Totalement imprégné par la musique des 70’s qu’elle soit Rock, Blues ou Psychédélique, THREE MOONS AGO offre une belle respiration à cette époque bénie en faisant un mix à la fois savoureux, aérien et pêchu. Ce premier album, sur lequel l’expérience du trio se devine dès les premières notes, est une ode au groove et aux belles harmonies.
THREE MOONS AGO
« Write Your Story »
(M&O Music)
Sans fioriture mais sur un groove imparable, THREE MOONS AGO livre son premier album certes, mais qui est loin d’être joué par de jeunes premiers. Le trio, qui a sorti « Write Your Story » il y a quelques temps déjà, propose un style vintage sans être dépassé et suffisamment actuel pour être indémodable. Le Rock Psych très bluesy des Français rend hommage de belle manière à une époque intemporelle.
Clairement inspirés par les 70’s, Pat Martin (guitare, basse, batterie), Jose Dos Santos (claviers, chant) et Math Boudou (chant), sous un étonnant line-up, distillent onze compos qui ne tapent pas dans la nostalgique, mais la rafraîchissent. De riffs accrocheurs et langoureux en rythmiques hypnotiques déployées sur tout l’album, THREE MOONS AGO apporte autant de couleurs que d’ambiances diverses à ses morceaux.
Très Rock et psychédélique sur « Drown My Brain » et « Feel Like Shit », funky/Soul sur « Sting Me » ou plus envoûtant sur « Write Your Story », « Deeper And Deeper » ou « How Do You Feel », le trio maîtrise son sujet en ne s’enfermant dans aucune case et tout en restant très fédérateur (« To Be Free », « Cut Me Some Slack »). THREE MOONS AGO captive avec ce « Write Your Story » que l’on espère savourer sur scène prochainement.
THE DAMN TRUTH, c’est avant tout une musique chargée d’ondes positives, de vibrations intenses d’où émane un aspect solaire et créatif incroyable. Après moins de dix ans d’existence, le quatuor de Montréal vient tout juste de sortir « Now Or Nowhere », son troisième album, et celui-ci se présente comme celui de l’éclosion véritable des Canadiens. Entretien avec un groupe qui ne devrait pas mettre bien longtemps à faire beaucoup parler de lui et à déferler sur les scènes du monde entier.
– Avant d’entrer dans le détail, quels sont les sentiments qui vous animent quelques jours après la sortie de « Now Or Nowhere », un album aussi époustouflant qu’ébouriffant ?
On est très excité de pouvoir enfin partager « Now Or Nowhere » avec nos fans et avec beaucoup d’autres aussi, on l’espère ! Et puis, on a tellement travaillé dur sur l’album et tout ce qui l’entoure.
– THE DAMN TRUTH existe depuis maintenant neuf ans et est l’un des fers de lance de la scène Rock underground de Montréal. Est-ce que toutes ces années et les deux premiers albums sortis en indépendant étaient nécessaires et indispensables pour forger votre identité musicale et aller au bout de votre expérience en autoproduction ?
Oui, certainement. Notre groupe et notre musique sont un amalgame de toutes nos histoires et nos expériences de vie. Chaque concert et chaque album nous ont guidé vers ce que nous sommes aujourd’hui. Chaque jour est une leçon et on a beaucoup appris durant toutes ces années, qui ont été très formatrices.
– Même si vous avez tourné en Europe et aux Etats-Unis voisins aux côtés de grands noms, quel a été le déclic pour ce nouvel album, car on ressent une réelle évolution et même un nouveau cap de franchi ?
Pour cet album, on a pris la décision très consciemment d’écrire des chansons plus positives et remplies d’amour. Pendant ces quatre dernières années de tournées intenses, on a eu la chance de rencontrer des milliers de personnes. On a vraiment pu avoir une vue à la fois très large, mais aussi très intime de notre société. Nous avons partagé des histoires et beaucoup de moments intenses avec énormément de monde. Et le lien commun entre tous, c’est le désir d’amitié, d’amour et de vibrations positives. Alors cette fois-ci, on a voulu apporter avec nous tous ces éléments en studio pour les retranscrire dans les arrangements de nos chansons.
– Comment a eu lieu cette connexion avec le grand producteur Bob Rock ? Qui a contacté l’autre ? J’imagine que si malheureusement l’album n’a pas été jusqu’à son terme, ce doit être une expérience très enrichissante ?
On a eu la chance que notre manageur, Ralph Alfonso, ait travaillé avec The Payolas, qui était le groupe de Bob Rock dans les années 80. Quand on est rentré de notre tournée européenne à Montréal, on voulait vraiment envoyer nos chansons à Bob. Ralph nous a dit : « Avec Bob, on a une seule chance, alors on a besoin de bonnes chansons ! » On pensait vraiment les avoir, alors Tom (Shemer, guitariste – NDR) a appelé Ralph à tous les jours jusqu’au moment où il a envoyé les chansons ! (Rires) En moins de 24 heures, Bob nous a invité à venir enregistrer l’album à Vancouver au Warehouse.
– Justement, a-t-il changé et fait évoluer votre son, ou tout du moins votre approche musicale, lors de l’enregistrement dans le studio de Bryan Adams à Vancouver ?
Oui, vraiment. Il nous a beaucoup appris et il nous a projeté dans un monde hyper-créatif dès notre arrivée à Vancouver. Avant d’y aller, on avait travaillé les chansons pendant cinq mois et 6 jours par semaine. On voulait vraiment essayer tout ce qu’on pouvait en termes d’arrangements pour être prêts pour n’importe quelle configuration en studio. On était sûrement un petit peu nerveux aussi ! (Rires) Mais en arrivant, Bob nous a mis à l’aise en quelques secondes.
Bob Rock a une façon tellement sensible de faire ressortir ce qu’il veut entendre, presque sans dire un mot ! Il est extrêmement doué en musique et il a une culture encyclopédique ! Nous nous sommes tous profondément investis et il était vraiment exciter de travailler sur un album de Rock’n’Roll. Il nous a dit : « Je vais faire des suggestions, on essaie tout et on garde juste ce que l’on aime ». Du coup, on avait énormément de liberté pour tenter beaucoup de nouvelles choses. Il y a vraiment eu une belle alchimie. On a appris tellement de choses durant cette expérience avec Bob. Et ça nous a aussi aidé au moment de produire les trois dernières chansons à Montréal dans nos studios Freqshop et Grandma’s house.
– Vous avez terminé l’album avec Jean Massicotte, Vance Powell, Nick Didia et Mike Plotnikoff, qui sont autant de grands noms. Leur avez-vous demandé, ou ont-ils décidé, de travailler dans la même logique et la continuité de ce qu’avait déjà effectué Bob Rock, afin de ne pas perdre l’unité de l’album ?
En fait, on a fini l’album nous-mêmes à Montréal. Ensuite, Vance, Nick, Mike et Jean ont travaillé sur le mix de certaines chansons. C’était durant la période de confinement, alors on a fait des sessions de mixage à distance. C’était vraiment cool d’entendre Vance travailler depuis Nashville pendant qu’on l’écoutait en live au Freqshop, qui est le studio de Dave ici à Montréal. Un grand merci à la technologie !
– Pour « Now Or Nowhere », vous avez mis toutes les chances de votre côté en allant dans un grand studio avec de grands producteurs et le résultat est très franchement à la hauteur. C’est aussi ce que vous aviez en tête dès le début ? Les morceaux devaient sonner comme cela dans votre esprit, ou est-ce que de nouvelles idées et de nouvelles envies sont apparues au fur et à mesure ?
On voulait vraiment garder notre esprit et notre cœur ouverts. On avait déjà des démos de très bonne qualité. Après des mois de répétitions, nous sommes partis à l’aventure en studio à Vancouver sans vraiment savoir à quoi s’attendre. On avait déjà trouvé beaucoup de sons, alors on a amené beaucoup d’équipement pour pouvoir les reproduire. On savait aussi qu’on avait seulement quatre jours pour enregistrer six chansons, c’est-à-dire assez peu de temps. Quand on est arrivé, la batterie était déjà prête pour les sessions d’enregistrement. C’était celle d’Abe Laboriel Jr., le batteur de Paul McCartney. Le set-up était vraiment nouveau pour nous et avec les hauts plafonds le son était franchement massif et impressionnant ! Pendant les sessions, Bob a sorti plein de guitares de rêves ! Tom a utilisé la Stratocaster de Richie Sambora sur le solo de « This is Who We Are Now » et PY a utilisé la basse de Bryan Adams sur « Look Innocent ». Lee-La a même eu la chance de chanter dans le micro de Frank Sinatra. On avait l’impression que tout cet équipement très vintage et chargé de tant d’histoires a fait ressortir quelque chose en nous de très spécial. Avant les sessions, Bob nous avait dit : « Attendez d’entrer dans le studio A, c’est là que la magie va se faire ». Et il avait raison !
– Vos compos sont toutes très abouties et matures et dégagent une énergie incroyable. Il y a un côté très live et on a même l’impression que vous les avez enregistrées en prise directe. C’est cette sensation très brute que vous recherchiez ?
Oui, c’était très important pour nous que la plupart des morceaux soit enregistrée en prise directe. On croit vraiment en notre musicalité et en l’énergie d’une performance. Dans beaucoup de musique actuelle, tout est coupé, copié et collé et ce n’est vraiment pas notre son. On voulait livrer quelque chose d’authentique et d’organique. Bob était vraiment concentré sur le côté ‘vibe’ des performances tout au long des sessions. Je crois qu’on a vraiment pu capter ces moments-là durant l’enregistrement.
– En plus d’être très dynamique et mélodique, il y a un côté très solaire et positif qui se ressent à travers l’ensemble de l’album. On vous sent aussi libérés qu’appliqués d’autant qu’il en émane une force et une grande puissance. C’est quelque chose que vous gardez toujours à l’esprit en composant ?
Sous une étiquette Rock, on peut prendre beaucoup de directions. Les fans de Rock ont un esprit ouvert et on a l’avantage de composer une musique très vaste. D’ailleurs, nos grandes influences comme Led Zeppelin, les Beatles ou Jefferson Airplane avaient tous cette grande diversité. Et on adore ça.
Cela se ressent énormément sur « Now Or Nowhere », je pense. Nos deux premiers albums étaient beaucoup plus sombres avec des textes assez revendicatifs. Après nos expériences diverses à travers le monde, on a ressenti que nos fans et nous-mêmes avions besoin de plus de positivité et d’optimisme.
C’est un message qui a toujours été présent dans notre musique, mais on l’a poussé plus en avant cette fois. Surtout qu’aujourd’hui, nous avons tous besoin de sentir de l’amour et de ressentir des vibrations et des influences positives autour de nous. On a vraiment hâte que tout le monde puisse enfin se serrer dans les bras, et plus fort que jamais.
– Musicalement, votre Rock sonne très américain avec d’évidentes vibrations 70’s et assez vintage. Tout en étant très actuel, votre style semble intemporel. C’est une façon de libérer les musiques qui vous ont influencé tout en leur donnant un sacré coup de boost ?
On est quatre musiciens avec des influences très diverses. On aime le Classic Rock, le Psychédélique, la Folk, le Rock Progressif, le Hard Rock, le Metal et même la Pop et beaucoup d’autres choses encore… N’oublions pas que nous avons tous grandi pendant les années Grunge. Alors nos influences viennent vraiment de partout, puis on passe tout ça à la moulinette THE DAMN TRUTH !
– De cette puissance affichée se dégage une chaleur et une générosité sur chaque note et à travers chaque parole. Quel est le processus de création au sein de THE DAMN TRUTH ? C’est un travail en commun, ou est-ce que chacun apporte ses idées, ses textes ?
Les idées sont partagées pendant les jams et chaque morceau évolue dans cet espace-là. On peut commencer avec un ou deux riffs, ou bien un couplet-refrain, et on travaille dessus tous ensemble. Dès le moment où nous jouons ensemble, ça évolue et ça sonne assez rapidement et instinctivement THE DAMN TRUTH. Le processus est très démocratique, il y a des moments chargés d’émotions, et nous connaissons très bien nos forces aussi. On essaie à ce moment-là de toujours les utiliser à notre avantage.
– Avec un album aussi réussi, vous vous doutez bien que votre exposition et votre notoriété vont exploser. C’est quelque chose que vous attendez depuis longtemps et à laquelle vous êtes préparés ou, au contraire, qui ne changera rien à votre quotidien ?
On fait de la musique pour le frisson de voyager et d’être créatif ensemble. Partir à l’aventure et vivre une vie unique. C’est ça notre but et si on peut continuer à faire ça, alors on aura réussi.
– Un dernière question : si « Now Or Nowhere » s’adresse bien sûr aux amateurs de Rock, voire même de Hard Rock, il y a une telle diversité et un son qui le rendent aussi très accessible. Votre démarche est aussi de vous adresser au plus grand nombre ?
On écrit d’abord la musique pour nous-mêmes et également pour faire des albums qu’on voudrait sans cesse écouter. Alors si en plus les gens aiment ça, c’est du bonus. Comme nous allons jouer ces morceaux des milliers fois, il faut d’abord les aimer comme nos propres enfants. C’est notre point de départ et si, en plus, le succès vient s’y ajouter, ce ne sera que mieux !
« Now Or Nowhere » de THE DAMN TRUTH est disponible chez Spectra Musique/Sony Music.
C’est en 2006 sur leur île, l’Islande, qu’ont résonné les premiers riffs, les premières rythmiques et les premiers refrains de THE VINTAGE CARAVAN. Cinq albums plus tard, c’est un trio plus qu’aguerri, sûr de lui et terriblement inspiré qui arpentent les scènes du monde entier. Avant de les retrouver pour quatre dates françaises l’an prochain, entretien avec le très bon et très sympathique bassiste du trio, Alexander Örn Númason, qui revient sur cette belle épopée et une aventure faite de persévérance et de travail.
– Vous avez créé THE VINTAGE CARAVAN alors que vous étiez très jeunes et avec un premier deal d’album il y a presque 10 ans. J’imagine que cette déjà longue expérience vous a permis d’éviter certains écueils professionnellement ?
Oui, c’est vrai que le groupe existe depuis un certain temps maintenant. Je pense que nous avons eu la chance d’avoir beaucoup d’opportunités dans notre carrière, mais nous avons aussi commis beaucoup d’erreurs. C’est inévitable, mais cela vous oblige à faire de meilleurs choix par la suite. Ça a été financièrement difficile de faire fonctionner le groupe, mais cela s’améliore avec l’expérience que nous avons maintenant !
– Après votre premier album éponyme, « Voyage », « Arrival » et « Gateway » ont assis votre réputation qui a été confortée par de très bonnes prestations live. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette dernière décennie, alors que sort votre cinquième album « Monuments » ?
Eh bien, je pense que les choses se sont toujours déroulées assez lentement mais toujours régulièrement pour THE VINTAGE CARAVAN. Rien n’a vraiment été jamais tout noir ou tout blanc. Nous travaillons très dur à la fois sur scène et en dehors, et finalement on récolte ce que l’on sème. Nous sommes toujours aussi impatients et nous cherchons à être meilleurs dans ce que nous faisons. Alors, on attend avec impatience ce que la nouvelle décennie nous réserve !
– Avant de parler du nouvel album, pourquoi avoir quitté Nuclear Blast pour Napalm Records ? Votre collaboration ne répondait plus à vos attentes ?
Nuclear Blast a récemment été rachetée par un grand conglomérat de médias et ils ont procédé à un changement complet de personnel dans tous les départements. Nous avions la possibilité d’aller chez Napalm Records et nous avons pensé que c’était le moment idéal. Nous espérons beaucoup des nombreuses années à venir chez Napalm. Ce sont vraiment des gens formidables !
– Il y a quelques années, en 2014, vous avez aussi quitté votre Islande natale pour le Danemark. C’était devenu compliqué pour vous de tout gérer depuis votre île ?
C’est tout simplement impossible sur le plan logistique, notamment pour les tournées, car il faillait toujours s’envoler vers et depuis l’Islande. Nous avons eu la chance de pouvoir déménager au Danemark et de vivre juste à côté de la frontière allemande. Alors, c’est ce que nous avons fait. Nous y sommes restés deux ans et nous avons fait en moyenne 80 à 90 concerts par an, ce qui n’aurait jamais été possible depuis l’Islande. Nous voulions juste jouer tous les spectacles qui présentaient, peu importe d’ailleurs le tarif ou le nombre de spectateurs. Maintenant, c’est un peu différent, nous sommes plus établis et que nous pouvons choisir avec une plus grande liberté.
– THE VINTAGE CARAVAN présente aussi un line-up stable depuis le départ de votre premier batteur. Le côté solaire et positif de votre musique vient-il aussi de cette sérénité acquise dans la durée ? Vous vous connaissez très bien tous les trois…
Nous avons le même line-up maintenant depuis environ 6 ans, ce qui est vraiment agréable. Le changement de batteur a été une situation très stressante, il a donc fallu un certain temps pour s’adapter. Mais maintenant, nous nous sommes posés et avec ce deuxième album avec ce même line-up, nous savons comment travailler ensemble plus simplement, tout en restant très concentrés pour obtenir le meilleur résultat.
– L’ADN du groupe réside dans ce groove incroyable guidé par des influences très 70’s, Psych et progressive. Vous qui n’avez pas connu cette époque très créative, comment êtes-vous tombés amoureux de ce style et que lui trouvez-vous de si pertinent ?
La musique qui vient de cette époque est tout simplement incroyable et aussi très diversifiée. Il y a une grande liberté qui s’entend sur les albums Prog qui sont sortis comme King Crimson, Yes, Rush et beaucoup d’autres. C’est juste quelque chose qui a toujours résonné en nous. Mais il y a aussi beaucoup d’influences modernes et, honnêtement, je pense qu’il n’y a pas de groupe de Rock qui ne soit pas, au moins un peu, influencés par les groupes des années 70, à savoir Led Zeppelin, Black Sabbath, Jimi Hendrix, etc.
– Sur ce nouvel album, on sent qu’un cap a été franchi dans les compostions comme dans les arrangements, qui sont beaucoup plus riches que sur « Gateway » notamment. C’est aussi votre sentiment ?
Bien sûr, nous nous efforçons toujours d’être meilleurs dans ce que nous faisons et cela implique bien sûr les compositions, mais aussi les arrangements. Personnellement, cela fait longtemps que je ne me concentre plus sur le simple fait de devenir un meilleur bassiste. Maintenant, il s’agit plus concrètement de comprendre l’espace et la profondeur qui accompagnent les morceaux et les enregistrements, ainsi que d’essayer de créer des chansons qui n’ont pas de points faibles en termes de flux. C’est le processus actuel et j’espère qu’avec le prochain album, nous serons encore meilleurs !
– Sur « Monuments », on retrouve les ingrédients de THE VINTAGE CARAVAN avec des envolées très Hard Rock, parfois Metal, et cette fois il y a aussi un côté Stoner plus prononcé. Et c’est vrai que votre style s’y prête bien. C’est un registre que vous vouliez explorer depuis longtemps ?
Je pense que nous avons atteint le sommet dans notre côté Stoner Rock avec « Arrival ». Il y a énormément d’influences sur ce nouvel album avec notamment du Rock, du Metal et du Stoner, mais aussi beaucoup de Funk, de Jazz, voire de Hip-Hop. Nous avons tous des goûts musicaux assez variés, donc cela finit par être un joli melting-pot. C’est parfois difficile de déterminer d’où tout cela provient, mais c’est une bonne chose car je pense que cela signifie que nous nous ressemblons de plus en plus, et que notre style est de plus en plus personnel.
– Un mot aussi sur la production de « Monuments » qui est dense et massive. Dans quelles conditions avez-vous enregistré l’album, et aviez-vous des exigences particulières quant à sa couleur sonore ?
Oui, il s’est passé beaucoup de choses, et nous avons eu beaucoup de chance de retravailler avec Ian Davenport (Band of Skulls, Gaz Coombes, Philip Selway, etc …), qui a fait un excellent travail de production et de mixage. L’album a été enregistré dans les fameux studios de Hljóðriti en Islande, qui a un caractère sonore très spécial et un matériel à peine croyable. Alors, nous avons passé de longs moments à expérimenter pendant les 22 jours que nous avons passés là-bas.
– Justement, vous venez d’annoncer les dates de votre prochaine tournée en 2022, avec d’ailleurs quatre passages par la France. Vous qui êtes véritablement un groupe de scène, vous devez être plus qu’impatients, non ?
Bien sûr, nous avons hâte de remonter sur scène. Nous attendions juste le bon moment. C’est une situation difficile, car les concerts ont été reportés si souvent qu’il était presque difficile de croire que les tournées allaient reprendre un jour !
« Monuments » est disponible depuis le 16 avril chez Napalm Records.
Si le noyau dur de LUCID SINS est constitué des deux musiciens Andreas Jonsson et Ruaraidh Sanachan, le duo de Glasgow ouvre facilement les portes du groupe et accueille en son sein des musiciens écossais qui viennent donner un relief saisissant à son Rock Progressif à la fois occulte, marqué par les 70’s et très novateur.
LUCID SINS
« Cursed ! »
(Totem Cat Records)
Nouvelle sortie du label brestois et beau retour de LUCID SINS, sept ans après le somptueux « Oscillation » qui avait marqué les esprits. Toujours composé d’Andreas Jonsson (guitare, chant) et de Ruaraidh Sanachan (guitare, basse, claviers et batterie), le torturé et presqu’occulte duo écossais signe avec « Cursed ! », un nouvel album plein de surprises et toujours dans une même veine Rock Progressif estampillé 70’s.
Pourtant héritier direct des Blue Öyster Cult, Wishbone Ash ou encore des Doors, tout en étant moins ésotérique et plus hédoniste dans son jeu, le groupe de Glasgow avait surpris et scotché tout le monde avec une étonnante reprise de Medusa (« Black Wizard ») sur son premier album. Plus chaleureux et toujours aussi débridé, LUCID SINS a encore étoffé son style et nourri son jeu d’harmonies et d’arrangements trois soignés et irrésistibles.
Sombre et envoûtant, « Cursed ! » voit aussi se joindre plusieurs musiciens locaux venus prêter main forte au duo. Guitare, claviers et violons viennent apporter du coffre et de bonnes vibrations aux titres de LUCID SINS. Enchanteur et enflammé dans le style, ce deuxième album des Ecossais s’inscrit parfaitement dans un registre Rock Progressif occulte, mais bienveillant, des 70’s. Un bond dans le temps obsédant.
Nous ayant habitué à des productions plutôt sombres, l’Islande peut aussi se montrer d’une influence solaire et positive pour les formations locales. THE VINTAGE CARAVAN vient confirmer cette exception avec « Monuments », son cinquième album, duquel émanent une énergie incroyable et une densité aux variations magistrales. Le trio assoit sa légitimité et son talent avec classe et élégance.
THE VINTAGE CARAVAN
« Monuments »
(Napalm Records)
Cela fait maintenant dix ans et cinq albums qu’Óskar Logi Ágústsson (chant, guitare), Alexander Örn Númason (basse, chœurs) et Stefán Ari Stefánsson (batterie) regardent dans le rétro. Se forgeant une solide réputation à travers des concerts endiablés, THE VINTAGE CARAVAN fait bien plus que surfer sur une vague très 70’s à l’œuvre de manière expansive depuis quelques temps. Avec « Monuments », le trio islandais continue sa mue et affiche un style désormais très personnel.
Qualifier aujourd’hui de vintage toute production analogique et organique serait bien réducteur pour parler de la musique de THE VINTAGE CARAVAN. Au contraire, si la formation ilienne possède ces caractéristiques sonores et des influences des pionniers du Rock/Hard notoires, le combo sonne résolument moderne et affiche une créativité loin d’être passéiste, mais même plutôt inspirée et actuelle. Autour de belles harmonies, le groupe nous fait voyager dans un paysage musical protéiforme.
Le trio se défait des habituelles caricatures rétro pour rentrer dans le vif du sujet avec vigueur sur des riffs tout en nuance, des mélodies accrocheuses et des refrains entêtants (« Crystallized », « Forgotten », « Clarity »). Insaisissable, THE VINTAGE CARAVAN hausse le ton flirtant avec le Heavy Stoner avec un maîtrise bluffante (« Said & Done », « Dark Times », « Whispers »). Grâce aussi à des arrangements subtils, « Monuments » tire magnifiquement son épingle du jeu et le trio est aussi bouillonnant que capable de belles émotions.
Depuis 2014, les Allemands de HOUND développent un style et surtout une approche très personnelle du Hard Rock originel. Sur des bases solides et mélodiques, le quatuor apporte des touches psychédéliques et bluesy très pertinentes. « I Know My Enemies » est créatif, atypique et réellement addictif. Ce deuxième album ne souffre d’aucune faille.
HOUND
« I Know My Enemies »
(Metalville Records)
Il y a un côté diabolique et fascinant dans l’approche de la musique de HOUND. Défenseur d’un Hard Rock 70’s très vintage, le groupe s’est encore surpassé sur ce deuxième album où il apporte un souffle nouveau à l’âme d’un style tellement ancré dans ses traditions artistiques. Sauvage et plein de maîtrise, le quatuor allemand ne manque pas d’appétit et cela se ressent sur chaque titre de « I Know My Enemies ».
C’est avec une grande dévotion que HOUND insuffle une énergie très actuelle à ce registre qui semble tellement les avoir marqué. Du haut de sa fougueuse jeunesse, le combo distille des morceaux très matures avec un gros son et une production lourde et massive. L’album regorge de perles vintage, qui virevoltent de toute part grâce à des riffs appuyés, une basse hyper-groovy et une batterie déchaînée.
De « Sleep Is Thunder » à « The Downfall » en passant par « All Of Us », « Fortune », « Without A Sound » et le génial « Loyalty », HOUND nous projette dans une dimension dans laquelle le guitariste Nando Grujic déploie son talent sur des solos aériens , perchés et d’un feeling incroyable. Au chant, Wanja Neite dans un registre très androgyne fait preuve de finesse et de sensibilité, tout en restant très Rock. Une merveille !
Chaloupé, sensuel et accrocheur, le Stoner Rock de BLACK MAGIC TREE va puiser sa source dans le Hard Rock des 70’s auquel le quintet berlinois a insufflé un côté psychédélique très moderne et inattendu. Avec « Through The Grapevine », le groupe dévoile une force qui traverse le temps.
BLACK MAGIC TREE
« Through The Grapevine »
(Karma Conspiracy Records)
Désirant porter haut l’étendard du Hard Rock des 70’s jusqu’à nos jours, BLACK MAGIC TREE reprend les codes du genre en y posant une touche singulière et personnelle. Les Berlinois ont parfaitement assimilé l’héritage de CCR, Dio et même de Lynyrd Skynyrd pour parvenir à un Stoner Hard Psych livré sur ce très bon « Through The Grapevine ».
Les sept titres de ce premier album (qui fait suite au EP « Of Animals and Men ») est une sorte d’hommage à peine déguisé au Hard Rock de la grande époque, traduit dans un Stoner Rock aussi vintage et Psych que percutant et épicé (« Mandala Lady », « Spider’s Web », « Domo »). Guidé par la voix de son chanteur Alessandro Monte dont la voix ne tremble pas, BLACK MAGIC TREE régale.
Le quintet allemand est aussi agile que massif et ses deux guitaristes s’en donnent à cœur-joie sur des morceaux accrocheurs et imprévisibles (« Beethoven », « Long Night », « Flower »). Sur de solides rythmiques, le groupe s’affirme dans une belle luminosité qui rend le jeu de BLACK MAGIC TREE irrésistible. Très bien produit, « Through The Grapevine » est sobre et créatif.