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Heavy metal Metal Progressif Thrash Metal

[Going Faster] : Sin Starlett / Burning Dead

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

SIN STARLETT – « Solid Source Of Steel » – Metalizer Records

Tout est à peu près résumé dans le titre de ce nouvel opus de SIN STARLETT. Le quintet suisse donne dans un Metal traditionnel, très Heavy et offre un registre forgé dans un acier bien trempé. Depuis 2005, le groupe fait honneur à la NWOBHM dans un style efficace, percutant, mais également mélodique avec quelques touches progressives à la Maiden. Avec l’arrivée en 2019 du guitariste Jack Tytan, les twin-guitares, les gros riffs et les solos entêtants battent leur plein et SIN STARLETT ne manque pas de vigueur. Au chant, Reno Meier tient la baraque et œuvre dans un Heavy Metal pur et dur, loin de toute fioriture. Avec une telle efficacité, les Helvètes s’imposent à travers huit morceaux solides, consistants et très bien structurés. Le combo montre les crocs avec puissance.

BURNING DEAD – « Fear & Devastation » – M&O Music

Formé en 2018, les Parisiens de BURNING DEAD sortent leur premier album, faisant suite à un EP, « Their Coming » et « The Warrior » sorti l’an dernier sous forme de single. Sur de solides bases Metal, le combo se meut dans un Crossover Thrash Progressif original et bien guidé par sa frontwoman Drina Hex, dont l’énergie et la rudesse apportent beaucoup de puissance à « Fear & Devastation ». A travers dix titres originaux, le groupe est aussi à l’aise dans des ambiances Heavy Metal que des parties plus Thrash et très relevées. BURNING DEAD est parfaitement armé pour partir à la conquête d’un public également amateur de Metal Progressif. Bien produit, ce premier album du gang de la capitale montre de belles choses.

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Metal Progressif

Iotunn : l’aventure spatiale continue

Dans une atmosphère épique aux frontières du Space-Rock dans l’esprit et Si-Fi dans sa conception, IOTUNN avait sorti il y a tout juste un an « Access All Worlds », un album étonnant de Death Progressif parfaitement produit. Aujourd’hui, le quintet revient avec un titre-medley de plus de 16 minutes dans une configuration acoustique particulière et convaincante.

IOTUNN

« Access All Worlds – An Acoustic Voyage »

(Metal Blade Records)

Il y a cinq ans débarquait IOTUNN avec « The Wizard Falls », un premier album déjà très abouti. Puis, l’an dernier, c’est avec « Access All Worlds » que le jeune groupe danois confirmait tout son talent et son audace à travers un album étonnant et très mature. Après un changement de chanteur, le quintet avait trouvé sa voie.

Forts d’un incroyable soutien malgré l’impossibilité de défendre son deuxième opus sur scène, les Scandinaves ne sont pourtant pas restés les bras croisés. Pour remercier des fans de plus en plus nombreux, IOTUNN avait diffusé une vidéo sous la forme d’un medley parcourant « Access All Worlds » dans un esprit et des arrangements cosmiques.

Evoluant dans un registre Death Progressif, c’est cette fois en acoustique que se produit le combo danois. Et la surprise est de taille, tant les mélodies sont présentes, enveloppantes et invitent à cet « Acoustic Voyage ». Alors oui, de l’audace, il en fallait. IOTUNN a parfaitement sur relever le défi à travers un unique morceau de plus de 16 minutes. Magistral !

Retrouvez l’interview du groupe :

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Death Metal France MetalCore

Except One : from Core to Death [Interview]

Si on peut reprocher à certains groupes de toujours faire le même disque, il n’en est rien avec EXCEPT ONE, dont on peut suivre l’évolution du style au fil des réalisations. Sur « Broken », le nouvel album des Français, l’aspect Death Metal prend quelque peu le pas sur le MetalCore des débuts du combo. Naty, le batteur du groupe, revient justement sur ces récentes mutations dans le style du quintet et le travail effectué sur ce nouvel opus.

– On vous avait laissé il y a quatre ans avec « Fallen », qui était en quelque sorte l’aboutissement du travail sur vos deux premiers EP. Avec « Broken », vous franchissez clairement un cap. C’est le fruit d’un travail sur le long terme, ou plutôt celui de l’accumulation des concerts?

Un peu des deux, en fait. Avant la pandémie, on était en tournée en tête d’affiche en France, puis en tournée européenne avec un groupe danois. On était dans une bonne dynamique et nous avions même commencé à composer. Ensuite, le confinement est arrivé. Et comme nous n’avions plus rien, on a pu se poser sur les compositions en apportant des choses différentes, un peu plus matures et avec plus d’ambiances aussi.

– C’est qui est remarquable avec EXCEPT ONE, c’est que l’on peut constater l’évolution de votre identité musicale, et surtout de votre son depuis vos débuts il y a une dizaine d’années. Est-ce qu’avec « Broken », vous avez le sentiment d’avoir trouvé le son que vous cherchiez et le style que vous vouliez présenter ?

Nous sommes hyper-contents du son. Est-ce qu’il est définitif ? On ne sait pas encore. Cette fois-ci, on a travaillé avec un directeur artistique (Jelly Carderelli & Symheris – NDR), qui a géré l’enregistrement, le mix et le mastering. On a eu beaucoup d’échanges. On lui a précisé la façon dont on voulait que l’album sonne, à savoir un peu plus naturel dans un sens, et moins électronique. C’est évident que dorénavant, on s’orientera vers ce genre de son avec une exigence de ce niveau-là. Une chose est sûre, on ne peut que s’améliorer encore d’avantage.

– Vous évoluez depuis vos débuts dans un registre MetalCore, qui tend de plus en plus vers le DeathCore sur ce nouvel album. Votre intention était de durcir le ton sur « Broken » ? D’afficher un style plus radical ?

Ce n’était pas délibéré, c’est sorti comme ça, en fait. Avec le confinement, on a tous ressenti une grande frustration, qui a d’ailleurs donné le nom de l’album. Le fait d’avoir relâché tout ça s’étend sur l’album, c’est vrai. Il y a un côté hargneux, qui représente bien nos sentiments à ce moment-là. Le contexte a beaucoup joué.

Naty, batteur d’EXCEPT ONE

– Ce qui est assez impressionnant sur ce nouvel album, c’est la qualité de la production et son côté très massif et compact. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré ? Malgré le fait d’être en autoproduction, vous avez mis plus de moyens ? Et peut-être travaillé avec des personnes qui ont vraiment su cerner votre son ?

Oui, c’est les deux. Tout d’abord, le directeur artistique avec qui nous avons travaillé a été très exigeant. On lui a apporté le projet en lui précisant ce qu’on voulait faire. Et il nous a répondu pour que le faire, il fallait être très minutieux sur certains points. C’est en avançant main dans la main qu’on a pu obtenir cette production. Avoir un regard extérieur est toujours bénéfique. Il nous a apporté un recul qu’on n’avait pas forcément.

– D’ailleurs, ce qui est étonnant avec « Broken », c’est que vous n’êtes toujours pas signés, alors que votre album n’a franchement pas à rougir face aux productions du même style au-delà de nos frontières. C’est un vrai désir de votre part de rester indépendants ?

En fait, on attend l’opportunité de trouver un label qui nous corresponde bien que ce soit au niveau du style comme de nos envies. Mais ce n’est pas forcément voulu, c’est juste que nous n’avons pas forcément eu les bonnes propositions, ni l’occasion de rencontrer encore les bonnes personnes.

– Tout en restant très véloces sur l’ensemble des morceaux, vous misez aussi sur une puissance de feu super efficace et une lourdeur dans les riffs assez phénoménale. On sent une énergie incroyable sur tout l’album et surtout un son très organique. Sans faire dans le Old School, on vous sent plus direct et peut-être plus authentique dans votre approche…

Oui, c’est une vraie volonté. On voulait vraiment sonner plus naturel. Et puis, on aime ce côté Old School où la batterie est très peu triée, il n’y a pas non plus beaucoup d’effets de guitares, et juste quelques samples, qui apportent une ambiance. Ce mélange Old School et moderne, qui mène à ce côté DeathCore, nous convient bien et nous séduit de plus en plus. 

– L’album commence sur une intro qui donne l’ambiance à venir, et il est ensuite scindé en deux avec l’interlude « Broken » justement. Vous l’avez pensé en deux parties, comme deux faces distinctes ?

Non, pas vraiment. On voulait un interlude et une intro dès le départ. « Broken » a été placé au milieu de l’album comme une respiration, en fait. On voulait aérer un peu le début pour qu’il y ait plus d’impact sur la deuxième partie. Sinon, cela aurait peut-être été trop brut et trop compact à l’écoute.

– D’ailleurs, on observe aussi que la première partie est très MetalCore, alors que la seconde est beaucoup plus marquée par le côté Death Metal de votre registre. Là aussi, c’est une volonté de votre part ? Comme pour montrer une facette plus féroce ?

On a fait plusieurs écoutes des morceaux avant d’en définir l’ordre. Sur le moment, on ne s’est pas vraiment rendu compte que cela allait créer une scission entre les deux parties. La première est nettement plus MetalCore et la seconde plus Death Metal, c’est vrai. Mais ce n’était pas voulu, en revanche ! (Rires) On fait des trucs biens sans faire gaffe, c’est magnifique ! (Rires)

– Finalement, que doit-on retenir de ces différents aspects de l’album ? Que vous vous dirigez de plus en plus vers un DeathCore plus assumé et plus sauvage, et peut-être moins estampillé MetalCore comme auparavant ?

Oui, on peut le dire, parce que c’est une vraie volonté. Après, les chansons, on les a sentis comme ça sans entrer dans une réflexion sur le style. Cela vient aussi du fait que dans le groupe, même si on écoute les mêmes choses, chacun a ses styles de prédilections qui vont du Thrash au Black en passant par le MetalCore ou l’Indus. C’est ce mélange-là qui est plus présent sur « Broken », et on s’y retrouve aussi vraiment tous.

– Pour conclure, j’aimerais qu’on dise un mot sur la prestation assez époustouflante d’Estelle au chant. Là aussi, il y a une maîtrise totale et une vraie variété dans les intonations avec une performance qu’on sent très profonde et très travaillée. On a presque l’impression qu’il y a eu un déclic. C’est le cas ?

Il y a eu énormément de travail sur le chant. Comme je te disais, on a enregistré avec quelqu’un de vraiment exigeant, et cela se ressent sur tous les aspects et par conséquent sur le chant également. Il fallait que la diction soit encore meilleure, que les growls tiennent mieux et tout ça représente beaucoup de travail, c’est vrai. Pour nous, c’est aussi une évolution assez logique d’être plus solide et constant sans stagner musicalement et techniquement. Au final, on souhaite être de meilleurs musiciens. Sur « Broken », on en a aussi peut-être moins mis, en se rapprochant plus d’un DeathCore ou d’un Death Metal moderne, avec toujours des touches de MetalCore. Et si ça plait aux gens qui n’en écoutent pas forcément (dont moi – NDR), alors on est content ! (Rires)

« Broken », le nouvel album d’EXCEPT ONE est disponible depuis le 15 janvier.

Album et merch : https://exceptone.bigcartel.com/

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Blues

Fred Chapellier : un Blues complice

Pour son nouvel album, le guitariste et chanteur FRED CHAPELLIER a mis les petits plats dans les grands avec douze titres envoûtants rondement exécutés par un casting d’exception. Enregistré, mixé et produit par le bluesman français, « Straight To The Point » présente un Blues contemporain d’où émane brillamment la touche de l’artiste. Du rythme et de la douceur.

FRED CHAPELLIER

« Straight To The Point »

(Dixiefrog/ Pias)

Dans notre bel hexagone, les grands guitaristes de Blues peuvent assez facilement se compter sur les doigts d’une seule main et FRED CHAPELLIER compte parmi eux, ça ne fait aucun doute. Et près de 20 ans après « Blues Evil », son premier album, le guitariste et chanteur semble plus que jamais au sommet de son art sur ce « Straight To The Point » aux multiples saveurs et au line-up éblouissant.

Pour son nouvel album, et après quelques escapades rapides sur « United Guitars », FRED CHAPELLIER a réuni quelques proches, qui se trouvent être aussi des cadors dans le domaine, à savoir Neal Black, Billy Price, Alain Rivet ou encore Jimmy Britton. Outre ces ‘guests’, Guillaume Destarac (batterie), Christophe Garreau (basse), Patrick Baldran et Jérémie Tepper (guitares) font tourner la boutique avec élégance.

« Straight To The Point » ronronne et la chaleureuse voix de FRED CHAPELLIER se fait une belle place aux côtés d’une guitare aussi virtuose que pleine de feeling (« Mother Earth », « I’d Rather Be Alone », « Remnants »). Pour autant, le Messin ne donne pas dans la démonstration, mais se met au service de morceaux superbement enveloppés d’une sublime session cuivre. Grande classe !

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edito

La surconsommation en mondovision [Edito]

Rassurez-vous, il ne s’agit ni d’un édito économique ou politique. On n’est pas au Figaro ou dans Les Echos… et ça ne risque pas d’arriver ! Non, il s’agit plutôt d’une réflexion sur le monde artistique et surtout celui qui nous intéresse ici, à savoir la musique. Et on peut s’interroger sur la voie prise dans ce monde ultra-capitaliste où règne la consommation à outrance.

Cela a beau faire un bon moment que je suis dans le milieu, j’avoue ne plus tellement comprendre le sens que l’industrie musicale emprunte depuis quelques temps. Il sort des albums comme s’il en pleuvait. Et je n’ose même pas parler des singles et des EP, dont je ne saisis même pas le sens et l’utilité. J’aurais certainement du faire des études de marketing… mais je n’aime pas ça.

Entendons-nous bien, je ne parle pas des musiciens directement, qui sont pour l’essentiel des artistes passionnés. Quant aux autoproductions, j’en ai le plus grand respect et ils ont pour beaucoup toujours eu une place de choix ici. Mais quid des maisons de disques, les grosses, qui remplissent des caddies tous les vendredis ? Mais qui peut donc acheter tout ça ? Parce qu’en général, on apprécie plusieurs groupes, non ?

Quel est l’objectif donc de sortir autant d’albums si les gens en achètent de moins en moins et les écoutent gratos sur Internet ? Du coup, les artistes travaillent de longs mois pour vendre une poignée de disques, et malgré les concerts, ça ne suffit souvent pas pour vivre décemment. La création est une chose importante et primordiale quand elle ne devient pas seulement et uniquement un business. Pourtant nous y sommes plus que jamais…

Malgré le modeste impact de Rock’n Force au sein du monde la musique, c’est-à-dire dans une niche, je suis très sollicité. Et c’est d’ailleurs très gratifiant. Merci pour cela, il semble que le site soit une vitrine appréciée. Cependant, je fais quoi de tous ces albums ? Je ne peux pas parler de tout le monde. Entre 45 et 50 chroniques ou interviews sont mises en ligne par mois, alors que je reçois plus de 300 albums. La sélection est donc plus que drastique.

Parce que je pense qu’il ne sert à rien de mettre dix articles par jour en ligne, Rock’n Force ne changera pas de ligne de conduite. Je fais au mieux pour ne pas parler trop souvent des grosses productions, car d’autres sont là pour ça, mais plutôt faire un peu de place pour les autres. Alors, si je change la page d’accueil tous les trois jours : à quoi ça sert ? Que peut espérer un groupe si la chronique de son album part quasi-directement dans les archives (d’ailleurs consultables !) ?

Voilà, c’était ma réflexion du jour… Et pas seulement d’aujourd’hui, car c’est un constat que je fais depuis très longtemps. Je vais continuer à vous présenter des groupes plus modestes, mais non dépourvu de talent, loin de là, et qui ont aussi besoin d’un peu de lumière. Ils méritent autant votre attention que les grosses têtes d’affiches qui font la joie des têtes de gondoles des supermarchés, un drôle d’endroit d’ailleurs pour acheter un disque, non ?

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Hard Rock

Scorpions : le venin comme antidote

Certains retours font craindre le pire, tandis que d’autres se révèlent être une belle surprise. On croyait SCORPIONS endormit à tout jamais et incapable de piquer à nouveau. Pourtant, « Rock Believer » vient démontrer le contraire avec une fougue, une envie et une dynamique que les Allemands n’avaient plus montré depuis des décennies… en studio en tout cas. Solide et inspiré, le quintet est toujours d’attaque.

SCORPIONS

« Rock Believer »

(Vertigo Berlin/Universal Music)

Qu’on se le dise, ça fait quelques décennies que SCORPIONS n’a pas sorti un tel album ! Oublié le triste et fade « Return To Forever » sorti en 2015 et place maintenant à « Rock Believer », à travers lequel les Allemands semblent renouer avec ce qu’ils font de mieux : un Hard Rock efficace aux refrains accrocheurs, aux guitares solides et mélodiques et avec un Klaus Meine au sommet de son art et un Mikkey Dee qui apporte beaucoup de fraîcheur.

Certes, « Rock Believer » fait véritablement penser à un retour aux sources pour le combo d’Hanovre. Quand on a sorti des albums comme « Lovedrive », « Blackout » ou « Love At First Sting », quoi de plus légitime finalement ? Ce 19ème album studio s’inscrit dans cette veine, tout en bénéficiant de la production très léchée de Hans-Martin Buff. Cela faisait des années que SCORPIONS n’avait pas affiché une telle unité et un plaisir de jouer si palpable.

Taillé pour la scène, « Rock Believer » multiplie aussi les clins d’œil à quelques morceaux emblématiques. Le morceau-titre et « No One Like You », « Seventh Sun » pour « The Zoo » et d’une certaine manière « Roots In My Boots » répond à « Blackout ». Mais SCORPIONS présente de belles compositions, aussi puissantes que fédératrices (« Gas In The Tank », « Shining Of Your Soul », « Call Of The Wind »). Le quintet s’inscrit dans une belle énergie.

Et le plaisir est total avec la version Deluxe qui contient cinq autres morceaux, dont l’acoustique « When You Know (Where You Come From) » à la mélodie imparable. Pour le reste, le ton est plus sombre et moins positif dans l’esprit. Klaus Meine est plus sérieux et les riffs et les solos de Rudolf Schenker et de Matthias Jabs sont plus lourds (« Shoot For Your Heart », « Unleash The Beast »). SCORPIONS est très franchement en grande forme. Rock on !   

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Post-Metal Sludge

Kyoty : post-apocalyptique

Surprenant et captivant, ce deuxième album de KYOTY, duo atypique du New Hampshire, dépasse à peu près tout ce qui a pu être réalisé en termes de Sludge atmosphérique aux sonorités Indus. Le groupe arrive avec facilité à ensorceler son auditoire en parcourant des ambiances vacillant entre désespoir et coups de tonnerre. « Isolation » n’aura jamais aussi bien porté son nom.

KYOTY

« Isolation »

(Deafening Assembly)

KYOTY est un OVNI musical comme on en rencontre assez peu. Composé de Nick Filth (guitares) et de Nathaniel Parker Raymond (basse), le duo américain parvient à offrir des tessitures étonnantes à sa musique. Ayant testé plusieurs batteurs, c’est cette formation qu’a adopté le groupe, qui signe ici son deuxième album, « Isolation ».

Un album qui porte bien son nom, puisqu’il a été entièrement enregistré à distance durant les phases de confinements que le duo a aussi essuyé en 2020. Et le résultat est étonnant autant que bouleversant. Entièrement instrumental, « Isolation » s’étend sur 1h10 à travers dix titres puissants, témoins de l’état de la solitude vécu par KYOTY.

Le post-Metal enrobé de Sludge atmosphérique et d’ambiances et de sonorités obscures fait d’ailleurs assez froid dans le dos. Conçus par le groupe, la pochette est toute aussi éloquente et dépeint une lourdeur démonstrative et pesante. KYOTY possède un univers rare, évocateur et singulier et qui prend ici toute son ampleur. Une vraie réussite.

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Hard 70's Rock

Beth Hart : aux commandes du dirigeable

Même pour la grande BETH HART, reprendre Led Zeppelin est un beau challenge. Et l’Américaine, malgré un accent souvent trop marqué, fait plus que de s’en sortir : sa performance est impressionnante et la tracklist franchement à la hauteur. Portée par un casting de rêve, la chanteuse est remarquable et d’une justesse incroyable. Presqu’une promenade de santé pour la Californienne.

BETH HART

« A Tribute To Led Zeppelin »

(Provogue/Mascot Label Group)

Après le très bon « War In My Mind », qui demeure l’un des meilleurs albums de la Californienne, BETH HART s’est retrouvée privée de tournée. Et à force de tourner en rond, elle a succombé à la proposition de longue date du producteur Bob Cavallo (Green Day, Linkin Park, …) de consacrer un disque en hommage à Led Zeppelin, dont elle reprend d’ailleurs des morceaux sur scène depuis des années.

Certes, choisir neuf titres parmi l’imposante discographie du dirigeable n’a pas du être aisé pour la chanteuse, même si sa voix reste un atout majeur pour ce nouvel exercice. Et il faut bien avouer que la prestation de BETH HART est plus que convaincante, tant elle semble très à son aise, elle qui fut même adoubée par Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones themselves lors d’un live en 2012.

Excellemment entourée de musiciens de renom, la musicienne brille sur « Whole Lotta Love », « Kashmir », « The Crunge » et « Black Dog », puis propose deux medleys très réussis (« Dancing Day/When The Levee Breaks » et « No Quarter/Babe I’m gonna Leave You »). Le seul bémol vient de sa version de « Stairway To Heaven », où l’accent américain de BETH HART dénote complètement. Une très belle prouesse tout de même !

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Doom Stoner/Desert

Fostermother : atmosphères doomesques

La lumière qui régnait et se dégageait du premier album éponyme du trio américain a laissé place à une sorte de pénombre saisissante dans laquelle FOSTERMOTHER se meut avec une aisance assez déconcertante. « The Ocean » s’inscrit dans son époque et l’heure n’est plus à la réjouissance, mais à un Doom solide et lancinant.

FOSTERMOTHER

« The Ocean »

(Ripple Music)

En juillet 2020, les Texans avaient déjà impressionné grâce à un premier album très réussi. En dehors d’un changement de batteur avec l’arrivée de Jason Matomedi derrière les fûts, FOSTERMOTHER est toujours guidé par son leader, le chanteur et guitariste Travis Weatherred, dont les compositions sont de plus en plus pertinentes à travers un Stoner Doom toujours plus maîtrisé.

Le trio d’Austin se montre cette fois beaucoup plus massif, lourd et pesant que sur son premier album éponyme. « The Ocean » traite de l’isolement et de ses conséquences. De fait, FOSTERMOTHER affiche un côté plus sombre, plus Doom et loin des touches Heavy et Fuzz, qui ont depuis disparu. Très efficace et aussi très enveloppant, ce deuxième opus n’est pas des plus optimistes.

Le volume de la rythmique et l’épaisseur des riffs donnent l’impression d’une brume omniprésente, qui rend les morceaux de « The Ocean » très compacts et presqu’oppressants. FOSTERMOTHER développe sur ce deuxième album un son identifiable et très personnel, qui le rend même assez inconfortable par moment. Le trio américain affiche une force et une détermination décuplées. Dur et obscur.

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Black Metal Post-Metal Sludge

Alta Rossa : quand le ciel s’assombrit

La scène Metal extrême française a depuis bien longtemps perdu de sa timidité et aussi peut-être d’un léger manque de savoir-faire, elle est aujourd’hui l’une des plus créatives, techniques et prolifiques. Certes, les membres d’ALTA ROSSA ont déjà fait leurs preuves, il n’en demeure pas moins qu’avec « Void Of An Era », le quintet signe un premier album massif et très abouti.

ALTA ROSSA

« Void Of An Era »

(Source Atone Records)

Né du rapprochement il y a deux ans entre des membres des groupes Horskh et Asidefromaday, ALTA ROSSA se présente avec un premier album brutal et saisissant. « Void Of An Era » dépeint de manière sombre l’état de notre monde et de notre époque avec une vision peu optimiste, c’est vrai, mais à travers laquelle le quintet affiche une vraie force emplie d’une belle résistance.

Dans une atmosphère lourde, à l’image de notre société, ALTA ROSSA se veut aussi fracassant que captivant. Dans un post-Metal où de nombreux registres extrêmes trouvent leur place, le combo ne laisse presqu’aucun répit, malgré quelques sonorités Noise à peine plus légères. Constitué de Sludge, de fulgurances Black Metal et parfois Hard-Core, le groupe exulte.

Gorgé d’une colère et d’une rage resserrées sur une demi-heure dense et bien tassée, ce premier opus rassemble tous les ingrédients propres à une explosion post-Metal en bonne et due forme faite d’urgence, de violence et une puissance envahissante (« Binary Cell », « Cycle », « Orbiting », « The Fall »). Et même si la batterie me paraît légèrement sous-mixée, ALTA ROSSA explore et brutalise à tout-va.