec une approche plus Classic Rock voire Hard Rock, c’est selon, avec des inspirations clairement ancrées dans les pas de Led Zeppelin, des Doors et de Deep Purple, notamment dans les parties d’orgue et les aspects plus aériens. Avant d’entrer dans les détails, est-ce que l’apport de claviers, et donc d’un nouveau membre, t’a paru indispensable pour te mouvoir plus facilement dans ce registre ?

Oui, l’apport du clavier m’a paru nécessaire. Cela me semblait essentiel, afin de proposer un discours nouveau et d’étoffer ma musique. C’est un exercice différent du power trio, deux approches singulières. Le clavier offre plus de liberté à la guitare et un certain confort. Je peux aussi me détacher de certaines parties et aborder l’aspect chant plus sereinement.

Led Zeppelin, Deep Purple et les Doors sont des groupes que j’ai beaucoup écouté et dont je maîtrise assez bien la discographie, je suis donc heureux qu’on retrouve un peu de tout ça dans ma musique ! Cet album est un peu comme le premier, une combinaison de tout ce que j’aime. Hard Rock, Hard Blues, Rock Psyché, Rock Progressif, Folk….

– Est-ce que, finalement, la formation avec laquelle tu te présentes sur « Crimson Rêverie » est celle dans laquelle tu t’épanouies le plus et qui convient le mieux pour la musique que tu as en tête ? Le groupe de PACÔME ROTONDO est-il au complet dans cette formule ?

A l’heure actuelle, oui, c’est celle avec laquelle je m’épanouis le plus et qui retranscrit au mieux mes idées. Après, rien n’est figé ! Un retour au power trio n’est pas prévu, bien que j’aime ce côté brut et l’aspect ‘sans parachute’. Je pense en avoir fait le tour, du moins pour l’instant. La formation ne pourra que s’étoffer à l’avenir !

– On l’a rapidement évoqué, mais il y a une progression assez évidente aussi dans la production de ce nouvel album. Qu’est-ce qui a changé cette fois-ci ? Ton entourage en studio a-t-il changé et surtout, qu’as-tu appris de ton premier enregistrement ?

L’entourage n’a pas changé ! Même studio, même ingénieur du son pour les prises et le mix (Pascal Coquard du Studio ‘Les Tontons Flingueurs’ – NDR) et même ingénieur du son pour le mastering (Alan Ward d’Electric City Studio – NDR). La production a été différente, on a pris le temps de travailler les sons et de tester plein de choses ! J’avais envie de faire sonner le disque différemment du premier, qui a été formateur. Il m’a permis d’aborder le deuxième de manière beaucoup plus sereine. Il y avait moins d’appréhension et un stress positif, proche de l’excitation. On savait comment donner le meilleur de nous-mêmes, sans se contraindre d’une pression négative. Et puis, je savais peut-être un peu plus où je voulais emmener ce deuxième album dans la production.

– Le morceau-titre est aussi assez angulaire sur l’album avec ses sept minutes. Là encore, c’est quelque chose que l’on n’entend plus beaucoup dans les répertoires contemporains. Est-ce une chanson sur laquelle tu t’es penché plus longuement que les autres avec l’idée, peut-être, d’en faire une sorte de ‘morceau signature’ dans ton parcours ?

Effectivement, ces sept minutes peuvent paraître comme un OVNI, à l’instar du dernier titre qui dure 7min40 ! Pourtant, ce sont ces deux-là qui sont venus le plus naturellement. Les idées se sont mises en place de manière assez fluides et cohérentes. La longueur permet de prendre le temps, de proposer un discours et de faire évoluer le morceau. C’est peut-être dans ce genre de registre que la suite se fera. Dans un monde où tout va plus vite, où les musiques sont de plus en plus courtes et où les gens perdent l’attention au bout des 15 premières secondes, c’était un pari risqué. Mais ces morceaux très longs sont aussi des références pour moi comme chez Pink Floyd, Supertramp, The Doors, etc… Dans tous les cas, je serais vraiment réjoui et flatté qu’on assimile ça à un ‘morceau signature’.

– Un mot aussi du titre « Interlude II » et son côté très Gary Moore et qui est par ailleurs instrumental. De quelle manière le perçois-tu  sur « Crimson Rêverie » ? Comme une sorte de respiration ou franchement un hommage au guitar-heros irlandais ?

« Interlude II » est le petit frère du titre « Interlude », qui était présent sur « World Of Confusion ». J’aime bien ce côté 100% instrumental. Une capsule dans un album. Faire passer un discours avec seulement son instrument n’est pas chose aisée. C’est toujours délicat et compliqué à réaliser. Je vois ça comme un challenge personnel. D’ailleurs, je ne voulais pas qu’on l’enregistre, je n’étais vraiment pas satisfait de mes parties. Et puis, mes comparses m’ont poussé et j’ai essayé d’oublier celles que j’avais composées pour la guitare, de me détacher de tout ça pour jouer dans l’instant présent et improviser pleinement le jour de l’enregistrement. Je suis très heureux du résultat, je trouve que la guitare chante et ça me fait plaisir ! C’est marrant que tu y trouves des inspirations de Gary Moore, car cela n’a pas du tout été une référence pour ce morceau de mon côte. « Interlude II » est né, au départ, d’une écoute de l’album « Genesis » de Genesis. Le climat de « Mama » a été une belle source d’inspiration. Je voulais aussi avoir un côté Pink Floyd, très Prog, avec une guitare très arienne au début du titre et ce piano très présent, qui participe au climat du morceau. Je perçois ce titre comme un hommage à mes influences Prog et comme un lien avec le premier album. Gary Moore n’est donc pas dans l’équation. Mais si jamais tu peux me trouver un morceau de lui dans cet esprit, ça m’intéresse ! (On s’en reparle sans faute ! – NDR)

– Enfin, peu avant la fin de l’album, on te retrouve aux côtés de Raoul Chichin pour une version beaucoup plus Folk et dans un Blues très aéré et puissant du standard de Buffalo Springfield, « For What It’s Worth ». C’est un choix un peu surprenant de jouer cette chanson qui date de 1966. Comment vous êtes-vous retrouvés tous les deux autour de ce morceau ? Et qui en est à l’initiative ?

Au départ, je souhaitais faire une reprise sur l’album. « For What It’s Worth » est une chanson qui m’accompagne depuis longtemps et que j’apprécie tout particulièrement. Je voulais un arrangement assez personnel du titre, éloigné de l’original, sans trop transformer l’œuvre de base ! Raoul est un bon copain. S’il devait y avoir un invité sur le disque, ça ne pouvait être que lui. Ça m’a paru tout naturel de l’inviter ! On a enregistré ses parties chez lui à Paris, mi-décembre, alors qu’il rentrait tout juste de tournée. Et c’est un chouette souvenir, on aura bien rigolé à faire ça !

Le nouvel album de PACÔME ROTONDO, « Crimson Rêverie », est autoproduit et disponible chez Inouie Distribution.

Photos : Olivier Frety (1, 3, 5) et Virgil Dupin (2, 4, 6)

Retrouvez la chronique de son premier album :